Espace-vie 310 - Janvier 2023

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310 Janvier 2023 Bimestriel
revue
et activités, une cohabitation sous tension
française de la densification APPRENDRE
nouvelle approche des tiers-lieux ruraux Un territoire à réinventer Le bâti brabançon face au défi de la rénovation énergétique
La
qui décode les enjeux territoriaux du Brabant wallon espace APPRENDRE Centralités
EXPLORER L'expérience
La

4 en bref 14 apprendre

Quand des experts se plongent dans la lutte contre les inondations

apprendre Le bâti brabançon face au défi de la rénovation énergétique

respirer L’épilogue d’une longue saga

répondre Faut-il intégrer la biodiversité dans la rénovation du bâti ? 12 explorer « La densification des villages est un vrai modèle d’avenir »

apprendre Une cohabitation sous tension

respirer Cabines sous haute tension artistique

L’équipe de la Maison de l’urbanisme s’agrandit

Gaëlle Denhaerynck est entrée en fonction en janvier. Cette architecte paysagiste de formation est active depuis plus de 10 ans en tant que paysagiste avec une spécialité dans la gestion du patrimoine arboré de même que dans la conception et la gestion différenciée des espaces verts. Une de ses premières missions sera d’organiser une formation pour les communes sur le référentiel « Inondations » édité par la Wallonie.

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20 apprendre Tiers-lieux ruraux, sortir des cases et déployer une approche multifonctionnelle 22 rencontrer Alain Moreau, du grenier de ses parents au Monty 24 agenda Le commerce restet-il incontournable pour redynamiser nos centres ?

Espace-vie est la revue bimestrielle de la Maison de l’urbanisme – Centre culturel du Brabant wallon (janvier, mars, mai, juillet, septembre et novembre). Elle traite de sujets relatifs à l’aménagement du territoire, à l’urbanisme et aux enjeux culturels en Brabant wallon. Créée en 1989, Espace-vie est indépendante de tout parti politique et dispose d’une entière liberté éditoriale.

Espace-Vie compte 6 000 abonnés à la version papier et 1 100 à la version numérique ( ce qui comprend également les articles publiés sur espacevie.be). Pour tout changement dans votre formule d’abonnement, notamment le passage du papier au numérique par souci écologique, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse info@espacevie.be

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Éditeur responsable : Nicolas Van der Maren - Rédacteur en chef : Xavier Attout (x.attout@ccbw.be) - Rédactrices : Bénédicte Dawance (b.dawance@ccbw.be), Caroline Dunski (c.dunski@ccbw.be) - Avec la contribution de : Agnès Chevalier - Équipe de la Maison de l’urbanisme : X. Attout, A. Chevalier, B. Dawance, G. Denhaerynck - Présidente de la Maison de l'urbanisme : Sophie Keymolen - Maquette : Louise Laurent (www.louiselaurent.be) - Mise en page : Louise Laurent - Dessins : Marco Paulo - Imprimeur : Artoos Group - IPM Printing - Tirage : 6 000 exemplaires - Adresse : 3, rue Belotte, 1490 Court-Saint-Étienne - Contact : 010 62 10 30 ou m.urbanisme@ccbw.be - www.mubw.be - www.ccbw.be - Photo de couverture : Xavier Attout

Espace-vie est publiée avec le soutien de la Wallonie et du Brabant wallon. La revue est envoyée sur demande et gratuitement aux habitants du Brabant wallon, abonnement de 12 euros/an hors Brabant wallon. Ne peut être vendu. Si vous préférez recevoir Espace-vie en version numérique, n’hésitez pas à nous le signaler. Toute reproduction partielle ou totale nécessite une autorisation préalable de l’éditeur responsable. La clôture de ce numéro s’est déroulée le 23 janvier.

Espace-vie est imprimée dans une imprimerie climatiquement neutre.

Les émissions de CO2 sont neutralisées à 100 % par le biais de plantations d’arbres. L’emballage qui entoure la revue lors de l’envoi est en maïs.

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2023, mode d’emploi : suivez le guide !

La porte s’est ouverte sur 2023. On s’y est engouffré avec ce doux pressentiment d’une année riche en découvertes, réflexions et échanges. Une perspective, d’apparence lointaine, nous oriente : celle de voir la réduction de l’étalement urbain et l’arrêt de l’artificialisation de nouvelles terres dérobées à l’espace agricole. Pourquoi ? Il est toujours bon de le rappeler : entre 2010 et 2020, en Wallonie, quatre terrains de football par jour sont urbanisés au profit, pour l’écrasante majorité, du résidentiel. Le chiffre est parlant. Il démontre à lui seul l’approche consumériste d’un patrimoine commun : le sol.

Avec l’étalement urbain, c’est la fragmentation des espaces naturels ou encore la croissance des déplacements qui impactent le territoire. Des phénomènes dont le Brabant wallon porte les empreintes, un peu partout, d’est en ouest. Pour autant, dire purement et simplement ‘STOP’ à l’urbanisation n’est pas suffisant. Réfléchir aux solutions pour relever ce défi en répondant de manière qualitative aux besoins de la population s’avère nécessaire et indispensable. Il faut tout autant pérenniser l’attractivité de nos terres brabançonnes.

Dans ce contexte, un maître mot s’invite : la réhabilitation. Comment s’emparer des espaces déjà urbanisés ? Quel regard poser sur les urbanisations existantes ? Comment ne plus détourner le regard mais considérer le « déjà là » comme valeur ? Comment réhabiliter les espaces investis par l’homme pour la construction et les infrastructures en prenant en compte les enjeux énergétiques ? Comment réinvestir ces lieux et vers quelles voies orienter leur recyclage ? Comment et avec qui mener ces transformations ?

Au travers de nos missions d’information, de formation, de sensibilisation, de mise en débat, de partage de savoirs et savoir-faire, l’équipe de la Maison de l’urbanisme propose d’investiguer ce défi de la réhabilitation. Pour ce faire, nous posons tour à tour les questions de la sobriété foncière, de la réhabilitation du bâti, de la réhabilitation des centres en passant par les réflexions sur nos modes d’habiter et de travailler en réponse à nos besoins et capacités, ou encore la manière de développer l’activité économique. Ce sera aussi l’occasion de poursuivre nos travaux sur les vulnérabilités du territoire, dont la question des inondations.

Si cela vous intéresse de nous suivre dans nos réflexions pour comprendre les défis territoriaux du Brabant wallon et vous outiller sur les manières de les relever, rendez-vous sur nos divers canaux d’information pour ne rater aucun moment !

Bénédicte Dawance

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espacevie.be janvier 2023 avant-propos

Nouvel élan à la gare de Nivelles

L’ancien bâtiment voyageurs de la gare de Nivelles a trouvé une nouvelle affectation. Le bureau d’études en stabilité Neuf81, actuellement implanté à Genappe, vient de signer une promesse d’achat. Le bâtiment sera rénové de fond en comble. Son volet patrimonial sera maintenu. D’autres locataires pourraient s’installer dans le bâtiment.

Le parc national des Forêts du Brabant toujours en projet

La Wallonie a désigné en décembre dernier ses deux parcs nationaux. La candidature du Parc national des Forêts du Brabant, portée notamment par la Province du Brabant wallon, n’a pas été retenue. Le projet n’est pas enterré pour autant. L'Institut de Gestion de l'Environnement et d'Aménagement du Territoire (ULB) vient d’être mandaté par la Province pour élaborer un plan opérationnel de densification du maillage écologique sur le territoire du projet « Forêts du Brabant ». Et ce en parallèle du travail en cours du côté du Brabant Flamand, qui a de son côté été retenu parmi les candidatures déposées pour devenir un parc national en Flandre. Un Master plan sur l’ensemble de la zone sera déposé d’ici mi-2023. L’objectif étant d’avoir une vision complète de l’ensemble du massif forestier. Rappelons que l’objectif du parc national des Forêts du Brabant est notamment de reconnecter trois massifs forestiers importants (Bois de Halle, Forêt de Soignes et Forêt de Meerdal) en utilisant les vallées de la Lasne et de la Dyle. Le projet s’étend sur 4 300 hectares en Brabant wallon.

