SOURCE SPÉCIAL AMÉRICANA 2023, Vol.19 No.2

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Le magazine de l’eau au Québec SPÉCIAL AMERICANA2023, vol. 19 n o 2 www.magazinesource.cc Convention de la poste-publications n o 41122591 22 L’inspection des réseaux d’égouts au Québec 18 De la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable au plan de gestion des actifs en eau 27 La restauration des fonctions écologiques du marais de la Meder
REPORTAGE SPÉCIAL
Leader Mondial en Traitements UV © 2023 Trojan Technologies Group ULC. Les produits décrits dans cette publication sont susceptibles d’être protégés par un ou plusieurs brevets aux États-Unis d’Amérique, au Canada et/ou dans d’autres pays. (0323) La nouvelle génération des systèmes TrojanUV3000Plus®. Même technologie éprouvée. Nouvelles fonctionnalités. Trojan et Brault Maxtech seront présents au Salon Americana le 20-22 mars 2023. Venez visiter nos kiosques!

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« Une trentaine de délégations de différents pays en Amérique latine et du Nord, en Europe, en Asie et en Afrique sont à Americana pour avoir la chance de rencontrer plusieurs entreprises au même endroit. »

chroniques

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Le magazine de l’eau au Québec
SOMMAIRE
diem SPÉCIAL AMERICANA2023, vol. 19 n o 2 LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCEVOL. 19N O 2 SPÉCIAL AMERICANA 2023 4 28 LES AMIS DE SOURCE S LESBONS CONTACTS Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé. TRAITEMENT DES EAUX VERS UN RENOUVEAU EN MATIÈRE DE BIOFILTRATION AU QUÉBEC 26 TRAVAUX PUBLICS QUÉBEC LES ÉQUIPES DES TRAVAUX PUBLICS : DES ACTEURS INCONTOURNABLES DE LA GESTION MUNICIPALE DES EAUX CERIU L’INSPECTION DES RÉSEAUX D’ÉGOUTS AU QUÉBEC 22 MINISTÈRE DES AFF AIRES MUNICIPALES DE LA STRATÉGIE QUÉBÉCOISE D’ÉCONOMIE D’EAU POTABLE AU PLAN DE GESTION DES ACTIFS EN EAU 18 24 TRAITEMENT DES EAUX LA RESTAURATION DES FONCTIONS ÉCOLOGIQUES DU MARAIS DE LA MEDER 27
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— Mathieu Laneuville
ANNONCER DANS SOURCE les ça change perspectives! POUR ANNONCER 450-508-1515 Info@maya.cc

AMERICANA : PLAIDOYER POUR UN MEILLEUR SOUTIEN FINANCIER

Ce numéro printanier est en grande partie consacré à Americana, le rendez-vous des spécialistes de l’environnement, qui se tient au Palais des congrès de Montréal du 20 au 22 mars. Je vous le dis d’emblée : je ne suis pas neutre face à cet événement. Americana occupe une place particulière dans mon cœur.

Cela remonte à 1997, alors que j’étais étudiant en droit. Par pur hasard, je me suis trouvé un emploi d’été à Réseau Environnement. J’y suis finalement resté sept ans. Cette aventure m’a amené à m’impliquer dans tout l’aspect commercial de Réseau, dont Americana, qui est l’un de ses événements phares.

À l’époque, le salon avait le vent dans les voiles et était grandement soutenu par les gouvernements. Il recevait approximativement 400 000 $ en financement, dont environ 75 % provenaient du fédéral et 25 % du provincial. Qu’en est-il aujourd’hui ? Je me réjouis de voir que cette année, Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, donnera la conférence d’ouverture. C’est une belle marque de confiance qui prouve la pertinence d’Americana en 2023. Mais, je serais surpris si on me disait que l’événement a reçu plus du dixième de l’argent qu’il recevait il y a 25 ans, alors que le besoin de se réunir pour parler d’environnement n’a jamais été aussi criant.

La bataille pour l’or bleu

On ne compte plus les manchettes dans les médias qui ont, depuis un quart de siècle, pratiquement annoncé la fin du monde – du moins, le nôtre – si nous ne changeons pas drastiquement notre mode de vie. Comme le dit bien Mathieu

Laneuville, PDG de Réseau Environnement, dans le texte principal du dossier sur Americana, l’humanité ne cesse de consommer davantage chaque année.

L’un des éléments particulièrement inquiétants pour la survie de l’humanité est l’accès à l’eau. D’après les estimations de l’UNICEF 1, sur notre planète, deux milliards de personnes n’ont pas accès à de l’eau potable. Alors que les changements climatiques entraînent des dérèglements météorologiques extrêmes, la situation ne semble pas être en voie de s’améliorer. L’UNICEF estime aussi que d’ici 2040, près d’un enfant sur quatre vivra dans des zones où la demande en eau dépasse les ressources disponibles. Ce siècle s’annonce comme étant celui de la bataille pour l’or bleu.

La coordination des actions

Bien sûr, les gouvernements prennent des engagements visant à freiner les changements climatiques. Le gouvernement canadien promet d’ailleurs de devenir carboneutre en 2050. Loin de moi l’envie de jouer les cyniques, mais y croyezvous vraiment ? Non ? Et connaissez-vous des gens qui y croient vraiment ? Probablement pas non plus, malheureusement. C’est extrêmement démobilisateur pour les personnes qui veulent faire une différence. Il est plus qu’urgent de se donner des cibles atteignables et d’avoir le courage de mettre en place des actions concrètes pour les atteindre.

Mais changer profondément notre société pour aller vers un modèle plus durable demandera des efforts sans précédent. Les gouvernements ont un grand rôle de leadership et de coordination à jouer pour que nous puissions réaliser cette mission. Et cela ne se fera pas par vidéoconférence, chacun chez soi, habillé en mou. Plus que jamais, nous avons besoin de nous réunir, de cogiter, de poser des questions, de chercher les meilleures solutions existantes et d’en trouver de nouvelles encore plus performantes.

C’est exactement ce qu’il se passe dans un événement comme Americana. Toute l’expertise – des individus et des entreprises – dans les différents secteurs de l’environnement s’y retrouve pour rencontrer les décideurs publics et privés qui sont à la recherche des meilleures technologies afin de s’attaquer à leurs enjeux environnementaux.

Alors que le monde se relève d’une pandémie qui a durement frappé l’industrie événementielle, Americana est aujourd’hui sous-financé, bien qu’il fasse partie de la solution. J’invite donc les gouvernements fédéral et provincial à reconnaître la pertinence d’Americana et à lui accorder un financement en conséquence. Ainsi, Réseau Environnement pourra s’ajuster afin que l’événement réponde encore mieux aux besoins des spécialistes de l’environnement. Qui sait, peut-être ce soutien permettra-t-il à une partie des forces vives de notre société de se mobiliser pour que le Canada puisse enfin se péter les bretelles d’avoir… peutêtre pas atteint la carboneutralité en 2050, mais du moins, d’avoir significativement réduit ses émissions de gaz à effet de serre. Ce serait déjà, on en convient, une grande victoire. n

1 UNICEF. (s. d.) Les 8 conséquences du changement climatique sur l'accès à l’eau https://www.unicef.fr/article/leau-et-le-changement-climatique-10-infos-a-retenir/

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Americana, le rendez-vous biennal organisé par Réseau Environnement, est de retour au Palais des congrès de Montréal après un passage en ligne en 2021. Du 20 au 22 mars, la programmation réunit plus de 200 personnes appartenant aux communautés techniques, de recherche, de gestion d’organisations publiques et de direction d’entreprises dans le domaine de l’environnement en provenance du Québec, du reste du Canada, des États-Unis, d’Europe et d’Afrique.

Pour sa 15e édition, Americana reste fidèle à sa formule couronnée de succès depuis 28 ans. Il présente un salon réunissant 180 kiosques d’exposition, une centaine de conférences, de panels et d’ateliers techniques et scientifiques, ainsi qu’un jumelage d’entreprises actives dans différents secteurs de l’environnement, que ce soit l’eau, les matières résiduelles, les sols, l’air, les changements climatiques ou la biodiversité. L’objectif est de permettre aux différents acteurs du domaine de mettre à jour leurs connaissances et de découvrir les dernières avancées techniques, technologiques et scientifiques de même que les projets les plus novateurs.

