AUTOMNE 2020, vol. 16 no 3
Le magazine des matières résiduelles au Québec
TAGE REPORLU S I F E XC
ÉRIC DAOUST ET SON ÉQUIPE
Convention de la poste-publications no 41122591
RECONNUS POUR LEURS SERVICES ESSENTIELS La modernisation de la collecte sélective : une avancée pour le Québec
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L’oxydation en voie humide : la solution pour le traitement des boues municipales
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Présentation des plus récentes modifications apportées au REIMR
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AUTOMNE 2020, vol. 16 no 3
Le magazine des matières résiduelles au Québec
reportage « Peu importe les dangers et l’augmentation ponctuelle des tâches — comme récemment, le ramassage de milliers de sacs remplis de feuilles mortes —, nos travailleurs sont de véritables forces de la nature. Que nous ayons maintenu le service avec courage, sans blessures graves et sans éclosions de COVID-19, c’est un peu ce que vient souligner aussi cet EnviroLys qui nous rend tous fiers. »
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— Michel Binette
SOMMAIRE
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EN LIEN AVEC LE MINISTRE
BÂTIR L’ÉCONOMIE DE DEMAIN
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LES AMIS DE 3RVE
ONSS LES B A T CT CON
chroniques 17
CETEQ LA MODERNISATION DE LA COLLECTE SÉLECTIVE : UNE AVANCÉE POUR LE QUÉBEC
18
CTTEI L’OXYDATION EN VOIE HUMIDE : LA SOLUTION POUR LE TRAITEMENT DES BOUES MUNICIPALES
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LE JURIDIQUE PRÉSENTATION DES PLUS RÉCENTES MODIFICATIONS APPORTÉES AU REIMR
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CŒUR VERT UN CŒUR VERT POUR ENVIRO CONNEXIONS : DES GESTIONNAIRES AU SERVICE DES EMPLOYÉS
Éditeur et rédacteur en chef André Dumouchel adumouchel@maya.cc Coordonnatrice à la direction de l’édition Noémie Vallet Téléphone : 450 508-1515 nvallet@maya.cc Direction artistique MAYA Designer graphique Sylvain Malbeuf (SymaPub)
Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé.
4 LE MAGAZINE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AU QUÉBEC 3RVE VOL. 16 N O 3 AUTOMNE 2020
Journaliste et rédacteur Guy Des Rochers Chroniqueurs Me Thibaud Daoust Richard Mimeau Jean-François Vermette Photos de la page couverture et de l’entrevue Luc Lavergne Révision linguistique Émilie Pelletier
Espace publicitaire André Dumouchel Téléphone : 450 508-1515 adumouchel@maya.cc Abonnement et administration MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère (Québec) J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 info@magazine3rve.cc www.magazine3rve.cc Impression Carpe diem
© Tous droits réservés. Droits d’auteur et droits de reproduction : toute demande de reproduction doit être acheminée à MAYA communication et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent que leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazine 3Rve recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retournez toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1er trimestre 2005. ISSN 1712-9117. Le magazine 3Rve est publié trois fois l’an.
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CHAPEAU
ÉDITORIAL
AU PERSONNEL SOIGNANT DE L’ENVIRONNEMENT ! Vous vous souvenez du chaos qui s’est emparé de la ville de Naples, en 2008, lors de ce que l’Histoire a retenu comme étant « la crise des vidanges » ?
e souvenir de ces tonnes de déchets jetés pêle-mêle le long des rues, des barrages d’immondices, des incendies déclenchés par des citoyens en colère dans des tas d’ordures et de la multiplication des rats, des cafards et des insectes donne encore aujourd’hui la chair de poule.
L
Excédée et incommodée par les odeurs pestilentielles (aggravées par la chaleur de l’été napolitain), la population a eu du mal à tenir le coup durant cette crise sanitaire surréelle et dramatique, et sa qualité de vie et sa santé sont vite devenues en péril. Les causes de cette crise sanitaire auraient pu être rapidement éliminées si, en coulisses, la camorra, mafia napolitaine, n’avait pas empêché toute solution afin de profiter du marché de l’élimination des déchets.
André Dumouchel adumouchel@maya.cc
Revenons chez nous. Bien sûr, au Québec, la gestion des matières résiduelles est dûment réglementée, efficacement organisée et respectueuse des lois. Mais que serait-il advenu si, en mars dernier, alors que la population québécoise entrait en confinement pour lutter contre la pandémie de COVID-19, la collecte des déchets et des matières résiduelles n’avait pas été considérée comme un service essentiel, au même titre que les services de soins de santé ? De quoi aurait eu l’air le paysage au lendemain de la vague des déménagements du 1er juillet ? C’est sans parler d’autres types de complications, comme la maladie qui fauche beaucoup de travailleurs et empêche la collecte, ou encore la peur toute simple d’un coronavirus dont, en ce moment, on ne connaît pas encore très bien le mode de transmission, une peur qui aurait pu leur faire dire : « Moi, je reste chez nous, en confinement, et je vivrai de la PCU en attendant… » Pour les éboueurs et les camionneurs, tout comme pour les infirmières et les préposés aux bénéficiaires, il existait des risques réels à s’exposer ainsi afin d’assurer un service essentiel à la population. Toutes proportions gardées, les éboueurs et les camionneurs sont allés travailler avec cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de leur tête, et il est facile de croire qu’ils ont peutêtre vécu le même type d’anxiété que les infirmières qui sont allées affronter la COVID. Toutefois, même s’ils ont été confrontés à quelque chose dont ils
craignaient les conséquences graves, voire funestes, ils se sont présentés au travail, avec courage et sens du devoir. Comme une sorte d’infirmiers de l’environnement ou de préposés à la salubrité. Faut-il s’étonner qu’Éric Daoust et son équipe d’Enviro Connexions Laval se soient vu décerner le prix EnviroLys Reconnaissance des services essentiels ? Voilà une récompense pleinement méritée. Bravo au CETEQ pour avoir créé ce prix spécial afin de souligner tout le mérite des gens qui ont souvent souffert d’un déficit d’estime de la part de la société en général, sous prétexte qu’ils « ramassaient des vidanges ». Comme l’a mentionné Éric Daoust lors de nos entretiens, « l’équipe n’a pas arrêté de faire un travail acharné, chaque jour, depuis le premier jour de la pandémie, fière d’être considérée comme un service essentiel, même si les risques de la COVID-19 sont toujours présents ». Ils ont le sens du devoir. Plusieurs de ces solides gaillards ont dit avoir eu la gorge serrée par l’émotion lors d’un certain samedi d’avril, quand ils sont allés saluer à leur façon le courage du personnel de l’hôpital Pierre-Le Gardeur. Plus de six mois plus tard, Éric Daoust en parle encore avec émotion. « J’aimerais dire que l’idée est venue de moi, mais non, c’est un chauffeur, Claude Chalut, qui me l’a proposée. Je l’ai par la suite mise en branle. À part le fait d’avoir les larmes aux yeux, ç’a été tellement wow ! Aucun chauffeur n’a été rémunéré ce samedilà, mais la participation a été incroyable, un vrai bel hommage rendu à un service essentiel par un autre service essentiel… Cent chauffeurs y ont participé, cent camions sont sortis pour aller faire le tour de l’hôpital. Tout le monde a trouvé cette journée-là formidable et très émouvante ! » S’il est vrai que ce travail n’a pas toujours été valorisé, la société en général prend de plus en plus acte de son importance. À ces chauffeurs et à ces éboueurs, merci de tout cœur ! n
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EN LIEN AVEC LE MINISTRE
BÂTIR L’ÉCONOMIE DE DEMAIN
Benoit Charette Ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques et ministre responsable de la région de Laval
epuis le début de l’année 2020, nous nous sommes attaqués tout particulièrement à la nécessité d’améliorer la gestion de nos matières résiduelles, et ce, à tous les niveaux de la hiérarchie des 3RV-E :
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À la fin du mois de janvier, j’ai annoncé l’élargissement de la consigne de manière à améliorer le tri à la source ;
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En février, j’ai fait savoir que nous allions moderniser le système de collecte sélective des contenants, papiers, cartons et imprimés afin de récupérer plus, mais surtout de recycler mieux. Beaucoup d’entreprises du secteur des services environnementaux ont pris part aux discussions entourant cette réforme, et ce, depuis le début du processus ;
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Le 24 septembre, j’ai présenté à l’Assemblée nationale le projet de loi qui permettrait, s’il est adopté, de modifier la Loi sur la qualité de l’environnement pour réaliser ces deux grandes réformes basées sur la responsabilité élargie des producteurs. Sous réserve de l’adoption du projet de loi, la collecte sélective modernisée entrerait en vigueur progressivement à partir du printemps 2022 pour être pleinement opérationnelle en 2025. Dans le cas de la consigne élargie, elle entrerait en vigueur à compter de l’automne 2022 ; Ensuite, le 28 septembre, j’ai annoncé mon intention de mandater le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) pour qu’il tienne une enquête avec audience publique sur l’enjeu de l’élimination des résidus ultimes au Québec. Le tout nous permettra d’évaluer nos façons de faire actuelles et, possiblement, de les améliorer pour réduire au maximum le recours à l’enfouissement ; J’ai aussi lancé en juillet dernier la Stratégie de valorisation de la matière organique, en y consacrant un budget totalisant 1,2 milliard de dollars afin de détourner les matières organiques des lieux d’élimination et d’assurer leur valorisation. Nous contribuerons du même coup, de façon significative, à réduire nos gaz à effet de serre. Pour y arriver, nous comptons notamment étendre la collecte des matières organiques à 100 % des ménages, commerces, institutions et industries du Québec d’ici 2025. Grâce à l’accompagnement du gouvernement et des municipalités, toute la population de même que les industries, les commerces et les institutions pourront contribuer à une gestion encore plus saine de leurs matières résiduelles. Là encore, les fournisseurs de services ont été consultés tout au long du cheminement du projet.
