Sparse 31 (sept. 2020)

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Chamane, absinthe et oasis

80 pages pour purifier son âme

sparse magazine mieux

sparse | numéro 31 | trimestriel

sep. oct. nov. 2020 • www.sparse.fr imprimé à énormément d’exemplaires à lire aux toilettes

GRATUIT • BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ

+ Anne Vignot La forêt des géants Le temple de la radio Le comté qui pollue



édito. Salut, c’est Sparse, le magazine mieux que tous les autres. On est de retour entre vos doigts, chez votre boulanger, au café du coin et dans vos toilettes. À vrai dire, c’est une sensation assez agréable de pouvoir refaire un édito et cracher quelques vérités. Même si ce n’est pas facile tant il s’en passe en ce moment... Au départ, on voulait raconter à quel point c’était super de sortir à nouveau un magazine papier après la panne estivale. Et finalement, quoi de plus normal ? Ensuite tombait dans mon fil Twitter la dernière analysephilo de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, concernant la lutte contre le trafic de stupéfiants : « La drogue, c’est de la merde. On ne va pas légaliser cette merde ». Wow, ok ! Après sa sortie annonçant que la fameuse amende de 200 euros était une « technique qui consiste à tuer tout trafic de drogue » (lol !), le Gé’ lâche un nouveau tube de rentrée agrémenté de lyrics hardcore afin d’étayer sa stratégie qu’il a visiblement bossée à fond. Une stratégie de la sanction qui, on le rappelle, est rigoureusement la même depuis plus de 50 ans et ne fonctionne pas. Enfin, dernière idée d’édito pour ce nouveau numéro : se souvenir du bon vieux temps, celui photographié par Léa Signe en couverture du magazine, lorsqu’on pouvait encore aller à des concerts et danser. Et une question, toute simple : que va-t-il se passer demain ? Je ne sais pas. Faut-il demander à Gégé ? Je ne crois pas. Par Pierre-Olivier Bobo Photo : Alexandre Claass

Par Pierre-Olivier Bobo Photo : Alexandre Claass


Photo : Mathilde Leconte

sommaire 3. ÉDITO

ours

8. CONTRIBUTEURS

Ce magazine est édité par Sparse Média. Siret : 750 725 806 00038 - APE : 5814Z www.sparse.fr - contact@sparse.fr www.sparsemedia.fr

12. LA

DIRECTEUR DE PUBLICATION Pierre-Olivier Bobo. RÉDACTEUR EN CHEF Antoine Gauthier. CONTRIBUTEURS Badneighbour, Jérémie Barral, Loïc Baruteu, Pierre-Olivier Bobo, Sophie Brignoli, Nicdasse Croasky, Delphine de Petro, Matthieu Fort, Yannick Grossetête, Thomas Lamy, Franck le Tank, Martial Ratel, Ladislas René, Chablis Winston, James Granville forever. DIRECTION ARTISTIQUE INTERNETINTERNET

PHOTOGRAPHIES Jérémie Barral, Sophie Brignoli, Delphine de Petro, Raphaël Helle, Thomas Lamy, Mathilde Leconte, Ladislas René, Léa Signe, Louise Vayssié, Diego Zébina. ILLUSTRATIONS Mr. Choubi, Michael Sallit, Hélène Virey. COMITÉ DE RELECTURE Alix Beblik, Aline Chalumeau, Lise le Joncour, Marion Godey, Aurore Schaferlee. COUVERTURE Photo : Léa Signe. IMPRIMEUR Estimprim (25). Dépôt légal : à la sortie du magazine ISSN : 2260-7617 Tous droits réservés © 2020 Merci à nos partenaires ainsi qu’à celles et ceux qui ont permis la réalisation de ce numéro. Prochain numéro : décembre 2020 Sparse bénéficie du soutien du Ministère de la culture et de la communication, fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité, et de la DRDJSCS au titre du Fonds de développement de la vie associative (FDVA)

10. BD

- TROUVER L’AMOUR TITRAILLE 14. CINÉ CULTE 16. GUESTLIST ROAD TRIP A PRIS LA ROUTE DE L’ABSINTHE

20. ON

EXPÉRIENCE PASSEUR D’ÂMES

24. LE

TRANSMISSION MUSÉE DU POSTE RADIO

30. LE

INTERVIEW BESANÇON, AU BORD DE LA MAIRE

34. À

ENQUÊTE 42. DIJON,

C’EST EN BOURGOGNE ?

PROMENADE GÉANTS DE LA FORÊT

48. LES

CHANGEMENT DE RYTHME OASIS ÉCOLO AU CREUSOT

52. UN

HIT PARADE POLLUTION EN BFC

56. LA

62. ROMAN-PHOTO 66. DESTINÉES

D’ENTREPRENEURS PAGE MODE 70. HOROSCOPE 74. COURRIER DES LECTEURS 76. ABONNEMENT 68. LA



MERCI POUR L’OSEILLE • En danger suite à la crise sanitaire, le magazine Sparse

a lancé pendant l’été 2020 une campagne de soutien qui a permis de récolter un peu plus de 10.000 euros. Parmi les fameuses contreparties accordées à nos plus généreux donateurs figurait le fait de voir son nom inscrit en lettre d’or dans les pages du magazine. C’est chose faite ici-même. Respect infini pour vous. •

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Adrien LaMif Alban Desmurs Alexandre Béné Alexandre Mourier Alexia Gire Alice Gauthier Aline Aimini Aline Chalumeau Aline Rosand Aline Michelin Alix Beblik Amandine Monard Amélie Gautheron-Gaye Anaïs Naciri Angélique Rucklin Anne Thouret Anne Puis Anne-Laure Meuley Anne-Sophie Cambeur Annka Bulliard Anthony Martinez Antoine Trapet Antoine Martel Arnaud Mothin Arno Lagardaire Arthur Lombard Baptiste Binet Barbara Donneau Béa Legris Ben & Audrey Benjamin Curie Benjamin Renault Benjamin Magnen Bertrand Blaise Berty Robert Boris et Aurélien St’Art Bruno David Carole Georges Caroline Schwebel Catherine Simeon Catherine Euvrard Cécile Thyebault Cédric Debeaumarché Chacha Boudin Chantal Clerc Chantal Masson Charlene Janiaud Charles Gutierrez Charlotte Bleich Retivat Charly Such Christine Truchot Dessolle Christophe Regard Claire Giacomel Claire Leglise

Coline Hejazi Coline Therville Consortium Museum Cynthia Bossart Cyril Blanchot Damien Renel Daniel Scalliet David Lanaud du Gray David Meugnot David Demange Delphine Lambert Diane Loichot Didier Supplisson Dinh Trung Do Elise Nicolas Elsa Girard Emmanuelle Ansaldi Fabien Savoie Fabrice Roy Fabrice Martin Flo Nicolle Florent Sanseigne Florian Verger Florian Chambrier Franck Annese Francois Michelet Francois de Villoutreys François Castus François Boulicault Frédéric Sonnet Frédéric Joly Gaelle Berthelon Gaëtan Billier Gilles Busseau Gliz Falf Gregoire Wauquiez Guillaume Coupechoux Guillaume Malvoisin Guillaume Perrin Guillaume Poillerat-Garcia Hélène Virey Hubert Marque Jayson Troy Jean-Baptiste Masson Jean-Fabrice Bobo Jean-François Morlier Jeff Buckler Jérémie Penquer Jérémy Vieille Jo Cleb’s Juliane Daudan Julie Bloch Julie Vuillemin Julien Moreau Julien Courtois

Julien Joubert Juliette Brey Xambeu Juliette Tomasetti Justine Lagrange Laura Schneider Laure Abramowitch Laurent Bourguignat Léa, Éloi et Antoine BarréFoncelle-Lopes Léa Signe Leo Bonnin Léonard Dumont Lilya Bobo-Ouachem Lionel Picard Lisa Van Reeth Lise Le Joncour Lucie Rozzi Lucie Moreau Lucie Martinez Lucile Chalumeau Ludovic Jobert Manou Gagne Marco « JAFC » Prost Marie Pernette Marie Bordat Marie Schaaff Marie-Luce Ghib Marion Mourlam Marion Tassetti Marion Michaut Marion Gobert Marion Godey Marjon Barrière-van der Spoel Martine Dubois Mathieu Gatimel Mathieu Valeyre Mathieu Sabarly Mathieu Roussotte Mathilde Julien Matt Gauthier Matthias Hamelin Matthieu Loisy Matthieu Brulé Maxime Virot Maxime Gorczyca Maxime Jouve Mélaine Lala Mélanie Boulanger Michael Taroux Mireille Gauthier Monia Moussi Monsieur Cerise Nadia Genez Nathalie Maraux Nathalie Gatt

Nathalie Barnoin Nicolas Popovic Nicolas Goujon Nicolas Vieillard Olivier Dumas Pascal Schmitt Patrice Bouillot Pauline Pobès Pauline Sallet Philippe Nicolle Pierre Zusatz Pierre Bourdeaux Pierre-Olivier Bobo Pierrick Rufer Radio Dijon Campus Rachida Boukrini Raphael Servin René et Marie-France Bobo Romain Badino Sébastien Dangoin Silene Alber Simon Nicolas Solène Futelot Sophie Brignoli Stéphane Gaillard Stéphane Normand Stephanie Legnaro Sylvain Berthomier Sylvain Nocquard Sylvain Briand Sylvain Vacheresse Tarek Ouachem Theo Beurlangey Théo Souman Thibaut Respingue Thomas Barbier Thomas Buffard Thomas Dufour Thomas Lamy Tiffany Sarre Tiffen Golzné Valérie Pellé Verena Mazurek Victor Vasseur Victor Duchamp Victor Petit Vincent Ilhe Vincent Clavelier Virginie Le Bourg Why Note Xav’ Dupont de Ligonnès Yann Baude Yann Rivoal Zutique

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contributeurs

Par Chablis Winston Photos : DR

Nom : De Petro Prénom : Delphine Fonction : Chamane.

Dès que ça fume de l’hallucinogène ou que ça boit de la gnôle, Delphine veut bien aller tester. Elle s’enfonce dans les limbes de son surmoi aussi facilement qu’on coupe une motte de beurre, grâce à une capacité à ingérer des psychotropes qui lui vient de son grand-père iroquois. Ayahuasca pour tout le monde ! C’est sa tournée.

Nom : Helle Prénom : Raphaël Fonction : Forever young.

Raphaël Helle fait partie de ces gens qui ont connu ce qu’on appelait « le monde d’avant », il y a bien longtemps. Tel un samouraï parcourant les villes d’un pays désormais transfiguré, il nous livre, à travers ses photos, le témoignage rare d’une civilisation aujourd’hui disparue : la gauche française.

Nom : Leconte Prénom : Mathilde Fonction : SOS photographe.

Allo oui bonjour ? « Oui bonjour, on a besoin d’un photographe de toute urgence ! ». Oui bien sûr... C’est pour quelle genre de photos ? « C’est pour du roman-photo, de l’image d’illustration, des trucs comme ça. » Très bien, je vois. Il vous faut un bon photographe où je peux envoyer le stagiaire de 3ème ? « Oh tant qu’à faire, envoyez-nous un balaise . » Ce sera une balaise monsieur, je vous envoie Mathilde Leconte, c’est une spécialiste des opérations délicates, type guérilla de l’image. Elle sera chez vous dans 30 minutes monsieur, je vais prendre votre adresse. « Génial, merci ! » Nom : Le Tank Prénom : Franck Fonction : Gunfighter.

Francky est le porte-flingue de Sparse. On n’a pas affaire à un élève mais au professeur. Quand l’armée monte une opération qui ne doit pas échouer, c’est à lui qu’elle fait appel. C’est le genre de type qui boirait un bidon d’essence pour pouvoir pisser sur ton feu de camp. Ce mec-là, tu le largues au pôle Nord, sur la banquise avec un slip de bain pour tout vêtement, demain après-midi tu le vois débarquer au bord de ta piscine avec un sourire jusqu’aux oreilles et les poches bourrées de pesos. Ce type-là est un professionnel.

Nom : Drucker Prénom : Michel Fonction : Papy gâteau.

Canicule, COVID, fin des thés dansants, mort de Pascal Sevran... Nos anciens sont en danger, ne les abandonnons pas. Si chacun fait un peu, c’est la vie qui gagne. Prenez un vieux chez vous pour qu’il ne finisse pas seul. Nous, c’est Michel. Il vit dans la rédaction de Sparse, regarde le Tour de France avec nous et nous fait des cookies les mercredis après-midi. Papy, papy ! J’peux lécher la casserole ?

Nom : Bobo Prénom : Pierre-Olivier Fonction : Facilitateur.

Pour que Sparse puisse passer au travers des mailles de cette crise sanitaire et économique, Pierre-Olivier charbonne comme un fou. Il remplit des tableaux Excel, passe quelques coups de fils en Russie, lance des appels sur le net et finit par compter de gros paquets de billets qu’il range dans une boîte à chaussures planquée dans la chasse d’eau du chiotte. New Deal.

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les collections beaux-arts revisitées

Musée du château des ducs de Wurtemberg

Montbéliard

plein : 15€ réduit : 9€ étudiants, scolaires : 7€ carte culture : 5,5€

Lun 5 oct . Lun 9 nov . Lun 7 déc 2020 THÉÂTRE / LECTURE LES LUNDIS EN COULISSE Compagnie Les Encombrants En partenariat avec La Minoterie

Jeu 26 Novembre 2020 > 20h30 MUSIQUE/CONCERT RADIOPHONIK ORCHESTRA Par les étudiants de l’ADESM En partenariat avec Dijon Radio Campus

Mer 23 Sept 2020 > 18h30 PRATIQUE THÉÂTRALE RÉUNION DE RENTRÉE DU TUD Théâtre Universitaire de Dijon et Service Culturel du CROUS BFC

Mar 8 Déc > 20h30 et Mer 9 Déc 2020 > 18h30 CIRQUE/SPECTACLE YOKAÏ KEMANE, L’ESPRIT DES HARICOTS POILUS par Compagnie Defracto En partenariat avec CirQ’ônflex

Mer 30 Sept 2020 > 20h30 THÉÂTRE/SPECTACLE MARATHON FRÉCHETTE Théâtre Universitaire de Dijon Mer 14 Oct 2020 > 14h30 Jeudi 15 Oct 2020 > 14h30 et 20h30 THÉÂTRE/SPECTACLE LA COMPÉTITION Compagnie Esquimots Mer 21 Oct 2020 > 20h30 MUSIQUE/CONCERT PIMP MY JAZZ LeBloc Ven 13 Nov > 20h30 et Sam 14 Nov 2020 > 18h30 CIRQUE/RÉSIDENCE/SPECTACLE RADIUS ET CUBITUS... Compagnie Inhérence En partenariat avec Cirq’Ônflex dans le cadre de la Nuit du Cirque LES DIFFÉRENTES MESURES SANITAIRES NOUS OBLIGE À VOUS DEMANDER DE RÉSERVER VOS PLACES AVANT CHAQUE SPECTACLE.

Jeu 17 Sept 2020 > 19h THÉÂTRE/SORTIE DE RÉSIDENCE ROBERT SANS TRAVAIL Compagnie Truelle Destin Ven 25 Sept 2020 > 19h THÉÂTRE/SORTIE DE RÉSIDENCE TEMPO GUSTO Compagnie Fernweh Mer 30 Sept 2020 > 19h MUSIQUE/SORTIE DE RÉSIDENCE LEFEBVRE<>ORTI Duo avec Guillaume Orti et Jérôme Lefebvre Ven 16 Oct 2020 > 19h THÉÂTRE/SORTIE DE RÉSIDENCE TÉLÉPHONE-MOI Compagnie Fouic

Jeu 5 Nov 2020 > 19h THÉÂTRE/SORTIE DE RÉSIDENCE DU PIMENT DANS LES YEUX Compagnie Les Trois Soeurs Jeu 3 Déc 2020 > 19h DANSE/SORTIE DE RÉSIDENCE DIS-MOI QUE JE SUIS Compagnie Psaodi Jeu 17 Déc 2020 > 19h DANSE/SORTIE DE RÉSIDENCE KATTU MARAM - FABLE VOLET 2 # DU PROJET « TERRE SECHE » par Advaïta L Cie

TRISTAN FELLMANN

Dualités

Antoine ETEX : L’Amour piqué par une abeille (colorisée), 1860 - Marbre : Collection Musées de Montbéliard - Photo : Jack Varlet - Conception :

À partir du 19 septembre 2020


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la titraille

Par Franck Le Tank

Toujours plus loin, toujours plus haut, jusqu’au bout de l’info.

