LB n° : EXPLICITE/

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Page - Sexe, art et nourriture, les aliments les plus chauds de ta région - Poésie d’accroche - L’art et la fesse Horoscope : les astres sex’plicitent

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Page - Le choix de la rédac’ : quel est votre livre classique le plus osé - Interview du Club Photo de l’Ecole

Page - Les Folles histoires de Papa Ours : meutres, sexe et vengeance - Et si cette oeuvre n’était pas explicite ... - Roman graphique Crédits photographiques

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2 f SOMMAIRE f Page 3 - Edito Page 4 - à toi, Désir Page 5 - Ceci est un article explicitement inutile Page 8 - La Photo, «Explicite» ? Réponse en évènements

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Et éclot en moi cette pulsion animale : un désir, oui, mais royal !

Liberté adorée d’imaginer les frissons que tu peux procurer.

Intense, bref, coup d’un soir, coup de cœur, Comme tu es riche de formes et de couleurs.

Envie, attirance, bouillonnement, tentation, X peut devenir la réalisation de ces intenses vibrations.

À TOI, DÉSIR

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Passion souvent révélée, ardeur secrète elle peut demeurer.

Intériorisé ou consommé, union tactile ou impossible idylle, Telle une flamme qui vacille, pour toi, je vrille.

Et pourtant, as-tu seulement deviné, cher lecteur, que nous sommes déjà tous les deux à 127 mots ? A un dixième du voyage ? Que tu as déjà lu un peu plus de 10% de ce petit article inutile mais mignon, qui pointe le bout de son nez sans savoir pourquoi ? Les mots emportent, le courant est trop fort, et tu te laisses bercer. Hé oui, voici un article pour RIEN, un article gratuit, un article totalement sans sens ni direction, mais qui est juste heureux d’exister et de t’adresser un amical bonjour, une chaleureuse petite poignée de mains dans une presse où tout est rationalisé, et où chaque petite place, même la plus minuscule, est dévolue à une brève, une image, une source, une toute petite info de bas de page… Voici l’avè nement du rien total, qui ne cherche pas de justification, mais qui aime juste bien l’idée de ne parler que de vide, explicitement, d’être un article qui s’amuse un peu, qui se balade, qui se perd, qui ne tient pas d’autre fil d’Ariane que celui de son bon plaisir. Un article pour permettre aux caractères typographiques de se détendre, de s’étirer au soleil, de faire la grasse matinée très tranquillement, un article comme du sable dans les chaussures, que l’on garde pour se rappeler les jours de soleil, par pur plaisir inutile, par gratuité, par miséricorde envers la poussière. Un article de vacances pour ces heures d’automne et de rentrée, somme toute. Un article vide et fier de l’être.

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Ceci est un article inutile. Ceci est un article tout simplement vide. Ceci est un genre de ballon de baudruche, plein de vide, plein d’hélium, mais qui a la prétention de vouloir retenir ton attention quelques instants, cher lecteur. Je fais le pari, sous tes yeux ébahis, que tu vas tenir la lecture de ces mille mots. Je te devine, de l’autre côté du papier, rire en ton for intérieur, arguer que l’on ne t’y prendra pas, que mille mots c’est long, que les yeux se fatiguent et que les textes privés de sens agacent (ah, ce plaisir de l’allitération gratuite).

Ceci est un article explicitement inutile Éloge du rien

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Pardon pour ces petites parenthèses incongrues, j’affectionne particulièrement la digression encadrée de ( et de ), un jour je sais que j’écrirai la plus longue du monde. Mais, comme dirait Kipling, ceci est une autre histoire. Revenons plutôt à nos moutons, à notre sujet, à l’acmé de l’incroyable, j’ai nommé… rien. Le rien intersidéral. Et là, cher lecteur, désolée de décevoir ainsi tes prétentions, désolée de briser ton rêve de toute-puissance littéraire, mais je dois t’informer que nous avons actuellement franchi la barre des cinq cents mots sans que tu l’aies peut-être remarqué. Déjà. Je vois mes doigts défiler et frapper les touches, je vois le compteur de mots Word en orgasme, en train de s’affoler comme un petit cœur qui bat, quoi, non, déjà, comment cela est-il possible, six cents mots ? Six cents mots pour rien ? Lecteur, je ne sais, qui de toi ou de moi, est le plus surpris. L’exploit prend forme sous tes yeux ébahis. Un article de vide, un pauvre ballon de baudruche bien gonflé que, depuis tout à l’heure, tu ne lâches pas des yeux, est en train de prendre son envol. Un article pour rien, et tous ces caractères déjà, tous ces petits mots accrochés à la page inutiles, qui se bronzent au soleil de ton regard, avant de s’atteler à un sujet plus sérieux.

L’astérisque m’informe à l’instant même qu’elle a envie de se reposer un peu de son emploi pointilleux de petite note que personne ne lit, elle est fatiguée de ne pas se faire respecter et me de mande donc la permission de se reposer un peu dans mon article, pas en indice mais en caractère à part entière. Viens, ma petite belle,

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Après tout, le pain est meilleur avec des petites bulles de vide, des petites bulles d’air qui clapotent dans la chaleur du four. Un journal, nourriture de l’esprit, est donc forcément meilleur s’il a ses petits blancs, ses petits vides, ses petites respirations ponctuées d’inutilité totale, ses petits riens intersidéraux intercalés entre ses colonnes de textes tutélaires et ses illustrations (l’analogie vaut ce qu’elle vaut, un peu d’indulgence ô lecteur, voici que les cloches dans le lointain sonnent soudainement midi, et mon estomac en berne malaxe sa vide tristesse (je vais arrêter là la synchyse par peur de te perdre dans un dédale méandreux de parenthèses partant en thèses)).

