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Conte 3 : Malaïka, l’enfant miracle

Malaïka, l’enfant miracle

Je voudrais t’o rir un cadeau pour ta patience. Je l’ai mis dans l’histoire qui suit. Sauras-tu le retrouver ? Taali -yoo! Taalaatee Taali -yoo… Talaateyoo

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L’histoire raconte le miracle qu’a connu le couple qui habitait à Sipopo. Dans ce petit village, on raconte que l’amour qu’ils avaient l’un pour l’autre était aussi grand et immense que même la mer en était jalouse. Hélas, cet amour cachait un désir non comblé. Le couple caressait depuis plusieurs années le désir, d’avoir un enfant. Pour se consoler, ils avaient planté un arbre derrière leur maison et lui donnaient à boire chaque jour. Voyant que la situation ne changeait

point, une profonde tristesse commençait à les envahir petit à petit tous les deux.

Le mari s’était mis à voyager dans l’espoir de trouver une solution, sans faire appel à la magie. Cette décision a été un coup di cile pour leur couple. Par chance pour la femme, il a ni par revenir, mais bien plus tard. Un beau jour, quelqu’un est venu cogner à la porte du couple.

C’était la première fois qu’ils recevaient une visite. À leur grande surprise, la femme a découvert une vieille dame toute ridée, mais souriante, vêtue d’un étrange pagne orné de coquillages. Étrangement, la vieille lui rappelait la femme des eaux qu’elle avait rencontrée autrefois. — Qui êtes-vous ? Que puis-je faire pour vous ? a d’abord demandé la femme, mé ante et intriguée de recevoir une telle visite. — Mon enfant, a répliqué la vieille. Vois-tu ? Je ne suis qu’une pauvre mendiante et j’espérais que dans cette maison, il y aurait au moins une âme généreuse qui aurait pitié de moi.

La femme, qui avait un cœur grand comme l’univers, lui a donné à manger une assiette remplie de maïs bouilli. Comme accompagnement, elle lui a servi des brochettes de pattes de grenouille, des beignets au crabe frit et des roses sans épines. « Tout un festin pour une pauvre mendiante », a-t-elle pensé de bon cœur. La vieille avait un tel appétit qu’on aurait dit qu’elle pouvait avaler toute une maison. Lorsque la femme lui a tendu un verre d’eau, cette dernière en a demandé un seau entier, qu’elle a bu comme un ogre. Avant de partir, la femme lui a fait un présent. — Vous me paraissez bien triste ! s’est exclamée la vieille après avoir mangé le repas qui lui avait été servi. Laissez-moi vous o rir ceci, ce sont des graines. J’ai vu que vous avez un énorme arbre derrière votre maison. Prenez les graines et semez-les au pied de l’arbre que vous aimez tant. Elles réussiront à guérir vos maux, pourvu que vous gardiez toujours votre générosité intacte.

La mendiante lui a remis des graines très étranges, l’a remerciée pour sa générosité et a disparu aussitôt. N’ayant pas compris ce que l’étrangère avait voulu dire, la femme a pris les graines et les a semées sur-le-champ au pied de l’arbre. Lorsqu’elle est retournée le lendemain à l’endroit où elle les avait semées pour les arroser, elle fut étonnée de voir que l’arbre qui était là au départ était devenu gigantesque. Surprise, elle s’est approchée pour voir si c’était bien le même et à ce moment-là, elle a découvert un petit berceau d’où elle entendait un enfant pleurer.

«Un enfant, un enfant», s’est-elle écriée en laissant couler des larmes de joie sur ses joues. Mais de peur qu’on ne l’entende, elle a pris l’enfant et l’a amené à l’intérieur de sa maison. Sa joie ne fut pas de longue durée, car l’enfant refusait de manger et pleurait très souvent, bien que la femme fît tout son possible pour le calmer. Elle est même partie à la recherche de la vieille qui lui avait remis les graines, en espérant que celle-ci puisse l’aider. Mais rien ! Sans succès. Ne sachant plus quoi faire, elle a ramené l’enfant à l’arbre, là où elle l’avait trouvé. « Que c’est étrange ! » s’est-elle écriée. Près de l’arbre, l’enfant ne pleurait plus.

C’est ainsi qu’elle a compris qu’elle ne serait qu’une seconde mère pour l’enfant et que l’arbre, lui aussi, avait son rôle à jouer puisqu’il était en quelque sorte le parent de cet enfant. Les années ont passé et le mari est en n revenu de son long voyage en découvrant une jolie petite lle que sa femme lui faisait croire qu’ils avaient eu en cadeau de l’univers pendant son absence. Il avait vieilli et sa femme, elle, avait conservé sa beauté naturelle grâce à la présence de l’enfant dans sa vie. Heureuse de retrouver son mari, la femme l’a serré dans ses bras et il s’est mis à rajeunir et à redevenir aussi jeune qu’auparavant. L’amour est revenu, la tristesse a pris congé et l’espoir s’est transformé en l’enfant qu’ils avaient.

