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Louis Ucciani 136-137, JC Polien
BERTRAND BELIN
HORS CHAMPS
Par JC Polien
J’ai rencontré Bertrand Belin en mai 2019 à l’occasion de son concert donné à La Rodia à Besançon. Avant une rapide séance photo en fin d’après-midi, j’ai eu le privilège de passer un peu de temps avec l’artiste. Volubile, le natif de Quiberon m’a parlé de son adolescence, de tout ce à quoi on peut s’adonner quand on a treize, quatorze ans, mais chez lui cela avait commencé vers dixhuit ans. L’apprentissage de la guitare, la musique rock, plutôt américaine. Son grand frère et l’initiation à la musique des années cinquante, soixante. Hank Williams, Johnny Cash, Elvis Presley, Eddie Cochran. Plus tard, il écoutera Thiéfaine au walkman, « qui m’emmenait dans des territoires vierges, avec des vocabulaires insensés que je ne comprenais pas. Tout ça me faisait une destination. Je me disais que peut-être un jour je fréquenterais les mondes qu’il y a là-dedans, c’était très inspirant ». Puis nous avons parlé des cauchemars récurrents, des rêves chroniques. Les siens. Des rêves de pêches, des pêches miraculeuses souvent… Le chalut, la marée, amarrer. Le manque de rigueur dans l’écriture. Du mot « clavicule » (son mot préféré), des lectures de Bernanos, de Fat White Family, de la petite messe solennelle de Rossini, de la chanteuse syrienne Waed Bouhassoun. Concernant Thiéfaine, cette petite anecdote amusante. Avant notre rendez-vous, j’étais passé au catering d’où j’avais emporté quelques mandarines, me disant qu’elles pourraient toujours me servir pour la séance. Le moment venu, je lui ai suggéré de poser avec ce vieux casque audio de marque BST chiné sur une brocante, et de plugger ce dernier à un fruit. Il a accepté bien volontiers, me disant que cela lui rappelait la pochette de l’album Autorisation de délirer sorti à la fin des années soixantedix, référence à laquelle je n’avais pas pensé en déballant mes petites oranges. Finalement, j’ai préféré garder cette série réalisée sur la terrasse du quatrième étage, le regard scrutant l’horizon, cigarette à la main. Le soir même, dans une salle comble, le concert nous a laissés « sur le cul ».