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Marie Vuillemin

voilà un petit nid pour toi au milieu de tout ce vide, au cœur du ballon de baudruche, pour t’envoler un peu : *. Lecteur, si tu voyais ce que je vois. Et les mots, les mots qui défilent avec toujours cette vélocité incroyable, je crois que nous approchons doucement du... ET C’EST PRESQUE LE BUT ! Huit cent six mots. J’en perds le latin que je n’ai jamais eu, c’est trop beau pour être vrai, c’est trop beau pour être vide. Mon article prend forme, mon article s’étale sur la page comme le Nutella sur mon pain : j’ai beau appeler ma raison au secours, rien n’y fait, elle constate l’œuvre qui se bâtit, la lorgne du bout de l’œil, ne sait pas trop quoi faire de ce qui défie à ce point ses lois. Un petit bout de rien suspendu aux basques d’un journal, un petit bout de rien qui s’étire inlassablement, un tout petit bout de rien qui touche les étoiles.Jesouris quelque peu à la pensée que le rien, le vide absolu, enrobe les objets astronomiques, enrobe notre belle petite planète bleue. J’ai tissé un article avec les fils du cosmos, avec des envolées lyriques assez malheureuses que tu veilleras à me pardonner, cher lecteur, mais qui font tout le sel de l’exercice. Je sens mon estomac, tout plein de rien lui aussi, crier famine de manière de plus en plus explicite, je te laisse donc ici, lecteur attentif, et clos ce petit exercice de style sur mon tendre millième mot.

La Photo, “Explicite” ? Réponse en événements

La BNF propose, intramuros, une expo photo de plus d’une cen taine de tirages de Joseph Koudelka. Du Maroc à la Turquie, en pas sant par la Sicile et la Grèce, la série Ruines offre le regard du pho tographe sur ces sites millénaires des cultures gréco-romaines. Une bonne façon d’observer ces espaces mystérieux dont les significations nous échappent parfois encore. Plus qu’un mois et demi pour aller réviser devant ces beaux panoramas !

Kyotographies 2020 : “Vision”

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“Entre ces deux photos, il y a tout un roman, même si il n’y a que quelques instants.” Installation de l’exposition temporaire au quai Branly “A toi appartient le regard et … la liaison infinie entre les choses”

La photo a la réputation d’être un art explicite par excellence, encore plus aujourd’hui à l’heure de la communication massive, mais est-ce véritablement aussi simple ? N’y a-t-il pas tout autant de mys tère dans les photos ? Après tout, qui n’a jamais retrouvé une vieille photo dans un album de famille sans pouvoir la comprendre, ni l’exAlorspliquer.la photo, toujours si claire ? Une réponse en 5 événements, Pour vous faire voyager un peu malgré le mauvais temps.

Le festival kyotoïte articule sa dernière édition autour du thème de la “vision”. De quoi confronter quelques regards autour de ce thème aussi littéral que fantomatique. Consultables sur leur site, de nombreuses vidéos et photographies explorent les méandres du voir pour le meilleur et le plus surprenant ! Josef Koudelka, Ruines

Ouvert jusqu’à fin septembre, l’expo photo du festival internatio nal perpignanais présentait une sélection des plus beaux sujets photo-journalistiques de l’année. Accessible sur leur site web, la sélection 2020 vous invitera à contempler. Quoi de plus explicite que la photo au service de l’information ? Marc Riboud. Histoires Possibles Après son legs exceptionnel au musée, Guimet organise une rétrospective sur l'œuvre du photographe de l’agence Magnum. Auteur légendaire de “Désinvolture sur la Tour Eiffel” ou “Jeune fille à la Fleur”, l’expo fait redécouvrir la photographie sensible de Marc Riboud. Un peu plus que des objets figés, et une belle poésie de l’image. Glissez-vous dans les salles jusqu’à mars 2021. Noir et blanc, une esthétique de la photographie Une autre exposition de la BNF, hors les murs cette fois, qui revient sur les chefs d’œuvre du noir et blanc. 200 artistes des collections du cabinet des estampes et photographies à travers 300 tirages emblématiques. 2 mois pour aller les regarder de près, du 12 novembre au 4 janvier, direction le Grand Palais. Matteo Vassout 9

Visa pour l’image, 32ème festival du photojournalisme

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Le choix de Quel est votre livre classique Raphaël V : Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Outre que le PAM en moi ne résiste pas à cet auteur déjà très dégourdi de son canon, au demeurant explosif (ndlr : il a fait une brillante carrière militaire dans l’artillerie et est l’inventeur du boulet de canon explosif), cette pièce est assez explicite dans la description des moeurs de la noblesse de l’époque et de son rapport à la sexualité, le tout avec des sous-entendus très fins (ndlr : pas comme ce paragraphe, donc).

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Tyfenn: La théorie des nuages de Stéphane Audeguy. Alors oui, à première vue c’est pas franchement un classique et ça à l’air de parler de nuages (réponse : c’est le cas) mais pas que. On y découvre aussi la sexualité quelque peu non-conformiste d’un couturier japonais, les descriptions loin du politiquement correct de photo graphies de sexes féminins pris dans le monde entier et les ébats d’une bibliothé caire française à la recherche de la vérité sur les nuages. Tout ceci sert à rendre la poésie du nuage et l’effet d’un traumatisme sur la vie d’un individu. Bref, j’ai pleuré.

Lilou: Je rejoins Laureen et Eve : quand il s’agit d’aborder les choses de la chair, les poètes sont d’une grande dextérité. La poésie a cette force d’univer salité et d’intemporalité. Aussi qui ne se retrouve pas dans les vers de Sappho lorsqu’elle soupire durant ses nuits de solitude ou, au contraire, chante ses nuits à deux : “couchée, près de moi, sur un lit moelleux, tu apaisais ta soif”.

Marie : Je m’associe à la team poésie, avec Le Sonnetdu Trou du Cul, composé par Verlaine et Rimbaud.

Flora: La prairie parfumée où s’ébattent les plaisirs par CheikhNefzaoui. En réalité, on espère tous aller dans cette fameuse prairie après la mort.

Oui, cette merveille existe.

