Jules Desbois, l'élan dans le marbre

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Portrait de Jules Desbois, vers 1930-1935 (musée Jules-Desbois).

Pichet Bel de Lierre (détail), vers 1893, étain (musée Jules-Desbois).

L’atelier de Jules Desbois en 1935 (musée JulesDesbois).

Plat aux sirènes (détail), vers 1905-1907, bronze patiné, diam. : 41 cm (Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris).

Danseuse à la boule, vers 1905-1910, bronze, H. : 35 cm (Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris).

La Misère (détail), 1894, plâtre, H. : 130 cm (dépôt du Centre national des arts plastiques au musée Jules-Desbois).

Satyre et nymphe, 1886, marbre, H. : 70 cm (musée Jules-Desbois).

Bronze patiné avec signature de Jules Desbois.

A rnets d’ A njou

SOMMAIRE INTRODUCTION

NAISSANCE D’UN SCULPTEUR  16

Documenter Jules Desbois

Jeunesse et première formation

Une carrière personnelle qui débute tardivement

L’affirmation

Le tournant vers les arts décoratifs

Une apothéose

LA RENOMMÉE  54

Un portrait

Chantiers et projets monumentaux

Engagement artistique

Petites et grandes sculptures

Le portraitiste

La sculpture monumentale, entre projets personnels et commandes

Expositions DU SCULPTEUR AU PASTELLISTE  86

Des commandes mémorielles

L’irruption du thème de la guerre

Le temps de l’achèvement

Le pastel

POSTÉRITÉ, OUBLI ET REDÉCOUVERTE  100

c

chronologie

Jules Desbois

1851

Le 20 décembre 1851, Jules Desbois naît à Parçay-les-Pins (Maine-etLoire), à l’hôtel de la Croix-Verte, tenu par ses parents. Rien ne le prédispose à une carrière artistique.

1877

Ayant mis fin à ses études aux Beaux-Arts de Paris, il rencontre Auguste Rodin, dont la carrière individuelle n’est pas encore lancée. Tous deux travaillent alors pour un entrepreneur en sculpture sur le chantier de la fontaine du Trocadéro, prévue pour l’Exposition universelle de Paris de 1878.

1890

Présenté au premier Salon de la Société nationale des Beaux-Arts (SNBA) à Paris, son groupe en plâtre La Mort et le Bûcheron frappe la critique. Qu’il soit jugé extraordinaire de réalisme ou trop théâtral, il place Jules Desbois parmi les grands sculpteurs de sa génération.

chronologie

1896

Une exposition rétrospective personnelle lui est dédiée au sein du Salon de la SNBA. Lors de cette consécration artistique, Jules Desbois, en pleine maîtrise de son art, présente sculptures et objets d’art décoratif, déclinés en des matériaux très variés.

1935

Jules Desbois meurt le 3 octobre 1935 à son domicileatelier, au 89, boulevard Murat, à Paris (16e arrondissement). Très affaibli, il se consacrait surtout au pastel depuis 1924. Ses exécuteurs testamentaires dispersent dès 1936 son fonds d’atelier entre les musées d’Angers, Saumur et Tours.

2001

Inauguration du musée municipal Jules-Desbois de Parçay-les-Pins (Noyant-Villages). Il succède, dans un bâtiment plus grand, au musée que l’Association des Amis de Jules Desbois (créée en 1979) avait ouvert dès 1986 dans la maison natale du sculpteur.

