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Conte 2 : hakuna matata et l’arbre amoureux
Hakuna Matata et L’arbre Amoureux
Je voudrais t’o rir un cadeau pour ton courage. Je l’ai mise dans l’histoire qui suit. Sauras-tu le retrouver ? Taali -yoo! Taalaatee Taali -yoo… Talaateyoo
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C’est l’histoire qui parle d’un arbre, d’un philtre magique et d’un marabout. Elle se déroule dans un petit village qui s’appelait Sipopo, où les arbres se faisaient rares. Il n’y en avait presque pas. Pourtant, nul n’en connaissait la raison. Cela n’était rien comparé à la tristesse du couple qui y vivait. Ces derniers ne pouvaient pas avoir d’enfants ! Cela était si douloureux pour eux, qu’ils avaient cessé de s’aimer depuis longtemps, laissant toute place à la tristesse.
Il est fort probable que le désir d’avoir un enfant était la seule chose qui les maintenait ensemble.
Il était de coutume dans ce village de consulter un marabout pour régler chaque problème. Jusqu’à présent, chaque marabout qu’ils avaient rencontré avait un remède miraculeux. Malheuresement, aucun de ces marabouts rencontrés n’avait réussi à trouver de solution à leur problème. Un jour, ils sont partis chez un des marabouts les plus populaires de la contrée. Il s’appelait Hakuna Matata, une expression africaine qui signi e « il n’y a pas de problèmes ». On raconte que ce dernier, en plus de pouvoir résoudre tous types de problèmes, possédait un don très spécial. Par exemple, lui seul pouvait communiquer avec les ancêtres et chaque nuit, c’était chez lui qu’allait dormir le soleil.
Notre couple, qui en avait entendu parler, a décidé d’aller chez lui y tenter leur chance. Lorsqu’ils sont arrivés, ce dernier les a accueillis dans sa case (maison en Afrique). L’intérieur éteint peint en un jaune si brillant qu’on aurait cru que le soleil y avait laissé des traces. — Ohhhhhhhhhhh Hakuna Matata, s’est exclamée la jeune femme en contemplant sa grandeur. — Je suis Hakuna Matata… Que puis-je faire pour vous ? — Aidez-nous. Cela fait des années que nous cherchons désespérément à recevoir en cadeau de l’univers, un enfant.
Le mari a ouvert son sac rempli d’or pour lui montrer qu’il était prêt à payer le prix qu’il fallait pour exaucer son désir. Le grand Hakuna Matata leur a remis des cauris et un philtre à base d’herbes. Ensuite, il leur a dit : — En retournant chez vous, prenez ce philtre, renversez quelques gouttes derrière vous et buvez-le reste. Surtout, assurez-vous qu’en le faisant, personne ne vous ait vus. Lorsque vous aurez ni, un grand mur, aussi haut que le mont Kilimandjaro, se dressera derrière vous. Il renfermera tous vos soucis, vos malchances et vos tristesses pour
toujours. Ils disparaîtront et laisseront place à un nouveau sou e de vie, a-t-il expliqué avec sagesse. — À quoi servent donc les cauris ? a demandé la femme, intriguée. — Vous devrez les transporter avec vous partout où vous irez et ne jamais les montrer à qui que ce soit. Je vous mets en garde contre Mami Wata, la femme qui vit dans les eaux. Si jamais elle apprend que vous avez en votre possession des cauris, elle fera tout pour les récupérer, car ce sont les accessoires avec lesquelles elle s’habille. Si jamais elle les récupère, vous verrez tous vos espoirs tombés à l’eau. Donc, mé ez-vous et prenez garde.
Nos deux amis ont remercié le grand Hakuna Matata et repris la route pour retourner à leur maison. Lorsqu’ils sont arrivés au cœur de la forêt, le mari a voulu exécuter le rituel du philtre. Sa femme, elle, a proposé qu’il fallût d’abord que personne ne les voie et a suggéré d’attendre pour être plus discrets. Ce dernier a refusé catégoriquement. Il a pris le philtre de ses mains avec une telle force que la bouteille s’est ouverte d’elle-même et s’est renversée par terre en entier. Soudain, comme l’avait prédit le marabout, un immense mur, aussi grand que le mont Kilimandjaro a poussé au cœur de la forêt. Malheureusement, ce dernier s’était dressé entre eux. Ils étaient donc séparés l’un de l’autre.
