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Quelles sont nos valeurs les plus importantes ?
4 Quelles sont nos valeurs les plus importantes ?
Aujourd’hui, en me réveillant, je me suis sentie comme ce proverbe africain qui dit : «La vie est parsemée de di cultés que chacun doit apprendre à surmonter.»
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Ce matin-là, j’avais de la di culté à quitter mon lit. Mon dos restait collé à mon matelas et ma tête restait enfoncée dans mon oreiller à cause du poids de mes migraines. Pour me motiver, j’ai appelé maman.
Elle a décroché et m’a fait remarquer aussitôt que cela faisait plusieurs jours que je l’appelais tôt le matin, dès mon réveil. Aussi loin qu’elle s’en souvenait, sa lle n’était pas une personne matinale. C’était peut-être pour cette raison que j’avais tout le temps de la di culté à sortir de mon lit. Je ne respectais pas mon horloge biologique ou peut-être que mon horloge était inversée. Je vivais la nuit et le jour
m’était pénible. C’était ce que je me disais pour me rassurer pendant que ma mère a poursuivi notre conversation, paraissant inquiète : — Ma lle, es-tu sûre que tout va bien ? — Oui, maman. Et encore plus lorsque j’entends ta voix. — Je suis ta mère, ne l’oublie pas. Je peux entendre ce que tu ne me dis pas. — Oui, maman. Je le sais. Tu sais tout et tu vois tout. Tu es une bonne magicienne !
Sur un ton humoristique, elle m’a dit au revoir et je l’ai entendu rire avant de raccrocher le téléphone. Si seulement elle pouvait tout voir, alors elle aussi sentirait la présence de l’enfant et ma fatigue qui continuait de peser sur moi depuis des semaines.
C’était a reux ! Depuis un certain temps, je pouvais à peine sortir faire des activités. Je ne voulais pas que mon entourage me voie dans cet état. Ils me savaient habituellement joyeuse et là, j’étais préoccupée par ces rencontres mystérieuses et peut-être que ça se voyait vraiment.
Je me demandais parfois si je me parlais toute seule et je me questionnais si j’allais bien nalement. Bizarrement, j’étais heureuse de ne pas être seule et je me réjouissais de la présence de l’enfant derrière le miroir qui me tenait compagnie. J’étais reconnaissante de l’avoir rencontrée. Elle me redonnait des forces à chaque rencontre. Elle me remontait le moral et me faisait croire que tout était possible.
Seulement, je n’avais pas encore trouvé l’inspiration pour écrire le livre promis à maman. Peut-être qu’avant de vouloir o rir le bonheur, il faut commencer par être heureux. Pour cela, il est essentiel de savoir ce qui nous rend heureux. Très souvent, ce sont les choses qui sont importantes pour nous et qui nous motivent qui font toute la di érence.
Celles-ci peuvent être de plusieurs ordres. Pour certains, cela peut être de fonder une famille, tandis que pour d’autres, c’est de réussir dans la vie personnelle et professionnelle. Chacune repose
sur des valeurs fondamentales. En e et, quels que soient nos choix, nos actions et nos décisions, les valeurs jouent un rôle essentiel. Les comprendre permet de mieux nous connaître et de créer une meilleure interaction avec notre environnement. En faisant cela, on obtient chaque jour une meilleure version de nous-mêmes.
Cher lecteur, vous aurez compris que ma ré exion d’aujourd’hui traite des valeurs. Lesquelles vous croyez le plus ? Notez-les ! Quels sont leurs impacts sur votre vie ? Analysez-les ! Les réponses à ces deux questions ont la fonction de toujours vous valoriser. J’espère que le dé portant sur les valeurs vous aura permis d’en apprendre plus sur vous-même et de renforcer votre mission de vie, car les deux sont étroitement liés dans le processus de notre croissance.
Il commençait à se faire tard et l’enfant ne s’était toujours pas manifestée. Ce soir-là, je n’ai pas consommé de thé. À la place, j’ai écouté de la rumba congolaise. Cette rythmique originaire d’Afrique centrale qui, à travers des guitaristes solistes, nous faisait généralement voyager dans les univers inconnus de nos plus belles sensations. Cette musique avait bercé mon enfance parce que mes parents en jouaient, et mon père aimait me raconter sa jeunesse et les in uences qu’il avait reçues de cette musique. Ma mère, tant qu’à elle, m’avait appris les pas et je m’amusais à l’imiter. À présent, je n’avais qu’une hâte, converser avec l’enfant derrière le miroir de cette époque. Je me suis mise à chanter dans l’espoir qu’elle allait me répondre. Justement, la voilà ! Elle venait d’apparaître, mais ne me montrait toujours pas son visage ! Je n’avais accès qu’à sa voix, comme d’habitude. J’étais debout. Je dansais. Je l’attendais. Je l’ai entendue : — Peux-tu arrêter ta musique ? Je commence à avoir mal aux oreilles, a crié l’enfant à mon grand étonnement. — Qui n’aime pas la Rumba ? lui ai-je répondu, souriante.
