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HIVER-PRINTEMPS 2022
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RESI ST ( E) I I I M A L I À N Î M E S
COUP DE COEUR - Leslie SEARLES
CECI N’EST PAS UNE PHOTO #4 SYNTHETICA par Seb JARNOT
CITÉ ÉDUCATIVE – QUARTIERS D’ÉTÉ CUBA SI 64 par Una LIUTKUS
SOMMAIRE SOMMAIRE AGENDA AGENDA RESIST(E) III MALI................................................................. 4 à 19
RESIST(E) III MALI
Abdou DIALLO - Traces....................................................... 5
Direction artistique Fatoumata DIABATÉ et Patrice LOUBON
Amadou KEITA – Soloma Niâgâ.................................... 6 à 7
RESIST(E) III MALI (collective) avec Amsatou DIALLO, Amadou KEITA, Moise TOGO, Fatoma COULIBALY, Collectif Les Femmes Fortes : Fanta DIARRA, Salimata SOGODOGO, Oumou DIARRA, Fatoumata TRAORÉ, Oumou TRAORÉ Du 29 novembre 2021 au 31 janvier 2022 Du lundi au vendredi de 13h à 18h ou sur rdv au 0671080816 à la Galerie NegPos FotoLoft 1, cours Nemausus 30000 Nîmes
Aboubacar TRAORÉ - Démocrature et Inch’Allah............. 8 Amsatou DIALLO – Refuge de femmes.............................. 9 Arnaud ROLLAND – Itinéraire improbable....................... 10 Bintou CAMARA – La chambre de la liberté.................... 11 Fatoma COULIBALY – Ferme les yeux pour mieux voir.. 12 Fatoumata DIABATÉ – MiroirVide20................................. 13 Collectif FEMMES FORTES – Femmes et couleurs........ 14 à 15
John KALAPO – Trans-identités......................................... 16 Kani SISSOKO – Affliction.................................................. 17 Moise TOGO – Vidéos....................................................... 18 Seydou CAMARA – Koniosso............................................ 19 Ceci n’est pas une photo #4 SYNTHETICA par Seb JARNOT........................................ 20 à 24 CUBA SI 64 par Una Liutkus............................................ 26 à 29 Quartiers d’été - La cité éducative.....................................30 à 34 Coup de cœur Leslie SEARLES par Patric Clanet...................................... 36 à 38 FOTOLIMO #6 – Les frontières intérieures....................... 39 à 42
RESIST(E) III MALI (collective) avec Bintou CAMARA, Seydou CAMARA, Fatoumata DIABATÉ, Arnaud ROLLAND, Kani SISSOKO et John KALAPO Du 1er décembre 2021 au 31 janvier 2022, du lundi au vendredi de 12h30 à 17h FDE ESPE 62, rue Vincent Faïta 30000 Nîmes T : 0466628484 DÉMOCRATURE et INCH’ALLAH par Aboubacar TRAORÉ Du 29 novembre 2021 au 31 janvier 2022 du lundi au vendredi de 8h à 18h À l’IFME - Institut de Formation aux Métiers Éducatifs 2117, Chemin Bachas, Nîmes. Tél : 04 66 68 99 60 http://www.ifme.fr TRACES par Abdou DIALLO Du 30 nov. 2021 au 31 janv. 2022 du lundi au vendredi de 9h à 12h30 / 14h à 17h30 Au CAUE du Gard, 29 rue Charlemagne 30000 Nîmes T : 04 66 36 10 60 https://www.les-caue-occitanie.fr/gard LE STUDIO PHOTO DE LA RUE par Fatoumata DIABATÉ Du 29 novembre 2021 au 31 janvier 2022 du lundi au samedi, sur rdv au 0622786972 Au MakerSpace NegPos 34, promenade Newton 30900 Nîmes T : 0985199443 https://makerspace.negpos.fr Toutes les expositions sont visibles du 30 novembre 2021 au 31 janvier 2022. Certains lieux seront néanmoins fermés entre le 20/12/2021 et le 03/01/2022, en raisons des fêtes de fin d’année, veuillez appeler pour vérifier. Ceci n’est pas une photo #4 SYNTHETICA par Seb JARNOT Du 4 février au 25 mars 2022 du lundi au vendredi de 13h à 18h ou sur rdv au 0671080816 Galerie NegPos FotoLoft 1, cours Nemausus 30000 Nîmes. CUBA SI 64 par Una LIUTKUS Du 1er avril au 10 mai 2022 du lundi au vendredi de 13h à 18h ou sur rdv au 0671080816 Galerie NegPos FotoLoft 1, cours Nemausus 30000 Nîmes.
éQUIPE NEGPOS Directeur et fondateur de la publication : Patrice Loubon Rubrique Coup de coeur : Patric Clanet Mise en page revue Fotoloft : Vanessa Landeta Webmasters : Joël Bothorel et Erick Soyer
Chargée de développement revue en ligne :
Kamila Ishmish Formation impression 3D / Maker : Gauthier Quercia Médiation culturelle et communication : Marie-Lou Tuquet, Taïana Mercier et Ibtissam Haouch
Galerie Fotoloft NegPos :
1, cours Nemausus, Nîmes - T : 0975209589 Ouvert du lundi au vendredi de 11h à 19h, samedi sur rendez-vous
Animation et Médiation culturelle Valdegour quartier ouest : Fabrice Tosatti et Imane Shimi
negpos.fr - contact@negpos.fr - T : 0975209589 - M : 0671080816 La revue fotoloft est éditée par l’association NegPos qui bénéficie du soutien de :
Remerciements : L’association NegPos remercie particulièrement tou·te·s les bénévoles engagé.e.s auprès de nos actions ainsi que les personnes qui participent gracieusement à l’accueil des artistes. Photographie de couverture : copyright Abdou DIALLO (Mali) série Traces.
édito édito S
uite et fin ! RESIST(E) III Spécial MALI va enfin inaugurer avec un an de retard sur l’agenda et quelques préfigurations printanières... Merci encore à la galerie Aux Docks d’Arles d’avoir accueilli en mai dernier et au 100ecs rue de Charenton à Paris en juin, la première partie de cette inédite programmation concoctée avec Fatoumata Diabaté et quelques 16 autres invité.e.s. Privilège est à présent donné aux Nîmois de découvrir l’intégralité de ces merveilles du Mali. Fidèle à notre politique de diffusion, la programmation des expositions est disséminée dans toute la ville dans des lieux accessibles à tous les publics. L’organisation de médiations, de visites de groupes gratuites est possible et l’équipe de NegPos se tiendra prête à vous accompagner dans cette démarche. N’hésitez pas à nous contacter. Mais avant le grand saut vers l’inconnu de l’année qui vient (que vat-il encore se passer !?), après un hiver passé dans la douceur d’un printemps photographique aux accents du fleuve Niger (!) Nous nous installerons dans un 2022 inespéré... en effet, 2022 sera une année très spéciale pour nous, NegPos fêtera ces 25 ans d’existence, un quart de siècle de vie et d’images ! Jamais pour ceux qui l’ont connu au début, cette expérience n’a été pensé pour demeurer et produire un tel enracinement. En premier, il y a eu la mémoire, cette fonction intrinsèquement liée à la photographie et qui telle une longue « carotte », nous enfonçons dans le sol de cette ville à la recherche de son identité/diversité véritable. En deuxième est venue l’éducation populaire et ce désir de transmettre qui ne nous a jamais quitté, qui n’a jamais faibli. En troisième, l’extérieur s’est invité à l’intérieur et vis et versa, sous les travestissements d’images d’autres mondes englobant d’autres réalités. « Agis dans ton lieu, pense avec le monde ! » Combien ces mots d’Edouard Glissant sont en tout point parfaits pour évoquer la relation de NegPos à son contexte. Ceux qui nous connaissent et qui ont peuplé cette aventure au long cours, tous les compagnons de route, présents ou disparus, savent que si nous avons survécu c’est par cette capacité à habiter le monde, qu’il soit proche ou lointain. En tout cas, préparez vous à une année incandescente, où la lumière et l’ombre règleront leur compte sur la place publique à coup d’expositions et de rencontres, de témoignages et de moments de partage. Retrouvons, pour commencer l’année 2022 en fanfare, les chemins exploratoires qui font de notre jeunesse un âge sans nulle autre pareil, chocs visuels et initiations sensorielles avec Seb Jarnot et ses photo-collages qui vous feront grimper aux rideaux ! Poursuivons avec les perspectives historiques émoustillantes d’Una Liutkus qui sonnent aujourd’hui à vrai dire comme un double naufrage, où une révolution et de sulfureuses Lolitas s’accoquinent pour finir dans un registre tragique et consternant. Puis viendront bien d’autres surprises... un livre aussi, une inoubliable fête d’anniversaire, comme il se doit ! La vie est courte dit-on, alors profitons du moment et réjouissons nous d’une évolution notable de la relation de la majorité municipale à notre projet qui pourrait bien inscrire une nouvelle étoile dans le ciel de Nîmes, un Centre d’art photographique d’intérêt national par exemple...