Anne : Bel-Ami de Maupassant. Le livre c’est littéralement comment le boug parvient à s’élever dans la société en couchant avec des femmes. Et puis le tout dernier mot du livre c’est “lit” pour rappeler que le mec ne vit qu’à travers le sexe. Rien de plus immoral.

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Jeanne : Le Kamasutra, c’est un chef d’œuvre de “L’Âge d’or de l’Inde classique”, non ? Eve : “Les Paradis artificiels” de Baudelaire, une sortede guide de l’alcool et du haschich au XIX° siècle. Lesportraits de personnes ivres que fait Baudelaire dans cetouvrage sont, selon moi, toujours d’actualité à notre époque.Cela prouve bien que les Hommes ont toujours été des fê-tards n’est-ce-pas ?

Laureen : Un livre non… un poème attirant toute la quintessence de la sensualité crue et exquise, oui ! Seul le Prince des Poètes pouvait relever un tel défi… Bien qu’aumônier du roi, Ronsard n’a pas la langue dans sa poche pour savourer les roses féminines… “Je te salue, Ô merveillette fente / Qui vivement entre ces flancs reluis /Je te salue, Ô bienheureux pertuis / Qui rend ma vie heureusement contente!”... et oui, Les Poètes l’ont si bien dit ! Raphaël P : Les correspondances entre Napoléon et Joséphine. Ce qui font l’Histoire sont aussi de véritables petits coquins ! À en croire cer taines lettres que le jeune Corse a écrit à sa femme, il n’avait pas que des désirs de conquêtes... “Tu sais bien que je n’oublie pas les petites visites ; tu sais bien, la petite forêt noire. Je lui donne mille baisers et j’attends avec impatience le moment d’y être”. Difficile de ne pas y penser une fois aux Invalides….

11 9 9 de la classiquerédac’le plus osé ?

Chloé-Alizée : Comme mes poètes chouchous sont déjà passés (oh, chers Arthur et Charlie <3), parlons plutôt de ce cher Pétrone et de son fabu leux Satyricon… Comment, cela ne vous dit rien ? Voici un avant-goût pas piqué des hannetons : “Enfin survint un travelo en peignoir vert foncé troussé jusqu’à la ceinture, qui tantôt s’empala sur nous en tortillant des fesses, tantôt nous infecta de baisers ignoblements puants, jusqu’à ce que Quartilla, haut troussé et tenant en main une verge de baleine ordonnât qu’on nous tînt quitte de nos misères.”. C’était rigolo, Rome au premier siècle...

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Julie : Moi c’est Julie, je suis aussi en deuxième année, aussi en spé photo. Ce qui m’intéresse le plus dans la photo moi, c’est pas trop la pratique, c’est vraiment l’histoire de la photographie. Mais en même temps, je trouve que c’est compliqué de pouvoir vraiment aborder la photo sans la pratique. Je trouvais ça intéressant justement de créer un club photo pour permettre déjà aux étudiants de la spé photo de tou cher un peu à la photo et de comprendre vraiment comment ça marche.

- Vous avez toutes les deux décidé de lancer le Club ?Lila : On est 4 - 5, un groupe d’amis de spé photo. Moi personnellement je suis arrivée à l’École en me disant « il y aura un club photo » et y’en a pas eu. Du coup j’étais au club ciné pendant un moment parce que les deux médias sont un peu similaires et je me suis dit que c’était l’occa sion de créer un truc pendant ma deuxième année, et pourquoi pas ap

Le Club photo fait ses débuts à l’École du Louvre ! Pour vous aider à mieux connaître le Club et ses projets, nous sommes allés à la ren contre de Lila Niel, sa présidente, et de Julie Hochenedel, sa trésorière...

- Est-ce que vous pouvez vous présenter toutes les deux, qui vous êtes, ce que vous faites ? -

Lila : Moi c’est Lila, je suis présidente du Club photo et je suis en spé photo en deuxième année à l’École du Louvre. Je suis passionnée de photographie, forcé ment, à la base plutôt de la pratique, mais je suis entrée à l’École justement aussi pour la spé qui m’intéressait, et j’aime bien cumuler l’aspect pratique et l’histoire de la photographie, les expositions, les conférences, tout ce qui tourne autour du sujet.

- Et pour l’instant, niveau membres, c’est surtout des élèves de la spécialité photo ?Lila : Il y a un peu de tout.

13 porter un truc que j’aime bien à l’École. Après j’en ai un peu parlé aux gens de la spé, et des amis étaient motivés. On a commencé à essayer d’établir un projet un peu avant le confinement, puis après on a fait les démarches pendant l’été avec le BDE.

On aimerait pouvoir se les échanger, faire des sorties pho

- Donc vous vous retrouvez par exemple une fois par semaine, tous ensemble ?Lila : Pour l’instant on n’en a pas trop l’utilité, en fait.

Julie : Mais on est toujours le même noyau qui a créé le club. Pour l’ins tant on sait pas trop comment ça va fonctionner cette année, ce qu’on va faire, comment on veut un peu organiser le club. Donc on n’a pas fait d’adhésion, on n’a pas non plus demandé aux gens d’être membres du club, en fait, on essaie de porter nous-mêmes des projets et de propo ser aux gens qui sont intéressés des activités. Après on a créé un groupe de discussion pour les gens qui pourraient avoir envie de participer un peu plus activement.

Lila : Ils peuvent écrire des articles, pratiquer la photo ou faire l’expé rience en groupe.

Donc notre objectif ce serait d’organiser d’autres visites d’expos, pour commencer. En plus de ça, hier on a testé entre nous une petite activité qu’on aimerait bien mettre en place une fois par mois, par exemple : se retrouver ensemble avec nos appareils, que ce soit argentique, ou numérique.

Julie : On a déjà organisé une visite d’exposition qui a eu pas mal de succès, toutes les places sont parties en même pas une heure. C’était une exposition sur la temporalité de la photographie dans une galerie du IIIe arrondissement de Paris. La commissaire d’exposition était d’ac cord pour nous la faire visiter et nous l’expliquer.