— Ça fait 20 fois que tu répètes la même musique. Tu aimes la répétition. Ma chère, il est temps d’avancer, a-t-elle insisté.
Ensuite, elle m’a demandé ce que je voulais exactement. Je ne comprenais pas où elle voulait en venir. Ce soir-là, elle devait être de mauvaise humeur. Donc, j’ai évité de lui poser des questions. J’ai arr arrêté la musique et j’ai allumé une bougie, espérant que ça nous permettrait de nous détendre. Hélas, elle était déjà partie… Un silence s’est installé, peu à peu. J’ai commencé à prier tout doucement, en essayant d’envoyer de bonnes vibrations a n de trouver les forces nécessaires pour l’aider à sortir du miroir. Les yeux fermés, concentrée dans ma prière, je l’ai entendue revenir. Elle sanglotait.
J’ai alors eu l’impression que mon cœur saignait en l’entendant pleurer de la sorte. J’aurais aimé la prendre dans mes bras pour la consoler. Je ne pouvais pas, car je ne la voyais pas. J’ai essayé de lui dire que tout irait bien. Rien n’a changé et elle a continué de pleurer. Je lui ai réitéré la promesse de trouver une solution pour la sortir du miroir. Elle a arrêté tout doucement de pleurer. J’ai ouvert la discussion, en espérant qu’elle serait disposée à me parler. — Parle-moi de tes valeurs et de ce qui est important pour toi, l’ai-je questionnée gentiment.
Un silence s’est à nouveau installé.Puis, je l’ai entendue me parler : — C’est la première fois que tu m’inclues dans une de tes méditations. Cela m’a fait du bien !
Je ne comprenais pas sa réaction et les raisons pour lesquelles elle disait cela. Je ne la connaissais même pas avant.
J’ai pris place, assise par terre auprès du miroir du salon, jetant des coups d’œil de temps en temps dans le miroir en espérant la voir. Elle ne s’est pas montrée, mais m’a parlé. J’ai tendu l’oreille pour mieux entendre. Sa voix s’était un peu étou ée par les larmes. — Tu aimes poser des questions auxquelles tu peux répondre toi-même, mais tu te refuses de le faire. — Que veux-tu dire par là ?
— Quelles sont les valeurs les plus importantes chez les grandes personnes comme toi ?
Par grandes personnes, elle voulait probablement parler des adultes.
Alors, je lui ai répondu : — Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est que moi, je ne crois plus en rien. J’ai tellement de choses à gérer… — Il doit quand même y avoir des idées ou des principes en lesquels tu crois. N’est-ce pas ? — J’imagine que tous, nous croyons à l’amour, le respect et la gratitude…
Elle a soupiré et, après un court silence, elle m’a dit : — Crois-tu en l’amour ? Toi, qui as oublié de t’aimer toi-même… — Ce n’est pas aussi simple que cela. Grandir, c’est faire des choix. Pour aller de l’avant et sortir de ma situation, j’ai choisi de m’a rmer. Ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi. Mais, sans doute, cela m’a enlevé une certaine sensibilité que j’ai dû confondre avec la faiblesse. Mes envies et mes désirs ont alors été négligés pour laisser place au travail acharné et à la conquête du monde. Ce n’est donc pas si facile de lutter et de s’aimer au même moment. Heureusement, aujourd’hui, j’ai vu les dégâts que ça peut causer de s’oublier, de refuser de se donner soi-même des moments de qualité parce qu’on n’arrête pas de compter et de mesurer. Je dois faire des compromis et je pense être en mesure d’y parvenir. D’autre part, être adulte, c’est souvent vivre des contradictions. Ce n’est pas parce qu’on croit au respect, par exemple, que nous ne sommes pas parfois désagréables vis-à-vis des gens qui nous entourent. — J’ai l’impression que vous, les grandes personnes, aimez compliquer les choses simples. Quand on est un enfant, on ne se complique pas la vie. On est ouvert à recevoir et à être enseigné. Voilà tout ! Laisse-moi sortir de ce miroir et je te l’enseignerai.
J’étais agacée par cette demande. Je ne savais même pas comment je l’avais enfermée dans un miroir et encore moins comment faire pour l’en sortir. Craignant que la conversation ne prenne une tournure à laquelle je n’étais pas prête, je lui ai demandé avec fermeté et douceur à la fois : — Assez parlé de valeurs ! Passons à autre chose. Il est tard et je ne voudrais pas manquer la suite de ta quête du bonheur pour ta Nènè. Que s’est-il passé après le spectacle des idées ?