Retour à la case départ à La Hulpe

Nouveau coup d’arrêt dans le dossier des Berges de l’Argentine à La Hulpe. Le Conseil d’État a invalidé une décision d’ouverture de voirie car elle a été rendue en dehors des délais. Une décision qui pourrait concerner bon nombre de dossiers en Wallonie. Dont celle de La Hulpe. Le promoteur immobilier Atenor, qui espère depuis de longues années aménager plus de 200 logements sur cet ancien site industriel, risque donc de devoir introduire une nouvelle demande de permis.

Retrouvez tout le contenu d'Espace-vie, des interviews complémentaires, des vidéos et autres infographies sur notre site internet espacevie.be.

4 en bref
© Lacustre

Une nouvelle porte d’entrée à Waterloo

Sept ans après l’acquisition d’un terrain situé à l’angle de la chaussée de Bruxelles et du boulevard Rolin, à Waterloo, le promoteur Eaglestone obtient enfin son permis d’urbanisme. Et ce à la troisième tentative. Un ilot stratégique qui fait office de porte d’entrée dans le centre waterlootois. La commune a longtemps calmé l’important appétit du promoteur. Ils se sont finalement mis d’accord sur un ensemble comprenant 42 appartements, 3 maisons, 8 commerces et des bureaux. Habitat kangourou, habitat groupé et appartements classiques composent l’offre de logement. La livraison est prévue en 2025.

Le SPW Territoire déménage

La direction Brabant wallon du département Aménagement du territoire et Urbanisme a quitté à l’automne dernier ses bâtiments situés dans le centre de Wavre. Elle est dorénavant installée dans le parc d’activités économiques de Wavre-Nord, plus précisément avenue Einstein 12 (2e étage).

La réhabilitation du Carmel revue à la baisse

Le projet immobilier imaginé sur le site du Carmel à Walhain a été revu à la baisse. Le demandeur, la Mutualité Chrétienne, espère désormais construire 45 logements au lieu des 70 unités prévues initialement. Ce projet intergénérationnel vise à favoriser l’intégration des personnes âgées. Jeunes et seniors se partageront les logements. L’enquête publique se clôture le 7 février.

5,8 %

Louvain-la-Neuve possède le plus faible taux d’inoccupation d’espaces commerciaux en Brabant wallon, selon l’agence de recherche Locatus. Wavre est par contre le maillon faible avec 19,6 %.

Révision de plan de secteur à Jodoigne

La commune a entamé une modification du plan de secteur. Les 13,5 hectares de la Plaine de la Gadale, qui sont en zone agricole, passeront en zone d’équipements. Le site doit accueillir, à terme, le pôle sportif de la commune. Des zones d’extension d’habitat passeront en contrepartie en zone agricole.

Il y a un double discours entre Région et Communes. Certains bourgmestres veulent freiner l’étalement urbain sans densifier pour autant. De grands projets immobiliers sont donc bloqués dans les villes et villages wallons. Cela ne va pas.  Francis Carnoy, conseiller chez Embuild Wallonie (ex Confédération Construction Wallonie)

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Le bâti brabançon face au défi de la rénovation énergétique

Il

apprendre
faudra tripler le rythme des rénovations
défi gigantesque.
d'ici 2050, un

Le parc immobilier brabançon va devoir être complètement rénové pour rentrer dans les clous des exigences européennes. Un défi gigantesque alors qu’il est essentiellement composé de passoires énergétiques.

Texte : Xavier Attout - Photos : X.A. et inBW

Les chiffres avancés ne sont pas vraiment de nature à être particulièrement enthousiaste. Le parc immobilier du Brabant wallon est un gouffre énergétique. C’està-dire que par manque d’isolation de leur maison ou de leur appartement, la plupart des habitants du Brabant wallon chauffent leur maison en pure perte. La chaleur s’envole presque aussi vite qu’elle ne sort des radiateurs.

L’énergie n’est plus aussi bon marché qu’auparavant. Il est donc moins facile de cacher le déficit chronique des passoires thermiques. A l’échelle wallonne, 80 % du parc date d’avant 1981. En matière de certificat de performance énergétique des bâtiments (PEB), sur une échelle de A à G, la moyenne du parc wallon de logements est F. Résultat des courses, pour répondre aux obligations européennes fixées à 2050 (PEB À pour tous les batiments), il faudra effectuer 45 000 rénovations par an. Soit tripler le rythme actuel. Or, on estime à 120 milliards le cout de ces rénovations pour les ménages wallons. L’université de Gand affirme même de son côté qu’un ménage sur deux n’a pas les moyens d’effectuer ces rénovations. L’équation s’annonce donc particulièrement complexe à résoudre. Même en Brabant wallon où le contexte est un peu meilleur qu’ailleurs : on y relève que 35 % des logements ont un PEB compris entre A et C, 37,8 % entre D et E, et 26,4 % entre F et G. « En matière de rénovation énergétique, la situation est relativement simple à résumer, a expliqué Quentin Jossen, consultant énergie et climat chez CLIMACT, pilote de la stratégie wallonne de rénovation énergétique, lors de notre dernier Midi de l'Urbanisme. Ce n’est pas gagné mais cela en vaut la peine. C’est possible, mais il faut changer de paradigme. Il faut en tout cas coopérer et innover pour sortir du business as usual. »

Pour parvenir à relever ce défi de la neutralité carbone d’ici 2050, deux éléments ont été mis en place par la Wallonie : une stratégie, déjà définie, et une recherche-action sur la manière d’y parvenir. Cette dernière est en cours et doit se terminer fin 2023. « La priorité est de cibler avant tout les logements les plus énergivores, estime Quentin Jossen. Soit ceux construits avant 1945, qui représentent 50 % du bâti. Et qui sont les plus représentés dans les catégories F et G. L’objectif reste d’atteindre le label A d’ici 2050 et de sortir des combustibles fossiles. Pour y arriver, on estime qu’il faudrait 125 rénovations lourdes par jour pendant 30 ans. L’objectif est d’accélérer le rythme de rénovation tous les cinq ans. Il faut aussi stimuler les rénovations profondes en une fois vers le label A. »

L’objectif reste d’atteindre le label A d’ici 2050 et de sortir des combustibles fossiles. Pour y arriver, on estime qu’il faudrait 125 rénovations lourdes par jour pendant 30 ans. Quentin Jossen, Climact

Les rénovations se passent le plus souvent lors de quelques moments charnières d’une vie, à savoir lorsqu’il y a un changement de propriétaire ou un changement de locataire. L’idée serait de stimuler le nombre de moments clés. « Pour suivre le rythme espéré, il faudra passer par l’industrialisation, de manière à réduire le besoin de main d’œuvre et augmenter la qualité de même que réduire les coûts, ajoute Quentin Jossen. Dans tous les cas, il faut innover. On pourrait rendre possible la rénovation énergétique complète sous forme de mensualité, en fixant par exemple un montant de 100 ou 150 € /mois avec un taux zéro à rembourser à la Wallonie. Travailler sur le coût, le financement et sur un business model est en tout cas essentiel. Il faut aussi déclencher et faciliter la rénovation par quartier entier. »

Une offre clé-sur-porte pour la rénovation

Reste que si la théorie est bien ancrée, passer à la pratique s’avèrera bien compliqué. Surtout dans un contexte économique incertain, avec des hausses de prix des matériaux et une

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inquiétude croissante des ménages. « Le vrai défi est de développer un écosystème compétitif pour permettre l’accès à une rénovation facile, de qualité, en profondeur et au coût juste pour une transition bas carbone », lance Clarisse Mees, cheffe du Laboratoire Caractéristiques Energétiques au sein de Buildwise.