Introduction

« Desbois, un des plus grands sculpteurs de l’époque », écrit Auguste Rodin en 1903 à l’administration des Beaux-Arts pour appuyer la commande d’une sculpture à celui qui fut son ami quarante années durant. Sur ses vieux jours, Rodin confia même : « Quand je serai mort, Desbois sera le plus grand sculpteur. »

Les meilleurs critiques d’art du temps louèrent son travail : « C’est un délicat artisan, de veine très française, qui allie sans cesse une force à la grâce, qui en fait un composé de volupté fine », souligne Gustave Geffroy, tandis que François Thiébault-Sisson voit en lui « un des talents des plus variés, les plus souples qui se soient imposés […] à l’attention des gens de goût ». Pour Paul Gsell, « il est, à n’en pas douter, le frère spirituel de Rodin » et surtout c’est « l’Ouvrier par excellence […] l’artiste qui pousse aux suprêmes limites le savoir, pour le mettre dévotement au service de la pensée ». Quant à Guillaume Apollinaire, il le salue comme un « puissant sculpteur auquel l’art contemporain doit quelques ouvrages d’une importance capitale ».

Si tous ses contemporains ne l’ont pas forcément gratifié de tels éloges et si, comme Rodin, il eut parfois affaire à quelques critiques moins dithyrambiques, Jules Desbois fit donc partie des très grands noms de la sculpture française entre la fin du xixe siècle et le début du xxe. Il réalisa des chefs-d’œuvre reconnus de tous, côtoya les plus remarquables artistes de son temps et, parmi eux, affirma sa modernité face aux académismes. De son vivant, il exposa dans le monde entier, reçut de nombreuses commandes publiques et ses œuvres furent présentées au sein de grands musées à Paris, Angers, Nancy ou Lyon.

Mais l’artiste était aussi doté d’un caractère ferme et franc, appréciait peu les mondanités, renâclait à conquérir une clientèle, éconduisait les importuns pour ne cultiver que les solides amitiés et disait même s’épanouir dans une certaine solitude. Surtout, d’un tempérament modeste, il voulut vivre de son art et l’accomplir consciencieusement, sans chercher à assurer sa propre postérité : il exigea même dans son testament que l’on fondît ses sculptures d’étain ou de bronze invendues et que l’on n’organisât plus d’exposition de ses œuvres après sa mort. Plus que d’autres, il semble avoir ainsi précipité l’oubli dans lequel plongèrent presque tous les sculpteurs de sa génération dès le deuxième quart du xxe siècle. Pour l’en sortir, d’enthousiastes historiens de l’art et amateurs de son talent se sont appliqués, depuis quelques décennies, à mieux faire connaître ce grand artiste angevin. Le musée qui lui est consacré à Parçay-les-Pins (commune de Noyant-Villages, dans le Maine-et-Loire) et les pages qui suivent vous invitent donc à redécouvrir la vie et l’œuvre de Jules Desbois.

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Jules Desbois dans son atelier, sculptant La Femme à l’arc, vers 1905.

NAISSANCE D’UN SCULPTEUR

Cette façon épanouie et concentrée à la fois, ce beau modelé souple et ferme, cette audace dans le mouvement, pourtant nullement forcé, de la femme toute repliée sur l’oiseau vainqueur, et conquérante involontaire ; un accent, avec cela, indéfinissable, mais présent, toutefois, d’une certaine âpreté, d’une certaine tristesse, dans la chair ; voilà quelques-unes des qualités qui nous firent, dès cette époque, et malgré la réputation commençante de Rodin, malgré la sévère et altière carrière de Dalou, pressentir en Desbois un maître de la même lignée, et placer son nom dans notre esprit à côté des leurs.

Arsène Alexandre, 1920.

de 1886 le plâtre du petit groupe Satyre et nymphe et celui d’Acis changé en fleuve, qui est le projet de fontaine commandé par le baron de Rothschild. Au Salon de l’année suivante, il présente ces deux mêmes œuvres en marbre et obtient une médaille de 1re classe. Le marbre d’Acis est acquis par l’État : présenté à l’Exposition universelle de 1889, il est ensuite envoyé à Sétif, en Algérie, comme fontaine ornementale du jardin