Elle a soupiré et accepté de fermer la discussion portant sur les valeurs, puis elle m’a raconté la suite de son histoire de quête. — Après le spectacle des idées, puisque je n’avais toujours pas compris ce qu’était le bonheur, j’ai poursuivi ma route pour le découvrir. En fait, Nènè m’avait dit un jour : « Celui qui apprend à être droit dans la vie va loin parce qu’il nit toujours par trouver ce qu’il cherche. » C’est ce que j’ai fait à partir de ce moment-là. Je m’étais mise à marcher tout droit devant moi à la rencontre de la rivière de lait. Sur la route, j’ai fait de belles rencontres, comme celle avec Ekoko, un poisson complexé dont le rêve était d’épouser la plus belle femme du village. Aussi, il y a celle du Caméléon à la recherche de son identité pour connaître sa véritable mission dans la vie. Un jour, tu te souviendras de toutes ces histoires… Ces rencontres ne m’avaient pas empêchée de continuer ma route, car rien n’était plus important que ma quête de comprendre le bonheur pour l’o rir à Nènè. J’ai continué à marcher tout droit pour trouver ce que je cherchais. J’avais tellement soif et il ne me restait plus d’eau. Je me suis mise à désespérer. Des larmes ont commencé à perler sur mes joues. Je me croyais complètement perdue. Puis, au loin, j’ai entendu le bruit d’une rivière qui coulait. J’ai accéléré le pas, me hâtant d’aller étancher ma soif. Lorsque j’ai vu une rivière apparaître au loin, j’ai été surprise de son éclat par-delà les branches. En arrivant, j’ai découvert un ot blanc non transparent. C’était du lait. La fameuse rivière de lait était là. Me laisserait-elle boire un peu de son lait ? C’était elle
que j’étais venue rencontrer et, prise par la soif, j’avais besoin de boire avant de lui parler. Je me suis remise à pleurer à chaudes larmes. — Pleures-tu uniquement parce que tu as soif ? m’a demandé la rivière. Que c’est étrange ! a-t-elle renchéri. — Pour quelle autre raison devrais-je pleurer ? lui ai-je demandé, surprise de son explication. — Par amitié, petite !
C’est là qu’elle m’a raconté son histoire. Selon elle, elle était devenue une rivière pour avoir beaucoup pleuré. Étant toujours triste, elle avait perdu ses amis les plus précieux, car elle n’était jamais là lorsqu’on avait besoin d’elle, trop occupée à se plaindre de son sort. Il est vrai qu’une amie absente la plupart du temps n’avait aucune utilité. Pourtant, elle avait beaucoup à o rir, mais, trop prise par ses inquiétudes quotidiennes, elle n’était utile à personne, à commencer par elle-même. Toutes les facultés qu’elle avait et qui auraient pu soulager les gens autour d’elles, elle avait mis le cadenas de l’amertume dessus. Elle était dotée de facultés particulières. Elle était même capable de guérir les gens de sa seule présence, mais elle s’est laissée ensevelir sous une tristesse permanente. C’était lors d’un soir de pleine lune, alors qu’elle pleurait encore à sa fenêtre, se morfondant d’une situation qui n’en valait pas la peine, qu’elle a fâché la lune qui a décidé de la changer en rivière pour qu’elle coule tout le restant de sa vie. Ainsi, vu qu’elle faisait couler ses larmes constamment, la lune avait décidé de faire d’elle une rivière de lait, douce comme le miel et intarissable. En coulant, elle porterait sa douceur tout le long de son parcours a n que les autres puissent en pro ter.
Triste histoire. Presque méritée, même. De mon côté, j’avais encore soif et je lui ai demandé si je pouvais boire un peu de son lait. Grâce à sa générosité, elle m’a laissée me servir deux fois de suite. Je n’avais jamais rien bu d’aussi désaltérant. Après avoir bu, je lui ai demandé ce qu’elle avait à m’enseigner parce que les idées m’avaient
envoyée vers elle. Elle m’a répondu que toute la leçon qu’elle avait à me donner résidait dans son histoire. Le reste, je devrais aller vers le Temps pour obtenir des réponses. Lorsque j’ai voulu traverser, elle m’en a empêchée. — Tu sais, lui ai-je dit, si tu ne me laisses pas traverser, j’ai une amie qui va s’inquiéter et serait triste de ne plus me revoir. — Qui est-elle ? a demandé la rivière avec curiosité. — Elle a plusieurs noms qui veulent tous dire la même chose : maman. — Comment est-elle ? — Elle brille comme le soleil. Elle est douce comme la nuit. Elle répare les cœurs brisés. Elle est magique ! — Tu es chanceuse de l’avoir comme amie. Si je te donnais mon cœur, pourrais-tu lui demander de le réparer pour moi ? Depuis longtemps, je ne suis pas capable de garder mes amis. Je me sens terriblement seule.