Seule la femme se retrouvait du bon côté pour retourner à la maison. Elle s’est mise à pleurer, ne comprenant pas ce qui venait de se passer. Elle pleurait si fort qu’un arbre non loin de là s’est empressé de la consoler. L’arbre lui a chanté une belle chanson que les hommes entonnaient à leurs enfants :
« Hakuuu Hakuuu, Hakuna matata. »
« Il n’y a pas, il n’y a pas, il n’y a pas de problèmes. »
« Hakuuu Hakuuu, Hakuna matata. »
« Il n’y a pas, il n’y a pas, il n’y a pas de problèmes. »
La femme a reconnu la mélodie de la chanson. Même si elle connaissait une autre version. Elle a remercié l’arbre pour son acte
de bienveillance à son égard. Ce dernier lui a conseillé de garder espoir et, surtout, de conserver son bon cœur et d’avoir la foi, car les miracles existent pour celui qui croit de tout son cœur. Ce que la femme voulait à ce moment par-dessus tout, c’était de retrouver son mari qu’elle aimait plus que tout au monde. La femme a décidé de reprendre la route.
Elle a marché pendant un jour et s’est rendue nalement compte qu’elle était perdue. Elle ne savait plus par où aller. La seule chose qu’elle voyait, c’était l’arbre qui l’avait consolée la veille. On aurait dit que ce dernier la suivait toujours, comme le ferait n’importe quel compagnon de route. Cela devait être à cause du bruit que faisaient les cauris dans ces poches, a pensé la femme. Lorsqu’elle a décidé de s’en débarrasser, mystérieusement, une rivière est apparue et l’arbre a disparu sur-le-champ. De la rivière, une étrange femme est sorties. C’était Mami Wata, la femme des eaux. D’une beauté époustou ante, ses cheveux étaient longs jusqu’aux pieds et noirs comme le charbon. Sa taille était d’une telle nesse que quiconque aurait succombé à son charme. Son corps, quant à lui, était décoré de coquillages. — Femme ! Te voilà malheureuse et seule. Donne-moi tes cauris et j’exaucerai le vœu que mon cher Hakuna Matata n’a pas pu t’o rir. — Esprit des eaux, puis-je faire plus d’un seul vœu ? a-t-elle demandé, désespérée de ne pas savoir si c’était de revoir son mari ou d’avoir un enfant qui lui importait le plus. — Impossible ! Tu mourras si jamais tu en fais un deuxième.
À ce moment, la femme s’est souvenue du conseil du Marabout à l’e et qu’il ne fallait pas qu’elle écoute la femme des eaux, car celle-ci était malhonnête et ne tenait jamais parole. — Alors, femme. Quel est ton vœu ? a-t-elle lancé à nouveau avec une voix de plus en plus envoûtante. — Je voudrais que mon mari et moi soyons à nouveau réunis et si possible qu’on puisse avoir un enfant.
La sirène lui a demandé de lui remettre les cauris pour que le vœu puisse être exaucé. Hélas, que de tromperie ! Elle lui a remis les cauris, mais au moment où la femme des eaux aurait dû répondre à sa demande, elle a disparu, la brave femme se retrouvant à nouveau seule.
Désespérée, elle s’est remise à pleurer de toutes ses forces. Elle avait presque tout perdu. Par chance, il ne lui restait que les quelques gouttes dans le philtre que leur avait remis le marabout.
Pendant qu’elle pleurait, l’arbre est apparu à nouveau et s’est mis à la consoler en chantant :
« Hakuuu Hakuuu, Hakuna matata »
« Il n’y a pas, il n’y a pas, il n’y a pas de problèmes. »
« Hakuuu Hakuuu, Hakuna matata »
« Il n’y a pas, il n’y a pas, il n’y a pas de problèmes. »
La femme, abattue, commençait à regretter d’avoir con é leur destinée à un soi-disant devin. À présent, elle n’y croyait plus. Elle avait perdu la foi en tout. Elle est donc retournée s’asseoir à côté du mur où elle avait perdu son mari et l’arbre l’a suivie tel un véritable compagnon de route. Voyant la femme si désespérée, l’arbre a fait apparaître une maison pour la femme a n qu’elle y reste. À l’intérieur de cette maison, il y avait tout le confort possible.
La femme s’y est installée et s’est fait la promesse qu’en guise de gratitude, elle irait chaque matin voir comment allait l’arbre. Elle pro terait de ce moment pour lui donner à boire. Les mois ont passé et la femme commençait à prendre de l’âge. Elle devenait fatiguée. Elle n’avait pas pour autant oublié son désir de devenir mère et celui de retrouver son mari.
Un jour, elle a oublié de se réveiller pour donner à boire à l’arbre, qui était devenu son seul et unique ami. Ce dernier, qui ne l’avait pas vue, s’est mis à pleurer. Il pleurait et grondait si fort que le mur aussi grand qu’une montagne qui avait poussé là il y a longtemps s’est écroulé. Le bruit de l’e ondrement était si fort qu’il a réveillé la femme d’un seul coup. En sursaut, celle-ci a couru pour étreindre
l’arbre de toutes ses forces, comme s’il s’agissait de la prunelle de ses yeux. Ensuite, elle a constaté que le mur n’y était plus et son mari non plus.