d’Orléans. Pour cette même exposition de 1889, Desbois réalise aussi deux grandes figures féminines qui encadrent le fronton à la gloire de l’électricité du décor intérieur de l’immense dôme central du Palais du Champ-de-Mars. Cette participation à la glorification de l’art français lui vaut une médaille d’or à l’Exposition universelle et il est fait chevalier de la Légion d’honneur, l’insigne lui étant remis par Rodin en 1890. Auguste Rodin soutient en effet constamment son ami dans ces années décisives pour l’essor de sa carrière. En retour, Desbois l’assiste comme praticien, notamment lors de la réalisation de la statue de Claude Gellée, dit Le Lorrain, que Rodin exécute pour Nancy : Desbois en conduit le chantier du piédestal en 1889-1890 et se serait vu déléguer un rôle de premier plan dans les sculptures qui l’ornent.

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Satyre et nymphe, 1886, marbre, H. : 70 cm (musée Jules-Desbois).

Albert-Ernest CarrierBelleuse, esquisse pour L’Enlèvement de Flore, reproduction imprimée, 1884.

L’Enlèvement de Flore, 1887, biscuit de porcelaine, H. : 48 cm, édité par la Manufacture nationale de Sèvres après 1906 (collections du Mobilier national, photographe Isabelle Bideau).

31 CARNETS D’ANJOU

L’OMBRE DE RODIN

Par manque d’informations ou parce que le regard porté sur son œuvre n’est pas assez approfondi, Jules Desbois a bien souvent été catalogué comme un imitateur, voire un simple praticien d’Auguste Rodin. Mais l’étude de sa production – notamment grâce aux travaux universitaires fondateurs de Véronique Wiesinger, dans les années 1980 – et le regard affûté des critiques qui lui étaient contemporains ont clairement montré que son art lui est propre. De 1884 au début des années 1890, période où se cimente leur amitié, Desbois réalise la pratique de quelques œuvres de Rodin, avec d’ailleurs une singulière autonomie. Mais cette proximité de travail marque en retour très fortement l’œuvre de Desbois : au contact de Rodin, il a la révélation de ce vers quoi il veut orienter sa propre sculpture. Il rompt définitivement avec l’esthétique académique de ses premières œuvres et établit les principes qui vont être les siens sa carrière durant. Desbois manifesta toujours à Rodin une inébranlable reconnaissance pour cet accompagnement, et une profonde et sincère admiration.

Dès lors, il emprunte parfois certains chemins ouverts par le maître, peuple ses œuvres de sirènes et de faunes, et use, après Rodin, du non finito, du fragment ou des assemblages. Surtout, il s’efforce à son tour, par une observation scrupuleuse, de saisir la vie même pour la traduire en sculpture. En tout cela, il s’apparente à un « rodinesque ». Cependant, Jules Desbois a ses propres voies : son œuvre respire son humanisme et sa sensibilité personnelle, il a de la sculpture une maîtrise technique absolue quel que soit le support, et il s’attache à l’objet d’art plus que ne le fit Rodin. Il s’inscrit également, comme son ami, dans la filiation ou la proximité d’autres grands sculpteurs : l’élégance de son art le relie à Jean-Baptiste Carpeaux et Albert-Ernest Carrier-Belleuse – auquel Rodin aussi doit beaucoup – et son regard sur la condition humaine ou son attention à l’art décoratif le rapprochent de Jules Dalou.

Au-delà donc des influences – qui purent d’ailleurs être réciproques – ou de leurs limites, on observe que de lui-même Jules Desbois se plaça toujours dans l’ombre de son ami, qu’il considérait comme le plus génial sculpteur de son temps. Il eut avec lui, quarante années durant, des rapports que peu d’autres sculpteurs entretinrent, nés à l’époque où tous deux étaient sans le sou. Rodin, de son côté, aida régulièrement Desbois ; il appréciait sa sculpture et savait aussi reconnaître ses torts quand Desbois se permettait de les lui rappeler.

