Débat public Notre confiance dans la maîtrise humaine a été mise à rude épreuve – et l’est toujours – pour nous protéger d’un ennemi invisible, mais redoutable. Nos repères et nos systèmes de fonctionnement bien rodés, que ce soient l’économie, les services hospitaliers, mais aussi l’éducation scolaire, se sont retrouvés plus qu’ébranlés. Il est trop tôt pour tirer un bilan final. Mais il est primordial d’en tirer les premiers enseignements et de réagir de suite, en commençant par une réflexion approfondie sur notre système scolaire. Après avoir plusieurs fois endossé le rôle de « mauvais élève » dans le cadre des résultats Pisa, il est frappant de constater que le Luxembourg, et ceci malgré tous les efforts de réforme du gouvernement en place, reste encore trop tributaire d’une attitude archaïque, basée sur une segmentation du savoir et des types d’enseignements, avec, comme axe central, la poursuite de la performance pure. Les limites de cette ancienne vue ont été clairement démontrées par les fermetures nécessaires des écoles et par l’enseignement à distance, favorisant les uns et démotivant, voire angoissant les autres. Les écarts entre les élèves se sont encore creusés, le progrès scolaire a été nettement ralenti, et bon nombre d’élèves, de parents, mais aussi d’enseignants ont été poussés à bout, psychologiquement, parfois socialement.
Alain Massen
Président de la Représentation nationale des parents J’imagine une école de demain, intégrative, combinant l’application pratique transversale des savoirs théoriques et les apprentissages de la communication et de la résolution de conflits interpersonnels, la gestion des émotions et du stress, ou encore la solidarité. Ces apprentissages de la vie devraient constituer les nouveaux vecteurs dirigeants. La crise que nous traversons ne doit pas être vécue telle une mise en danger de notre système, mais plutôt comme une opportunité de changer de paradigme, de réformer radicalement nos systèmes de pensées et de valeurs, et donc, notre système d’éducation entier. Faisons en sorte que cette « génération Covid » ne soit pas une génération à déplorer, mais une génération victorieuse et tournée vers l’avenir, parce qu’elle permettra de réformer radicalement notre approche de l’éducation scolaire et parascolaire. Rome ne s’est pas construite en un jour. Notre système scolaire ne pourra se transformer de suite. Mais une véritable vision doit être développée d’urgence afin d’orienter les étapes du processus de changement à mettre en route, et ceci, dès aujourd’hui. Alain Massen souhaite ouvrir le débat sur le système scolaire actuel au Luxembourg. Photo ANDRÉS LEJONA
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MAI 2021