« Après quatre ans sans s’être retrouvée en personne, la communauté est bien heureuse de se rassembler à nouveau pour réseauter dans le plus grand

événement francophone multisectoriel en environnement en Amérique du Nord », affirme Mathieu Laneuville, président-directeur général de Réseau Environnement, qui organise Americana.

L’événement réunit en effet un grand nombre d’intervenants des sphères professionnelles, décisionnelles, scientifiques et entrepreneuriales dans les différents secteurs liés à l’environnement.

« À Americana, la faune qui interagit a un ton amical. Plusieurs personnes se connaissent parce qu’elles se côtoient dans différents événements, et c’est aussi un lieu qui réunit beaucoup de gens d’autres pays, alors les rencontres sont très riches », témoigne Nathalie Drapeau, directrice générale de la Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie, qui s’implique à Americana depuis le début et qui a même été présidente de Réseau Environnement de 1999 à 2001.

REPORTAGE LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCE VOL. 19 N O 2 SPÉCIAL AMERICANA 2023 8
Par Martine Letarte

Délégués de différents pays et grandes pointures

Pour son volet international, Americana collabore notamment avec Investissement Québec International, Affaires mondiales Canada et des délégations du Québec à l’étranger. L’objectif est de découvrir les besoins des industries du Québec et d’autres pays afin de trouver des façons qu’elles fassent des affaires ensemble. « Une trentaine de délégations de différents pays en Amérique latine et du Nord, en Europe, en Asie et en Afrique sont à Americana pour avoir la chance de rencontrer plusieurs entreprises au même endroit », indique Mathieu Laneuville.

L’événement accueille aussi souvent des personnalités politiques. Cette année, Steven Guilbeault, ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, est conférencier d’ouverture.

« Americana est un événement d’importance pour l’avancée des technologies propres et la mise en commun des savoirs, des projets et des passions vers une économie carboneutre. Je suis très heureux que l’événement se tienne à Montréal et de pouvoir y prendre part », affirme le ministre.

Pour le panel sur l’écofiscalité, on entendra notamment Carlos Leitão, ministre des Finances du Québec de 2014 à 2018, et Nicolas Marceau, ministre des Finances du Québec de 2012 à 2014.

Nathalie Drapeau se souvient d’ailleurs d’une rencontre faite à Americana en 2001, lorsqu’elle était présidente de Réseau Environnement et également enceinte… à un mois de son accouchement ! Alors qu’elle avait pris quelques minutes pour reprendre son souffle dans le petit salon de repos, elle s’était retrouvée avec David Anderson, à l’époque ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique. « Il

se reposait lui aussi sur un fauteuil, raconte-t-elle. Nous jasions de tout et de rien. Quel personnage ! Pour moi, cela a vraiment été un moment marquant. Je me suis sentie privilégiée de le rencontrer et cela n’aurait pas été possible sans Americana. »

Le rôle clé des bénévoles

Mathieu Laneuville, qui a pris la tête de Réseau Environnement l’an dernier, se rappelle aussi à quel point il avait été impressionné à sa première participation à l’événement. « J’étais responsable de la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable au gouvernement du Québec, se souvient-il. J’avais soif d’apprendre et de rencontrer des personnes ayant différentes expertises, alors j’assistais à plusieurs événements, mais Americana m’avait frappé dès le départ par son envergure. »

Après y avoir été participant, Mathieu Laneuville y a été panéliste, puis il s’est impliqué dans le comité scientifique. Ils sont d’ailleurs nombreux à prendre le même chemin, qu’ils proviennent de ministères, de municipalités, d’universités ou d’entreprises privées.

« Réseau Environnement est la seule association qui regroupe tous les types de spécialistes en environnement au Québec : ce sont des gens qui veulent faire une différence, affirme-t-il. Beaucoup d’entre eux s’impliquent comme bénévoles dans différents comités. Et ils ont une grande marge de manœuvre. »

Nathalie Drapeau, qui continue d’ailleurs à s’investir dans des comités techniques pour préparer Americana, confirme cette affirmation. « Il est clair que nous avons un grand pouvoir de décision sur le contenu, explique-t-elle. Les comités de bénévoles sont composés de gens qui ont des expertises particulières et qui connaissent très bien les grands enjeux de leur domaine. Ils recommandent des conférenciers et des exposants à approcher : ce sont vraiment eux qui nourrissent le programme

proposé à l’équipe de Réseau Environnement. C’est un événement qui vient de la base et qui garde toujours sa pertinence. »

Le salon d’exposition

Nouvelles technologies, innovations, jeunes pousses : Americana 2023, c’est plus de 180 exposantes et exposants. « On remplit le Palais des congrès et il faut pratiquement les trois jours de l’événement pour faire le tour des kiosques », indique fièrement Mathieu Laneuville.

Pour les entreprises présentes, c’est une occasion de se faire connaître et de présenter de nouveaux produits, mais aussi de préparer le terrain pour des ventes. « Les gens qui visitent le salon d’exposition se mettent à jour, découvrent de nouvelles technologies qui sont toutes réunies sous le même toit, alors ils gagnent du temps, illustre le PDG de Réseau Environnement. Bien sûr, il faut généralement être patient avant de voir des ventes se réaliser, parce que les acheteurs sont souvent des ministères et des municipalités, donc ils doivent passer par des appels d’offres, mais c’est une première étape. »

Par exemple, Nathalie Drapeau se souvient qu’il y a quelques années, elle avait été séduite par un fournisseur anglais venu à Americana présenter un équipement de transformation du verre. « À la fin de sa présentation, je suis allée lui dire que je voulais sa machine chez nous, raconte-t-elle. Un ou deux ans plus tard, Éco Entreprises Québec lançait un projet pilote avec ce fournisseur. Il est venu en Gaspésie et je lui ai rappelé ce que je lui avais déjà dit. Nous utilisons toujours sa machine, d’ailleurs ! »

Le programme de conférences

En plus du salon d’exposition, plus de cent conférences, panels et tables rondes composent la programmation d’Americana 2023. Études de

REPORTAGE
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« Americana est un événement d’importance pour l’avancée des technologies propres et la mise en commun des savoirs, des projets et des passions vers une économie carboneutre. Je suis très heureux que l’événement se tienne à Montréal et de pouvoir y prendre part. »
— Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique
Photo : UN Biodiversity

DES IDÉES DE GRANDEUR DÈS LA FONDATION

Des idées de grandeur habitaient dès le départ les cofondateurs d’Americana, Éric Bouchard (alors directeur général de l’Association québécoise des techniques de l’eau [AQTE], devenue Réseau Environnement) et Jean-Pierre Dubois (alors contractuel en organisation d’événements).

« J’avais organisé un petit salon provincial pour l’AQTE en 1993 et par la suite, Éric et moi avons eu l’idée d’organiser un événement à portée internationale, raconte Jean-Pierre Dubois. Nous avons ainsi présenté le projet au gouvernement fédéral. »

« En 1994, l’Accord de libre-échange nordaméricain (ALENA) entrait en vigueur, il y avait une ouverture sur le monde, c’était tout le mouvement de la mondialisation qui commençait », renchérit Éric Bouchard, aujourd’hui copropriétaire des cinémas Saint-Eustache et Saint-Jérôme.