Buste d’Auguste Rodin, vers 1911, pierre, H. : 64 cm (dépôt du Centre national des arts plastiques au musée Jules-Desbois).

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Buste de femme [portrait de Lili Grenier], vers 1896, marbre, H. : 54 cm (Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris).

L’Arc ou Dryade au saule, marbre, H. : 49 cm (musée Jules-Desbois) ; en 1896 était proposée une version en plâtre patiné bronze. Ce marbre est postérieur.

Léda, 1896, marbre, H. : 83 cm (dépôt du musée d’Orsay au musée Jules-Desbois).

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LA RENOMMÉE

Et voilà Jules Desbois qui va bougonner lorsqu’il lira le début de cet article, que nous aurons bien soin de lui envoyer, non pour le faire bougonner, mais pour qu’il finisse par se persuader que son nom prendra place à côté des plus grands, à côté de Houdon, de Rude, de Carpeaux et de ce Rodin, de qui il taillait dans la pierre, récemment, une image si vivante, si évocatrice. Oui, Desbois bougonne et bougonnera toujours quand on lui dira qu’il est un des maîtres de cette statuaire française qu’il aime passionnément, parce qu’il a un idéal de beauté plastique dont il ne croit jamais assez se rapprocher, alors même qu’il l’a atteint ; enfin parce que, malgré son tempérament robuste, son opiniâtre joie au travail, il demeure anxieux, comme tout véritable créateur. Arsène Alexandre, 1920.

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Broche, or et perles fines, 1901-1905, l. : 8,3 cm (Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris).

Pendentif, argent et rubis, 1901-1905, l. : 5,5 cm (Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris).

Broche, argent et rubis, 1901-1905, l. : 5,4 cm (Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris).

Petites et grandes sculptures

Ces expériences collectives tournent court, mais Jules Desbois poursuit ses activités. Il est installé depuis 1900 dans l’ancien atelier de Charpentier, boulevard Murat, dans le 16e arrondissement. Là, il poursuit, mais à un rythme moins soutenu, sa production d’objets d’art décoratif dont une série de bijoux. S’il est tenu par contrat de conserver l’exclusivité des tirages en étain, en bronze, voire en bronze doré, de ses anciennes créations à Siot-Decauville, Desbois s’ouvre à d’autres éditeurs.

Dans le domaine de la céramique, Sèvres lui a commandé en 1897 une jardinière qu’il a présentée à l’Exposition universelle de 1900, et il réalise aussi pour Haviland, vers 1904, deux versions d’un chien – un grand

et un petit – et d’un éléphant – un noir et un blanc – en porcelaine. Dans un tout autre genre, il poursuit les expériences entamées avec Delaherche et reprend le Masque de la Mort, présenté en 1896, pour en proposer, en 1902-1904, des versions en grès émaillé réalisées cette fois par un disciple de Carriès, Paul Jeanneney (1861-1920).

Il se lie surtout vers 1903 à un fondeur et éditeur d’art de très haute qualité, AdrienAurélien Hébrard (1865-1937). La galerie que tient Hébrard pour commercialiser ses productions permet aussi à Desbois de diffuser, outre des épreuves en métal, des tirages en terre cuite voire des exemplaires en marbre de ses œuvres, réalisés à la demande. Parmi divers autres objets, bijoux ou plats, c’est dans l’atelier d’Hébrard qu’est

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REPRÉSENTER LE CORPS

De Jules Desbois, le critique d’art Paul Gsell écrit en 1922 qu’il est « un poète de la chair » dont « nul mieux que [lui] n’a traduit les tressaillements ».

À quelques exceptions près, toutes les œuvres de Jules Desbois ont pour sujet ou pour motif principal tout ou partie du corps humain. S’il sculpte aussi des corps masculins, c’est surtout la représentation de la femme qui marque son œuvre, sous les traits de figures souvent associées à la séduction ou à la tentation, d’Ève à Léda, de Salomé aux sirènes.

