Zut Strasbourg n°46

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24 rue du Faubourg de Pierre 50 rue du Bassin d’Austerlitz Strasbourg


édito. Le sens des choses Par Sylvia Dubost

Le monde d’après semble mort dans l’œuf, fini avant même d’avoir commencé. Pour autant, et pour nous, il n’est pas question de renoncer à l’imaginer ni même à le construire. Ses contours sont encore un peu flous, mais pour beaucoup d’entre nous les intentions sont claires. La vie d’après sera celle d’avant moins le trop, le surplus. Enlever le trop, ce n’est pas vivre avec moins, bien au contraire. C’est même ajouter à la vie, car cela nous donne du temps, avec les autres et pour nous : temps de réfléchir, de regarder, d’écouter, de comprendre, de faire, de peaufiner, d’affiner. Bref, d’aller au fond des choses. « La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent », disait Albert Camus. Il nous appartient de donner corps à ces intentions, avec enthousiasme et détermination, avec l’aide de tous ceux qui sont au diapason du monde, à Strasbourg comme ailleurs. Tout donner au présent pour commencer à construire demain, c’est être généreux et attentif, et c’est une lutte de tous les instants, qui pourtant nous enchante.

Zut magazine

2021—22 Prochaines parutions

Lorraine n° 26 juillet

Hors-série RCSA Une saison dans le vide août

zut-magazine.com

Strasbourg n°47 octobre


« Chez nous, un seul

ERIC BRAUN Entrepreneur

Implantée au cœur du Grand-Est, nous protégeons les professionnels et les collectivités contre les risques physiques de malveillance, d’intrusion, de vol, d’agression et d’incendie à travers 4 grands métiers : la Vidéo-Surveillance, la Détection Intrusion - Agression, le Contrôle d’Accès Biométrique et la Détection Incendie. Ils sont nombreux à nous faire confiance depuis toutes ces années : La Région Alsace, L’Opéra National du Rhin, la MGEN, AXA, Alsace 20, L’Auberge de l’Ill, le Golf de la Wantzenau, Café Brant.

mot d’ordre : sécuriser autrement » S’ils sont aussi nombreux à nous confier leur sécurité c’est parce que nos clients ne sont pas QUE des numéros. Notre entreprise, experte en solutions de sécurité électronique entretient une relation de forte proximité avec chaque client. Ce lien tissé au fil du temps est le gage de notre efficacité et de notre réactivité. Bien plus que des ressources de technologies innovantes : une écoute, un savoir, des hommes, une expérience… C’est ça HDG Sécurité.


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COMMUNIQUÉ

VOSGES DU SUD

Oubliez les bouchons et les transats à gogo, c’est sous le soleil des Vosges du Sud que vous avez rendez-vous cet été.

Belle et rebelle, industrielle et artistique, sereine et survoltée, elle nous fait de l’œil. Pour la conquérir, il faut grimper en direction de la Citadelle et saluer le Lion. Avec ses mensurations exceptionnelles - 22 m de long et 11 m de haut, - la sculpture signée Bartholdi impressionne autant qu’elle fascine. Le félin et son inséparable Citadelle ont d’ailleurs été élus « Monument préféré des Français 2020 ». Réputée imprenable, elle dévoile aujourd’hui un grand souterrain qui pouvait abriter jusqu’à 1000 hommes lors des grandes batailles. Tourné vers l’ouest, le Lion de Bartholdi regarde dans la direction de sa cousine d’outre-Atlantique, cadeau de la France pour le centenaire de l’Indépendance : la statue de la Liberté. Vous pourrez même revivre les grandes heures de la Citadelle en réalité augmentée sur votre smartphone. Mais rassurezvous, Belfort sait aussi rugir au son des musiques anciennes et actuelles. De juin à août, vivez « un été sous les murailles » à la Citadelle de Belfort… un programme composé d’une série d’événements musicaux, de théâtre, de danse, mais aussi de visites guidées ou théâtralisées, et d’activités sportives en plein air.

Jour 2 - Ronchamp, complètement perché

« J’ai voulu créer un lieu de silence, de prière, de paix, de joie intérieure ». Aujourd’hui encore, les mots de Le Corbusier, célèbre architecte franco-suisse, résonnent au sommet de la colline de Ronchamp. Sous un épais panache forestier, on découvre «  sa  » Chapelle, l’une des rares réalisations cultuelles de ce génie des temps modernes. De son dédale de béton aux généreuses courbes blanches se dégage une étonnante harmonie : le bâtiment, tel qu’il l’a imaginé n’est pas dans le paysage, il est le paysage. À l’intérieur, les vitraux dessinent un hypnotique jeu de cache-cache avec la lumière naturelle. Édice religieux emblématique du Mouvement Moderne, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, la colline Notre-Dame du Haut à Ronchamp est sans conteste un des trésors des Vosges du Sud.

Texte : Emilie Chapuillot - Crédits photos : Alain Doire / BFC Tourisme - G. Engel / AONDH / ADAGP - Ikona / OT Luxeuil-les-Bains - Laurent Cheviet / BFC Tourisme - C. Vasselet / BFC Tourisme.

72 h DANS LES

Jour 1 - Belfort fait fort !


Jour 3 - L’&cclesia, la pépite archéologique

# CARNET D’ADRESSES

À taaaaaable !

À Luxeuil-les-Bains, des archéologues ont fouillé pendant plus de 10 ans les vestiges de l’une des abbayes les plus importantes d’Europe au MoyenÂge. Sous leurs pieds, en plein cœur de la ville thermale, un site funéraire unique au monde a ressurgi du passé : les vestiges de l’église Saint-Martin et d’une ancienne villa romaine du IIe siècle, des édices cultuels de la période mérovingienne à la n du Moyen-Âge, une crypte mais aussi et surtout, une nécropole de 150 sarcophages (la plus grande concentration en Europe). Pour faire toute la lumière sur cette pépite archéologique et retracer 2000 ans d’histoire insoupçonnée, un centre d’interprétation et d’animation baptisé « &cclesia » vient d’ouvrir ses portes. Bâtiment ultra contemporain et muséographie léchée vous mettront dans d’excellentes conditions pour continuer votre escapade dans les rues de Luxeuil. Il vous sufra de suivre « le sentier du patrimoine » pour admirer les 17 pépites de la ville comme la Tour des Echevins, la basilique Saint-Pierre, les thermes…

LES VOSGES DU SUD INCOGNITO À Belfort, entre galerie et musée, la donation Jardot porte un regard singulier sur l’art moderne. Collectionnées pendant près de 40 ans par Maurice Jardot, marchand d’art passionné, les toiles et sculptures présentées nous font voyager entre cubisme et surréalisme, de Georges Braque à Pablo Picasso en passant par Fernand Léger. ◆ musees.belfort.fr

Pousser la porte de la plus ancienne verrerie d’art de France, ça vous branche ? Alors direction Passavant-la-Rochère pour découvrir le savoir-faire millénaire des maîtres verriers. Cueillir, maillocher, soufer et façonner le verre n’aura bientôt plus de secret pour vous. ◆ www.larochere.com

- LA PETITE CHARRUE // Vauthiermont On adore cette ambiance d’auberge au charme suranné, le fournil au feu de bois toujours aussi réconfortant, la planche de lard paysan qui fait du bien, la tête de veau et les fondues (même en été !). Tél. 03 84 23 89 14 - http://la-petite-charrue.fr - LE RHIEN // Ronchamp Avec sa cuisine généreuse à l’accent comtois bien prononcé, le Rhien nous prouve que le terroir n’a pas dit son dernier mot. Au programme : l’incontournable truite au vin du Jura, la croustade de morilles sauvages, la friture de carpe sans oublier la petite Forêt-noire pour finir en beauté. Tél. 03 84 20 62 32 - www.ronchamp.com/restaurant-le-rhienronchamp-haute-saone

Les rendez-vous incontournables Le Festival Musique et Mémoire met à l’honneur la scène baroque du 16 juillet au 1er août dans plusieurs lieux cultes des Vosges du Sud comme à la basilique Saint-Pierre de Luxeuil-les-Bains ou encore la cathédrale Saint-Christophe à Belfort. ◆ musetmemoire.com

Protez d’une diversité musicale avec la 34ème édition du Festival International de Musique Universitaire (FIMU) qui se déroulera exceptionnellement cette année du 9 au 12 septembre 2021, c’est gratuit et c’est à Belfort ! ◆ www.fimu.com

Voyage dans le temps. Un son et lumière historique en 14 tableaux à Brebotte au sud de Belfort le 22, 23 et le 24 juillet. ◆ www.museebrebotte.fr

OÙ POSER SES VALISES ? Hôtel les Capucins // Belfort Une adresse en plein cœur de Belfort, idéale pour découvrir la cité à pied. Petite anecdote : l’hôtel est installé dans les locaux de l’ancienne brasserie Wagner qui confectionnait la célèbre bière du Lion. ◆ www.capucins-hotel.fr Hôtel le Beau Site // Luxeuil-les-Bains C’est le point de chute idéal pour proter du SPA de l’établissement ainsi que des thermes de la ville. Pensez à réserver votre moment bien-être (massage, soin du visage, jaccuzzi…) avant d’aller tenter votre chance au Casino de Luxeuil-lesBains. ◆ www.beau-site-luxeuil.com

◆ Plus d’infos sur : www.massif-des-vosges.fr/le-massif-des-vosges/les-vosges-du-sud/


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Zut team Directeur de la publication & de la rédaction Bruno Chibane Administration et gestion Gwenaëlle Lecointe assistée de Solène Lauth Rédaction en chef Sylvia Dubost Rédaction en chef Cahier La Table Cécile Becker Directeur artistique Hugues François / Brokism Directrice artistique et rédaction en chef Cahier Le Style Myriam Commot-Delon Graphisme Séverine Voegeli Chargée de projets & développement Léonor Anstett Commercialisation & développement Léonor Anstett 06 87 33 24 20 Sophie Beau 06 66 68 68 96 Bruno Chibane 06 08 07 99 45 Olivia Chansana 06 23 75 04 06 Philippe Schweyer 06 22 44 68 67

Contributeurs Rédacteurs Cécile Becker, Myriam Commot-Delon, Sylvia Dubost, Emma Guckert-Donati, Zina Kemouche, Martin Lelièvre, Caroline Lévy, JiBé Mathieu, Corinne Maix, Emma Schneider, Philippe Schweyer, Fabrice Voné Styliste Myriam Commot-Delon

Ce magazine trimestriel est édité par chicmedias 37, rue du Fossé des Treize 67000 Strasbourg +33 (0)3 67 08 20 87 www.chicmedias.com Sàrl au capital de 47 057 euros Tirage : 9000 exemplaires Dépôt légal : juillet 2021 SIRET : 509 169 280 00047 ISSN : 1969-0789

Photographes Jésus s. Baptista Pascal Bastien Klara Beck Alexis Delon / Preview Hugues François / Brokism Julie Iltis Dorian Rollin Christophe Urbain Mathias Zwick

Impression Ott imprimeurs Parc d’activités « L es Pins » 67319 Wasselonne Cedex Diffusion Novéa 4, rue de Haguenau 67000 Strasbourg Abonnements abonnement@chicmedias.com

Illustratreur Joachim Galerne Relectures Léonor Anstett Fabrice Voné Retouche numérique Emmanuel Van Hecke / preview.fr Mannequin Laura / www.upmodels.fr Coiffure Alexandre Lesmes avila-coiffure.com Make-up

Anne Walter 06 65 30 27 34

Sophie Renier

contact@chicmedias.com ou prenom.nom@chicmedias.com

Agnès Benoit Julie Hagenbach Emma Guckert-Donati Zina Kemouche

Stagiaires

Crédits couverture Robe Momoni et bijoux Perrine Taverniti chez Marbre. Sandales Balenciaga chez Ultima. Photo Alexis Delon / Preview Réalisation | Myriam Commot-Delon Mannequin Laura / Upmodels Maquillage Sophie Renier Coiffure Alexandre Lesmes Post-prod Emmanuel Van Hecke / Preview Studio Photo / Preview 28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen www.preview.fr


Photo : Flavien Carlod, Baptiste Le Quiniou, non contractuelle.

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14 C hronique Besoin de vacances, par Philippe Schweyer 16 C arte blanche Le sens des choses, par l’illustrateur Joachim Galerne 18 T ’es de Stras toi ? Petit Prince 20 P anier culture 22 L ’Actu Ces lieux qui mêlent glouglou, culture et projet citoyen. 24 Strasbourg vu par — Karen Chataigner — Marie-Elisabeth North — Lazare Mimouni — Alida Klung — Christophe Pulon et Adrien Crupel — Noémie Chevaux et Fred Tavernier — Nathalie Berizzi Graux 35 Ê tre au monde. Mais comment ? Quand les Bibliothèques idéales nous aident à nous poser les bonnes questions.

41 La Cité 42 I llustration Adrià Fruitos Le Strasbourgeois d’adoption croque le monde pour la presse internationale. 48 A rts Valentin Pierrot En réorganisant des décombres, il reconstruit un monde. 50 M usiques Lou Foutre un coup de pied dans la fourmilière cisgenre hétéro. 52 A rts Yan Pei-Ming Rétrospective inédite, à la fois monumentale et intimiste. 54 A rchitecture Les bains municipaux Visite de chantier à quelques mois de la réouverture.