L’objectif est de disposer à ce moment là d’une feuille de route précise et d’une marche à suivre pour atteindre les objectifs. « Nous avons déjà remarqué que la difficulté principale est de s’y retrouver dans le choix des travaux à effectuer, de l’entrepreneur à choisir, etc., lance Clarisse mess. L’objectif est donc de mettre sur pied un one stop-shop. Une offre clé-sur-porte de la rénovation. Le candidat sera accompagné et guidé de manière à s’assurer de la qualité des travaux réalisés. L’idée est que la procédure soit la plus simplifiée possible. En fait, il faut une vraie approche marketing de la rénovation pour parvenir à les convaincre. » Précisons que d’après une enquête réalisée dans le cadre de Reno+, le budget ne dépasse pas 50 000 euros dans 75 % des cas. « Dans la réalité, on est davantage autour de

RÉNOVATION PEUT AVOIR UN RÉEL IMPACT SUR LE TERRITOIRE »

Le bâti résidentiel du Brabant wallon est composé à 77 % de maisons et à 23 % d’appartements. Si la proportion de ces derniers est en hausse, ils ne rattraperont jamais les multiples lotissements qui sont sortis de terre ces dernières décennies, donnant une configuration particulière au parc immobilier de certaines communes. L'enjeu de la rénovation dans la plupart des communes du Brabant wallon s'annonce ardu. La question de l’avenir de ces villas des années 1970 particulièrement énergivores – et vendues à un prix élevé – est sur toutes les lèvres. « Waterloo est bien représenté en la matière, reconnait Cédric Tumelaire, échevin de l’Énergie, des Bâtiments publics et de la Smart City à Waterloo. Notre parc immobilier est composé de

nombreuses villas particulièrement énergivores. Il s’agira d’un vrai défi de les rénover. Il va falloir reconstruire la ville sur la ville. Ce qui devrait entrainer de nombreuses modifications urbanistiques et avoir un réel impact sur le territoire. Mais la problématique s’annonce complexe car nous ne souhaitons pas voir notre territoire être encore davantage densifié. Dans ce cadre, la commune souhaite être un exemple en matière de rénovation énergétique pour ses concitoyens. Notre stratégie est donc bien déterminée. »

A Louvain-la-Neuve, on pourrait de prime abord se dire que le bâti résidentiel est obsolète et énergivore. C’est loin d’être le cas. « La configuration du bâti, composé essentiellement de maisons 2 et 3 façades, est avant-gardiste, détaille

Nicolas Cordier, le directeur du développement urbain et régional de l’UCLouvain. Le bâti résidentiel est très compact, ce qui est un atout sur le plan énergétique. La PEB doit tourner autour de C ou D. Les vrais freins à la rénovation sont par contre l’importante présence de copropriétés. Les propriétaires louent également facilement leur bien ce qui ne les pousse pas à procéder à des rénovations. Par contre, l’homogénéité urbanistique pourrait faciliter la rénovation de masse. »

D’ici quelques années, la construction du quartier Athena-Lauzelle sera lancée. Ce sera un modèle du genre en matière de durabilité. « Sans oublier qu’une centrale biomasse permettra d’alimenter Louvain-la-Neuve en chauffage d’ici peu », ajoute Nicolas Cordier.

8 apprendre
« LA

Voici à quoi ressemble une carte de thermographie aérienne

Une thermographie aérienne du Brabant wallon

Un petit avion a survolé le Brabant wallon à plusieurs reprises ces dernières semaines. L’objectif ? Etablir un diagnostic des déperditions de chaleur par les toitures de l’ensemble des bâtiments privés et publics.

Ce projet de thermographie aérienne réalisé à l’échelle d’une province est une première en Wallonie. Il doit permettre d’informer tous les habitants sur les actions à mener pour isoler leur habitation et les encourager à entreprendre des travaux en la matière. « Grâce au survol du territoire par un avion équipé d’une caméra thermique infrarouge, nous souhaitons sensibiliser les habitants de même que les acteurs publics et privés à la maîtrise de l’énergie et ainsi réduire les émissions de gaz à effet de serre en Brabant wallon », lance Laurent Dauge, directeur de l’intercommunale inBW, qui pilote cette action. Chaque habitant pourra se rendre dans sa commune à partir du printemps 2023 pour connaitre le bilan énergétique de son habitation. Il recevra une cartographie détaillée de son bien. Seul le propriétaire pourra recevoir des informations relatives à son bien, RGPD oblige.

interview

80 000 à 100 000 euros pour la rénovation entière d’une maison mitoyenne, relève Clarisse mess. Il faut donc phaser ces rénovations. »

Pour le reste, on le voit, l’enjeu reste donc d’accélérer la cadence en matière de rénovation. Pour cela, il faudra massifier les rénovations. C’est-à-dire rénover à grande échelle, que ce soit des rues ou des quartiers en entier. « Nous allons essayer de mettre en place des trains de rénovation, par rue ou par quartier, espère Clarisse Mees. Cela permettra de faire des économies d’échelle. Il faudra aussi réussir à convaincre tous les habitants d’agir au même moment, ce qui ne sera pas aisé. Mais ces défis en valent la peine. »

Pour aller plus loin

La Maison de l'urbanisme a organisé un Midi de l'urbanisme sur le sujet en décembre. Retrouvez toutes les présentations des orateurs sur le site mubw.be

Yves Hanin, directeur du CREAT (UCLouvain)

Propos recueillis par X. A.

Quel impact peut avoir sur le territoire une importante rénovation du bâti brabançon ? C’est une question à laquelle il est encore difficile de répondre précisément. On peut toutefois imaginer que cela va accentuer la division de logements et de parcelles, de manière à pouvoir financer les travaux. On observe déjà que cela entraine une augmentation du nombre de démolitions/reconstructions car elles deviennent plus abordables que des rénovations. De cette manière, on aménage deux logements au lieu de un et on voit aussi apparaitre davantage d’immeubles à appartements qui remplacent des villas obsolètes sur le plan énergétique et technique. Réaliser d’importants travaux est surtout l’occasion de réfléchir sur ses besoins, d’autant plus quand cette rénovation peut avoir un impact budgétaire élevé.

Ces mutations urbanistiques ne sont toutefois pas l’apanage de toutes les communes. Au contraire même…

En effet, certaines ne veulent pas de cette densification cachée car elles ne savent déjà pas gérer leurs actuels problèmes de mobilité et financer la hausse des besoins en matière d’équipements. La division de logements est vue de manière négative en Brabant wallon. Toutes les communes ne sont néanmoins pas contre cette stratégie. Certaines sont favorables à ce type de modification. Cela peut générer aussi d’autres approches du bâti et de la manière d'habiter.

Et une accentuation de l’intérêt d’habiter à proximité d’un centre et des services ?

C’est une possibilité à espérer. Le phénomène avancé par certains qui est de vendre sa maison pour s’installer dans un appartement semble moins important qu’attendu, même s’il existe. L’étape du déménagement reste un cap à franchir, qui n’est pas aisé. Cela ralentit les mutations.