CENTRE D’ART PHOTOGRAPHIQUE EXPOSITION - AIDE À LA CRÉATION - RÉSIDENCES D’ARTISTES FORMATIONS - ÉDITIONS - ÉDUCATION À L’IMAGE ET PAR L’IMAGE @negpos.photographie
negposphotographie
www.negpos.fr
A bientôt où que vous soyez ! Patrice Loubon Fondateur de NegPos
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RESIST(E) III MALI photographie contemporaine du Mali
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près l’Afrique du Sud (2017) et le Mexique (2018), nous voici en route vers le Mali pour la troisième édition de RESIST(E) ! Avec 17 photographes invité.e.s, dont 10 femmes, cette édition s’est révélée un véritable challenge à organiser. Mais revenons sur son origine et sa mise en place... En décembre 2019, Patrice Loubon directeur et fondateur du Centre d’art photographique NegPos (Nîmes) se rend à Bamako pour les 12e Rencontres de la photographie, à l’invitation de la photographe malienne Fatoumata Diabaté, présidente de l’Association des Femmes Photographes du Mali. NegPos y expose quelques artistes de sa galerie aux côtés de ceux que Fatoumata Diabaté a choisi de montrer dans son exposition Parcours. Impressionné par le dynamisme et la créativité des jeunes photographes maliens, Patrice Loubon propose à Fatoumata Diabaté une invitation à plusieurs de ces jeunes artistes. Ils décident alors de s’associer pour proposer une exposition-événement sur cette jeune photographie à Nîmes et à Paris durant l’hiver 2020. En France, la photographie malienne est connue essentiellement à travers deux figures majeures, documentant principalement les années 50-60 : Seydou Keita, photographe de studio (exposé au Grand Palais en 2016) et Malick Sidibé, photographe de studio et photo-reporter (exposé à la Fondation Cartier en 2017). Ces deux artistes ont trouvé une relève dans cette jeune génération, héritière de cette photographie de studio mais qui a su s’ouvrir à d’autres genres, le reportage bien sûr et surtout la mise en scène. Les photographes n’hésitent pas à jouer avec leur image pour se raconter et raconter, de leur point de vue, le monde contemporain. Les thématiques abordées sont vastes et résonnent avec l’actualité. Il est ainsi question d’identité, de traditions, de vie quotidienne ou encore de religion. Dans cette exposition-événement, une place importante est donnée aux femmes photographes (elles sont 10 à être représentées), reflétant ainsi leur engagement croissant dans ce champ artistique au Mali et ailleurs. Reporté à 2021-2022 pour cause de crise sanitaire, l’événement intitulé RESIST(E) III MALI Photographie contemporaine du Mali première manifestation d’envergure consacrée à la création photographique contemporaine malienne, se tiendra entre la fin novembre 2021 et janvier 2022 à Nîmes (Galerie NegPos-FotoLoft, MakerSpace NegPos, IFME, FDE Espé, CAUE du Gard) après avoir à partir de mai 2021 dans le 12e arrondissement à Paris (Le 100 ecs) et à Arles (Galerie Aux Docks D’Arles). Au grand plaisir de partager avec vous cette première ! Anaïs Pachabézian pour NegPos
TRACES photographies d’Abdou DIALLO
Exposition du 30 novembre 2021 au 31 janvier 2022 Du lundi au vendredi de 9h00 à 12h30 / 14h00 à 17h30 Au CAUE du Gard Maison de l’Habitat et de l’Environnement
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elon la tradition, tout comme la religion l’être humain est suivi par deux esprits qui sont chargés de noter tout ce que nous faisons quotidiennement. Ils sont présent partout où nous sommes (les lieux de travail, de cultes, et au lit…) pour faire leurs rapports. Tout ce que nous faisons bien ou mauvais est écrit par ces anges. Cette croyance encourage tous ceux qui adorent cette religion de bien se comporter envers ses prochains. Chacun de nous doit laisser des bonnes traces durant toute la vie. Abdou Diallo
A propos de Traces... Cette exposition, présentée en partenariat avec le Centre d’art et de photographie NEGPOS, propose les œuvres du photographe malien Abdou Diallo sur les rues et intérieurs de Bamako. Elle porte un regard singulier sur la capitale du Mali, nous entraînant dans l’exploration intime de la ville et dans un autre espace-temps.
BIO Abdou Diallo s’inscrit dans la lignée des photographes africains contemporains. Témoin de son époque, il brouille volontairement la frontière entre la photographie d’art et la photographie documentaire. Il interroge les lieux et leur interrelation avec les habitants. Les « silhouettes-fantômes » qu’il met en scène évoquent à la fois l’univers fantasmagorique de Bamako et ses espaces du quotidien. HIVER-PRINTEMPS 2022
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SOLOMA NIâGâ photographies d’Amadou KEITA
Exposition du 27 novembre 2021 au 31 janvier 2022 Du lundi au vendredi de 13h à 18h ou sur rdv au 0671080816 À la Galerie NegPos FotoLoft
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’est un évènement rituel ancestral qui retrace le passage des jeunes adolescents à l’âge de responsabilité. Dans la société Manding (Mali) cette cérémonie de la jeunesse se pratique dans plusieurs localités du pays. Son nom peut changer en fonction des localités et des ethnies. Dans la région de Kayes (première région administrative du Mali, au nord-ouest de Bamako), les communes des ressortissants d’immigrés Maliens, l’évènement prend une dimension particulière. Dans le passé la pratique donnait tous les honneurs à la jeunesse, aux nouveaux initiés. Selon la tradition et les coutumes Soloma Niâgâ est la seule opportunité qui donne droit à un garçon majeur (18-21 ans) de se marier et de sortir de son contexte rural. Aujourd’hui compte tenue de l’envie de partir, les jeunes sont initiés très jeunes (13-17 ans), les cérémonies regroupent entre 20 à 200 garçons selon les villages et les communes, l’évènement a changé ses objectifs et ses valeurs sociétales.
BIO Photographe autodidacte, né à Bamako dans une famille passionnée de la photographie. Bamako dans une famille passionnée par la photographie. C’est de là, que très jeune, il tire son intérêt pour cet art. Il se forme le regard en accomplissant reportages d’évènements socioculturels de la ville. Il est capable de traiter de sujets compléments différents. Ses rencontres avec les professionnels étrangers et les formations qu’il reçoit l’attire vers la photographie créative. Les Rencontres Africaines de la Photographie de Bamako ont joué un rôle important dans l’évolution de sa démarche photographique. En 1990, il créé l’un des plus beaux studios photographique couleur en plein cœur de Bamako à Niaréla. En 2006, Amadou créé avec ses collègues le Collectif des photojournalistes-artistes au Mali, ils utilisent la photographie comme outil d’expression et de développement. De 2003 à nos jours Amadou Keita a exposé au Mali et dans d’autres pays. Il décède à Bamako en septembre 2021.