« Le client d’un restaurant s’arrache des poils pubiens pour éviter de payer l’addition »

« Voisin de l’hôpital, il porte plainte pour les cris des femmes qui accouchent »

Daily Star via Cnews (Blackburn, Angleterre)

20 minutes (Zurich, Suisse)

• Sois belle et tais-toi ! •

• Les faits se passent à Blackburn(es), au Royaume-Uni. Makes sense, isn’t it ? •

« Elle ouvre la porte de l’avion et sort sur l’aile pour « avoir de l’air » Cnews (Kiev, Ukraine)

• Elle n’a rien à envier à John McLane dans 58 minutes pour vivre. Yipikaye pauvre con. •

« Je ne parle pas comme ça à la maison : enquête sur ces bourgeois qui disent wallah » Marianne (Grenoble, France)

• Starfoullah les richous •

« Tony, 43 ans, surpris par sa femme, en plein rapport… avec sa mère de 64 ans : je ne sais pas c’est juste arrivé » Sudinfo.be (Massachussets, USA)

• Suprême NTM •

« Difficile d’être performants quand 6 ou 7 joueurs se bourrent la gueule le samedi » Lavenir.net (Gouvy, France)

• C’était avant ou après la troisième mi-temps ? •

« Il tente de se suicider, mais atterit dans le compost des gendarmes » L’Est Républicain (Besançon, France)

• Sauvé par un tas de fumier... •

« Dijon : Elle tente un resto basket mais ne court pas assez vite »

« Côte-d’Or : Il agresse sa mère pour une histoire de merguez »

Le Bien Public (Dijon, France)

Le Bien Public (Côte-d’Or, France)

• « La gloutonne alourdie par un repas à 40 euros » Merci pour l’explication… •

• Le grand René avait servi l’apéro, c’est la merguez partie ! •

« Caché dans un frigo après un cambriolage, il demande à aller en prison mais le tribunal d’Auxerre lui propose une autre solution » L’Yonne Républicaine (Auxerre, France)

• Et l’autre solution, ce n’est pas un cache-cache géant pour ceux qui veulent tout savoir. •

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VIA LES AILLEURS ACTE 1

TEMPS FORT DU 10 AU 14 NOVEMBRE

www.viadanse.com

Spectacles, concert & atelier autour d’AKZAK

Jeudi 12 et vendredi 13 novembre à 20h « AKZAK, L’IMPATIENCE D’UNE JEUNESSE RELIÉE »

Création 2020 - Fattoumi/Lamoureux MAISON DU PEUPLE, GRRRANIT, SCÈNE NATIONALE DE BELFORT *

> Mardi 10 novembre à 20h Concert de Jawhar (Tunisie/Belgique), LA POUDRIÈRE * > Mercredi 11 novembre de 14h à 17h Atelier avec Taoufiq Izeddiou, gratuit sur inscription > Samedi 14 novembre à 18h « Et Pourant Elle Tourne » Taoufiq Izeddiou en collaboration avec Sharif Sehnaoui, VIADANSE > Samedi 14 novembre à 20h « ACTE(S) ET SUEURS » Cie Chantiers publics, Hamdi Dridi, LA COOPÉRATIVE, GRRRANIT, SCÈNE NATIONALE DE BELFORT

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IADANSE - DIRECTION FATTOUMI/LAMOUREUX Centre chorégraphique national de Bourgogne Franche-Comté à Belfort

3 AVENUE DE L’ESPÉRANCE, 90000 BELFORT - +33 (0)3 84 58 44 88 - contact@viadanse.com © Laurent Philippe

Les billets * sont à prendre à la billetterie des structures partenaires. Pour les autres spectacles, les billets seront en vente dès octobre sur notre site internet.


ciné culte

Par Chablis Winston

La fiche pour briller en société (N°1) Rappelle-toi tes « fiches profils », pour préparer le bac. Tout était résumé. On n’avait pas besoin de lire les bouquins pour en parler. Chez Sparse, c’est pareil pour le cinéma : on a regardé des classiques pour toi. Plus besoin de t’emmerder à mater ces trucs trop lents alors qu’il y a plein de supers films avec des explosions sur Netflix. Ne passe plus pour un inculte mais deviens un vrai usurpateur grâce à Sparse et fais croire à tout le monde que tu as vu ces bijoux du 7ème art. Attention maxi spoiler !

Le Nom de la rose (The Name of the Rose) - 1986

Nom : Jean-Jacques Annaud d’après un gros best-seller d’Umberto Eco écrit en 1980. Genre : Polar moyen-âgeux, film italo-franco-allemand (et ouais mon pote), tourné en anglais (et un peu en latin). Durée : 131 minutes. Palmarès : César du meilleur film étranger (parce que pas tourné en français).

LE CONTEXTE En 86, J-J. Annaud est le réalisateur qui monte après Coup de tête avec Patrick Dewaere et La Guerre du feu avec... plein de gars qui grognent. Les producteurs y filent carrément 20 millions de dollars pour adapter le bouquin d’Umberto Eco qui a fait péter les compteurs de vente en librairie au début de la décennie. Ils tournent les intérieurs dans des châteaux allemands bien austères et à Cinecitta, les studios de Rome. Les extérieurs sont filmés en Italie.

LE CASTING Jean-Jacques prend Sean Connery (enfin, on lui impose) comme héros, sorte de Hercule Poirot médiéval. Flegmatique, pince-sans-rire, classe. Sean, c’est James Bond, mais à l’époque, le gars est cramé. Dans le creux de la vague. Il n’a pas tourné depuis 2 ans et un narnard nommé L’Épée du vaillant. Ce film le relancera. T’as aussi le jeune Christian Slater à 16 ans et ce bon vieux Michael Lonsdale dans le rôle de l’Abbé (un acteur français, comme son nom ne l’indique pas). Ron Perlman, le monstre de Jean-Pierre Jeunet est dans la place, et également tout un tas d’acteurs allemands que personne ne connaît en dehors du Reich, naturellement.

L’AMBIANCE Tout se passe dans un monastère qui fait flipper : grand donjon, murailles énormes, au milieu de rien. Ambiance sombre, éclairée à la torche et à la bougie. Les gars vivent la nuit, tu comprends pas pourquoi, c’est chelou pour des moines. Ils ont à peu près le même rythme de vie qu’un punk à chien en période de technival. Y’a que des gueules cassées dans tous les sens, le monastère tu croirais un centre de rééducation pour blessés de guerre. Les seuls qui sont beaux, c’est Sean et son assistant. Bref, c’est le freak show. Avec une musique glaçante à base de cloches.

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LE PITCH

Sean Connery et un « ami ».

Sean Connery (Guillaume de Baskerville, comme le chien) enquête sur des morts mystérieuses dans un monastère. Lui, c’est un franciscain alors que les moines du coin sont des bénédictins. Je t’explique pas les détails mais les franciscains en bure, c’est les plus cools. Ils sont aux moines ce que François Ruffin est à la politique française. Sympas, un poil rebelle, assez drôles et salement gauchistes. Sean Connery, il était là pour un week-end de travail entre collègues, à la cool, genre cocktails et soirée dansante et comme par hasard, y’a des moines qui crèvent à tour de bras. Sean est un mec qu’on respecte donc l’abbé (Michael Lonsdale) lui confie l’enquête comme il est dans le coin. Sean Connery se trimballe partout avec son petit stagiaire Adzo (Christian Slater). Lui, il apprend en écoutant son patron et en disant oui à tout. Et ils dorment ensemble... Ce qui ne dérangeait personne à l’époque.

L’ENQUÊTE Malgré l’hostilité et les sales gueules des moines sur place, Sean et son arpète calculent très vite que les moines meurent empoisonnés. Sean rencontre un bibliothécaire muet, un bossu fou (Ron Perlman, que toute une génération a passé ses récrés à imiter, « Stupido ! Salvatore stupido »), et essaie de percer le secret des morts. Pendant ce temps-là, le stagiaire rencontre une meuf. Une espèce de sauvage gitane qui le pécho vite fait. Ensemble, ils se mettent tout nus et font l’amour devant la caméra. Ce qui permet de voir le zizi de Christian Slater. La fille, v’la le rôle... Elle gromèle et elle veut se farcir des hommes... Tu vois qu’on est dans un monde pré-#metoo, c’est le seul rôle féminin du film... Tu vas me dire dans un monastère y’avait pas beaucoup de gonzesses mais bon. Sur ces entrefaites, y’a l’inquisition qui se pointe. L’inquisition, pour la faire vite fait, c’est des envoyés du Pape qui brûlent tous ceux qui ne sont pas d’accord avec le Pape en les accusant d’être hérétiques. Alors là, tout va très vite. Sean découvre aussi que les moines sont pas les derniers pour se frotter les uns aux autres, ce qui est un secret de polichinelle aujourd’hui encore. Il découvre aussi que c’est un vieil aveugle (le Freak show ce film !) qui a empoisonné un livre et que les moines qui le lisent meurent peu de temps après. Ce livre, c’est un truc d’Aristote qui parle de comédie. Autant te dire qu’au Moyen Âge, lire ça c’est comme mater GrannyFootSex.com maintenant, à savoir extrêmement déviant. Le vieil aveugle fout le feu au monastère se sentant démasqué. Pour finir sur une note aussi joyeuse que le reste du film, le gars de l’Inquisition, une espèce de sous-Hans Gruber de Die Hard (F. Murray Abraham, le Omar de Scarface quand même), envoie le bossu, un pote à lui et la gitane (forcément) au bûcher. Tout le monde crame, sauf la fille. Elle voudrait que le stagiaire reste avec elle mais il préfère se casser avec Sean Connery. C’est chacun son truc, mec. Une belle fable de tolérance. P.S : L’avantage de cette fiche est que tu pourras également faire croire que t’as lu le livre. Sachant que le livre n’est pas qu’une enquête mais aussi une tribune pour « la connaissance face au totalitarisme, la raison face au fanatisme religieux ou encore la logique face à la mystification ». Retiens cette phrase par cœur.

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guestlist

Par Pierre-Olivier Bobo & Chablis Winston

Aurélie Gonet Globe trotteuse à deux roues, Dijon

Aurélie est partie l’an dernier seule sur son vélo pour une balade de 7.000 km en 8 mois. Relax. De Dijon à Pékin. Alors les cols du Tour de France, ça la fait bien rire. Elle en a profité pour récolter de l’argent pour la recherche contre le cancer, est revenue avec une expo photo et s’apprête à sortir un livre sur son road trip, avec le sourire, comme d’hab’.

Elle te vient d’où cette passion pour les longs voyages à vélo ? D’une « longue » balade à vélo avec mon père quand j’étais gamine, de Pluvet à Saint-Jean-de-Losne. Tellement sympa que je n’avais plus envie qu’on rentre. Le plat le plus incroyable que tu aies goûté lors du dernier road trip jusqu’à Pékin ? Le Khinkali en Géorgie. Une sorte de gros ravioli en forme d’oignon, farci de viande et bouillon ou de fromage. Ça se mange avec les doigts. Tu vis à Dijon. Un truc à faire ici à nous recommander ? Surveiller la programmation de Why Note. Et choisir au hasard. Chaque évènement, c’est une expérience. On a besoin de savoir : qui aime les Figolu ? Sans doute ceux qui aiment les Choco Prince et les BN. Et aussi : qui sont les personnes qui roulent sur la voie du milieu sur l’autoroute ? Des buddhistes. Buddha dit que « la voie du milieu » c’est la clé du moteur bonheur. Faut faire quoi à ton avis pour que les flics arrêtent de tirer sur les Noirs aux États-Unis? À l’instant, j’écoute un son de Max Richter sur Youtube et le premier commentaire

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c’est : « the arts and humanites are key for a society to stay compassionate and have understanding ». Je lui ai mis un j’aime. Tu te rappelles du score qu’a fait Sylvain Comparot aux municipales à Dijon ? Je demande l’appel à Google (mes ami.e.s ne sauront pas non plus). Ta routine du petit déjeuner, c’est quoi ? Omelette à la banane ! 1 banane écrasée, 2 oeufs, bonheur. Avec tout le bordel qu’il y a en ce moment, la crise environnementale, la consommation à outrance, pourquoi est-ce qu’on ne supprimerait pas tout simplement la Formule 1 ? Et Monte Carlo accueillerait un grand prix de Rosalie ! Chouette idée ! Ton prochain projet ? Ton prochain voyage ? Le confinement a eu raison de mon projet 2020 : NeversMorteau à vélo avec un finish au camping Le cul de la Lune. Mais je le garde dans mes tiroirs ! Là je suis sur le projet de livre qui parlera de mon expérience Dijon-Pékin à vélo. Prochain voyage à vélo : peut-être de belles pistes au Maroc. À voir !


Vincent Ilhe Directeur de La Poudrière, Belfort

Le seul Belfortain avec un accent du sud-ouest est désormais à la tête de la célèbre salle de concerts de la ville. Il était déjà administrateur du lieu, donc il connait la boutique. Il essaie en ce moment de programmer des concerts... Tu vois le genre de mission délicate. Attention, pour lui « moinsse », ça veut dire « moins », et « avé » ça veut dire « avec ». À savoir si tu le croises.

De quelle manière accroches-tu ton masque, quand il n’est pas devant ton nez et ta bouche : à l’oreille, au coude, à la jambe ? C’est vraiment trop personnel comme question, vous commencez fort. J’ai un penchant pour le poignet, je ne porte jamais de montre. Ça fait quoi d’avoir un nom de famille que les gens ont peur de prononcer, Vincent ? « Je suis du Tarn et je le reste, Et dans le verbe et dans le geste… » C’est une habitude de vie. Le souci de mon patronyme, c’est certes la prononciation [ij] mais aussi l’orthographe. Je n’ai que 4 lettres, mais comme au PMU, elles sont assez souvent dans le désordre. Mon père avait commencé une collection d’orthographes improbables, je vais la poursuivre. Tu as dit récemment que c’était « le rôle de La Poudrière de remettre de l’huile dans le moteur». T’as pas peur de flinguer ta bagnole en faisant ça ? Je me déplace pas mal en vélo mais je roule occasionnellement en Solex (3800 luxe de couleur bleue de mai 68). Je fais moi-même mon mélange : la solexine (98% d’essence et 2% d’huile). Sans huile, t’avances pas. Quand est-ce qu’on pourra danser ensemble à nouveau, bordel ? Le plus tôt possible j’espère. C’est vraiment long et pénible cette période. Le concert que tu rêves de programmer à la Poud’ ? Une carte blanche versaillaise : Air et Phoenix réunis sur scène pour un Moon Safari live comme en 98 avec la reformation de Darlin’ en première partie. Le gouvernement vient de mettre 2 milliards sur la table pour la culture. Une réaction ? Il faut voir concrètement le découpage de cette somme et veiller à une juste répartition. Je salue bien évidemment ces aides et ce soutien à la culture, mais il faut que tout le monde prenne conscience de l’absolue nécessité d’avoir un plan de sauvegarde de notre ecosystème. Sans La Poudrière et nos petites salles, les artistes ne pourront pas accéder aux plus grosses et enfin aux festivals. Sans gloriole ou snobisme, c’est toujours plaisant de voir un artiste accueilli à La Poudrière qui fait un complet au Moloco, La Rodia ou La Vapeur quelques mois/années après et que l’on retrouve aux Eurockéennes par la suite. Je reviens à la question, au-delà des annonces récentes qui ont été tardives, c’est le silence assourdissant du gouvernement qui a été dur à vivre. Maintenant, on est face à une injonction paradoxale: devoir reprendre une activité que l’on ne peut pas assurer pleinement (les concerts debout

sont toujours interdits). On gère de l’argent public, donc c’est notre rôle de remettre de l’huile (et de l’essence) dans le moteur, mais on a conscience que la reprise va prendre un temps énorme. Il nous faut rassurer les gens, les artistes et nos équipes et ne pas perdre la foi. Ta petite occupation préférée de l’été, c’était quoi ? Passer du temps avec ma famille (mon épouse et mes 2 garçons) et des bons copains. Le tout en rase campagne ou en allant boire un canon sans trop de monde autour. Les concerts m’ont bien manqué… Qui est le plus dangereux : le coronavirus, Derek Chauvin (le flic qui a tué Georges Floyd aux USA), ou Gérald Darmanin ? Le greenwashing et le manque d’ambition des politiques éco-responsables. Quel est le truc le plus cool à faire à Belfort ? La Poudrière et Rockhatry. Sinon, j’aime beaucoup la Donation Jardot, le musée de la tour 41 et me balader dans le Conservatoire (la salle de danse est juste magnifique). Niveau bar, j’aime bien Le Jungle, Le vieux garage café, Marcel et Suzon, l’Estaminet... Pour les restos, rien ne vaut un bon confit de canard maison avec des roast potatoes à l’anglaise. Rajoute à ça un petit vin de l’Hérault (SaintChinian ou même un poil plus bas et pas trop fort en volt), t’es juste bien. Pour le fromage : le combo Comté Cantal. Enfin, un truc avec du chocolat en dessert. Crise sanitaire, dérèglement climatique, chômage de masse… C’est quoi ton astuce pour nous sortir de cette situation embarrassante ? La culture dans son ensemble et les concerts bien entendu avec le repas ci-dessus mentionné avec les gens que j’aime. Sinon, le bénévolat à La Poudrière est une bonne astuce à la morosité de façon générale.

