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B. La définition des acteurs : maitrise d’ouvrage / maitrise d’oeuvre
Au niveau de la conception architecturale de logements, Sophie et Jean-Philippe revendiquent de ne pas avoir une écriture architecturale prédéfinie et plus encore de ne pas avoir d’à-priori. Pour eux, la question n’est nullement d’être vu, d’apparaître fortement, mais de savoir regarder pour pleinement s’intégrer. Ils ne souhaitent aucun affrontement mais un échange sensible avec l’environnement et la diversité des contraintes. Par ailleurs, dans tous ses projets de logements, l’agence s’est toujours prioritairement attachée à offrir une grande qualité d’usage pour les habitants tant dans les espaces privatifs que les espaces partagés. Elle cherche à privilégier des appartements traversant ou multi orientés, proposer des espaces extérieurs habitables pour les logements et chercher à valoriser des espaces de liaison dans un souci d’aménité du lieu. Si la philosophie de l’agence se veut respectueuse de l’humain et de l’environnement, est-elle facile à mettre en place pour autant ? Bien sûr que non. Il n’est pas rare de côtoyer des maitrises d’ouvrage plus préoccupées par la rentabilité de leurs opérations que par le confort et l’usage des « produits» qu’ils vendent. Comment expliquer cette situation ?
B. La définition des acteurs : maitrise d’ouvrage / maitrise d’oeuvre
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Un premier élément de réponse se situe dans la définition des acteurs.
Maître d’oeuvre (MOE) : Personne physique ou morale chargée, comme locuteur d’ouvrage, d’une mission de prestations intellectuelles afférentes à la conception d’un ouvrage et/ou à la direction de son exécution mais aussi éventuellement à la vérification des décomptes des entreprises et à l’assistance au maitre d’ouvrage lors des opérations de réception. 15
Le métier d’architecte est une profession règlementée. Elle bénéficie du monopole pour les travaux soumis à autorisation de construire. L’architecte ne peut exercer sa mission que sous certaines conditions : détenir une qualification professionnelle, être inscrit à l’Ordre des Architectes, et être obligatoirement assuré. Il est soumis à des obligations déontologiques, contenue à la fois dans le code des devoirs professionnels de l’architecte (décret du 20 mars 1980) et la loi du 3 janvier 1977 sur l’architecture. Cette dernière joue un rôle fondamental dans la compréhension du rôle de l’architecte dans la société : « la création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public. Les autorités habilitées à délivrer le permis de construire ainsi que les autorisations de lotir s’assurent, au cours de l’instruction des demandes, du respect de cet intérêt. » C’est dire la responsabilité de l’architecte dans la fabrication des villes. En tant que maitre d’oeuvre, il doit être le garant d’une parfaite insertion d’un projet dans son environnement, veiller à la qualité spatiale autant qu’à la qualité d’usage, garantir la pérennité de l’édifice et penser à son impact environnemental. La loi MOP du 12 Juillet 1985 aide à cela en obligeant les maitrises d’ouvrage publiques à se munir d’un architecte, et ce de la phase esquisse à la réception des travaux (AOR).
15 Définition issuedelaconférencedeB. Veyssieres, architecteetexpert-assureurdelaMAF, danslecadre du cycle de conférences en HMONP de l’ENSAP de Bordeaux.
Maître d’ouvrage (MOA): Personne physique ou morale qui conclut les contrats de louage d’ouvrage avec les réalisateurs qu’il a choisis en vue de l’étude et de l’exécution d’une opération de construction dont il a défini le programme et dont il assure le financement. 16
La maitrise d’ouvrage, elle, finance le projet. Plusieurs formes existent. La première configuration correspond à une maitrise d’ouvrage qui finance un projet qu’elle va occuper. C’est le cas typique d’une construction neuve ou réhabilitation d’une maison individuelle par exemple. Dans ce cas là, un particulier fait appel à un groupement de maitrise d’oeuvre pour la conception et réalisation de son projet. Etant donné qu’il va occuper les lieux, les sommes qu’il va investir iront directement dans la qualité spatiale du projet. Bien entendu, cela ne signifie pas que le budget est illimité. En général, des pistes d’économie sont trouvées entre l’architecte et son client, dans le respect de l’esthétique du projet.
Ce phénomène s’observe aussi dans le cadre d’une maitrise d’ouvrage publique. Les élus considèrent les projets architecturaux et urbains comme éléments phares de leurs mandats. Sous couvert d’enjeux politiques, le financement du projet va généralement en direction de la qualité architecturale. Dans le cadre de la médiathèque de Saint-Paul-lèsDax, les relations entre l’agence et la mairie ont toujours été bonnes et productives. Bien évidemment, le budget est resté au coeur des préoccupations mais les pistes d’économie sont toujours allées dans le sens de la qualité spatiale. Toutefois, cette situation n’est pas le portrait de toutes les autres. Mon expérience antérieure m’a montré que certaines maitrises d’ouvrage publiques sont plus obnubilées par l’argent que par le bonheur de leurs habitants. Elles n’hésitent pas à lancer des appels d’offres avec des budgets très serrés, au détriment de la qualité architecturale et du confort d’usage.
Dans le cadre de la promotion immobilière, l’approche est tout autre. La maitrise s’ouvrage finance un projet qu’elle ne va pas occuper, mais qu’elle vendra. Le mécanisme s’inverse alors. Ici, le projet architectural devient, aux yeux de la maitrise d’ouvrage, un simple produit de consommation. Il ne s’agit plus d’enjeux politiques et sociaux, mais d’enjeux purement financiers. Les promoteurs ne proviennent pas d’écoles d’architecture, ils ne perçoivent pas l’intérêt d’avoir un bâtiment esthétique et bien inséré dans l’environnement urbain. L’objectif premier est la rentabilisation de l’opération, générer une marge suffisante pour faire du bénéfice. L’ensemble du projet n’est plus pensé en termes de qualités de projet mais en termes d’économie. Cette différence de points de vue entre maitrise d’oeuvre et maitrise d’ouvrage de type promoteur est la source d’une relation conflictuelle.
16 Définition issuedelaconférencedeB. Veyssieres, architecteetexpert-assureurdelaMAF, danslecadre du cycle de conférences en HMONP de l’ENSAP de Bordeaux.