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DEMOCRATURE + INCH’ALLAH photographies d’Aboubacar TRAORÉ
Exposition du 27 novembre 2021 au 31 janvier 2022 Du lundi au vendredi de 8h à 18h À l’IFME - Institut de Formation aux Métiers Éducatifs
A propos de Démocrature En réfléchissant sur le parcours politique de l’Afrique, j’en arrive à la conclusion que notre entrée dans cette ère tant attendue qu’on a appelée ‘’démocratie’’ était en réalité, un leurre, une illusion. Le voyage douloureux de la dictature à la démocratie a abouti aujourd’hui à ce train monstrueux qui nous conduit vers des lendemains incertains avec tous ses travers qui handicapent le développement : omniprésence du pouvoir, excès de pouvoir, soif du pouvoir et violence pour y accéder... Ainsi, de la démocratie, nous sommes maintenant en pleine démocrature où les dirigeants sont les premiers terroristes de leurs propres peuples.
A propos de INCH’ALLAH... Inch’Allah est une transcription francophone de l’expression arabe qui signifie « si Dieu le veut ». La religion musulmane est une religion abrahamique fondée sur les dogmes du Coran, recueil de la parole d’Allah révélée au prophète Mahomet. Islam signifie soumission à Dieu. L’Islam, c’est donc croire en un Dieu Unique, croire qu’Il est Le Créateur de toute chose : l’Homme et de toute la création autour de lui.
BIO Né à Kadiolo en 1982, photographe malien (Sikasso). C’est dans un contexte difficile où il a dû se battre pour exister qu’il découvre la photographie, d’abord en tant que sujet lorsqu’il se rendait une fois par an, lors de la fête annuelle de Tabaski pour avoir une photo de luimême. Après ses études au lycée, il entre au CFP (Centre de Formation en Photographie) en 2011 où il apprend le métier. Aujourd’hui, il utilise la photographie comme moyen d’expression pour dénoncer les inégalités sociales et aussi comme moyens de création et de combat. Son engagement dans la photographie est motivé par la volonté de raconter la vie de son pays : les vendeuses ambulantes, le transport urbain, la pêche traditionnelle, l’orpaillage, les déchets, la politique et l’obscurantisme religieux, etc... Dans le futur, il envisage de fonder un centre de formation dans lequel il pourrait partager son savoir, faire naître l’espoir dans le cœur de jeunes issus de quartiers pauvre de la ville de Bamako.
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Refuge de Femmes
photographies d’Amsatou DIALLO
Exposition du 27 novembre 2021 au 31 janvier 2022 Du lundi au vendredi de 13h à 18h ou sur rdv au 0671080816 À la Galerie NegPos FotoLoft
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u cours de multiples voyages du Mali vers les pays voisins, Amsatou Diallo se voit attirée par les lieux de culte où elle remarque la présence abondante de femmes. Ces voyages marquent le début de la création de Refuge de Femmes, une série de photocollages agençant des couleurs symboliques et des images de femmes en tenue religieuse, superposés sur des photographies de cathédrales et de mosquées emblématiques. Diallo masque et révèle les traits distinctifs des visages de ces femmes pour suggérer que leur individualité est souvent sacrifiée au profit des attentes religieuses. Son utilisation de couleurs neutres et de teintes de rouge évoque les tensions que vivent les femmes, inhibées par le pardon qu’on attend d’elles, leur allégeance religieuse et sociale, et leur libre arbitre.
BIO Née en 1982 à Ségou, Amsatou Diallo vit et travaille à Bamako (Mali). Elle débute en 2005 comme assistante d’un photographe français avant d’intégrer le Centre de Formation en Photographie de Bamako. Elle est présidente et fondatrice de l’association des femmes photographes du Mali (AFPM) : cela en dit long sur la détermination des femmes de ce pays à se positionner, tant dans le domaine de l’art que dans la lutte contre la discrimination. Elle a participé à plusieurs expositions, notamment au festival « Voie OFF » à Paris. Amsatou Diallo a réalisé des reportages pour des structures comme UNICEF, le GIZ, l’ambassade d’Allemagne au Mali, l’association pour la culture africaine en Belgique, mais aussi des festivals tels que le « Festival sur le Niger » à Ségou. En 2007, Elle a été sélectionnée pour présenter le Mali à la résidence de Casamance pour le « Bougout de Baïlla » au Sénégal, le travail a été exposé en off des Dak’arts 2008.
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Du Mandé au Morvan, improbable itinéraire photographies d’Arnaud ROLLAND
Exposition du 27 novembre 2021 au 31 janvier 2022 Du lundi au vendredi de 8h à 19h30 À la Faculté d’éducation site de Nîmes
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ne histoire d’immigration entre le Mali et la France. Un travail qui convoque la figure mouvante du photographe arpenteur à la quête de destins singuliers. Un travail de photographie introspective, d’expressions de l’intime, regard d’un photographe sur les siens et sur la façon dont s’inscrit sa propre existence à l’intérieur du cadre. Rien au départ ne laissait entrevoir la possibilité de ce travail. Il aura fallu au hasard d’un interminable voyage au Mali, un aléa de la météo, une scène d’hivernage un vendredi pluvieux de septembre 2008 à Bamako, pour que celui qui parle rencontre celle qu’il photographie depuis et qu’il montre aujourd’hui. Rien ne rapprochait à priori ces deux personnages sauf peut-être la curiosité pour l’autre. Récit en détails, en personnes et en fêlures, bribes arrachées au réel d’un itinéraire improbable qui mènera une jeune femme, Fatoumata, des rues de Bamako aux couloirs du métro, des monts du Mandé aux monts du Morvan du Mali à Maisons-Alfort. Entre incompréhensions et injonctions à « s’intégrer » , à la sortie du métro, point d’eldorado ! Par delà le Sahara et la Méditerranée, environnements différents, tourments identiques, exploitation, sexisme, racisme.
BIO Photographe franco-malien né en 1971, vit et travaille entre Paris et Bamako. Les bancs de l’EFET, les classes à l’agence RAPHO, puis : routes, pistes, chemins, rencontres, les yeux grands ouverts, l’errance, la rage en bandoulière ! J’ai été formé sur le terrain des prises de vues institutionnelles, ou «corporate», terrain sur lequel j’exerce depuis. Fondateur en 2017 de la CIE NOIR COULEUR. Je suis un photographe de coups d’oeil qui fait sienne cette réplique de Chris Marker : « la photographie, c’est l’instinct de chasse sans l’envie de tuer. On traque, on vise, on tire, au lieu d’un ange, on fait un éternel ». Je travaille avec intuition, plutôt que de manière conceptuelle, en donnant moins d’importance à la trame narrative qu’au langage photographique, que je veux à la fois militant, critique et esthétique. Quand certains travaillent avec leurs obsessions, moi je me laisse surprendre cherchant à dialoguer avec le hasard. Après tout, je n’ai jamais photographié que ce qui était sur mon chemin ou, ceux qui étaient sur mon chemin.