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Visites Tours

Musées

Activités Activities

Museums

Transports Dégustations

Transports

Tastings

24h 48h 72h Réservez sur www.destinationdijon.com


avantagesjeunes.com

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Route 66° La Randonnée de l’Absinthe relie Pontarlier (Jura) au Val-de-Travers (Suisse). Elle fait 48 km (48,5 quand tu retournes chercher ton Yop entamé dans la voiture). Histoire d’être pépouze, on l’a faite en quatre jours…

Les Bayards

Pontarlier Les Cernets

Château de Joux

Les Verrières Jour 0 Si, comme Mike Horn, t’es une personne de challenge, attaque la Rando de l’Absinthe avec la djeule de bois. On a raboté la nôtre, la veille, en buvant des pintes de bière-gingembre, aux Passagers du Zinc (Besançon).

Texte et photos par Ladislas René, entre le Jura et la Suisse

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Château de Joux, un shoot de verdure avant un shoot d’absinthe sans eau.

L’hôtel des Cernets. Y’a un sauna, on est resté vers la fontaine à absinthe.

Noiraigue Boudry

Couvet Saint-Sulpice

Môtiers Jour 1 : Pontarlier – Les Petits Cernets Il est midi (horaire 100 % glandonneur). On laisse l’auto à la gare de Pontarlier et on sort de la ville, en longeant la voie ferrée, direction le Château de Joux (1). C’est vers là que les choses sérieuses commencent avec une dégustation chez Les Fils d’Emile Pernot. On goûte notamment « La Vieux Pontarlier », vieillie en fût pendant 3 ans. Elle se boit plutôt sans eau. Buterie cosmique. On est très bien, en sortant. Autant dire qu’on voit pas passer la franche montée vers le Fort Mahler. À partir de là, c’est orgie de chlorophylle de type « arbres et prairies à vache ». On file vers le Grand Taureau (1.323 m), avant de traverser la frontière, sans même le remarquer. L’exotisme de l’étranger nous saisit avec ces façades décorées à la peau de sanglier. On arrive à l’hôtel des Cernets, l’étape du soir (2). Mine de, l’iPhone dit qu’on a grimpé l’équivalent de 103 étages. On se récompense avec une absinthe d’Alain Rey (pas le fondateur du dico, le cousin du cuistot qui distille à Fleurier). Spoiler alert : en Suisse, la croûte aux morilles, c’est pas une croûte aux morilles.

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Jour 2 : Les Petits Cernets – Saint-Sulpice La journée commence avec une descente vers Les Verrières (3). L’architecture du village est choupi, entre église en bois, hôtel type Psychose et silo en béton pour stocker l’or des Nazis (4). On remonte vers Les Bayards (5). Pause-déjeuner au Café du Cercle. À l’apéro, on boit notre premier Cynar, depuis 2002 (genre de Picon, mais à l’artichaut). On enchaîne avec une absinthe d’une meuf qui fête son enterrement de jeune fille. C’est une blanche distillée par son cousin, à Saint-Sulpice. On fait des Loto Express (le Rapido suisse). Spoiler alert : le numéro 22 sert à rien et, en Suisse, le steak vigneron, c’est sans sauce vigneronne. On dégringole de près de 300 m vers la source de l’Areuse (6). Dans une ambiance « forêt », on suit la rivière jusqu’à Saint-Sulpice. Là-bas, méga-tuile : la pompe du jacuzzi des hôtes du jour est en panne. Pour s’excuser, ils offrent des tournées de Capricieuse, une absinthe à 72°, distillée à Couvet (mais pas par leur cousin). Ils nous apprennent que la présence de frontaliers dans les boîtes suisses est le fait de DRH français qui recrutent leurs compatriotes par sentimentalisme. On fait tourner 7 fois 72° dans notre bouche. On apprend aussi qu’à la faveur du confinement, un aiglon royal est né au Val-de-Travers. Une première depuis plus de 200 ans. On trinque pour fêter ça.

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Avant Les Verrières, une photo de merde de notre arbre préf’ de l’été 2020.

Aux Verrières, un coffre-fort clandestino.

Aux Bayards, le Gaël semble dans le dur.

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Jour 3 : Saint-Sulpice – Couvet À partir d’ojo, l’ambiance de la rando est un peu plus urbaine et « fond de vallée ». Après Fleurier, on quitte l’itinéraire, du côté du Château de Môtiers, pour trouver la Fontaine à Louis. En principe, une bouteille d’absinthe y traîne pour les promeneurs. Comme David Vincent à la recherche de son raccourci que jamais il ne trouva, on trouve pas. On se console avec un retour sur l’itinéraire, via la chouette Grotte de Môtiers. On y croise un Kevin (sa maman prononce Kéhouine), qui nous ramène à une civilisation qu’on oubliera vite du côté de la Maison de l’Absinthe, à Môtiers (7). Malgré une arrivée à fermeture moins dix, la meuf au bar nous laisse déguster trois absinthes (c’est payant). Le soir, on dîne au Restau de l’Aigle, à Couvet. Absinthe et chasselas de Neuchâtel. Spoiler alert : en Suisse, le buffle, c’est du buffle.

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La source de l’Areuse, un spot qu’aimait bien un promeneur solitaire qui s’appellerion Rousseau.

Les produits laitiers sont nos amis pour la vie.

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Jour 4 : Couvet – Noiraigue et plus si affinités… Avant de démarrer, on passe par la meilleure boulac de l’univers (celle avec le store rouge et noir, en face de la boucherie, 8). Croissant au jambon (ex aequo avec l’éclair forestier des Délices de la Chouette, à Dijon), saucisse briochée et gâteau aux noisettes. On re-suit l’Areuse dans une ambiance bien, mais pas ouf. Arrivé à la gare de Noiraigue, le terme de la Route, on en a encore sous la godasse. Du coup, on enchaîne avec les gorges de l’Areuse. La balade est supère (9 et 10). Ambiance fraîche et survégétale, jusqu’à Boudry. On y prend le train vers Fleurier, puis le car pour Pontarlier. Ça nous permet de goûter au frisson du transfrontalier pris dans les bouchons, chaque soir. Ils y pensent aux bouchons, ces enculés de DRH sentimentalistes ?

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Tu perds ton sang-froid.

Il ferait les gorges de l’Areuse, Yves Duteil, il chanterait plus le Petit pont de bois.

Un type de type édifiant comme Sylvain Tesson dirait que « marcher, c’est cheminer vers la lumière. » .

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La hutte La BFC, ce n’est peut-être pas les grandes plaines du Midwest, mais suer dans une hutte pour vivre le rituel amérindien Inipi, c’est possible. Un passeur d’âme nous invite à traverser « quatre portes » et purifier nos corps subtils. Entre dans la loge, ça te fera une sortie ! Texte et photos par Delphine De Petro, quelque part en Bourgogne

enchantée 24


Danse avec les loups.

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N

e sommes-nous pas tous concernés par l’épreuve d’un réveil de hyène à en faire crever son voisin (et pas qu’avec l’haleine), par des idées noires à s’enfermer dans un monde d’injustices ou des souvenirs qui cimentent les deux pieds ? Il nous arrive à tous d’avoir mal au mental et de nous sentir « coincés ». C’est immatériel et pourtant ça se soigne, mais on n’arrache pas une émotion aux forceps. Alors dis moi Grand Mystère, comment qu’on fait? Sous l’étiquette « passeur d’âme », au nom qui évoque un arc-en-ciel et le mariage pour tous, Jérôme (prénom emprunté pour l’article et parce qu’on a tous un pote qui s’appelle

émotionnellement. Entrez dans une Sweat Lodge, c’est naître une nouvelle fois ». Le rituel démarre quand le feu s’allume. Au sein de la hutte faite de bois et de couvertures, le passeur d’âme est celui qui garde les pierres et verse l’eau. Au milieu de la nuit, dans les enfers d’une chaleur écrasante, à coup de tambours et de chants traditionnels très énergétiques, Jérôme accompagne son groupe d’aspirants au mieux-être à traverser les quatre portes vers une libération émotionnelle ruisselante.

comme ça, ndlr) nous accompagne vers plus de calme, plus de paix. En direct du monde astral, échanges et immersion sous la hutte : Mitakuye Oyasin ! comme se saluent les Sioux Lakota. Nous sommes tous en relation.

Marne. C’est sur le territoire de sa compagne que Jérôme, originaire de Langres, vit en famille depuis dix ans. Devant la maison s’étale un potager en carré où les poules se baladent. En bordure du bois, une yourte chaleureuse sert de pénates aux invités. Dans ce grand bazar organisé et plutôt roots, des jeux d’enfants sont éparpillés. Rassemblés sur la terrasse, les participants discutent. Un homme joue du handpan (instrument percussif manuel du genre steel-drum). Pas de Covid, ici tout le monde se bise... Dans la cuisine où les mets s’accumulent (on se fait un gueuleton après), Jérôme prépare une soupe à l’oignon. Pantalon de chantier, polaire rouge, basket, yeux bleus, visage paisible, le passeur d’âme

Pas de braise, pas de merguez !

Après avoir suivi les dernières indications, la Micra atteint sa destination : une enclave bourguignonne dans le sein Franc-Comtois chatouillant la Haute-Saône et la Haute-

Initié, entre autres, aux enseignements du chef spirituel sioux Lakota Archie Fire Lame Deer par une femme habitant près de Dijon (qui dans sa jeunesse a fait partie d’un groupe de Français l’ayant accueillie), Jérôme en hérite le rituel Inipi. L’homme-médecine venu en Europe « rallumer les feux » le décrit comme ce qui « a été donné aux hommes, pour qu’ils se purifient spirituellement, physiquement, mentalement, et

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Bon appétit !

Le rôle du chaman est d’ordonner la nature et vivant à l’écart, sa venue au sein de la communauté est toujours une mauvaise nouvelle puisqu’elle signifie que l’équilibre a été rompu.

nous accueille en toute simplicité. Nous sommes 10 et dans ce cercle d’habitués, on compte des pratiquants convaincus, dont un pote de Jérôme qui sera maître du feu pendant le rituel, un puriste de la spiritualité chamanique à peine revenu des terres sacrées d’Amérique, un adepte de la purge de tabac, une biokinergiste et des Lyonnaises hispanophones. Nous ne sommes que 3 néophytes : « Tu n’as jamais fait de soin avec Jérôme ? Tu vas voir, c’est magnifique ! ». Passé le chemin fauché et les panneaux solaires, nous découvrons le site dédié aux cérémonies. Un grand tipi blanc, un bois et des prés s’étendent à perte de vue tandis qu’une antennerelais assez balaise casse un peu le mythe. Le squelette de la hutte (également appelée loge ou Sweat Lodge), où branches de noisetier et de saule s’emmêlent pour former un dôme d’environ 1,50 m de haut, paraît minuscule. Au centre, un trou est creusé où les pierres en basalte seront déposées par le maître du feu en 4 fois, 4 portes afin d’y purifier nos 4 enveloppes : physique, mentale, émotionnelle et spirituelle. Ensemble, nous recouvrons la loge de couvertures. Dans cette médecine du peuple à prix libre, on vient trouver l’issue d’une difficulté à vivre ou d’une maladie physique pour laquelle la médecine conventionnelle n’est plus efficace. Presque nus en file indienne et purifiés à la sauge, nous suivons l’officiant. Un par un, femmes et néophytes d’abord, nous saluons nos « esprits amis » présents aux 4 points cardinaux avant de rentrer à quatre pattes dans c’trou ! Le gardien du feu ferme le cercle et nous souhaite la bienvenue : Mitakuye Oyasin ! Chaque porte ouvre des prières authentiques aussi belles et naïves qu’une peinture du Douanier Rousseau. Toutes honorent Mère Nature dans le volcan de la loge puissamment vivante et pas très sweet ! Il fait au bas mot 40° à l’intérieur. Les prières chantées et le rythme rapide des tambours nous font autant tourner la tête que la chaleur. Pour Jérôme, être passeur d’âme est un chemin de vie motivé par une recherche de sortir du mal-être. Très jeune confronté à l’idée qu’il va mourir suite à un accident, sa soif de vivre le moment présent s’intensifie, le conduisant à rentrer en opposition « avec à peu près tout ». Les 27 ans de travail sur soi le mènent dans des espaces de thérapie et à rencontrer des gens issus de milieux « énergétiques ». À 43 ans, fort de son expérience de libération et de transformation émotionnelle, Jérôme partage depuis 5 ans ce qu’il a reçu et compris du fonctionnement humain en tant

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Je t’enverrais tout ça chez Doras moi.

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Au milieu de la nuit, dans les enfers d’une chaleur écrasante, à coup de tambours

et de chants traditionnels très énergétiques, Jérôme accompagne son groupe d’aspirants aux mieux-être à traverser les quatre portes vers une libération émotionnelle ruisselante.

Pot de chambre.

que passeur d’âme à plein temps. Après des résistances, il assume cette appellation qui lui est nécessaire pour communiquer sur Internet sans pollution (liée à son patronyme) et aider les personnes à situer sa pratique. « Passeur d’âme, c’est beaucoup en lien au monde de la mort ». Préférant ce qui est vivant, il se définit plutôt comme « celui qui aide à faire passer les étapes dans toutes les traditions depuis l’antiquité ». C’est de l’autre côté, dans cette « dimension «des défunts », qu’il s’occupe des « personnalités psychiques » (ce qui reste quand on n’a plus de corps) bloquées dans des espaces aussi appelées ‘mémoires’. « Comme nous, vivants, pouvons tourner en boucle dans des situations et ne plus jamais s’en sortir », Jérôme aide à quitter ces enfermements, corps ou pas corps. Interrogeant les causes et cherchant l’erreur, il expose sa vision : « Ce que l’on vit, c’est le résultat de notre programmation. Du coup si on veut changer le résultat, il faut changer le programme ». Le rôle du chaman est d’ordonner la nature et, vivant à l’écart, sa venue au sein de la communauté est toujours une mauvaise nouvelle puisqu’elle signifie que l’équilibre a été rompu. À l’heure actuelle, « y’ a des chamans partout, donc c’est la merde ! » et trouver un guide conscient de sa « responsabilité implacable » relève du défit. Dans ce nuage New Age des écoles de ghostbusters où l’on devient maître de Reiki en 4 chèques, on est pas prêt de rééquilibrer le Dharma ! Commencer par soi-même avec l’Inipi, bah pourquoi pas ? Éprouvante et épouvantable autant que merveilleuse et mystique, pour ma part, j’en retire une pacification émotionnelle plutôt inédite. // D.D.P.

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AMOURS ANALOGIQ

Rencontre avec Daniel Desroches, un Charolais mordu de radio et de technologies anciennes, qui a transformé son chez lui en cabinet de curiosités du son unique en son genre. Texte et photos par Thomas Lamy, à Palinges (71)

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QUES

Darty, le contrat de confiance.