58 L e métier Les métiers de l’ombre  #1 Patrice Coué, bottier à l’Opéra du Rhin 60 C ulture Un été en ville Notre sélection d’événements culturels ancrés dans l’époque. 68 L ’actu 74 S ociété La Tribu Avec les skateurs sur le parvis du MAMCS. 78 E scapade Une journée en forêt



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81 Le Style

113 La Table

82 La mode L’important c’est d’aimer.

114 L e produit La mozzarella Un goût d’Italie made in Uhrwiller.

128 L a saison Le bon coin Les spots et trésors de l’été.

116 R eportage Stamtish Le réseau solidaire accompagne des personnes issues de l’immigration via la restauration.

130 L e portrait Le Boccaccio Pas de concessions, que des convictions !

90 D ossier Le Vintage à Strasbourg Tour d’horizon des lieux et des gens qui aiment la mode et la seconde main, pour préserver la planète et sauver son style. — Maison Claude — Froc’n’Roll — La Lunetterie du coin — Antiquités Schon-Grandin — Patchworkers — Des portraits de jeunes amateurs affûtés et les adresses indispensables. 106 L’actu Les nouveautés mode, beauté et design.

120 L es nouveaux lieux — Drunky Store Social Club — Umaï — Surtout — Gusto — Tantunio — Kebs baba — Madame Café 126 L e test Anatomie de la bretzel On a déniché pour vous les meilleures de la ville.

132 L a bonne adresse Zut aime Victor Vous saurez tout sur la pause méridienne de la rédaction. 134 L a fine gueule Le QG de Gilles Egloff 136 L ’actu 138 Z ut a testé pour vous Club croquette, par Faust le chien


Cuisine méditerranéenne Spécialités de la ville de Mersin La vraie gastronomie turque 13 rue de la Brigade Alsace-Lorraine à Strasbourg 03 90 23 05 33 — tantuniostras


Chronique.

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Besoin de vacances par Philippe Schweyer

Il était cinq heures du mat et j’étais en train de charger ma voiture à la fraîche. Encore trois valises de fringues, deux sacs de boîtes de conserve, une caisse de bières pour l’apéro et ça serait bon. Alors que je venais de me bloquer le dos en soulevant un carton de bouquins pour la plage, mon téléphone a sonné : « Phil, on n’attend plus que toi ! - Hein ? - Toute l’équipe est encore au bureau. Il ne manque que ta chronique pour partir à l’impression. - Mince, j’ai oublié. - Dépêche-toi. - Je suis en train de charger ma voiture… - Tu pars sans dire au revoir ? - J’ai besoin de faire un break. - Je te donne une heure pour pondre un truc. - Je ne sais plus dans quel sac j’ai mis mon ordinateur. - Les lecteurs en ont marre de tes problèmes. - Je vais me retrouver dans les bouchons en plein cagnard si je ne pars pas tout de suite... - Arrête de gémir. Ce soir tu seras au bord de la mer. - Je n’ai plus rien à raconter. - C’est un bon début. - Je me suis bloqué le dos. - C’est plus original que le virus, ton mal de dos ! - Oui, mais ça fait mal. - Parle de tes vacances. Fais-nous rêver ! - Je n’ai pas envie de te faire rêver avec ma vie

privée. Ma vie privée ne regarde que moi. - Et ton dos bloqué, c’est pas privé ? - Si, mais ça me fait du bien d’en parler. Ça me soulage. - Tu vas où à la mer ? - J’en sais rien. - J’aurais pu venir avec toi… - Je t’ai dit que je voulais faire un break. - J’ai rien réservé cette année. Avec le confinement… - Mince, je n’ai plus de batterie » Il était temps que je raccroche. Mon ordinateur était quelque part au fond du coffre entre les serviettes de bains et mon stock de T-shirts. Je n’avais aucune envie de le chercher. Une fois sur l’autoroute, j’ai allumé la radio. Un type chantait dans un vocoder sans se douter qu’il y a cent ans les militaires s’en servaient déjà pour coder et convertir en signal analogique des messages vocaux. J’aurais pu m’arrêter pour écrire un édito sur les méfaits de la technologie, mais j’étais en vacances et plus rien ne pouvait m’arrêter. Il était temps que je pense à moi. Tant pis pour les autres.


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Carte blanche

Le sens des choses par Joachim Galerne Originaire de Paris, Joachim Galerne y a décroché un premier diplôme (école Auguste Renoir) avant de rejoindre les bancs de la section Illustration de la HEAR. Son travail mêle le volume (modelage, pâte à modeler) et le dessin – ses créatures semblent ainsi vouloir sortir de la page. Pour résonner avec notre thématique, il a tourné autour « du vide de sens et de l’isolement qui nous ont été imposés ». joachimgalerne.tumblr.com

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Sortir I Vibrer

rIre I Partager

du 2 juillet au

© Région Grand Est - Direction de la Communication - 4020 - Juin 2021 - Crédit photo : aanbetta / adobestock.com

5 SePtembre

Un été SPectacUlaire PrèS de chez VoUS

Programmation comPlète Sur grandeSt.fr


Petit Prince Tu viens de Stras, toi ?

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Par Cécile Becker

C’est qui, lui ? On l’a découvert à l’occasion de son excellent single Le Jour du départ. Depuis, il y a eu l’album Les plus beaux matins : une voix rêveuse et une pop soignée. Il s’appelle Elliot Diener, a grandi à Strasbourg, a fondé le label Pain Surprises avec Jacques notamment (l’autre local de la bande), joue et enregistre avec Arthur Vonfelt, batteur de l’espace qu’on a aperçu aux côtés des formations made in chez nous Freez et T/O. Sa vie à Strasbourg « Toute ma famille vient de Strasbourg et d’Alsace, j’y ai beaucoup de racines. À Strasbourg, c’était très calme, très gentil, très bourgeois, sans problème… J’avais un vélo, j’allais jouer au foot, j’allais au Conservatoire. La vie typique du petit bourgeois de province. J’étais vu comme un original, je ne me sentais pas vraiment compris. » La musique surtout « Tout petit, ma mère m’a fait prendre des cours de piano. Le mari de ma prof faisait du violoncelle et je suis vraiment tombé amoureux de l’instrument. À 14 ans, au collège, j’ai rencontré des gens qui avait un groupe de musique, ils cherchaient un chanteur. La première répétition, on a joué les Red Hot, ça m’a fait une sensation de ouf ! Avec un ami avec qui je joue toujours en live et qui fait de la batterie sur mes disques, Arthur [Vonfelt, ndlr], on a rencontré Jacques et là, on est vraiment tombé dans la musique. On ne faisait plus que ça. »

Ses spots « On faisait beaucoup la fête et beaucoup de musique, les deux étaient liés. Il y a un truc dont on parle souvent : quand Jacques avait foutu le feu à une piscine. On allait beaucoup à La Nouvelle Poste, qui, avant de devenir un bar un peu chiant, était un PMU où la bière n’était pas chère et la terrasse énorme. J’allais un peu au Jimmy’s aussi, il y avait des jams. » Et paf… Pain surprises « Quand j’ai dit à mes parents que j’allais à Paris pour faire des études d’ingénieur du son, être avec mes copains, organiser des soirées et monter un label, ils n’étaient pas du tout chauds. Ils m’ont vraiment fait la guerre parce que, pour eux, il fallait devenir avocat ou médecin. [Rassurez-vous, aujourd’hui ça va beaucoup mieux, il suffit d’écouter son titre Maman 67 pour s’en rendre compte, ndlr] Sans les exemples de Jacques et Arthur, ça ne me serait jamais venu à l’idée. J’ai basculé des grands appartements du centre-ville, une vie facile, à un studio de 11m2, je bossais au Mac Do en plus de mes études et du Conservatoire. Je volais le papier toilette de ma fac… Ensuite, on a fondé Pain Surprises avec Jacques et Étienne. Et voilà. » painsurprises.fr


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Brouillon de culture

Set design Myriam Commot-Delon Photo Hugues François

Premier jet Nicolas Decoud

La Grimace Vincent Vanoli

La distance Talweg 06

Après L’École de rame, son premier roman paru en 2019 chez Médiapop Éditions, Nicolas Decoud revient avec Premier jet, trois contes pour adultes... consentants. Des aventures d’un écrivain désabusé à la libido en berne, aux ultimes soubresauts d’une octogénaire nymphomane et de la frénétique quête d’un militaire de retour au bercail et passablement agacé que son épouse soit entre les mains de terroristes fanatiques, l’auteur en met finalement partout. (F.V.) mediapop-editions.fr

Fils d’ouvriers italiens, Vincent Vanoli revient sur ses souvenirs d’enfance dans le Longwy des années 70. Entre la complexité du passage à l’adolescence et la souffrance de la désindustrialisation, La Grimace tord tous les visages et dépeint la désillusion face au changement. Son trait de crayon déformé illustre en nuances de noir et blanc le paysage de l’ancien bassin sidérurgique où l’usine est omniprésente. Une mémoire inséparable d’un pan de l’histoire française. (E.G.-D.) L’association vincent-vanoli.fr

Pétrole éditions donne du sens aux choses. La preuve avec le sixième numéro de sa revue Talweg (laboratoire d’expérimentations éditoriales) et une thématique, qui, forcément, nous parle : celle de la distance. Au travers d’interventions artistiques (Gaëlle Cressent, Caroline Corbasson…), de réflexions sur le temps et l’espace (Antoine Lejolivet, Mathilde Gintz, etc.), de propos théoriques et scientifiques (un sociologue de l’environnement, un spécialiste de l’urbanisme…), on évoque la mobilité, la ville, le voyage, les relations humaines, la solitude… Une pratique sérieuse et joyeuse des croisements. (C.B.) petrole-editions.com

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10 ans de photographies La Chambre « 10 ans, au vu de l’âge de la photographie – environ 180 ans – c’est peu », écrit en préambule Christophe Thiebaut, président de La Chambre. L’image de la photographie que donne cette galerie depuis 10 ans n’en est que réjouissante, explorant la variété des médiums et des profils (jeunes artistes et photographes reconnus). Un livre rétrospectif qui donne une impression du monde : entre rites et rituels, solitude et foule, nature et culture, allégresse et tristesse. (C.B.)

la-chambre.org



u. ct L’a

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Tout le monde dehors C’est la folie des nouveaux lieux de convivialité, alliant glouglou, culture et citoyenneté. Panorama de ces terrasses alternatives, saisonnières ou pas, qui semblent témoigner d’une envie de consommer et d’habiter la ville autrement. Vraiment ? Par Emma Guckert-Donati et Zina Kemouche

La Grenze - photo Hélène Gasser


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Ces terrasses sont un peu ce que le tiers-lieu est à l’espace de travail et l’aménagement participatif au projet urbain : des lieux apparemment moins standardisés, plus conviviaux, un peu bricolés, qu’on peut s’approprier aisément et qui semblent plus en phase avec nos modes de vie contemporains. À Strasbourg, on pourrait dater leur éclosion dès la Manufacture des tabacs en 2018, où DJ sets, expositions, bien manger et grandes tablées se côtoyaient. L’air du temps est au mariage entre ambiance fête de la bière et club branché, et nos envies de sorties avaient opéré un tour à 180°. Et ce fut visiblement partagé. Le premier pas d’une tendance qui se répand comme une traînée de poudre (partout, bien évidemment, pas seulement à Strasbourg). Depuis, les terrasses « alternatives » fleurissent, réunissant souvent tables de brasseurs, petite restauration, produits locaux et programmation culturelle. Mais, finalement, en quoi ces lieux qui se veulent différents diffèrent-ils réellement ?

La Grenze Terrasse consciente saisonnière Ouverte pour son troisième été dans un espace en friche derrière la gare, La Grenze veut « compléter l’offre culturelle à Strasbourg » en la mâtinant de questions de société. Pour qui ? Majoritairement fréquentée par des familles et des trentenaires pour l’after work, la programmation très queer des DJ sets du mois de juin témoigne de son attitude LGBTQIA+ friendly. Le truc en + Partager une bière locale et faire sauter les frontières avec la table d’en face. Tout le monde peut participer aux cours de yoga et faire réparer son vélo grâce à des prix libres et conscients. Quand ? Du mercredi au samedi, de 17h à 00h30, le dimanche jusqu’à 20h. DJ sets le jeudi, vendredi et samedi soir. 23, rue Wodli lagrenze.eu

La Maison Mimir Les pionniers Depuis dix ans, l’association a transformé une ancienne maison alsacienne aux murs couverts de graffs en microcosme solidaire. Une ambiance arty-punk solidaire, où bar à kawa, bœuf-bouffe (rendez-vous musical, culinaire et convivial, ouverts à tou.te.s les musicien.nes) et ateliers d’art sont proposés à prix libre. Pour qui ? Ici, on accueille les sans-abris, les associations d’étudiants ou même les familles, et on ne vient pas juste pour boire un verre. Le truc en + Une bagagerie permet aux sans-abris de déposer leurs affaires afin d’effectuer leurs démarches. Quand ? Atelier d’art et bœuf-bouffe les mercredis après-midi. Permanence du bar à kawa de 17h à 21h le mardi. On guette Facebook pour les événements. 18, rue Prechter Facebook : Maisonmimir

La Maison Citoyenne Au vert et en couleur Depuis 2018, sa façade bariolée marque l’entrée de Neudorf. La Maison est un lieu convivial de rencontres et d’initiatives locales avec espaces de travail partagés, café associatif, jardin pédagogique et, en été, une belle terrasse! Pour qui ? L’espace de coworking est accessible aux particuliers et associations, sous réserve d’adhésion à l’association et de projet à valeur citoyenne. Le café et la terrasse sont ouvert à tous.