C’était aussi l’époque où on comprenait que les questions environnementales étaient de plus en plus interconnectées – d’où la création de Réseau Environnement. « Il n’y avait pas au Québec de joueur qui rassemblait des spécialistes des différents secteurs liés à l’environnement, ajoute Éric Bouchard. Nous avons voulu créer Americana pour jouer ce rôle dans les Amériques afin de trouver des solutions pratiques aux différents enjeux. »

Le gouvernement fédéral a appuyé l’événement dès sa première édition. « C’est certain que l’aspect commercial profitable aux entreprises d’ici l’intéressait, explique M. Dubois. Grâce à Americana, l’expertise du Québec pouvait rayonner au Canada, aux États-Unis et ailleurs. À ce moment-là, cela manquait. C’était aussi l’occasion de découvrir les manières dont les experts des autres pays agissent face à différentes problématiques. L’idée, c’était de se décloisonner. »

S’il affirme être fier d’avoir créé Americana avec Éric Bouchard, Jean-Pierre Dubois continue à graviter autour de son bébé. Avec OPC, la firme d’organisation d’événements qu’il a fondée, il a organisé Americana à quelques reprises au fil des ans. Puis, avec B2B/2GO, une entreprise qu’il a créée en 2012 pour mettre au point une plateforme de prise de rendez-vous dans des événements, il sera l’un des fournisseurs de services d’Americana cette année.

« Je suis très heureux de continuer à y contribuer, parce que l’événement a encore sa pertinence, affirme-t-il. À l’époque, nous étions un peu des précurseurs à parler d’environnement, mais aujourd’hui, c’est encore plus d’actualité. Plusieurs technologies vertes sont maintenant disponibles et émergentes, et c’est le temps de passer à l’action. »

REPORTAGE LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCE VOL. 19 N O 2 SPÉCIAL AMERICANA 2023 10
« Grâce à Americana, l’expertise du Québec pouvait rayonner au Canada, aux États-Unis et ailleurs. À ce moment-là, cela manquait. »
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« Ce sont vraiment eux [les bénévoles] qui nourrissent le programme proposé à l’équipe de Réseau Environnement. C’est un événement qui vient de la base et qui garde toujours sa pertinence. »

— Nathalie Drapeau

cas, renseignements techniques et scientifiques, résultats de recherche, présentations de projets : les participants à Americana ont ainsi accès à une foule d’informations en trois jours.

Les activités sont regroupées par sessions sous six thèmes : eau, matières résiduelles, air, changements climatiques et énergie, sols et eaux souterraines, biodiversité. Certains panels s’adressent toutefois aux participants de tous les secteurs d’activité. « Il sera question de sujets de

l’heure, comme l’écofiscalité, alors que l’on cherche des outils à donner aux décideurs pour atteindre les cibles environnementales », indique Mathieu Laneuville.

L’économie circulaire – l’utilisation de déchets comme matière première – est aussi un élément au menu. « Bien sûr, il faut réduire sa consommation à la source, réutiliser, recycler, mais également revaloriser les matières pour les employer à nouveau au lieu d’utiliser de nouvelles

ressources », explique le PDG de Réseau Environnement, qui rappelle que l’humanité ne cesse de consommer davantage chaque année.

Americana est donc un lieu pour discuter, pour regarder ce qui se fait ici et ailleurs afin de trouver des solutions à différents enjeux. « Il y a des thèmes de conférences qui reviennent chaque année, alors un suivi se fait, puis il y a toujours des nouveautés, des découvertes », indique Nathalie Drapeau.

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Elle mentionne aussi que c’est un lieu de choix pour échanger avec ses partenaires actuels ou futurs et apprendre les dernières nouvelles. « Par exemple, les gouvernements provincial et fédéral annoncent souvent à Americana de nouveaux programmes, de nouveaux outils, ou des mises à jour réglementaires, illustre-t-elle. C’est toujours utile d’y assister. »

Le programme de maillage d’entreprises

L’une des missions d’Americana est d’aider les entreprises dans le domaine de l’environnement à faire des affaires. S’il est toujours possible d’assister à des conférences et d’aborder des gens à la pause-café, on peut aussi prévoir des rendezvous d’affaires grâce à la plateforme B2B/2GO.

« Par exemple, les acheteurs qui viennent de l’étranger peuvent organiser en amont des rencontres avec des entreprises québécoises qui proposent des technologies qui les intéressent », indique Mathieu Laneuville.

Il ajoute qu’alors que des compagnies d’assurance refusent de couvrir des organisations aux prises avec des enjeux liés aux changements climatiques et que les investisseurs choisissent de plus en plus des entreprises qui respectent les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, un nombre grandissant d’entreprises réalisent qu’il est rentable de prendre le virage vert. « Il faut maintenant grossir la table de l’économie verte, créer des ponts entre les organisations pour les aider à aller de l’avant afin qu’ensemble, on atteigne les objectifs de carboneutralité », précise-t-il.

Encore du chemin à parcourir

Alors que le gouvernement canadien s’est engagé à ce que le pays devienne carboneutre en 2050, il reste beaucoup à faire pour y arriver. « Cela ne signifie pas que nous ne polluerons plus, indique Mathieu Laneuville, mais plutôt que nous réduirons nos émissions et que nous capterons le carbone, entre autres. Rassembler une foule d’exposants au même endroit au même moment aide les décideurs à prendre les meilleures décisions. Americana est aussi un lieu où on peut discuter avec différents acteurs des objectifs à atteindre et du plan de match à adopter. »

Il y a également des objectifs à atteindre du côté de la biodiversité, notamment à la suite de la dernière COP15, tenue à Montréal, où les pays se

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« Les acheteurs qui viennent de l’étranger peuvent organiser en amont des rencontres avec des entreprises québécoises qui proposent des technologies qui les intéressent. »
— Mathieu Laneuville

sont entendus pour protéger 30 % des terres et 30 % des mers d’ici 2030. « Nous voulons sensibiliser nos membres à ce sujet, affirme Mathieu Laneuville. De plus en plus d’ailleurs, on réalise à quel point les différents secteurs du domaine de l’environnement sont interconnectés. Par exemple, si on protège des forêts, il y aura bien sûr un effet sur la biodiversité, mais on captera aussi plus de carbone, donc cela aura des répercussions sur la qualité de l’air. »

Ainsi, travailler sur un objectif en aide souvent plusieurs. Autre exemple : une entreprise qui commence à réutiliser certains rejets aura besoin de moins de nouvelles ressources prises dans les forêts, notamment. Et cela nécessitera moins de transport, donc réduira la quantité de carbone rejeté dans l’air.

« C’est encourageant, affirme Mathieu Laneuville, mais il faudra faire davantage dans les prochaines années en matière d’environnement pour que le Québec et le Canada atteignent leurs objectifs. Americana s’inscrit comme un facilitateur. » n

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BRAULT MAXTECH « POUR NOUS, AMERICANA EST LE PLUS GROS ÉVÉNEMENT ! »

Pour Brault Maxtech, une entreprise qui représente des manufacturiers d’équipements de traitement des eaux pour les marchés municipaux et industriels au Québec, Americana est un événement incontournable. Cette année, avec les différentes compagnies qu’elle représente, elle occupera 18 kiosques.

« La majorité des manufacturiers que nous représentons sont basés à l’extérieur du Canada, principalement aux États-Unis et en Europe, indique Nicolas Minel, président de Brault Maxtech. Pour eux, c’est coûteux de venir à Americana pour un marché relativement petit lorsqu’on le compare à celui de l’Amérique du Nord. Mais pour nous, c’est le plus gros événement, et j’insiste pour qu’ils viennent. »

Même à l’ère où pratiquement tout peut se discuter et s’acheter en ligne, à ses yeux, la rencontre entre humains continue d’être précieuse. « À Americana, tous les clients québécois sont présents, précise-t-il. C’est important que les manufacturiers y soient aussi pour répondre à leurs questions et pour bien comprendre les problématiques et les besoins du marché en lien avec la réglementation d’ici. »

Dans les plus petits événements, c’est l’équipe de Brault Maxtech qui rencontre les clients potentiels des entreprises qu’elle représente. « Nous pouvons parler des produits, mais nous sommes actifs au Québec seulement, alors que nos manufacturiers font des affaires sur tout le marché nordaméricain, explique Nicolas Minel. Nous n’avons pas leur vision globale. »

