BUSINESS Interview
Diane Mordacq
La hausse des métaux bouleverse la donne
Le conflit en Europe nuit au tourisme
Le blé,
une urgence africaine
Le conflit entre la Russie et l’Ukraine, deux des producteurs les plus importants, entraîne une hausse vertigineuse des prix. Sur le continent, une vingtaine de pays sont affectés, avec des conséquences qui peuvent être dramatiques. par Cédric Gouverneur
«L
a guerre en Ukraine n’épargnera pas notre économie », a prévenu le 12 mars le président Macky Sall. Et pour cause : au Sénégal, la moitié du blé importé provient – ou plutôt provenait… – de Russie. Les chiffres de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) font froid dans le dos : au total, une cinquantaine de nations du globe (dont une vingtaine en Afrique) se procure au minimum un tiers de leur blé en Russie et/ou en Ukraine. L’Érythrée s’approvisionne intégralement dans ces deux pays ; l’Égypte en dépend à 90 % ; la République démocratique du Congo à 85 % ; Madagascar – qui vient de subir une famine… – à 75 %; la Mauritanie et le Cameroun à 50 % ; la Tunisie et l’Éthiopie à plus de 78
40 % ; le Burkina Faso à 35 % ; la Côte d’Ivoire et le Mali à plus de 25 %… Et ainsi de suite. Le pire est donc à craindre : selon la FAO, 8 à 14 millions de personnes supplémentaires, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, vont grossir les rangs des 800 millions d’êtres humains souffrant de la faim. Le tchernoziom (« terre noire ») d’Ukraine et de Russie compte parmi les terres les plus fertiles de la planète : un tiers des exportations mondiales de céréales, et près des deux tiers de l’huile de tournesol proviennent des deux pays slaves. Ils constituent aussi d’importants producteurs d’engrais azotés et phosphatés, exportés notamment au Bénin. En Ukraine, la guerre a entraîné la perturbation du réseau ferroviaire et la fermeture des ports de la mer Noire – des centaines de navires sont bloqués