Le truc en + Enfin une terrasse sympa dans ce coin de Strasbourg ! Quand ? Du mercredi au vendredi de 18h à 22h. 2, rue du Grand Couronné Facebook : lieucitoyen

Le Phare Citadelle Le Biergarten culturel C’est le petit dernier, ouvert en juin. Dans une démarche d’urbanisme transitoire (avant un projet définitif à définir), l’association Prototip et sa ribambelle d’architectes (CBN, 120 GR et Studio Petit Martin) débarquent leurs conteneurs sur la presqu’île Citadelle. Du miam miam, du glouglou et des DJ sets jusqu’en septembre. Pour qui ? Les habitants du Neudorf poussent des cris de joie à l’idée d’une terrasse sympa à proximité. Les jeunes branchés de toute la ville s’y donnent déjà rendez-vous. Les familles apprécient l’espace où la progéniture peut s’ébattre. Le truc en + Le cadre de la presqu’île : on est à Strasbourg sans y être. La cuisine locale et de qualité proposée par Olivier Meyer, chef du Kuirado, et les restaurateurs du Botaniste, à consommer devant un film en plein air ou une conférence sur l’écologie. Quand ? Du mercredi au vendredi de 15h à 00h, le week-end à partir de 12h30. 9, rue de Nantes Facebook et Insta : Pharecitadelle

Le Wagon Souk Le lieu solidaire Depuis mai 2019, le Wagon Souk mêle actions culturelles et sociales en direction des migrants et des sans-abris. Niveau cohérence du projet, c’est le coup de cœur de la rédaction. Le projet fonctionne en autogestion, vous pouvez faire un don sur helloasso.com. Pour qui ? Du migrant à l’étudiant et au travailleur du quartier, tout le monde se retrouve sur la terrasse upcyclée et sur fond de beat afro, pour échanger et goûter les plats de la cantine solidaire de Mama Souk. Le truc en + Une friperie solidaire, un magasin gratuit, un dispensaire de plantes (on adopte à prix libre des plantes abandonnées par les grandes enseignes) et une bibliothèque antiraciste. Quand ? Du mardi au dimanche de 11h à 21h. Parc Gruber 91, route des Romains Facebook et Insta : lewagonsouk


Ils vivent, travaillent, créent et sortent à Strasbourg. Les hommes et les femmes qui font vibrer la ville nous font découvrir leur lieu préféré. Propos recueillis par Léonor Anstett, Sophie Beau, Olivia Chansana, Caroline Lévy Photos Jésus s. Baptista

Strasbourg vu par

Karen Chataigner

Humoriste, comédienne et scénariste

Où ? Passerelle Camille Claudel

« Quand j’ai besoin d’inspiration, je m’installe sur l’un de ces trois gros cailloux rebondis et creusés. D’abord, on a l’impression d’être coupée du monde et ensuite on entend les petits secrets des gens. Je m’en inspire dans mon écriture, mais promis, je ne les répète pas ! »

Actu ? Écriture d’un court métrage et d’un seule en scène Je ne mâche pas mes maux. karen-chataigner.com

Zut à qui ou à quoi ?

« Zut aux injonctions et tout ce qui nous déresponsabilise. » Top brodé Johnny Romance et salopette Carhartt chez Curieuse.

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Marie-Elisabeth North 31 ans Fondatrice de l’agence de 360° North

Où ? Place du Marché à Neudorf

« J’ai eu la chance de découvrir ce quartier dès mon arrivée à Strasbourg il y a quatre ans. J’ai très vite compris qu’il y avait un esprit d’entraide et de solidarité entre les habitants et j’y ai organisé des événements. Depuis, j’y ai installé mon agence de communication, et très bientôt un tiers-lieu ! »

Actu ? Financement participatif pour

le tiers-lieu Les Compotes (coworking, café et boutique) au 9, rue de Sélestat à Neudorf. Ouverture prévue fin juillet. lescompotes.fr | 360degresnorth.com

Zut à qui ou à quoi ?

« Zut à moi-même, en qui je n’ai pas cru au début. Un conseil, oser ! » Top et jupe plissée Karl Lagerfeld chez Ultima prêt-à porter.


LA TABLE, la table, TOUT tout un art UN ART

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DU 17 MAI AU(67) 1 - entrée NOVEMBRE wingen-sur-moDer payante2021 WWW.MUSEE-LALIQUE.COM

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28

Lazare Mimouni 12 ans Collégien

Où ? Les Ponts couverts

« J’apprécie beaucoup ce lieu car je peux y pratiquer mon sport favori : la trottinette freestyle. Il y a une très belle vue avec la petite France en toile de fond et le musée d’art moderne juste à côté que j’adore visiter. »

Actu ? Participation au concours de

lecture à voix haute lancé par la Grande Librairie sur France 5, et classement parmi les cinq finalistes.

Zut à qui ou à quoi ?

« À l’hypocrisie et au mauvais temps, car quand il pleut je ne peux plus faire de trottinette. » Chemise en jean Arc 3D Slim, pantalon chino Bronson et ceinture, le tout chez GSTAR.


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Alida Klung 50 ans

Chargée de développement et communication chez Will Production

Où ? Quai Rouget de Lisle

« Cet endroit me rappelle mon arrivée à Strasbourg car j’habitais juste à côté et je me souviens des longues promenades avec ma fille, petite. Il y a une atmosphère propre à Strasbourg et une véritable énergie créative entre le parlement européen et ARTE. »

Actu ? Lancement de la post-production sonore de Mars express, premier long métrage de Jérémie Périn et Laurent Sarfati, auteurs de la série à succès Last Man. Premier film d’animation français avec un mélange de 2D et de 3D.

Zut à qui ou à quoi ?

« Zut à la petitesse d’esprit ! » Ensemble et étole chez Ipsae


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Adrien Crupel et Christophe Pulon 32 et 40 ans

Co-fondateurs de Birdcall Publishing, éditeur indépendant

Où ? Le quai des Bateliers

« C’est un endroit qui nous inspire. Il y en a tant à Strasbourg mais si nous devions en choisir un, ce serait ici. C’est un lieu idyllique, un carrefour, un passage où il y a du monde, et avec les différentes vues sur la Cathédrale, le Palais Rohan, les différents ponts qui s’alignent, c’est toujours l’occasion d'une belle photo, pour retenir un instant choisi, comme pour nous aujourd’hui ! »

Actu ? Présence au Printemps de

Bourges, premier festival à se tenir cette année, pour accompagner le chanteur Bandiminuit, sélection Grand-Est des iNOUïS du festival. birdcall.fr

Zut à qui ou à quoi ? « Zut au premier degré ! »

Adrien : polo gorge bayadère Paul Smith et blouson nylon Barbour. Christophe : T-shirt smiley Paul Smith et blouson léger technique RRD. Le tout chez Algorithme La Loggia


making places

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Noémie Chevaux et Fred Tavernier 48 et 51 ans

Duo d’artistes amoureux du groupe Outed

Où ? Rue de l’Arc-en-ciel

Noémie : « Parce que les arcs-en-ciel, c’est magique ! Cela m’émeut et met de la couleur dans la grisaille ambiante. » Fred : « C’est notre coin favori. Lorsqu’on était étudiants, habitant à deux pas, on restait sur la place jusque tard dans la nuit à refaire le monde et à manger des döners. »

Actu ? Nouvel album La Matrice du

Chaos, en numérique et en vinyle, nouveau clip Interférences. Résidence en juillet au Diapason à Vendenheim. Outed.info

Zut à qui ou à quoi ?

Noémie : « À la morosité ! » Fred : « À la surconsommation et aux codes-barres. » Noémie : robe babydoll 60’s Fred : pantalon flare et blouson en cuir 70’s Le tout chez Le Grenier.


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Nathalie Berizzi Graux 53 ans Artiste plasticienne

Où ? La Haute école des arts du Rhin (HEAR)

« C’est là que toute mon histoire a commencé, mon aventure textile, alors qu'adolescente je découpais les vêtements de mon père pour coudre les miens. C’est ici que le rêve est devenu réalité et où j’ai rencontré mon amoureux, qui y étudiait également. Cette séance est pour moi une belle occasion de lui faire un clin d’œil. »

Actu ? Lancement du site réalisé par

Chacha. À venir : belle exposition dans un lieu atypique qui reste encore à trouver ! lebaldemadameb.fr

Zut à qui ou à quoi ?

« Zut à mon professeur d’histoiregéographie de ma première année d’arts plastiques qui me prédisait peintre en bâtiment car je dessinais pendant ses cours… Et bien, c'est raté ! » Création textile Nathalie Berizzi Graux


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Par les temps qui courent, force est de constater que nous sommes un peu perdus… Pour nous aider à envisager présent et avenir comme un défi passionnant et pas seulement une épreuve, nous avons tous besoin d’aide. Aussi, lors des Bibliothèques idéales, nous avons écouté écrivains et penseurs, choisis de manière forcément subjective. Nous en avons retenu et tricoté, de façon tout aussi subjective, quelques extraits qui nous semblaient poser les bonnes questions. D’où l’on retiendra, avant tout, l’urgence à se réconcilier avec la complexité.

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Être au monde. Mais comment ? Propos recueillis par Cécile Becker, Sylvia Dubost et Zina Kemouche Photos Mathias Zwirck

Adèle van Reeth, philosophe et chroniqueuse « Le rôle qu’on veut faire jouer aux philosophes face à l’actualité m’a toujours laissée sceptique. On leur tend les micros, en quête de lumière, comme s’ils détenaient la clé à nos problèmes. Je me réjouis qu’ils soient sollicités sur la place publique, mais il y a un malentendu sur le rôle qu’ils devraient jouer. Le philosophe n’est pas celui qui a la compréhension claire et immédiate de l’actualité. La philosophie a besoin de temps long. Or, il y a amalgame entre la réflexion qui demande du temps et l’expression d’une opinion. Il y a un temps de latence et de travail pour comprendre ce que nous sommes en train de vivre. » Florence Aubenas, journaliste « Dans une cour d’assises, les journalistes sont installés sur les bancs de la presse, tout le monde voit la même chose et pourtant chaque récit est différent. Chaque journaliste est à la fois subjectif et objectif, et cela montre que le mode de récit est aussi important que ce qu’on raconte. »

L’État, les luttes Barbara Stiegler, philosophe « Le néolibéralisme, actuellement en pleine forme, c’est l’État qui régit tout – l’éducation, la santé – jusque dans les moindres détails. Ce néolibéralisme, cet État tout à fait autoritaire, part du principe que les individus sont mal équipés intellectuellement pour prendre des décisions, que les collectifs prennent encore plus de décisions biaisées, donc que c’est à l’État de tout câbler par avance. Avec cette crise, on a une scène exemplaire de ce qu’est un état néolibéral autoritaire qui s’occupe de votre santé, de votre éducation, de manière absolument verticale. » Emmanuel Todd, historien « La pandémie a été un accélérateur du processus d’effondrement de la démocratie. Je fais partie des gens qui considèrent que la démocratie n’existait déjà plus avant. Pour moi, un pays qui a perdu sa souveraineté monétaire, sa capacité politique et commerciale, a perdu son indépendance et ne peut plus fonctionner démocratiquement. Une démocratie, ce n’est pas juste la liberté d’expression, ce n’est pas juste voter ou élire des gens, c’est élire des gens qui veulent agir dans l’intérêt de ceux qui les ont élus. » Rokhaya Diallo, journaliste et écrivaine « Ce que je trouve spectaculaire et assez performant de la part des personnes qui se positionnent comme [les] adversaires [des féministes


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et anti-racistes, ndlr], c’est le tour de force qu’ils ont opéré en se faisant passer pour des universalistes, attachés aux valeurs de la République, alors qu’ils ne cessent de combattre les personnes qui tentent de les faire exister. […] L’État français a été condamné le 8 juin dernier par la Cour d’appel de Paris pour avoir infligé des contrôles au faciès à trois lycéens à la gare du Nord à Paris. Ils ont eu le courage de porter plainte, de placer l’État face à ses responsabilités et de le rappeler au principe d’égalité. Je ne comprends pas pourquoi ça ne fait pas la Une de tous les journaux. » Édouard Louis, écrivain « La politique, les décisions de gens comme Macron ou Sarkozy, c’était les conditions ou non de [la] possibilité de liberté [de ma mère], mais aussi de sa générosité. Quand vous êtes écrasés par votre vie, comment être généreux avec les autres ? Qu’est-ce que c’est que de vivre la d ­ ureté comme une condition permanente ? Se battre politiquement, c’est se battre pour la possibilité de la générosité, de la tendresse. À vivre sous tension, les gens seront moins généreux les uns envers les autres. Je l’ai vu, la domination ne nous rendait pas gentil, d’ailleurs la moitié des gens votaient pour le Front National, et c’est pas très gentil [rires]. J’ai observé chez ma mère ce que Franz Fanon appelait une montée en humanité, dont il parle lorsque les peuples opprimés sont libérés. » Rokhaya Diallo, journaliste et écrivaine « Ce qui est important, c’est de ne pas établir de hiérarchie entre les luttes. Je suis convaincue que c’est en partant des voix les plus marginalisées qu’on trouvera des leviers qui bénéficieront à tout le monde. On n’aura pas de libération de toutes les couches de toute la population tant que les victimes des oppressions les plus importantes ne seront pas libérées. Pour moi, la priorité est de considérer qu’on ne peut pas être féministe si on n’est pas anti-raciste, si on n’est pas opposé aux exclusions des personnes LGBTQIA+, si on n’est pas solidaire des personnes qui luttent contre le validisme, si on n’est pas critique vis-à-vis des inégalités de classes socio-économiques, si on n’est pas solidaires avec les mouvements sociaux qui essayent de protéger le modèle social français, sérieusement attaqué ces dernières années. On n’est pas féministe si on ne tient pas compte de toutes les oppressions. »