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Toutes ces mesures auront des effets structurants pour l’atteinte de notre objectif d’une société zéro déchet. Avec le Plan pour une économie verte 2030, c’est notre lutte collective contre les changements climatiques que nous allons accélérer. Nous allons construire l’économie de demain, une économie innovante, plus sobre en carbone et concurrentielle. Ce sera notre feuille de route collective pour la prochaine décennie. L’industrie des services environnementaux nous a inspirés dans la préparation de ce plan, et je souhaite qu’elle nous accompagne pour la suite des choses. Grâce à elle, nous avons sous les yeux, tous les jours, des exemples de ce à quoi peut ressembler le Québec plus vert, plus inclusif, plus prospère et plus fier que nous voulons bâtir. Vous toutes et tous, les acteurs clés municipaux de la gestion des matières résiduelles, les centres de tri, les exploitants de sites, les consultants et les autres spécialistes de la question, faites déjà partie de l’économie verte dont nous rêvons pour le Québec. Vous êtes les précurseurs de toute une lignée de bâtisseurs qui vont se mettre en branle pour faire entrer le Québec dans une nouvelle ère où l’hydroélectricité et les autres énergies renouvelables vont remplacer progressivement les énergies fossiles. C’est un moment propice pour reconnaître vos efforts. C’est pourquoi le gouvernement du Québec est un fier partenaire de la Soirée Envirolys 2020. Bravo aux lauréats des prix Envirolys de cette année ! Vous, les lauréats, et les entreprises de l’économie verte, saurez inspirer l’ensemble de nos entreprises dans le virage important qui s’amorce chez nous en faveur d’une économie sobre en carbone et respectueuse de l’environnement. Je vous remercie d’être là.
REPORTAGE
ÉRIC DAOUST ET SON ÉQUIPE
RECONNUS POUR LEURS SERVICES ESSENTIELS Par Guy Des Rochers
Le rassurant slogan « Ça va bien aller ! », qui a envahi l’espace public depuis le début de la pandémie, comme pour calmer l’inquiétude de la population québécoise face aux affres de la COVID-19, Éric Daoust et son équipe s’en sont emparés, tels des héros du quotidien ayant la responsabilité immense d’offrir un service essentiel. Et depuis le 13 mars 2020, c’est chaque jour mission accomplie.
La pandémie a paralysé des rouages importants de notre société, fragilisé l’économie et suscité une flambée de craintes (fondées) face à cet insidieux coronavirus. Les premières lignes de défense de notre société se sont mises en place rapidement, les travailleurs de la santé n’hésitant pas à aller au front parce qu’ils assurent un service essentiel. À leurs côtés, une autre armée s’est levée pour éviter que tout sombre dans l’insalubrité publique : un bataillon formé d’éboueurs et de chauffeurs de camions chargés de la collecte des matières résiduelles, fiers que l’on reconnaisse dorénavant qu’ils fournissent eux aussi un service essentiel. « Quand la pandémie a débuté, les risques de contamination à la COVID-19 par contact d’objet soulevaient beaucoup d’inquiétudes, relate Éric Daoust, directeur des opérations chez Enviro Connexions Laval. Mais même si tout cela était préoccupant, notre équipe a relevé ce défi à bras le corps et n’a jamais cessé depuis ! »
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Un EnviroLys pour ces maestros de la collecte Quand Éric Daoust parle de son équipe, c’est avec émotion et beaucoup de fierté qu’il évoque ces 145 chauffeurs, 70 éboueurs, une dizaine de superviseurs, trois répartiteurs et un superviseur en chef. « Ce sont eux, les maestros de la collecte : des éboueurs capables de courir un demi-marathon par jour et des chauffeurs précis comme des métronomes, peu importe les conditions météorologiques ! La population n’a pas idée à quel point notre équipe a fait des pieds et des mains pour assurer ce service vital ! » Le travail magistral d’Éric Daoust et de son équipe n’a d’ailleurs pas manqué d’être remarqué par le Conseil des entreprises en technologies environnementales du Québec (CETEQ) et son directeur général, Richard Mimeau, puisqu’un prix EnviroLys leur a été décerné : le nouveau prix Reconnaissance des services essentiels.
Présentée dans une formule spéciale virtuelle à cause de la pandémie, la soirée EnviroLys 2020 fut l’occasion de remettre trois prix, dont celui octroyé aux travailleurs d’Enviro Connexions. Richard Mimeau raconte : « Comme toute la société québécoise, Éric Daoust et son équipe d’Enviro Connexions ont vu leur quotidien bouleversé par la pandémie. Toutefois, à titre de travailleurs d’un secteur essentiel, ils n’ont pas hésité à risquer la contamination en accomplissant leurs tâches avec rigueur, en dépit d’une somme de travail accrue causée par une plus grande quantité de déchets générés à la maison par les citoyens en confinement ou en télétravail. Ils ont aussi été solidaires des autres travailleurs des services essentiels en organisant un impressionnant hommage, rempli d’émotions, au personnel soignant et aux employés de soutien de l’hôpital Pierre-Le Gardeur, à Terrebonne. Bravo ! » Cet honneur, bien sûr, a rejailli sur toute la grande famille Enviro Connexions, entité canadienne composée de plusieurs districts et faisant partie de
REPORTAGE la multinationale américaine Waste Connections, une importante société de gestion intégrée des matières résiduelles en Amérique du Nord.
courage, sans blessures graves et sans éclosions de COVID-19, c’est un peu ce que vient souligner aussi cet EnviroLys qui nous rend tous fiers. »
« Peu importe les dangers et l’augmentation ponctuelle des tâches — comme récemment, le ramassage de milliers de sacs remplis de feuilles mortes —, nos travailleurs sont de véritables forces de la nature, confie Michel Binette, directeur principal, relations gouvernementales et développement des affaires de Waste Connections Canada. Que nous ayons maintenu le service avec
Et Michel Binette d’insister sur le fait qu’Enviro Connexions est dorénavant une entreprise reconnue comme offrant un service essentiel : « Lorsqu’on pense à un service essentiel de première ligne, l’engagement d’Éric Daoust et de son équipe de chauffeurs et d’éboueurs mérite d’être porté à l’attention de tous. »
PANDÉMIE OU PAS
ENVIRO CONNEXIONS, AU SERVICE DES EMPLOYÉS Notre époque est certes déstabilisée par la COVID-19, mais certaines approches que met en œuvre une entreprise dans l’orchestration de ses ressources humaines et matérielles peuvent encore mieux briller dans un tel contexte. C’est le cas chez Enviro Connexions, dont le style de gestion, loin de manquer d’originalité, donne manifestement des résultats impressionnants. Ici, on ne trouve nulle quête personnelle du pouvoir et du prestige visant à satisfaire l’ego d’un dirigeant. « Nous avons une culture d’entreprise unique, basée sur le principe du “servant leadership” [leadership attentif]. L’équipe de direction est donc au service des employés et les aide à atteindre
leurs objectifs. Le respect, la sécurité, l’intégrité ainsi que le travail d’équipe sont au fondement même de notre façon de travailler », explique John Snelling, vice-président Est du Canada de Waste Connections Canada.