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La chambre de la liberté photographies de Bintou CAMARA
Exposition du 27 novembre 2021 au 31 janvier 2022 Du lundi au vendredi de 8h à 19h30 À la Faculté d’éducation site de Nîmes
La chambre de la liberté
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a crise qu’a connue le Mali a provoqué une déstabilisation politico militaire caractérisée par la prise des trois villes du Nord par des mouvements djihadistes. Cet avènement instaura un Islam pur et dur privant les filles et les femmes de leur liberté, brisant du coup leur soif d’émancipation qui s’exprimait à travers les regroupements féminins. Ainsi les femmes et les jeunes filles étaient sujets à des humiliations de tous genres comme relaté dans la presse nationale et internationale. Face à cette barbarie moyenâgeuse le présent projet veut témoigner que pour les jeunes filles de Gao, Tombouctou ou Kidal, la chambre est devenue alors un espace de liberté. En effet, c’est dans la chambre que les amies se retrouvaient pour exprimer leur ras le bol en dévoilant leur corps. Les visages sont voilés pour dire que le pouvoir des djihadistes n’est pas loin. Le jour où le soleil de liberté va éclater dans toute sa dimension je les photographierai à visage découvert !
BIO Née en 1983, lauréate du Prix « Visa pour la création » en 2011, Bintou Camara sillonne les capitales africaines afin de fixer dans son appareil « Les chinois d ‘Afrique » pour son projet qui sera finalisée par une exposition internationale. En 2012, Bintou est en résidence photo a bordeaux dans le cadre d ‘un projet mené en collaboration avec MC2A, Migration culturelle Aquitaine Afrique. C‘est ainsi que Bintou réalise une série de travaux sur le monde de la vigne, exposés au Château de Pujols et au Labo Révélateur de Bordeaux. En Mai 2013, elle commence un travail dans son quartier à Bamako sur les mutations et les migrations des populations rurales dans un contexte urbain.
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Fermer les yeux pour mieux voir photographies de Fatoma COULIBALY (alias Bakoo)
Exposition du 27 novembre 2021 au 31 janvier 2022 Du lundi au vendredi de 13h à 18h ou sur rdv au 0671080816 À la Galerie NegPos FotoLoft
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l est courant chez les artistes que le processus de création soit aussi important à leurs yeux que le résultat de celui-ci. C’est ce chemin intellectuel que j’ai choisi de mettre en lumière à travers ces images. L’idée, la foi, le retranchement, la douleur et l’espoir sont autant d’états intrinsèquement liés au processus créatif. Au mien, et à celui de ceux que je photographie. Ici, un jeune rappeur de Bamako. Comme le jazz le fut à l’époque de la Beat Generation, le rap est aujourd’hui le porte-étendard de multiples revendications libertaires. Revendications coulant au fil du rythme, du « beat ». La culture hip-hop occupe une place majeure dans le quotidien actuel et donne une voix à la crise identitaire qui frappe la jeunesse africaine. Le rap est devenu un outil militant duquel s’empare l’ensemble des membres des sociétés contemporaines : hommes, femmes, chômeurs, travailleurs, bourgeois, classes populaires, jeunes et moins jeunes… Perdue dans le flot, le flux d’informations, notre jeunesse pratique l’isolement, seul état permettant une réflexion profonde qui, parfois, au terme d’un long processus de création et de pensée, émerge en musique, en images, en gestes : « l’œuvre d’art comme l’expression d’un monologue intérieur ». Il est parfois nécessaire de fermer les yeux pour mieux voir.
BIO Bakoo né en 1992 dans la région de Ségou. Après avoir eu le DEF dans son village natale, il s’installe à Bamako pour suivre des études au lycée ; mais le destin le pousse vers la photographie. Sa grande soeur le recommande comme assistant d’un photographe du nom de « Photo Zou ». Depuis 2016 il est membre de « Yamarou Photo vestibule de la photographie d’art ». En 2018, il participe à un atelier du photographe français Philippe Guionie qui abouti à une exposition collective à l’Institut Français de Bamako. En 2019, il suit un atelier photo sous la direction de la fameuse Francoise Huguier. Tout récemment, il rejoint le projet « Invisible Borders » d’Emeka Okereke (Niger) lors de la biennale de Bamako. 12
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MiroirVide20
photographies de Fatoumata DIABATÉ
Exposition du 27 novembre 2021 au 31 janvier 2022 Du lundi au vendredi de 8h à 19h30 À la Faculté d’éducation site de Nîmes
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n cette période de crise sanitaire, je me suis sentie comme une missionnaire investie d’une tâche particulière: remplir un miroir vide. Ce sentiment m’a renvoyée à moi-même et m’a poussée à entreprendre des recherches. J’ai donc commencé à scruter de façon frénétique, jours et nuits, ce qui se jouait ici et là autour de moi : ce que les autres faisaient ailleurs, comment ils remplissaient leurs journées, comment ils accueillaient psychologiquement ces moments reclus que nous n’aurions jamais soupçonné vivre un jour. Grâce aux réseaux sociaux je découvrais comment les gens, les familles, s’adaptaient à cette crise qui nous déstabilisait tous, et à l’échelle de toute une planète. Je m’en imprégnais, à longueur de journée. J’ai voulu montrer, témoigner de toutes ces choses que je voyais. L’ingéniosité, voire la folie créative qui s’emparaient de certains pour faire face au Coronavirus m’ont beaucoup impressionnée, et plus précisément dans ce rapport entretenu par chacun avec un nouvel objet de nos quotidiens, le masque de protection contre le virus. Nous avons tous été appelés en mars 2020 à faire face à un corps inconnu. Etant confinée comme tous, cette expérience à la fois intime et quasi-universelle, m’a permis de penser et de concevoir une série de portraits avec les différents moyens qui étaient à ma disposition à ce moment-là. À l’image des incroyables trésors d’inventivité déployés par d’autres, je concevais à mon tour des photographies pour pallier un manque. Elles devenaient chez moi des sortes d’exutoires aux craintes et aux peurs. Des objets du quotidien pris ça et là, des tonneaux, des strings, des chaussettes, des boîtes vides de lingettes, des bidons d’eau usagés, des végétaux… tous devenaient masques, chacun à leur manière, pour respecter les gestes barrières.
Dieu est grand
BIO Photographe malienne née en 1980 (Bamako). En 2002, elle est l’une des premières à intégrer le Cadre de Promotion pour la Formation en Photographie de Bamako (CFP) qui vise à professionnaliser les photographes maliens. Repérée pour sa motivation et son talent, elle y reste deux ans. Elle complète ensuite sa formation en Suisse au Centre d’enseignement professionnel de Vevey, puis revient au CFP de Bamako où elle devient assistante technique de 2007 à 2009. Elle participe à plusieurs expositions collectives et individuelles et obtient plusieurs récompenses, notamment le Prix Afrique en création de l’Association Française d’Action Artistique (AFAA) obtenu en 2005 lors des Rencontres africaines de la photographie à Bamako pour son œuvre Touaregs, en gestes et en mouvements. Elle a également réalisé des reportages pour World Press Photo, Oxfam ou encore Rolex. Aujourd’hui reconnue internationalement, comme portraitiste et photographe social, son travail se focalise principalement sur les femmes et les jeunes générations. Elle est aussi l’initiatrice du «Studio Photo de la Rue» qu’elle installe dans les lieux festifs, avec décors et accessoires.