Soi et les autres Elisabeth Roudinesco, historienne et psychanalyste « Depuis 1989 et la chute du mur, la perte définitive de l’engagement communiste, on passe à une société différente, mondialisée, à une économie de marché dominante, avec un développement de l’individualisme beaucoup plus poussé. L’aspiration au changement collectif du monde s’amenuise, on s’occupe davantage des minorités, de la libération des mœurs, des pratiques sexuelles. Au milieu de tout ça, il y a l’affirmation des minorités issues des anciens empires coloniaux. Donc tout converge vers cette affirmation identitaire. Dans une société occidentale très narcissique, où il n’y a plus de danger extérieur, commence un processus d’émancipation positif. Comme tout ce qui est nouveau, c’est devenu un catéchisme, un catalogue figé, et l’identité prend le pas sur tout. On en arrive à la situation qu’on connaît aujourd’hui : au nom de l’offense, on en vient à interdire un spectacle. Mais cela part d’une bonne intention, c’est pourquoi je parle de dérives. Cela n’a rien à voir avec l’extrême-droite, où l’exclusion de l’autre est le point de départ. » […] Quand on part de la conférence de 1948 de Levi-­Strauss qui dit que la race au sens biologique n’existe pas, et qu’on en arrive au bout de 60 ans à des mouvements de contestation qui mettent l’accent, avec le mot « racisé », sur l’identité raciale, c’est quand même un très grand problème théorique. » Ouissem Belgacem, ancien footballeur professionnel homosexuel « Je n’avais pas de d’endroit pour me reposer, que ce soit à la maison, dans mon quartier, dans mon sport ou dans ma communauté religieuse. Je n’entendais que des discours abominables et on sait tous que l’adolescence est une phase de construction de soi. C’est pour ça que j’ai ­entamé cette croisade pour m’héterosexualiser […]. Dans mes heures les plus sombres, j’ai même commis l’irréparable et l’impardonnable. Il faut savoir qu’en France, il existe encore aujourd’hui ce qu’on appelle des brigades anti-gay et j’en ai rejoint une quand j’avais 18 ans. On est descendu dans un bois près de mon centre de formation où des garçons se réunissaient pour les intimider, les chasser, malheureusement parfois même en utilisant la violence physique.


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Quand vous êtes écrasés par votre vie, comment être généreux avec les autres ? Édouard Louis, écrivain

[…] Être raciste ou homophobe c’est pareil, c’est discriminer quelqu’un pour quelque chose qu’il ou elle n’a pas choisi. Je ne comprends pas que la fédération française de football arrête le match s’il y a des chants racistes, mais si c’est des chants homophobes c’est pas grave. »

Regarder le monde Barbara Stiegler, philosophe « Construire le marché, ça veut dire non seulement transformer le droit en un ensemble de règles du jeu pour créer un espace de compétition, mais c’est aussi, et c’est là que c’est intéressant, nous transformer, nous, les êtres humains qui ne sommes absolument pas faits pour ça, en agents du marché compétitifs. Comment ? En nous faisant comprendre que l’éducation ce n’est plus ce qu’on croyait : l’émancipation, les Lumières… L’éducation, c’est la première grande scène de la compétition : un contrôle continu, une évaluation permanente pour gagner des places. On modifie le sens de l’acte éducatif. » Rokhaya Diallo, journaliste et écrivaine « Nous sommes tous les produits de notre environnement et de notre trajectoire sociale. La neutralité est une fiction qui n’a pas vraiment de sens. La manière dont on regarde le monde, ce qu’on considère important ou pas, tout cela est charpenté par ce que nous avons vécu, par ce que nous connaissons. Regardons les profils socio-économiques des élèves d’école de journalisme : le pourcentage d’enfants d’ouvriers oscille entre 4 et 5 %. Cela explique pourquoi les journalistes n’ont pas vu venir les Gilets Jaunes… Il y a eu une totale incompréhension de ce mouvement parce que les personnes qui font l’info ne sont pas exposées aux réalités des personnes qui ont initié le mouvement. »

Florence Aubenas, journaliste « Ce qui est assez particulier dans notre métier, c’est que nos interlocuteurs sont souvent, pour tout un tas de raisons, les gens qui ont des responsabilités. Les journalistes arpentent le monde avec des bottes de sept lieux, pour aller plus vite. Vous voulez parler des ouvriers ? Vous allez voir les syndicats. Vous voulez faire un sujet sur les personnes précaires ? Vous allez voir une assistante sociale en vous disant : « Elle voit beaucoup de gens en difficulté, elle me fera un panorama. » Un collègue me dit « Comment as-tu fait pour rencontrer les femmes de ménage ? » [à propos du livre Le Quai de Ouistreham, NDLR], je lui dis : « Viens aux heures de fermeture du journal, tu en verras aussi. » Cette technique d’immersion est toujours là pour faire un travail sur le quotidien. On croit qu’on le sait, et en fait on ne le sait pas. » Édouard Louis, écrivain « Le but de la littérature n’est pas l’apaisement, c’est la colère et la lutte. » Florence Aubenas, journaliste « Je suis choquée qu’on utilise le terme d’invisibles, qui désigne généralement les classes populaires, et décrit davantage celui qui l’emploie que celui qu’il est censé désigner. S’ils sont invisibles, c’est que c’est vous qui ne les voyez pas. Ils sont la majorité de la France. »


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L’opinion est une construction, jamais définitive, jamais acquise. Adèle van Reeth, philosophe et chroniqueuse

Propos recueillis lors des Bibliothèques idéales, du 25 au 27 juin Prochain rendez-vous en septembre

Comment vivre ? Adèle van Reeth, philosophe et chroniqueuse « La situation de congélation du temps que nous avons vécu me rappelait exactement l’expérience que décrit Nietzsche dans Le Gai savoir. Nietzsche s’adresse au lecteur et lui dit : cette vie que tu vis, si je te proposais de la vivre une nouvelle fois, et encore et encore, avec toutes tes joies et tes chagrins, dirais-tu oui ? C’est une sorte de test par rapport à la manière dont nous vivons notre propre vie. Aimes-tu suffisamment ta vie pour qu’elle se répète encore et encore ? On peut vivre le confinement de cette manière-là. Cette répétition du quotidien me fait-elle comprendre que la vie que j’ai menée est celle que je voulais ? Ou qu’au contraire, ce n’est pas la vie à laquelle je pouvais dire oui jusqu’au bout ? C’est une question absolument redoutable. »

Et demain ? Édouard Louis, écrivain « La politique c’est j’ai mal aux dents, j’ai mal au dos, je ne peux pas partir en vacances, je ne peux pas avoir ces moments de bonheur. On pourrait fonder une politique sur la possibilité d’offrir plus de bonheur aux gens, ce serait un beau projet. »

Carla Bergman et Nick Montgomery : « L’optimisme et le pessimisme sont dans les deux facettes d’une même pièce. » On ne pourrait pas influer sur le destin et sur le futur. Il faudrait se garder de tout optimisme et de tout pessimisme parce qu’il n’y a aucune fatalité : on a toujours la force de modifier le cours du destin. » Adèle van Reeth, philosophe et chroniqueuse « L’avenir, ce n’est pas le futur, c’est l’horizon qu’on se donne pour essayer de mieux vivre le présent. Bergson montre que nos notions temporelles – passé, présent et futur – sont factices, et que le découpage en années, minutes, secondes, ne correspond pas à la durée, au temps intime, qui permet d’appréhender le monde et l’écoulement du temps d’une manière très différente. Au fond, il y a cette idée que ce que nous appelons l’avenir n’est qu’une étiquette. C’est l’autre nom du présent en train de se faire. Cela me rappelle la citation de Camus qui dit que la meilleure façon de construire son avenir, c’est en étant dans la générosité à l’égard du présent. »

Renouer avec la complexité

Adèle van Reeth, philosophe et chroniqueuse « Nous construisons tous le monde dans lequel nous vivons, et les questions relayées par les jeunes nous concernent tous. Dès lors qu’on se désolidarise, qu’on leur abandonne le combat, c’est une forme de défaite. »

Elisabeth Roudinesco, historienne et psychanalyste « Il y a d’un côté le catéchisme de l­ ’universalisme, de l’autre le catéchisme du différencialisme, or l’être humain est fait de différences et d’universel. […] On n’a plus le droit de dire « je suis de nulle part ». Ça ne veut pas dire qu’on n’ait pas une histoire, toutes sortes d’héritages, mais ce n’est pas possible d’être assigné comme ça ! »

Lauren Bastide, journaliste « Il y a une phrase que j’ai lue récemment dans un livre que je recommande, Joie militante – construire des luttes en prise avec leurs mondes de

Adèle van Reeth, philosophe et chroniqueuse « L’opinion est une construction, jamais définitive, jamais acquise. »


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Mai 2021

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Apprendre à être véritablement présents, à être davantage que de simples pivots évanescents entre un passé (affreux ou édénique) et un avenir (apocalyptique ou salvateur), à être des bestioles mortelles, entrelacées dans des configurations innombrables et inachevées de lieux, de temps, de matières et de questions, de significations. Donna Haraway Vivre avec le trouble, 2020

La Cité.


La nuit, chez lui ou dans son atelier à côté de la gare, Adrià Fruitos croque le monde pour la presse internationale. Avec des images percutantes et le sens du combat. Par Fabrice Voné / Portrait Pascal Bastien La Cité—Illustration

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Un œil sur la planète 43

À quoi tiennent les nuits blanches ? À des enfants en bas âge, une cafetière efficiente et une connexion permanente avec le monde que dessine Adrià Fruitos. L’illustrateur de presse, âgé de 36 ans et établi à Strasbourg depuis une dizaine d’années, maîtrise les décalages (notamment horaires) et un certain sens de l’urgence lorsqu’un magazine new-yorkais lui passe commande de sa Une en dernière minute. « Cela me permet de moins me prendre la tête car je suis obligé de trouver un truc », indique-t-il. Le truc ? Adrià en a fait progressivement son métier, après avoir suivi un premier cursus à La Massana, école d’art de Barcelone qui l’envoie à Strasbourg dans le cadre d’un échange Erasmus. Un premier séjour de six mois à l’école des Arts décoratifs (aujourd’hui HEAR) en compagnie des élèves de cinquième année en train de passer leurs diplômes. « En fait, ils bossaient à la maison et moi, je me retrouvais seul à me balader dans l’école, un peu perdu. » Ses déambulations l’amènent aux ateliers de lithographie et au contact de divers profs présents dans les locaux. Il parfait son français, se fait des copains avant de partir quelques mois à Bruxelles puis de retrouver la capitale catalane. Comme tous ses camarades de promotion, il se lance dans l’illustration jeunesse. Malgré les contrats, la lassitude le gagne. « Il y a beaucoup de concurrence et de contraintes, c’est un milieu très compétitif. Assez rapidement, tu te rends compte que les éditeurs sont assez directifs et exigeants. J’étais limité en termes de liberté et de création. » Il reprend un billet pour Strasbourg, bifurque vers la réalisation d’affiches de concerts et de théâtre avant

de mettre un orteil dans la presse. En 2010, Le Monde lui commande sa première illustration pour son supplément littéraire. D’autres clients nouent contact avec le dessinateur sans frontières qui, de son côté, démarche les réseaux anglais et américains. « Si j’étais resté à Barcelone, je n’aurais jamais eu l’idée de bosser pour l’étranger », reconnaît-il. Le New York Times, le Washington Post, The Boston Globe, Libération, Jeune Afrique ou encore Die Zeit le sollicitent. En juin 2017, sa couverture pour l’hebdomadaire allemand montrant un Donald Trump rougeaud qui ingurgite la Terre dans un cornet glacé, pour illustrer le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, ne passe pas inaperçue. L’ancien président américain l’inspire. « J’en ai fait un paquet. C’est toujours plus facile de trouver des idées autour des fous », sourit-il. À titre de comparaison, Joe Biden n’a été croqué qu’à une seule reprise par Adrià, représenté outre-Atlantique par Marlena Agency qui gère aussi les intérêts de l’illustrateur alsacien Serge Bloch. « Visible dans l’invisible » « Adrià fait partie de la relève des illustrateurs de presse et en est l’un des plus talentueux. Ses illustrations sont belles et chargées de symbolisme, d’une lecture rapide et d’une efficacité redoutable. Des symboles forts, beaucoup d’humour et une palette de couleurs très contrastée sont la signature de cet artiste à l’esthétique graphique immédiatement identifiable », souligne Anka Wessang, directrice du Club de la presse Strasbourg Europe qui l’a récompensé en 2020. Plus récemment,