Il donne l’exemple d’une ville qui ne sait pas vers quel type de technologie se tourner pour résoudre sa problématique. « Nos manufacturiers peuvent faire des liens avec d’autres villes en Amérique du Nord où ils ont installé leurs technologies et raconter comment cela s’est passé, illustre M. Minel. Les clients québécois recherchent cette expertise. »

Créer des liens forts

Dans le domaine des équipements de traitement des eaux, il est aussi important de bâtir une relation à long terme avec la clientèle. « Les manufacturiers ne vendent pas seulement des produits, mais aussi un service après-vente, affirme le président de Brault Maxtech. Comme leurs produits durent souvent une vingtaine d’années, il peut y avoir des pièces à changer. Le lien entre le manufacturier et le client doit être fort. »

Au final, même si le Québec est un petit marché en Amérique du Nord, les manufacturiers représentés par Brault Maxtech ont pris l’habitude de répondre présent au rendez-vous bisannuel d’Americana. « Ils voient que de vrais contacts sont créés dans ces trois jours, affirme Nicolas Minel. Bien sûr, les retombées ne sont pas à court terme, mais plus à long terme. Et ces rencontres sont aussi importantes pour les clients, puisqu’ils vont chercher beaucoup d’information. »

Brault Maxtech a commencé à participer à Americana en 2007 et les manufacturiers qu’elle représentait y tenaient alors quatre kiosques. « Nous avons maintenant un bon taux d’entreprises qui reviennent pratiquement à chaque édition de l’événement », remarque Nicolas Minel.

En plus de représenter des manufacturiers d’équipements de traitement des eaux pour les marchés municipaux et industriels au Québec, Brault Maxtech sélectionne pour ses clients les technologies optimales en fonction de leurs besoins en traitement des eaux. L’entreprise offre également du soutien aux ingénieurs-conseils, aux directeurs d’usines et aux opérateurs. n

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« À Americana, tous les clients québécois sont présents. C’est important que les manufacturiers y soient aussi pour répondre à leurs questions et pour bien comprendre les problématiques et les besoins du marché en lien avec la réglementation d’ici. »
— Nicolas Minel

TROJAN

Des systèmes de désinfection de l’eau par rayonnement ultraviolet

Fondée en 1977, Trojan Technologies conçoit, fabrique et vend des systèmes de désinfection de l’eau par rayonnement ultraviolet. Cette technologie remplace l’utilisation de produits chimiques. Elle est employée dans des usines municipales de traitement de l’eau potable et des eaux usées, dans le traitement des contaminants dans l’environnement, dans des applications résidentielles, dans l’ultrapurification de l’eau employée dans la fabrication d’aliments et de boissons, dans la préparation de produits pharmaceutiques et dans les applications liées aux semiconducteurs.

Par exemple, pour l’eau potable municipale, Trojan UV Swift offre une protection contre un large éventail de pathogènes, comme les bactéries, les virus et les protozoaires résistants au chlore. Pour le traitement des eaux municipales, Trojan UV 3000 PLUS réalise un traitement avancé des eaux qui permet la réutilisation des eaux usées alors que plusieurs municipalités, notamment aux États-Unis et en Australie, doivent faire face à l’accroissement de la demande en eau et à la raréfaction des sources.

Filiale de la société américaine Danaher, Trojan Technologies a son siège social en Ontario. Elle possède également des bureaux au Royaume-Uni, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Espagne, en France et aux États-Unis. Les technologies de Trojan sont présentes dans plus de 4000 usines municipales d’une cinquantaine de pays dans le monde, ce qui constitue le plus grand parc de systèmes de désinfection de l’eau aux UV installés dans le monde. https://www.trojanuv.com/fr/

CLARO

Des technologies de traitement des eaux

Claro Environmental Technologies fournit des solutions complètes de traitement des eaux usées à des clients municipaux, industriels et agricoles. L’entreprise montréalaise se spécialise notamment dans les équipements de prétraitement : dégrillage fin, compacteurs, stations de réception pour boues de fosses septiques, dessableurs, classificateurs à sable. Ainsi que les équipements de traitement des boues incluant des convoyeurs, des digesteurs anaérobies, dont ceux installés au Québec il y a plusieurs dizaines d’années, sont toujours en activité. L’entreprise développe aussi des échangeurs de chaleur qui peuvent chauffer, refroidir ou récupérer la chaleur. L’offre de service de Claro comprend le développement de technologies exclusives, la conception de systèmes complets, la vente d’équipements et les audits de performance. L’entreprise a déployé ses équipements dans des centaines de grandes villes du Canada, des États-Unis et d’ailleurs dans le monde. Sa fabrication est certifiée ISO. https://claroglobal.com/

AERZEN Des surpresseurs et des compresseurs à air

Aerzen est une entreprise allemande fondée en 1864 qui a produit le premier surpresseur à pistons rotatifs en Europe. L’entreprise a commencé à fabriquer des unités compactes en 1960 et elle les peaufine depuis. Ces équipements servent à transférer de l’air ou des gaz neutres dans différents types d’activités, comme la production d’eau potable et le traitement des eaux usées. Les exploitants de stations d’épuration municipales et industrielles sont confrontés à plusieurs défis comme les changements climatiques, la conservation des ressources, les changements démographiques et la rentabilité. Afin de les aider à optimiser leurs processus, Aerzen propose des solutions pour les bassins d’aération à faible consommation d’énergie avec un contrôle intelligent. Ces unités fonctionnent aussi bien dans les environnements extérieurs les plus rudes, y compris les régions sismiques, que dans les espaces intérieurs ou dans des navires. Aerzen a aussi développé pendant de nombreuses années de l’expertise dans la surpression et la compression de différents types de gaz dans les usines chimiques et pétrochimiques. Ces savoirs servent maintenant aussi à l’industrie du biogaz, une source d’énergie verte, et l’entreprise allemande met au point des produits spécialement pour ce marché, notamment pour la compression du biométhane à injecter dans les conduites de gaz. https://www.aerzen.com

CON-V-AIR Des systèmes automatisés pour le vrac solide

Basée à Sainte-Julie, sur la couronne sud de Montréal, CON-V-AIR conçoit et fabrique des systèmes automatisés pour l’entreposage, la manutention et le dosage de produits en vrac solide. L'entreprise offre principalement ses services aux industries minières, du traitement des eaux usées et potables, des produits chimiques, manufacturiers, alimentaires, pétroliers et des pâtes et papiers. Par exemple, le système de manutention des boues déshydratées de CON-V-AIRachemine celles-ci vers des conteneurs de disposition, ce qui permet d’optimiser l’utilisation du volume de la benne. Sa technologie de levage des épandeurs permet un remplissage optimal des bennes à boues, et ce, sans que l’opérateur ait à effectuer des déplacements manuels. Toujours pour le traitement des eaux, l’entreprise propose également un système d’injection directe qui permet d'effectuer du dosage de produits chimiques à partir de vrac solide de manière continue, à même les points d’application et sans nécessiter de bassin de mélange. Ce système complètement autonome peut ajuster automatiquement et sans délai la quantité de produits chimiques injectée selon la demande des contrôleurs de l’usine. Fondée en 1990, l’entreprise détient la certification ISO 9001 (management de la qualité).

https://www.con-v-air.com/

Amiad fr.amiad.com

Atlas Copco www.atlascopco.com

AWI www.awifilter.com

Börger www.boerger.com

CleanTek cleantekwater.com

DE NORA denora.com

ECO2 eco2tech.com

EGGER www.eggerpumps.com

Evoqua Water Technologies www.evoqua.com

Fournier www.fournierindustries.com

FRC www.frcsystems.com

GEA www.gea.com

GN Solids Control www.gnsolidscontrol.com

HUBER Technology www.huber-technology.com

Hydro International hydro-int.com

Invent invent-uv.com/products-services/ aeration-technology

John Cockerill johncockerill.com

Lamor www.lamor.com

Mazzei mazzei.net

MLM www.mlmconveying.com

MOLEAER www.moleaer.com

NEFCO www.nefco.us

Newterra www.newterra.com

Parkson www.parkson.com

Premier Tech Aqua www.premiertechaqua.com

Schwing Bioset www.schwingbioset.com

Spaans Babcock www.spaansbabcock.com

SSI Aeration www.ssiaeration.com

TOMORROW WATER www.tomorrowwater.com

Valmet www.valmet.com

WTS www.watertechnologies.com

EXTRA BRAULT MAXTECH
LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCE VOL. 19 N O 2 SPÉCIAL AMERICANA 2023 17

Ing.

