ENTRE NO(U)S AUTRES
Un outil pédagogique de gestion transformatrice des violences RIDDIM MAL KASSÉ intracommunautaires
J
e suis un artiste-auteur afrocaribéen, non binaire, de la classe moyenne. Je suis l’enfant d’une famille dominicaise et d’une famille française. J’ai grandi entre les Yvelines, Watikubuli, New York et l’Ouest de la France. En rédigeant cet article, j’ai un but précis : transmettre les outils qui m’ont été partagé lors de la formation Working on Our Power1 et ouvrir une conversation sur les violences intra-communautaire en France en développant des outils adaptés aux besoins et limites des personnes noires, queer, trans et non binaires en France. Prenez ce qui résonne en vous et laissez le reste.
Maya Mihindou est une artiste-auteure autodidacte née au Gabon en 1984. Elle pratique l’illustration, le dessin, la photographie et la vidéo. Elle vit et travaille à Paris et contribue, depuis 2014, à l’écriture d’articles et à la réalisation de portraits, reportages et entretiens pour la revue Ballast. Elle documente également le travail d’autres artistes, en photo comme en vidéo, et n’aspire qu’à multiplier les approwwches et les rencontres. Si vous avez des retours constructifs à faire, n’hésitez pas à me contacter par mail : riddimmalkasse@gmail. com. Si vous souhaitez partager ce travail, vous pouvez me créditer : Riddim Mal Kassé. Si vous êtes dans une situation d’isolement, vous pouvez contacter le collectif Perspectives par mail : collectifperspective@gmail.com2. Lexique Intersectionnalité : C’est un outil que la chercheure féministe noire-américaine Kimberley Crenshaw élabore en 1989 dans un article du Forum Juridique de l’Université de Chicago intitulé « Demarginalizing the
Intersection of Race and Sex : A Black Feminist Critique of Antidiscrimination Doctrine, Feminist Theory and Antiracist Politics ». Utilisé pour penser comment les différentes oppressions systémiques impactent nos vies en même temps (race, classe, genre, etc), c’est à la fois une théorie, une boîte à outil et une approche du pouvoir qui émane de nos expériences quotidiennes et de réseaux de solidarités. Justice transformatrice : Une approche communautaire et organisationnelle de la responsabilisation et de la justice, qui résiste aux réponses qui se concentrent sur la punition de l’individu. Elle envisage les crimes du point de vue des systèmes et des dynamiques, qui causent et perpétuent la violence. Cette méthode identifie les violences causées par les systèmes de justice restauratrice et punitive. Elle reconnaît que ces violences impactent les communautés noires, autochtones, migrantes, populaires, pauvres, handi et racisées, de manière disproportionnée. C’est un processus d’exploration, d’apprentissage et d’adaptation collective pour transformer les comportements, les attitudes et les points de vue qui sont agressifs et nocifs. Le conflit y est envisagé comme une opportunité de transformation et d’incorporation d’outils nécessaires pour gérer les conflits intracommunautaires. Violences : par ce terme, j’entends les violences interpersonnelles qui s’inscrivent dans le continuum des violences systémiques : violences domestiques au sein d’une relation, avec des ex-partenaires, dans le mariage. Cela inclut également les violences intrafamiliales entre partenaires, avec les enfants, les parents, les petits-enfants, les grands-parents et d’autres membres de la famille ou proches. Ensuite, il y a la violence sexuelle : les attitudes sexuelles non consenties, attouchements, aggressions
1 Un programme de formation au leadership transformatif pour personnes trans, non binaires, et femmes cis de couleur : https://www. workingonourpower.org/ 2 Dédié à l’orientation en soutien psychologique et social, l’information, sensibilisation en santé mentale et discriminations, répondant aux centaines de demandes qui continuent d’affluer, émanant de particulier·es et d’organisations. En 2021, le collectif se consacre principalement à la création de groupes d’entraide mutuelle par et pour différents groupes de personnes noires, afrodescendantes, vivant avec des conditions psychologiques fragilisées, des troubles psychiques, et pour les femmes victimes et survivantes de violences patriarcales. Ainsi que la création de différents ateliers et actions d’autodéfense. Les activités et actions peuvent être conduites de manière autonome, en prenant part à des initiatives déjà existantes et ou en collaborant avec d’autres collectifs, associations et autres structures.
AssiégéEs • septembre 2021
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