Cette approche innovante explique sans doute les efforts d’Enviro Connexions pour permettre à tous ses employés de traverser la crise sanitaire et économique sans rencontrer trop d’obstacles.
Des employés exemplaires Ce concept de servant leadership a été popularisé dans les années 1970 par Robert K. Greenleaf, un chercheur alors en quête d’un modèle différent du leadership autoritaire courant dans la gestion de grandes entreprises.
Pour le directeur général d’Enviro Connexions Boisbriand, Jean-François Pelchat, qui aime rappeler à quel point les employés ont un comportement exemplaire et participatif en dépit
John Snelling, vice-président Est du Canada de Waste Connections Canada, Jean-François Pelchat, directeur général d’Enviro Connexions Boisbriand, Michel Binette, directeur principal, relations gouvernementales et développement des affaires de Waste Connections Canada, André Beausoleil, directeur général d’Enviro Connexions Laval et Jean-Marc Viau, directeur général du Complexe Enviro Connexions (CEC-Terrebonne)
« Nous avons une culture d’entreprise unique, basée sur le principe du “servant leadership”. » - John Snelling, vice-président Est du Canada de Waste Connections Canada
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REPORTAGE de la pandémie, il est essentiel que l’entreprise déploie le plus d’efforts possible pour favoriser ses travailleurs tout comme sa clientèle. « Dès le début de la pandémie, il nous a fallu réagir rapidement et mettre en place des mesures et des restrictions en fonction de la crise sanitaire, précise-t-il. D’autant plus que chez Enviro Connexions, les valeurs de santé et de sécurité sont primordiales. » Ainsi, pour respecter le protocole de protection, des salles où les employés se partageaient des pauses de travail ont été fermées ; les chauffeurs ne pouvaient plus entrer à l’intérieur du bâtiment principal pour se changer ; les va-et-vient ont été éliminés entre les services ; et les gens ont été autorisés à manger à leur bureau. « Et c’est sans parler des équipements de protection, de la distanciation et de la désinfection des mains, des lieux et des cabines des camions », ajoute Jean-François Pelchat.
Il est vrai que les problèmes de main-d’œuvre auraient pu devenir cruciaux, d’autant plus qu’il existe à l’heure actuelle une pénurie de travailleurs qu’aurait pu accentuer la pandémie. Mais l’entreprise a bichonné ses employés, en favorisant des mesures incitatives comme des primes salariales de deux dollars de l’heure et un boni de 800 $ pour tous. Elle n’a pas non plus lésiné sur de l’aide ciblée, comme en témoigne Jean-Marc Viau, directeur général au Complexe Enviro Connexions de Terrebonne (CEC-Terrebonne). « Pour nous, la priorité, c’est qu’aucun employé ne souffre d’un manque de revenus, spécifie-t-il, et quelques programmes ont été mis en place pour offrir une rémunération d’urgence. Nous souhaitons que personne ne se sente obligé de venir travailler malade, malgré des symptômes de la COVID-19 ou une obligation de quarantaine, par crainte de perdre des revenus et d’en souffrir sur le plan familial. »
Par ailleurs, comme l’entreprise de Boisbriand évolue dans le secteur commercial (elle dessert les industries, commerces et institutions [ICI]), la COVID-19 a aussi eu des effets sur ses revenus. « Les répercussions sont énormes, explique Jean-François Pelchat, et les revenus en baisse substantielle. À titre d’exemple, nous desservons le centre-ville de Montréal et nous sommes un récupérateur de papier. Pensez seulement que dans les tours à bureaux presque vides, on récolte 90 % moins de volume de papier, ce qui risque d’engendrer, à terme, des pénuries de produits fabriqués à partir de papier recyclé. »
Une explosion des coûts On entend un son de cloche similaire chez Enviro Connexions Laval. Son directeur général, André Beausoleil, évoque toutefois quelques particularités propres au service résidentiel offert : « Nos revenus sont demeurés les mêmes, mais nos dépenses ont explosé, explique-t-il. Produits sanitaires, équipements et collectes accrues ont augmenté la charge de travail et les coûts. » Dans son langage coloré, il cerne cette problématique en quelques mots : « Parce que monsieur et madame Tout-le-Monde restent à la maison, que ce soit pour le télétravail, à cause de la quarantaine ou grâce à la PCU, tous se sont occupés à nettoyer leur cabanon, à refaire leur patio, à se fignoler de beaux parterres et de fabuleuses cours arrière, contribuant ainsi à grossir le volume de matières résiduelles à collecter. Et que dire de M. Amazon, qui a livré beaucoup de boîtes? Donc le travail sur le terrain a explosé de 20 à 30 %, mais la main-d’œuvre n’a pas pour autant poussé dans notre cour arrière… »
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REPORTAGE
Crédit photo : CEC-Terrebonne
MÖBIUS, POUR DIRE QUE TOUT NE VA PAS DANS CE BAC-LÀ Depuis 25 ans, André Chulak est responsable du programme Möbius, qu’il anime de main de maître, rencontrant quelque 12 000 écoliers et étudiants chaque année, ainsi que de nombreux groupes d’adultes qui s’intéressent à la valorisation des ressources. « André sensibilise et éduque nos enfants au recyclage, explique le directeur principal Michel Binette. Que doit-on mettre ou pas dans un bac ? Que fait-on des matières organiques, des matières résiduelles et du déchet ultime? En général, notre milieu a mauvaise presse, précise-t-il. Pourtant, le Complexe Enviro Connexions de Terrebonne est une entreprise de très haute technologie, à cent lieues du simple dépotoir où l’on jette des vidanges… Et cela constitue une formidable plate-forme pour éduquer et sensibiliser les citoyens, grands et petits, grâce au programme Möbius, lequel démontre également qu’Enviro Connexions est une entreprise socialement responsable. »
Une mathématique des matières résiduelles August Ferdinand Möbius est un mathématicien allemand du 19e siècle dont la plus célèbre invention, le ruban de Möbius, a connu une utilisation et une popularité grandissantes dans plusieurs champs d’application. « Le ruban de Möbius est aussi devenu un symbole omniprésent dans le domaine du recyclage, où il représente la transformation des matières résiduelles en ressources utiles, précise de son côté André Chulak. Et c’est exactement ce que je cherche à enseigner dans le programme que j’anime. »
Grosso modo, André Chulak donne des conférences sur le développement durable et sur l’économie circulaire en plus d’offrir des activités, comme celle sur la biodégradation des matières. Lors d’une année habituelle, il peut rencontrer environ 8 000 jeunes du milieu scolaire, tant du primaire que du secondaire, tout en donnant des conférences devant des étudiants collégiaux et universitaires. D’autre part, ils sont autour de 5 000 jeunes — et moins jeunes — à venir chaque année au CEC-Terrebonne pour visiter les installations. « En 2020, à cause de la COVID-19, il n’y a pour ainsi dire pas eu d’activités du genre, à l’exception de quelques rares visites. Mais nous comptons bien nous reprendre en 2021 ! », explique André Chulak. Le fait de sensibiliser les jeunes à une gestion complète des matières résiduelles, laquelle commence par la réduction à la source et se termine par une élimination sécuritaire, passionne plus que jamais le responsable du programme Möbius. « Les plus jeunes adhèrent facilement à la nécessité de maximiser les premières étapes de la valorisation des déchets, comme la réduction à la source et le réemploi. Pour eux, faire une gestion plus soutenable de nos ressources devient rapidement un acquis qu’ils appliqueront toute leur vie durant », affirme-t-il.