Directrice

Barrieault

Direction de la gestion stratégique de l’eau Ministère des Affaires municipales et de l’Habitation Eautrement@mamh.gouv.qc.ca

approvisionnement en eau potable et le traitement des eaux usées sont d’importants défis pour les municipalités. Dans un contexte où les infrastructures d’aqueduc et d’égout sont vieillissantes, celles-ci doivent faire l’objet d’investissements considérables pour résorber leur déficit de maintien et assurer un fonctionnement optimal et durable.

Pour garantir une sécurité à long terme de l’approvisionnement en eau potable, il est primordial – en cette ère où les changements climatiques ont également une incidence sur les différentes installations de traitement, de distribution et de collecte des eaux – de bien connaître l’état de ces infrastructures afin de mieux prévoir et financer les interventions qu’elles requièrent.

À ce propos, le Portrait 2022 des infrastructures en eau des municipalités du Québec, présenté par le Centre d’expertise et de recherche en infrastructures urbaines (CERIU), évalue la valeur de remplacement des infrastructures en eau susceptibles de défaillance élevée ou très élevée à près de 16,9 milliards de dollars, une somme à laquelle s’ajoutent plus de 21,3 milliards pour la réfection des chaussées au-dessus de ces infrastructures.

UN SERVICE ESSENTIEL DÉFICITAIRE

Actuellement, la perception d’abondance et la facilité d’accès à une eau potable de qualité font en sorte que la valeur des services d’eau est généralement sous-estimée. Selon les dernières données recueillies par le Ministère, on observe à l’échelle du Québec que les revenus annuels consacrés à ces services couvrent à peine les dépenses engendrées par leurs frais d’exploitation. D’après les experts, cela est nettement insuffisant, car aux besoins de maintenance s’ajoutent bien souvent ceux de mise aux normes ou de prolongement des conduites d’aqueduc et d’égout.

Qui plus est, pour combler l’enveloppe budgétaire liée aux besoins d’investissements réguliers et au rattrapage de maintien de ces actifs, les municipalités recourent généralement aux programmes de subvention, aux emprunts ou encore aux paiements au comptant, en utilisant leurs réserves fiscales. Or, cela génère à coup sûr un déficit. Les découverts qui s’accroissent d’une année à l’autre démontrent la nécessité de réviser les pratiques de gestion.

C’est d’ailleurs pour ces motifs qu’à la suite du dépôt du rapport du comité de financement de la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable (SQEEP) sur la problématique du sous-financement des services d’eau, en septembre 2021, le Ministère, de concert avec le milieu municipal, a entamé des travaux d’importance sur la gestion des actifs en eau.

Ces travaux portent à la fois sur l’élaboration de plans de gestion des actifs en eau (PGA-eau) par les municipalités et sur le lien qui pourrait être établi entre l’adoption de cette bonne pratique par les municipalités et les objectifs qu’elles poursuivent dans le cadre de la SQEEP.

On constate que les municipalités ont grandement bénéficié des orientations de la SQEEP, lesquelles, à son lancement en 2011, s’articulaient autour de la gestion de l’usage de l’eau.

Plus d’une décennie plus tard, les municipalités ont acquis une connaissance plus précise de l’état et de la valeur de leurs installations. Étant à même de tirer profit de ces avantages conférés par la SQEEP, elles sont aujourd’hui positionnées pour franchir l’étape suivante, soit la réalisation d’un PGA-eau. Cet outil administratif offre à une municipalité la possibilité de planifier la gestion de ses actifs de manière durable et à long terme, en couplant l’évaluation des besoins en infrastructures d’eau avec celle du financement nécessaire. Chaque municipalité peut ainsi adapter son plan à sa réalité, tout en favorisant la poursuite du développement de la connaissance de ses besoins et de son expertise à l’interne. La réalisation de PGA-eau à grande échelle permettra également au Ministère de mieux connaître les besoins à long terme des municipalités en matière d’infrastructures et, ainsi, d’orienter plus efficacement son soutien financier et son accompagnement.

DÉMARCHE EN PARTENARIAT

Bien entendu, la réalisation des PGA-eau fait partie d’une démarche collaborative. Les municipalités constituent le vecteur de l’éventuel succès de cette initiative, et tous les acteurs du milieu ont ici un rôle à jouer pour les soutenir et les accompagner tout au long du processus.

En ce qui concerne le Ministère, nos équipes responsables du secteur des infrastructures continueront de faire preuve d’engagement, de rigueur et de créativité durant toute cette opération. D’ailleurs, un groupe d’une quinzaine de spécialistes est supervisé par le Ministère et présidé par le CERIU ; ce dernier y agit à titre d’expert-conseil et a pour mandats d’élaborer les canevas d’un guide de gestion des actifs ainsi que de préparer certains outils qui appuieront la démarche de mise en œuvre des PGA-eau. La Fédération québécoise des municipalités et l’Union des municipalités du Québec y collaborent également. L’expertise de chacune et de chacun compte, et ce, à toutes les étapes du processus. Le guide et les premiers outils devraient être disponibles à l’automne 2023.

L’eau est une ressource vitale ; nous devons toutes et tous nous engager dès maintenant à la préserver. Ensemble, il faut poursuivre les actions définies par la SQEEP et mettre au point des solutions pour assurer la protection de cette ressource, notamment en valorisant la pérennisation de nos infrastructures d’eau. Une saine gestion des actifs permet de bien entretenir les infrastructures et de prendre des décisions éclairées lorsque vient le temps d’investir. n

L’
MINISTÈRE DES AFFAIRES MUNICIPALES ET DE L'HABITATION DE
STRATÉGIE QUÉBÉCOISE
D’EAU POTABLE AU
Ce texte vous fait réagir ? Faites-nous part de vos commentaires en écrivant à info@magazinesource.cc LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCE VOL. 19 N O 2 SPÉCIAL AMERICANA 2023 18 magazinesource.cc info@magazinesource.cc
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Le vent dans les voiles

OClair Environnement est une entreprise familiale fondée sur la vision d’un microbiologiste qui se passionne pour le domaine des eaux usées. La firme se spécialise dans la création de plateformes collaboratives en santé publique et en protection de l’environnement.

Son fondateur Pierre Mongeon est un microbiologiste agréé ayant étudié à l’Université de Sherbrooke. Les trois années qu’il a passées en Afrique de l’Ouest et centrale l’ont amené à s’intéresser au domaine des eaux usées et de l’eau potable, puisqu’il s’agit là-bas (tout comme ici) d’un véritable enjeu. C’est à partir de ses préoccupations, particulièrement en ce qui concerne la gestion des eaux usées au Québec, qu’est née OClair Environnement en 2015.

La mission d’OClair Environnement est de protéger les populations des contaminants qui nuisent à la santé publique et à l’environnement, et ce, en fournissant des données de qualité en temps réel. OClair Environnement privilégie la transparence dans la communication des informations, le partage entre les différents intervenants, ainsi que l’acceptabilité sociale, qui se trouve à la base même de tout développement durable.

La lourdeur de la mise en place d’un système de surveillance assurant le respect de la réglementation sur l’évacuation et le traitement des eaux usées des résidences isolées  (Q-2, r. 22), combinée au manque d’outils de gestion informatisée, a justifié en 2016 la création de l’application infonuagique Nerri. Cette dernière permet une gestion informatisée efficace des filières septiques résidentielles secondaires avancées et tertiaires. Elle est spécifiquement programmée pour soutenir les agents municipaux dans leur travail, que ce soit au bureau ou sur le terrain.

