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actu outre-mer
LA COP26 ANCRE L’OCÉAN DANS LES NÉGOCIATIONS CLIMATIQUES
À l’issue de deux semaines de négociations, la COP26 a abouti au Pacte de Glasgow pour le climat. Ce texte finalise les règles de l’Accord de Paris et le rend désormais opérationnel. Il fait mention, pour la première fois, des énergies fossiles, appelant à « intensifier les efforts vers la réduction du charbon sans systèmes de capture (de CO2) et à la sortie des subventions inefficaces aux énergies fossiles ».
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La journée du 5 novembre – Ocean Action Day – a permis de promouvoir le déploiement des solutions fondées sur « un océan sain et productif, pour un avenir résilient, respectueux de la nature et neutre en carbone ». La place de l’océan a été ancrée dans le Pacte de Glasgow pour le climat. Couvrant 71 % du globe, les mers et les océans jouent en effet un rôle majeur dans la régulation du climat à l’échelle mondiale, grâce à leur rôle de réservoir de carbone. Pourtant, ces écosystèmes ne sont pas épargnés par le réchauffement, et la hausse du niveau de la mer impacte de plus en plus fortement les peuples insulaires. C’est ce qu’a voulu rappeler Simon Kofe (cidessus), ministre des Affaires étrangères des Tuvalu, en prononçant son discours le pupitre dans l’eau.
Dans l’outre-mer français également, les enjeux climatiques, notamment océaniques, sont majeurs : risque de submersion des îles faiblement émergées, amplification attendue des tempêtes et des cyclones, blanchissement corallien, atteintes à la biodiversité...
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L’ASSEMBLÉE NATIONALE ADOPTE UNE RÉSOLUTION POUR LA CONSERVATION ET L’UTILISATION DURABLE DES OCÉANS
Portée par Maina Sage, députée de la Polynésie française et Jimmy Pahun, député du Morbihan, la proposition de résolution n°4528 a été adoptée le 25 novembre à l’unanimité des députés présents. Le texte souligne la responsabilité particulière de la France en termes de protection des écosystèmes marins, et d’exploitation durable des ressources marines et côtières.
La France possède en effet le deuxième domaine maritime mondial, avec une superficie de près de 11 millions de km2, dont 97 % en outre-mer, répartis dans quatre océans. Cette déclaration trouve une résonance particulière dans le contexte actuel des négociations « BBJN » (pour Biodiversity beyond national jurisdiction) portant sur la conservation et l’utilisation des ressources dans les zones marines ne relevant pas des juridictions nationales.
La résolution adoptée invite à « la pleine participation à la négociation de tous les acteurs maritimes français, scientifiques, économiques et associatifs, avec une attention particulière portée aux représentants des départements et des collectivités d’outre mer ». Elle encourage la France à obtenir des accords ambitieux sur quatre thématiques majeures : les outils de gestion pour préserver la biodiversité et renforcer la résilience des écosystèmes – dont les aires marines protégées –, l’amélioration des connaissances sur l’océan, l’exploitation équitable des ressources génétiques marines et la promotion de l’aide au développement en matière maritime, notamment pour les États insulaires.
Dans la perspective du sommet international One ocean summit, qui se tiendra du 11 au 12 février à Brest, cette résolution traduit d’ores et déjà l’engagement fort de la France en faveur des océans.
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ESCALES EN POLYNÉSIE, UNE EXPOSITION, MAIS ÉGALEMENT UN BEAU LIVRE !
Après une quarantaine d’années d’errance, Titouan Lamazou a choisi la Polynésie française comme port d’attache. Cet homme aux nombreux talents, premier vainqueur du Vendée Globe en 1990, grand voyageur, peintre, poète et photographe, publie le beau livre Escales en Polynésie. L’ouvrage accompagne l’exposition du même nom (voir page 5). Il est cosigné avec sa fille Zoé – qui est journaliste et documentariste – aux éditions Au vent des îles.
