Ecran total Special Annecy 2021

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Télévision

La fiction en langue bretonne se délie © LUDOVIC AUGER

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Première fiction produite et réalisée en Bretagne, “Fin ar Bed” est de retour avec une seconde saison déjà plébiscitée à l’international. Première fiction tournée et diffusée en langue bretonne, Fin ar bed – “Le Bout du monde” en langue locale –avait marqué les esprits lors de sa diffusion en 2017. La série (7 x 10’) avait capté environ 150 000 télé­spectateurs sur France 3 Bretagne et cumulé 400 000 visionnages sur la plateforme du service public France.tv. Sélectionnée au Festival des créations télévisuelles de Luchon en 2018, elle avait également séduit plusieurs acheteurs internationaux à la grande surprise de ses producteurs, Tita Productions et Lyo Productions. Quatre ans plus tard, la seconde saison (11 x 10’), à nouveau réalisée par Nicolas Leborgne, se veut encore plus ambitieuse : diffusée en linéaire sur les chaînes bretonnes, elle est disponible depuis le 17 mai sur France.tv et vient d’être acquise pour plusieurs territoires d’influence celtique comme le pays de Galles, mais aussi deux plateformes outre-Atlantique, une canadienne et une états-unienne, qui ont acheté les droits de diffusion auprès du distributeur Videoplugger, basé à Londres. Par rapport à la première saison, Fin ar bed a quasiment doublé son budget, qui atteint le million d’euros. Pour cela, la série a obtenu le financement de la Région Bretagne et l’appui en coproduction de France 3 Bretagne et des chaînes régionales (T VR, Tébéo, TébéSud, Brezhoweb). Des soutiens nationaux importants (CNC, Adami, Procirep, Angoa) lui ont également permis d’exister. “Nous avons redoublé d’ambition pour cette seconde saison, notamment sur le plan de la qualité technique”, explique le producteur Fred Prémel, dont la société de production Tita Films est installée à Douarnenez (Finistère). Vingt-deux jours de tournage avec une équipe entièrement bretonne, des techniciens aux comédiens, ont été nécessaires.

Nolwenn Korbell et Blaithin Allain, héroïnes de “Fin ar Bed”.

La saison 1 racontait la rencontre fortuite entre trois personnages en fuite pour des raisons différentes, trois jours passés à tenter ensemble d’échapper à leurs démons respectifs et se reconstruire. La seconde, elle, est centrée sur deux personnages de la première saison, le premier partant à la recherche du second, disparu après avoir volé un million d’euros. Après le road-movie, Fin ar bed s’est orientée vers le thriller : “L’inverse de la Bretagne carte postale qu’on a l’habitude de voir, très loin du littoral, au cœur d’une Bretagne fantasmée qui ne connaîtrait d’autre langue que le breton”, confie Fred Prémel.

métrages de fiction pour le cinéma et nouer des coproductions avec l’Amérique latine, où a également vécu Christophe Bouffil. Quinze ans après sa création, Tita Productions, qui emploie aujourd’hui sept personnes, s’est ouvert à la fiction TV et au documentaire. Avec comme signature des productions “très ancrées dans les territoires, détaille Fred Prémel. Un sujet évoquant un robinet qui fuit dans une chambre de bonne, ce n’est pas notre truc ! Il faut que le sujet soit profondément ancré dans un lieu précis pour que cela nous plaise.” Cette proximité avec les territoires a naturellement poussé la société à réfléchir à une utilisation des langues régionales, en dépit de débouchés commerciaux forcément limités de prime abord. C’est beaucoup moins le cas ces derniers temps grâce à l’avènement des plateformes de streaming : “La question se pose évidemment quand on va voir les diffuseurs, poursuit le producteur. Mais l’emploi d’une langue locale peut aussi être un avantage grâce à l’atmosphère exotique qu’elle peut transmettre,

L'atmosphère d’un lieu précis Ce dernier a créé Tita Productions en 2006 avec un autre producteur de fiction, Christophe Bouffil, rejoints par la suite par Laurence Ansquer, spécialisée dans le documentaire. Grâce à l’assise régionale de ses deux fondateurs, Tita Productions s’appuie sur un double ancrage régional, entre Douarnenez et Marseille, pour produire des longs

à l’image du ‘scandinoir‘ venu du nord de l’Europe et devenu une véritable marque de fabrique.’” Par mi ses autres projets, Tit a Productions mise sur le nouveau film du franco-argentin Pablo Agüero (Eva ne dort pas), intitulé Les Sorcières d’Akelarre. L’histoire d’un groupe de jeunes filles injustement accusées de sorcellerie dans le Pays basque du xviie siècle, tourné en grande partie en langue basque. Le film, qui a remporté cinq Goyas en Espagne, sort chez Dulac Distribution sur 150 copies le 25 août. Il a été acquis par Netflix Monde, où il a même intégré le top 10 mondial lors de sa mise en ligne début mars. La société signe également deux coproductions minoritaires : le film allemand Human Flowers of Flesh, ­d ’Helena Wittmann, actuellement en postproduction avec une sortie programmée à l’automne, et le nouveau film du Mexicain Carlos Armella, Le Chemin de Juan. Ainsi qu’une série fantastique, La Cascadeure (8 x 45’), qui sera présentée aux acheteurs au FIDLab de Marseille Raphaël Porier (14-18 juin).

9 juin 2021 / Écran total  n°1332

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