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U

ne grande maison au beau milieu du Charolais-Brionnais, à quelques encablures du canal du Centre. Il est dix-huit heures, les collines et les vaches rougeoient sous le soleil de fin d’été. Daniel a toujours été fasciné par la radio. Petit, il l’écoutait avec ferveur. « Je voulais savoir comment on avait enfermé les voix dans la boîte. » Un jour, il franchit le pas et en démonte une, pour voir… Crac ! Sans le savoir, il met le doigt dans l’engrenage de la passion ! Il passe sa jeunesse à bidouiller des appareils dans son coin, en amateur. Abonné à des revues techniques, il apprend, en insatiable curieux. En 1968, il assemble tout seul son premier récepteur radio fait-maison qui fonctionne toujours ! À l’armée, son goût pour l’apprentissage lui permet de se classer deuxième de promo à l’atelier de mécanique. Daniel, c’est pas un loser ! De retour au pays, il continue sur cette lancée et embauche au garage automobile du patelin. L’aventure durera sept ans. Ensuite, il reprend l’exploitation agricole familiale, jusqu’à la retraite. C’est donc après une « pause » de trentecinq ans qu’il peut enfin s’adonner à ses amours de jeunesse. À l’affût, il achète dans les vide-greniers ou récupère grâce au bouche-à-oreille. « Quand les familles vident les maisons, les gens se débarrassent par méconnaissance. » Il collectionne la doc technique et les appareils. Chez Daniel, on n’est pas au rayon Hi-fi du supermarché. Quand on parle matos, il s’agit d’être précis et exhaustif. Un geek, ça se respecte. Des radios, il en a de toutes sortes et époques. Petites ondes, grandes ondes, bande FM, chez lui tu écoutes ce que tu veux. Les premiers sont des postes à galène, à partir des années vingt (pour toi le jeune, c’était au siècle dernier). Ça fonctionne sans électricité, mais la qualité d’écoute dépend de l’émetteur. Ensuite viennent les récepteurs à tubes, communément appelés postes à lampe. Ils permettent l’amplification du son. Enfin, depuis la fin des années cinquante, les semi-conducteurs (comme dans ton smartphone de techno-addict) ont consacré l’ère du « transistor ». C’est à ce moment-là qu’on invente la FM et la recherche automatique des stations. À une époque où le téléphone n’a pas encore pénétré beaucoup de foyers, la radio trône fièrement au milieu du salon. C’est un outil d’information et de divertissement. Et il s’en fabrique beaucoup dans la région : chez Manufrance à Saint-Etienne, chez Toinel à Paray-le-Monial, chez Damien à Montceau-lesMines ou chez Guy Focal à Bourbon-Lancy (ouais, le même Focal qui fait des enceintes Hi-fi qui déchirent). La première génération avait un look vertical et sans fioritures, qu’on qualifia de « façade austère ». Mais la nécessité de capter le signal en intérieur poussa les concepteurs à ajouter le « cadreantenne » : une antenne cachée dans un cadre décoratif, où l’on glissait une photo de chaton. Le summum du mignon, un demi-siècle avant Internet ! Ensuite, le design s’aplatit et arbore deux boursouflures sur les côtés : ce sont les « postes à oreilles ». Après la Seconde Guerre mondiale, le transistor et le plastique vont profondément chambouler le design en autorisant toutes les fantaisies. Sans parler des meubleradios, qui intègrent plusieurs équipements : le récepteur, le tourne-disque et les enceintes. Habillés de marqueterie, chromes ou dorures, un must-have vintage ! Daniel, il a tout ça. D’ici et d’ailleurs car la radio c’est international. De l’anglais à l’élégance aristocratique, de l’allemand sobre et

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« Je voulais savoir comment on avait enfermé les voix dans la boîte »

Daniel Desroches, radio amateur

Le Blaupunkt de Goering.


Cours de techno

fonctionnel, de l’italien, du soviétique au look indus, de l’américain clinquant, du japonais… Parmi ses trophées, un poste en bois foncé d’apparence anodine. C’est le ghettoblaster Blaupunkt d’un certain H. Goering, apporté par un retraité ancien maquisard ! Daniel élargit l’éventail de sa collection : platines vinyles, lecteurs de bandes magnétiques, de cassettes… Le son, toujours le son. Mais le kif de Daniel, c’est l’analogique. Tu sais, le truc remis à la mode par les hipsters et le vinyle. Le MP3 c’est un truc de bolosse ! Les bits ? Connait pas ! L’analogique ça craque, ça chuinte, ça couine, y’a du souffle… ou pas ! Car à l’écoute, on se rend vite compte que certains appareils quasiment centenaires n’ont rien à envier au dernier cri de la technologie. Ca fonctionne avec trois fois rien. Les cristaux de pyrite, les tubes sont inusables, souvent d’origine. Il existe même des postes sans soudure, à contacts intégralement mécaniques, et des bobinages faits-main. C’est le royaume de la belle ouvrage. « Dommage qu’on perde de plus en plus de stations et d’émetteurs, ça restreint les possibilités d’écoute » se désole Daniel. Deux heures viennent de s’écouler, à la vitesse du son. On se quitte sur une dernière question : faire du lieu un vrai musée ? Il s’y refuse. Trop contraignant, chronophage. Il préfère la radio ! // T.L.

Parmi ses trophées, un poste en bois foncé d’apparence anodine. C’est le ghettoblaster Blaupunkt d’un certain H. Goering, apporté par un retraité ancien maquisard ! 33


Fan 2.

Tout sur ma maire 34


Rencontre avec Anne Vignot, toute nouvelle maire écologiste de Besançon. À la découverte de la gestion écolo d’une ville de 115.000 habitants, entre méthode et espoir de lendemains plus verts.

Par Chablis Winston et Martial Ratel, à Besançon Photos : Raphaël Helle / Signatures

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A

u départ, Anne Vignot n’est pas une professionnelle de la politique. Elle est chercheuse en géographie. Et ça s’entend. On est loin de la novlangue de bois classique. D’une douce voix, entre gravité et second degré, elle étale sa méthode. Et ça perturbe. Habitués que nous sommes aux « promesses » et autres « grandes œuvres », on s’est demandés si on n’avait pas rencontré une sociologue, une psychologue, une biologiste ou une géographe plutôt qu’un(e) édile. « Je ne m’intéressais pas au fait d’être élue. Je regardais la société avec l’œil d’une chercheus.e » C’est exactement ça. Cette distance, elle l’exprime encore aujourd’hui. La politique, elle l’a rejointe en 2010 comme élue régionale via son activité associative aux jardins botaniques de Besançon. Eric Alauzet, ancien Vert rallié au macronisme, l’avait cooptée. Son passé familial l’a aussi poussée à penser la société : « J’ai grandi dans la cité Solvay à Tavaux dans le Jura. J’ai découvert que le nombre des personnes qui viennent de cité ouvrière pour faire des études supérieures étaient peu nombreuses, ça m’a interpellée. Ces questions de société m’ont intéressée assez tôt. » Élue, au second tour avec 43.83%, elle incarne la nouvelle génération de politiques, même si elle était déjà adjointe de 2014 à 2020. Son discours parfois abstrait fonctionnera- t-il dans le monde concret ? On se donne rendez-vous dans quelques années pour faire le point. D’ici là, on vous propose de changer votre logiciel politique conventionnel avant de vous plonger dans l’interview. Vous êtes devenue un symbole : femme, écolo, à la tête d’une ville comme Besançon. Ça vous fait quoi d’être un symbole politique ? (elle hésite) Je n’ai pas endossé le fait d’être un symbole. Plus ça avance, plus je le conscientise. Femmes et hommes me disent tous : « Avoir une femme à la tête de Besançon, c’est en soi déjà un changement. » Je ne l’avais pas conçu comme ça. Ce n’était pas quelque chose qui me motivait en tant que tel. Deuxièmement, je suis une femme écologiste ! Le binôme a son importance. Et la troisième chose, c’est la jeunesse de la ville qui exprime le plus le plaisir que je sois Maire. Ils ont peut-être ressenti que j’ai plaisir à travailler avec la jeunesse, c’est sûrement par mon métier d’universitaire. Et ça ne vous met pas un peu la pression d’être un symbole malgré vous ? Ah si ! Un jour un événement a dépassé tout ce que j’avais vu jusqu’à présent. J’étais avec le Préfet en visite dans le tram et une vieille rombière m’agresse en me disant qu’elle était pour une autre liste. Bon, classique, ok. Et à côté, il y a une jeune d’une vingtaine d’années qui prend sur elle et

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qui me dit : « Madame Vignot, toute la jeunesse de Besançon vous aime ! ». Et ça c’était le symbole d’une fracture sociale. Un véritable affrontement entre deux modèles de société. Je ne voudrais pas décevoir cette jeunesse qui semble vouloir me faire porter quelque chose que je n’ai pas identifié complètement. Et surtout, ce n’est pas LA jeunesse, c’est plutôt les jeunesses. J’ai demandé au service de communication de la mairie d’interpeller ces jeunesses pour leur faire dire ce qu’ils attendent de nous. Pour moi, c’est une urgence. Je ne peux pas les décevoir. Si je les déçois, je dois savoir pourquoi et je dois être capable de leur dire. Mais je dois d’abord savoir ce qu’ils attendent de moi. Ça c’est la démocratie participative. Ça va prendre quelle forme ? Conseil citoyens ? Comité de quartier? J’ai demandé aux adjoints de faire participer les citoyens dans tout ce qu’ils entreprennent. Mais sous plusieurs formes. Il faut en inventer à chaque projet. Il n’y a pas que le conseil consultatif d’habitants qui peut répondre à ce besoin. Dans ces endroits-là, c’est toujours les mêmes qui viennent. Moi ce qui m’intéresse, c’est tous les autres. Quand on est élu avec 61% d’abstention... Ceux qui se sont abstenus, c’est ceux-là que je veux aller chercher. Comment on va les chercher ? Il faut provoquer la rencontre, aller les voir. Dans la rue. Pas ceux qui sont dans l’institution. Il faut changer le panorama habituel des hommes et femmes politiques. Je demande à ce que les gens participent. Je ne réussirai rien si les citoyens ne nous apportent pas d’aide. Si les citoyens ne portent pas le projet politique, on ne change rien. On fait semblant, on ne change pas les structures de la société. Je ne réussirai rien si les Bisontins qui le veulent ne m’apportent pas de l’aide. Alors oui, on peut repeindre un musée bien sûr… mais c’est tout. Structurellement, on ne fait rien. Oui, mais comment faites-vous ? Je veux que dans toutes les politiques, on s’appuie sur les citoyens. Quand j’étais adjointe, j’ai eu à redéfinir le plan de gestion de la forêt de Chaux entre la ville et l’ONF.


« Vous dormez monsieur ? »

Un contrat pour 20 ans sur 2.000 hectares. J’ai fait en sorte que le document officiel, remis par le conseil municipal, soit écrit par tous les gens qui me contactaient avec des récriminations contradictoires sur la forêt : joggers, chasseurs, environnementalistes… Ça a été mon exercice le plus poussé de participation. Je ne sais pas si c’est un modèle pour tous mes collègues élus mais ça prouve bien qu’il ne faut pas avoir peur des gens. Par contre, il faut savoir de quoi on parle et vers quoi on veut aller. Je demande aux élus qu’ils trouvent avec leur personnalité, leur façon d’aller le plus près possible des gens qui sont éloignés de nous. Est-ce qu’il y a un municipalisme vert, des lignes fortes sur lesquelles les maires EELV se sont mis d’accord ? On ne veut pas faire un programme commun. On a chacun notre culture locale. Les élus ont leur personnalité. Il y a des configurations différentes. Mais ce qui nous anime tous, c’est l’urgence climatique, l’urgence sociale, l’urgence de transformer le modèle de société. Ça c’est le fil conducteur. Comment juger la réussite de votre action en tant que maire, dans quelques années ?

(silence) Si chacun s’empare de la question de l’écologie, ce serait une réussite. Que chacun contribue à sa façon. Je le dis très simplement, qu’elles que soient ses convictions, si la société dans son ensemble ne bouge pas, on ne va pas réussir grand-chose. À l’échelle d’une municipalité, ça prend quelle forme ? Comment on sensibilise ? Je n’aime pas le mot de sensibilisation. Je préfère « conscientisation ». La sensibilisation, les écologistes en ont fait durant 30 ans. On s’est retrouvés dans le mur. La sensibilisation, c’est dire « il fait chaud ». La conscientisation, c’est faire la corrélation entre une situation physique, « il fait chaud », et le mode de vie dans lequel je suis. Si je conscientise, je me demande si je veux commencer à changer moi-même pour changer la société... Ok, mais ça prend quelle forme ? Alors comment je veux le faire : en mode « projet ». Je vais essayer de faire en sorte que les projets concernent le plus de monde possible, pas tous, en masse, d’un coup : ici une rue, ici un quartier ou une copropriété. C’est à toutes ces échelles-là

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Avec Joël Mathurin, le préfet du Doubs, à Planoise.

que je veux travailler. On change la culture des élus. Par exemple, on ne parlera pas de « une politique culturelle ». On doit dire que les cultures doivent trouver leur place partout et que notre rôle c’est un accompagnement, une émancipation. Pour être concret, l’Éducation Nationale est confrontée à des tas de problèmes notamment d’enfants qui ne viennent pas à l’école dans une logique d’émancipation ; parfois même l’école pose problème aux familles. Comment faire système pour que la commune puisse faciliter cette reconnexion entre l’Éducation Nationale et les familles ? Notre souci, c’est le bien-être des personnes. Je prends cet exemple-là, c’est parce qu’à Besançon, il y a 65 centres scolaires. Un nombre important. Ça veut dire qu’il y a un cœur de vie dans les quartiers. Et c’est autour de ça que je veux faire un système. On peut s’en emparer de plein de façons : si on fait des travaux dans une cour d’école, on doit penser aussi au parc public qui est à côté. On doit se dire : « Comment on connecte ce parc avec la cour d’école et comment ça pourra servir à des danseurs qui ne trouvent pas de lieu de création à Besançon ? » D’un coup, on désenclave, on interconnecte et on fait système. On crée un territoire où des gens n’avaient pas l’habitude travailler ensemble. À la mairie, je demande aux différents adjoints de travailler ensemble par domaine sur leurs projets. On est obligés de parler de Planoise. On vous attaque beaucoup là dessus : « C’est une maire écolo, la sécurité elle va pas savoir faire , les écolos c’est les petites fleurs », etc. Le quartier de Planoise, c’est tout un tas de faits divers dont on

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parle dans la presse nationale... On sait que la sécurité, la police, c’est du ressort de l’État et pas des maires, mais quand on est maire, quels leviers on a pour s’attaquer au problème ? À Planoise, il y a plusieurs problèmes. D’abord, une politique de peuplement. On a concentré les plus précaires dans les mêmes lieux. Comment démonter ce mécanisme pour un quartier très excentré, spatialement discriminé ? L’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) propose de démolir pour repartir ailleurs… Mais c’est insuffisant. Il n’y a pas eu d’intégration de cette population, pas d’inclusion. Il faut que cette population se sente bisontine comme les autres, c’est ça qui m’intéresse. J’ai bourlingué au Proche Orient, ça m’a amené à réfléchir au choc culturel que provoque le fait de quitter son pays. Quand vous êtes immigré dans un autre pays, la communauté peut servir à créer des passerelles, et c’est là qu’il se passe des choses intéressantes. La chose essentielle -je suis interessée par l’anthropologie- c’est de savoir comment on vit ensemble quand on n’a pas les mêmes codes. Je pense à l’espace public en particulier. Certains arrivent d’endroits où l’espace public n’est pas un bien commun, mais juste un extérieur. C’est compliqué de les faire revenir aux codes qu’on pense être bons ici. Les gens ont un parcours culturel qui doit être reconnu. Ça ne justifie pas tout. Mais on est dans un dialogue plus constructif. Il faut connaître l’autre si on veut construire un commun. Un espace à partager. C’est très théorique... Hé bien non, c’est pas théorique.


Un café avec Eric Piolle, le maire de Grenoble.