La Cité—Illustration ses dessins ont été exposés à la médiathèque Olympe de Gouges dans le cadre des Rencontres de l’illustration. « Il a un talent d’affichiste », loue Blaise Jacob, directeur artistique de La Croix Hebdo dont chaque couverture est illustrée. « Il a une manière de gérer des signes graphiques et des sujets qui sont très forts. Cela correspond bien à ce que l’on recherche. Pour un hebdo, ce n’est pas simple de trouver ce qui peut accrocher le regard avec les règles impitoyables des kiosquiers qui nous laissent peu de visibilité. Donc il faut qu’on soit visible dans l’invisible », poursuit le DA, loin d’être insensible à l’engagement du Catalan. « C’est bien de donner des images de cet acabit aux lecteurs d’un hebdomadaire, relève-t-il. Il procède à des associations parfois un peu surréalistes en créant des doubles sens. Il a des astuces qu’on aime beaucoup et un fond d’élégance et de puissance graphique qui sont impressionnants ». Si l’étiquette de « dessinateur engagé » lui colle à la peau, Adrià Fruitos ne la renie pas. « Quand tu vois mon book, on devine de quoi j’aime bien parler, précise-t-il. Je ne suis pas militant ou engagé dans des partis politiques mais j’ai quand même des idéaux clairs dans ma tête. » Il reste vigilant quant aux publications avec lesquelles il travaille. Refuse certains sujets à l’image de cette commande d’un quotidien français pour un dossier vantant l’évasion fiscale aux grosses fortunes. « Dans la presse, tu es obligé de te positionner vis-à-vis des sujets. Ce ne sont pas que des images mignonnes et sympas ». Certaines d’entre elles lui ont valu quelques commentaires haineux sur son compte Instagram, par des partisans de Trump par exemple. « Au début, je ne savais pas trop quoi faire. C’est tellement aberrant que je laisse ces réactions, et pas uniquement celles des gens qui me font des pouces ». Adrià Fruitos s’accommode également des modes et des codes en vigueur dans le milieu. « Un jour, un mec a décidé que le Covid était rouge avec des piques. Depuis, tout le monde le dessine

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comme ça. Il m’est arrivé de le dessiner en vert et on m’a répondu « non, il est rouge ». Donc je l’ai fait rouge. » Il avoue ne pas avoir la télé, s’informe en écoutant la radio et en lisant des journaux. Sa propension à illustrer des sujets aussi variés que la privatisation du service public d ­ ’électricité portoricain, le lobbying exercé par Huawei en France autour de la 5G ou encore Cyril Ramaphosa, le président sud-africain en proie à une guerre des clans au sein de l’ANC, est juste bluffante. « Il y a toujours des échanges avec les directeurs artistiques, explique-t-il. Du coup, il y a toujours un moment où ça se débloque. Dans l’idéal, je reçois l’article du journaliste et c’est cool. Des fois, je reçois juste un titre, et là, c’est merci Google. » S’ajoutent des collaborations avec des maisons d’édition et les échanges avec les illustratrices qui partagent son atelier à proximité de la gare, comme Amélie Dufour, Claire Frossard ou Nadia Diz Grana, qui dessine également pour la presse. À se demander quand Adrià trouve le temps de fermer les yeux. adruiafruitos.com Insta : adria_fruitos

Dessins publiés dans L’Obs en novembre 2020 (en haut) « L’urgence sanitaire justifiet-elle le deuxième confinement et ses conséquences économiques et sécuritaires ? J’aime bien cette première image que je trouve intelligente. On se rend compte que ce n’est pas possible de masquer l’un des symboles de la République Française. C’est une critique subtile sur la mauvaise gestion de la pandémie par le pouvoir. La statue de la place de la République revisitée en CRS découle d’une association d’idées. Je n’ai presque rien modifié à la statue qui tient un rameau d’olivier, dans sa main droite. Je l’ai juste remplacé par une matraque et imaginé un casque. Qu’un journal comme L’Obs accepte ces deux images, c’est chouette ! »

Travail personnel, illustration acquise par le Musée Tomi Ungerer (en bas) « L’image où Trump mange la glace a vraiment été beaucoup diffusée au point que je ne peux plus la voir. J’ai réalisé cette image avec un jeu autour de la casquette qu’il portait souvent avec le slogan Make America Great Again transformée en capirote du Ku Klux Klan. J’ai fait imprimer ce dessin qui a été acheté par le musée Tomi Ungerer avec quatre autres images. »


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La Cité—Illustration

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« Je ne suis pas militant mais j’ai quand même des idéaux clairs dans ma tête »

Dessin refusé sur le sommet Choose France, qui a rassemblé fin juin de potentiels investisseurs

Couvertures des livres de George Orwell, publiés en mars 2021. Editorial Booket (Espagne)

« J’ai réalisé cette illustration entre samedi soir et dimanche matin [26 et 27 juin, NDLR] pour un papier de dernière minute à paraître le lundi. L’idée avait été validée par la directrice artistique et le rédacteur lui-même. Au dernier moment, l’image déjà finalisée est finalement refusée par le rédacteur en chef, disant que ce n’était pas possible de publier une image pareille… »

« Je fais beaucoup de couvertures pour des maisons d’édition espagnoles et françaises où je travaille déjà moins dans l’urgence. Ici, il s’agit de deux livres de George Orwell : 1984 et La Ferme des animaux. Pas simple, car cela a déjà été tellement fait et refait. Du coup, il faut trouver un truc. Je suis tombé sur l’idée de la grange avec une narine de cochon pour le premier. Pour 1984, il y avait plus d’aller-retour avec la directrice artistique. Il faut juste savoir se démarquer. »


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Collage Nadia Diz Grana

La Vitrine chicmedias 14, rue Sainte-Hélène — Strasbourg shop.chicmedias.com


La Cité—Arts

Durant huit mois, l’artiste Valentin Pierrot a consciencieusement nettoyé, trié, classé et mis en scène les décombres de la menuiserie des Jardins de la Montagne Verte à Koenigshoffen, emportée par les flammes en novembre 2019. En creux, il s’agit pour le Strasbourgeois d’interroger la déconstruction et la reconstruction du monde. Par Cécile Becker / Photo Christophe Urbain

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Reconstruire le monde Un nouvel atelier à l’équilibre précaire et à ciel ouvert trône à la place de la menuiserie des Jardins de la Montagne Verte, structure d’insertion spécialisée dans la production de fruits, légumes et plantes bio. Plus d’un an après l’incendie qui l’a ravagée, on sent ici l’air du renouvellement. Le végétal reprend peu à peu ses droits. Retrouver la beauté au milieu des décombres, revenir à l’origine des choses, revitaliser et engendrer un nouveau cycle : le travail de Valentin Pierrot se situe à cette croisée, avec en plus cette fascination du feu qui le poursuit depuis les Beaux-Arts de Metz, dont il a été diplômé en 2019. Une fascination et, plus précisément, une pratique : « l a sculpture du bois par le feu », qui l’entraîne à la poursuite des incendies pour récupérer les charpentes usées. C’est ainsi qu’il est arrivé à la porte des Jardins de la Montagne Verte. L’équipe, dans l’attente des expertises et du déblaiement, et contrainte par la crise sanitaire, l’invite à s’installer et lui donne carte blanche. Un long travail commence. « Lorsqu’on arrive sur ce genre de lieu, chargé en histoire, un certain respect s’impose, raconte Valentin Pierrot. Il fallait avancer vers ce moment où les débris allaient disparaître, tout en prenant en compte la portée traumatique d’un tel événement. Il ne s’agissait pas de faire n’importe quoi. J’ai cherché à revaloriser les décombres : nettoyer, trier, classer. Être dans une dynamique de recyclage quand on parle de débris, c’est aller au bout d’une démarche. » Son premier regard se porte naturellement vers les charpentes de bois brûlées : « Le bois qui a besoin de temps pour croître se retrouve en un instant brûlé par la vivacité du feu. » En les rabotant, il retrouve le végétal : sous les cicatrices, les cernes du bois réapparaissent.

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Faire émerger la vie Le début de son travail ressemble à une fouille archéologique : des débris, il a sorti des outils brûlés qu’il a remis en place au-dessus d’un établi, des chaussures de sécurité ont été entreposées dans une armoire ravagée par les flammes. Ici il a improvisé un grand balancier, là une échelle, sur les murs édentés, il a tendu une grande bâche peinturlurée par les objets rouillés posés sur le tissu. Un tri et une mise en scène éphémère avant le grand débarras. Sans le conscientiser vraiment, il a facilité le travail des entreprises qui viendront après son départ, récupérer les débris. Par sa mise en scène, les lieux reprennent vie, et cet atelier à ciel ouvert semble revenu d’outre-tombe. Des poutres sculptées par le feu et ses mains, il en a dressé certaines au milieu du chantier pour insister sur cette nouvelle vitalité. Et il a toujours opéré seul. « Il y a un côté performatif dans ce travail, à sentir son corps dans l’effort et les limites qu’on ne peut pas dépasser, ça pose des contraintes avec lesquelles je joue. L’épuisement face à la matière est inévitable. Ça a peu à voir avec une démonstration de force : c’est la relation entre le corps et la matière qui m’intéresse. » En parallèle, Valentin Pierrot a quitté son atelier, et la pandémie a été l’occasion d’approfondir sa pratique : « Ce chantier est tombé au moment où tout s’arrêtait. Moi qui travaille avec le temps ai pu, là, prendre le temps de pousser ma démarche et d’éprouver mes gestes. » Toutes ses réflexions ont convergé sur les ruines de la menuiserie, qui racontent aussi quelque chose de l’acte de création, aujourd’hui. « Être artiste aujourd’hui, c’est essayer de survivre en étant le plus malin possible, avec une logistique légère et la capacité de s’adapter. C’est faire preuve de souplesse. On se rend bien compte que tout est éphémère, et j’aime cette idée de reconstruction. Ce moment qu’on traverse nous pousse à l’honnêteté. Si tout explose, d’autres choses peuvent naître, il faut travailler à son échelle à sauvegarder les trésors qui restent et à transformer, essayer de ­t ranscender son environnement proche. Percuter et amener d’autres réflexions. » En somme, redonner à l’art son pouvoir de transformation. valentinpierrot.com


La Cité—Musiques

Lou, rappeur strasbourgeois, est pudique mais franc-tireur. Se raconter, mais pas trop, pour parler universel. Foutre un coup de pied dans la fourmilière cisgenre hétéro et dans les c… de la masculinité toxique. Mais ne pas verser dans le rap conscient. Et danser. Par Cécile Becker / Photo Julie Iltis

Sortie du premier clip Jean-Cis Dude et de Freestilz (disponible sur toutes les plateformes d’écoute) mi-juillet Premier EP attendu en mars 2022 Playlist pour Zut disponible sur notre site tippingpointproduction.com

Meinau. Plein soleil. La terrasse de Lou et de ses colocataires sent l’été : des litres d’eau et une playlist quadripolaire hésitant entre la pop, le hip-hop, le R’n’B et l’électronique. Lou se raconte à tâtons. Il ressemble à ses freestyles : quelques mots de ce qu’il vit, mais beaucoup plus de place à l’expérience commune. Quand on parle de soi, l’autre s’y retrouve toujours un peu. L’intime est politique. « Mon existence est politique. Le fait d’être queer, c’est politique. Après, je n’aime pas l’étiquette « rap conscient », ça ne me ressemble pas. Parler de ma vérité inclut des choses profondes et légères. J’aime faire la fête et ma priorité c’est de faire du bon son. » Lou, à l’image d’une nouvelle génération d’artistes

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qui n’hésite plus à se livrer tout cru, rappe la sensation amère, le monde qui ne regarde plus rien sinon le bout de son nez. Quelque chose d’une fête qui se termine avec tout ce que ça suppose de regrets : une gueule de bois générale (son titre C’est la fin du monde). Il raconte autant les désirs d’ivresse que les difficultés à se (re)construire quand l’individualisme et les extrêmes dégueulent à tous les coins de rue. Que ce soit des histoires de Mercure qui rétrograde (il se dit carrément « astro-­f riendly »), d’envies de danse et de boom boom, de mecs pleurant sur l’autel de leurs privilèges, en creux, ce qu’il dit, bordel, c’est qu’on a toutes et tous besoin d’amour. Le tout avec malice. Mais quand il en parle, d’amour en l’occurrence, il passe en anglais : « Tout ce qui me concerne personnellement reste compliqué. L’anglais, c’était créer un filtre pour que ce soit moins difficile de gérer la pudeur. » Quand même. Depuis son précédent projet, le groupe La Bergerie, Lou y va plus franchement : « En solo, mes textes sont moins cryptés, je me sens plus libre. Et puis, depuis, j’ai fait mon coming out, c’est aussi lié au fait d’être mieux dans mes baskets. » En toile de fond, on entend la remise en question de la norme et précisément du poids et du « regard hétéro cis patriarcal qui représente cette norme » parce que « si on veut en sortir, il faut en parler ». Et puis s’il peut « encourager les bébés queer et les personnes sexisées et minorisées », tant mieux. Mais son truc, c’est le son, le groove en fait, qui l’entoure partout où il passe, du matin au soir : écouter de la musique, faire des playlists, écrire, produire, attendre de la scène une espèce de spectacle total (il a fait du théâtre de ses 4 à 18 ans) et du public, une énergie qu’il transforme. Lou, c’est brut, c’est vrai, y’a tout qui dépasse. Indispensable et fuck­ing rafraîchissant.