L’astronome
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Le Collectif LES FEMMES FORTES Femmes et couleurS
Exposition du 27 novembre 2021 au 31 janvier 2022 Du lundi au vendredi de 13h à 18h ou sur rdv au 0671080816 À la Galerie NegPos FotoLoft
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lles sont cinq. Elles s’appellent Fanta Diarra, Oumou Diarra, Salimata Sogodogo, Fatoumata Traoré et Oumou Traoré. S’inspirant du thème des Rencontres de Bamako, Biennale africaine de la photographie, édition 2019, ‘’Courants de conscience’’, qui invitait les professionnels de l’image à nous faire surfer sur les vagues de leurs imaginations, ces jeunes femmes ont décidé de nous faire visiter la féminité, chacune à sa manière. ‘’Femmes et couleurs’’ est donc une approche artistique du lien subtil volontaire ou inconscient entretenu entre la femme et la couleur. Les images vont d’un hyper réalisme fascinant à un symbolisme intrigant qui flirte avec le surréalisme. Des images où chaque femme exprime une angoisse, un émerveillement, une transfiguration ou une mystification. Toujours estil que le Collectif Femmes Fortes, nous propose un voyage ponctué d’accidents de significations, à travers des images conceptuelles sublimes ou parfois l’art photographique visite la peinture pour donner des photos-aquarelles. Si après ce parcours photographique, vous persistez à croire que la femme n’est pas mystère... MINGA S. Siddick
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Trans-identités
photographies de John KALAPO
Exposition du 27 novembre 2021 au 31 janvier 2022 Du lundi au vendredi de 8h à 19h30 À la Faculté d’éducation site de Nîmes
L
e mépris, le rejet, l’anathème, est-ce la solution face à celui qui est différent de moi ?
S’il est communément accepté que tout ce qui est contre-nature est anormal, il faut cependant se rendre à l’évidence que tout ce qui est jugé anormal ne défie pas toujours le naturel ! N’est-il pas établi qu’il y a exception à toute chose et que c’est cela qui fait la règle ? Sans chercher à faire l’apologie de quoi que ce soit dans ce travail, John Kalapo veut avec son œil d’artiste et sa vision de simple citoyen, présenter la communauté qu’on appelle au Mali les Zaa « travestis », désignés aussi plus communément comme « transgenres », et inviter au débat sur la place publique, sans tabou. L’artiste nous exhorte à plus d’indulgence dans la différence.
BIO Né en 1983 à Bamako au Mali, comptable de formation. En 2010, il s’inscrit au Centre de Formation en photographie (CFP) de Bamako où il suit une formation en photographie conceptuelle-créative et d’art. Après plusieurs années d’activité suite à une bourse de la Foundation-Tierney Awards en 2015 il poursuit une formation en photographie documentaire dans l’une des plus prestigieuses écoles d’art photographique, le Market Photo Workshop à Johannesburg. Il a effectué des voyages de reportage photo pour plusieurs ONG : Swiss- Contact, One Word, Spana UK, Water-Aid, CTA-agricole, Union Européenne, PAECIS, Caritas-Suisse, et des sociétés telles que SafranFrance, la société Jumbo-Mali, Sama Transport Mali/Cote d’ivoire, Eagles EYE, ainsi que les agences de presse comme l’ AFP, EPA, GETTY. Il a aussi participé à des ateliers photos et des expositions collectives au Mali, Afrique, et en France. John Kalapo a travaillé sur le projet des archives de la photographie malienne, pour conservation, numérisation et archivage de l’héritage de célèbres photographes africains : Malick Sidibé, Abderrahmane Sakaly, Tijane Sitou, Adama Kouyate, Mamadou Cisse et Félix Diallo. Geek et Président : pour l’association Donkosira qui a pour but : de collecter et diffuser les savoirs locaux et les cultures régionales en Afrique de l’ouest par les nouvelles technologies de l‘information. Promouvoir et à mettre en lumière le patrimoine culturel régional en Afrique de l’ouest.
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AFFLICTION
photographies de Kani SISSOKO
Exposition du 27 novembre 2021 au 31 janvier 2022 Du lundi au vendredi de 8h à 19h30 À la Faculté d’éducation site de Nîmes
K
ani Sissoko centre sa série Affliction sur les rituels religieux africains couramment appelés la «magie noire» connus pour leur utilisation de la cosmologie, du symbolisme et de l’art. Souvent pratiqués dans les bois, ces rituels, où les animaux, les arbres et le sang jouent un rôle, sont supposés délivrer les pratiquants de leurs maux. Ces composantes mystiques sont présentes dans les sous-cultures maliennes et font fréquemment partie de la vie quotidienne. Dans l’élaboration de sa série, Sissoko découvre une similitude entre les marques laissées sur les écorces des arbres lors de divers rituels et les blessures subies par les femmes et les filles à la suite de violences sexuelles. Affliction est une évocation de la femme Malienne et de la douleur qu’elle cherche à conjurer par le mysticisme. Sissoko invite les femmes à confronter la dure réalité de leur douleur commune – non seulement en défiant les rituels de maltraitance mais aussi les rituels mystiques impuissants à enrayer le cycle de violence.
BIO Née en 1988 à Bamako. Kani SISSOKO est une photographe Malienne diplômée de l’Institut National des Arts. Lors d’un stage au musée national du Mali, elle découvre l’art de la photographie puis s’initie à la prise de vue. Ses réalisations sont entre autres : documentation du musée national du Mali (réalisation des photos des objets arts du Musée pour un meilleur classement des œuvres). Sur le plan personnel, elle a eu à réaliser quatre séries sur la photographie d’art à travers lesquelles elle évoquait les faits des sociétés et des choses qui la racontent (Racine, Affliction, Folie nocturne et Impact). Elle a réalisé des photoreportages pour certaines ONG telles que MALIFOLKCENTER, ZANBAL (ONG Française) et KILABO (ONG Canadienne). Photojournaliste lors d’un atelier à Bamako organisé par la Coopération Suisse au Mali (Réalisation d’une série sur « l’or de la décharge ». Depuis 2015, elle expose régulièrement notamment lors des rencontres de Bamako off, durant la quinzaine de la photographie au Bénin, au festival des femmes à Houlgate (France) « Les femmes s’exposent », au Festival Panafricain de la Photographie d’Art d’Abidjan et enfin au Festival sur le fleuve Niger « Segou’Art 2020» au Mali. Elle a assuré également des ateliers de formation auprès de jeunes sur le thème du journalisme et de la photographie. Grace à son travail, elle souhaite informer et former. Elle a décroché les prix qui sont entre autres : • Mars 2019, Mention spéciale du Jury du LCC Programme au Maroc • Janvier 2019, 1er prix de l’inter biennale du Mali • Décembre 2017, prix de la Fondation Blanchère dans le cadre de l’exposition à « l’Est de Bamako » • Prix Djandjo 2016 (pour la meilleure création-innovation)
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Sommeil + Sacrée étape + La vie vidéos de Moise TOGO
Exposition du 27 novembre 2021 au 31 janvier 2022 Du lundi au vendredi de 13h à 18h ou sur rdv au 0671080816 À la Galerie NegPos FotoLoft
Sommeil Sommeil est un film qui consiste à évoquer cette partie de l’humain différente du corps qui se met en mouvement et qui provoque le rêve. Tout le monde rêve, même ceux qui sont désespérés dans la vie, des malades mentales ou même les fous. Ainsi avoir un rêve et rêver font deux. Le rêve est généralement fondé sur nos souhaits, désirs et peurs. Sacrée étape Ce film évoque l’incompatibilité, la compatibilité, la polygamie, la monogamie, le divorce et le célibat et sans doute bien d’autres formes d’unions survenues dans ce monde dit moderne. La vie Ce film illustre les trois positions dans lesquelles nous pouvons nous retrouver dans la classification sociale. Une vie peut être commencée dans l’abondance et finir dans la pauvreté. Ainsi, dans chaque position, nous avons trois cas, il nous montre comment les choses peuvent changer.
BIO Né en 1990 à Mopti au Mali. Passionné par l’art depuis son très jeune âge, il a commencé ses études universitaires en 2009-2010 à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques, ensuite ses ambitions artistiques l’amènent au conservatoire de Bamako - Mali. Cette formation au conservatoire était un moyen pour lui de dévoiler son talent d’artiste et d’apprendre auprès des artistes professionnels. Après 5 ans d’études au conservatoire donc, Moïse Togo est détenteur d’un master II en multimédia et depuis lors il évolue dans le domaine des multimédia. De nos jours, boursier du gouvernement français à travers le prix Bakary Diallo du Fresnoy studio national des arts contemporains.