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« La division de logements est vue de manière trop négative en Brabant wallon »
Nous allons essayer de mettre en place des trains de rénovation,par rue ou par quartier. Cela permettra de faire des économies d’échelle.
Clarisse Mees, Buildwise

L’épilogue d’une longue saga

La fin d’une bien longue attente. L’Athénée Royal Paul Delvaux, située dans le quartier de Lauzelle à Louvainla-Neuve, va enfin pouvoir disposer d’une nouvelle antenne scolaire. Un ancien bâtiment de bureau de 3 300 m2 acheté en 2013 va être transformé par le bureau d’architecture carolo Goffart Polomé, lauréat d’un concours lancé par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Si la

structure du bâtiment sera conservée, l’enveloppe sera complètement revue pour maximiser les performances énergétiques. « Un atrium sera aménagé au centre du bâtiment, offrant une centralité au cœur de l’espace éducatif où les élèves peuvent vivre la démocratie au sein d’un environnement où l’individu fait partie intégrante d’un collectif, racontent les architectes.

Le projet s’inscrit par ailleurs dans une importante réflexion de circularité. Les châssis extérieurs existants seront par exemple démontés et retrouveront une place au sein du projet comme châssis intérieurs divisant les espaces. Ajoutons aussi qu’une venelle sera aménagée pour relier les différentes implantations. La livraison est espérée en 2026.

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© Dwelling

Une réponse de Didier Samyn

Architecte et formateur au sein de Natagora

Des chauves-souris ou des moineaux qui s’installent sous votre toiture. L’hypothèse peut s’avérer inoffensive jusqu’au jour où vous décidez d’effectuer des travaux de rénovation dans votre maison. Deux options s’offrent alors à vous : faire comme si de rien n’était et continuer vos travaux. Ou être sensible à la biodiversité, respecter la loi et mêler rénovation et préservation de l’habitat de ces espèces. « Pour le moment, il est évident que de nombreuses personnes préfèrent fermer les yeux sur ce sujet et continuent leurs travaux comme si de rien n’était, souligne Didier Samyn. Nous sommes en train de travailler avec différentes institutions, comme la Province du Brabant wallon ou la Wallonie, pour élaborer un recueil et un vade-mecum qui pourront informer et accompagner les personnes qui se lancent dans des chantiers. Un travail de longue haleine qui prendra encore de nombreux mois. L’objectif est, à terme, que la biodiversité soit prise en compte dans le cadre de travaux. Il y a actuellement l’obligation d’établir un audit logement avant de se lancer dans une rénovation. L’idée serait d’également réaliser un audit biodiversité. Je pense que nous emprunterons bientôt cette voie. »

Si la sensibilisation sur le sujet grandit et que de plus en plus de personnes s’interrogent sur la procédure à suivre quand il faut faire face à de telles situations, il faut bien avouer que leur nombre reste minime par rapport au nombre de rénovation effectuées en Brabant wallon chaque année. «

Le travail de prévention est primordial, que ce soit auprès des particuliers ou des corps de métier. Il faut avoir conscience que de nombreuses espèces sont protégées et qu’il est normalement interdit de réaliser des travaux si elles sont présentes dans son habitation. »

Des procédures à suivre

Que faire aujourd’hui dans pareille situation ? « S’il y a des animaux, cela signifie déjà qu’il y a un contexte écologique et microclimatique qui est favorable. Il peut vite y avoir 50 ou 100 Pipistrelles dans votre maison sans que vous ne le sachiez. Martinelles, moineaux ou chauve-souris peuvent s’installer à l’extérieur du bâtiment sur des nichoirs. Certaines espèces peuvent aussi vivre à l’intérieur du bâti via des petits trous dans la façade. D’autres vont même rentrer dans les combles et s’accrocher aux charpentes des toitures. » Une procédure bien ficelée se met alors en route. « Il est nécessaire de demander une dérogation à la loi sur la conservation de la nature. Réaliser des travaux est interdit tant qu’un expert n’est pas intervenu pour préserver leur habitat. Cela peut durer quelques mois. La durée du chantier n’est pas allongée mais bien le début du chantier. Si on ne suit pas la procédure, des sanctions peuvent tomber. » Les rénovations énergétiques vont se multiplier à l’avenir. Avec la possibilité de combiner biodiversité et performances énergétiques. « C’est en tout cas possible. Il faut notamment réaliser ces travaux à des moments clés et installer des gites dans l’isolant thermique. L’évolution de l’architecture et des modèles de construction mènent parfois à des espaces bio-incompatibles. Mais des solutions existent. » X. A.

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Faut-il intégrer la biodiversité dans la rénovation du bâti ?

« La densification des villages est un vrai modèle d’avenir »

Bimby, Yimby, Wimby. Les acronymes se succèdent mais les objectifs restent. L’avenir de nos quartiers de quatre façades s’écrit toujours plus en pointillés, écartelé entre la couteuse rénovation de villas obsolètes et la densification douce des grands jardins. Des modèles à réinventer en Brabant wallon. Et qui pourraient bien s’inspirer du succès de certaines opérations françaises.

Depuis Bordeaux, il fait rayonner sa vision de l’urbanisme dans toute la France. Et ce via Villes Vivantes, une agence d’urbanisme qui accompagne depuis plus de dix ans les pouvoirs publics et les particuliers dans leur démarche de densification douce du territoire. L’objectif étant de « vivifier les villages, faire grandir nos villes et vibrer nos métropoles. » Une trajectoire inspirante pour le Brabant wallon. Interview avec David Miet, le patron et fondateur de Villes Vivantes.

Après plus de quinze ans de travail sur le sujet, quel bilan tirez-vous de l’implémentation du Bimby (Build in my backyard) en France et ailleurs ?

DAVID MIET. Je ne sais pas si cela a été plus facile que je ne le pensais. Entre 2008 et 2012, ma surprise était de découvrir l’enthousiasme des particuliers à adhérer à ce principe de division de parcelle. La problématique de l’acceptation par le voisinage se posait mais n’était pas insurmontable. Par contre, la vraie difficulté se situait dans les rangs des professionnels. Ils ont toujours construit à grande échelle, des lotissements entiers, et travailler à une échelle

plus réduite s’avérait particulièrement compliqué. Les changements sont toujours plus lents dans le monde professionnel qu’auprès de particuliers.

Et aujourd’hui, où en est-on ?

La situation s’est quelque peu inversée. Après dix ans d’évangélisation, l’idée de la densification douce est acceptée et comprise tant par les particuliers que les professionnels. Cela a évolué dans le bon sens. Par contre, l’acceptabilité sociale de cette densification par les voisins est devenue beaucoup plus difficile. Le phénomène Nimby s’est renforcé en même temps que la crise du logement. La hausse des prix dans les grandes villes a éloigné du marché une série de gens qui disposaient de moins de moyens, les renvoyant dans des villes périurbaines. Ces nouveaux habitants, qui estiment avoir payé leur logement assez cher, ne souhaitent pas voir leur environnement évoluer et s’opposent à toute densification. Les maires écologistes de Bordeaux et de Lyon ont par exemple été élus en avançant dans leur programme qu’ils allaient ralentir tous les projets de construction. Le Nimby et l’écologie se rejoignent pour eux. Or, ce stop au béton entraine bien d’autres problèmes comme l’accessibilité au logement.

En Brabant wallon, les pouvoirs publics sont relativement réticents à l’idée d’accepter la division de parcelles, par crainte de devoir gérer les problèmes connexes qui pourraient se créer (mobilité, équipements supplémentaires). Comment parvenez-vous à les convaincre de votre côté ?

Ces dernières années, nous avons surtout travaillé à rendre le Bimby pilotable par les communes. C’est-àdire que les opérations de revitalisation urbaine qui comptent une centaine de micro-projets possèdent un début, un milieu et une fin. La vraie crainte d’un

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Texte : Xavier Attout – Photo : Villes Vivantes

pouvoir public est de ne pas avoir la maitrise de la densification de son territoire. Il l’a dans le cadre de l’aménagement d’un lotissement. Cela ne lui semble pas être le cas dans le cadre d'opérations plus ponctuelles. Nous veillons donc à rendre cette densification pilotable.