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REPORTAGE Un programme offert gratuitement André Chulak se défend bien d’animer le programme Möbius dans le seul but de procurer à l’entreprise une image d’engagement social. « Je m’occupe de ce programme depuis 25 ans et nous l’adaptons en fonction de la demande du milieu scolaire. Nous offrons aussi Möbius à des groupes de citoyens, comme des regroupements écologiques, des Cercles de Fermières ou les Chevaliers de Colomb ; nous avons même reçu des courtiers immobiliers. Et tout cela est offert gratuitement. » Michel Binette évoque avoir passé une journée complète en compagnie d’un chauffeur de camion pour découvrir que, si les citoyens étaient plus sensibilisés
et mieux éduqués sur ce qui va ou non dans un bac, le résultat serait beaucoup plus efficace, pour finalement se rapprocher du fameux objectif du zéro déchet. « Actuellement, ajoute-t-il, il se trouve encore des gens pour mettre des choses dans un bac qui ne devraient pas y être. L’objectif premier, avec Möbius, c’est de croire qu’en éduquant les enfants, ceux-ci, en plus de devenir des citoyens responsables, pourront éventuellement sensibiliser les adultes à la maison… Aussi, en ayant ce contact privilégié avec les citoyens, nous espérons déboulonner l’image de “ramasseurs de vidanges” qui vont enfouir tout cela quelque part dans la nature… »
LE COMPLEXE ENVIRO CONNEXIONS : UN MODÈLE À SUIVRE Il est certain que dans un monde idéal, il faudrait cesser de transformer nos déchets en ressources pour plutôt arrêter de produire des déchets avec nos ressources. Mais ce n’est pas encore demain la veille… « Nous ne sommes pas contre l'objectif zéro déchet, mais en attendant qu’il n’y en ait plus, il est impératif de les traiter adéquatement afin d’avoir le moins de répercussions sur l’environnement », proclame avec justesse Michel Binette. « Le CEC-Terrebonne est un lieu d’enfouissement technique unique. C’est le bout de la chaîne où
arrive le déchet ultime. Nous y faisons certes de l’enfouissement, mais aussi beaucoup d’autres choses, déclare-t-il fièrement. Il s’agit d’un complexe environnemental d’avenir où, grâce aux matières résiduelles qui y sont gérées, nous produisons du gaz naturel renouvelable (GNR) et du compost, en plus de récupérer des matières (bois, métaux, etc.). »
Le CEC possède la plus grande usine de valorisation de biogaz au Québec, ayant mis au point une technologie efficace pour traiter et capter les biogaz s’échappant du site d’enfouissement. « Et nous obtenons un taux de récupération de presque 100 %. C’est merveilleux, car nous avons déjà un pied dans l’avenir », s’enthousiasme Michel Binette. Crédit photo : CEC-Terrebonne
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Une approche intégrée pour une meilleure gestion Le CEC-Terrebonne a aussi été parmi les premiers à exploiter une centrale électrique. « Notre première centrale produisait des kilowattsheures, mais ne valorisait pas l’ensemble des gaz en amont. Toutefois, il y a plus de cinq ans, le processus de traitement a été bonifié et nous avons élevé le rendement à un niveau supérieur de performance, remarque Michel Binette. Avouons que de produire une énergie verte avec des déchets, c’est quand même innovateur ! À elle seule, l’usine de biométhane aura coûté 44 millions de dollars. »
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Avec le compostage, l’électricité, le biogaz et même une déchetterie — laquelle permet le réemploi, le recyclage et la valorisation d’une partie des matières et des objets collectés —, ce ne sont pas les débouchés qui manquent pour les matières résiduelles. « Enviro Connexions s’appuie sur cinq grandes valeurs d’entreprise : la première est la sécurité de nos employés, de notre clientèle et du public ; la deuxième est l’intégrité, c’est-à-dire le respect de nos promesses et de nos engagements envers nos clients, nos employés et nos actionnaires ; la troisième est le service à la clientèle, empreint de courtoisie et de respect envers ceux que nous avons la chance de servir ; la quatrième, c’est de faire de l’entreprise un endroit formidable où travailler, en fournissant un environnement où les gens aiment ce qu’ils font et sont fiers de leur travail. Et finalement, notre cinquième valeur, mais non la moindre : viser l’excellence en allant toujours plus loin. »
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CETEQ
LA MODERNISATION DE LA COLLECTE SÉLECTIVE : UNE AVANCÉE POUR LE QUÉBEC Richard Mimeau Directeur général Conseil des entreprises en technologies environnementales du Québec (CETEQ) rmimeau@ceteq.quebec
e ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, M. Benoit Charette, a récemment annoncé la nouvelle mouture du système de collecte sélective et de consigne au Québec. En effet, le projet de loi 65 — Loi modifiant principalement la Loi sur la qualité de l’environnement en matière de consigne et de collecte sélective — a été présenté à l’Assemblée nationale le 24 septembre dernier. Voici certains des commentaires que nous avons émis à son sujet.
L
PRÉVOIR UNE COMPLÉMENTARITÉ ENTRE LES SYSTÈMES MODERNISÉS Bien que le projet de loi concerne à la fois la consigne et la collecte sélective, nous nous attarderons plus précisément sur cette dernière, mais disons d’abord quelques mots sur la consigne. Celle-ci est là pour de bon, puisqu’il s’agit d’une forme de tri positif de la matière qui en améliore la qualité. Toutefois, il faut être vigilant face à un élargissement important de la consigne : l’évaluation de ses impacts sur la rentabilité et la pérennité des centres de tri (CDT) doit être considérée. Il ne devrait pas être question d’une consigne élargie (notamment au verre et aux autres contenants en plastique) qui aurait des répercussions néfastes sur l’industrie des CDT en retirant d’importantes matières de valeur et des quantités entrantes. Il est impératif de considérer la pérennité de l’industrie du recyclage dans notre réflexion concernant la mise en place d’une consigne. De plus, afin d’assurer l’équité entre les entreprises, il sera important de prévoir un mécanisme de complémentarité entre les deux systèmes modernisés. LA RESPONSABILITÉ ÉLARGIE DU PRODUCTEUR La principale nouveauté introduite par le gouvernement concerne la mise en place d’une responsabilité élargie du producteur (REP). Il s’agit d’une recommandation du comité aviseur du ministre. Cette approche repose sur la responsabilité des producteurs qui mettent en marché des contenants, des emballages, des imprimés et des journaux. En devenant responsables des matières mises en marché, les entreprises sont incitées à utiliser des matières écoconçues, à intégrer du contenu recyclé, à s’assurer de la récupération et du recyclage performants de leurs matières ainsi qu’à favoriser le développement des marchés, en particulier les marchés locaux et limitrophes, dans une perspective d’économie circulaire. Les entreprises devront miser sur le partenariat avec les municipalités, les MRC et les organismes municipaux par la prise en compte de leur rôle dans les services de proximité avec les citoyens, ce qui permettra de bâtir sur les acquis actuels et les investissements réalisés, tout en considérant les réalités des différentes régions du Québec. Vous vous en doutez, cette situation provoquera une réelle transformation de l’industrie de la collecte sélective en favorisant l’innovation et en modernisant ses façons de faire. L’ORGANISME DE GESTION DÉSIGNÉ Bien entendu, lorsqu’on parle de REP, il est nécessaire d’avoir un organisme de gestion qui assurera la bonne conduite des opérations. Un tel organisme favorisera la mise en place de bonnes pratiques et offrira un climat propice à l’investissement de capitaux privés. On ne peut que s’en réjouir.