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KONIOSSO photographies de Seydou CAMARA
Exposition du 27 novembre 2021 au 31 janvier 2022 Du lundi au vendredi de 13h à 18h ou sur rdv au 0671080816 À la Galerie NegPos FotoLoft
A
madou H Ba dans Njeddo Dewal dit : « certes, la coutume des Peuls rouges veut que les septes premières nuits de noce se passent dans la maison des beau parents et je comprends que mes oncles veuillent respecter la tradition, mais je doute fort que tout cela se termine très bien ». Dans la société malienne, après la cérémonie de mariage, les mariés séjournent de trois jours à une semaine dans une chambre nuptiale qu’on appelle en Bambara (Koniosso). Cette chambre est considérée comme le premier lieu de rencontre, de complicité et d’amour si le couple s’aime, ou de haine à jamais, de force sans précédent, de la honte pour toute la vie, scène de viol, de violence et d’éducation, d’au revoir entre la mariée et ses camarades, un lieu de festin, une compétition, une épreuve douloureuse pour la mariée, et un tribunal partiel qui ne juge que cette pauvre fille ! Est-elle vierge ? Tous les proches des mariés sont à l’écoute de cette réponse. Combien de filles et de mères cette réponse a-t-elle fait souffrir ? La honte, la peur ont poussé des mamans à se donner la mort. La chambre est préparée par les sœurs du marié, surveillée par une vieille femme sage, assistée par une petite fille. Cette femme s’occupe de la mariée pendant cette période. Cette épreuve douloureuse commence après un rituel qu’on appelle chez nous «lavage du pied». Un cortège dirige la mariée dans cette chambre où se trouve déjà le mari avec ses amis. Les amis du mari restent à la porte à l’écoute. Dès que le mari touche sa femme, il donne un signal à ses amis, qui à leur tour font une sommation pour annoncer le début d’une union. Et le matin, les belles mères viennent s’assurer de la virginité, en récupérant l’étoffe blanche tachée par le sang. Si la réponse est positive c’est une satisfaction et la mariée aura des cadeaux. Dans le cas contraire, c’est une honte pour les familles et la nouvelle mariée et sa mère sont indexées et bannies à jamais.
BIO Né en 1983 à Ségou. Depuis son enfance, il nourrit une passion pour l’image. C’est ainsi qu’après sa licence en Droit privé à l’Université de Bamako, il a préféré s’inscrire en 2007 au Centre de Formation en photographie (CFP) de Bamako. Il a par ailleurs effectué des voyages de prises de vue avec des professeurs suisses et français, accompagnés des élèves de l’école suisse (C.E.P.V). Il a aussi participé à des ateliers photo et des expositions collectives et individuelles en Afrique (Mozambique, Zimbabwe, Sénégal.…), ainsi qu’en France, en Italie, et aux USA. Il vient d’exposer à Athènes à Documenta 14, après avoir été retenu pour la 11ième Biennale des Rencontres Africaines de Photographe de Bamako en novembre 2015, sélectionné également lors de la 8ième édition pour son travail sur les personnes Albinos. Depuis, il est sollicité par des ONG, des organisations internationales (HCR, Handicap international PNUD..), des journaux internationaux (Le Monde, Libération, IS One World ...) pour ses reportages. Ses images ont été publiées dans beaucoup de catalogue et de magazines comme l’Insensé et la plus récente, Aperture. Aujourd’hui, il forme beaucoup de jeunes en photographie dans toutes les régions du Mali. Et ses œuvres sont collectionnées par l’un des plus grands musés des Etats-Unis. Il fait partie des fondateurs du Collectif de photographes maliens « Collectif d’image Conceptuelle » et de « Yamarou –Photo ». Enfin Seydou est consultant photo dans une ONG américaine « i 4 for Africa ».
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Ceci n’est pas une photo #4 « SYNTHETICA » par Seb JARNOT
À
la découverte du travail de Seb Jarnot, artiste nîmois qui, bien que non-photographe, travaille la photo à sa façon. L’expo SYNTHETICA* nous plonge dans des mondes entre rêve et réalité où se côtoient le sensuel et la mystique. * Synthetica vient de synthétique : adjectif, qui se rapporte à la synthèse. Être ou chose qui rassemble, réunit en soi des éléments d’origines diverses.
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« J’écoute les accidents » Comme tous les enfants, j’ai commencé à dessiner très tôt. À une différence près, je n’ai jamais cessé car l’image en général me passionne et m’absorbe depuis mon plus jeune âge. Vers 12 ou 13 ans, j’ai récupéré par hasard une importante collection du magazine « Photo » datant des années 70 à 80. Cette pile de magazines s’est transformée en une sorte de bible, ou une fenêtre ouverte sur un monde inconnu du jeune provincial
que j’étais. Les images étaient puissantes : reportage sur le milieu gay des 70’s à NYC, archives sanglantes de la PJ, photos érotiques... J’y ai aussi découvert le travail des grands noms de l’époque : Helmut Newton, Richard Avedon, Mary Ellen Mark, Joel-Peter Witkin, Larry Clark, Kishin Shinoyama et tant d’autres… La variété des photos de cette revue a contribué à construire mon univers, où le beau et le laid se croisent en une même fascination. Ce magazine a forgé mon regard. Il me servait
de modèle pour dessiner. Depuis, j’ai conservé le gout des revus vintage. Un autre déclic eut lieu vers 2008, lorsque j’ai croisé le travail de l’artiste américain Dash Snow, digne descendant de la contreculture américaine, décédé à 28 ans d’une OD en 2009. Il était photographe mais aussi et surtout collagiste. Son approche sauvage de la pratique m’a fasciné, ainsi que son esthétique à la fois brute et intime. C’est à cette période que j’ai réalisé mon premier collage. Comme pour le dessin, mon travail de collage ne s’embarrasse pas de concept. Je suis plutôt en quête de perceptions, d’ambiances, de sensations, de subliminal où le non-dit est roi.
Je n’aime pas créer des images explicites ou directes, je préfère le flou, le questionnement et la désorientation. J’aime aussi cacher les choses. Un morceau de photo entièrement recouvert par d’autres par exemple. Il existe, même invisible, et continue à hanter l’image. J’aime à croire que, bien que seul à le savoir, les autres en perçoivent encore la trace. J’ai une vision assez mystique du collage. Quand je travaille, je suis guidé par la sensibilité, la synchronicité et l’amour de la chose imprimée, de préférence post années 90, car l’impression, les couleurs et le papier n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Je commence un collage par l’association de
deux ou trois images (ou morceaux d’images) qui crée chez moi une sorte de prémonition émotive. Ensuite, passée cette intuition, le processus peut être assez long avant d’obtenir l’image finale. N’ayant pas de projet précis ou un concept créatif fixe, j’écoute les accidents, je me perd dans les couleurs et les trames, puis souvent je trouve… ailleurs. Il y a aussi la musique. Elle tient une place centrale dans mon univers créatif. C’est certainement ma principale influence. J’y puise les notions de rythme, de silence, de bruit, de profondeur, d’écho, de superposition, etc. et les applique à l’image. Lorsque je réalise un collage, je me sens comme un compositeur visuel.