Entre chiens et Lou


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Le musée Unterlinden propose une rétrospective inédite de l’œuvre de Yan Pei-Ming, à la fois monumentale et intimiste. Intitulée Au nom du père, elle revient sur 40 ans de carrière du peintre chinois, croisant les thématiques du sacré et de la filiation, et s’achevant avec la toike Pandémie, une toile créée spécialement pour le musée colmarien et qui fait écho au Retable d’Issenheim. La Cité—Arts

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Dans l’intimité Par Fabrice Voné / Photo Dorian Rollin

Yan Pei-Ming devant les portraits de ses parents


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Pandémie, œuvre commandée par le Musée Unterlinden

Yan Pei-Ming a bâti une partie de sa notoriété en réalisant de gigantesques portraits de personnalités : Michael Jackson, Barack Obama, Dominique de Villepin, Bruce Lee, la famille princière de Monaco et même l’escroc de la finance, Bernard Madoff. Mais c’est une facette beaucoup plus intime de l’artiste chinois que le Musée Unter­ linden propose au travers de sa rétrospective. Soit une soixantaine de pièces, dont une douzaine de dessins et d’aquarelles de jeunesse, du temps où Ming était encore étudiant à Shanghai. C’était juste avant qu’il ne s’installe en France, d’abord chez un oncle à Paris, puis à Dijon, où il possède toujours son atelier. Ses esquisses adolescentes ont ensuite trouvé leur prolongement dans des œuvres monumentales. « Pour moi, cette exposition permet de répondre à cette interrogation : qui est Yan Pei-Ming ? Quelle est son identité ?, souligne Frédérique Goerig-­Hergott, conservatrice en chef du Musée Unterlinden et commissaire de l’exposition. Jusqu'à présent, les différentes expositions qui ont été montrées s'intéressaient à des parties très précises ou des moments très ponctuels de son parcours. J'étais curieuse de montrer la spécificité de Ming à travers ses origines et son histoire personnelle. » L’un des premiers modèles de l’apprenti-­ peintre, tout juste diplômé de l’École nationale des Beaux-Arts de Dijon après avoir quitté son pays natal, fut Mao ­Zedong, assorti de calligraphies et d’un soupçon de propagande. En réalité, la sienne, comme il aime à le souligner.

Autres figures tutélaires présentées en très grand à Colmar : ses parents. Après Mao, le père de la ­p atrie, c’est au père biologique que Ming consacre, avec frénésie, une quarantaine de toiles. La série s’intitule L'homme le plus… père de l'artiste, où son regard d’enfant va tenter de percer le mystère et la complexité du patriarche à différentes étapes de sa vie. Du plus perspicace au plus doux, en passant par le plus faible et le plus respectable, Yan Pei-Ming interroge sa relation à son aîné, avec une extrême pudeur et une certaine sensibilité. La mère de l’artiste trouve aussi sa place dans la nouvelle aile du musée colmarien, anciennement dévolue aux bains municipaux. Elle est souvent incarnée par le Bouddha, qu’elle vénérait bien que le Parti communiste eût interdit cette religion. Cette enfilade de monochromes dévoilent finalement un portrait de cette dame, daté de 2018, comme un hommage vibrant après sa disparition. Arrivent ensuite les autoportraits dont Nom d’un chien ! Un jour parfait (2012), imposant triptyque et première représentation en pied de l’artiste, mais surtout point de départ de la connexion avec F ­ rédérique Goerig-Hergott. C’était en 2012, dans la chapelle de l’oratoire du Musée des Beaux-Arts où l’œuvre fut exposée pour la première fois. Neuf ans plus tard, Yan Pei-Ming se dévoile sans concession à Unterlinden. Avec une profondeur juste monumentale.

La pandémie en point de mire La rétrospective consacrée par Unterlinden à Yan Pei-Ming n’élude pas totalement l’actualité dont se nourrit habituellement le peintre. Ainsi, le musée lui a commandé Pandémie, toile réalisée à l’automne dernier et qui renvoie à notre modeste présent ainsi qu’au Rétable d’Issenheim. « Il s’est représenté sous forme d’autoportrait en combinaison blanche avec un masque, devant un immense cimetière extérieur à une ville contemporaine que l’on devine par ses HLM, avec une illustration du Vatican sur la gauche, décrit Frédérique Goerig-­Hergott. La scène se passe la nuit et, derrière lui, d’autres hommes s’affairent à nterrer des cadavres. » Cet instantané sombre, de quatre mètres sur plus de cinq, n’a cessé d’évoluer pour finalement devenir « un arrêt sur image sur une époque », d’après l’artiste. Il ne cache pas avoir été marqué par cette période. « Peut-être que sans la pandémie, j’aurais voyagé davantage. Depuis un an et demi, je vois très peu de monde. Est-ce que ça me dérange ? Non. Est-ce que ça me fait chier ? Oui », poursuitil. Dans son atelier, Yan-Pei Ming peint aujourd’hui des animaux sauvages comme des tigres. « Il n’y a pas d’autres animaux qui peuvent s’opposer à l’homme. Un jour, tout va disparaître. Depuis l’invention de l’électricité, l’homme s’est lancé dans la destruction totale de notre planète. Peutêtre que la pandémie est une punition envers l’homme d’aujourd’hui ? » Yan Pei-Ming, jusqu’au 11 octobre au Musée Unterlinden de Colmar musee-unterlinden.com


La Cité—Architecture

À l’automne, les Bains municipaux, que les Strasbourgeois appellent affectueusement piscine de la Victoire seront rendus au public. Incursion sur le chantier, où l’on s’attache à conserver l’esprit du lieu. Photos Christophe Urbain

Le grand Bain

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Le Petit bassin en avril 2021


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La Cité—Architecture —Inauguration des Bains municipaux à l’automne —Visite dans le cadre des Journées de l’architecture le 22 .10 à 12h30 —Carnets de bains, édités par chicmedias avec la SPL Deux-Rives et les Éditions 2024, à feuilleter sur chicmedias.com

Les Bains romains en avril 2021

Inaugurés en 1908, les Bains Municipaux de Strasbourg sont l’œuvre de Fritz Beblo, architecte en chef de la ville de Strasbourg, auteur à l’époque de nombreux bâtiments comme l’école Saint-Thomas ou l’église Sainte-Madeleine. À l’époque, en pleine révolution hygiéniste, il s’agit d’offrir à tous les habitants la possibilité de se laver (rares sont les appartements équipés d’une salle de bain) mais aussi de pratiquer une activité physique. Après plus d’un siècle de bons et loyaux services et quelques rénovations mineures, les Bains ferment le 22 juin 2018. Les travaux sont urgents et les Strasbourgeois inquiets. À quoi ressemblera demain la piscine où ils ont appris à nager, parfois sur plusieurs générations ? L’option retenue est de restaurer le bâtiment à l’identique, non

de 2018, mais de 1908, de retrouver l’esprit du lieu tout en intégrant les normes actuelles. Un travail d’équilibriste, qui nécessite pas mal de doigté et de négociations, mené par l’agence Chatillon Architectes (avec la collaboration de TNA pour la partie « eau »). Il permettra aux Strasbourgeois de retrouver leur piscine non pas telle qu’ils l’ont connue (mais un peu quand même), mais telle que l’architecte l’avait pensée. Un établissement public (accessible au même tarif que les autres piscines) avec une partie bien-être séparée) dans un style charmant et singulier, entre néo-classicisme et néo-régionalisme. (S.D.)


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Les Journées de l’architecture Alternatives ? Architecture ! : c’est le thème retenu par la Maison européenne de l’architecture – Rhin Supérieur pour la prochaine édition de ce temps fort transfrontalier, qui se penche sur la façon dont les architectes d’ici et d’ailleurs préparent le monde d’après. Il sera forcément question de climat, de frugalité et d’inventivité pour imaginer des solutions sans renoncer à la beauté. On retiendra ici quelques temps forts qui donnent le tempo et l’esprit. Parmi les invités des grandes conférences, Anne Lacaton (lauréate avec Jean-Philippe Vassal du Pritzker Prize) milite pour d’une architecture raisonnable, raisonnée et sociale, Bernard Quirot invite ses confrères architectes à revenir à l’essentiel et à simplifier, et Philippe Madec défend une frugalité créative et heureuse. La riche programmation se découpe en quatre thématiques, qui révèlent les défis de la profession mais qui pourraient s’appliquer à tous, chacun à son endroit : « construire avec l’existant », « ressources matériaux et énergies », « nouvelles façons de vivre ensemble » et « l’architecture sous le prisme d’autres arts ». Du 24.09 au 31.10 à Strasbourg, en Alsace, dans le Bade-Wurtemberg et à Bâle m-ea.eu

Installation des luminaires sous la voûte du Grand bassin par l’entreprise Vincentz


La Cité—Le métier

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Par Sylvia Dubost / Photos Klara Beck

Les métiers de l’ombre 1

Patrice Coué, bottier à l’Opéra du Rhin Qui ? Patrice Coué est le dernier bottier rattaché à un opéra à fabriquer régulièrement chaussures et accessoires pour des créations. Car à l’Opéra du Rhin, tout est fabriqué en interne, rien n’est sous-traité. Le décor Au Grenier d’abondance, au bout du couloir après les ateliers costumes et perruques, des machines à coudre ultrasolides (Deutsche Qualität) et 3 000 paires de chaussures. Qu’il a mis deux ans à ranger et auxquelles s’ajoute une centaine de paires par an. Vous faites quoi, ici ? « Je m’occupe de chausser toutes les personnes qui sont sur scène, solistes, choristes et figurants. Par extension, je m’occupe aussi de tous les accessoires en cuir : ceintures, sacs à main… Certains sacs célèbres coûteraient le prix d’un spectacle, alors je les recrée ! Il y a quelques années, j’ai aussi fabriqué des armures de samouraï, plus souples qu’en

métal et moins gênantes quand le soliste doit se rouler par terre ! Je fabrique ou customise. À la rentrée, nous aurons par exemple un spectacle avec de l’eau sur scène, et les chaussures ont été un sujet de discussion. Impossible d’utiliser des chaussures en cuir. Le problème, c’est que le caoutchouc n’est pas très beau, alors on transforme de bonnes vieilles galoches de jardin [et le résultat est bluffant, NDLR]. Il y a en moyenne 40 paires de chaussures sur un spectacle, et il faut gérer les budgets, alors si ça coûte 8€, c’est mieux ! [Cela vaut aussi pour la paire de mules devenues Gucci, NDLR] » Le moment de stress « Cela m’est déjà arrivé de devoir fabriquer une paire de chaussures à la dernière minute. Parfois, je n’ai que deux jours, mais j’essaye toujours de terminer un bon quart d’heure avant la prégénérale [la première répétition en costumes,

NDLR] ! Une fois, j’ai amené les chaussures à la soliste cinq minutes avant la répétition. » Ce qu’il aime ici « La variété. Ce n’est jamais la même chose, et cela n’arrive pas ailleurs, même dans le domaine de la chaussure de luxe sur-mesure. C’est sûr que lorsque je fabrique 25 paires de bottes en feutre pour La Reine des neiges, j’en ai un peu marre, mais ça dure un mois et c’est fini. » À quoi ressemblerait le spectacle sans lui ? « Malheureusement, il ne serait pas foncièrement différent… Si les choristes avaient tous des chaussures noires, cela ne se verrait pas. Mais il y a quand même beaucoup de choses qu’un prestataire ex­térieur ne peut pas faire, ces galoches en caoutchouc par exemple. Et il ne faut pas oublier que la scène a une pente de 10 %, alors les chaussures, c’est très important ! » operanationaldurhin.eu


Ailleurs

Sublime

www.mediapop-editions.fr


La Cité—Culture

Que les arts et la culture soient en prise avec le monde est une évidence. Parmi la pléthore d’événements estivaux, voici une sélection de ce qui nous semble particulièrement faire sens, aujourd’hui…

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Un été en ville Ensemble, c’est tout

Les enfants de Ritsona

Depuis le début des années 2010, l’Europe connaît la plus importante crise migratoire de son histoire contemporaine. Et les drames humains qu’elle charrie sont insupportables. Crise des migrants = crise de l’accueil, hommes, femmes et enfants survivent (plus que ne vivent) trop souvent dans des conditions indignes. La Grèce et ses îles sont sans doute la plus large porte d’entrée du continent, et depuis 2014, selon les statistiques de l’UNHCR, près de 1 250 000 personnes sont arrivées par la mer et par la terre. Parmi elles, 40% sont des enfants. Les camps se multiplient, tentant de prendre en charge, tant bien que mal, des individus et des familles à la recherche d’un avenir meilleur. Dans celui de Ritsona, à une centaine de kilomètres d’Athènes, le photographe Vasilis Nikas, comme beaucoup de ces concitoyens, participe à la distribution de nourriture et de vêtements. Il finit par y photographier le quotidien, s’attachant particulièrement aux enfants. « Ce qui m’a le plus ému, explique-t-il, c’est la volonté des enfants de jouer toute la journée. » Le regard chaleureux et bienveillant qu’il pose sur eux nous laisse évidemment un goût doux-amer. Certes, la vie paraît parfois reprendre le dessus, mais au fond, qu’est-ce que cela veut dire ? De quelle vie parle-t-on, au présent comme au futur ? Les photographies de Vasilis Nikas nous renvoient inévitablement à nous-mêmes et rappellent encore une fois, car c’est plus que jamais nécessaire, qu’il est grand temps pour l’Europe de renouer avec ses valeurs humanistes. (S.D.) — Une exposition proposée par la communauté hellénique d’Alsace, jusqu’au 3.08 au Lieu d’Europe lieudeurope.strasbourg.eu