« Avant, je n’ai pas fait ce qu’il fallait parce que j’étais minoritaire ! Donc, c’est le changement sur tout ! D’abord sur la méthode... donc sur tout ! » 39


...Ok. Alors qu’est-ce que vous mettez en place ? Déjà, pour être honnête, Besançon n’a pas attendu que je sois maire pour mettre en place des formations avec les policiers municipaux ou les jardiniers, pour leur apprendre un peu le rapport avec les habitants. Un exemple : en Chine, il ne faut pas mettre la main sur la tête d’un enfant, c’est un sacrilège. Chez nous, c’est plutôt bienveillant. Comment envisager ce travail interculturel ? Aujourd’hui, on est dans l’universalisme. On se dit rationnel en France, mais il y a beaucoup de gens dans le monde qui ne nous considèrent pas comme très rationnels... Ça se discute. Il faut faire un travail en se disant : « On est différents, établissons des règles entre nous ». Il faut faire un travail avec les maisons de quartier. On avait l’habitude de venir à la maison, dans la maison de quartier. Il va peut-être falloir prendre l’habitude d’aller chercher les gens là où ils sont. Et des fois, là où ils sont, c’est dans le fond de la cuisine. Le rôle de la municipalité, ce serait de créer du lien, celui de l’État de s’occuper de la sécurité ? La Police Nationale, c’est des professionnels. Ils sont face à un trafic d’une haute criminalité. Du grand banditisme. Il faut le dire, ça ! Pendant le dernier mandat, l’équipe ne voulait pas se l’avouer. On ne s’avouait pas le fait que c’est en train devenir un ghetto : 3 enfants sur 4 sous le seuil de pauvreté. Si vous ne voulez pas le voir, vous ne travaillez pas. Faut regarder les choses en face. Le quartier a tous les atouts pour être un écoquartier. Réseau de chaleur, transports en commun, copropriété, une vie sociale développée, des associations, un théâtre... Qu’est-ce qu’il manque ? Il faut qu’il y ait du commun. Il n’y a aucune raison que les écoquartiers, ce soit un truc de bourgeois. Il faut que les habitants s’emparent d’enjeux autres que ceux dans lesquels ils se sentent enfermés. Il ne faut pas s’empêcher de vivre quand on habite dans un quartier comme ça. Est-ce que vous avez envie d’installer une ferme au milieu de Planoise ? D’en faire un projet économique ? Ok ! Montons des projets ! Il va falloir un gros budget pour accompagner des projets comme ça. J’aimerais faciliter des projets économiques dont les habitants s’emparent. Pas uniquement des projets municipaux. Des projets qui génèrent de l’argent. Il va falloir faire des choix politiques. J’ai déjà appelé l’ANRU. Je leur ai dit que je voulais modifier les projets pour Besançon. Ils avaient peur que je change tout. Le projet actuel n’est pas assez structurant pour amorcer des modifications profondes. Pour le moment, on abat les bâtiments et on déplace les gens. Mais les gens, on les déplace avec leurs problèmes. Beaucoup de ceux qui dénoncent un soi-disant laxisme de notre part achètent des produits qui alimentent l’économie parallèle, qui fait tant de mal au quartier. Cette économie parallèle, elle ne fonctionne pas sur le pouvoir d’achat des gens de Planoise. Ce ne sont pas les gens du quartier qui font tourner ce commerce… Parlons des Vaîtes. 34 hectares dont 7 constructibles, une zone occupée par des militants qui se revendique une Zone À Protéger de constructions. Où en sont vos

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rapports avec le collectif ? Aujourd’hui, j’ai des personnes qui me posent des questions légitimes : sur la vie en ville, la place de la nature, les zones humides… Ce sont des questions dont évidemment je m’empare mais j’ai toujours dit que je refuse de répondre à des injonctions de ceux qui me demandent de montrer mon coté viril (rires) et de ceux qui me considèrent comme une vendue au capital (la droite bisontine d’un côté, les zadistes des Vaîtes de l’autre, ndlr). Je remettrai ce dossier, comme promis pendant la campagne, à un groupe de scientifiques, pour l’étudier et me proposer des solutions. Des scientifiques, soyons clairs, dont le groupe sera constitué en intégralité sans que j’intervienne, par une personne dont je connais l’intégrité. Je lui ai dit que vu la situation, il pouvait prendre qui il voulait. Qui est cette personne ? Pour l’instant, pour qu’il ne subisse pas de pression, je n’ai pas dit qui c’était. Quand le collectif a instauré cette ZAD, je me suis dit que plus aucun scientifique ne voudrait s’exposer à l’invective et qu’ils nous laisseraient nous débrouiller entre nous. Le travail de constitution de cette commission a commencé et nous leur fournirons les documents qu’ils nous demanderont. Et en parallèle, nous allons constituer un groupe de citoyens qui se mettra en dialogue pour que les pièces soient mises sur table, pour tous ceux qui voudraient s’y intéresser. Là encore, pour ce groupe de citoyens, je ne m’occuperai pas de sa composition. Et je prendrai mes décisions en fonction des résultats de cette étude. Globalement, ma volonté, c’est de reposer toutes les questions. Par contre, j’ai une demande : que ça ne s’arrête pas à l’échelle des Vaîtes. Les décisions doivent se prendre sur la ville ou sur l’agglomération, sauf à ce qu’on me démontre qu’à cet endroit précis, il se passe un truc précieux qu’on massacrerait. On est au XXIème siècle : tout le monde dit être conscient des problèmes écologiques et pourtant les décisions ne prennent pas la bonne direction à la bonne vitesse. Note de la rédaction : depuis l’interview, la ville de Besançon a annoncé la création d’un GEEC (Groupe d’étude de l’environnement et du climat) composé de scientifiques et présidé par Hervé Richard, directeur de recherche au fameux laboratoire Chrono-environnement. Anne Vignot annonce qu’elle « s’engage à fournir, de manière exhaustive, l’ensemble des documents nécessaires au rendu de leurs expertises » et que « l’ensemble des documents consultés par le comité scientifique seront mis à disposition du public ». Les conclusions du GEEC sur les Vaîtes devront être rendues avant la fin 2020. Le groupe est indépendant mais ça commence déjà à grincer du côté des occupants des Vaîtes car Hervé Richard est un soutien d’Anne Vignot, ancien collègue, ils ont même écrit un bouquin ensemble en 2002.


Reservoir Dogs.

Besançon ? C’est rare ! Non, ce que je demande à monsieur Rebsamen, c’est de travailler sur une approche territoriale. Face à une crise mondiale comme le Covid, si on est objectif, ce n’est pas depuis un Dijon consolidé uniquement à Dijon qu’on va faire en sorte de garantir que notre territoire fonctionne au mieux.

Est-ce sur cette méthode que se fait la rupture avec le « avant » ? Parce que avant, vous étiez adjointe au maire de Besançon. Avant, je n’ai pas fait ce qu’il fallait parce que j’étais minoritaire ! Donc, c’est le changement sur tout ! D’abord sur la méthode... donc sur tout ! Hors de Besançon, il y a la région et les rapports souvent compliqués avec Dijon. Ça devrait aller mieux car François Rebsamen est quasiment un de vos collègues écolo en voulant faire de sa ville la capitale européenne de l’écologie ? Tant mieux ! Pourtant le 10 juillet, vous avez fait une interview dans Le Bien Public où vous lui rentrez dedans ! On s’est dit que vous n’alliez par travailler au rapprochement immédiat des villes. Si, je travaille au rapprochement. Mais quand j’ai donné cette interview, il était question de l’université de BourgogneFranche-Comté. J’ai laissé entendre qu’on ne pouvait pas nous demander une nouvelle fois d’être dans le partage des compétences alors qu’il est déclaré très clairement par monsieur Rebsamen que la capitale de l’université est à Dijon, soit structurellement tout ramener à Dijon. Comme je suis géographe, je sais qu’un territoire est fait de décisions politiques fortes mais aussi de dynamiques. Et ce que j’ai toujours entendu quand j’étais élue au conseil régional, c’est que les Bourguignons souffraient de cette espèce d’omnipotence de Dijon. Vous vous faites porte-parole de Bourguignons depuis

Vous tenez là le discours d’une présidente de région. Oui, peut-être. J’étais élue conseillère régionale mais surtout je suis géographe et j’ai tendance à bien voir ce qu’est un territoire. En politique économique, je sais que Besançon sera une ville active parce qu’elle est entourée par un écosytème. Et celui de Besançon est vivant en interaction avec Dijon ! Je demande à monsieur Rebsamen : êtes-vous d’accord pour travailler avec moi en terme de territoire ? Et un territoire, ce n’est pas juste un pôle qui phagocyterait le reste pour se constituer. Je lui demande de regarder comment on est en interaction et sur quel fonctionnement on peut aller. Un peu comme sur les Vaîtes où je vais porter autant d’intérêt à trois arbres qu’à 7 hectares de terres agricoles. Il vous dit, vous le savez, que Besançon s’imagine toujours comme une ville assiégée. Oui, mais c’est une fausse image de la ville. Une image de la ville sur elle-même. Moi, j’ai une image beaucoup plus grande. On sera de toutes façons obligés de travailler ensemble sauf à ce qu’il me démontre qu’il travaille bien pour une ville et pas pour un territoire... Aujourd’hui, je suis en face de logiques issues de notre histoire démocratique, qui font que les maires se sentent investis d’une toute puissance à représenter leur commune, dans laquelle les gens se reconnaissent. Pour passer à l’échelle de la communauté urbaine, par exemple, c’est extrêmement difficile. C’est hélas, de la gestion stricte. Et ça, ça ne fait pas territoire. La question, c’est : est-ce que sur ce mandat, on va pouvoir faire territoire ? Finalement, pour reprendre une question précédente, c’est sur ça qu’on pourra vous juger à la fin de votre mandat. Oui : est-ce que j’aurai fait territoire en 2026. On finit avec une question très importante à l’échelle de la région. Vous venez de Tavaux, qui est à côté de Dole. Comme vous êtes géographe, vous ne pensez pas que pour simplifier les choses, on devrait mettre la capitale de la région au milieu, entre Dijon et Besançon, donc à Dole ? (rires) Le milieu ? Mais ça n’existe pas dans un territoire pour une géographe. C’est un artifice. Le milieu sur la base de quoi ? Le milieu forestier, le milieu d’une terre agricole ? (rires) À la limite, à l’époque, j’aurais bien vu la gare TGV à Dole avec un espace de liaison, comme un métro entre les villes. // C.W. et M.R.

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Par Matthieu Fort, en Bourgogne Illustrations : Michael Sallit

DIJON VS LA BOURGOGNE? La nouvelle maire de Besançon l’a dégainé au début de l’été dans une interview : Dijon ne s’intéresserait pas à la Bourgogne et les Bourguignons auraient une mauvaise image des Dijonnais. WTF ? On a voulu vérifier ça en parlant directement aux principaux intéressés : des Dijonnais, leur maire, et des Bourguignons.

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Au

cœur de l’été, dans les locaux de la rédaction de Sparse, tout est calme. Mais ça, c’était avant le drame. Avant que l’on tombe sur l’interview d’Anne Vignot, nouvelle maire de Besançon, dans Le Bien Public du 9 juillet. Deux phrases retiennent notre attention : « J’espère que Dijon se tournera un jour vers le reste de la Bourgogne. Ce n’est quand même pas possible qu’un territoire comme la Bourgogne soit délaissé par une ville comme Dijon » et « il suffit de discuter avec des Bourguignons, non Dijonnais, et de voir la façon dont ils parlent de Dijon ». À travers le magazine, cela fait des années qu’on pousse pour que se développe un sentiment d’appartenance à la Bourgogne-Franche-Comté. Ces efforts seraient vains puisque de base, la Bourgogne est morcelée ? Même si on sait que ça fait toujours du bien à un Bisontin d’en placer une petite à un Dijonnais, il faut qu’on en ait le cœur net. On commence par aller voir les Dijonnais. Comment se sentent-ils ? Dijonnais ? Bourguignons ? En sont-ils fiers ? Les réponses sont tièdes. Personne ne s’emporte dans de grandes tirades vouées à l’amour de sa ville. On décolle rarement au-delà du « Ouais, c’est cool Dijon ». Pour Axel, 29 ans qui a toujours habité à Dijon, c’est simple, « y’a pas d’identité dijonnaise. On voudrait tous être Parigots ou Lyonnais ». Exactement le genre de remarque qu’on combat chez Sparse ! On se tourne vers Eliott, 20 ans. Ce dernier doit aimer sa ville puisqu’il lui a dédié un compte Instagram, « Mêmes dijonnais ». « Dijon, c’est chez moi, j’y vis depuis que je suis né alors je connais bien toute la ville » expliquet-il. Selon lui, au sein de la Bourgogne, « on fait un peu ville de bourges au milieu des campagnards ». Cette vision est attestée par Dominique, 58 ans, « je n’ai pas du tout aimé la ville en arrivant. Pour moi, c’était pour les gens de la haute ». Et elle abonde, « encore aujourd’hui quand on me demande d’où je viens, je dis Besançon. Alors que j’ai passé plus de temps à Dijon ». Une fois la vanne ouverte, les témoignages dans ce sens se multiplient. Matthieu, professeur à l’université, fut mis en garde en arrivant d’Auxerre : « On m’avait dit que je tombais chez les bourgeois particulièrement froids ». À ce stade, force est de donner raison à la maire de Besançon. L’image des Dijonnais en Bourgogne n’est pas glorieuse. Combien répondent « je suis bourguignon » quand on leur demande d’où ils viennent. Comme beaucoup peuvent répondre : Je suis alsacien, je suis du nord, etc. Pour Stéphane qui a vécu 20 ans à Dijon et qui vit désormais depuis 2 ans à

«Les Francs-comtois ont entre eux une unité beaucoup plus forte que la Bourgogne » François Rebsamen, maire de Dijon 44

Nevers, ce n’est pas qu’une image. En changeant de ville, il a constaté un véritable changement de mentalité. « Tous les mercredis matin, je vais boire un café dans un petit troquet, raconte-t-il. Au bout d’un mois, tout le monde m’avait calculé à Nevers. À Dijon, j’ai fréquenté des endroits pendant 10 ans sans que personne ne m’adresse la parole. » Sur ce sujet, François Rebsamen estime que cela reste du ressenti, « avec les autorités municipales, avec le Grand Chalon, avec le Creusot, avec Mâcon, avec le maire de Nevers, on a toujours eu d’excellentes relations ensemble. Après, la relation avec les habitants de Dijon, j’ai plus de mal à vous répondre ». Justement, au-delà des habitants, est-ce que les reproches se portent sur des éléments factuels ? On a été voir pour cela dans le Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires (SRADDET). Ce document technique, dont on ne vous conseille pas la lecture sur la plage, fixe les objectifs de la région à moyen et long terme. Voté le 26 juin 2020, c’est la feuille de route de la politique régionale, « il s’agit de veiller à une équité dans l’accès aux soins, à l’éducation, à la formation, au logement, à la mobilité, que l’on soit à proximité des lieux de recours et de leurs équipements, ou que l’on en soit éloigné ». Et visiblement, il y a du travail. Avant son adoption, ce schéma a été précédé d’une enquête publique, menée de décembre 2019 à janvier 2020 pour recueillir les attentes des citoyens. Sur le sujet qui nous intéresse, on est servi. On trouve par exemple le témoignage de Marianne : « la France périphérique est devenue une colonie et encore les colonies étaient parfois bien mieux traitées ! » (une fan de Michel Sardou, certainement). Elle justifie ses propos ainsi : « les bacheliers de Semur, Montbard et Châtillon doivent aller à l’Université à Dijon, soit à une heure en voiture ou en TER ». Pourtant, selon le maire de Dijon, l’université de Bourgogne « est un modèle à reproduire. On essaie de faire en sorte que chacun puisse profiter du développement de l’université. On n’a pas attendu Madame Vignot pour rayonner sur l’ensemble du territoire bourguignon ». Il avance l’exemple de l’école d’ingénieur ESIREM, située sur le campus à Dijon, qui ouvre une filière de formation au Creusot. Malgré cela, la répartition géographique des 34.000 étudiants de l’université de Bourgogne est sans équivoque : 30.000 sont à Dijon et 4.000 sont répartis sur les différents sites régionaux. Le point positif, c’est que, quand tu viens faire tes études à Dijon, tu sais que tous tes potes vont suivre. Ce fut le cas d’Amélie, venue d’Auxerre : « j’étais deg’ de venir à Dijon mais je savais que j’allais retrouver les mêmes têtes ». Cette concentration peut concerner de multiples domaines, pas forcément aussi stratégiques que l’enseignement supérieur mais révélateurs. Par exemple, Denis, habitant du Creusot, ville dans laquelle il a entraîné de jeunes rugbymen pendant des années se souvient : « Dijon, ils nous piquaient tous nos jeunes ! ». La question du réseau de transport est aussi primordiale. La Bourgogne est enclavée entre des régions plus urbaines. Paris au nord, Lyon au sud, Strasbourg à l’est. C’est un fort lieu de passage. L’A6 en été, entre Beaune et Mâcon, c’est plus de 100.000 véhicules par jour. Il en va de même pour les trains. La ligne Paris-Lyon-Marseille reste un axe majeur. Sur ce point, Patrick estime qu’« à Auxerre nous nous sentons


« Tous les mercredis matin, je vais boire un café dans un petit troquet. Au bout d’un mois, tout le monde m’avait calculé à Nevers. À Dijon, j’ai fréquenté des endroits pendant 10 ans sans que personne ne m’adresse la parole » Stéphane, Dijonnais expat’ à Nevers

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« La Bourgogne a un centre mais pas de frontière » Robert Chapuis, historien complètement abandonnés par la région ! ». Dans l’attente de la mise en place d’un contournement routier, la ville est envahie par le passage de poids-lourds. « Nous aussi nous sommes fiers d’être Bourguignons, nous avons droit aux mêmes intérêts, égards et respect que les Dijonnais ! ». Ce sentiment d’abandon se traduit dans les chiffres. Entre 2007 et 2017, alors que la population en Bourgogne diminue, celle de Dijon augmente. Logiquement, c’est une stat’ dont se réjouit le maire de Dijon, « ça veut bien dire que l’attractivité de la ville existe ». Attractivité qui est par exemple économique. Le marché de l’emploi est plus dynamique à Dijon qu’en Bourgogne. En 2018, la ville concentre 17% des créations d’entreprises de la région alors qu’elle représente 10% de la population. L’attractivité passe aussi par l’offre culturelle. Parmi les témoignages de bourguignons que nous avons récoltés, nombreux sont ceux à expliquer qu’ils ne souhaiteraient pas vivre à Dijon mais qu’ils s’y rendent régulièrement pour bénéficier des équipements tels que le Zénith, la Toison d’or, les matchs du DFCO… Après, ce n’est pas tant l’attractivité de Dijon qui est remise en question mais plutôt l’unité de la capitale avec sa région. Tout comme Patrick précédemment, le dijonnais Eliott, affirme « je me sens Bourguignon ». Ils semblent partager une identité commune. Une identité territoriale. Yves Guermond, géographe à l’université de Rouen, explique que « l’identité territoriale est à l’origine un sentiment individuel, très souvent limité au coin de terre, au quartier de son enfance, idéalisés dans un souvenir confus mais permanent ». Après, selon lui, transformer ce sentiment individuel en sentiment collectif, c’est de la politique, du marketing territorial. Le processus est favorisé par la plus ou moins grande efficacité des représentations symboliques (paysages, histoire, patrimoine) qui sont mobilisées. En Bourgogne, quels symboles contribuent à fonder l’identité ? Lorsqu’Eliott part faire ses études dans la capitale française, en tant que Bourguignon, « je juge les Parisiens en parlant de notre vin ». C’est effectivement le premier élément auquel on pense : le pinard. Les grands crus de la Bourgogne sont des noms connus mondialement. Cette fierté remonte à loin. On chantait déjà à la gloire du vin au XVème siècle à travers la chanson traditionnelle Joyeux enfants de la Bourgogne. Les paroles racontent en gros l’histoire d’un bourguignon lambda (donc alcoolique) qui souhaite être enterré dans une cave où y’a du bon vin. Le tout est ponctué du fameux refrain à chanter (beugler) à tue-tête : « Et je suis fier, et je suis fier, et je suis fier d’être Bourguignon ! ». Sur ce point, on peut noter que Dijon essaie de se mettre au niveau de la Bourgogne puisque depuis quelques années, la culture de la vigne tente de renaître dans la ville après y avoir disparu peu à peu sous le coup de l’urbanisation. Sauf que, trouver d’autres symboles relèvent du défi et qu’en plus la vigne, c’est une toute petite partie de la région administrative. Cela concerne le sud de la Côte-d’Or en premier lieu, la Saône-et-Loire et quelque peu l’Yonne. C’est un peu léger. L’histoire permet de mieux comprendre cette identité fragile.

