PARTIE II : DES ANNÉES 50 A 80 : DE L’APPROPRIATION D’UN LOGEMENT STANDARD VERS LA NOTION D’UN CHEZ-SOI 1. L’APPARITION DE LA NOTION D’APPROPRIATION DANS LE LOGEMENT COLLECTIF A. Le constat d’un logement collectif sans appropriation Les besoins d'après-guerre étaient d’abord de trouver un logement, dans une période où nombre de populations se retrouvaient sans toit « Après la Seconde guerre mondiale, la politique de logement social, autrefois axée exclusivement sur le logement ouvrier, vise désormais à résoudre la pénurie généralisée d’habitations. Après 1945, la situation est en effet catastrophique : 45% des logements sont surpeuplés, et 10% de la population vit dans des locaux totalement insalubres. Pour répondre aux besoins urgents d’habitats neufs, la loi du 21 juillet 1950 accélère la construction de logements grâce aux primes et prêts à long terme du Crédit Foncier, et transforme les HBM en Habitations à Loyer Modéré (HLM), qui répondent à des normes de confort et de surface minimums. ».109 C’était avant tout une question de survie, une mise à l’abri, en somme redonner une sécurité d’habiter. Il faut rappeler que la notion d’appropriation est une notion plutôt contemporaine et les critères d’une société d’aujourd’hui ne peuvent être transposés à cette période passée. La Pyramide de Maslow des besoins créée par le psychologue Abraham Maslow qu’il présente dans le livre A Theory of Human Motivation, en 1943110, est une représentation pyramidale évoquant une hiérarchie des besoins de l’Homme. Lorsqu'un groupe de besoins est satisfait, un autre va progressivement prendre la place selon l’ordre hiérarchique suivant : besoins physiologiques, besoins de sécurité, besoins d’appartenance et d’amour, besoins d’estime, besoins d’accomplissement de soi. Comme le présente le schéma ci-contre. Appliqué au logement, le besoin de sécurité évoqué ci-avant se situe au rang 2 de la pyramide. Celui-ci était primordial dans ce contexte d’après-guerre. Fig 10. Claude (Gaspard) Représentation de la Pyramide de Maslow, 2020, sur le site Scribbr111
Selon la pyramide, l'appropriation du logement pourrait constituer un besoin supérieur correspondant à l'accomplissement de soi et du « chez-soi ». L’article « Habitat & Architecture » reprend cette comparaison : « L’habitat est au cœur des préoccupations humaines : se placer soi-même et mettre sa famille à l’abri fait partie du deuxième étage de la pyramide de Maslow des besoins de l’homme. »112 Dans le texte de Gwenaëlle Legoullon, chercheuse du centre d’histoire sociale de l’université de Paris I intitulé Regard sur la politique du logement dans la France des années 1950-1960.113 Elle explique que les logements collectifs ont vu le jour après la guerre de 39/45 dans les années 50, et se sont développés à grande échelle : à la suite de l'appel de l'Abbé Pierre le 1er février 1954, l'État s'engage massivement dans l'effort de construction de logements, notamment sous la forme de logements collectifs. Il y a la volonté de reconstruire le pays et loger les familles de manière urgente dans les logements collectifs, servant à apporter une réponse rapide, peu onéreuse, à un grand nombre de personnes.
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Notre histoire – AMSOM Habitat, en ligne, <https://amsom-habitat.fr/nous-connaitre/notre-histoire/>, consulté le 28 mars 2021. Abraham H. Maslow et David Webb, A Theory of Human Motivation, New York, 1943, p. 102. 111 Gaspard Claude, « La pyramide de Maslow », Scribbr, 2020, en ligne, <https://www.scribbr.fr/methodologie/pyramide-de-maslow/>, consulté le 22 mars 2021. 112 « Habitat & Architecture », Écologie humaine, 2013, en ligne, <https://www.ecologiehumaine.eu/habitarchi/>, consulté le 9 mai 2021. 113 Gwenaëlle Legoullon, Regard sur les politiques du logement dans la France des années 1950., 2006. 110
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