[ VINS ET GASTRONOMIE
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N OV E M B R E 2 1
MONT-SUR-ROLLE
À MONTBENAY, ON Y ÉLÈVE DES VINS « AMPHORIQUES » TEXTE [[[ Chantal de Senger
En mains familiales depuis un demimillénaire, le domaine de Mont-sur-Rolle se convertit en bio et produit désormais cinq de ses crus dans des amphores en terre cuite.
L
e Domaine de Montbenay est indéniablement l’un des plus anciens domaines viticoles de la côte vaudoise puisque des signes de vignes débutent en 1141 déjà, dans ce lieu habité alors par les moines de l’Abbaye française de Montbenoît. En 1536, c’est la conquête du Pays de Vaud par les Bernois, d’où l’arrivée de la famille de Watteville à Mont-sur-Rolle. Même si les archives ont malheureusement toutes brûlé que ce soit du côté suisse ou français, la famille peut se targuer d’être la 16e génération à la tête de ce petit domaine viticole de Mont-sur-Rolle. Toutefois, Maurice et son fils Paul sont les premiers à exploiter et produire leurs propres vins, toutes les anciennes générations se contentant de laisser des vigneronstâcherons cultiver leurs vignes. Le domaine exploite aujourd’hui 7,1 hectares de vignes dont 80% de chasselas. Cette année, le domaine a commencé une conversion en agriculture biologique après avoir limité au maximum les intrants ces cinq dernières années.
LE DÉBUT DES AMPHORES Depuis l’été 2019, une cave entière du domaine abrite dans le plus grand secret 32 amphores en terre cuite du Roussillon, entièrement fabriquées à la main. Au plafond de la cave, des marques de flammes de bougies, des signatures de vignerons et des tonneliers qui ont écrit l’histoire du domaine au cours des siècles. « Cuvée Confidentielle », c’est le nom énigmatique de cette gamme de vin élevé discrètement dans ces contenants naturels. Il s’agit d’un nouvel assortiment de trois vins blancs et de deux vins rouges – un chasselas, un chardonnay, un sauvignon blanc, un pinot noir et une syrah – qui, grâce à l’élevage en amphores, ont une typicité, beaucoup de rondeur, une amplitude en bouche et surtout une pureté du fruit. Un vin plus digeste, au fond, et moins sur la structure.
Toute l’histoire a commencé lorsque le père, Maurice, est retourné en 2017 sur les bancs d’école à Marcelin afin de se spécialiser dans la viticulture biolo-