Même si la densification du territoire et la fin de l’étalement urbain sont dorénavant de tous les discours et semblent être bien ancrés dans les têtes, les rêves de maison 4 façades sont toujours plus présents. Comment expliquer cet attachement ? Je me demande même si ces rêves ne sont pas renforcés ces derniers mois. Le covid a suscité un besoin d’avoir davantage d’espaces extérieurs. La maison est devenu un produit particulièrement recherché. Elle permet d’avoir un espace privatif qui est protégé du monde extérieur. Et cela rassure. Ce schéma va toutefois devoir se confronter à celui des besoins en matière de rénovation. Il est également loin d’être le plus intéressant en matière d’urbanisme et d’aménagement du territoire.

Quel avenir voyez-vous pour tous ces villages entourés de quatre façades ?

C’est un fait, on ne va pas tout raser, il faut donc trouver des solutions. Le point de convergence entre le frein à l’étalement urbain et la densification pourrait être à trouver dans la densification villageoise ou de communes de taille moynne. La dynamique actuelle de ces villages ou communes ne

La dynamique et l'attractivité des villages pourraient être renforcées par la densification.

leur permet pas d’être suffisamment attractifs. Or, en augmentant la population, cela permet d’avoir davantage de boulangeries, de commerces, d’infrastructures sportives. Les services sont davantage rentables. Procéder de cette manière serait beaucoup plus intelligent. La densification sous forme villageoise est une voie intéressante pour contrer l’étalement urbain. Il y a 9 millions de jardins en France qui pourraient être densifiés. C’est énorme.

En Brabant wallon, les besoins de densification et de diminution de l’étalement urbain se heurtent aux retards pris dans l’aménagement de centres attractifs. Or, l’un ne va pas sans l’autre. Les pouvoirs publics ne négligent-ils pas trop la carotte par rapport au bâton ?

En effet. A New-York, le nouveau maire est pro-densification et on voit les habitants revenir après être partis pendant le covid. Il veut mettre l’accent sur la qualité de vie en ville. Il a lancé le concept de « Yes in my backyard ». Densifier le territoire sans ne rien proposer en échange est un non-sens.

Le Wimby (Welcome in my backyard) est un nouveau concept que vous avez lancé il y a peu. C’est pour donner une image positive de la densification ?

Il s’agit surtout d’un concept transitoire qui permet d’avancer sur des densifications douces de particuliers en attendant qu’une commune adopte une vision.

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La vraie crainte d’un pouvoir public est de ne pas avoir la maitrise de la densification de son territoire.
David Miet, urbaniste

Quand des experts se plongent dans la lutte contre les inondations

Après l’étalement urbain, les inondations. Une deuxième version des Arènes du territoire s’est déroulée ces dernières semaines dans toute la Wallonie. Avec, en Brabant wallon, un arrêt à Ottignies. Une vingtaine d’experts s’y sont retrouvés pour formuler leurs pistes de solutions. Wavre était au centre des mises en situation.

Urbanistes, fonctionnaires (régionaux, provinciaux et communaux), architectes, ingénieurs, développeurs immobiliers, expert en communication ou encore élus politiques et membres de CCATM : un panel varié d’experts s’est retrouvé en décembre dernier à Ottignies le temps d’une matinée.

Le Brabant wallon n’a pas été épargné par les inondations ces dernières années. Réfléchir à la manière de mieux aménager le territoire, de l’adapter aux changements et de gérer les crises est essentielle. On le martèle, il faut agir tant au niveau de la prévention, de la protection, de la préparation que de la réparation post-crise.

Ainsi, en rassemblant un panel d’experts, l’idée générale de la Maison de l’urbanisme était de mettre en exergue les manières d’agir, collectivement et individuellement, pour lutter contre les inondations et adapter les pratiques en matière d’aménagement du territoire et d’urbanisme. Partant du postulat que les contours des causes des phénomènes liés aux inondations et leur compréhension à l'échelle locale sont aujourd’hui balisés, reste à trouver les moyens pour lever les obstacles qui empêchent d’agir. Et ils restent nombreux :

Les contours des causes des phénomènes liés aux inondations et leur compréhension à l'échelle locale sont aujourd’hui balisés, reste à trouver les moyens pour lever les obstacles qui empêchent d’agir.

Qui peut-on mobiliser ? comment dégager le financement ? Comment capter le foncier nécessaire aux aménagements ? Comment ajuster les pratiques de planification, de conception architecturale ?

Cette matinée de travail a pu s’appuyer sur les enjeux qui avaient été mis en évidence lors d’une table ronde co-organisée par le consortium de recherche transdisciplinaire Louvain4Water (UCLouvain) et notre Maison de l’urbanisme. C’était en février 2022.

Cinq problématiques ont constitué la base des réflexions : l’acquisition et la mise à disposition des informations liées aux inondations, la gouvernance, la mobilisation des ressources financières et foncières, les ressources humaines nécessaires et la gestion du temps et, enfin, le choix des solutions techniques probantes et la capacité de mise en œuvre. Autant d’obstacles à surmonter pour ériger des solutions.

Et des idées, il y en a eu. Au travers des différents cas d’étude qui ont servi de base aux discussions, solutions techniques, études à mener, ou encore manières de se concerter entre communes, sont autant de pistes qui ont pu être

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Texte : Bénédicte Dawance – Dessins : Marco Paulo
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relevées. Avec, à chaque fois, le regard porté sur la réalité de terrain : foncier, procédures, résistance aux changements.

La planification sous la loupe Parmi les réflexions, on retiendra tout d’abord la difficulté que constitue le plan de secteur qui a été conçu à une époque où le risque d’inondation était sous-estimé : un paradoxe, lorsqu’on veut à la fois renforcer les centralités et prendre en compte l’aléa d’inondation.

Toujours en matière de planification, si re-méandrer un cours d’eau, c’est-à-dire lui permettre de retrouver son cours naturel, semble être une solution intéressante, reste à voir comment y parvenir. Que faire là où l’urbanisation s’est installée en perturbant ce cheminement naturel ? Comment établir une vision globale des zones propices à la rétention des eaux et assurer la faisabilité d’une telle entreprise ? Ces questions invitent à adopter une proactivité foncière mais aussi à considérer, parmi les solutions, la nécessité de prendre en compte les risques d’inondation lors de l’élaboration du Schéma de développement communal ou pluri-communal. Ce dernier plaide en faveur d’une gestion intégrée de l’aléa d’inondation, mais se heurte à la difficulté d’élaboration et de décision.

Des supers fonctionnaires de l’eau

L’enjeu de la supracommunalité est incontournable. Ainsi a été esquissée l’idée de doter des communes d’un même bassin hydrographique d’un « super fonctionnaire » qui soit à la fois apte à éclairer sur les solutions d’aménagement, à assurer une transversalité et à être ensemblier pour mettre en œuvre des projets à échelle cohérente. Une sorte de « supra-conseiller en aménagement du territoire de l’eau ». Une idée partagée par tous, mais en évitant de multiplier les intervenants et processus de décision, signe de complexité, voire d’inefficacité.

Dans le même ordre d’idées, les participants ont mentionné la panoplie d’outils et dispositifs existants: le plan P.LU.I.E.S, le Plan de Gestion des Risques d'Inondations, les recommandations du GISER (Gestion Intégrée Sol Erosion Ruissellement) ou encore les actions des Contrats

de rivières. Mais tous ont insisté sur le manque de temps et de finance pour se les approprier, les utiliser et mettre en place des solutions. Porter à la connaissance et coordonner les outils existants plutôt que d’ajouter une couche supplémentaire est une posture à encourager.