Cependant, afin de réaliser ses objectifs d’efficacité et de rentabilité, l’organisme de gestion doit avoir les coudées franches et passer des contrats sur le long terme. En effet, au Québec, seules huit entreprises privées œuvrent dans le système actuel. Cette aberration s’explique par le fait que le modèle d’affaires en vigueur n’est pas rentable et que presque seules les organisations à but non lucratif peuvent y trouver leur compte grâce, notamment, aux subventions gouvernementales. Bien qu’on ne puisse être opposé à la mission de ces organisations, il faut reconnaître que l’avenir de la collecte sélective passe par une nouvelle gouvernance qui offrira des directives de marché novatrices et qui exigera un produit de qualité supérieure. Ainsi, afin d’obtenir ces résultats, l’organisme de gestion doit pouvoir conclure des contrats à long terme. Ce faisant, les entreprises privées pourront justifier les investissements nécessaires à la modernisation de leurs équipements. Autrement dit, l’entreprise privée ne peut justifier l’investissement requis pour moderniser ses équipements pour un contrat de trois à cinq ans. En accordant un contrat sur une plus longue période, on permet à l’entreprise privée d’investir au Québec tout en évitant au gouvernement, et à ses organisations, de subventionner une industrie. LA RELATION ENTRE L’ORGANISME DE GESTION ET LA COLLECTE DES INDUSTRIES, COMMERCES ET AUTRES INSTITUTIONS (ICI) Bien que la REP et l’introduction d’un organisme de gestion soient des avenues utiles et importantes, il est nécessaire de circonscrire l’étendue du champ d’action de cette organisation, puisqu’il existe au Québec deux types de collecte sélective. En effet, il y a une différence importante entre la situation vécue dans la collecte résidentielle (que l’on pourrait qualifier de publique) et celle de la collecte des ICI (qui pourrait, elle, être qualifiée de privée). Cette dernière est bien établie et, à la suite de nombreux investissements privés et d’ajustements réalisés au cours des dernières années, elle offre un produit de qualité. Il serait dommage de sacrifier les efforts qui portent des fruits dans le privé et de risquer l’encombrement du volet public de la collecte sélective. VERS UN RÈGLEMENT AU PRINTEMPS 2021 Le projet de loi 65 est une excellente nouvelle pour la collecte sélective au Québec. En responsabilisant les producteurs et en accordant la gestion à un organisme reconnu, le système deviendra beaucoup plus efficace et les taux de récupération et de revalorisation devraient être plus élevés. Cependant, il ne faut pas pour autant encombrer le nouveau système et se départir de ce qui fonctionne bien. Ces questions seront abordées par le gouvernement lors de l’élaboration du règlement d’application au printemps prochain. n
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L’OXYDATION EN VOIE HUMIDE : LA SOLUTION POUR LE TRAITEMENT DES BOUES MUNICIPALES
CTTEI
Sa demande biologique en oxygène et sa teneur en phosphore sont grandement réduites. Toutefois, les résidus qui résistent à ce traitement s’amassent lentement au fond des bassins et compromettent leur efficacité. Que faire de ces boues ?
Jean-François Vermette Directeur scientifique Biophysicien, M. Sc. Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI) jeanfrancois.vermette@cttei.com Avec la collaboration d’Astrid Debeissat, B. Sc. M. Comm., Pol., réd.a. (CTTÉI)
NETTOYER LES BOUES D’ÉTANGS AÉRÉS SANS POLLUER Afin de traiter les eaux usées, le gouvernement du Québec a engagé dans les années 1980 et 1990 1 une modernisation massive des stations d’épuration. Les étangs aérés représentent un procédé d’épuration parfait pour la Belle Province, qui dispose de grands espaces peu coûteux à acquérir. Trente ans plus tard, la population s’est accrue et le volume d’eau à traiter a augmenté encore davantage. Au fond des étangs, les résidus solides se sont accumulés. Les villes comme Repentigny, Saint-Bruno-de-Montarville ou SorelTracy doivent vidanger ponctuellement les bassins pour conserver l’efficacité du procédé d’épuration. Nous estimons que depuis 2011, au Québec, plus de 50 millions de dollars y ont été consacrés. Mais une nouvelle solution existe : l’oxydation en voie humide. POURQUOI DES BOUES AU FOND DES ÉTANGS ? Au Québec, près de 600 stations d’épuration sont exploitées en étangs aérés, soit 67 % des stations de la province. Ce procédé est très performant. Les eaux usées traversent d’immenses bassins extérieurs. Les matières en suspension décantent et la charge organique est traitée par procédé biologique. L’eau atteint un niveau de propreté suffisant pour être renvoyée au fleuve.
BIOMÉTHANISATION, ÉPANDAGE OU ENFOUISSEMENT ? La biométhanisation n’est pas efficace. Le procédé de digestion anaérobique fonctionne bien lors du traitement des « jeunes boues », mais dans le cas de matières accumulées de longue date, tout ce qui pouvait être biodégradé l’ayant déjà été, les boues n’ont plus qu’un infime potentiel méthanogène. Les municipalités doivent alors se tourner vers l’enfouissement ou l’épandage agricole. L’enfouissement des tonnes vidangées, coûteux, engendrerait d’importantes répercussions environnementales. L’épandage, lui, est un bel exemple d’économie circulaire. Les boues contiennent du phosphore aux propriétés fertilisantes. L’utilisation de ces biosolides en agriculture tombe néanmoins dans une zone grise en matière d’innocuité environnementale et populationnelle. En 2016, l’Institut national de santé publique du Québec publiait une étude sur les Risques pour la santé associés à l’épandage de biosolides municipaux sur des terres agricoles. Elle concluait à une pratique « acceptable par les autorités sanitaires », mais soulignait des incertitudes scientifiques sur l’impact de contaminants chimiques pour lesquels il n’existe aucune norme ou dont les effets sont mal connus : microorganismes antibiorésistants et micropolluants pharmaceutiques liés aux effluents d’hôpitaux. L’épandage mobilise aussi une lourde chaîne logistique : il faut d’abord extraire, déshydrater et nettoyer ; ensuite, trouver des agriculteurs preneurs ; enfin, transporter et épandre en volumes adéquats.
Centre de traitement & lieu d’enfouissement de sols contaminés
Pour nous contacter
> 844.212.8484 > pdacruz@signaterre.com > 175, chemin de la Cabane-Ronde Mascouche (Qc) J7K 0P1
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L’ O X Y D A T I O N E N V O I E H U M I D E : L A S O L U T I O N P O U R L E T R A I T E M E N T D E S B O U E S M U N I C I P A L E S L’OVH, PROCÉDÉ PROPRE IMBATTABLE Depuis plusieurs années, le CTTÉI développe une expertise sur l’oxydation hydrothermale, aussi appelée « oxydation en voie humide » (OVH), méconnue en Amérique du Nord. Les boues résiduelles sont chauffées, pressurisées et enrichies en oxygène. Les réactions induites, qui offrent un rendement et une cinétique extrêmement efficaces, permettent de dégrader les résidus proprement, et la réaction génère de l’énergie propice au chauffage des bâtiments ou de procédés industriels. L’eau récupérée est propre à 80 ou 90 %, biodégradable, et peut être retournée dans les étangs. Seul résidu : un solide stable, semblable à un sable, 20 fois moins volumineux, que l’on peut déshydrater, réemployer dans des recettes de béton, valoriser comme matière de recouvrement ou, dans le pire scénario, enfouir. En plus d’un bilan énergétique positif, au lieu d’enfouir 20 000 tonnes de boues riches en matières organiques condamnées à libérer des gaz à effet de serre, on enfouit ou valorise 1 000 tonnes de sable inerte. SOREL-TRACY : UN EXEMPLE PARLANT À Sorel-Tracy, le CTTÉI étudie le réseau de la Régie d’assainissement des eaux Richelieu Saint-Laurent, qui dessert 40 000 habitants et compte six étangs aérés placés. Les exigences de qualité quant aux rejets dans le fleuve sont respectées, mais 200 000 tonnes de boues sont accumulées : l’équivalent de cent piscines olympiques. La concentration de métaux dans le biosolide résiduel varie d’un étang à l’autre. Elle est parfois trop élevée pour l’épandage agricole. Quelle solution existe-t-il, à part prélever les boues, les déshydrater, puis les enfouir ?
RÉSULTATS — VILLE DE SOREL-TRACY 100 % 90 % 80 % 70 % 60 % 50 % 40 % 30 % 20 % 10 % 0%
760
65-85 $/tonne
3000
camions t CO2eq
Enfouissement Coûts
Camionnage
48
88
226
$/tonne
camions
t CO2eq
OVH Gaz à effet de serre
On estime pouvoir réduire les coûts d’enfouissement sur 15 ans de 27 à 44 % selon l’optimisme du scénario, diviser par 8 le camionnage nécessaire pour l’enfouissement des solides (ou leur valorisation) et par 13 les émissions de gaz à effet de serre. L’AVENIR DE L’OVH Les prochaines étapes ? Poursuivre la valorisation des boues d’étangs aérés de Sorel-Tracy à grande échelle, soumettre ce procédé propre à l’approbation du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, puis élargir son utilisation. Les possibilités d’applications futures de l’OVH ne s’arrêtent pas là. Toutes les matières organiques dont l’enfouissement est le seul mode de gestion, certaines matières dangereuses, ainsi que les effluents trop concentrés ou réfractaires aux procédés biologiques peuvent bénéficier de cette technologie de pointe afin de diminuer leur empreinte environnementale et leurs coûts d’exploitation.
