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Adrien Vescovi 104-105, Le Beau Siècle
LE BEAU SIÈCLE
Par Louis Ucciani
Gaspard Gresly, Nature morte au compotier, cerises et œillets, Bourg-en-Bresse, Musée de Brou, inv. 853.100.
AU MUSÉE DES BEAUX-ARTS ET D’ARCHÉOLOGIE DE BESANÇON SE DÉVOILE DE MANIÈRE INÉDITE LA PÉRIODE EXCEPTIONNELLE DE 1674 À 1792 AYANT FAVORISÉ L’ESSOR DE LA PRODUCTION ARTISTIQUE DE LA VILLE, ALORS CAPITALE DE LA FRANCHE-COMTÉ.
Envisagée comme un écosystème, la vie artistique bisontine au XVIIIe siècle est le point de départ de cette exposition conçue en cinq sections : la prise de Besançon, vieille ville conquise par Louis XIV en 1674 ; le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel ; le goût et la culture visuelle ; la formation des artistes ; et le renouvellement architectural et la pensée urbanistique. La scénographie, due à Yves Morel Workshop (qui avait déjà opéré dans La Chine rêvée de François Boucher en 2019), parvient à maîtriser l’espace, par ailleurs assez complexe du musée, et à l’habiter en en tirant toutes les subtilités novatrices. C’est sur ce mode de l’habitation que se construit ce déroulé d’extérieurs et d’intérieurs, livrant l’espace à une floraison de plus de 380 œuvres (peintures, sculptures, dessins, estampes, arts décoratifs). L’aspect didactique s’y déploie avec légèreté tout en livrant une réelle profondeur.
En extérieur, première vision : l’espace est occupé autour de deux grandes toiles. Tout d’abord, Le Siège de Besançon peint par Van der Meulen entre 1684 et 1687 où, au premier plan, le stratège distribue son armée et apparaît maître du destin. La seconde, un portrait équestre au combat de Louis XIV attribué à René Antoine Houasse et peint vers 1688, est non seulement une découverte pour le musée et son public, mais pour qui a eu la chance de fréquenter la Faculté des Lettres de Besançon on y retrouvera un de ses florilèges : le décor de son Grand Salon. Si les œuvres prennent leur essor au musée, elles peuvent également vivre ailleurs, là, au-dessus des têtes apprenantes et pensantes.
À l’intérieur de l’exposition : portraits de notables, un détour en couloir, une moquette couleur sable, une cellule, et le parcours dit « Prier », après le « Triompher » et le « Célébrer ». Dans cette cellule, Prier, se trouve un mur de Suaires d’art sacré et populaire où sont accumulées des représentations en miniatures du fameux SaintSuaire de la cathédrale de Besançon, envolé à la Révolution. En position centrale, gravée sur cuivre et estampée sur tissu, la représentation du suaire est entourée de personnages du clergé, peints et brodés par les petites mains des religieuses des couvents alentour. Ce cabinet isolé apparaît comme un lieu de curiosités. La salle elle-même montre
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Jean de Loisy, Représentation brodée du Saint-Suaire, Besançon, ADD, 21 Fi 4
divers plans et représentations de la reconstruction des églises qui laissent apparaître la ville de Besançon comme un immense chantier, cadre dans lequel elle se meut encore aujourd’hui.
Et puis, il y a les peintures de Wyrsch, notamment Le Christ mort de 1779 prêté par le Kunstmuseum de Bâle. Plus loin, le maître du trompe-l’œil, Gaspard Bresly et ses étonnants tableaux. Les cris et bruits de Besançon où s’accumulent les portraits des simples gens réalisés par Gresly, mais aussi Wyrsch et, comme en final, cette plaisante peinture tardive de 1856 par Moréal de Brévans, Une fête dans le parc de Chamars, vision festive de ce qu’a pu être notre ville. Le parcours s’achève sur Claude Nicolas Ledoux et la Révolution. On y entrevoit ce qui se profile et qui prendra d’un côté le nom de Fourier, mais aussi, en arrière-fond de Wyrsch et de son Christ mort, Courbet…
Foisonnante et subtile, l’exposition nous invite à comprendre un moment charnière de notre histoire, mais plus que cela, elle insiste sur l’idéal d’apprentissage. Je repense au tableau de l’entrée et à la Faculté des Lettres en me plongeant dans la salle consacrée à l’école de peinture et de sculpture de Besançon. — LE BEAU SIÈCLE.
LA VIE ARTISTIQUE À BESANÇON
DE LA CONQUÊTE À LA RÉVOLUTION (1674-1792) exposition jusqu’au 19 mars au musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon www.mbaa.besancon.fr