Jules Desbois représente les corps à divers âges : si l’enfant est rare, le corps est jeune dans nombre de ses œuvres, mais il mûrit aussi sous les traits de L’Été , et vieillit plus encore dans L’Hiver. Dans La Mort et le Bûcheron, La Misère, La Guerre ou La Mort casquée, un réalisme qui tend à l’expressionnisme s’attache à le montrer usé par le travail, outragé par le temps et la misère, décharné dans la mort. Desbois figure ces corps dans des positions variées, voire inédites, mais il revient souvent à quelques compositions majeures, conçues assez tôt dans sa carrière, telle la figure ramassée, assise ou penchée, ou à l’inverse

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une autre présentée en extension. Ses personnages jouent de souples courbes et contre-courbes, parfois animés d’une torsion où épaules et bassin sont placés sur des plans différents.

Surtout – sans doute incité par l’art de Rodin –, Jules Desbois confère un extraordinaire réalisme et une grande sensualité à ses œuvres par un modelé très attentif à l’épiderme et à la musculature.

L’anatomie de ses modèles, hommes ou femmes, est ici déterminante et Desbois les choisit avec soin. Observateur scrupuleux, travailleur acharné, il s’attache à sculpter le corps au plus près, à transcrire dans le

marbre le « frémissement de la vie ». Il est à noter qu’il traite les dos avec une attention singulière. Raymond Huard et Pierre Maillot ont ainsi proposé de voir, dans le modelé noueux et la tension musculaire que l’on observe entre le haut et le bas du dos de Léda, l’ambiguïté entre son acceptation et sa retenue face à l’assaut divin. Dans L’Hiver ou le Sisyphe, c’est toute la puissance des personnages que leur dos exprime. Le modelé du dos de la Dryade et de nombre de figures féminines présentes sur ses objets d’art décoratif est si vigoureux qu’il en devient presque une signature de Desbois.

Dryade, vers 1904, marbre, H. : 26 cm (dépôt du Département de Maine-et-Loire au musée Jules-Desbois).

Plat La Houle à la sirène de dos, 1893, étain, diam. : 29 cm (musée Jules-Desbois).

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DU SCULPTEUR AU PASTELLISTE

Ses pensées vigoureuses ou délicates, tristes ou joyeuses sont traduites par sa main prestigieuse de la glaise grise à l’éblouissante blancheur du marbre, de la pierre ambrée au bois rustique, de l’étain plombé à l’inoubliable splendeur de l’or, aussi magistralement que par la subtile délicatesse du pastel : ce puissant et lent labeur se déroule comme un cortège impressionnant et unique de beauté, et perpétue dans les matières les plus variées le nom et la gloire du vrai, du grand artiste, le statuaire et pastelliste Jules Desbois.

à la sculpture, puisque Desbois a aménagé dans la salle principale une sorte de petit musée personnel. À sa mort, d’ailleurs, Desbois lui lègue ses outils et Colin prend la suite de la location de l’atelier du 89, boulevard Murat, où il œuvre jusque dans les années 1950, notamment comme praticien-mouleur du sculpteur Paul Landowski.

Torse d’homme, vers 19101934, plâtre, H. : 64 cm (dépôt du Château-musée de Saumur au musée JulesDesbois).

La Source, 1918, pierre, H. : 133 cm (dépôt du musée d’Orsay au musée JulesDesbois).

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Le pastel

Dès 1924, parallèlement à ses derniers travaux de sculpture, Jules Desbois s’engage en autodidacte dans une nouvelle pratique artistique : le pastel. Si l’on excepte de rarissimes croquis témoignant de la qualité de son coup de crayon, on ne connaît aucun dessin de lui qui corresponde à la pleine période de sa production sculptée, durant laquelle il a pourtant dû en exécuter, ne serait-ce qu’à titre d’esquisses préparatoires.