Titouan Lamazou nous dévoile ainsi au fil des pages, avec beaucoup de sensibilité et d’humanité, plus de 200 tableaux, dont certains qu’il a esquissés il y a plus de 20 ans. Avec sa fille, il nous fait sillonner une myriade d’îles à la rencontre de leurs habitants, de leurs paysages et de la culture polynésienne, depuis les îles de la Société jusqu’aux Marquises, en passant par les Tuamotu, les îles Australes et les Gambier. « Dans ce coin du monde qui ressemble au paradis, il cherche un havre impossible où les êtres humains se souviendraient de leur lien essentiel au Vivant », présente la maison d’édition.
Les portraits, vibrants et colorés, s’expriment à travers des paroles méticuleusement recueillies par Zoé Lamazou, pour faire entendre « ces voix des archipels [qui] témoignent d’une très ancienne relation à la terre, à la mer et au ciel, réinventée face à une colonisation aux multiples visages ».
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UN NOUVEAU SOUFFLE, UN LIVRE DE GRÉGORY POL CONSACRÉ AUX MAMMIFÈRES MARINS EN OUTRE-MER
Grégory Pol publie à compte d’auteur son dernier ouvrage, Un Nouveau Souffle. Dans ce beau livre de 64 pages qui est le fruit de reportages étalés sur 20 ans, le photographe nous embarque au plus près de la nature, à la rencontre des mammifères marins qui peuplent les océans des territoires de l’outre-mer français.
De l’élégance des baleines à bosse en Polynésie française, à la tendresse des éléphants de mer aux Kerguelen en passant par la malice des dauphins tursiops de Mayotte, Grégory Pol nous plonge dans un camaïeu de gris pour redécouvrir ces espèces emblématiques, fascinantes et parfois menacées. L’ouvrage, préfacé par Jean-Louis Étienne, a pour ambition d’émerveiller mais aussi d’éveiller, par la contemplation, les consciences de celles et ceux qui ne réalisent pas encore assez l’importance de la diversité et de la beauté du vivant.
« Avec Un Nouveau Souffle je souhaite délivrer un message d’espoir. Je cherche à nous donner une bouffée d’oxygène. [...] Soucieux de l’avenir de notre monde, de l’Homme et de la faune sauvage, je tente humblement de montrer le beau pour éveiller certaines consciences sur le risque de continuer à voir disparaître cette nature précieuse. » (Grégory Pol)
L’INTERCOMMUNALITÉ, UN ESPACE PROPICE AU PROGRÈS SUR LES ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX
À l’échelon intercommunal, c’est-à-dire des communautés de communes et d’agglomérations, l’environnement est une thématique essentielle à prendre en compte dans les projets ultramarins, dans l’optique d’un développement durable des territoires. Rencontre avec une figure de l’outre-mer, Maurice Gironcel, qui préside l’association Interco’ Outre-mer.
Il y a 20 ans, fin 2001, Interco’ Outre-mer voyait le jour à l’occasion du 84ème Congrès des maires de France, sous l’impulsion des présidents et viceprésidents de 10 communautés de communes des départements d’outre-mer.
L’association porte la voix des intercommunalités et des structures intercommunales ultramarines en favorisant entre elles la coopération et les interactions. Son rôle est essentiel dans l’aménagement et le développement des territoires d’outre-mer.
QUELLES SONT LES MISSIONS D’INTERCO’ OUTRE-MER ?
EN EXTERNE :
• Défendre l’outre-mer sur le plan régional, national et européen
• Favoriser le partage d’expériences entre l’outre-mer et la France hexagonale
• Sensibiliser les pouvoirs publics sur les réalités et priorités des territoires ultramarins
• Être force de réflexion, de propositions et de cohésion auprès des institutions publiques
EN INTERNE :
• Animer le réseau de l’intercommunalité dans les outre-mer
• Centraliser les informations de tous les acteurs
• Porter la voix de l’intercommunalité ultramarine
* Promouvoir la coopération et les interactions
INTERVIEW
MAURICE GIRONCEL PRÉSIDENT D’INTERCO’ OUTRE-MER
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Maurice Gironcel est également le maire de Sainte-Suzanne, le président de la CINOR (Communauté intercommunale du nord de La Réunion) et le président de l’ACCD’OM (Association des communes et collectivités d’outre-mer).
