ÉDITÉ PAR STEVE BOUCHARD PAR STEVE BOUCHARD
Quelle place pour l’hydrogène? Le Canada peut devenir un chef de file dans le développement d’une économie de l’hydrogène. Et le Québec est dans une position exceptionnelle en matière d’électrification du transport des marchandises. Le gouvernement fédéral a annoncé des plans ambitieux pour développer une économie de l’hydrogène au Canada, et le camionnage pourrait jouer un rôle important à la fois dans son développement et en tant que consommateur. En décembre, le gouvernement fédéral a publié la Stratégie relative à l’hydrogène, un document de 141 pages décrivant les possibilités de devenir un acteur dominant dans la nouvelle économie mondiale de l’hydrogène. Le Canada fait déjà partie des 10 plus grands producteurs d’hydrogène au monde et abrite Ballard Power Systems, un fournisseur mondial de piles à combustible. Le programme albertain Zero Emissions Truck Electrification Collaboration
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TRANSPORT ROUTIER
(AZETEC) mettra deux camions alimentés à l’hydrogène sur la route plus tard cette année afin de tester la technologie dans des utilisations en situations réelles, en tirant des poids bruts de 63 500 kg avec Trimac et Bison Transport. Le déploiement des camions devait commencer l’année dernière, mais la pandémie de Covid-19 a retardé le projet. Et le Québec est sur le point d’accueillir le plus grand électrolyseur à membrane échangeuse de protons produisant de l’hydrogène au monde. Mais, en même temps, il y a des obstacles à surmonter, notamment une aversion croissante pour les pipelines, un manque de véhicules prêts pour le marché et un concurrent peu coûteux, efficace et familier : le diesel.
Pipelines virtuels Même si le camionnage tarde à se développer en tant que consommateur d’hydrogène, ce carburant suscite déjà un intérêt croissant en tant que source d’énergie propre dans d’autres utilisations. Et les camions joueront un rôle essentiel dans le transport de l’hydrogène de son lieu de production à l’endroit où il est nécessaire. Récemment, Quantum Fuel Systems a annoncé un accord pour fournir à la gazière Certarus les premières remorques-citernes virtuelles de type 4 en Amérique du Nord pour le transport de l’hydrogène. Une citerne de type 4 est construite en fibre de carbone et possède une doublure intérieure en polyamide ou polyéthylène pour offrir une résistance élevée et un faible
poids. Le réservoir est logé dans un conteneur d’expédition outre-mer de 40 pieds. La remorque a déjà été approuvée pour le transport de l’hydrogène par Transports Canada et le DOT américain et, bien qu’elle ait été modifiée pour la composition moléculaire spécifique de l’hydrogène, «elle va ressembler à ce que nous avons sur le terrain aujourd’hui», de dire Steve Tolke, vice-président, pipeline virtuel chez Quantum Fuel Systems. Le transport routier d’hydrogène nécessitera une production proche de la consommation afin de réduire les coûts. L’hydrogène peut aussi être envoyé par pipeline, mais cela comporte ses propres défis. Bruce Winchester, directeur général de l’Alliance canadienne pour les véhicules au gaz naturel (ACVGN), indique que l’hydrogène peut circuler via les gazoducs existants et être extrait à destination. Mais ce n’est pas idéal, à cause des frais d’extraction. «Si cela prend de l’ampleur, nous verrons probablement apparaître des pipelines et l’hydrogène côtoyer le gaz naturel», a-t-il expliqué. «Nous devons surmonter cette histoire de pipeline», a récemment déclaré Maggie Hanna, membre de l’Energy