« Je n’ai pas du tout aimé la ville en arrivant. Pour moi, c’était pour les gens de la haute. Encore aujourd’hui quand on me demande d’où je viens, je dis Besançon. Alors que j’ai passé plus de temps à Dijon » Dominique, Beztown addict Le territoire de la Bourgogne a longtemps été instable. Dans son livre* qui retrace l’histoire des relations entre Bourgogne et Franche-Comté, Robert Chapuis explique que « La Bourgogne a un centre mais pas de frontière ». Durant l’Ancien Régime, où les régions telles que nous les connaissons ne sont pas encore fixées, « les élites parisiennes […] ont tendance à poser d’abord une capitale, Dijon, et à l’entourer ensuite de départements situés plutôt à l’est, car elles considèrent que l’Yonne regarde vers Paris et que la Nièvre est tournée vers le Centre ». Stéphane confirme que ce sentiment est toujours d’actualité, « les Neversois vont plus facilement à Clermont dont ils se sentent plus proches ». Le Morvan agit comme une frontière naturelle. Le découpage des régions, tel qu’on le connaît, date de 1960. Il est opéré par Serge Antoine, un haut fonctionnaire. « La Bourgogne doit certainement son allure actuelle au fait que Serge Antoine veut limiter l’extension de la région parisienne : il rattache donc l’Yonne à la région de Dijon » explique Robert Chapuis. La maire de Besançon semble avoir raison et pour un coup, est en accord avec son homologue dijonnais qui reconnait que « les Francs-comtois ont une unité entre eux beaucoup plus forte que la Bourgogne ». Mais dans le fond, tout ça importe peu. La Bourgogne et la Franche-Comté sont désormais unifiées. Sur le papier en tout cas. Maintenant, pour que l’identité se construise, lire Sparse est un bon début. // M.F.

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promeno dans Dans la forêt communale d’Argentenay, dans l’Yonne, sont apparues il y a quelques années d’impressionnantes créatures. De bois mort et de mousse, les Géants se mêlent à la forêt. Ouvert toute l’année, libre d’accès et accessible à tous, la forêt du Géant Vert est une ballade poétique et onirique. Virée dans le 89 et rencontre avec son créateur, Alain Bresson.

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Texte et photos par Jérémie Barral, en forêt d’Argentenay (89)

s u o n s n o les bois

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A

u détour du chemin, ils apparaissent. Monumentaux, organiques, arborant fièrement des boutons de rose rouge qui les font apparaître dans le vert du feuillage. De grandes créatures semblables à des mammouths, d’autres, plus loin, à des poissons ou encore des grandes tentures qui doucement dansent dans le vent. Pourtant en arrivant, on s’attend juste à une ou deux œuvres posées là. Un truc tout pété où on déconstruit les concepts. Et puis, on arrive sur un joli parking à l’orée des champs. Il y a eu une route balisée au cœur d’Argentenay, un très joli village du Tonnerrois, avec ses ruisseaux et ses anciens moulins, avec de jolis mots pour expliquer la marche à suivre. Le sentier s’enfonce dans les bois et on part en balade. Si on est chanceux on peut ne

La Forêt du Géant vert est un projet qui se développe en partenariat avec l’Office National des Forêts. 48 50

croiser personne. On emprunte un chemin sinueux dans une forêt de différentes essences. Vite, on va à la recherche de petites roses de nylon rouge. Elles sont les cocardes qui habillent les œuvres. Dans le vert du feuillage, le rouge sang accroche le regard et, bientôt on découvre une grande créature faîte de bois mort et de mousse. Plus loin, c’est un fond marin avec ses nuées de poissons qui se faufilent à travers les troncs. Encore plus loin, c’est une installation majestueuse qui joue avec la paréidolie de nos sens nous laissant apercevoir des nuées d’oiseaux perchés sur leur branche écoutant les enseignements d’une institutrice. Oui, la paréidolie, c’est quand on voit des images dans un objet. Après un petit moment on pense que c’est terminé, à chaque fois, la surprise est la même : un nouveau parcours apparaît avec ses bouquets de poésie, d’humour, de douceur et d’interrogations. L’humour y est populaire, accessible, grand public. On sent que l’artiste et très inspiré par l’humour

décalé de la légende de la bande dessinée Gotlib. « C’est le grand-maître à qui je rends hommage », nous explique Alain Bresson, le créateur de la forêt du Géant Vert. Les interrogations sont très actuelles : l’impact de l’homme sur son environnement, la disparition des forêts primaires et de leur biotope pour ne laisser place qu’à des forêts de monoculture, une interrogation sur monde façonné par les hommes et sans nature sauvage. Alain Bresson, est un homme avenant et bienveillant. Né au Maroc en 1948, il passe sa jeunesse dans le sud de la France. « J’ai été attiré tout jeune par la terre. Je savais que je serai modeleur ou sculpteur. » D’abord la pâte à modeler des enfants, puis l’argile pour faire « des sujets de la vie quotidienne, les animaux de la


ferme ». Il devient apprenti céramiste, « la journée, il fallait travailler pour l’entreprise, apprendre et le soir, tous les jours, je continuais et modelais mes pièces, j’essayais des choses ». Il tente l’école nationale d’art décoratif de Nice. Il en sera renvoyé. « Je suis le seul de ma promotion à ne pas être devenu vendeur de meubles et a avoir créé toute ma vie. » Invité dans l’Yonne dans les années 90 par le centre d’art de Tanlay, la région séduit Alain Bresson et les rencontres de la vie le poussent à s’installer dans le Tonnerrois, loin de l’agitation de la ville. Après une expédition en Arctique où il accompagne des scientifiques en 2008 — « Dans toutes les expéditions scientifiques il y a un artiste. L’artiste voit le monde et les problèmes avec un œil différent. Pourtant j’aime pas la promiscuité et j’ai le mal de mer » — Alain revient dans l’Yonne. Les Inuits qui lui apprendront à pêcher et à jouir sereinement de l’immensité de la nature, lui donneront le goût des promenades. « Depuis, je n’ai pas allumé une

radio ou regarder la télévision. » Un jour, au hasard de l’une de ces promenades dans la forêt d’Argentenay, il assemble quelques morceaux de bois. Petit à petit, l’idée de façonner des installations avec des bois morts plutôt qu’avec du béton s’installe dans son esprit. Il commence, au début des années 2010, à construire des créatures de bois mort et de mousse. Et puis, un jour, il décide d’essayer d’assembler des arbres vivants, qui continueront à pousser à grandir au fil des mois et des années. Depuis 2014, de nombreuses installations ont vu le jour au cœur de la forêt. Pour accompagner ces colosses végétaux, il y a quelques kakemonos peints au silicone. De grandes plumes qui flottent doucement dans la brise. Ce sont les toiles de Marie-Laure Hergibo. Artiste peintre et compagne d’Alain Bresson, elle n’avait pas l’habitude de peindre de grandes toiles d’extérieur. Cela vient d’une simple demande : « Je fais un bateau, j’aurais besoin d’une voile. » Et voilà le blanc et bleu de Géants verts et lutins rouges.

ces toiles se marier avec délicatesse au vert et au pourpre des œuvres d’Alain Bresson. La forêt du Géant Vert est un projet qui se développe en partenariat avec l’Office National des Forêts. Les gardes forestiers voient avec bienveillance l’évolution de leur profession : passer de la protection et de l’exploitation à la promotion artistique est pour le moins inattendu. Commencé en 2014, l’installation est en progression constante. Chaque printemps, on la voit s’enrichir de nouvelles pièces et d’un peu plus de poésie. Après la pluie, la mousse des œuvres y est verdoyante. Vite, il faudra y retourner à l’automne pour découvrir les géants dans un écrin de pourpre et d’or. Peut-être même sous la neige si quelques flocons daignent colorer la forêt d’un manteau blanc. // J.B.

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L’oasis

tropical Niché au fond d’une vallée, le centre agroécologique de l’îlot des Combes au Creusot accueille toute l’année woofers, bénévoles et autres citadins en manque de nature et en recherche d’autonomie. À quelques kilomètres à peine de l’usine ArcelorMittal qui produit des pièces pour les centrales nucléaires, on cultive ici en permaculture : fruits, légumes et vivre-ensemble. Un avantgoût du monde d’après.

Par Sophie Brignoli, au Creusot (71) Photos : Sophie Brignoli, DR

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Tatayé 2.0.


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epuis l’achat du terrain fin 2014, l’équipe de l’îlot a accompli un travail de rénovation colossal en transformant cet ancien entrepôt en un centre d’accueil et un véritable oasis de verdure de plus de deux hectares, aménagés en permaculture. En quelques années, ils ont ainsi planté mille arbres dans le vergerconservatoire, construit un poulailler, une serre, installé des ruches, des chèvres et un immense potager. Côté habitation, l’ensemble de bâtiments dédié aux gîtes permet de loger 25 personnes, dans quatre chambres meublées. Le bâtiment principal sert quant à lui à accueillir les formations avec deux salles polyvalentes, une cuisine professionnelle, une bibliothèque, un coin pour les tout-petits et une salle de prière. « Des réalisations qui n’auraient pas été possible sans l’aide précieuse de nombreux bénévoles. Plusieurs milliers de personnes sont passés par l’îlot, via les formations, les stages et les chantiers participatifs », explique Karima. Investie au sein du projet depuis plusieurs années, cette jeune maman de la banlieue parisienne a fini par venir s’installer au Creusot avec son fils Mohamed, à quelques kilomètres de l’écolieu. « L’îlot est un lieu propice à l’inter-échange humain et aux connections culturelles. Quand Pierre Rahbi est venu visiter le site, il a constaté que la permaculture humaine était très forte ici ». Comme les créateurs du projet sont d’obédience musulmane, ils ont toujours défendu une dimension interculturelle : le lieu se veut ouvert à tous, quelles que soient les origines et les sensibilités spirituelles de chacun. « Nous accueillons parfois des scouts, qui peuvent échanger librement avec des musulmans, sans être jugés. Tous ces jeunes ne sont pas forcément croyants, mais ils peuvent être libres d’être ce qu’ils sont ici », confie Karima. Et c’est là une des

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vraies forces du lieu : la capacité de réunir autour d’une table ou d’un bout de jardin, familles musulmanes de banlieue, woofers internationaux, scouts bourguignons et bénévoles creusotins. Tous viennent ici pour ralentir et goûter à un nouveau mode de vie passant par une alimentation écologique, le travail de la terre, une reconnexion à la nature et aux autres, et de nouvelles formes d’éducation. Comme Karima, Pascal a lui aussi posé définitivement ses valises à l’îlot. Arrivé en novembre 2019 après avoir été secouru par des connaissances des animateurs de l’îlot, cela faisait 12 ans que ce cinquantenaire vivait dans les rues de la capitale. L’immense bonhomme à la voix rauque qui nous fait visiter le jardin semble avoir trouvé ici sa place : « Tu vois cette tente ? C’est la mienne. C’est là où j’ai vécu à mon arrivée, mais maintenant j’ai une chambre en dur à côté de la cuisine. J’ai accès à tous les bâtiments et même le coffre ! », s’amuse-t-il. Au sein de la micro-ferme, tout le monde met la main à la pâte, en fonction de ses moyens. Les tâches collectives sont tournantes, et réparties chaque jour entre les différents membres. On peut par exemple dormir sur place pour 10€ la nuit en échange de 4 heures de travail ou participer à une formation payante en apiculture ou permaculture le temps d’un week-end. D’autres viennent ici passer une semaine au vert, en famille en louant une des chambres du gîte. Eric, lui, est de passage à l’îlot après avoir découvert son existence dans un numéro de la revue Kaizen sur les oasis. Installé à Aubervilliers et maître composteur de son quartier, il s’intéresse de près aux écolieux et a décidé de partir en visiter plusieurs en France pour « se faire une idée ». À terme, il aimerait lui aussi monter un projet alternatif résilient même s’il en mesure déjà toute la complexité : « Au delà de la permaculture, le plus dur reste bien sûr d’arriver à vivre ensemble ». Mais à voir le nombre et la grande diversité de bénévoles qui font battre le cœur de l’oasis creusotin depuis 6 ans, il semblerait que le vivre-ensemble ne soit pas juste une utopie, ni même l’apanage des bobos de centre-ville. // S.B.


« Tu vois là-bas, c’est Las Veg... Ah nan, c’est Le Creusot ! »

Une des vraies forces du lieu : la capacité de réunir autour d’une table ou d’un bout de jardin, familles musulmanes de banlieue, woofers internationaux, scouts bourguignons et bénévoles creusotins. 55


Par Loïc Baruteu Illustrations : Hélène Virey

DIRTY BFC Les pollueurs les plus chauds de ta région.

Alors Le Monde, il paraît que le comté est à la base de la pollution des rivières en BFC ? À travers une vidéo de huit minutes 100% journalisme 2.0 publiée sur le site du célèbre quotidien en juillet dernier, un lien direct est établi entre l’augmentation de la production du fromage AOP le plus consommé par les Français et la destruction de l’écosystème des cours d’eau du Jura. Toi qui croyais que la pollution venait de l’industrie, des centrales à charbon ou encore du trafic aérien... En Bourgogne-Franche-Comté comme partout, les élites cherchent des solutions pour limiter le réchauffement climatique et se donner bonne conscience, tant que ça n’a pas trop d’impact sur la sacro-sainte économie ou les libertés individuelles. Alors comment on fait ? L’activité humaine est directement responsable de la destruction de la planète, comme l’a encore prouvé le confinement. En BFC, le niveau de dioxyde d’azote, ou NO2 pour les intimes, a été quasiment divisé par deux en avril 2020 par rapport à avril 2019, selon l’ATMO, association pour la qualité de l’air en Bourgogne-Franche-Comté. Depuis, la qualité de l’air est déjà redevenue pourrie. Arrêter de manger du comté peutil donc vraiment sauver cette bonne vieille Terre ? Qui sont vraiment les pires pollueurs de ta région ? On a fait le tour des lanceurs d’alerte, des associations de protection et des médias pour vérifier l’état de santé de la Bourgogne-FrancheComté. En vélo, Simone !

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1. QUALITÉ DE L’AIR VS L’INDUSTRIE AUTOMOBILE Depuis janvier 2014, la rocade Est de Dijon est passée de 110 km/h à 90. Une décision motivée par un désir écolo de faire diminuer les émissions de CO2. La baisse de la vitesse maximale autorisée est l’une des mesures phares pour lutter contre le réchauffement parce qu’elle culpabilise surtout les prolos qui doivent aller travailler, alors que 25% des émissions nocives sont dus aux poids lourds en Europe, qui ne représentent pourtant que 5% de la flotte en circulation. À Mâcon, un arrêt pour charger les poids lourds sur des trains a été créé en 2019 sur la ligne ferroviaire entre Calais et le Boulou, à la frontière espagnole, pour désencombrer les routes et limiter la pollution. Mais les transpoteurs ne se precipitent pas non plus sur les rails... Le ferroutage. Il n’empêche que la bagnole reste le fléau des 20ème et 21ème siècles, à l’heure où Dijon réfléchit à l’interdiction du diesel. Greenpeace pointe d’ailleurs du doigt la mode des SUV, critiqués pour leur empreinte carbone. Mais il faut relancer l’économie et les constructeurs français donc si tu pouvais acheter deux ou trois bagnoles ça serait bien, merci.