C’est de manière anecdotique qu’il vient au pastel, à en croire les propos qu’il confie à un chroniqueur. Chez un marchand de couleurs mauvais payeur, il aurait ainsi pris pour rétribution d’une de ses commandes, sur un coup de tête, une boîte de pastels. La redécouvrant quelques années plus tard, il s’y essaie, persiste un peu, prend un modèle : « Au bout de quinze jours, dit-il, je réussis. »

Il est possible qu’au-delà de l’anecdote, le succès et le renouveau du pastel auprès des artistes de sa génération, portés par exemple par Edgar Degas ou Odilon Redon, aient suscité sa curiosité. C’est peut-être dès le milieu des années 1910 que Desbois réalise ses premiers essais, mais c’est en 1924 qu’il fait la première présentation publique de ses œuvres, au grand étonnement du monde des arts. Il dévoile ainsi des nus, des portraits et des natures mortes. Comme pour la sculpture, où il n’a pas pris le virage des avant-gardes, il demeure dans une esthétique placée sous le sceau des courants figuratifs de la fin du xixe siècle.

Dès cette première exposition, qui se tient à la galerie Hébrard, le collectionneur Jacques Zoubaloff (1876-1941) acquiert l’un des pastels particulièrement salués par la critique, et l’offre au Petit Palais. Il complète ainsi la collection d’œuvres de Desbois que possède ce musée, constituée d’acquisitions de la Ville de Paris et d’un précédent don de Zoubaloff, qui en 1916 avait offert quatorze statuettes et onze objets d’art du sculpteur.

97 CARNETS D’ANJOU

Proposée par le Département de Maineet-Loire, la collection Carnets d’Anjou est une invitation à découvrir la richesse du patrimoine à travers la diversité des lieux, des œuvres et des mémoires de notre territoire.

Jules Desbois, l’élan dans le marbre a été réalisé par la Conservation départementale du patrimoine.

Remerciements

À tous ceux qui, par leurs apports, ont enrichi cet ouvrage : Chloé Ariot, Henri Bertrand, François Blanchetière, Nathalie Bondil, Alexandra Bouriquet, Nicolas Bourriaud, Cécilie Champy-Vinas, Solène Couton, Élise Dubreuil, Ophélie FerlierBouat, Mathieu Fleury, Marion Girard, Cécile Gouëset, Joanne Kuhn, Jean-Noël Marionneau, Fabien Mérelle, Éva Orain, Fabrice Rubiella, Jean Touchard, Sophie Weygand, Margaux Wymbs. Aux précieuses équipes qui se cachent derrière les sigles CDP, DAMM et 303.

Musée Jules-Desbois

1, place Jules-Desbois

Parçay-les-Pins

49390 Noyant-Villages

Site internet : https://3museesinsolitesenanjou.com/ musee-jules-desbois

Carnets d’Anjou

Direction éditoriale

Thierry Pelloquet

conservateur en chef du patrimoine

Texte

Florian Stalder

conservateur en chef du patrimoine

Photographies

Armelle Maugin, Bruno Rousseau

Documentation

Véronique Flandrin-Bellier

Suivi du projet éditorial

Frédéric Couturier

Directeur de la culture et du patrimoine

Éditions 303

contact@editions303.com

www.editions303.com

Direction

Aurélie Guitton

Coordination éditoriale

Alexandra Spahn

Édition

Emmanuelle Ripoche

Carine Sellin

Correction

Philippe Rollet

Diffusion

Élise Gruselle

Conception graphique

BURO-GDS

Photogravure

Pascal Jollivet

Impression

Edicolor, Bain-de-Bretagne

Papier Arcoprint ExtraWhite

Typographies Alegreya Sans & Mina Light

Les Éditions 303 bénéficient du soutien de la Région Pays de la Loire.

Dépôt légal : juin 2023

ISBN : 979-10-93572-93-2

© Département de Maine-et-Loire et les Éditions 303, 2023. Tous droits réservés.

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