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Lila : Parce que le club photo n’a pas pour but d’apprendre la photogra phie, c’est absolument pas ce qu’on a envie de faire, c’est vraiment juste partager nos pratiques entre nous, et puis ceux qui veulent se lancer, pour avoir des gens avec qui en discuter et autres. Les sorties photo, ça permettrait aux gens de faire ça, c’est-à-dire que un peu n’importe qui avec un appareil et de la motivation viendrait. Ce serait l’occasion de prendre des photos en petit groupe, sur un thème, donc de cadrer un peu le travail, et puis ensuite de les comparer, lors de cafés-photos. Ça peut permettre d’échanger je sais pas, des procédés, des machins, des techniques. Ceux qui débutent, savoir un peu comment on utilise tel bouton, tel appareil. De changer de style de photos aussi apprendre à faire autre chose que ce qu’on fait tout seul.

tos avec un thème à photographier, se donner des techniques ou des conseils.

Julie : Prochainement, on va faire des sorties photos. Ensuite, on aimerait prendre une salle à l’École pour re grouper tous les membres du club et s’échanger les techniques, faire un atelier question - réponse. Et dans l’idéal essayer de commencer la for mation au laboratoire.

- Concrètement, quels sont vos prochains projets ? Le coronavirus ne va pas trop vous freiner ? -

Lila : Nos plans ont été pas mal ébranlés par le coronavirus. On ignore si on va pouvoir continuer certains événements. Ça coupe aussi le projet de faire des ateliers, il nous faut un espace et pour l’instant ça ne va pas se faire à l’École, peut-être dans des bars ou des cafés ? On voudrait faire quelque chose d’assez convivial. Retrouvez l’intégralité de l’interview sur notre site internet ! Anne Aumont et Aure Lapierre-Renard

Sexe, art et nourriture : les aliments les plus chauds de ta région

entre bouche et plaisir sexuel est clairement énoncé par Proust dans la première partie de Du Côté de Chez Swann appelée Combray : « (…) mais mon ravissement était devant les asperges, trempées d’outremer et de rose et dont l’épi, finement pignoché de mauve et d’azur, se dégrade insensiblement jusqu’au pied – encore souillé pourtant du sol de leur plant – par des irisations qui ne sont pas de la terre. Il me semblait que ces nuances célestes trahissaient les délicieuses créatures qui s’étaient amusées à se métamorphoser en légumes et qui, à travers le déguisement de leur chair comestible et ferme, laissaient apercevoir en ces couleurs naissantes d’aurore, en ces ébauches d’arcen-ciel, en cette extinction de soirs bleus, cette essence précieuse que je reconnais encore quand, toute la nuit qui suivait un dîner où j’en avais mangé, elles jouaient, dans leurs farces poétiques et grossières, comme une féerie de Shakespeare, à chan ger mon pot de chambre en un vase de par fum » (p.166, éditions Le Livre de Poche).

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Comme diraient certains professeurs, l’aliment en soi peut être « séduisant » ou même « savoureux ». Seulement l’esprit humain a tendance à l’associer à des parties du corps dans un jeu de séduction ou pour dire sans dire. Il s’agit d’analogies, et c’est bien le cas quand on dit des seins qu’ils peuvent être en forme de pommes, de poires ou bien d’autres Toutefois,fruits.lelien

Bon, je dis « clairement » mais ce que Proust réussit, c’est de presque décrire un organe sexuel masculin en parlant d’asperges, tout en liant de manière directe sa description à cet organe masculin en parlant d’urine. L’asperge n’est néanmoins pas le seul légume lié à l’homme. En effet, la pratique des emoji a contribué au fait que l’aubergine et la pêche deviennent des symboles sexuels incomparables. Par exemple, lorsque Netflix a cherché à faire la promotion de sa série « Plan Cœur », ce sont ces mêmes emoji qui étaient placardés dans le métro parisien. Le but était donc de surprendre en affichant aux yeux de tous ces symboles (l’aubergine, la pêche, les gouttes d’eau…) que l’on retrouve plus dans des messages plutôt personnels. Comme tout symbole, seuls les initiés (dont vous faites partie maintenant du coup) peuvent comprendre le message. Cette question de compréhension est au cœur de l’association entre aliments et sexe. Néanmoins, évitez de faire comme Elio dans Call me by your name et de prendre au pied de la lettre le message transmis.

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Pour parvenir à faire comprendre qu’il parle de viol, il mêle subtilement le vocabulaire lié à la mer et celui lié à une agression, alors même que ce premier est plus souvent utilisé dans les descriptions d’actes sexuels (consentants), alternant ainsi entre « Pour oublier l’exécrable, sûr et si âcre goût de l’océan » et « Elle est un peu moins fragile que ce que Paulo imagine / Mais du moment qu’elle criait ».

Ces analogies entre nourriture et sexe ne sont pas transmises que par la littérature et le monde télévisuel, elles peuplent aussi le monde musical. Certaines fois, plus finement que d’autres. Lorsque Stromae chante « Moules frites », il ne fait à aucun moment référence à une femme de manière directe, il ne parle que de moules à travers le refrain « Paulo aime les moules frites, sans frites et sans mayo’ ».