2. TCHERNOBYL BIEN PROFOND Trente-quatre ans après, la catastrophe de Tchernobyl nous rappelle encore à l’ordre. L’énorme nuage radioactif dégagé, qui s’est déplacé jusqu’à la côte Est des États-Unis a forcément laissé quelques traces, bien que les officiels de l’époque se relayaient à la télé pour nous dire qu’il s’était arrêter à la frontière avec l’Allemagne. En 2016, pour les trente ans de l’accident, des mesures ont été prises sur tout le territoire pour mesurer le taux de césium 137 dans les sols et force est de constater qu’il en reste encore pas mal, avec des niveaux de radioactivité huit fois supérieurs à la moyenne française dans les massifs du Jura. Absent dans la nature, le césium 137 serait à zéro sans la catastrophe et de nombreux aliments comme le gibier, les champignons ou le lait en provenance de l’Est de la France sont contaminés, bien que les instances officielles se montrent rassurantes. Même discours autour du site de production d’armement nucléaire de Salives, a.k.a. Valduc, en Côte-d’Or, où l’eau courante de sept communes affichent des taux de contamination au tritium prétendument en-dessous du seuil nocif pour la santé. Je vous le mets où votre seuil ?


4. INTERNET ET L’IMPORTANCE DE SUPPRIMER SES EMAILS 3. BAC JAUNE ET BAC GRIS ? Pendant qu’à Naples, la Camorra enterre les dechets n’importe où, à Besançon, il faut saluer le sens des responsabilités et du porte-monnaie des habitants qui ont réduit leurs ordures ménagères de 35% entre 2008 et 2018, avec une moyenne annuelle par personne réduite de 227 à 149 kg quand la moyenne nationale était à 269 kg en 2016. La politique du Grand Besançon, calquée sur la doctrine “pollueur payeur”, impose notamment une redevance évolutive grâce à des bacs à ordures connectés qui calculent le poids des déchets dans les zones d’habitat collectif. L’industrie évolue également. En 2019, le français Trigo a ouvert une usine de reconditionnement de voitures à Allenjoie, dans le Pays de Montbéliard, tandis que l’ancienne cimenterie de Lézinnes, dans l’Yonne, s’est reconvertie il y a quelques années en usine de transformation de chanvre, capable de remplacer le plastique. À Dijon, l’usine d’incinération permet de réduire de 90% les déchets et de produire de l’énergie thermique pour la métropole. High level à Longevelle-sur-le-Doubs où la municipalité organise un recyclage des mégots basé sur le système établi au festival des Eurockéennes de Belfort. Je sais que ça va faire très ‘bien-pensant-bobo-gauchiste-qui restreint-ta-liberté’ mais faut trier, quoi. C’est bien de trier. Voilà.

On en parle de plus en plus avec l’explosion des services de streaming en ligne : le numérique pollue. Le World Wide Web consomme 10 à 15% de l’électricité mondiale, l’équivalent de cent réacteurs nucléaires, avec une consommation qui double tous les quatre ans et un nombre d’appareils connectés qui évolue sans cesse, avec la 5G à l’horizon, alors que la moitié de la population mondiale n’a pas encore accès à Internet. Dans tout ça, les data centers (centres de données) sont responsables de larges émissions de CO2 puisqu’ils consomment une énergie démentielle pour alimenter et refroidir les serveurs. Il en existe évidemment en BFC, comme partout, à destination d’entreprises privées ou d’organismes publics comme l’université de FrancheComté à Besançon. Les GAFAM réfléchissent à des solutions alternatives comme des data centers sous la mer pour Microsoft ou alimentés par l’énergie verte pour Google et Apple. Ils sont vraiment sympa ces GAFAM. Plus proche de nous, à Dijon, l’université de Bourgogne a construit en 2015 un « green data center » où la chaleur dégagée par les serveurs sert à réchauffer certains bâtiments du campus. Les étudiants se chauffent ainsi les miches en hiver grâce à Snapchat et TikTok, et ça c’est le futur qu’on aime.


5. ESCALE À DOLE-TAVAUX L’aéroport de Dole Jura est depuis longtemps critiqué pour ses frais faramineux provenant en majorité de fonds publics, et récemment les deux secrétaires régionales d’EELV en Bourgogne et Franche-Comté, Cécile Prudhomme et Claire Mallard l’ont qualifié « d’aberration écologique » avec le souhait de mettre un terme aux subventions de l’aéroport. Il faut dire que Ryanair, exploitant de Dole-Tavaux, a été largement critiqué en avril 2019 par l’UE et le respectable journal britannique The Guardian pour ses émissions de CO2 et son « greenwashing », une pratique qui consiste à faire passer son business pour respectueux de l’environnement par devant alors qu’il défonce tout par derrière. Avant la réduction du trafic aérien cette année pour cause de pandémie, Ryanair était tout simplement l’un des dix plus gros pollueurs en Europe avec ses vols quotidiens dans tous les sens. Sans compter la pollution sonore générée par les réacteurs ; Dole-Tavaux est soumis au Plan d’Exposition au Bruit (PEB), comme certains aérodromes tels que BesançonLa Vèze ou la base militaire de Luxeuil-les-Bains.

6. LA PÊCHE ET L’EAU POTABLE MENACÉES PAR LE COMTÉ Manger du comté fait-il de toi une ordure ? Oui. L’augmentation de la production du fromage le plus consommé en France est visiblement responsable de la dégradation des cours d’eau et des sols dans le Jura, à base d’engrais et de pesticides utilisés pour cultiver toujours plus de pelouse capable de nourrir les immenses troupeaux de vaches laitières Montbéliardes nécessaires à la fabrication du comté. Pourtant, des normes drastiques définies par le Comité Interprofessionnel de Gestion du Comté, et consultables sur le site comte-morbier.com, assurent la protection de la biodiversité avec l’utilisation plafonnée de fertilisants par exemple et promettent une amélioration de la situation sur le long terme. Il est vrai que la qualité des cours d’eau en BFC est affreuse, avec seulement un tiers des rivières en bon état tandis que la pollution par pesticides représente 49% des causes de dégradation de l’eau, même si des efforts conséquents sont en marche. Les niveaux de contamination ont tout de même été divisés par six en dix ans, bien que l’objectif fixé par l’UE de 100% des rivières françaises en bon état écologique d’ici 2027 semble encore très ambitieux. // L.B.


MUSIQUE DU MONDE

FLAVIA COELHO

VENDREDI 25 SEPTEMBRE 20H30 THÉÂTRE

LES NAUFRAGÉS Bloc Opératoire - Emmanuel Meirieu

SAMEDI 3 OCTOBRE 20H30 CIRQUE

RARE BIRDS

HORS LES MURS

Cie Un loup pour l’homme - Alexandre Fray

MERCREDI 7 & JEUDI 8 OCTOBRE 20H30 DANSE & MAGIE

GARDEN OF CHANCE CUBe association - Christian Ubl

MERCREDI 14 OCTOBRE 20H30 THÉÂTRE

PAS PLEURER Cie day-for-night - Anne Monfort

VENDREDI 16 OCTOBRE 20H30 RÉCIT MUSICAL

LE NOYÉ LE PLUS BEAU DU MONDE

HORS LES MURS

LeBloc - Les mécaniques célibataires

DU MARDI 20 AU SAMEDI 24 OCTOBRE 20H30 MUSIQUE

NOIR LAC

Neerman, Kouyaté, Warren, Sequenza 9.3

VENDREDI 6 NOVEMBRE 20H30 SPECTACLE D’OMBRE & ARTS NUMÉRIQUES

L’OMBRE DE LA MAIN Cie 1-0-1 - Christophe Guillermet

JEUNE PUBLIC

SAMEDI 7 NOVEMBRE 9H30 & 10H30 THÉÂTRE & DANSE

URGENCE

Cie HKC - Anne Rehbinder & Antoine Colnot

JEUDI 12 NOVEMBRE 20H30 THÉÂTRE

LES ENFANTS C’EST MOI Cie Tourneboulé - Marie Levavasseur

DIMANCHE 22 NOVEMBRE 16H30 THÉÂTRE & MUSIQUE

UNE NUIT EN ESKANDAR Collectif Eskandar (Collectif associé) - Samuel Gallet

SAMEDI 28 NOVEMBRE 20H30 THÉÂTRE

LA JOURNÉE IMAGINAIRE Collectif Eskandar (Collectif associé) - Samuel Gallet

DIMANCHE 29 NOVEMBRE 16H30

SEPT - OCT - NOV - DÉC 2020

DANSE

ALONZO KING LINES BALLET Personal Element + AZOTH

SAMEDI 5 DÉCEMBRE 20H30

RÉSERVATION - BILLETTERIE 03 85 55 13 11 ///// larscenenationale.fr TARIFS : de 4€ à 22€

THÉÂTRE

SIMON & LA MÉDUSE & LE CONTINENT Cie La PAC - La ParoleAuCentre - Louise Emö

JEUDI 10 DÉCEMBRE 20H30 CIRQUE

L’arc - scène nationale Le Creusot est subventionnée au fonctionnement par :

Et est soutenue par le mécénat de :

licences 1-1122518 / 2-1122519 / 3-1122520 Conception graphique www.demontceau.com

TESSERACT Cie Nacho Flores

JEUDI 17 & VENDREDI 18 DÉCEMBRE 20H30

JEUNE PUBLIC



On a retrouvé s è n n o ig L e d t n o p u D r Xavie Mais parle, nom de dieu !!

Dijon, belle cité tchétchène. Dans ce Chicago du 21ème siècle, le monde de la presse est sous pression. Milliardaires aux dents longues, flics ripoux, milices fascistes et kalach sur scooters, les journalistes ne peuvent plus exercer leur métier en toute indépendance. Tous ? Non. En effet, un magazine résiste encore et toujours au grand Capital et au fascisme. Son nom : Sparse. Pour obtenir leurs scoops, ses journalopes ont fini par employer les méthodes de leurs adversaires. Dans ce monde de violence, il faut faire sa place pour vendre du papier.

Les codes, on veut les codes !

Aaahhh... J’ai pas de codes...

Je vais me voir dans l’obligation d’introduire cette chose dans ton fondement. Je te rassure c’est bio et c’est local. On veut tout ! Netflix, Canal+, RMC Sport, Téléfoot… #priorite_2020

Et France 3 et le Tour de France !

Ok les gars... Je peux pas vous donner de codes…

Mais c’est gratuit France 3 ? M'en fous, j'les veux quand même.

Qui lit encore des livres ?!

J’ai pas de codes, je regarde pas la télé, je lis des livres... Aaahhh ! #Actor_Studio

Tu mens ! Qui lit encore des livres ?!

Mais j’ai mieux... Je connais un truc qui va vous servir. Je sais où est le gars le plus recherché de France ; Xavier Dupont de Ligonnès.


Gray ? Mais c’est dangereux ça ?

... Plaît-il ? Dupont de Ligonnès... #blague_carambar

Dis-moi, est-ce que tu serais pas en train d’envisager que ce mec est en train de nous dire la vérité ?

J'y baisse le futal ?

Et il est où ton gars ?

Je lui fais confiance, c’est mon cousin. Ah ben si ça reste en famille…

Ça serre un peu le tété là…

À 40 bornes d’ici, il tient un point de deal à Gray, en Haute-Saône. En bagnole

Hop hop hop Police ! Stoppez ce véhicule ! Qu’est-ce que je vois là ? Oh bordel !

Il était sympa ton cousin. Ouais faudrait que je l’invite plus souvent à la maison. C’est quand même fou qu’il connaisse Dupont de Ligonnès.

SS

S iiiiiiiS

R

R CCR

Planque tout !

Il a toujours traîné dans le show-biz celui-là. Bruel, Drucker, Ligonnès...

Dites-moi c’est un maillot de Sochaux que vous portez là ! Bah oui c’est la saison 90-91, celui d’Alain Caveglia...

Non ! On n’aime pas et Sochaux ET le DFCO, ça n’existe pas ! Bah si. Bah non.

Ici c’est Dijon, on ne fait pas ça !

Bah si. Non ! C’est interdit alors ferme-là !

Non mais j’aime le DFCO aussi !

D’accord...


On est à deux doigts du racisme anti Franc-comtois là.

Moi j’aime bien Auxerre !

Non mais c’est toi qui provoques aussi ! Un jour tous les clubs de foot de BFC se tiendront la main et s’aimeront.

Ok ça passe !

Ouais, et le DFCO sera champion de France !

Moi aussi.

Amen.

Il bouffe à tous les râteliers celui-là... Allez tirez-vous avant que je vous foute mon genou sur la nuque.

Non, je déconnais. Xav’, on se demandait franchement, pourquoi Gray ?

Quelques jours plus tard, dans la cité Benjamin Castaldi de Gray.

Et c’est là que je décide de devenir une femme...

J'suis passée par Mykonos, Sydney, Tahiti… Et j’ai fini à Gray.

Ah ouais ? Ok. Bon, on sort ce soir ? On va au Diam’s.

Ah ouais la voie classique.

On y était déjà hier… J'suis crevée moi, on a pris une taugnée.

Y’a pas un client putain.

C’est ici que je suis le mieux en fait... L’air pur, la Saône, et puis on est peinard. Tu sais combien j’ai acheté mon point de deal ? 10 fois moins qu’à Nantes.

Et pour l'opération ? Je me suis fait opérer dans la même clinique que Miley Cyrus. Dingue, j’aurais jamais cru que c’était un homme avant. Ah non, elle c’était juste pour une coloscopie, tu sais c’est quand on te met une caméra dans le finfin pour voir si… Oui je connais. Mais quand même Xav', ce que t'as fait à ta famille, c'est pas super sympa. On fait pas toujours ce qu'on veut les gars.

Bonjour Monsieur, comme d’habitude ? Absolument monsieur


Oh ! Bosse un peu toi au lieu de traîner sur Animal crossing comme un autiste. Tinder ? Qu'est-ce que c’est ?

Et puis faut savoir séparer l’homme de l’artiste.

On ne se moque pas des autistes comme ça, c’est pas…

Pas faux !

Ferme-là où je te sucre tes tickets resto.

Bah ouais !

Oui madame

En ce moment le business, c’est un peu rude, j’ai 3 employés en télétravail. C’est pas évident pour accueillir le client. Saleté de virus... Justement t’as pas un truc à dépane ?

Finalement...

Bon les gars je vous fais confiance, vous me balancez pas. Personne doit savoir où je traîne.

J'ai plus que de la spéciale HS 71. Ça te dit ?

Bien sûr que non ! On est frangins maintenant. Crachat par terre, mélange de sang, à la vie à la mort. Tellement d’émotions en si peu de temps !

C'est bien ça ? Je sais pas, c'est encore en phase de test... Tu prends la CB ? Pas question. OK laisse tomber Pas grave.

10 minutes après, au commissariat.

Ahahaha ! Ben ouais ! À Gray, dealer... Et c’est devenu une femme. Génial !! Ahahah.

Franck Le Tank : Bernard Menez Antoine : Henri Guibet Xavier Dupont de Ligonnès : Marthe Villalonga Le cousin : Jean Lefebvre Le flic : Francis Perrin Le dealer : Pierre Mondy Photos : Mathilde Leconte Scénario: Philippe Kadik Montage : Pagot Savoie Merci à CHKT

Dans la même clinique que Miley Cyrus on vous dit ! Sauf que Miley, c’était pour un autre truc.

Une coloscopie ? Comment vous savez ? Tout le monde sait ça...