Un débat s’est tenu quant à la stratégie la plus adéquate pour mettre en œuvre des aménagements visant la gestion efficace des eaux pluviales. Ainsi deux thèses semblaient s’opposer entre ceux pour qui édifier une infrastructure majeure (de type grande zone de rétention des eaux) en amont des zones urbanisées serait la solution. La mobilisation foncière et financière plus aisée de même que la gestion centralisée de l’infrastructure plaide en faveur de ce type de solution. Pour d’autres, la thèse privilégiée est de considérer une constellation de solutions, menées tant par les pouvoirs publics que les privés, tant à une échelle de vallée ou de bassin qu’à l’échelle de la parcelle. Cette multiplicité permet d’augmenter la résilience du territoire dans un contexte où la récurrence des inondations et la vulnérabilité augmentent, mais induit une disparité des investissements et une gestion, un suivi et une évaluation particulièrement complexes.

Les participants ont également pointé l’importance d’établir une information complète et circonstanciée des éléments constitutifs du risque d’inondation devrait être une obligation lors de telles transactions. Dans ce cadre le rôle des agents immobiliers et notaires est central.

Un « supraCATU de l’eau », une idée partagée par tous, mais en évitant de multiplier les intervenants et processus de décision, signe de complexité, voire d’inefficacité.

Une cohabitation sous tension

Le padel s'envole pour le moment en Brabant wallon. Reste à trouver le terrain de jeu idéal.

Dans un contexte d’aménagement du territoire où l’idée est de concentrer les activités - qu’elles soient culturelles, sportives ou autres - à proximité des centres, la cohabitation peut toutefois s’avérer complexe avec les habitants. L’essor du padel le démontre. Une équation qu’il faudra néanmoins résoudre.

Texte : Xavier Attout – Photo : Getty

Douze terrains de padel, implantés entre le Cercle du lac et le siège d’ING à Louvain-la-Neuve, à l’arrière des terrains de hockey. La demande de permis pour construire la plus grande infrastructure du Brabant wallon en la matière est en cours. Vincent Stavaux, ex manager de Justine Henin et figure bien connue dans le monde tennistique, et quelques associés sont à la manœuvre. Une nouvelle démonstration de l’engouement que suscite ce sport depuis trois ans. Si cette localisation ne devrait pas déranger grand monde puisque les abords sont peu occupés en soirée et que les premiers habitants sont installés à 200 mètres des terrains, tous les clubs de padel ne sont pas logés à la même enseigne. A Lasne, suite à un recours déposé auprès du Conseil d’État contre le permis d’urbanisme, le club d’Odrimont a dû construire à la hâte un mur anti-bruit pour couvrir le bruit des balles de ses trois terrains extérieurs. Un voisin, dont le jardin est situé à cinq mètres de la paroi la plus proche, entend le bruit des balles et les cris des joueurs de 9h à 22h. De quoi sérieusement dévaloriser et dégrader la qualité de vie. Un projet a été refusé à Genappe pour les mêmes raisons. D’autres exemples de ce type pullulent en Wallonie. Et cela ne concerne pas que ce sport en vogue. Le hockey ou des sports moteurs suscitent également leur lot de plaintes. Que ce soit en termes de nuisances sonores, d’éclairage intempestif ou de mobilité. De quoi sérieusement questionner la place des activités de loisirs dans les centres urbains ou ruraux.

S’éloigner du centre-ville

Car dans un contexte de centralisation de l’habitat, des services et des équipements, la cohabitation avec certaines activités semble être une vraie

problématique d’aménagement du territoire. La manière de passer de la théorie à la pratique est bien plus compliquée qu’on ne peut le laisser présager. Avec, d’un côté, des nuisances, de l’autre, l’intérêt de ne pas disperser ces activités en dehors des centres. « Il faut analyser ces situations au cas par cas, tempère Cédric Harmant, fonctionnaire délégué du Brabant wallon. Elles sont souvent différentes, et dépendent d’un contexte particulier. Si certains cas posent problèmes, il faut relever que les sites ou terrains situés en plein centre coutent souvent trop chers pour y développer des activités de loisirs. Elles sont donc naturellement éloignées des lieux centraux. » L’idéal étant, comme à Nivelles ou à Louvain-la-Neuve, d’être implantés à quelques centaines de mètres du centre. Même si, il faut l’avouer, certaines localisations historiques ne permettent pas d’éviter cette cohabitation. « Le principal conseil à donner en la matière est d’encourager la personne qui porte le projet à discuter bien en amont avec les différentes parties prenantes, relève le juriste Fabrice Evrard, partner chez HSP. De manière à avoir conscience des nuisances induites par ces activités et de voir comment il est possible de les réduire »

Car, outre les nuisances sonores, il faut également tenir compte de la hausse de trafic induit par ces activités. Un élément qui est toutefois mis en avant par les détracteurs de tout projet.

Fabrice Evrard, partner chez HSP

De nouvelles règles d’ici peu La question étant d’actualité, elle a atterri récemment sur la table des ministres wallons de l’Environnement, des Infrastructure sportives et de l’Aménagement du territoire. Une première piste semble tenir la corde : ne plus autoriser la construction de terrains de padel extérieurs que dans les zones d’activités économiques. Loin des habitations donc. Une décision pourrait être prise une fois que les résultats d’une étude acoustique commandée en juin par la ministre

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Le principal conseil à donner en la matière est d’encourager la personne qui porte le projet à discuter bien en amont avec les différentes parties prenantes.
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Tellier soient connus. « Cette activité cause en effet des nuisances sonores, précise Emmanuel Verbrugghen, porte-parole de la ministre Tellier. Il faut répondre à cette problématique sans toutefois compromettre l’essor de ce sport ni d’autres activités génératrices de bruit. Les études actuelles ne sont pas satisfaisantes. Celle que nous avons lancée devrait nous permettre d’y voir plus clair. Un des leviers majeurs pour résoudre les nuisances semblent être l’aménagement du territoire. Une piste est en effet d’aménager ces terrains uniquement en zones d’activités économiques. D’ici l’établissement d’un cadre normatif ou de de lignes directrices, il me semble prématuré de sursoir à toutes nouvelles constructions de terrain de padel. »

D’après le cabinet Tellier, l’étude réalisée actuellement par le bureau d’acoustique qui a été désigné mènera à une série de recommandations. Qui mèneront soit à « l’élaboration d’un guide de bonnes pratiques (vadémécum) de nature non contraignante qui permettrait d’encadrer la pratique du padel sur le territoire wallon, soit à

Un des leviers majeurs pour résoudre les nuisances semblent être l’aménagement du territoire. Une piste est en effet d’aménager ces terrains uniquement en zones d’activités économiques. Emmanuel Verbrugghen, porte-parole de la ministre Tellier

Pour aller plus loin

l’élaboration d’une réglementation qui encadre la pratique du padel. Les recommandations à établir visent les terrains existants et à construire. Elles devront, enfin, proposer des actions concrètes au pouvoir adjudicateur en matière d’aménagement du territoire (ex. : planification sectorielle, implantation en zone d’habitat ou zone industrielle, autre…), aux matériaux et techniques de construction des terrains de padel (ex. : épaisseur des vitres, maillage des grillages, autre…), aux moyens de protection acoustique pouvant être mis en œuvre (ex. : couverture des terrains, mur anti-bruit, autre…). » Précisons que le rapport n’est pas attendu avant mai 2023.