Elle est dotée d’un module de communication intégré pour les intervenants, soit les inspecteurs municipaux, les fabricants, les vidangeurs, ainsi que les responsables de systèmes (propriétaires). En simplifiant le travail des acteurs du domaine des eaux usées résidentielles, elle permet aux municipalités de reprendre le

contrôle du parc de filières septiques dont elles ont la responsabilité. Dès son lancement, le succès de la plateforme fut immédiat. À la suite d’une demande des agents municipaux, les systèmes primaires et la gestion des vidanges de fosses ont été ajoutés, ce qui a donné naissance à Nerri Municipal.

Nerri Municipal est un outil informatisé sophistiqué qui permet à l’ensemble des gestionnaires de l’eau d’avoir accès, en temps réel, à des données de qualité. Il facilite et assure les communications avec les citoyens grâce à ses outils de communication sécurisés. Il centralise l’ensemble des données recensées lors des installations, des entretiens, des inspections et des réparations de systèmes septiques. De plus, il aide à orienter et à optimiser les stratégies d’action, par exemple en soutenant l’activité des sous-traitants lors de relevés sanitaires.

L’année 2021 a aussi été importante pour OClair Environnement. L’entreprise a lancé la plateforme épidémiologique CETo, présentement utilisée par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Celle-ci permet de suivre la COVID-19 et ses variants dans les eaux usées et ainsi de détecter et de localiser, de sept à dix jours à l’avance, les éclosions de COVID-19. Cette application infonuagique rend donc possible un déploiement des ressources et des consignes de façon rapide et ciblée, ce qui réduit l’ampleur des répercussions d’une éclosion sur le système de santé.

Grâce à ses plateformes infonuagiques CETo et Nerri Municipal, OClair Environnement poursuit sa croissance.

Venez nous rencontrer au congrès de la COMBEC, qui se tiendra les 20 et 21 avril à Rimouski !

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L’INSPECTION DES RÉSEAUX D’ÉGOUTS AU QUÉBEC

Salamatou Modieli A. Ing., M. ing., PMP Coordonnatrice de projets et responsable des programmes de certification CERIU-NASSCO. Centre d'expertise et de recherche en infrastructures urbaines (CERIU) salamatou.modieli@ceriu.qc.ca

DES RÉSEAUX IMPORTANTS À SOIGNER

La bonne gestion des actifs municipaux est plus que jamais d’actualité, particulièrement en ces temps de rareté des ressources tant humaines que financières. Parmi ces actifs se trouvent les infrastructures des réseaux d’égouts. Leur importance dans le tissu urbain n’est plus à démontrer. Cependant, étant loin des yeux, elles sont bien souvent loin du cœur, et ce, jusqu’à ce qu’une situation malencontreuse nous rappelle leur existence. Il faut penser entre autres aux bris de conduites, aux débordements d’eaux usées, aux refoulements d’égouts dans les bâtisses, aux effondrements de chaussées, aux odeurs et aux autres impacts environnementaux. Pour éviter ces défaillances et assurer des interventions d’entretien, de réhabilitation ou de remplacement au bon moment, au bon endroit et au meilleur coût, un suivi de leur état est nécessaire.

La connaissance de l’état des infrastructures s’acquiert généralement par des campagnes d’auscultation.

LES MÉTHODES D’AUSCULTATION

Plusieurs méthodes d’auscultation1 permettent de diagnostiquer l’état des réseaux d’égouts : ce sont les méthodes géophysiques, les méthodes géométriques, les méthodes mécaniques et les méthodes visuelles.

L’inspection par caméra télévisée , une méthode visuelle, est la méthode la plus utilisée, car elle permet de voir en détail l’intérieur des ouvrages. Les images sont captées par la caméra, puis analysées pour identifier les défauts observés.

LES OBLIGATIONS EN MATIÈRE D’INSPECTION TÉLÉVISÉE AU QUÉBEC

Au Québec, les inspections télévisées des réseaux d’égouts sont réalisées par plusieurs entreprises spécialisées. Jusqu’en 2009, les fournisseurs utilisaient différents protocoles pour présenter les données d’inspection. La mise en commun des données reçues de différents fournisseurs créait alors un enjeu d’intégration des données dans un seul fichier pour les municipalités.

À partir de 2009, le CERIU, appuyé par ses membres et par le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH), a mené des travaux qui ont abouti à l’adoption au Québec des protocoles standard pour l’inspection télévisée de réseaux d’égouts PACP/MACP/LACP 2. Ces protocoles comprennent des programmes de certification des utilisateurs et des logiciels de collecte de données, ainsi que des bases de données standard d’échange. Plusieurs municipalités les ont tout de suite adoptés, avant qu’ils ne deviennent obligatoires dans le Guide d’élaboration d’un plan d’intervention pour le renouvellement des conduites d’eau potable, d’égouts et des chaussées du MAMH et dans la norme BNQ 3680-125 Inspection télévisée des conduites et regards d’égout à partir de 2013.

LES AVANTAGES DE L’UTILISATION DES PROTOCOLES D’INSPECTION TÉLÉVISÉE STANDARD

L’utilisation des protocoles standard comporte de nombreux avantages pour les propriétaires d’infrastructures, car elle leur permet :

= de garantir une qualité minimale dans la cueillette des données de l’inspection télévisée ;

= de faciliter l’échange des données en format standard et l’intégration de données ;

= d’utiliser les mêmes codes et les mêmes cotes pour les défauts identifiés ;

= de rendre possible la comparaison de l’état des conduites d’un réseau dans une même ville ou de réseaux entre plusieurs villes ;

= de suivre l’évolution de la détérioration des ouvrages dans le temps.

UN TRIO GAGNANT POUR DES INSPECTIONS DE QUALITÉ

Les protocoles standard requièrent le recours à trois personnes ou systèmes certifiés :

Un opérateur certifié : celui-ci réalise l’inspection sur le terrain. Il manipule la caméra et filme l’intérieur des conduites, des regards et des branchements de service. Son travail doit se faire avec minutie afin de capter toutes les déficiences. Il a la responsabilité de fournir des images de qualité à l’analyste.

Un analyste certifié : il visionne les vidéos et identifie les défauts présents pour leur attribuer les codes correspondants. Un rapport d’inspection peut ensuite être généré.

Les opérateurs et les analystes obtiennent leurs cartes de certification après une formation de deux jours offerte par le CERIU, et ils doivent se faire recertifier aux trois ans afin que leurs compétences restent à jour. La liste des opérateurs et des analystes certifiés en règle est consultable en tout temps sur le site du CERIU 3

Un logiciel de collecte de données certifié : les logiciels utilisés pour la collecte des données d’inspection télévisée doivent être certifiés pour assurer qu’ils sont en mesure d’importer et d’exporter correctement les données. Cette certification se fait en deux parties. La validation technique est faite par la National Association of Sewer Service Companies (NASSCO) 4 ou par le CERIU, et la validation de la terminologie française est faite par le CERIU. La liste des logiciels certifiés CERIU/NASSCO peut être consultée sur le site du CERIU 5

UN COMITÉ DE SUIVI DU CERIU

Le CERIU, soutenu par son comité Expertise en auscultation des infrastructures souterraines, veille à l’amélioration de l’industrie de l’inspection télévisée au Québec en encadrant cette pratique et en mettant au point des outils complémentaires, dont des formations, des guides et des forums. Des procédures de plainte ont été mises en place pour la protection des droits des donneurs d’ouvrage en matière de qualité ainsi que pour la protection des licences du CERIU. n

1 Le CERIU a publié sur son site Internet des fiches techniques présentant succinctement les différentes méthodes d’auscultation : https://ceriu.qc.ca/bibliotheque.