Ainsi, il cherche donc à choquer, à faire réagir mais de manière indirecte. Pour certains, il peut même être possible d’écouter la chanson sans prêter attention aux paroles et ne pas comprendre le message porté. D’autres artistes sont beaucoup moins subtils et c’est le cas de Cardi B. Dans sa dernière chanson en duo avec Megan Thee Stallion, « WAP » (littéralement « Wet Ass Pussy »), elle décrit tout une série d’actes sexuels de manière plus ou moins métaphorique comme « I want you to park that big Mack truck / Right in this little garage » ou « Put this pussy right in your face / Swipe your nose like a credit card ». Toutefois, à la fin de la chanson une des méta phores sort un peu du lot, il s’agit de « Macaroni in a pot / That’s some wet ass pussy ». Ici, la chanteuse semble faire référence à un Vine de Mohamad Zoror publié en 2014 où il intervient alors que sa mère mélange des macaronis au fromage dans une casserole en disant « That’s what good pussy sounds like ». Alors oui, ce n’est pas du Proust mais une référence reste une référence. Pour conclure, si vous voulez passer de l’analogie au concret, certains aliments sont connus pour être de plus ou moins puissants aphrodisiaques comme les huîtres, le gingembre, le chocolat, l’asperge (comme on se retrouve) ou le caviar (bon là, il faut prévoir le budget). C’est à vous de voir mais comme on dit « Sortez couverts ! », et non pas « Sors tes couverts ! » (je précise parce que dans le cas présent il peut y avoir confusion). Tyfenn Le Roux 17

Lilou Feuilloley 18

Si la poésie grivoise de Tristan Corbière vous plaît, et pour découvrir plus de Poésie d’accroche

La technique d’approche la plus simple et naturelle consiste à aller sonner chez eux pour demander, que sais-je? Des œufs, du sucre, ou encore des croquettes pour chat (oui parce que depuis ce matin Moustache n’a plus de croquettes et il se laisse dépérir dez l’escalier, ou vous traversez la rue, vous levez votre bras, timidement, vous toquez, prochent, votre cœur s’emballe, vous répétez votre discours dans votre tête. La clenche s’abaisse… Soudain votre crush apparaît! Il ou elle est là, face à vous, en pyjama plus ou moins sexy (après tout qui s’habille encore depuis le confinement?). Votre crush vous observe, se demande ce qui se passe, ce que vous faites là, planté.e devant sa porte. C’est le moment, c’est votre moment. Alors vous vous lancez et… et rien. Rien ne sort. Un silence abyssal, un blanc ivoire. Du coup vous tournez les talons et vous courrez jusqu’à chez vous pour raconter à Moustache comment vous vous êtes ridiculisé.e en quelques rez-vous, Tristan Corbière, lui aussi, a souffert de nombreuses déconvenues avec les femmes (sûrement même bien plus que vous). Heureusement il a laissé derrière lui un pastiche fort original afin que jamais plus vous ne soyez pris au dépourvu. Voici donc

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Que vous soyez en spé Grèce, Étrusque, PAM, Grandes Demeures et j’en passe, ce sujet vous concerne ! Si vous aimez les rondeurs des fesses grecques ou bien la musculature des fesses romaines (et là vous avez TOUS pensé à Marcellus), vous avez déjà pris part, avec vos amis, à ce débat ; car OUI un débat agite l’EDL depuis main tenant de nombreuses années. Les élèves sont partagés en deux camps, les pro-fesses romaines et les pro-fesses grecques. Ces deux camps se déchirent pour savoir quel type de statue a les plus belles fesses. Mais avant tout, il faut se demander : « qu’est-ce qu’un beau fessier ? » Il est impossible de répondre à cette question tant il en existe…

L’art et la fesse Amis des belles fesses, approchez!

Commençons, si vous le voulez bien par la statuaire romaine et par cette iconique statue qu’est celle de Marcellus! Le problème avec Marcellus, c’est comment fixer autre chose que son fessier ? La question est vite répondue, puisque je dois, à mon plus grand désarroi (quel dom mage), ne m’intéresser qu’à ses fesses…

Alors…comment vous dire… ses fesses peuvent être considérées comme la huitième merveille du monde! Le premier mot qui me vient à l’esprit est « rondeur », et quelle rondeur! Si parfaite et si délicate ; comme si le sculpteur s’était amusé à s’inspirer de la rondeur d’un croissant de Lune pour sculpter le fessier bombé de Marcellus. Et justement parlons de cet effet de bombage, cette chute de reins est tout simplement parfaite ; on est ni dans l’excès de la statue d’Othon que je vous invite à aller voir, c’est l’un des premiers Photoshop de l’Histoire, la taille est démesurée, à tout moment ces fesses peuvent exploser (peut-être un ancêtre lointain des Kardashian, allez savoir); ni dans les fesses aplaties d’une statue romaine dont le nom hélas m’échappe (je ne retiens que les statues aux belles fesses), je cite une de mes amies qui m’a accompagné lors de mon en quête de terrain : « il faut faire des squats Madame »….. Non ici on est dans de la fesse parfaitement galbée, dessinée avec magnificence et doigté. On sent que Marcellus a dû avoir du succès auprès de la gente féminine (et peut être aussi masculine qui sait ?) … En même temps qui pourrait résister à un fessier pareil ? Ce sont de véritables « petites brioches qui nous invitent à la caresse » pour reprendre les mots d’une amie (on a les fré quentations qu’on peut…). Il n’a nul pareil dans le monde de la sculpture romaine… La force de ses fesses réside dans cette musculature divine à faire trembler les dieux Olympiens!

Il faut aussi souligner cette taille voluptueuse qui vient délicatement sou ligner le bassin large de la déesse de la Beauté. De plus, il faut noter que ces fines jambes viennent souligner le creux de ses fesses, ce qui rend la statue encore plus attirante. On peut dès lors y voir un rebond beaucoup marqué voire beaucoup plus prononcé. S’il devait y avoir une comparaison fruitière, je dirais que les fesses grecques se rapprochent plus des poires alors que les fesses romaines ressemblent plus à des pommes. Avec les fesses grecques on atteint des sommets !!!! Enfin je veux dire regardez-moi ces fesses mais oh oh faites attention, on ne touche qu’avec les yeux, on ne touche pas aux œuvres d’art !!!

Cependant une statue semble peut-être se démarquer des autres dans le monde grec : Aphrodite, du type dit du Capitole. Que vous aimiez les hommes ou les femmes, cette statue ne peut pas vous laisser indifférent !