Les résultats du traitement par OVH parlent d’eux-mêmes : 1
Plus que jamais, au Québec, l’avenir est dans notre plus grande ressource : l’eau ! n
Le Programme d’assainissement des eaux du Québec (PAEQ) : http://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/eaux-usees/industrielles/chapitre1_b.htm
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3RVE VOL. 16 N O 3 AUTOMNE 2020
PRÉSENTATION DES PLUS RÉCENTES MODIFICATIONS APPORTÉES AU REIMR
LE JURIDIQUE
Me Thibaud Daoust Avocat, LL. B. Daigneault, avocats inc. thibaud.daoust@daigneaultinc.com
L
e 2 septembre 2020 était publié le Règlement modifiant le Règlement sur l’enfouissement et l’incinération des matières résiduelles 1, après une prépublication le 19 février. Celui-ci a été adopté dans la foulée de l’adoption du Règlement encadrant les activités en fonction de leur impact sur l’environnement 2 (ci-après « REAFIE »), pour y introduire des dispositions de concordance avec cet autre règlement, mais il introduit également des modifications substantielles au Règlement sur l’enfouissement et l’incinération des matières résiduelles 3 (ci-après « REIMR ») sans lien avec la réforme du régime d’autorisation environnementale québécois. Nous aborderons ici trois des plus importantes modifications qui sont ainsi introduites dans le REIMR.
PLATEFORME DE STOCKAGE DE MATÉRIAUX DE RECOUVREMENT La première de ces nouveautés est l’introduction de balises spécifiques pour l’aménagement des plateformes de stockage de sols contaminés ou d’autres matières résiduelles destinées à servir de matériaux de recouvrement. Le dernier alinéa de l’article 42 du REIMR est modifié afin de préciser que les sols contaminés et les autres matières résiduelles destinées au recouvrement ne peuvent être stockés, dans un lieu d’enfouissement, que
sur des zones de dépôt qui respectent les exigences d’étanchéité fixées par ce même règlement et qui n’ont pas fait l’objet d’un recouvrement final, ou sur une plateforme de stockage conforme aux prescriptions de l’article 24.1. Ce dernier est un nouvel article du REIMR qui vient justement décrire les différents matériaux pouvant être utilisés pour construire une telle plateforme de manière imperméable, soit des sols naturels ayant une conductivité hydraulique égale ou inférieure à 1 x 10-6 cm/s, des matériaux argileux ayant une conductivité hydraulique égale ou inférieure à 1 x 10-7 cm/s, une géomembrane, un géocomposite, du béton bitumineux, du béton de ciment ou tout autre système d’imperméabilisation assurant une efficacité équivalente. On pourrait y voir une approche comparable, sans être identique, à celle de l’article 242 du REAFIE, qui autorise, pour le stockage de certaines matières résiduelles, différents types de surface. Nous notons d’ailleurs que pour certains des matériaux énumérés, l’épaisseur minimale devant être atteinte est mentionnée, alors que pour d’autres, aucune indication n’est faite concernant cette épaisseur. Le REIMR aurait intérêt à être précisé sur cet aspect, pour permettre aux exploitants de lieux d’enfouissement d’analyser leurs options. La plateforme de stockage doit également être pourvue d’un système de captage des eaux et elle ne peut être construite dans la zone tampon
1
(2020) 152 G.O. II, 3603A.
2
(2020) 152 G.O. II, 3620A. Le projet de REAFIE a fait l’objet de commentaires dans notre article se trouvant en page 18 de l’édition d’hiver 2020 du magazine 3Rve.
3
RLRQ, c. Q-2, r. 19.
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P RÉS E NTATI O N D E S P L U S RÉC E NTE S M O D I F I C ATI O N S A P P O RTÉE S A U R E I M R
entourant un lieu d’enfouissement, conformément à une modification en ce sens de l’article 18 du REIMR. ÉCHANTILLONNAGE DES MATÉRIAUX DE RECOUVREMENT La deuxième de ces nouveautés, liée à la précédente, est l’ajout d’une fréquence fixe concernant l’obligation d’effectuer des mesures et des échantillonnages sur les matériaux utilisés à des fins de recouvrement journalier pour les lieux d’enfouissement technique et les lieux d’enfouissement de débris de construction et de démolition. En effet, le quatrième alinéa de l’article 42 du REIMR prévoyait déjà que les sols et autres matériaux de recouvrement devaient faire l’objet d’échantillonnages afin de vérifier leur conformité aux caractéristiques décrites par le premier alinéa de l’article 42 portant sur la conductivité hydraulique minimale et le diamètre des matériaux. Par contre, la fréquence de ces échantillonnages était fixée dans chaque autorisation et pouvait donc différer d’un exploitant à l’autre. Ce quatrième alinéa est modifié afin de fixer, pour tous, cette fréquence d’échantillonnage. Par contre, sa rédaction est pour le moins confuse. Si moins de 4000 tonnes d’un même matériau sont utilisées par année, un seul échantillonnage annuel suffira. Par contre, si plus de 4000 tonnes d’un même matériau sont utilisées par année, chaque « lot » de 4000 tonnes ou moins qui sera reçu devra être échantillonné individuellement. La notion de « lot » de matériau n’est pas définie au REIMR. En première analyse, il nous semble que le législateur viserait chaque « arrivage » de matériaux ayant la même origine, soit provenant d’un même projet ou d’une même source. Ce point gagnerait aussi à être précisé dans le règlement.
FERMETURE D’UN LIEU D’ENFOUISSEMENT Le troisième ajout d’importance est la modification de l’article 80 du REIMR concernant la fermeture des lieux d’enfouissement technique. L’ancien libellé de l’article 80 énonçait seulement le point de départ du processus de fermeture définitive d’un lieu d’enfouissement, soit le jour où l’on cesse définitivement la réception de matières résiduelles pour élimination. De son côté, le nouveau libellé énonce le délai pour commencer et terminer cette fermeture. Ainsi, l’exploitant d’un lieu d’enfouissement devra, à l’intérieur d’un délai de 18 mois, réaliser la fermeture définitive du site, en ayant mis en place le recouvrement final sur toutes les zones de dépôt et en installant tous les autres équipements de traitement et de suivi qui seront nécessaires à sa situation particulière, selon les conditions de son autorisation et du règlement. Il faut noter que le projet de règlement avait originalement fixé ce délai à un an. Il était nécessaire, selon nous, que ce délai soit révisé à la hausse, ne serait-ce que pour tenir compte du fait que les géomembranes qui doivent être installées lors du processus de fermeture définitive ne peuvent généralement pas être installées en hiver. ENTRÉE EN VIGUEUR La grande majorité des modifications au REIMR, y compris celles que nous avons examinées plus haut, sont entrées en vigueur le 17 septembre 2020. Les modifications de concordance liées à la modification du régime d’autorisation et au REAFIE entreront plutôt en vigueur le 31 décembre 2020. n
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3RVE VOL. 16 N O 3 AUTOMNE 2020
Publireportage
FINI LA MOROSITÉ DANS L’INDUSTRIE DES CRD L’industrie des CRD (résidus de construction, de rénovation et de démolition) est loin d’avoir atteint sa vitesse de croisière au Québec. Même si des programmes d’aide et de soutien de RECYC-QUÉBEC et du 3RMCDQ ont tenté de la stimuler, les centres de tri des CRD traversent depuis quelques années, avouons-le, des temps difficiles.
G
rosso modo, trois facteurs influencent les résultats et l’efficacité des centres de tri des CRD : le taux de récupération des matières de plus de 2 pouces, le taux de récupération des matières fines (de 1/8 à 2 pouces) et le coût de la main-d’œuvre.