© AdCF/Lionel Pagès
• Selon vous, quelle doit être la place de l’environnement dans les actions intercommunales en outre-mer ?
- L’outre-mer abrite 80 % de la biodiversité de notre pays. Il est très important que la protection de ce patrimoine soit prise en compte au niveau des pouvoirs publics. Souvent, quand on parle d’écologie, on évoque ses contraintes pour les territoires. On devrait plutôt considérer ses atouts. Le développement des énergies renouvelables par exemple est générateur d’emplois nouveaux et non délocalisables.
La prise de conscience environnementale permet de nourrir une autre vision des modes de production et de consommation, dans une logique durable. Il faut que nous transmettions ce message à la jeunesse, qui va prendre le relais.
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À l’échelon intercommunal, c’est-à-dire des communautés de communes et d’agglomérations, l’environnement est une thématique essentielle à prendre en compte dans les projets ultramarins, dans l’optique d’un développement durable des territoires. Rencontre avec une figure de l’outre-mer, Maurice Gironcel, qui préside l’association Interco’ Outre-mer.
© AdCF/Lionel Pagès
• Pourriez-vous citer quelques actions soutenues par les intercommunalités dans les outre-mer ?
- Les initiatives tournées vers l’écologie y sont multiples. De nombreuses intercommunalités mènent par exemple des projets de végétalisation urbaine pour reverdir les villes. En tant que maire de Sainte-Suzanne à La Réunion, je mets un point d’honneur à faire en sorte que les énergies renouvelables, ou énergies vertes, ne soient pas des mots creux, mais des choses concrètes : la ferme éolienne de La Perrière est l’une des plus grandes du département ; la surface de panneaux photovoltaïques du lycée Bel Air est la plus étendue de l’île dans le milieu scolaire... Grâce au solaire, aux éoliennes et à la méthanisation issue des déchets, Sainte-Suzanne est une commune à énergie positive.
Par ailleurs, à la CINOR, des fertilisants péi sont fabriqués à partir des eaux en sortie de station d’épuration. « Fertipéi », gratuit pour les agriculteurs, permet d’éviter d’importer de l’engrais, dont le coût dépasse 600 euros la tonne.
Je citerai un dernier exemple dans le cirque de Mafate qui est très isolé, sans route d’accès. Un microgrid, réseau électrique de petite taille installé par EDF, permet aux habitants de La Nouvelle de bénéficier d’un approvisionnement 100 % solaire, avec une chaîne à hydrogène pouvant stocker l’électricité solaire durant une dizaine de jours, au lieu de 48 heures maximum avec les panneaux solaires dont l’îlet était équipé. Le réseau du dispensaire est donc sécurisé et les familles n’ont plus besoin d’utiliser de groupes électrogènes, qui dégagent des substances polluantes. Solaire, éolienne, hydraulique, géothermique... l’énergie produite à partir de sources renouvelables 3 réduit considérablement les émissions de CO2 dans l’atmosphère, par rapport aux énergies fossiles. C’est l’énergie d’avenir. -
- La transition écologique reste à imaginer, à construire... Quelle démarche conseilleriez-vous pour y arriver ?
Chaque projet de transition écologique suppose une phase d’expérimentation et d’innovation. Nous faisons appel à des technologies développées par des startsups locales, des universitaires... Il faut laisser la place à l’expérimentation, être ambitieux, défendre les dossiers, aller chercher les financements, faire confiance à l’innovation et surtout à la capacité de nos jeunes à concevoir ces innovations. Et se rappeler qu’en outre-mer, nous avons des atouts et spécificités qui sont une chance pour la France. Dans les territoires, nous obtenons les meilleurs résultats quand nous faisons intervenir nos acteurs locaux.
• Comment faites-vous entendre la voix des outre-mer dans l’Hexagone sur les questions environnementales ?
- Faire remonter nos besoins aux instances nationales fait partie de nos actions quotidiennes, notamment auprès d’Intercommunalités de France (AdCF) - et de l’AMF.
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© AdCF/Lionel Pagès
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