l’E-MAG ultramarin de l’environnement
Des lagons jusqu’à la haute mer, l’océan s’envisage aussi comme une ressource pour l’économie des territoires dans divers secteurs – pêche, aquaculture, tourisme, transports maritimes – avec des spécificités emblématiques remarquables comme la perle de Tahiti. Un rôle qui pourrait se renforcer demain grâce à des opportunités émergentes dans le domaine de la valorisation des molécules issues des microalgues et d’autres organismes marins ou encore dans celui des ressources minérales des grands fonds.
ÉDITO par françois houllier, Président-directeur général de L’institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (ifremer) Connaître et comprendre l’océan pour le protéger et en restaurer les écosystèmes, pour en gérer durablement les usages et les ressources vivantes ou physiques, pour générer et partager des données et services avec les entreprises, la société civile et les pouvoirs publics : telles sont les raisons d’être de l’Ifremer. Elles guident l’ensemble des activités – recherche, innovation, expertise et surveillance – que l’Ifremer mène, depuis la côte jusqu’au grand large et depuis la surface de l’océan jusqu’aux abysses, dans l’Hexagone comme dans les territoires ultramarins auxquels la France doit d’avoir le deuxième plus grand domaine maritime mondial. Hauts lieux de la biodiversité marine, ces territoires sont très différents entre eux, aussi bien en termes naturels, culturels et économiques que dans leur rapport à la mer. Formant un véritable archipel planétaire, ils sont directement exposés au dérèglement climatique et, plus généralement, au changement global : élévation du niveau de la mer et risques de submersion du littoral ; blanchiment des coraux et disparition de milieux remarquables ; pollutions venant des terres et effets sur la santé humaine et des écosystèmes.
Outre-mer plus qu’ailleurs, la tension entre la satisfaction des besoins humains, l’usage des ressources marines et la préservation de l’océan, bien commun et élément essentiel de la biosphère, est perceptible. Soulignée par Axel Kahn – qui préside le comité d’éthique commun aux quatre organismes : Cirad, Inrae, Ifremer et IRD – cette tension y est d’autant plus vive que les mers qui baignent ces territoires demeurent une frontière de la connaissance, depuis la caractérisation de leur biodiversité jusqu’à la cartographie de leurs fonds. L’Ifremer est présent dans ces territoires depuis plusieurs décennies : dans le Pacifique, en Nouvelle-Calédonie et Polynésie française ; dans l’océan Indien, depuis l’île de La Réunion ; aux Antilles, depuis la Martinique ; en Guyane française et à Saint-Pierre-et-Miquelon. Cette présence s’appuie sur les liens que l’Institut a noués avec ses partenaires nationaux comme avec les universités, collectivités et entreprises locales, sur les capacités d’exploration de la flotte océanographique française et sur le potentiel des équipes scientifiques et technologiques situées dans l’Hexagone. L’ampleur des enjeux maritimes concentrés dans les territoires ultramarins et l’intérêt des questions scientifiques afférentes ont conduit l’Ifremer à réaliser, en 2020, un état des lieux des activités qu’il y mène. Avec l’objectif d’y renforcer l’ancrage de l’Institut et d’armer, dès cet été 2021, un nouveau plan d’actions dans ce paysage maritime foisonnant. François Houllier
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