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Ce corps charnel, ces courbes délicates, ce dos parfaitement dessiné où se prolongent cette délicieuse paire de fesses, à tomber !!!! Ici on n’est pas tant dans la fesse musclée mais plus dans la fesse naturelle, on est purement et simplement dans de la fesse callipyge (on est dans une sorte de Fesseception) ! La fesse grecque semble être plus détendue et plus charnue, elle paraît tellement douce qu’on voudrait presque s’en servir comme coussin pour venir s’y reposer, enfin après vous faites comme vous avez envie !

C’est alors qu’en arpentant les salles du musée, je suis tombé sur une statue de dieu grec… Mon sang ne fit qu’un tour : cette paire de fesses n’est pas à proprement parler masculine ou féminine, elle est universelle. Elle est faite pour tous ceux qui aiment les beaux postérieurs. Honnêtement, cette paire de fesses grecques peut faire de l’ombre à Marcellus et Aphrodite voire même peut-être, faire trembler le musée du Louvre tout en entier. Cette paire de fesses, c’est celle de d’Apollon vainqueur du monstre Python du type de « l’Apollon Lycien ». C’est bien simple, elle semble combiner tout ce que j’ai dit à propos des deux autres statues, à la fois la douceur et la volupté des fessiers grecs et à la fois la musculature des fessiers romains. Ici, le creux du dos accentue encore plus la rondeur ; Apollon dieu de la beauté masculine, nous montre ce qu’il y a de plus beau à voir chez l’homme : des belles fesses, à la fois tendres, charnues, musclées et géné reuses. Il y a tout dans ces fesses, de l’idéal, de la réalité, de l’humain mais surtout du Divin ! On prend un malin plaisir à les regarder et on aurait tort de se gênerReste! à présent à départager les deux et je dois bien vous l’avouer que depuis le début mon choix est fait, étant en spé grecque, je porte mon dévolu sur les fessiers grecs. Cependant, il faut bien reconnaître du mé rite aux fesses romaines, Marcellus reste un chef-d’œuvre de postérieur antique ! Je veux finir avec une citation de Jean-Paul Sartre qui disait : « La patrie, l’honneur, la liberté, il n’y a rien : l’univers tourne autour d’une paire de fesses, c’est tout », un fin connaisseur…...

Raphaël Papion

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Récemment les planètes se sont alignées, mais ont malheureusement explosé à la mention nébuleuse de « tenue républicaine ». Ainsi il m’a fallu me tourner vers mes vieilles feuilles de thé, et l’avenir s’annonce sombre (même pour 2020). Une seule question a trouvé une vraie réponse : quelle tenue républicaine êtes-vous destiné.e.s à revêtir ? a Bélier : Le doigt, croque-mitaine des lourds Méfiant.e face aux températures qui baisent fréquemment (*cough* *cough* pas comme vous *cough*), vous sortez couverts. Face aux regards pervers, aux mains baladeuses et autres allusions sexuelles à vos sourcils encore exposés (indécence !), n’hésitez pas à sortir votre plus beau majeur (voire même les deux) de votre gant pour qu’ils voient du pays. C’est beau la France hein ? b Taureau : Le crop top, la ceinture du diable Cachez ce nombril que les faibles ne sauraient voir ! D’après une étude de l’institut BS, fixer un nombril trop longtemps entraînerait chez certains une forte propension à contempler la vacuité abyssale de leurs propres principes. Merci de ne pas les pousser à la réflexion *gasp* ... c Gémeaux : Le sein à l’air, ou le téton de la décadence Un vent de liberté souffle sur votre sein/pectoral exposé, vous vous sentez aérien.ne. Comme recommandé par notre dirigeant, vous aé rez, et pas que votre taudis parisien. Alors, revendiquez cet attentat à la pudeur qui fera à coup sûr basculer notre pays dans l’anarchie et même, osons le dire, la matriarchie ... *faints* d Cancer : Le poil, la racine de tous les maux Cette moustache/duvet est un peu une invitation à la caresse, non ? Eh réponds quand je te demande la marque de ton soin ! Va te faire épiler fils de chauve ! Avec le masque, finit avec les rema ... bah non…

Horoscope

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Les astres sex’plicitent

e Lion : Le string, le fil qui retient toute une nation Tel un gigot, un pays n’est bon que si fermement ficelé. Participez donc à l’effort collectif et aidez les autorités à contenir le mécontentement du peuple. L’avenir de la France ne tient qu’à un string, et c’est peut-être le vôtre … f Vierge : La cheville exposée, une entorse à la décence Pas de quiproquo, vos socquettes doivent disparaître. Trop basses, elles déconcentrent la populace par la chair tentatrice ainsi exposée. Pour que le peuple français reparte gaiement sur le bon chemin, pré férez les bas de contention (mention TB si opaques). g Balance : Le coude, amortisseur de notre chute Hydraté, votre coude est une invitation à la drague. Si vous ne toussiez pas dedans comme ça pour le mettre dans la figure des pauvres gens aux coudes desséchés, on vous apprécierait peut-être un peu plus. Merci de vous revêtir de votre pull à coudières le plus pro(fessionnel) possible. h Scorpion : Le corps, frayeur des onze mois de l’année Octobre = prolifération de costumes de fantôme, version voile blanc minimaliste (si vous avez toujours rêvé d’être un saint *à prononcer sein*, foncez). Ce que vous ne savez pas c’est qu’il est en fait destiné aux onze autres mois de l’année, puisqu’il n’est acceptable d’être une soubrette/médecin/diable/tout-autre-profession-jugée-mora lement-respectable sexy que le 31. i Sagittaire : La fesse, assise de notre mal-être Serait-ce un bout de postérieur que je vois poindre sous votre short ? La police du style vous méprise et les Karen aussi. Démar rez une cagnotte leetchi pour leur payer une place dans la prochaine navette pour la lune, puisque les corps célestes et leurs orbes-ites semblent les obséder.