TRIER + Examinons la proposition de Sherbrooke O.E.M., qui grâce à ses équipements stratégiquement déployés, permet à 52 centres de tri de traiter annuellement plus de sept millions de tonnes de CRD à travers l’Amérique du Nord.
Depuis plus de vingt ans, l’entreprise québécoise Sherbrooke O.E.M. se penche sur la problématique de la récupération de ces matières afin d’élaborer des solutions viables et pérennes, capables d’assurer la rentabilité des efforts mis en œuvre par l’industrie. Sa constante recherche de solutions innovantes pour mieux traiter les matériaux CRD et pour répondre aux différents enjeux vécus par cette industrie porte aujourd’hui des fruits.
Au début de 2020, Sherbrooke O.E.M. a proposé à un centre de tri de Châteauguay la mise en place d’une technologie de nouvelle génération permettant d’améliorer sa performance à l’égard des trois facteurs mentionnés précédemment : le taux de récupération des matières de plus de 2 pouces, le taux de récupération des matières fines et le coût de la main-d’œuvre.
Elle en est d’ailleurs arrivée au point de pouvoir offrir à l’industrie une technologie révolutionnaire ainsi qu’un service clés en main, capables de pallier aux limites de la main-d’œuvre et de la machinerie existante, afin d’augmenter le rendement, la qualité de l’extraction et, en fin de compte, la rentabilité. Une fois de plus, Sherbrooke O.E.M. fait preuve d’innovation, non seulement dans la conception et la fabrication d’équipements personnalisés pour diverses industries, mais aussi dans son offre de projets clés en main, ceux-ci intégrant tant des équipements de pointe qu’un suivi professionnel et participatif aux procédures. Grâce à son expertise analytique en conception et à sa vaste expérience, l’entreprise peut ainsi dorénavant permettre des rendements inégalés grâce à des centres de tri de nouvelle génération et hautement automatisés.
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Plutôt sceptique, la direction s’est vite enthousiasmée en découvrant le premier croquis technique et le modèle financier du projet. Mentionnons d’ailleurs que toute l’application du nouveau processus était planifiée dans ses moindres détails, non seulement sur le plan technique, mais aussi au point de vue financier. Dans cette approche réside, sans l’ombre d’un doute, la véritable valeur du projet proposé par Sherbrooke O.E.M. Par ailleurs, en raison de la pandémie de COVID-19 et des contraintes exercées sur les voyages, ce projet a mobilisé toute l’équipe, avec pour résultat une avancée spectaculaire dans la récupération des matières recyclables. Qui plus est, le projet réalisé au centre de tri de CRD à Châteauguay aura permis d’améliorer son rendement à l’égard des trois facteurs et de dépasser les objectifs de récupération des matières fines à partir d’une granulométrie de 1/8 pouce.
UNE QUESTION D’OPTIQUE Jusqu’à tout récemment dans l’univers des CRD, seuls les plus gros morceaux de bois étaient récupérés. Aujourd’hui, la totalité des morceaux ayant une granulométrie de 1/8 pouce ou plus peut être récupérée, ce qui représente une grande avancée en soi, car cela signifie qu’il est maintenant possible de récupérer plus de 95 % du bois dans un centre de tri de CRD.
LES MATIÈRES FINES Quant au traitement des matières fines, Sherbrooke O.E.M. a décidé d’appliquer ce qu’elle fait déjà depuis plusieurs années dans le sud des ÉtatsUnis, puis de réduire le triage à moins de 1/8 pouce, dans la perspective de récupérer non seulement la fraction de bois qui s’y trouve, mais aussi tous les agrégats représentant un pourcentage élevé.
Le triage optique pour le bois avait déjà été installé dans plusieurs projets pilotés par Sherbrooke O.E.M. afin qu’elle puisse récupérer ce matériau avec succès. Comme une trieuse optique a la capacité d’effectuer plusieurs centaines de milliers d’éjections à l’heure, c’est l’équipement qui a été retenu dans le cas du centre de tri de Châteauguay. Cette méthode est la plus efficace, car un triage optique permet un taux de capture impressionnant variant entre 95 % et 98 %. Selon les paramètres de soufflage de l’équipement, des matières non désirées seront entraînées avec les matières désirées. Ce facteur d’entraînement n’est souvent pas pris en compte, alors qu’il influence le taux de capture des matières. Les matières non désirées sont entraînées parce qu’elles sont trop près des bonnes matières, parce qu’elles sont agglomérées ou, tout simplement, parce qu’elles sont accrochées aux matières désirées.
Le démarrage de l’usine de Châteauguay a vite permis de réaliser que la fraction de 0 à 2 pouces représentant plus de 30 % des résidus venait de fondre à moins de 15 %. De plus, les observations actuelles permettent de voir qu’on retrouve autant d’agrégats dans la fraction de 0 à 2 pouces que dans la fraction de plus de 2 pouces, ce qui est non négligeable lorsque l'on parle de matières récupérables.
En remplaçant le contrôle de la qualité manuel par une trieuse optique, il a été possible non seulement d’améliorer la qualité du bois, mais aussi d’éjecter les matériaux tels que la mélamine, le contreplaqué, les panneaux gaufrés et les plastiques, pour ainsi produire deux gisements de bois de qualité et de valeur intéressante.
Notons que la totalité du procédé proposé par Sherbrooke O.E.M. est à sec et ne requiert aucun traitement d’eau. Qui plus est, la mécanisation de l’ensemble du procédé permet de réduire la main-d’œuvre à son minimum. L’augmentation du taux de valorisation global (réduisant ainsi les matières allant à l’enfouissement) ainsi que la diminution du besoin de main-d’œuvre auront permis de réduire drastiquement les frais de fonctionnement. Fière de cette réalisation, Sherbrooke O.E.M. est certaine que celle-ci redéfinira à l’avenir les façons de faire en matière de tri dans le secteur des CRD et qu’elle servira d’exemple pour l’ensemble du continent américain.
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UN CŒUR VERT POUR ENVIRO CONNEXIONS
DES GESTIONNAIRES AU SERVICE DES EMPLOYÉS Par Guy Des Rochers
« C’est toujours agréable de recevoir un prix, cela procure fierté et motivation. La maisonmère, au Texas, a eu écho de notre prix et cela a créé des retombées favorables pour nous, au Québec », révèle Annie Gagné, responsable du recrutement chez Enviro Connexions, en évoquant le prix Cœur vert obtenu par l’entreprise lors du gala Distinctions de Réseau Environnement, qui s’est tenu en mars 2020, durant le Salon des TEQ, à Québec.
