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MUSIC

Texte Godefroy Gordet

Images Filip Markiewicz

L’AUTRE FACE DE FILIP M. Si le Polonais-Luxembourgeois Filip Markiewicz a souvent occupé nos lignes pour son travail en tant qu’artiste visuel et plasticien, précisons que l’artiste transdisciplinaire d’aujourd’hui, a commencé ses pérégrinations artistiques sous Raftside, briguant le destin d’une Rockstar. Au commencement donc, il y eut Raftside, à l’aube des années 2000, puis, suivirent d’autres aventures dans l’ensemble des médiums artistiques à sa disposition, et en 2015, vint son pavillon à la Biennale de Venise pour représenter le Luxembourg. Dorénavant, l’artiste est complet, marqué par l’association des genres dont il use à foison. Son travail congru est en phase avec notre contexte sociétal, son assise pleinement confirmée, et ses ambitions confondues à ses aspirations. Alors, comme nous n’avions pas encore eu l’audace de lui consacrer un portrait pour élucider le pourquoi du comment de son parcours, voilà que la sortie de son nouvel album Ultrasocial Pop nous donne un « prétexte » en or.

RAFTSIDE GENESIS

ARTISTE MUSICAL

Pour commencer par le commencement, il s’agit de résumer deux décennies Raftside, ce projet que Markiewicz décrit comme « une sorte d’espace d’expérimentation de poche ». En 20 ans, il aura enregistré autour de six albums, et à chaque fois « une expérience complètement différente, mais aussi souvent liée aux arts visuels de près ou de loin ». Depuis le début de ses études en 2001, il compose et enregistre constamment de la musique, pour sortir, en trois ans, une dizaine d’albums sur CD-R, « je les distribuais dans les bars, les vernissages, un peu partout, ça me permettait d’avoir un peu d’argent de poche ». Au début, ses influences venaient beaucoup du songwriting new-yorkais, puis la musique électronique et le post rock sont devenus ses grandes sources d'inspiration. Mais ce qui l’a toujours le plus intéressé, c’est la production, l’arrangement, jusqu’à passer des nuits entières à trouver le bon son, la bonne mélodie. « La composition d’un morceau se monte de manière similaire à un film, sauf qu’il y a les différentes couches en musique qui, elles, font penser à la peinture. »

En 2004, pour la sortie de son premier album Antistar, il disait à la journaliste Josée Hansen, alors logée au Lëtzebuerger Land, « Underground, moi ? Certainement pas ! Je veux faire de la bonne pop, devenir célèbre, comme tous les musiciens. Et passer un jour sur MTV ! » En bon anti-thésard, il brouillait déjà les pistes entre la teneur de sa musique et les ambitions qu’il porte.

Ainsi, pour Raftside, il se dit inspiré par le rock alternatif, le pop art, d’une forme d’art-rock, d’une sorte d’attitude post-punk, et du mouvement Dada du début du XXe siècle, précurseur de ce qu’est devenu le mouvement Punk, avec cette idée de l’underground et du DIY qu’il apprécie tout particulièrement, dans l’art en général, « essayer de faire tout soi-même. Bien sûr c’est plus simple de payer quelqu’un, mais la musique et l’art c’est tellement personnel et vital pour moi, qu’il y a ce plaisir de chercher et parfois trouver des solutions ». 8

Alors, avec la reprise de son projet et la sortie de son dernier disque Ultrasocial Pop, il renoue fidèlement aux aspirations développées sur ses premiers disques, « je me suis dit qu’il fallait que je sois libre comme à mes débuts, Ultrasocial Pop ne va sans doute pas plaire à la masse mais je trouve que c’est l’album qui me représente le mieux. Et je suis très content parce que l’album sort sur le label berlinois Grzegorzki Records, et c’est mieux qu’MTV ». En 2007, sort Opinion Lieder en collaboration avec le batteur Antoine Lejeune, et Markiewicz refonte Raftside en live, comme un groupe de rock, pour occuper de nombreuses scènes européennes. Le Raftside d’aujourd’hui est un retour au processus en solo, et à cette dimension « groupe » pour le live, et présentement, pour ce Ultrasocial Pop, Markiewicz travaille la scène avec le batteur berlinois Lars Neugebauer, et le percussionniste N.U. Unruh du groupe Einstürzende Neubauten. « J’aime échanger avec d’autres musiciens ou acteurs en live, ça provoque une expérience unique, et la musique c’est avant toute chose un moyen de communication et d’échange ».


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