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B. Les sociétés coopératives : SCOP et SCIC
ne devienne pas une distanciation plus profonde, creusant l’individualité et limitant les interactions sociales.
Que ce soient les coopératives d’habitat ou bien les sociétés civiles d’attribution ou d’accession progressive à la propriété, les organismes d’habitat participatif ont fait du respect de l’environnement une préoccupation de premier plan. Et ce dans tous les domaines. Plusieurs exemples au niveau européen le prouvent. A Strasbourg, un immeuble coopératif bas-carbone s’est établi en plein coeur du patrimoine historique. De même, à Bruxelles, les habitants du projet Brutopia possèdent une voiture à partager entre tous les habitants, en plus d’un parking vélos de 80 places. Dans ce contexte, les bailleurs sociaux s’intéressent de plus en plus à ces nouvelles formes d’habiter. Cependant, les contraintes budgétaires de ces derniers divergent avec les souhaits des futurs propriétaires. En effet, l’équation entre les coûts nécessaires aux performances énergétiques et les investissements n’est pas équilibrée pour les habitants. Malgré tout, la pensée à l’environnement a le mérite d’exister dans l’élaboration de tels projets. Dans le secteur de la promotion immobilière, le respect de l’environnement dans la conception des projets n’est pas nécessairement une priorité. Certains promoteurs n’hésitent pas à mettre en place des matériaux de faible qualité, dans l’unique but de gagner en rentabilité.
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Heureusement, les réglementations thermiques prennent une place plus importante dans la conception des projets. L’attestation B-BIO est systématiquement demandée pour un dépôt de permis de construire. De plus, la règlementation thermique 2020 sera mise en application à la fin de l’année. Basée sur le principe de la maison passive, elle permettra une consommation en énergie réduite grâce à une isolation thermique performante, des apports en lumière naturelle et des systèmes thermiques certifiés. Cette règlementation traduira les enseignements de la démarche « Bâtiment à énergie positive et réduction carbone », label E+C-, en expérimentation depuis novembre 2016. Il en a résulté plus de 702 opérations entre 2016 et 2019, dont 4817 logements neufs et 372 605 m 2 de tertiaire. Nous pouvons citer la résidence Alizari, à Malaunay (76), composée de 31 logements sociaux et d’une résidence pour personnes âgées. Elle a obtenue la note Energie3 Carbone2 ainsi que le label Passiv’Haus pour sa conception bioclimatique.
B. Les sociétés coopératives : SCOP et SCIC
Dans cet élan de coopération, nous allons voir qu’une autre alternative existe, celle de la société coopérative. C’est une entreprise commerciale, de type SA ou SARL, pouvant prendre deux formes juridiques : la Société Coopérative et Participative (SCOP) ou la Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC). Sur le fonctionnement, elles sont très proches. La gestion est démocratique, à savoir une voie équivaut à une personne, et le mode de fonctionnement n’est pas obligatoirement la lucrativité. Ainsi, lors de la clôture des comptes, le résultat est mis en réserve et non librement partagé entre les associés. La rentabilité de l’entreprise n’est pas le but recherché, comme en promotion immobilière, mais bel est bien l’innovation et la qualité des prestations. Cependant, dans le cas d’une SCIC, l’entreprise n’appartient pas qu’à ceux qui y travaillent. Elle regroupe, en plus du garant de la production, un bénéficiaire ainsi qu’une troisième catégorie d’actionnaire,
représentant une collectivité ou un financeur. Ce système est très intéressant lorsqu’il s’agit de construire du logement collectif. En premier lieu, cette configuration donne l’opportunité à l’architecte de faire partie, pour la première fois, d’une maitrise d’ouvrage. Il constitue le garant de la production de la SCIC. Il participe ainsi à son financement, mais doit cependant rester en dehors d’une stratégie de rentabilité, qui est l’une des raisons qui l’ont poussé à sortir du système de la promotion immobilière. Heureusement, grâce au cadre mis en place par la SCIC, il ne peut prétendre à des revenus supplémentaires même si une marge est faite sur la vente des logements. D’autant plus qu’il n’est pas l’actionnaire majoritaire de la SCIC, la décision se fait collectivement. S’il n’est plus soumis au système financier classique, ses honoraires vont pouvoir être calculés de manière équitable au regardd du temps et de la quantité de travail effectuée.
La SCIC constitue également une bonne opportunité pour les « bénéficiaires», à savoir les futurs propriétaires du projet. Présents lors de l’élaboration des appartements et des espaces communs avec l’architecte, ils peuvent ainsi mettre leur pierre à l’édifice. De même, une fois le projet achevé, les logements qui ne sont pas dédiés aux futurs propriétaires peuvent être vendus. Cela permet à des personnes non impliquées dans le projet de départ de pouvoir tout de même bénéficier de logements de qualité. C’est un avantage certain sur les organismes d’autopromotion. En effet, si tous les futurs propriétaires ne sont pas présents dès le début, cela facilité amplement les discussions entre architecte, représentant des habitants et collectivité.
Dans le domaine de l’architecture, les coopératives d’habitat et les SCIC interrogent sur le modèle économique actuel des agences d’architecture. Comment, à l’avenir, faire en sorte de toucher des fonds suffisants pour pérenniser les projets économiquement tournés vers le social ? Une première piste fut le développement des SCOP d’architecture. C’est le cas de l’agence Un.Pact située non loin de Clermont-Ferrand. En 2018, elle s’est implantée en zone rurale dans le but de se tourner vers l’architecture écologique, les matériaux biosourcés, mais aussi participer d’une certaine manière à l’économie locale. L’architecte Pauline Coffy décrit les avantages de la SCOP en architecture : « C’est un statut qui a été évoqué lors de mes études et c’est un beau tremplin pour notre association. La Scop est intéressante pour l’architecture car avec une SARL classique on peut difficilement s’associer à d’autres corps de métiers. En Scop, c’est possible ». 25 Ce statut reste encore marginal en France, mais progresse significativement. La crise sanitaire pourrait encourager la création de ces typologies d’entreprise. Un manifeste a d’ailleurs été publié sur le site officiel des SCOP, le 24 Avril 2020, se demandant « si le monde d’après existait déjà dans le monde d’aujourd’hui ? ». C’est un appel clair à privilégier une économie tournée autour du respect de l’humain et de l’environnement. C’est aussi un appel au partage équitable des revenus et à privilégier une dimension collective de la réussite professionnelle.
25 Union régionaledesSCOPAuvergne-RhôneAlpes, « LaSCOPd’architectespourimpacterleterritoire», le 15/03/18
FIGURE 28 : Photographie de Weissenhof Estate, projet de Mies van der Rohe, Stuttgart, 1927.
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FIGURE 29 : Ensemble de plans de niveaux de WeissenhofEstate, projet de Mies van der Rohe, Stuttgart, 1927. Chaque plan illustre parfaitement la différence de configuraiton imaginable grâce au système de cloisons légères. C’est une révolution pour l’époque.