2 PACP : programme de certification visant l’évaluation des conduites (Pipeline Assessment and Certification program);

MACP : programme de certification visant l’évaluation des regards (Manhole Assessment and Certification program); LACP : programme de certification visant l’évaluation des branchements (Lateral Assessment and Certification program)

3 CERIU. (s. d.). Liste des opérateurs et analystes NASSCO / CERIU en règle au Québec https://ceriu.qc.ca/projets/nassco/operateurs

4 Propriétaire des protocoles PACP/MACP/LACP et partenaire du CERIU.

5 CERIU. (s. d.). Liste des logiciels de collecte de données certifiés au Québec. https://ceriu.qc.ca/liste-logiciels-collecte-donnees-certifies-au-quebec

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CERIU

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TRAVAUX PUBLICS QUÉBEC

Directrice générale

LES ÉQUIPES DES TRAVAUX PUBLICS : DES ACTEURS

INCONTOURNABLES DE LA GESTION MUNICIPALE DES EAUX

Association des travaux publics du Québec (TPQuébec) info@tpquebec.ca

Le sujet de l’eau comporte de nombreuses facettes, et plusieurs organisations, dont le Centre d’expertise et de recherche en infrastructures urbaines (CERIU) et Réseau Environnement, y accordent une grande attention à travers leurs comités, leurs programmes et leurs recherches. TPQuébec est d’ailleurs heureuse d’avoir signé des partenariats avec ces organisations afin de bien représenter ses membres. En effet, parmi ces experts en eau, les équipes de travaux publics sont des joueurs essentiels dans la gestion de l’eau au Québec et dans l’atteinte des objectifs de la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH), qui impose aux municipalités la réalisation d’un bilan annuel de l’eau. De fait, les équipes des travaux publics interviennent tant en ce qui concerne les réseaux d’aqueduc et d’égouts que dans l’exploitation des ouvrages de traitement.

CHAQUE ÉQUIPE COMPTE

Dans le milieu municipal, la gestion de l’eau est habituellement abordée en deux volets : la planification et l’exploitation. Cette pratique peut malheureusement entraîner un effet de silo nuisant à la fluidité de la communication en lien avec les ouvrages de la gestion de l’eau. La planification est confiée au service du génie (à l’interne ou en impartition à l’externe), qui voit à la conception et à la construction des ouvrages. À cette étape, on gagne à consulter les équipes des travaux publics qui doivent ensuite exploiter et entretenir ces ouvrages. En effet, en faisant participer minimalement les travaux publics à l’étape de conception, des difficultés ultérieures peuvent être évitées. En guise d’exemple, pensons à des bassins de rétention sans chemin d’accès, détail qui n’aurait pas échappé à l’œil critique des employés de l’entretien.

Force est de constater que les employés aguerris et débrouillards des travaux publics ont une expertise concernant les enjeux d’entretien, d’exploitation et de réparation qui peut servir à l’étape de conception.

DES EMPLOYÉS DE PREMIER ORDRE, DÉVOUÉS ET DISPONIBLES 24/7

N’oublions pas que les intempéries ont aussi des répercussions sur les réseaux souterrains. Nous n’avons qu’à penser à la fonte printanière susceptible d’entraîner des infiltrations aux postes de pompage, aux débordements de rivières engendrant des retours dans les postes de pompage, ou encore aux bris d’aqueduc causés par le gel et le dégel. Toutes ces situations nécessitent l’intervention d’une équipe des travaux publics dans des conditions difficiles, sous le regard des citoyens. Ces équipes essentielles au bon fonctionnement des villes nécessitent notre appui et notre reconnaissance et méritent notre pleine admiration.

UN JOUEUR CLÉ DANS L’ATTEINTE DES CIBLES

Les travaux publics font partie prenante des suivis et de la reddition de comptes réglementaires liés à l’eau. Nous n’avons qu’à penser aux normes liées à la qualité de l’eau, aux rejets aux égouts, à la recherche de fuites, aux installations de compteurs d’eau, ou à l’obligation de maintenir un registre des ouvrages des eaux pluviales et de leur entretien. Toutes ces opérations relèvent des travaux publics dans la très vaste majorité des villes, ou d’un service de l’eau dans les plus grandes villes.

En prenant la décision de tenir une journée consacrée à une meilleure gestion de l’eau au Québec sous l’angle des travaux publics, l’Association des travaux publics du Québec invitait par le fait même le milieu à une réflexion sur l’importance de reconnaître les équipes des travaux publics à titre de joueurs incontournables dans l’atteinte des objectifs locaux, provinciaux et nationaux liés à la gestion de l’eau. De même, les équipes des travaux publics prennent également conscience de leur rôle clé dans la gestion de l’eau. Cette connaissance et cette reconnaissance sont porteuses d’avenir.

Chaque joueur compte, et un objectif principal nous unit : celui d’offrir des ressources en eau de qualité pour les citoyens du Québec. n

est présidente du comité organisateur de la récente journée de conférences intitulée « Vers une meilleure gestion de l’eau au Québec », organisée par TPQuébec. Elle occupe également le poste d’ingénieure en assainissement et gestion de l’eau à la direction des travaux publics de la Ville de Terrebonne.

Compteur d’eau ultrasonique SONATATM

Daniel Langlois, ing. Directeur général Master Meter Canada dlanglois@mastermeter.com www.mastermeter.com

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info@magazinesource.cc LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCE VOL. 19 N O 2 SPÉCIAL AMERICANA 2023 24
Texte écrit en collaboration avec Martine Lanoue Martine Lanoue

VERS UN RENOUVEAU EN MATIÈRE DE BIOFILTRATIONAU QUÉBEC

ne majorité de municipalités du Québec se sont dotées de stations de récupération des ressources de l’eau (StaRRE, autrefois appelées « stations ou usines d’épuration ») pour traiter leurs eaux usées d’origine domestique avec l’aide des programmes d’assainissement des eaux offerts dans les années 1980 et 1990. Seule une poignée des centaines d’ouvrages alors construits utilisent la technologie de biofiltration pour le traitement secondaire des eaux usées : huit installations municipales de biofiltration sont toujours actives. Les biofiltres (Biological Aerated Filters ou Biologically Active Filters – BAF) sont des procédés très compacts qui combinent le traitement biologique par biofilm et la capture des solides en suspension dans un même bioréacteur, éliminant ainsi le besoin d’ouvrages de séparation de solides distincts en aval du procédé biologique.

La première génération de biofiltres construits au Québec employait des médias filtrants d’origine minérale, par exemple à base de terre cuite, de schiste expansé ou encore d’argile expansée. Ces médias rugueux, poreux et plus denses que l’eau offrent une superficie élevée pour la croissance du biofilm et permettent un dépôt par gravité du lit filtrant sur le faux plancher.

L’écoulement de l’eau à traiter dans le lit filtrant est ascendant ou descendant, selon la technologie utilisée et les brevets attenants. Le filtre se compose essentiellement d’un média qui, pour être adapté à la biofiltration, doit permettre la croissance et la rétention du biofilm sur une grande surface spécifique, agir comme matériel filtrant robuste et assurer une bonne aération du lit. Il doit aussi permettre un comportement hydraulique adapté à la fois pendant l’étape de biofiltration et pendant celle de lavage à contre-courant.

Les lavages sont déclenchés quand la perte de charge atteint un certain niveau dans le lit filtrant ou après une durée déterminée, qui est typiquement de l’ordre de douze à vingt-quatre heures. Le rétrolavage permet non seulement de purger les solides accumulés par filtration, mais aussi de contrôler la quantité de biofilm dans le procédé.

Bien que l’avènement de plastiques résistants et légers ait permis des avancées importantes pour les lits bactériens et les disques biologiques dès les années 1970, ce n’est qu’à partir de la fin des années 1980 que de nouveaux médias faits de matériaux synthétiques sont mis au point pour les biofiltres. Par exemple, des médias filtrants comme le polystyrène puis, plus récemment, le polypropylène expansé très durable sont maintenant couramment utilisés. Les médias synthétiques, beaucoup plus légers, moins sujets à l’abrasion et offrant des surfaces d’attache au biofilm élevées en raison de leur petite taille, s’avèrent très adaptés aux biofiltres à écoulement ascendant. Avec eux, les faux planchers sont alors remplacés par de faux plafonds ! C’est aujourd’hui essentiellement ce type de biofiltre qui est employé dans les nouvelles installations et dans les modernisations. La capacité des premières installations de biofiltration au Québec variait de quelques centaines de mètres cubes par jour (à Orford) à plusieurs centaines de milliers de mètres cubes par jour (à Québec). Des installations

de toutes les tailles sont aussi exploitées ailleurs dans le monde. Toutefois, les biofiltres sont particulièrement populaires dans les milieux urbains, où les coûts fonciers sont plus élevés. Leur compacité compense alors des coûts d’investissement plus élevés que pour les technologies moins intensives. Ces coûts sont en partie dus à leur conception modulaire en plusieurs cellules et au besoin d’avoir des structures plus complexes, telles que les faux plafonds.