Sa demande m’a touchée et je lui ai dit : — Ma belle rivière, tu es si pure. Ton lait est si bon. Il te su t de le rendre accessible à tous et de le partager sans attendre quoi que ce soit en retour. Donne tes bienfaits à ceux qui en ont besoin. Ne te plains plus de ton sort. Sois l’amie disponible de tout le monde et tu verras que tu seras moins seule. — Par où commencer ? a insisté la rivière. — Nènè dit souvent : «L’amitié commence avec soi-même.» Accepte-toi telle que tu es et tu verras que tout le monde t’acceptera à leur tour. Moi, déjà, je suis ton amie, lui ai-je répondu avec enthousiasme. Ma nouvelle amie la rivière était si contente qu’elle s’est mise à danser avec joie. Nous nous étions même mises à danser ensemble. C’était magni que. J’aurais tant voulu que Nènè soit là pour joindre la danse. Elle lui aurait appris de meilleurs pas de danse que moi. La rivière m’a remerciée de l’avoir réconfortée, puis elle m’a laissée traverser. Elle m’a conseillé d’aller voir le Temps.
Cette enfant devenait de plus en plus attachante. Je pourrais l’écouter pendant des heures. Ses histoires fantastiques donnaient envie d’être dans son monde. Cela me changerait de mon sofa et de mes migraines, de cette douleur de dos et de la solitude que je m’étais créée, comme une bulle dont je n’en sortais presque plus si elle était à côté de moi.Je ne pouvais pas m’empêcher de poser d’autres questions, tant cette dernière histoire de la rivière de lait avait piqué ma curiosité. — À quoi ressemble une danse avec une rivière de lait ? Comment cela se peut-il ?
L’enfant a ri de bon cœur avant de répondre à ma question : — Imagine-toi un instant jouer avec les vagues en essayant de les éviter. Voilà.
Puis, comme pour faire diversion, l’enfant s’est mise, à son tour, à me poser des questions sur le Temps : — As-tu déjà rencontré le Temps ? Comment est-il ? Pourquoi passe-t-il aussi vite ? Est-il ton ami ? Qu’est-ce qu’il t’a volé une fois devenu grand ? Sur quoi porterait ta conversation avec lui si tu venais à le rencontrer ? Voudrais-tu que je lui porte un message pour toi si je le rencontrais ?
Je lui ai répondu avec sincérité que l’on ne m’avait jamais posé ces questions auparavant, questions que je trouvais pourtant importantes. J’allais donc prendre le temps d’y ré échir avant de lui répondre.
À mon tour, je lui ai demandé : — Puis-je te poser une question ? — Vas-y, m’a-t-elle répondu avec gentillesse. — Pourquoi ne parles-tu jamais de ton père ? — Pour moi, mon père et ma mère sont une paire, un peu comme la paire de chaussures que nous portons à nos pieds. Mon père et
ma mère sont ce que je suis. Mes valeurs et mon éducation sont la somme des deux. Quand j’étais enfant, mon père était un modèle pour moi, à un point tel que, sans faire exprès, j’ai commencé à plus lui ressembler. Et c’est ainsi que ma mère est devenue cette femme exceptionnelle dont je parle souvent pour lui rendre hommage. Sur les traces de mon père, j’ai découvert la force de ma mère qui a contribué à ce qu’il est devenu. Comme toutes ces femmes dont on parle peu, mais qu’on résume dans la phrase : « Derrière un grand homme se cache une grande femme. » J’ai décidé que ma mère ne se cacherait plus. Alors, j’en parle ouvertement à tous ceux et celles qui croisent ma route.
Elle a décidé de me conter une histoire s’intitulant : «Les chaussures de mon père.» C’était celle d’un enfant qui héritait des chaussures de son père. Elles s’avéraient être magiques et le faisaient voyager dans plusieurs endroits.
Bien qu’elle fût magni que, il était tard. Je ne faisais que bâiller. Voyant que notre conversation était terminée, comme à son habitude, elle m’a dit au revoir et m’a fait la promesse de revenir un autre jour me rendre visite, sans spéci er lequel.
Aujourd’hui, elle n’en doutait plus, elle savait que je l’attendrais avec beaucoup d’amour et de bienveillance, comme un ours et son miel. Je me suis endormie sous le bruit de ses pas réconfortants que j’entendais au loin. Cette douce mélodie qui me souhaitait bonne nuit chaque fois qu’elle s’en allait.