Enviro Connexions est membre de la famille américaine Waste Connections et fournit des services de collecte résidentielle et commerciale et de recyclage sécuritaires et respectueux de l’environnement. De plus, au Québec, cette entreprise est fortement impliquée dans les communautés où elle assure des services, tout en étant très présente grâce à plusieurs emplacements, dont un complexe important à Terrebonne (Lachenaie), qui s’inscrit dans un processus d’économie circulaire. Pionnier dans la transformation des déchets en énergie, ce site produit, à partir des matières résiduelles, la plus grande quantité de gaz naturel renouvelable (GNR) au Québec, ainsi que du compost de qualité commerciale fait à partir de résidus verts et de matières issues des bacs bruns. Dominique Dodier, directrice générale d’EnviroCompétences, a voulu souligner par ce prix que, en dépit du fait qu’elle est une entreprise de grande taille, Enviro Connexions met en œuvre des pratiques exemplaires en matière de santé et de sécurité ainsi qu’en ce qui a trait aux ressources humaines. « En gestion des ressources humaines, il existe trois grandes familles : la santé et la sécurité, le droit du travail, et le développement organisationnel. Enviro Connexions tient le haut du pavé dans ces trois aspects », assure Dominique Dodier. LE CONCEPT DU SERVANT LEADERSHIP Enthousiaste, Annie Gagné croit qu’une gestion décentralisée procure à Enviro Connexions quelques atouts. « La maison-mère est au Texas et le réseau d’entreprises en Amérique du Nord est bâti par régions, explique-t-elle. La maison-mère canadienne est située à Toronto. Ainsi, au Québec, nous formons une région et notre stratégie en ressources humaines se déploie à partir de la maison-mère torontoise. La gestion de l’entreprise est construite sur le concept du servant leadership (« leadership attentif »). C’est un peu le concept de la pyramide inversée, selon lequel un leader est au service de ses subordonnés, pour les aider à accomplir des objectifs communs définis par la direction. Cela est carrément une alternative positive au leadership autoritaire habituel. »
Ainsi, en vertu de ce concept, les gestionnaires sont d’abord au service des employés. Pour Annie Gagné, cela explique aussi l’importance que l’entreprise accorde aux ressources humaines. « Nous sommes une entreprise très humaine, dont les valeurs sont vécues, dit-elle. Nos valeurs d’importance sont la sécurité, l’intégrité et le respect dans tout ce que nous faisons. Même si le service à la clientèle est important pour nous, il ne doit jamais être priorisé au détriment de la sécurité. Pour nos gens, nous souhaitons être la meilleure entreprise où travailler ; pas la plus grande, mais la meilleure. » Quand le comité de travail de Réseau Environnement chargé de recevoir les candidatures pour le prix Cœur vert a soumis à l’équipe d’Enviro Compétences ses choix, une unanimité s’est imposée, après l’étude des candidatures. « La directrice de la formation, l’agente de projets et moi-même avons découvert la valeur d’Enviro Connexions, précise Dominique Dodier. Il s’agit d’une entreprise foisonnant d’idées, à la gestion décentralisée, qui donne pleine responsabilité aux gestionnaires et leur offre une marge de manœuvre pour personnaliser leur style de gestion. C’est une entreprise qui a le vent dans les voiles et est en forte croissance, et il y a de la demande pour les services qu’elle offre. Par ailleurs, même si elle est américaine, ses installations au Québec sont quand même importantes. Aussi, ses pratiques d’affaires et celles rattachées au développement durable sont très avant-gardistes. Enfin, l’entreprise est très impliquée dans l’aspect social du développement durable. » Pour Annie Gagné, la clé réside dans la formation des gestionnaires : « Ce sont les gestionnaires de chaque district qui participent aux décisions RH et les appliquent. Chez nous, les conseillers RH sont là à titre d’aidants. Pour nous, c’est une formule gagnante », conclut-elle. n
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SOULIGNONS L’EXCELLENCE Tenant à promouvoir les meilleures pratiques et l’innovation dans une perspective de développement durable (et ce, malgré la pandémie), le Conseil des entreprises en technologies environnementales du Québec (CETEQ) a souligné le travail remarquable de figures importantes dans le domaine environnemental lors d’une édition spéciale EnviroLys diffusée virtuellement, le 16 novembre dernier. Trois prix ont été décernés : les prix Hommage Pierre-Lachance et Personnalité EnviroLys, ainsi que le nouveau prix Reconnaissance des services essentiels. Par ce dernier, le CETEQ tenait à souligner l’implication soutenue et constante d’un travailleur ou d’un groupe de travailleurs du domaine de l’environnement qui s’est démarqué par ses efforts et son engagement lors de la crise de la COVID-19 du printemps dernier.
Sans plus tarder, découvrez ces personnalités qui font une différence en environnement !
Stéphanie Trudeau personnalité de l’année Lauréate du prix Personnalité EnviroLys 2020, Stéphanie Trudeau s’illustre depuis plusieurs années par son implication dans le développement d’une société plus durable. Actuellement vice-présidente exécutive – Québec chez Énergir, Stéphanie Trudeau a occupé différents postes au sein de l’entreprise. Elle a su jouer un rôle clé dans ses réflexions stratégiques afin qu’Énergir participe activement au développement d’une économie plus verte et plus durable au Québec. Impliquée à plusieurs niveaux dans la me communauté, M Trudeau a entre autres participé au développement de l’Alliance SWITCH, qui travaille à trouver
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des solutions concertées pour une transition plus équitable et innovante pour le Québec. Elle siège également à plusieurs conseils d’administration, dont ceux de la Fédération des chambres de commerce du Québec et de l’Observatoire québécois des inégalités, en plus d’être membre du Conseil des parrains de la Jeune Chambre de commerce de Montréal, ambassadrice de la Bourse du carbone Scol’ERE et ambassadrice fondatrice de La Ruche Montréal.
Elle a par ailleurs participé à des forums d’échange d’envergure nationale et mondiale sur les enjeux économiques liés aux changements climatiques (Positive Energy de l’Université d’Ottawa, COP21). Cette nomination vient donc souligner son leadership de même que son inestimable contribution à la promotion du développement durable.
PRIX HOMMAGE PIERRE-LACHANCE 2020
Cette année, le prix Hommage PierreLachance est décerné à Jean-Yves Voghel, fondateur de l’entreprise Voghel inc.
Ayant toujours œuvré dans le milieu de la machinerie lourde, c’est en 1996 que JeanYves Voghel crée l’entreprise Voghel inc. afin de répondre à son désir d’offrir un service de qualité en matière de machinerie lourde, tout en offrant un environnement de travail respectueux et stimulant pour les employés. Son objectif était d’offrir des solutions innovantes par la machinerie lourde afin d’améliorer les activités de sa clientèle tout en permettant de réduire leur impact sur l’environnement. C’est un pari qu’il a tenu tout au long de sa carrière et auquel l’entreprise répond toujours aujourd’hui.
Souhaitant faire une différence dans sa communauté, il a siégé à plusieurs conseils d’administration d’associations liées à son domaine d’activité : l’Association des propriétaires de machinerie lourde, l’Association des constructeurs de route et grands travaux du Québec, le 3RMCDQ et le CETEQ. Ce dernier tient à honorer l’apport important de Jean-Yves Voghel, nouvellement retraité, à l’économie verte du Québec.
Le prix Hommage Pierre-Lachance est remis à une personne ayant contribué, par ses accomplissements et son engagement, au développement et au rayonnement de l’économie verte ou du CETEQ. Souhaitant rendre hommage à feu Pierre Lachance, premier directeur général du CETEQ, son directeur général actuel Richard Mimeau a créé en 2013 un prix Hommage. Décerné à titre posthume à M. Lachance, le prix est ensuite devenu le prix Hommage Pierre-Lachance, en mémoire de son travail et de son implication.
PRIX RECONNAISSANCE DES SERVICES ESSENTIELS Décerné à Éric Daoust, directeur des opérations d’Enviro Connexions Laval, et à son équipe de chauffeurs et d’aideséboueurs, le prix Reconnaissance des services essentiels souligne leur engagement sans faille envers le maintien des collectes municipales, et ce, depuis le début de la pandémie. Le confinement de la population a entraîné une augmentation spectaculaire de la quantité de déchets générés à la maison. Conséquemment, la charge de matières à soulever, les distances à parcourir à pied (plus d’une vingtaine de kilomètres au quotidien, l’équivalent d’un demi-marathon !)
et les heures de travail supplémentaires ont décuplé. Malgré la situation exceptionnelle, M. Daoust a su garder l’unité au sein de son équipe et s’assurer qu’elle œuvre constamment dans un environnement de travail sécuritaire. Soulignons également que le 18 avril dernier, M. Daoust et son équipe ont organisé un hommage au personnel soignant et aux employés de soutien de l’hôpital
Pierre-Le Gardeur de Terrebonne, afin de les encourager et de leur montrer leur appui.
Grand partenaire de la soirée
Soirée organisée par
Lauréats Prix EnviroLys 2019 Chamard stratégies environnementales • eCycle Solutions • NI Corporation • CIMA+ • Boralex • Fondaction Industries Machinex • Sanexen et Avatek Immobilier • Aéroports de Montréal • Hoola One Technologies
Ce survol est offert par :
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NS O B S LE TACTS N
LES AMIS DE 3RVE
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Louis-Charles Lefebvre
23, avenue Milton Lachine, Québec H8R 1K6
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Téléphone : 514 481-0451 # 230 Télécopieur : 514 481-2899 Cellulaire : 514 913-0126 jdelisle@nrj.ca
Jean Delisle
Directeur divisions collecte selective et déneigement
175, route Marie-Victorin Saint-Nicolas (Québec) G7A 2T3 CANADA
418 831-8250 ext. 6207 1 800 463-6638 418 831-5255 418 559-5899 lcl@groupelabrie.com
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Claude MAHEUX-PICARD Directrice générale Ing., M. Sc. A.
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