La conception modulaire des biofiltres présente plusieurs avantages. En premier lieu, le fait d’avoir plusieurs cellules permet d’utiliser les volumes d’eau filtrée disponibles au-dessus des cellules adjacentes pour effectuer les lavages à contre-courant plutôt que d’avoir recours à une réserve d’eau filtrée dédiée et à des pompes. La conception modulaire permet aussi d’optimiser le traitement en variant les conditions d’exploitation de certaines cellules, par exemple afin d’optimiser la nitrification en période froide ou pour absorber les forts débits en période de pluie ou de fonte. Cette flexibilité du système modulaire peut justifier en partie des coûts de conception plus élevés. La conception en plusieurs cellules permet enfin d’assurer la capacité hydraulique lorsque des cellules sont en rétrolavage pour des installations plus modestes (contenant seulement quelques cellules) et de réduire la possibilité de court-circuitage et de chemins préférentiels dans des bassins de trop grande taille.

En plus de l’enlèvement de la matière organique (DBO), les biofiltres peuvent être conçus en deux étages pour permettre la réduction de l’azote total par nitrification et prédénitrification. Les cellules utilisées en dénitrification sont alors positionnées en amont des cellules de nitrification, et les nitrates y sont acheminés par une recirculation interne, comme c’est le cas pour la prédénitrification dans les procédés par boues activées conventionnels.

Certains biofiltres peuvent également remplacer des décanteurs primaires afin de fournir une flexibilité supplémentaire, et ce, sans ajout de produits chimiques.

Peu de nouvelles StaRRE ont été construites au cours des dernières années. Plusieurs mises à niveau et mises aux normes des StaRRE existantes sont toutefois entamées ou prévues au cours des prochaines années, notamment dans la majorité de nos plus grandes installations, dont celles de Laval, Longueuil, Montréal et Québec. Un biofiltre nécessite beaucoup moins d’empreinte au sol qu’un procédé par boues activées conventionnel avec ses décanteurs secondaires, et même moins d’espace que d’autres procédés à biofilm déjà reconnus comme compacts, comme les réacteurs biologiques à garnissage en suspension (RGBS). La technologie de biofiltration sera sans aucun doute une candidate sérieuse parmi les technologies envisagées dans ces contextes urbains, où l’espace disponible est parfois très limité ! n

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LA RESTAURATION DES FONCTIONS ÉCOLOGIQUES DU MARAIS DE LA MEDER

Le marais de la Meder est un magnifique agencement de milieux humides d’une superficie d’environ 16,8 hectares situé dans la ville de Coaticook, en Estrie. Au fil des années, les ouvrages de retenue aménagés pour contrôler le niveau d’eau du marais se sont détériorés, ce qui a engendré de fortes variations du niveau d’eau du milieu humide. À la suite de nombreuses années de travail en collaboration avec divers organismes publics et privés, la MRC de Coaticook a octroyé en 2022 un mandat afin de réaliser des travaux correctifs à l’aménagement du marais. Ceux-ci visaient à assurer la restauration des fonctions écologiques du marais en stabilisant le niveau d’eau du milieu humide, tout en garantissant que le barrage demeure de faible contenance.

MISE EN SITUATION

Le marais se situe en tête de bassin versant du ruisseau Meder, un tributaire de la rivière Niger. En 1957, une digue et une cheminée d’évacuation d’eau avaient été construites afin de contrôler le niveau d’eau du marais. Cependant, après de nombreuses années d’exploitation, l’ouvrage de retenue d’eau, qui est situé en aval du milieu humide, était devenu défectueux. Cela occasionnait une forte variation des niveaux d’eau du milieu humide et perturbait donc la grande biodiversité naturelle du marais.

C’est en 2014 que la MRC de Coaticook a amorcé un plan de travail en collaboration avec la Ville de Coaticook, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), Canards Illimités Canada (CIC), FNX-Innov, Corridor appalachien et Solutions hydriques QWATRO pour élaborer un projet de restauration de ce milieu naturel. Grâce au soutien financier de la Fondation de la faune du Québec par l’entremise de son programme Faune-Forêt sur terre privée, du MELCCFP par son programme de restauration et de création de milieux humides et hydriques (PRCMHH), et de la Ville de Coaticook, la MRC de Coaticook a finalement procédé aux travaux d’aménagement à l’automne 2022.

DESCRIPTION ET ÉTENDUE DES TRAVAUX

En bref, les travaux correctifs consistaient à reconnecter le complexe des milieux humides au cours d’eau Meder à l’aide d’un déversoir permettant de maintenir le niveau d’eau du milieu humide à une élévation constante établie par les concepteurs. Le but de cette stabilisation du niveau d’eau était de créer des conditions hydrologiques optimales pour restaurer les fonctions écologiques du milieu humide et assurer la pérennité des habitats faunique et floristique de ce milieu naturel.

Les travaux précis à effectuer consistaient à retirer l’ouvrage de contrôle de niveau d’eau existant et de le remplacer par l’aménagement d’un cours d’eau et d’un déversoir à seuil fixe, puis de stabiliser la digue existante. L’objectif du projet était de maintenir le niveau d’exploitation du marais à une élévation de 415,2 m et d’assurer la pérennité de la digue, permettant la rétention d’eau dans le réservoir. Un autre objectif visait à abaisser la hauteur du barrage pour que l’ouvrage corresponde aux critères d’un barrage à faible contenance selon le Centre d’expertise hydrique du Québec (CEHQ). La protection des berges du nouveau cours d’eau ainsi que la stabilisation de la digue ont été réalisées à l’aide d’un enrochement de protection. L’ensemble du site a été végétalisé par hydro-ensemencement à la fin du projet.

Sans s’y limiter, les travaux comprenaient les activités suivantes :

= Travaux préparatoires du site ;

= Mise en place de mesures de protection environnementale ;

= Aménagement des accès temporaires ;

= Déboisement et décapage de l’aire des travaux ;

4 Mise en place du batardeau ou d’autres ouvrages temporaires nécessaires à la réalisation des travaux à sec ;

= Retrait des matières résiduelles et des débris présents sur le site ;

= Excavation et reprofilage du cours d’eau du déversoir proposé ;

= Aménagement du nouveau déversoir ;

= Réaménagement des berges et du fond du nouveau cours d’eau ;

= Mise en place des géotextiles, des empierrements de protection et du matelas anti-érosion ;

= Démantèlement de la structure de l’appareil de contrôle du niveau d’eau ;

4 Désaffection de la conduite de béton armé (TBA) ;

4 Imperméabilisation de la zone de l’ancien appareil de contrôle de niveau ;

= Imperméabilisation du pied de la digue ;

= Stabilisation de la digue ;

= Reprofilage de la digue ;

= Aménagement du déversoir d’urgence ;

= Démantèlement des ouvrages temporaires dans le cours d’eau ;

= Remise en état des lieux ;

4 Ensemencement hydraulique ;

C’est le 31 octobre dernier que les travaux furent terminés. Notamment grâce à des techniques créatives de détournement d’eau, le chantier a été livré dans les délais prescrits et à l’entière satisfaction du donneur d’ouvrage. Il s’agissait des premiers travaux de restauration de milieux humides et hydriques du PRCMHH au Québec. Grâce à ces travaux, cet écosystème demeurera un trésor naturel chéri par sa région et permettra à une nouvelle biodiversité de s’installer de façon pérenne. n

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