3. HABITANT/HABITAT A. Le corps et l’espace dans la conception architecturale Il faut apprendre à observer comment le corps influe dans l’habitat et inversement, la relation entre soi et l’espace. Cette notion d’appropriation semble rattacher le corps à l'espace dans l’objectif de personnaliser son logement. En architecture, les nouvelles manières de vivre, liées à l’évolution de la société, nécessitent des adaptations. Il y a donc bien un élan collectif, générant un processus d’appropriation. Dans cette évolution collective, nous avons tendance à vouloir tout généraliser et à rendre identiques nos coutumes, nos manières, nos lieux de vie, ce qui mène vers une standardisation de la société. Cependant je pense que tant que nous aurons la liberté « d’être » différents les uns des autres, la mixité du logement persistera pour exprimer nos différences. La personnalité a une importance cruciale dans la relation à notre habitat. J’en viens, pour conclure cet état de l’art, à me questionner sur l’habitat et l’habitant et la relation qu’ils génèrent. Le positionnement quant aux ressentis du corps m’évoque l’étude du chez soi au vivre ensemble réalisée par la direction générale de la cohésion sociale par une équipe de l‘ANCREAI en 2011 traitant de l’habitat des personnes avec TED 72 (Troubles Envahissants du Développement), public vivant souvent collectivement en institution : Un des points de consensus concerne l’importance de l’impact des singularités sensorielles sur le mode d’habiter des personnes avec TED quel que soit le type d’hébergement. L’importance du corps dans l’espace, et du lien qui se développe entre eux, est une question qui est en essor au cours du XXème siècle. Le logement collectif a été un grand sujet d’expérimentations. Nous verrons dans la suite des réflexions quelques exemples majeurs de cette époque. Friedensreich Hundertwasser Le travail de l’artiste et architecte Friedensreich Hundertwasser de son vrai nom Stowasser, né en 192873 en Autriche, aborde la notion d’appropriation sous l’angle de l’ouverture favorisant le lien social et redonne à l’habitant le pouvoir d’être chez soi. Il explique que contrairement à ce que l’architecture de son époque propose, chaque habitant doit être libre de s’approprier son logement lui-même. 74N’ayant pas de courant ou groupe prédéfini, il se forge lui-même son idéal en commençant par la peinture puis en continuant dans le domaine de l’architecture. Dans son manifeste de la moisissure contre le rationalisme dans l’architecture, il écrit « Notre habitat est comme une 3ème peau après la nôtre et nos vêtements, à travers notre chez soi nous Fig 1. Hundertwasser (Friedensreich), FIVE SKINS, dessin à l’encre de développons une continuité du corps et de l’esprit dans un espace physique qui MEN'S chine, Cologne, 296 mm x 210 mm, 1997 74 permet de nous identifier ».75 Cela explique qu’il faut considérer notre habitat et vient ensuite l’environnement social et l’identité et pour finir l’environnement écologique et humain, comme le présente le schéma ci-contre. Lors de ses réalisations architecturales, Friedensreich Hundertwasser cherche à « guérir les maisons malades, qui sont le miroir de l’homme»76. Précurseur dans l'architecture, cet homme avait déjà établi des solutions aux névroses de l’architecture moderne en proposant des bâtiments offrant des espaces végétalisés, aux formes remplies de couleurs, et courbes. De plus, il ajoute en 1970 un « droit à la fenêtre » autorisant l’habitant à 72
Autisme France, Autisme France - Autisme France, en ligne, <http://www.autisme-france.fr/>, consulté le 9 février 2021. Sylvia Ladic, Cours d’art : Friedensreich Hundertwasser, artiste écologiste engagé, 2015, en ligne, <https://e-cours-arts-plastiques.com/friedensreichhundertwasser-artiste-ecologiste-engage/>, consulté le 15 février 2021. 74 Friedensreich Hundertwasser, MEN’S FIVE SKINS, 1997, en ligne, <https://hundertwasser.com/en/applied-art/apa382_mens_five_skins_1975>, consulté le 22 mai 2021. 75 Ibid. 76 Ibid. 73
18