Elle venait d’avoir 6 ans. Belle comme un cœur, elle incarnait l’amour et la joie de vivre à l’état pur. En voyant l’enfant, le mari a

sauté de joie. Le voilà heureux de réaliser son rêve le plus précieux ! Les voilà en n réunis. Leur vœu le plus cher s’était réalisé. Ils avaient tant désiré cet enfant. Hélas, dans la vie, aucun bonheur ne dure éternellement. Sachant que quelque chose était mystérieux, une nuit, discrètement et en silence, il a suivi sa femme qui avait pris l’habitude de se lever pour ramener à l’arbre l’enfant qui pleurait souvent à la tombée de la nuit.

Voilà qu’il a découvert la place de l’arbre dans la vie de leur petite, qui n’avait pas encore de nom malgré les années qui s’étaient écoulées. Furieux, il n’était vraiment pas ravi à l’idée de partager l’enfant avec quelqu’un d’autre, surtout un arbre. Le lendemain, sans dire un mot, l’homme est allé chercher la plus grande hache qu’il avait et a tenté de couper l’arbre. Malgré toute sa volonté, l’homme ne réussissait pas à le couper en entier. Il a essayé pendant plusieurs jours, mais en vain.

Hélas ! C’était le même nombre de jours qu’il a fallu à l’enfant pour tomber malade. La mère, qui était là à observer la scène discrètement, a fait le rapprochement et a compris que l’arbre était étroitement rattaché à l’enfant d’une façon ou d’une autre, aussi mystérieux que cela puisse paraître. Le couple, désolé de leur attitude, a ramené l’enfant à l’arbre et s’est excusé auprès de ce dernier en disant qu’ils n’avaient eu aucune intention malveillante, ni envers l’arbre ni envers l’enfant. Ils ont avoué qu’ils n’avaient égoïstement pensé qu’à eux dans de pareilles circonstances. En réalité, l’arbre n’avait fait que partager avec eux une bénédiction tombée du ciel, soit celle d’être parents. Ils aimaient la petite plus que tout au monde, mais, pour sa sécurité, ils étaient prêts à la ramener là où ils l’avaient trouvée au besoin, si tel était le souhait de l’arbre. Les voilà de nouveau malheureux sans l’enfant avec eux.

La maison était vide et leurs cœurs abandonnés. Le temps a passé et le vide qu’avait laissé la petite n’était toujours pas comblé.

Un beau jour, ils ont entendu quelqu’un frapper à la porte. Le mari a ouvert. La femme a reconnu la mendiante. Elle lui a o ert à boire cette fois, sans même que celle-ci l’eût demandé. À sasurprise, la vieille mendiante n’était pas seule, une petite lle se tenait à côté d’elle. Elle avait décoré les cheveux de l’enfant avec d’étranges coquillages.

Étrangement, les coquillages lui rappelaient quelque chose qu’elle a ectionnait tant. « Que c’est étrange, on dirait l’adorable enfant que nous avons perdu par égoïsme », ont-ils tristement pensé en observant les superbes yeux de l’enfant. La vieille mendiante a souri et dit :

— C’est bien elle. Vous avez retenu la leçon. Elle est à vous. Je n’en doute pas, vous prendrez bien soin d’elle dorénavant.

Soudain, l’enfant, avec un air timide, a chuchoté à voix basse, puis à haute voix : — Papa et maman, merci de m’avoir tant désirée et tant attendue.

C’était la première fois que notre cher couple entendait ces mots sortir de la bouche de l’enfant. Touchés, ils ont versé quelques larmes et serré la petite dans leurs bras avec bienveillance. Cette petite lle était le plus beau miracle qu’ils avaient jamais vu. Le couple, surpris, s’est exclamé de plus belle : — Comment pouvons-nous vous remercier? Nous ne connaissons même pas votre nom.

La vieille a disparu après leur avoir répondu ceci : — Toutes les créatures des eaux ne sont pas toujours de mauvaise foi. Un jour, l’amour vous a quittés pour aller se loger dans les eaux, car vous avez préféré la remplacer par la tristesse et la solitude.

Ces derniers m’ont demandé de prendre leur place. Je suis comme l’espoir. Si je vous l’avais dit plus tôt, vous ne m’auriez pas cru. La vie vous donnera tout le temps des occasions pour apprendre à me connaître. C’est à vous de les saisir. Pourvu que vous gardiez votre bonté et générosité, quelle que soit la situation.

Les parents, heureux et contents de ce qui venait de se passer, ont pris la petite et ont couru manifester leur joie à l’arbre.

Hélas, il n’y était plus. C’était comme s’il n’avait jamais existé. Le couple venait de vivre un véritable miracle. Cet enfant en était un. C’est pourquoi ils ont décidé de l’appeler Malaïka, ce qui signi e ange en langue africaine. Le couple avait tout pour être heureux. Mais surtout, ils l’avaient elle : Malaïka, leur miracle éternel.

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