La Traversée de l’été

L’an passé, à la demande du Ministère, le Théâtre National de Strasbourg avait imaginé, en un temps record, une saison estivale qui devait permettre de renouer le lien brusquement rompu avec les artistes, et plus largement de placer le théâtre et la culture aux cœurs de la ville et de la vie. 229 rendez-vous, tous gratuits, dans les salles du TNS, dans les rues, les Ehpad, les hôpitaux, en prison… Bref, partout, pour tous. Cette Traversée de l’été a connu un succès impressionnant et inattendu, portée par un désir de culture inédit, attisé sans aucun doute par ce premier confinement qui nous avait tous sidérés. Et l’on découvrait aussi qu’on pouvait, à ce moment-là de l’année, toucher des publics différents, si difficilement accessibles en temps normal parce que trop pris par le quotidien de l’année scolaire. Évidemment qu’après une saison 20-21 quasi-inexistante, il fallait réitérer l’expérience, renouer ces liens et nourrir à nouveau ce désir. 60 artistes ont ainsi répondu présent pour proposer cette fois 250 rendez-vous : spectacles en itinérance, ateliers d’écriture et de pratique, lectures nomades et visites guidées insolites. Là encore, tous les événements sont gratuits, et s’attachent comme l’année dernière à permettre de vraies rencontres avec le théâtre (l’art comme le lieu), l’écriture dramatique, les artistes mais aussi entre spectateurs. Un programme particulièrement riche et ouvert, dont on se réjouit sincèrement. (S.D.) Théâtre et plus encore, du 10.07 au 28.08 à Strasbourg tns.fr


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Les enfants de Ritsona, une exposition de Vasilis Nikas


La Cité—Culture

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Les concerts aux fenêtres

5e édition pour cette opération menée par l’Espace Django dans les quartiers du Neuhof et du Stockfeld. En juillet, des musiciens débarquent dans les rues et sur les places pour jouer la sérénade aux habitants, qui s’en régalent depuis leurs fenêtres. Objectif : offrir une expérience artistique à ceux qui ne fréquentent pas forcément les lieux culturels. Évidemment, en temps normal, l’idée est que tout le monde puisse descendre au pied des immeubles, se rencontre et se découvre, faisant vibrer le quartier autrement. En temps de Covid, on ne sait pas pour l’heure si les rassemblements seront autorisés… Ce qui est sûr, c’est les endroits où se poseront les scènes. Les musiciens sont choisis de manière stratégique (en concertation avec les assos de quartier) pour ne pas gêner la circulation et être visibles depuis un maximum de fenêtres. Et ce qui est garanti, c’est que la programmation sera comme d’habitude éclectique. « L’idée est de ne pas se limiter au hip-hop, précise Chloé Pelascini, attachée de presse de l’Espace Django. Parfois on programme aussi des musiques du monde pour les daronnes, car tous les goûts sont déployés dans les quartiers ! » Cette année, la grande nouveauté est la participation de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, en tout cas de quatre de ses musiciens (Vincent Gilig et Julien Wurtz aux trompettes, Laurent Larcelet au trombone et Micaël Cortone d’Amore au tuba) pour un concert 100% cuivres forcément festif et pas que classique. « C’est un peu un pari, admet Chloé Pelascini. On avait organisé une déambulation avec l’Opéra, et ça avait super bien marché. En général, les gens sont reconnaissants, et très heureux de découvrir des choses. » Et ça c’est toujours une bonne nouvelle ! En juillet au Neuhof Concert des musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg : le 8.07 à 19h, rue Hackenschmidt le 9.07 à 19h, rue des Jésuites Autres concerts les 15, 16, 22 et 23 juillet espacedjango.eu

Nature et culture

L’été au Musée Würth

On l’oublie parfois, mais le Musée Würth, certes installé dans la zone industrielle d’Erstein, est surtout posé au cœur d’un parc de 5 ha. Conçu par la paysagiste Martine Rascle, il est composé de plusieurs espaces aux atmosphères différentes, et fait référence aux bosquets forestiers de la plaine d’Alsace, abris pour la faune au milieu des terres agricoles. Havre de paix pour les

animaux et pour les hommes, il est le point de départ de la programmation d’été du musée, qui se penche à travers différentes animations sur les liens entre nature et art. Intitulées De culture en culture, des visites comparées du parc avec le jardin Canop’Terre à Erstein, centre de formation à l’agroécologie, invitent ainsi le visiteur à appréhender deux approches différentes du paysage et de la biodiversité. Des ateliers permettent par ailleurs d’expérimenter différents pigments d’origine végétale et minérale (comme les artistes du Moyen-Âge et de la Renaissance), ou de capter la beauté du parc à travers la technique du cyanotype, ancêtre de la photographie. Une programmation dans l’air du temps, qui invite à comprendre et à renouer avec le vivant. On peut évidemment en profiter pour visiter l’exposition consacrée à Christo et Jeanne-Claude, qui se poursuit jusqu’en octobre, mais là ce sera plus culture que nature ! (S.D.) Animations et ateliers du 7.07 au 1.09 à Erstein musee-wurth.fr

L’homme qui plantait des arbres

Il y a quatre ans, Stéphane Litolff mettait en scène pour son premier spectacle Notes de ma cabane de moine de Kamo no Chômei, un texte du XIIIe siècle. « C’est l’histoire vraie d’un homme qui habitait la province de Kyoto, raconte-t-il, en proie à l’époque à des catastrophes climatiques, à l’instabilité politique, la famine. Face à ça, considérant que le bonheur consiste en l’absence de souci, il décide d’habiter une cabane de 3m sur 3 et de faire de la poésie. C’est un renoncement au monde, qui résonne forcément avec ce qu’on traverse. » Ce texte très peu connu l’amène à un autre, L’Homme qui plantait des arbres de Jean Giono, court récit qu’on imaginait à tort culte et qui adopte une position inverse à celle du moine. C’est l’histoire d’un berger solitaire qui, pendant près de 40 ans, plante inlassablement des arbres dans une région aride de Provence. Au fil des années, pourtant en proie à la désertification, elle se repeuple et revit. Écrit en 1953, « c’est le premier manifeste écologiste, dans sa plus simple et politique expression : faire corps avec la nature, la respecter, lui rendre hommage et l’aider à s’épanouir. » Ce texte souvent et à tort réduit à la littérature jeunesse montre « comment un seul être peut renverser le cours des choses et continuer ce qui lui semble être juste ». Ce qui intéresse ici Stéphane Litolff, c’est la question de la transmission, entre cet


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Les Brigades contemporaines, lors de la Traversée de l’été 2020 - Photo Jean-Louis Fernandez

Concert aux fenêtres de Freez au Neuhof en 2017 - Photo Bartosch Salmanski


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Schatz et jardin, intervention de Gerda Steiner et Jörg Lenzlinger au Frac Alsace - Photo Dorian Rollin

Le parc du Musée Würth - Photo Benoît Linder

homme, Elzéard Bouffier, et le narrateur, entre le narrateur et le public, entre une génération et la suivante. Et puis, aussi et surtout, qui est ce berger ? Qu’est-ce qui le pousse à agir ? À cela, Giono n’apporte aucune réponse, et c’est ce qui confère à ce récit un caractère universel. Porté ici par le comédien Jérôme Lang et la violoncelliste Élise Humbert, il prend place dans un décor 100% naturel, pour que le spectateur soit le plus en immersion possible, en contact avec la force des éléments. (S.D.) Théâtre, le 5 août au Taps Scala dans le cadre de la saison estivale taps.strasbourg.eu

Schatz & Jardin

Depuis 20 ans, le duo d’artistes suisses Gerda Steiner et Jörg Lenzlinger « s’intéresse à la biodiversité ». Que ce soit au Japon, au Liban ou en Belgique où ses installations colorées et souvent suspendues questionnent notre relation au monde végétal et notre humanité, le duo reste sur place plusieurs mois. « Quand on parle d’art contemporain, la question du transport et des déplacements est primordiale : plutôt que d’aller et venir, nous préférons prendre le temps, travailler avec ce qui est là, observer l’environnement direct et la situation, nous imprégner des gens, du terroir et des écosystèmes, expliquent-t-ils. Être artiste, ce n’est pas simplement capter les énergies présentes, c’est aussi donner et offrir. Ça relève d’un échange et d’un véritable engagement. » Pour le jardin du Frac Alsace, où leur « installation » Schatz & Jar-

din (double sens évoquant le trésor et les choses que l’on chérit) restera 10 ans – elle succède aux vignes de l’artiste Nicolas Boulard –, Gerda Steiner et Jörg Lenzlinger ont créé une symbiose entre plantes, herbes aromatiques, blés, arbres, arbres fruitiers, insectes, oiseaux et… nous. Le duo a semé, replanté (des espèces provenant de leur maison de campagne mais aussi des dons des habitantes et habitants de Sélestat), fabriqué des nichoirs avec le lycée agricole d’Obernai, truffé le jardin d’hôtels à insectes mêlant bois, sables et graviers et conservé quelques pieds de vignes. En plus de lier règnes végétal et animal, ils ont composé un memento mori en hommage aux animaux morts sur le site (qui abritait auparavant un abattoir), et « planté » un engrais artificiel coloré (déjà expérimenté lors de précédentes expositions) pour interroger ses interactions avec les plantes vivant autour. Le truc en plus ? 257 trésors récupérés auprès de la population locale ont été enterrés quelque part dans le jardin et seront déterrés à la fin des 10 ans. Pour eux, il s’agit avant tout « de créer quelque chose qui éveille les sens et qui nous interroge. Un concept ne sollicite que la tête ; quand on titille la vue, l’odorat, le toucher, d’autres choses se passent. Peut-être même qu’on apprend plus. » Une installation qui nous enjoint à observer et à quitter un temps « l’action et la consommation ». Inspirez, expirez, on y est. (C.B.) Schatz & Jardin de Gerda Steiner et Jörg Lenzlinger, jusqu’en 2031 frac.culture-alsace.org


LE

MUSÉE SES VALISES POSE

17–19 SEPTEMBRE 2021 HAUTE ÉCOLE DES ARTS DU RHIN

1 RUE DE L’ACADÉMIE STRASBOURG

Musée du Bagage — Ouvert

Modalités d’accès à l’exposition : www.diplomes2021.hear.fr

Christo et Jeanne-Claude Collection Würth

Jusqu’au 20 octobre 2021

The Gates, Project for Central Park, New York City 1979-2005 – 2002 – Inv. 7501 – Photo : Wolfgang Volz – © Christo

5 rue Saint-Georges, 67500 Haguenau • 03 88 63 44 43 • www.museedubagage.com les Musées-Archives de Haguenau


La Cité—Culture

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Vue de l'installation à la Fondation Beyeler. Courtesy of the artist, neugerriemschneider - Berlin, Tanya Bonakdar Gallery - New York / Los Angeles © 2021 Olafur Eliasson - Photo Mark Niedermann

Life, Olafur Eliasson

La fondation Beyeler se met elle aussi au vert, avec l’impressionnante et émouvante installation Life de l’artiste dano-islandais Olafur Eliasson. Ôtant la grande façade vitrée du bâtiment de Renzo Piano, il y fait pénétrer la mare qui s’y reflète habituellement. La mare, mais aussi toute la vie animale et végétale qu’elle abrite. Le spectateur se déplace sur l’eau via un réseau de passerelles, dans une vision post-apocalyptique qui n’a pourtant rien d’angoissant. Par-delà de la façade, c’est quelque chose de notre monde contemporain qui a disparu, la nature semble avoir repris ses droits, même si la belle lumière bleue qui baigne l’installation la nuit indique bien que l’homme maîtrise encore quelques détails. « Je cède le contrôle à l’œuvre d’art, écrit Olafur Eliasson, et, pour ainsi dire, je donne tout pouvoir aux visiteurs humains, mais aussi aux visiteurs non-humains, aux plantes, aux micro-or-

ganismes, aux caprices du temps, au climat – un grand nombre d’éléments que les établissements artistiques s’efforcent habituellement de tenir à l’écart. » Les visiteurs humains peuvent visiter l’installation entre 9h et 21h et poursuivre par la présentation de la collection, cette année sur le thème NatureCulture, explore les relations entre deux mondes, à partir d’œuvres forcément prestigieuses, de Monet à Philippe Pareno, de Matisse à Peter Doig. Cette exposition est a priori non accessible aux non-humains. Installation Life, jusqu’au 19.07 Exposition Natureculture, jusqu’au 21.09 Fondation Beyeler à Riehen / Bâle (CH)


Yan Pei-Ming Au nom du père

L’homme le plus perspicace, père de l’artiste (détail), 1996, Huile sur toile, 200 × 235 cm, Collection particulière, Belgique, Photographie : André Morin, © Yan Pei-Ming, ADAGP, Paris, 2021

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02.04. — 06.09.2021 Place Unterlinden, Colmar musee-unterlinden.com