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BIO Artiste, portraitiste, illustrateur, Seb a commencé sa carrière en réalisant des pochettes de disque pour le label parisien F Communications (Laurent Garnier, St Germain, Llorca etc…), ce qui lui a rapidement donné un éclairage international. Depuis, son style mêlant énergie et sensibilité lui a permis de travailler dans des domaines très variés tels que la presse, la pub, l’édition et la musique toujours. En parallèle de ses commandes, il développe un travail plus personnel et expérimental à travers le dessin et le collage principalement. Il expose régulièrement, participe à des projets collectifs et co-anime l’émission musicale Obscura Data avec Alex Viltard sur la webradio Rayvox. Seb vit et travaille à Nîmes. https://www.sebjarnot.com https://www.instagram.com/seb_jarnot https://www.rayvox.org/radioshow-obscura-data/
Dernières expositions : 2021 Tranchée Racine @ La Halle St Pierre, Paris. Expo collective. 2020 Les Crocs Électriques @ Galerie Arts Factory, Paris. Expo collective. 2019 Exhib @ Trou Noir, Nîmes. Expo solo. 2019 Age of Collage 2 @ Feinkunst Krüger, Hambourg. Expo collective. 2015 Strange Cities @ OCC, Athènes. Expo collective.
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Création : Direction de la Communication - Ville de Nîmes - novembre 2021
par Una Liutkus
Exposition du 1er avril au 10 mai 2022 Du lundi au vendredi de 13h à 18h ou sur rdv au 0671080816 À la Galerie NegPos FotoLoft
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CUBA SI 64 !
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na Liutkus ouvre ses archives photographiques et présente pour la première fois entre septembre et août passés, à la galerie aux Docks d’Arles, CUBA SI 64 ! son témoignage des premières années de la révolution cubaine. Sa deuxième présentation a tout naturellement lieu à NegPos, coproducteur de la dite exposition en mars-avril 2022. Cette ensemble photographique inédit d’Una Liutkus est volontairement limité à son voyage en 1964 à la découverte de Cuba où Fidel Castro apparaît alors comme une figure de la liberté et de la lutte anti-impérialiste. L’été 1964 est l’occasion pour l’auteur d’un séjour de découverte de la révolution cubaine avec un groupe d’étudiants, où l’on rencontre des personnalités comme Bernard Kouchner, Michel Fennetaux, Michel Remacle (alors dirigeants de l’Union des étudiants communistes UEC). La vie de chacun d’entre eux sera bouleversée par cette belle aventure ! Ils croisent le mythique Fidel Castro et ses compagnons et partagent nombre de rencontres avec lui. Una Liutkus réalise avec un matériel amateur et sans prétention artistique de nombreuses photographies durant ce séjour : de la vie quotidienne à La Havane à une partie de pêche en mer avec Fidel. Il saisit des fragments de leur historique séjour à Cuba. Mais il n’est pas un paparazzi. Fidel Castro le regarde dans les yeux et on voit bien qu’aucune photo n’est volée. De même ses amies de Nice, les soeurs Evelyne et Marie France Pisier, Jean-Pierre Osenda, Bernard Kouchner et les autres membres du groupe savent qu’Una les photographie. Les Cubains aussi. Il réussit à capter l’essence d’un pays, l’émotion et l’enthousiasme d’un peuple uni dans cette lutte. Una Liutkus est français, d’origine lituanienne mais aussi cubain de coeur ! Après ce premier voyage, il est retourné travailler à Cuba où il s’est marié et y a vécu quatre ans. Rentré en France fin 1970, après plusieurs années chez Delta Voyages, en avril 1984 il créé à Paris et dirige jusqu’à sa retraite le Tour opérateur Havanatour qui a lancé le tourisme vers Cuba. Marie Lelièvre Commissariat de l’exposition : Patrice Loubon.
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NegPos dans les quartiers Quartiers d’été - La cité éducative
LES FORTUNES DU NEMAUSUS
Réalisées par Nicolas Havette et quarante participants. Fresques dessinées & photographies Atelier dans le cadre des Quartiers d’été du 19 au 24 juillet 2021 Exposition du 29 octobre au 19 novembre 2021 FORTUNES qu’est ce que c’est ? FORTUNES c’est parce qu’on a toujours voulu dessiner sur les murs FORTUNES c’est la poésie qui fait un pas de deux avec la photographie FORTUNES ce sont nos arrangements inconscients, nos rêves organiques FORTUNES ce sont les mots qui invitent le dessin et les lignes qui se carapatent avec leurs sens FORTUNES c’est du dessin, de la photographie, de la performance, ou rien du tout... ou encore tout ce que vous voulez FORTUNES c’est nous, ce sont nos histoires croisées, nos mémoires étoilées C’est à travers une forme hybride à la croisée de la performance, de la photographie et du dessin que Nicolas Havette réalise son travail intitulé FORTUNES, en hommage à Robert Desnos : « si j’arrive à avoir la même liberté avec les images que Desnos en a eu avec les mots alors j’aurais réussi à créer un langage (f)utile ». Adepte de l’irréalisme, mouvement en cours qui reste entièrement à définir, Nicolas Havette réalise un travail de construction et d’exploration d’un nouveau système de perspective. Après la perspective euclidienne, persane, ou encore cavalière, en adéquation avec les forces en action depuis le début du XXIe siècle, il met en place une perspective participative, que les lumières n’auraient finalement pas renié… Nicolas Havette réalise en quelque sorte un travail d’anthropologue à travers la création collective d’une oeuvre plastique. Il amène à créer des représentations complexes du territoire vu et dessiné par ses propres habitants.
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e MakerSpace NegPos Le MakerSpace NegPos espace de proximité et de création situé à Valdegour ZUP Nord de Nîmes est un lieu équipé de trois laboratoires formant une chaine technologique allant de la photographie argentique à la 3D en passant par la post-production numérique. Il comprend aussi un espace d’exposition où sont présentées des travaux d’artistes nationaux et internationaux. Ce projet a pu construire en quelques années depuis 2018, une dynamique forte centrée autour de la pratique photographique et de nouvelles technologies utilisant la 3D. Fréquenté par les enfants (garçons et filles de 9-16 ans) de la barre Newton, le lieu a proposé durant l’été 2021 tous les jours de 15h à 19h des ateliers de découvertes autour de ces pratiques. Les Cités éducatives Ces ateliers ont intégré pour la deuxième année consécutive « Les Cités éducatives » dispositif lancé par l’Etat au printemps-été 2018, dans le cadre de la co-construction de la feuille de route gouvernementale pour la politique de la ville, il a d’abord été porté par un groupe de travail national au ministère de la Cohésion des territoires et par le rapport Borloo, avant que le Gouvernement ne décide de son essaimage dans une soixantaine de grands quartiers sans mixité, avec des moyens dédiés, le 18 juillet 2018. Il consiste en une meilleure coordination des dispositifs déjà existants afin de parvenir à des « Territoires à haute qualité éducative ».
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L’équipe Fabien Dupoux, intervenant et formateur photographie argentique et numérique. Gauthier Quercia, intervenant 3D. Patrice Loubon, coordinateur salarié, intervenant photographie argentique et montage numérique. Fabrice Tosatti, animateur-médiateur salarié, PEC. Service civique, stagiaires, assistantes : Imane Shimi, Juliette et Chaïma. Partenaires : association Fil d’or, Centre de loisirs les Milles Couleurs, Passages de l’image. Les ateliers Nos ateliers ont totalisé entre juillet et août la participation de 78 enfants et jeunes des quartiers de Pissevin et Valdegour : pratique et expérimentation de la photographie argentique (sténopé, photogrammes) et numérique (multiexpositions), du studio photo (fond vert et détourages), ainsi que de l’impression 3D, sorties à vocation d’éducation culturelle et artistique, visites d’expositions de photographies à Nîmes (galerie NegPos FotoLoft, Halle aux bestiaux de l’ancien Marché Gare), durant les Rencontres d’Arles, des participations à des ateliers (danse et dessin, photographie et dessin) au Némausus (Route d’Arles, Nîmes). Afin de créer un lien fort entre les enfants et la « photographie d’auteur » des rencontres et lectures de portfolio ont permis aux enfants de découvrir différents univers artistiques racontés par les artistes eux-mêmes. Ainsi une deuxième sortie à Arles (le 11/08) a permis aux enfants de rencontrer Jean-Christian Bourcart à la Fondation Manuel Rivera Ortiz et au sein même du Makerspace avec le professionnel intervenant en août Fabien Dupoux. Dans ce cadre, a été organisée le jeudi 19/08 une sortie à Montpellier au Pavillon populaire afin de découvrir l’exposition de photographies aériennes « Eaux troublées » d’Edward Burtynsky et une nouvelle fois (le 25/08) aux Rencontres de la photographie d’Arles pour voir les portraits des nord-coréens de Stéphane Gladieu.