On dénombre 14 clubs de padel en Brabant wallon. Des projets, subsidiés par la Province du Brabant wallon, sont en cours à Incourt (2), Mont-Saint-Guibert (1), Grez-Doiceau (2) et Braine-l’Alleud (2). Des projets privés sont également en réflexion, comme celui de Louvain-la-Neuve (12 dont 8 couverts).

d'un territoire cultures

Cabines sous haute tension artistique

Les cabines haute tension jalonnent le territoire et sont, selon leurs caractéristiques architecturales et leur emplacement, visibles ou dissimulées dans le paysage, esthétiques ou banales. À Wavre, Limal et Bierges, le REW (Réseau d’énergies de Wavre) met ses cabines haute tension à disposition d’artistes d’art urbain invités à les décorer. Embellissement du cadre de vie, diminution des frais de nettoyage et encouragement de l’expression

artistique sont les principaux éléments moteurs de la démarche. Plus de 200 cabines du REW sont potentiellement concernées. Sept d’entre elles ont déjà été peintes, et une petite dizaine sera prochainement proposée. « Nous visons les plus vandalisées ou les plus taguées, explique Caprine Girboux, en charge de la communication à la Ville de Wavre. Au départ, nous voulions privilégier des artistes du Brabant wallon, mais d’autres ont finalement répondu à l’appel et c’est

très bien ainsi. Ils nous ont remis un projet et un devis pour la cabine de leur choix. » Pour les graffeurs sélectionnés, comme GIACH et Pascaline tous deux graphistes, illustrateur ou illustratrice et profs passionnés de street art qui travaillent en duo au sein du Collectif Pep’s, bénéficier de budgets corrects mis à disposition permet de travailler avec de bons matériaux qui résistent aux attaques des UV et des intempéries. C. Du.

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© Collectif Pep's

Tiers-lieux ruraux, sortir des cases et déployer une approche multifonctionnelle

Vingt-trois projets visant à soutenir la relocalisation des services en zone rurale ont été validés dans le cadre de l’appel à projets « Tiers-lieux ruraux » lancé par le Gouvernement wallon en juillet dernier. Quatre de ceux-ci sont situés en Brabant wallon.

: Caroline Dunski – Photo : Quatre Quarts

Dans un contexte tendu par les crises sanitaire, économique et climatique, les territoires ruraux font face à des défis de plus en plus pressants d’accessibilité, de cohésion sociale et de solidarité. Un peu partout sur le territoire wallon, habitants et associations s’emparent de ces questions et agissent à leur échelle en créant de nouveaux espaces, qui ne correspondent ni au domicile ni au lieu de travail habituel. Ils constituent des espaces où le travail se mélange à d’autres aspects de la vie en collectif : bibliothèque, maison des associations, café citoyen, maison médicale, atelier partagé, point poste, espace de test agricole, commerce…. Ils y rassemblent des énergies diverses pour décloisonner, tisser des liens et expérimenter d’autres façons de faire ensemble.

Devenir co-créateur de ce qui se passe Fin novembre dernier, 150 personnes venues de toute la Wallonie se sont déplacées à Genappe, pour prendre part à une journée de rencontres et de débats organisée au Monty, tiers-lieu artistique, culturel et citoyen. Les participants et participantes ont longuement évoqué ces fabriques de liens où se construisent de nouveaux modes de vivre ensemble. Leur maître-mot : « sortir des cases ». Il s’agit de sortir du statut de consommateur, client ou paroissien pour devenir co-créateur de ce qui se passe. Toutefois, se placer dans cette

posture nécessite de relever divers défis, comme celui de trouver un équilibre entre ce qu’on peut donner de son temps et de son énergie et ce que l’on espère recevoir en retour. Pour Olivier Servais, coordinateur du GAL du Pays des Quatre Bras, si ces lieux visent à décloisonner les publics et les activités, ils demandent aussi beaucoup d’efforts pour faire du transversal, alors que tout l’environnement fait barrage. Bruno Bianchet, chercheur à l'ULiège pour la Conférence permanente du développement territorial (CPDT), propose de travailler sur les complémentarités plutôt que sur les différences. « Décloisonner, c’est aussi bousculer des conceptions et des pratiques pour ne plus les considérer comme exclusivement économiques, sociales ou culturelles. » Josué Dusoulier, coordinateur des formations du Réseau Transition, souligne que de nombreux verrous sociotechniques ralentissent les nouvelles pratiques et qu’il faut déverrouiller notre imagination pour trouver du soutien, auprès des autres porteurs du projet quand il a des dimensions multiples, mais aussi avec les voisins, les pouvoirs publics…

Faire vivre les territoires

À ce titre, l’appel à projets « Tiers-lieux ruraux », lancé en juillet dernier par le Gouvernement wallon et doté d’une enveloppe de 12 millions d’euros, est la preuve de l’intérêt des autorités wallonnes pour des lieux susceptibles de fournir des services de proximité aux habitants des villages : services administratifs et bancaires, mobilité, soins de santé, crèches, espaces de coworking, formation, culture… Les résultats des précédentes opérations de développement rural menées par la Wallonie, et notamment l’évolution des projets soutenus par l’appel à projets « coworking rural » de 2018, ont servi à affiner les attentes pour arriver à une approche multifonctionnelle et multiservices, gage, en zones rurales, d’une plus grande viabilité des projets. De plus, grâce au mélange des fonctions

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Texte

et au croisement des publics qui le fréquente, le tiers-lieu wallon recrée du lien social dans les territoires. Pour Olivier Servais, « une ruralité qui va bien est une ruralité qui coopère, dans laquelle il y a des échanges. L’enjeu, pour les tiers-lieux, est de faire vivre le territoire en favorisant la coopération de tous les acteurs. »

Une ruralité qui va bien est une ruralité qui coopère, dans laquelle il y a des échanges. L’enjeu, pour les tiers-lieux, est de faire vivre le territoire en favorisant la coopération de tous les acteurs.

FOCUS SUR LES PROJETS BRABANÇONS

L’appel à projets « Tiers-lieux ruraux », lancé par Céline Tellier, ministre de la Ruralité, a suscité un grand intérêt, tant chez les pouvoirs publics que chez les opérateurs du monde associatif et de l’économie sociale. 102 dossiers de candidatures ont été déposés, démontrant le besoin et le souhait des communes et des acteurs privés de soutenir et renforcer la présence de services en zone rurale. Parmi les 23 projets retenus, quatre sont brabançons. Enfin… outre Genappe et Villers-la-Ville, le GAL du Pays des Quatre Bras couvre aussi Les Bons Villers, commune du Hainaut.

Les montants obtenus pour ces quatre projets vont de 440 000 euros à près de 500 000 euros. Avec ce soutien financier, le Domaine de Chastre, dont 600 m² de bureaux étaient occupés par l’Intercommunale sociale du Brabant wallon (ISBW) désormais installée à Genval, veut s’ouvrir à un public local plus large et étendre sa vocation sociale aux enjeux du vivre ensemble. Concrètement, le projet consiste à rendre les espaces existants plus modulables et plus attractifs pour les petites structures du tissu économique local. La cafétéria

sera déplacée et agrandie pour devenir un restaurant ouvert au public à midi et un café citoyen en après-midi et en début de soirée. Véritable centre névralgique du tiers-lieu, elle permettra à différents publics de s’y croiser. L’offre culturelle se verra décuplée grâce à une programmation proactive en partenariat avec La Tchatche, asbl de promotion de créations artistiques en milieu rural. À Genappe, le Monty qui fonctionne avec un seul salarié pourra engager une personne pour assurer la gestion administrative du lieu. Il a aussi pour projet, en partenariat avec le CPAS et le GAL du Pays des Quatre Bras, de développer l’axe alimentation durable, saine, éthique, à des prix raisonnables, tout en valorisant la production alimentaire locale. À CourtSaint-Étienne, l’asbl Quatre Quarts installée dans la gare désaffectée souhaite notamment développer un restaurant social sous forme d’une cuisine collective basée sur la préparation de produits invendus et un service réalisé par de jeunes adultes porteurs de handicaps. Elle veut aussi diversifier son offre culturelle à destination des familles et du jeune public, en partenariat avec le Centre culturel du Brabant wallon.

