Débat public Les chiffres disent tout. Le Luxembourg se situe en queue du peloton des pays occidentaux en termes de taux de vaccination. Selon Our World in Data (informations datant du 11 avril 2021), Israël est en tête, avec 61 % de sa population vaccinée (au moins une dose). En comparaison, la Grande-Bretagne est à 47 %, les États-Unis à 36 %, et le Luxembourg à 15 %. Cette lenteur engendre des coûts tragiques : vies perdues, pertes d’emploi, épargne des ménages envolée, rupture de la vie sociale, coups durs pour les finances publiques… Même si nous pouvons espérer avoir rattrapé notre retard pour le troisième trimestre, le mal est fait. Nous voyons les restaurants déjà rouverts en Israël, les pubs remplis en Angleterre, la vie qui a repris normalement aux États-Unis. Par contre, au Luxembourg, l’ouverture de l’économie n’est pas encore planifiée. Cette situation me fait me poser deux questions. La première : Qui est responsable ? Ayant géré une entreprise pendant deux décennies, j’ai appris que la responsabilité individuelle est importante. En cas de problème, il est important de savoir qui l’est, et comment. Sinon, on est condamné à répéter les mêmes erreurs. Au Grand-Duché, malgré le travail héroïque du secteur de la santé et les efforts remarquables du gouvernement, il n’est pas évident de comprendre comment nous nous sommes retrouvés dans cette situation. Nous avons tous entendu les raisons suivantes : l’Europe, les problèmes de production du vaccin AstraZeneca, etc. Mais malgré ces vagues explications, je n’ai pas vu une analyse pertinente ; je n’ai pas entendu un débat
Thomas Seale Administrateur indépendant public transparent sur le sujet. Si plusieurs pays ont pu vacciner la majorité de leurs citoyens avant fin février, pourquoi, à la fin avril, au Luxembourg, ne voyons-nous pas encore le bout du tunnel ? Certes, c’est un sujet qui fâche, mais ce n’est pas une raison pour fermer les yeux. Seconde question : Comment peut-on éviter une telle situation pour une prochaine crise ? Le gouvernement s’est fié à l’approche européenne quant à l’approvisionnement en vaccins. Historiquement, l’Europe a généré beaucoup d’avantages pour ses pays membres, et ce à plusieurs niveaux : paix, politique, social. Mais les institutions européennes ne semblent pas adaptées à gérer une crise humanitaire. Le réflexe « européen » du gouvernement luxembourgeois était-il trop rapide ? Je ne prétends pas avoir une réponse à ces questions, mais je plaide pour un débat public et informé à ce sujet : Qu’est-ce qui explique la lenteur du programme de vaccination au Luxembourg ? Comment peut-on éviter cette situation, si une prochaine crise nous frappe ? Afin d’encourager un tel débat, j’ai soumis une pétition le récla mant à la Chambre des députés. Si vous pensez aussi qu’il sera utile, je vous invite à la signer, jusqu’au 15 mai, en suivant ce lien : https://www.petitiounen.lu/petition/1821. Thomas Seale plaide pour un débat public afin de connaître la raison de la lenteur de la vaccination au Luxembourg. Photo ANDRÉS LEJONA
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MAI 2021