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j Capricorne : La bouche, un manque de goût *throwback période pré-COVID* (je sais ça fait un petit pincement au téton). Lèvres rouge écarlate, on ne cesse de vous demander si vous sucez, et ce malgré l’interdiction des pailles en plastique depuis janvier 2020. Puisque certains n’ont pas eu le mémo, merci de leur rappeler que c’est à cause des thons comme eux que le reste de la faune marine étouffe.

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Verseau : L’arrière du genoux, souplesse des mœurs Franchement maintenant les jeunes questionnent tout. Je veux dire du temps de Tyra(nnosaure) les règles à l’école ne servaient pas qu’au concours de la plus longue, alors vous devriez être content.e ! Le legging vous aidera à vous adapter à la grande flexibilité du sys tème *si si je l’ai vu à la télé*. l Poisson : La nuque, ou le revers de la médaille Encadré de douces mèches, votre nuque est le nouveau pendant vulgaire de votre décolleté. Habillé d’un fermoir de bijoux, c’est une provocation. Gardez la tête droite grâce à la minerve, protectrice de votre intégrité. Vos derrières sont assurées, bien que vous ne puissiez plus les voir ... *destin ni repris ni échangé *visuel non contractuel

En effet, la déesse qui nous intéresse aujourd’hui inspire la terreur aux dieux comme aux hommes… Il s’agit d’Inanna, la déesse sumérienne du Ciel, de l’Amour, de la Fertilité mais également de la Guerre. Cette dernière fonction en fait dans la plupart des mythes dans lesquels elle figure une déesse impitoyable, un monstre capable de tuer ses amis et ses amants. Déchaînée, sur le champ de bataille, elle coupe les têtes et énumère, dans ses chants de guerre, les armes acérées avec lesquelles elle massacre ses ennemis. Lorsqu’elle survole la terre, les montagnes lui rendent hommage et s’inclinent devant sa puissance. Un jour, le mont Ebih lui refusa cet hommage. Elle lui déclara donc la guerre et se pré cipita sur la montagne, l’étrangla et planta ses dents dans son ventre, déssécha la terre, arracha les arbres et enfin fit disparaître la montagne sous d’épaisses fumées. Le récit le plus célèbre concernant Inanna reste cependant l’histoire de son mariage avec le berger Dumuzi, devenu dieu de la Végé tation. Plusieurs récits sumériens, véritables odes à l’amour physique qui ont peut-être inspiré le Cantique des Cantiques, racontent ces noces divines. C’est pour en célébrer le souvenir que chaque année, au nouvel an, le souverain “épousait” la déesse par l’intermédiaire de l’une de ses prêtresses au cours de fêtes joyeuses. La fertilité des terres et la fécondi té des femelles animales étaient ainsi assurées pour l’année. De très nombreux textes en cunéiforme décrivent comment le berger Dumuzi fut élevé au rang de roi et de dieu par son mariage avec Inanna. histoires de Papa Ours Meutres, sexe, et vengeance...

Les Folles

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Je vous arrête tout de suite, malgré son titre évocateur et pro vocateur, cet article ne traite aucunement du dernier GTA. Cependant, je ne vous certifie pas non plus que nous allons parler d’un sujet léger et subtil : bien au contraire, gare aux moins de 18 ans car le mythe sur lequel nous allons nous pencher aujourd’hui est loin d’être tout rose.

Le cycle de poèmes consacré à la déesse de l’Amour montre le ca ractère à la fois érotique et sacré de cette union. Enki lui-même évoque les pouvoirs mystérieux de l’Amour : « À Inanna, ma fille, je fais le don de la vérité, de la descente aux Enfers, de la remontée des Enfers, de l’art de faire l’amour, du baiser au phallus. » La déesse, submergée par le désir, « entonne un hymne de louange à sa vulve », la décrivant comme un « terrain en friche, bien irrigué », et s’écriant à l’adresse de Dumuzi : « Pour moi, ouvre ma vulve pour moi ! Pour moi, la jeune fille, qui sera son laboureur ? » Le sexe de Dumuzi devient le symbole même de la fertilisation du terrain en friche. Mais l’amour profond qui unit Inanna et Dumuzi est voué à être anéanti par l’autre aspect de la personnalité de la déesse, orgueil, am bition et désir de vengeance. Inanna a en effet rendu visite aux Enfers à sa sœur Ereshkigal, avec l’intention de la détrôner. Pour cela, elle dut tout d’abord, selon le rituel du passage vers l’Au-delà, franchir les sept portes de l’Enfer en se dépouillant à chacune d’entre elles d’un vêtement ou d’un bijou. Chaque fois, elle posa la même question et chaque fois elle reçut la même réponse : « Pourquoi, gardien, m’ôtes-tu de cette parure ? - Entrez madame, tels sont les ordres de la reine des Enfers. » Nue et réduite à l’impuissance, elle fut enfin amenée devant Ereshkigal, qui l’enferma dans son palais et lâcha sur elle soixante maladies qui entraînèrent rapidement sa mort. La reine des Enfers suspendit alors la dépouille de sa sœur à un crochet. 26

Gabriel Schmit, dit Papa Ours y 27

Mais bientôt, tous les protagonistes de l’histoire se lamentèrent sur la disparition de Dumuzi : sa mère Ninsun, sa sœur Geshtinanna, la déesse du Vin, et Inanna elle-même ! Les dieux acceptèrent alors de prendre une décision exceptionnelle : pendant six mois, Dumuzi demeurera aux Enfers, et pendant les six autres mois, sa sœur Geshtinanna, qui s’est portée volontaire, prendra sa place. C’est ce qui explique que chaque année, pendant six mois, la terre se dessèche et rien ne pousse. Pendant les six mois où Dumuzi revient sur terre et où Geshtinanna oc cupe sa place aux Enfers, la végétation repart. Ce cycle de mort hivernale et de résurrection printanière rappelle évidemment les mythes de Déméter et Perséphone chez les Grecs et d’Isis et d’Osiris chez les Égyp tiens.