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Coup de cœur par Patric Clanet
« Quién inicia este inciendo ? » « Qui a mis le feu ? » photographies de Leslie SEARLES
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« On ne voit que ce qu’on a appris à voir » Philippe DESCOLA
Leslie SEARLES est une artiste photographe péruvienne engagée. Dans sa série « Qui a mis le feu ? » elle nous livre des images saisissantes prises au fil de ses missions humanitaires et déambulations qui interrogent ses racines amérindiennes au plus près des laisséspour-compte qui en sont les dignes héritiers. Images totémiques qui révèlent la perte de la connaturalité dynamique qui existait entre les humains et leur milieu. Une approche esthétique inclusive dont Nicolas Bourriaud nous précise : « qu’elle appelle à un apprentissage du regard, enfin décentrée, enfin replacé dans un univers plurivoque incluant les nonhumains ». La photographe sait à merveille retranscrire par son geste artistique ce temps « suspendu » que nous vivons. Cette période de perte de repères – qui s’exprime à sa manière aux quatre coins du monde – qu’il nous faut traverser si voulons recomposer la société, et nos imaginaires, après la crise de la Covid 19 qui a servi de révélateur pour à mettre à jour des plaies plus profondes engendrées par les effets conjugués de l’anthropocène et du capitalocène. L’ange est en feu, il bat des ailes et il nous alerte. Ange dénonciateur. Du fin fond de la forêt amazonienne ou des contrées rurales de Cuba il nous ouvre les yeux sur un monde en décomposition pour mieux le décrire mais aussi pour nous aider à le sauver. Il déplore le délitement des « compositions des mondes » dont l’animisme dans cette région du monde en était l’un des piliers. Il suggère de nous retourner en priorité vers nos racines, au plus profond de nos cultures ancestrales, afin de recomposer nos croyances et les nouveaux modes de vies qui en découleront. Ange rédempteur. Il nous offre un corpus d’images d’une beauté fulgurante et nous dit qu’il y a peutêtre quelque chose à faire par l’art, et avec l’art, pour répondre à cette crise de la sensibilité au vivant et retisser du lien. Il nous souffle à l’oreille que pour essayer de penser les mondes que nous voulons recomposer les images peuvent nous y aider et l’art peut être une clef pour le façonner. Ange déchu, compañero. Par le biais de son double regard d’artiste et de militante humaniste Leslie SEARLES s’incarne en cet ange qui agite ses ailes flamboyantes. Elle suspend le temps, elle nous questionne et essaye de trouver des issues salvatrices : « Qui a mis le feu ? »
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FOTOLIMO
FOTOLIMO #6
C
haque année depuis maintenant 6 ans le Festival FOTOLIMO décline la question des frontières comme un long chapelet sans fin.
Cette année, loin de l’agitation du monde et des mouvements de populations en exil, FOTOLIMO propose d’explorer le dedans de nos êtres et de fouiller cette surface sensible à la recherche de nos peurs, de nos angoisses ou de nos obssessions. LES FRONTIÈRES DE L’INTERIEUR La frontière, mot polysémique par excellence, est le leitmotiv du festival FOTOLIMO. La façon dont nous l’appréhendons révèle bien souvent notre conception du monde, de sa géopolitique, mais aussi de notre humanité. « Très vite, j’eus l’intuition qu’en fuyant le handicap, on s’isole. Il est là, il faut l’accueillir comme un cinquième membre, composer avec lui. » Éloge de la faiblesse - Alexandre Jollien Alexandre Jollien parle de s’accueillir soi-même dans sa propre différence, mais aussi d’accueillir les autres dans leurs singularités. Dans un monde normatif, la différence, l’écart à lanormalité est vite un handicap, une limitation, une restriction à la vie en société. Devant les déclamations d’égalité des droits et des chances, ceux qui vivent cette différence comprennent vite que la logique du handicap se constitue à partir des conséquences de la vie en société non des causes. Les
frontières se construisent, parfois insidieusement, avec l’étranger, l’autre, l’inutile, le différend, le déficient. Mais sans l’altérité nous dépérissons. Nous avons besoin des autres. Les autres ont besoin de nous. La différence est bien souvent le lieu de la création, le lieu du sensible. « La blessure est l’endroit où la lumière entre en vous » dit le poète Djalâl ad-Dîn Rûmî. Cette frontière entre le normé et l’anormal devient le lieu de l’expérience, cette fluctuation des possibles, cette continuité de notre humanité. Une frontière à explorer, un ailleurs à reconnaitre. En parallèle à l’épicentre introspectif du Festival FOTOLIMO toujours basé entre Cerbère et Portbou, des expositions se délocalisent avec pour la 1ère fois une « collective » à Barcelone chez nos nouveaux partenaires de la Leialtat Santsenca. Genre, Sexe et Transgressions, 3 mots qui rassemblent 10 photographes qui abordent chacun selon sa façon, leurs limites. Autre invité d’importance est John Kalapo du Mali qui est venu en 2020 entre Nîmes et Montpellier observer et documenter sur comment le confinement se déroulait pour une des parties les plus fragiles de nos sociétés occidentales : les SDF. Une manière de retourner le regard misérabiliste des occidentaux sur l’Afrique vers leur propre malaise. Invitée d’honneur de cette édition, l’une de plus grandes figures de l’art, du cinéma documentaire et de la photographie Mexicaine, Lourdes Grobet a pu présenter son exemplaire travail, film et photographies au sujet du Détroit de Bering, des problématiques et des populations qui y vivent.
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La Lleialtat Santsenca © Lluc Miralles
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CRÉDITS Le Festival FOTOLIMO #6 Les frontières intérieures a été organisé en 2021 par les associations NegPos (30), Lumière d’encre (66) et Aladeriva (Catalogne) avec le soutien du Conseil Départemental des Pyrénées Orientales, de la région Occitanie, de la DRAC Occitanie / Pyrénées-Méditerrannée, de la Generalitat de Catalunya, de l’Eurorégion Pyrénées-Méditerranée. Il s’est tenu du 17 au 26 septembre 2021 et a inauguré le vendredi 17 septembre 2021 à 19h00.
Équipe : Direction artistique : Claude Belime et Patrice Loubon Coordination générale et communication : Neus Sola Coordination technique et développeur web : David Del Campo Chargé du développement scientifique : Patric Clanet Production et coordination du bénévolat : Alex Wix Régie Technique : Jean Georget
Remerciements spéciaux / Agradecimientos especiales : Javier Rubio et Irene Yera (CPIFP Los Enlaces, Zaragoza), M et Mme Espers de l’Hôtel La Vigie (Cerbère), Jean-Charles Sin, Guillaume Sin et Jean-Michel Blanc de l’Hôtel Le Belvédère du Rayon vert (Cerbère). Tou.te.s les bénévoles engagé.e.s auprès de nos actions. FotoLimo 23 Avenue Général de Gaulle, 66290 Cerbère T : 0975209589 - M : 0671080816
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