Finfin.


destinées d’entrepreneurs

Par Franck Le Tank

Antoine Atieba, CEO @ iOuachon Antoine Atieba est un entrepreneur atypique. Génie du web 2.0, il a su surfer sur un monde à la croisée des chemins entre traditionalisme et modernité de l’ère numérique. Portrait d’un rêveur qui porte ses dreads comme un manifeste ardent. Après plusieurs années de facs de socio et de psycho jamais vraiment commencées ni terminées, Antoine prend le virage du numérique au début des années 2000. « Forcément j’avais entendu parler de la bulle Internet, mais au départ j’étais quand même assez réticent. Je venais d’un milieu assez roots, sans smartphone et sans Internet ». De fil en aiguille, Antoine, comme des milliers de français, se prend au jeu du smartphone et commence à y prendre goût : « Il y avait plein d’applis géniales mais aucune ne me ressemblait. Je me suis dit que je pouvais faire du bien autour de moi et proposer une application pour rassembler les gens de ma communauté, un peu roots, ceux qui aiment vivre autrement. » L’application iOuachon est lancée en 2010. À la base, c’est une simple cartographie du territoire où l’on retrouve des communautés autonomes, des gens qui vivent de la terre, ou encore des concerts de reggae. Très vite, l’appli s’impose comme un ‘must have’ sur les plateformes de téléchargements. Antoine, dit Toinos par son équipe de développeurs dévoués à sa cause, y voit une opportunité de croissance. Fort d’un MBA mené en parallèle et en alternance dans une business school ardéchoise, il propose en 2015 un Market Place afin d’étayer son modèle économique : « Nous avons commencé à vendre des sarouels, des attrapes-rêves, des atebas, des bolas et ça a été un vrai bond au niveau des ventes. On a nous reproché de faire appel à des producteurs chinois pour ces fournitures mais nous ne pouvions pas nous permettre le coût des producteurs locaux qui, sous couvert de qualité, pratiquaient des prix assassins, et puis, de toute façon, il faut bien que les Chinois travaillent aussi, non ? Résultat, avec nos prix cassés, tout le monde s’est tourné vers nous, le Jackpot ! » Antoine vit une véritable success story à l’américaine, il a d’ailleurs quitté l’Ardèche depuis 5 ans. Son entreprise est aujourd’hui immatriculée dans le Delaware et lui vit actuellement à Miami, d’où il gère Ouach+Ouach, sa nouvelle appli de rencontre pour « les amoureux de la nature mais pas que ». Ce succès n’est pas prêt de reculer, il a des projets plein la tête comme cette

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plateforme de e-learning pour apprendre à jouer avec des bolas enflammées, ou faire sa propre lessive à base d’orties. Il est actuellement en pourparler avec Uber Eats pour mettre en place un système de livraison locavore en monocycle, mais chut, le rasta entrepreneur ne nous en dira pas plus. Une chose est sûre, c’est qu’il nous réserve encore quelques surprises dans sa besace verte, jaune et rouge et ce, pour le plus grand bonheur du monde connecté. // F.L.T.

« On peut aimer la nature et son iPhone, ce n’est pas incompatible ! » Antoine Atieba, fondateur de iOuachon, application pour iPhone et Android.


© tempsreel.fr - Johnny Friedlaender, Femme au miroir, 1930-39 (tirage posthume, 1996), aquatinte et eau-forte sur papier d'Arches, inv. 2014-1-1 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris 2020

La fabrique des collections 10 ANS D’ACQUISITIONS AU MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE DIJON

Exposition

11.09.2020

04.01.2021

Entrée libre

musees.dijon.fr


la page mode

Par Chablis Winston Photos : Diego Zébina Modèle : Arthur Guillaumot

LE MASQUE NOUVEAU REFLET DE L’ÂME

Sur le bras : c’est LA

tendance 2020. Les rues de Paris sont pleines de fashionistas qui ont adopté cet accessoire à leur bras. Souple et élégant, c’est le bracelet 2.0. Il n’est même pas forcément destiné à être mis sur le visage. Son utilité ? Vous faire remarquer, quoi d’autre ? Qu’est-ce qu’on s’en tamponne de l’utilité des choses ? C’est la page mode ici !

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La tendance 2020, c’est sans conteste un accessoire qui s’est imposé dans nos vies comme une belle-mère pendant les vacances à Palavas. Le masque, c’est devenu le nouveau mégot qu’on jette par terre comme un pauvre type, certes. C’est aussi grâce à lui qu’a été inventée la phrase la plus prononcée en France en 2020 : « merde, j’ai oublié mon masque ! ». Mais le masque, c’est aussi et avant tout une chance pour votre silhouette. Multiplicité des motifs, des formes et des façons de le porter. Tour d’horizon de la mode version monde d’après.

Sur l’oreille : le masque sur l’oreille est à 2020 ce que le baggy était à la fin des années 90 ; le truc le plus cool. Décontract’ et prêt à dégainer en cas de contrôle. C’est le signe distinctif des jeunes qui ont du style. Autrement appelés branleurs. Privilégiez un masque blanc dans ce cas-là, simple et sobre. Déjà que le geste est complètement déglingue, n’en rajoutez pas.

Sur le visage : c’est le classique du port de

masque. Il est très vite visible et sera le reflet de votre personnalité. Des motifs aux couleurs vives pour les bons jours, des têtes de morts pour les plus rebelles. Pour le travail, privilégiez un masque uni, noir ou bleu. Pas de blanc, c’est trop salissant. Le masque aura d’utile qu’il masquera votre bec de lièvre et mettra votre regard en valeur. Misez tout dessus. Par contre, au moment de l’enlever, va falloir assumer…


horoscope Par Nicdasse Croasky Illustrations : Mr. Choubi

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Bienvenue dans l’horoscope du monde d’après les ami(e)s. Foin du passé, vive l’avenir ! Si le printemps 2020 fut inédit, l’automne sera sensationnel : on va vous en donner pour votre fric ! Sans trop nous vanter, on avait tout vu ce qui allait se passer dès novembre 2019, vu que la Chèvre de l’horoscope chinois faisait le siège de notre Cancer national depuis au moins trois calendriers lunaires : FUNESTE PRESAGE ! On n’avait pas osé l’écrire ici de peur de provoquer une panique mondiale, on aurait dû. Attention ! Sans le savoir, cet horoscope est covidé à son insu, alors lisez couverts : lunettes masquées et un préservatif par doigt (sans lubrifiant) pour tous ! #prudence_2020

Vendez tous vos actifs : bouquins, appart, bagnole, parents, enfants… Et avec le pactole, quittez ce travail qui vous gonfle tant : la vie mieux ! Étanchez ensuite votre soif de liberté pendant un mois ou deux ans (surtout les ascendants vierge), puis après vous aviserez. Natifs du 15, vendez le 17. Travail : faites fi du pot de départ.

Vous entrez dans une période d’auto-recentrage, ce qui ne vous était pas arrivé depuis au moins très longtemps. Vous redécouvrez que l’hygiène, c’est important (le 28). Mettez à jour votre Instagram et plaquez des filtres healthy sur vos photos pour éviter les tartines de mix yaourt/légume sur la tronche (même si c’est du circuit court). Santé : aubergines ou concombres ?

Les astres sont clairs : si votre garagiste est sagittaire, oubliez le contrôle technique cet automne ! Il va vous la faire à l’envers. Sauf s’il a fait faillite (3e décan). Par contre, vérifiez discrètement (natifs du 24) si votre banquier est verseau, car vous fusionnez cosmiquement au moins jusqu’au 12 : Jackpot ! profitez bien de ses largesses. Amitiés : y’a que ça de vrai.

Suite à une grève massive des étoiles et constellations du nord de la voie lactée, durement touchées par les conséquences économiques de la pandémie, nous ne sommes plus en mesure de vous fournir des prédictions de qualité ISO-9001 : de blanc lacté, le ciel étoilé devient jaune pisse. Appelez un numérologue. Sexe : page blanche.

Il y a des bonnes places pour vous cet automne dans les meilleurs restos Tacos*** et dans les carrés or de tous les bowlings de la BFC. Pendant que tout le monde flippe et chiale, assis prostré près d’un radiateur en fonte, vous paradez fièrement en ville sur un vélo électrique débridé et on vous acclame partout en chantant vos louanges. Chance : 777 d’or.

Attention ! Tous les signes des horoscopes occidentaux, chinois, maya et vesoulien se liguent contre vous pour des raisons encore non-élucidées. Frayez-vous secrètement avec un pangolin ? Faites pénitence ou investissez-vous dans une activité associative : envoyez-votre CV à Sparse qui cherche régulièrement de l’aide ! Travail : doucement.


Scène de musiques actuelles

Dijon

lavapeur .com

Réouverture des studios de répétition

ABSINTHE ANIS GENTIANE SAPIN

Nouveaux horaires Nouvelle grille tarifaire Nouvel outil de réservation en ligne

Rendez-vous sur lavapeur.com/studios !

49 rue des Lavaux 25300 Pontarlier

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L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION


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Votre horoscope est le même cet automne (à peu de mots près) que celui publié dans les Sparse n°3, 7 et 19. Normal pour un signe aussi équilibré. Ça devait être plan-plan, genre : « Ça pourrait aller mieux mais ça pourrait surtout être pire ». Nos archives sont inondées ou PAYANTES pour celles qui restent lisibles, alors pour savoir appelez notre numéro rouge : 0.800.666.424. Loisir : retraite.

Comme certains changent de religion ou de sexe au cours de leur long chemin de vie, vous décidez suite à la pandémie de changer definitly de signe zodiacal et de reconnaître comme seul valable l’horoscope chinois. Vous nous abandonnez ? Nous aussi : oubliez notre numéro rouge. Nouveau signe : (ing)rat.

Vous décidez contre l’avis de tous de changer de valeurs en octobre pour vous ouvrir en novembre à la sagesse, mais vous hésitez sur un choix : la tranquillité c’est bien… La plénitude aussi, mais le bonheur… Peut-être ? Ou la joie exclusivement et l’amitié… À coups sûr… Mûrissez toussa et faisons le point au prochain horoscope. Loto en 2ème décan : 6-24-12-57-11-30 – N° bonheur : 3.

Interactivité : en raison d’une distorsion quantique chelou du côté de la maison du capricorne (attentat ?), votre horoscope s’est dispersé dans le numéro 30 de Sparse. Mais ça a bien explosé, alors au lieu du puzzle attendu, un seul mot reste accessible : Page 51-Colonne 2-Ligne 22-Mot 4. Intelligence : cosmic interstellar trip.

Beau temps tout le trimestre sur votre humeur : vous ravissez votre entourage, un pigeon se pose sur votre épaule et roucoule, vous transpirez le jasmin et le chèvrefeuille, votre nez ne coule plus, votre verre ne se vide jamais et Hollywood ne jure déjà plus que par vous. Par contre dès le 3, ça se dégrade : hémorroïdes ou cystite ? L’avenir est dans les étoiles. Régime : mangez du pain blanc.

Mon 1er est un métal précieux. Mon 2e est le liquide indispensable au Pontarlier ou à la vie. Mon 3e désigne un instrument de technique d’observation. Mon TOUT est l’unique raison de lire ce magazine qui répond aux questions ultimes : où allez-vous les poissons ? C’est quoi ces idées zarbis de vous acharner à remonter la rivière ? Les toboggans, vous n’aimez pas ? Culture : saumon à l’unilatérale.


Explorez Besançon

de plus près.

Vous êtes loin d’avoir tout vu.

boosteurdebonheur.besancon.fr Une campagne de Grand Besançon Métropole et Ville de Besançon.


courrier des lecteurs Jean-Claude |

Besançon (25)

Salut les bien-pensants. Un vrai plaisir de vous revoir ici. Depuis le confinement, j’ai bien réfléchi. Je veux pouvoir faire du concret et être utile. J’ai décidé de devenir maraîcher. Mais je ne sais rien faire, j’ai toujours habité en ville et en appart’. Une idée pour ma formation ?

réponse de la rédaction En voilà une belle idée, bravo Jean-Claude de vouloir sauter le pas et de revenir à la terre. Mais attention, tu as eu la même idée que approximativement 100.000 personnes en même temps en France. Maraîcher is the new graphiste. Des néo-maraîchers, tu soulèves une pierre, y’en a 15 qui tombent. Certes ce n’est pas une raison pour abandonner car cultiver la terre, c’est plutôt noble comme idée à la base, mais je dis attention Jean-Claude ! Il y a maraîcher et maraîcher. Il y ceux qui flippent, se recroquevillent sur eux-mêmes et veulent pouvoir être autosuffisants en cas de problème. Appelons-les les « collapso-solo ». Et ceux qui veulent monter des choses en groupe pour nourrir les autres. Appelons-les les ouachons. Choisis ton camp. Pour ta formation ? Service public, bien sûr.

Timéo |

Sens (89)

Hello la pensée unique. Pourquoi qu’on nous oblige à porter un masque ? On est en dictature ou quoi ? Le covid c’est pas dangereux pourtant...

réponse de la rédaction Si, le (la ?) COVID c’est dangereux. C’est un fait. Tu trouves peut-être que c’est moins dangereux que d’autres choses et j’adhère. Mais ça c’est une opinion. C’est pas la même chose, un fait et une opinion. Calme-toi, respire, vérifie tes sources. Dans la vie, quand on n’accepte pas les faits, on devient un putain de complotiste en ligne ou un négationniste, qui demande aux gens de se renseigner en hurlant à la machination quand il n’est pas foutu de vérifier ce qu’il récupère sur Internet. Pour ce qui est des masques, ça casse les couilles. Ça me dérange beaucoup de me dire que je vais aller dans des lieux de vie et de rencontres avec un masque sur la gueule dorénavant. C’est triste. Mais je ne pense pas que ce soit un complot de l’État pour vérifier qu’on est assez docile pour qu’ils puissent passer au plan B de l’asservissement de l’humanité. Timéo, le mois prochain, tu vas me poser une question sur les vaccins qui tuent de Bill Gates, j’en suis sûr.

Laure |

Héricourt (70)

Salut les fifous. La période est difficile, on n’arrive plus à rigoler. Tout le monde est maussade. Fais-moi rire, Sparse !

réponse de la rédaction Prout. (« Rien de mieux qu’un bon pet pour se détendre » Blaise Pascal, 1661.)

Alexia |

Dijon (21)

Quand est-ce qu’on danse ensemble à nouveau ?

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réponse de la rédaction Sale période pour les slows... Finies les rencontres en soirées de gens que tu ne connaissais pas avant. Tu restes avec tes potes, point barre. Si tu débarques dans une ville et que tu es célibataire, bon courage. Fini aussi de se lécher les aisselles sur un dancefloor suant (oui, il m’arrivait de le faire). Jusqu’à quand ? Je ne sais pas. La solution ? « Clusteriser ». Tu organises une soirée chez toi. Du monde, de la musique, de la danse. Cette soirée, elle dure 15 jours, le temps d’une quarantaine. Tu testes tranquille à l’entrée et à la sortie et tu rassures tout le monde. Faut miser sur des gens cools, et faut avoir un peu de congés je te l’accorde. Ou alors, tu télétravailles en même temps, c’est top.


H R IS T O BERT / C M A L ÎT BENO

U LT PHE BRA

UN MONDE MEILLEUR, ÉPILOGUE R DI DU MA

06.10

AU S A

M ED

I

17.10


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APERÇU DE LA SAISON 2020-2021 DANSE – ÉLECTRO FESTIVAL TRANSDANSES 17 NOVEMBRE 2020

ROOM WITH A VIEW BALLET NATIONAL DE MARSEILLE / DIRECTION (LA)HORDE

MUSIQUE 15 JANVIER 2021

FANTAISIE LYRIQUE 4 ET 5 MARS 2021

SHUT UP’N SING YER ZAPPA

LE CORPS DES SONGES

ORCHESTRE FRANCK TORTILLER

anuel

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NOSFELL

© Emm

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Morea u © Cyril

© Gaël Beron

D’APRÈS THÉOPHILE GAUTIER / JEAN-CHRISTOPHE HEMBERT

re Villa

FRACASSE [CRÉATION]

© Lau

THÉÂTRE DÈS 12 ANS 22 > 25 OCTOBRE 2020

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Ça, c’est Monsieur Duterche.

Photo : Louise Vayssié / Risk

Yann Cruaud de son vrai nom. Monsieur Duterche nous a quitté à la fin du mois d’août. Sale nouvelle. L’onde de choc provoquée par sa mort de Dijon à Rennes, de Tours à Besançon, d’Orléans à Paris... est à la hauteur de que ce mec a marqué les esprits. On l’a connu comme chargé de production à la Vapeur, la salle de concerts dijonnaise. Mais Duterche a eu 1.000 vies, tout en humilité. Directeur de Radio Béton à Tours, amateur de ciné, de séries Z, créateur de la fameuse Cinématek qui portait son nom à Dijon, bassiste de dizaine de groupes de punk, de psycho ou de surf music depuis les années 80, DJ aux centaines de dates qui a écumé tout ce que la France compte de festivals et de salles un tant soit peu rock & roll... Sa collection de vinyles et ses émissions de radio, tant sur Béton que sur Campus, témoignent de sa connaissance titanesque de la musique. Rock & roll bien sûr, et surf, boogaloo, rockab’, psycho, exotica... Tout ce que le son nous a offert en joyeuseté weirdo depuis les 50’s. Son style, que beaucoup appelaient tout simplement le « son à la Duterche ». Le lascar aux platines, c’était l’assurance d’un dancefloor en transe. Des chemises éclatées, un chapeau, des lunettes, une bouteille de Pont’, une fiole de rhum dans la poche intérieure, un petit rire en coin...Un mec libre, un mec drôle, un mec qui n’avait pas envie de se faire emmerder. Un mec éternel. Pas moins.



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