Les grands dieux, alarmés de voir la terre dépérir, se réunirent en conseil et demandèrent à Ereshkigal de renvoyer Inanna sur la terre. La déesse accepta à condition que sa sœur trouve quelqu’un qui accepte de prendre sa place aux Enfers. Inanna revint donc sur terre et se mit en quête de celui qui acceptera de prendre sa place. Quand elle trouva son époux Dumuzi en train de festoyer joyeusement à l’ombre des arbres au lieu de pleurer sa disparition, elle entra dans une fureur terrible et son choix se porta aussitôt sur lui. Dumuzi refusa énergique ment et tenta de fuir l’armée des gallu, les soldats d’Inanna, qu’elle avait lancé à ses trousses. Avec l’aide de Shamash, Dumuzi changea cent fois d’aspect, mais les gallu finirent par le coincer dans l’enclos de sa sœur Geshtinanna. Ils se saisirent alors de Dumuzi et l’emmenèrent aux Enfers.

s Et si cette œuvre n’était pas explicite … ?

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D’après la définition au plus près de la source (le dictionnaire), expli cite signifie : « qui s’exprime complètement et clairement sans laisser place à l’ambiguïté ». Ainsi, pour une œuvre d’art, cela peut vouloir tout et rien dire. Tout dépend de l’angle adopté : on peut parler d’œuvres à caractères sexuels qui ne laissent guère de doute quant à leur nature ou bien, comme cela est bien entendu notre cas à tous (je vous vois…), nous questionner sur l’intérêt d’une œuvre qui serait dénuée de subtilité, avec peu d’analyse profonde, sans quelconque allégorie. Si j’avais été une grande historienne de l’art ayant une vision parfaite de l’histoire de l’art telle qu’elle existe aujourd’hui, j’aurais peut-être pu prétendre à vous présenter des œuvres de la seconde catégorie (des œuvres qui s’expriment complètement). Mal heureusement, je ne suis qu’une piètre élève de deuxième année et qui par la même occasion, préfère bien plus (disons le franchement) papoter avec vous d’œuvres à caractère explicitement sexuel. Sur ce, penchons-nous, si vous l’osez, sur notre premier cas et non pas des moindres. L’origine du monde de Gustave Courbet, 1866 Le père tricouillard de la maison d’Adam, Angers, fin du XVème siècle Si vous découvrez le nom de cette œuvre, je vous invite à reposer ce journal et à vous rendre de l’autre côté de la Seine, chez nos collègues du musée d’Orsay pour admirer ce chef d’œuvre réaliste. C’est bon ? Je reprends. Je vous l’accorde, on rentre dans le vif du sujet, sans passer par quatre chemins. Si cet im posant sexe féminin n’était pas là, peut-être aurait-il été recouvert d’un drap comme cela a été exécuté à maintes reprises. Néanmoins ici, le sexe est le sujet même du tableau et est même subtilement rappelé dans le titre même de l’œuvre. Ainsi, cette œuvre n’aurait tout simplement pas existé si elle n’avait pas été explicite. Foutaises à tous ceux qui pensent que les Tentures de l’Apocalypse et David d’Angers résument le panorama ar tistique d’Angers ! Faites place au Père tricouillard ! Mais qui me donne également l’impression de se gratter le cul (littéralement, du coup, car son pantalon démarre sur la cuisse). Ainsi, j’estime que même sans ses trois couilles pendantes explicites, cette œuvre se suffit à elle-même

Je vous l’accorde, avec les temps qui courent, vous recommander de vous rendre sur le lieu de conservation de cette œuvre, comme pour les deux précédents exemples, cela me paraît quelque peu imprudent. Mais ! Mais je vais vous faire une brève description de ce bel être : tout de marbre, infini ment sexy, musclé (et même ce qui ne l’est pas), nous rappelant les plus parfaits postérieurs de l’art grec. Ayant eu la chance de pouvoir me rendre à la Galerie des Offices à Florence (là où est exposé David), lors d’un voyage scolaire au collège, ce dont je me souviens le plus de cette visite est la quanti té impressionnante de porte-clés de son sexe alors présente au magasin de souvenir. Alors, est-ce que son chibre très explicite est indispensable à l’existence-même de l’œuvre ? D’après mon avis très fin et parfaitement objectif (comme vous avez pu le remarquer pour les deux précédents cas), j’estime que cette œuvre doit encore plus à l’ensemble de cette sculpture, monumentale, exécutée en un seul bloc de marbre et si parfaitement proportionnée (même si ce sexe n’est pas là pour nous déplaire !). Pour conclure, j’ai adoré mais vraiment adoré rédiger cet article et faire des recherches d’images ! Et quant au contenu de mon article, j’espère que vous aurez le même avis que moi…

David de Michel Ange, 1501-1504

s avec l’action du protagoniste. Maintenant, vous savez quoi faire ce weekend (aller à Angers, pas vous gratter le cul) !

Flora FIEF

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Crédits photographiques : Couverture : © Eve Tahir Page 2 : Image Wikipédia Commons Page 3 : Mars et Vénus par Jacques Joseph Coiny dans Une collection de poses érotiques, d’après les gravures de Carracci, de cet artiste cé lèbre, avec les textes explicites sur le sujet (1798), image Wikimedia PageCommons4:Image Wikipedia Commons Pages 12 et 14 : © Pauline Paillat Page 15 : © Pezibear sur Pixabay.com Page 16 : MostafaElTurkey36 sur Pixabay.com et © Melissande PageDubos17 : © Melissande Dubos Page 18 : © Eloïse Briand Pages 19 à 20 : © Raphaël Papion Pages 22 et 24 : © Inès Amrani Page 28 : Images Wikipedia Commons et © Méliné Avakian-Balian Page 29 : Image Wikipedia Commons Page 30 : © Sofia Pauliac Troisième de couverture : Polyenos et Chriseis par Jacques Joseph Coiny dans Une collection de poses érotiques, d’après les gravures de Carracci, de cet artiste célèbre, avec les textes explicites sur le sujet (1798), image Wikimedia Commons Quatrième de couverture : © Eve Tahir 31

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