La femme est tombée à genoux et a éclaté en sanglots. Le mur était tombé, mais son mari n’était pas derrière. L’arbre, témoin de la situation, s’est mis aussi à pleurer toutes les larmes de son corps. On aurait dit qu’il ressentait la tristesse de la femme, comme s’ils ne formaient qu’un. La femme était touchée par les pleurs de l’arbre et, pour le consoler, lui a chanté une berceuse que les femmes de son village chantaient au nouveau-né lorsqu’ils pleuraient.
« Makun makun Bebe o makun » (Ne pleure pas, ne pleure pas, mon bébé, ne pleure pas.)
« Makun makun Bebe o makun sa » (Ne pleure pas, ne pleure pas, mon bébé, calme-toi.)
« Mun de kera Bebe la makun » (Ne pleure pas, ne pleure pas, mon bébé, ne pleure pas.)
« Fosi ma kera Bebe la makun sa » (Ne pleure pas, ne pleure pas, mon bébé, ne pleure pas.)
Cette berceuse vient originairement du Mali.
Ensuite, la femme est retournée dans la maison pour prendre de l’eau a n que cela puisse soulager son ami, l’arbre. Cependant, elle était si vieille et fatiguée qu’à la place de la bouteille d’eau qu’elle avait l’habitude d’utiliser, elle a pris celle du philtre que lui avait donné autrefois le marabout Hakuna Matata. Elle est allée le verser sous les pieds de l’arbre.
Tout à coup, quelque chose de magique s’est produit. L’arbre a disparu et, à la place, un homme est apparu. La femme s’est e ondrée
en larmes de joie, elle n’arrivait pas à le croire. Cet homme n’était nul autre que son mari. Il n’avait pas changé. Lui, il avait gardé sa jeunesse et sa beauté intacte. Elle n’en revenait toujours pas. Après tout ce temps, il était là devant elle et elle pouvait le serrer dans ses bras.
N’y croyant toujours pas, elle se dit que ce devait sûrement être un mauvais tour de Mami Wata, la femme des eaux. Elle avait tort.
C’était bel et bien son mari qu’elle avait perdu autrefois. Tout à coup, l’homme lui a parlé : — Femme. Pourquoi as-tu peur ? N’as-tu pas souhaité que nous soyons à nouveau réunis ? — Comment? s’est exclamée la femme. Est-ce réellement toi ? — Comment le saurais-tu si tu oses à peine me regarder ? Hier, j’étais un arbre et aujourd’hui, je suis devenu un homme. Plusieurs années sont passées et toi, tu n’as jamais cessé de penser à moi. Tu me donnais à boire à travers l’arbre. Je ne suis jamais parti mon amour. J’étais là, avec toi, tout près de toi, mais dans une apparence toute autre. Le philtre était si fort qu’il m’a transformé en arbre. J’étais cet arbre qui te suivait pas à pas pour te protéger. J’étais celui que tu venais étreindre de toutes tes forces chaque fois que tu te sentais seule. À tes yeux, j’étais bien plus qu’un arbre. J’étais toute ta vie et le centre de ton univers. On dit que l’eau est la vie. Toi, tu m’as donc donné la vie. Digne d’une mère, tu m’as aimé comme si j’étais ton propre enfant. Merci. Merci, femme.
Touchée par les paroles de l’homme, la femme a couru le prendre dans ses bras. Ce dernier lui a donné un baiser d’une telle passion que tout à coup, elle a rajeuni, comme si le temps qui les avait séparés n’avait jamais existé. Plus il la serrait dans ses bras, plus elle retrouvait sa jeunesse et sa beauté d’autrefois. Elle était si belle que l’homme n’en revenait pas. Il s’estimait chanceux de l’avoir pour femme. En n, Ils étaient à nouveau réunis et cette fois, encore plus
unis que jamais. Ils sont retournés chez eux. En souvenir de leur aventure, le couple a planté un arbre derrière leur maison. Avec beaucoup d’amour, tous les matins de leurs vies, ils ont donné à boire à cet arbre.
On aurait dit que plus ils donnaient à boire à l’arbre qu’ils avaient planté à deux, plus leur amour grandissait.
Depuis, ils n’ont plus fait appel à un marabout pour régler leurs problèmes d’infertilité. Au fond d’eux, ils continuaient à garder l’espoir qu’un jour, un miracle viendrait de lui-même. Ils étaient convaincus que de leur union sincère naîtrait l’enfant qu’ils avaient tant désiré depuis de longues années. On peut se demander si le philtre que leur avait remis le grand Hakuna Matata contenait véritablement des vertus pour avoir un enfant ou plutôt pour inspirer l’amour.
Cette histoire nous rappelle que le but d’une vie, c’est aussi d’aimer et de croire que les miracles existent malgré toutes les épreuves rencontrées. À présent, les piliers de leur relation étaient fondés sur l’amour, le respect, l’entraide, la foi et non sur la magie d’une quelconque tierce personne. Au plus profond de leur être, ils gardaient espoir d’assister un jour à un miracle.