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Alain Moreau, du grenier de ses parents au Monty

Le tour du bloc, premier spectacle de marionnettes créé à Bruxelles en 1986 par Alain Moreau, a fait le tour du monde. Désormais installé à Genappe avec Le Tof théâtre, le créateur de marionnettes et de spectacles est aussi prof d’un Master en art de la marionnette.

Texte : Caroline Dunski – Photo : Le Monty

Alain Moreau se décrit comme « Bruxellois de formation » parce que c’est au Conservatoire de Bruxelles qu’il s’est formé pour devenir comédien. Arrivé à Genappe avec le Tof théâtre en 1991, il s’est directement impliqué dans la vie locale.

PAS QUE POUR LES PETITS

Avant d’entamer des études théâtrales au Conservatoire de Bruxelles, Alain Moreau était déjà tombé dans la marmite de la marionnette, qu’il a croisée dans le grenier de ses parents à l’âge de 8 ans. « Avec mon frère et des copains, j’ai transformé ma chambre en atelier de création de marionnettes. J’ai aussi une vocation de clown et, quand je suis sorti du Conservatoire, en 1984, j’ai très vite rencontré le théâtre jeune public et le théâtre de rue, tout en continuant à bricoler, pour créer des décors comme assistant scénographe.» Désormais, le théâtre de marionnettes, qu’il s’adresse au jeune public ou à des adultes, est une catégorie artistique reconnue en tant que telle par la Fédération WallonieBruxelles. Alain Moreau, qui a beaucoup œuvré pour que la marionnette sorte du jeune public et entre au théâtre, est aujourd’hui prof d’un Master en art de la marionnette au Conservatoire Arts2 de Mons* et réalise aussi des spectacles pour adultes, comme Les Zakouskis Érotiks

UN TOUR DU BLOC… PUIS DU MONDE

Le tour du bloc est un spectacle de marionnettes à gaines qui raconte 24 heures de la vie d’un quartier de Bruxelles. L’idée du spectacle est née dans un rêve. Alain Moreau l’a tout de suite notée dans un carnet au réveil. « Le décor est un pâté de maisons constitué d’un bloc tournant pour que les spectateurs voient chacun des quatre côtés. Nous avons d’abord joué le spectacle dans une salle que nous avons louée, puis nous avons eu des propositions de tournée dans la campagne belge. Même si le propos du spectacle est très citadin, il a très bien fonctionné dans des contrées campagnardes, parce qu’il parle de voisinage… même sans paroles.

(NDLR : Alain Moreau confie qu’il est fan de tous les artistes qui s’expriment sans paroles, comme Charlie Chaplin ou Buster Keaton). On s’est rendu compte qu’à l’instar de Tintin, Bruxellois au départ, notre spectacle était assez universel et plaisant par sa ‘belgian touch’. Il a tourné dans 35 pays, jusqu’en Ukraine, alors encore dans l’URSS, au Canada et aux États-Unis. »

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rencontrer

LE MONTY, TIERS-LIEU ARTISTIQUE, CULTUREL ET CITOYEN

En 1991, Le Tof théâtre migre donc à Genappe, puis la compagnie théâtrale loue l’ancien cinéma dont elle fait un lieu de répétitions, de travail et de bureaux. « Progressivement, on l’a ouvert pour des soirées-surprises mais, à un moment, comme il n’était plus aux normes, nous n’avons plus pu y organiser des activités publiques. » En 2014, un groupe de personnes réunies au chevet du Monty pousse Alain à acheter le bâtiment, puis constitue le groupe « les amis du Monty ». Suivent quatre longues années de travaux avec, dans les dernières semaines, l’organisation de chantiers participatifs auxquels des habitants prennent part. « Une soixantaine de personnes sont montées sur la scène lors de l’inauguration officielle, le 18 septembre 2018. Il y avait une énergie collective avec un groupe de plus en plus grand. Aujourd’hui, Le Monty peut s’appuyer sur une centaine de bénévoles. » À l’époque, alors que le terme ‘tiers-lieu’ n’est pas encore entré dans le langage courant, Ville de Genappe et Province du Brabant wallon sont séduites par le projet et financent les travaux. « La compagnie pilote le lieu et lui donne une identité artistique, ainsi que ses valeurs. Elle s’implique aussi dans la vie de la commune. Les gens peuvent se rencontrer en venant au Monty pour différentes raisons : boire un verre, participer à des tables de conversation, au Repair Café ou à divers ateliers, voir des spectacles et prendre part au Festival Maboule, assister à des conférences… Le lieu est ouvert aux associations et aux citoyens qui se prennent en main de façon autonome, même si nous les accompagnons pour la mise en œuvre de leur projet, au début. »

OSCAR MAYEUR, BOURGMESTRE DE GNIAP

Oscar Mayeur, bourgmestre de Gniap, est un personnage récurrent du Tof théâtre. À tel point que la marionnette s’invite à chaque occasion. Né lors de la première édition du Festival « Des pieds et des mains » en 1994, Oscar Mayeur a un sacré franc parler et aime faire des discours. « C’est le pouvoir de la marionnette, qui peut dire plus de choses que le comédien, même si personne n’est dupe. Le bourgmestre de Gniap est content de venir au Monty. Comme il est toujours en campagne, il peut y croiser un paquet de potentiels électeurs et il prend plaisir à monter sur scène pour avoir son petit succès. Il aime aussi récupérer les trucs déjà dits ailleurs. Comme moi, il est adepte de la récup de ses bons mots, qui forment un dossier dans son ordinateur. Mais Oscar préfère encore le bar à la salle de spectacles, parce qu’il y a des bonnes bières. »

Rendez-vous

Le 17 février, après une semaine en immersion au Tof théâtre, les étudiants d’Alain Moreau pourront montrer le résultat de leurs travaux au Puppet Crash Test, une soirée de cabaret marionnettique. www.lemonty.be

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Le commerce reste-t-il incontournable pour redynamiser nos centres ?

Vendredi 10 mars de 12h à 14h à Louvain-la-Neuve

Logements, commerces, activités, équipements : toutes ces fonctions devront à l’avenir contribuer encore davantage à la réhabilitation de centre urbains ou ruraux attractifs. Une dynamique qui est au cœur de la stratégie wallonne d’aménagement du territoire. Et qui est également un des volets qui doit permettre de freiner l’étalement urbain.

Les réformes du CoDT et du SDT1 actuellement en discussion devront permettre de mettre en œuvre cette stratégie qui vise à renforcer les centralités en Brabant wallon et ailleurs. Des zones où se rencontreront les fonctions.

Le défi sera ensuite de parvenir à aménager des centres attractifs et dynamiques pour séduire habitants et visiteurs et les encourager à s’y déplacer. Avec notamment une grande interrogation sur la place à réserver au commerce, facteur incontournable de toute dynamique.

1. Code du Développement territorial et Schéma de Développement territorial

Inscriptions obligatoires

avant le 7 mars via m.urbanisme@ccbw.be ou mubw.be

Tarif : 5 euros (comprend boissons et sandwichs)

12h : accueil et sandwich

12h15 : début de la conférence

14h : Fin de la conférence

Adresse : Ferme du Biéreau Avenue du Jardin Botanique 1348 Ottignies-Louvain-la-Neuve

Avec François Honoré CEO de GeoConsulting

François Boon Juriste, CEO 2Build Consulting

Jean-Luc Meurice Bourgmestre de Jodoigne

Yves Hanin

Directeur du Centre de recherche en aménagement du territoire (UCLouvain)

Pascal Seret, DCI Monaco, développeur du Tubize Outlet Mall

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