Dead Stars, 2021 © Vincent Chevillon

Vincent Chevillon

« Il semblerait que notre monde ne puisse plus contenir nos rêves expansionnistes et progressistes. Des troubles inquiétants agitent notre biosphère et nous engagent à de nouvelles responsabilités citoyennes, nous incitent à repenser à une échelle plus vaste notre histoire anthropocentrée avec celle d’autres êtres. Nos musées, nos espaces naturels reflètent aujourd’hui sinistrement les mots de Descartes, que l’homme se rende un jour « comme maître et possesseur de la nature ». » Vincent Chevillon Exposition photographique chez Stimultania, jusqu’au 19.09 stimultania.org

Forêt contemporaine ZEITGENÖSSISCHER WALD, DIE NATUR ZU GAST IM MUSEUM

la Nature s’invite au Musée

UN CHOIX D’ŒUVRES DE LA COLLECTION DES FRAC DU GRAND EST

MUSÉE HISTORIQUE DE HAGUENAU DU 5 JUIN AU 10 OCTOBRE 2021 SORTIRAHAGUENAU.FR


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68 Aurélie de Heinzelin, Maison Close, 2016 Photo : Mathieu Bertola/ Mus»es de la Ville de Strasbourg © droits réservés

Musées de Strasbourg Au cas où l’info vous aurait échappé, notez bien que l’ensemble des Musées de Strasbourg sont accessibles gratuitement jusqu’à la fin août. L’occasion de rattraper le temps perdu et de faire le plein d’expos. On retient tout particulièrement Circuits courts, qui met en lumière les artistes et les mécènes qui participent à la vitalité de la création contemporaine dans la région. D’une manière ou d’une autre, ils sont tous liés au territoire (entendu au sens large, puisqu’on parle ici de l’Est), soit parce qu’ils vivent ici, y ont étudié ou exposé. Tous figurent dans les collections du musée d’art moderne et beaucoup sont exposés ici pour la première fois. On est toujours ravis de retrouver des artistes qu’on suit, exposés dans de bonnes conditions. 42 en tout, dont Mali Arun, Guillaume Dégé, Aurélie de Heinzelin ou François Génot. Protocole sanitaire oblige, il faut réserver son créneau de visite en ligne. (S.D.) Musées de Strasbourg gratuits jusqu’au 31 août Exposition Circuits courts, jusqu’au 7 novembre au MAMCS musees.strasbourg.eu

ARK Projet collectif et participatif, ARK est né au sein du nouveau réseau Moving Borders, qui regroupe sept partenaires européens dont le Maillon. En collaboration avec des artistes locaux, le collectif britannique Quarantine a imaginé pour chaque ville des espaces d’échanges auxquels tous les citoyens peuvent participer, sur une thématique choisie pour chaque contexte singulier. À Strasbourg, on se penchera plus particulièrement sur la question du dialogue et de l’équité dans une ville très diversifiée. Tous les citoyens sont invités à participer à des promenades, conversations, jeux, assemblée des savoirs, qui sont autant de manières ludiques, performatives et discursives de se croiser, d’échanger, de se connaître. ARK, comme arche en anglais, espère bien créer un lieu de refuge et de rencontre, ou tendre une ligne entre deux points. Du 16 au 18 juillet au Maillon maillon.eu


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Cinéma en plein air On se réjouit tout particulièrement du retour des séances en extérieur ! Et le programme est chargé cet été, à Strasbourg et dans toute l’Eurométropole. RDV tous les vendredis du mois de juillet et août dans les parcs de la ville, pour des séances en famille mais pas seulement. Les films sont projetés à la tombée de la nuit mais les animations démarrent dès 18h. On note sur nos tablettes Arizona Dream le 30.07 et Les Ailes du désir le 13.08 au Parc de l’Orangerie, ou Ponyo sur la falaise le 20.08 au Parc Albert Schweitzer (Koenigshoffen). L’association Le Troisième souffle propose aussi une tournée dans l’Eurométropole, à Schiltigheim, Entzheim et ailleurs. RDV par exemple pour Antoinette dans les Cévennes le 28.08 sur l’ancien terrain de football de Holtzheim ! (S.D.) Toutes les infos sur strasbourg.eu Projection au Parc de la Citadelle

Photo Le Troisième souffle


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Un été à Meisenthal Pour beaucoup de lieux culturels, l’arrivée de l’été sonne aussi l’heure des retrouvailles avec le public. C’est le cas pour le Site verrier de Meisenthal, qui met les petits plats dans les grands. Sa réouverture coïncide cette saison avec l’achèvement d’une partie des travaux qui verra sa transformation complète à l’horizon 2022. On avait déjà pu ­découvrir les nouveaux ateliers des maîtres-­verriers, on peut désormais accéder à l’accueil-boutique. On trouvera les pièces réalisées par le Centre International d’Art Verrier de Meisenthal sous la vague de béton imaginée par l’agence new-yorkaise SO-IL et les Parisiens de Freaks Architecture pour réunir visuellement les différents ­espaces du site : CIAV, Musée du verre et Halle verrière. Cette dernière est investie cette année par l’artiste belge Michel François. Plasticien à l’approche sensuelle de la matière, dont les recherches s’organisent autour des notions de résistance et de fragilité, il a tout naturellement collaboré à maintes reprises avec les maîtres verriers du CIAV. Avec eux, il a imaginé Panoptique, une exposition-installation qui fait écho à l’immensité de l’espace et à la délicatesse du matériau, toujours au bord de la rupture. Au programme aussi cet été, démonstration des souffleurs, jeu de piste et atelier : toutes les infos sur le site ! Un été à Meisenthal, jusqu’au 19.09 site-verrier-meisenthal.fr Souffles dans le verre, œuvre de Michel François Photo Guy Rebmeister


Le Passé CRÉATION AU TNS

Léonid Andréïev | Julien Gosselin * 10 | 18 sept

Rothko, untitled #2

Claire ingrid Cottanceau, Olivier Mellano 18 | 20 sept

Nous entrerons dans la carrière CRÉATION AU TNS

Blandine Savetier * 29 sept | 9 oct

Hilda

CRÉATION AU TNS

Marie NDiaye * | Élisabeth Chailloux 7 | 17 oct

Condor

Frédéric Vossier | Anne Théron * 13 | 23 oct

Ce qu’il faut dire CRÉATION AU TNS

Léonora Miano | Stanislas Nordey 6 | 20 nov

Deux Amis Pascal Rambert * 24 nov | 4 déc

Chère Chambre CRÉATION AU TNS

Pauline Haudepin * 25 nov | 5 déc

Quai ouest

Bernard-Marie Koltès | Ludovic Lagarde 8 | 16 déc

Cœur instamment dénudé CRÉATION AU TNS

Lazare * 11 | 22 janv

Sept 21 | Janv 22 Ouverture de la billetterie | Mer 18 août La suite de la programmation sera annoncée en novembre 21.

TNS Théâtre National de Strasbourg 03 88 24 88 24 | tns.fr | #tns2122

BIFACE

Bruno Meyssat 26 janv | 3 fév

Le Dragon

Evgueni Schwartz | Thomas Jolly * 31 janv | 8 fév * Artistes associé·e·s au TNS

Dominique Reymond, actrice associée au TNS © Jean-Louis Fernandez


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© Jenny Peñas

Diotima © François Rousseau

Musica

« Musica s’attache depuis son origine à la conviction qu’une musique dite contemporaine est avant tout une musique capable d’embrasser les sujets de son temps. » Ainsi Stéphane Roth, le directeur du festival, introduit-il une édition 2021 clairement en prise avec l’époque, construite autour de quatre axes. Elle se penche sur nos rapports au réel et au virtuel – qui sous-tendent nos vies, encore plus en temps de pandémie–, essaye de renouer le lien avec les quartiers périphéries – vaste programme ! –, explore la façon dont les artistes s’emparent des questions environnementales et fait un focus sur la création américaine. On retiendra ainsi l’ouverture avec Roomful of Teeth et House Lords, qui renoue avec une Amérique

métissée, Rothko untitled #2, installation plastique et musicale de Claire Ingrid Cottanceau et du génial Olivier Mellano d’après l’œuvre du peintre, la création PortData autour du Port du Rhin par Les Ensembles 2.2 et Forêt de Franck Vigroux, performance chorégraphique inspirée par un voyage au Brésil, Levi-Strauss et Bolsonaro. Sans oublier mini-musica, programmation de haut-vol pour jeunes spectateurs. RDV en septembre dans toute la ville et surtout sur la Presqu’île Citadelle, QG du festival. (S.D.) Festival musica, du 16 septembre au 10 octobre festivalmusica.fr


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2022


La Cité—Société

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Charlotte, 18 ans Etudiante « J’ai commencé pendant le premier confinement ! J’avais une vieille planche Decathlon chez moi et je me suis lancée. J’avais besoin de liberté et d’évasion en cette période. De rencontrer de nouvelles personnes et de m’ouvrir à de nouveaux horizons. Le skate m’a permis ça ! Et puis, quand on débute, on galère et on progresse ensemble. C’est une vraie motivation. »

La tribu. Par Caroline Lévy Photos Christophe Urbain


« Pas un sport, mais un art » martèlent les signataires de la pétition empêchant l’arrivée du skateboard comme nouvelle discipline aux Jeux Olympiques de Tokyo ! Ce mariage entre culture underground et rigueur olympique fait débat au sein d’une communauté qui a toujours voulu s’affranchir des carcans sociétaux depuis les années 1970. Mais la culture du skate est-elle aussi libertaire qu’elle y paraît ? Avec ses codes inspirant autant la mode que l’art, ce sport de rue relève davantage d’un mode de vie attirant une jeune tribu qui tend à se féminiser. Comment s’approprier l’espace public ? Quels codes adopter pour intégrer ce monde lorsqu’on est profane ? Nous sommes allés nous poser au pied du MAMCS avec quelques riders, qui ont fait de la glisse urbaine une philosophie. Morceaux choisis.

Butters, 18 ans Futur étudiant en couture (à gauche) Cet amateur de glisse fabrique lui-même ses pantalons. Sa toute jeune collection Javlo répond aux diktats du streetwear : le confort ! Coupes extra larges et poches plaquées en font déjà sa signature, déjà repérés sur des skateurs strasbourgeois. À suivre… Hugo, 28 ans Cuisinier (ci-dessous) « Apparemment il y a un nouveau projet de skatepark initié par la Ville. Mais il y aura toujours des skaters dans la rue ! Il y a ceux qui iront parce que c’est un endroit sécurisé. Mais pour filmer, le skate se fait dans la rue, pour défricher des endroits, trouver une petite ruelle. Les infrastructures sont faites pour durer et imiter le mobilier urbain. Il y a un côté sportif. Mais le skate ça vient de la rue, il faut accepter ça. »

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Gabrielle, 24 ans Graphiste

Tim, 20 ans Étudiant en chinois

« C’est ma grand-mère qui m’a acheté ma toute première board au collège ! J’ai été attirée par l’image de liberté que renvoie l’univers du skate. Une communauté très cosmopolite où il y a un vrai esprit d’entraide et l’on se motive les uns et les autres. L’apparence n’a pas d’importance, il faut se sentir bien dans ses vêtements. C’est d’ailleurs ce qui a inspiré Coupable la marque de streetwear que j’ai créée, des pièces unisexes à couper et adaptées à toutes les morphologies. »

« Les jeunes veulent s’amuser et la Ville de Strasbourg n’a pas compris qu’elle pouvait tirer bénéfice du skate. Lui donner un rayonnement et devenir une ville référente comme Bordeaux qui a développé le skate-urbanisme, avec la création de modules dans la ville en partenariat avec le skateur Léo Valls. Non seulement ça attire des touristes du monde entier mais la communauté féminine est plus forte, parce que les infrastructures sont adaptées et tout le monde progresse ensemble. Si la Ville est derrière nous, il y a des règles et tout le monde est content ! »

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© Maïté Granjouan

Opéra La Reine des neiges Hans Abrahamsen Stiffelio Giuseppe Verdi Carmen Georges Bizet L’Enfant et les sortilèges Maurice Ravel Les Oiseaux Walter Braunfels Les Rêveurs de la lune Howard Moody L’Amour sorcier Manuel de Falla & Journal d’un disparu Leoš Janáček Così fan tutte Wolfgang Amadeus Mozart L’Orfeo Claudio Monteverdi West Side Story Leonard Bernstein Danse Danser Schubert au XXIe siècle Danseurs-chorégraphes du Ballet de l’OnR Les Ailes du désir Bruno Bouché Kamuyot Ohad Naharin Ballets européens au XXIe siècle Alice Philip Glass Amir Hosseinpour & Jonathan Lunn West Side Story Leonard Bernstein

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Opéra national du Rhin Saison ’21’22 *** Abonnez-vous ! operanationaldurhin.eu


Pour renouer avec la nature, respirer, retrouver un peu de fraîcheur, s’oxygéner le corps et les neurones, cap vers le Nord… de l’Alsace. La Cité—Escapade  Par Corinne Maix

Escapade en forêt

Œuvre de Benjamin Just

Une balade La forêt de Haguenau

Une expo Forêt contemporaine

On oublie trop souvent que la richesse et la beauté se niche aussi à deux pas de chez nous… Et pour se ressourcer, autant profiter de l’une des plus belles forêts de France. Avec ses 13 400 hectares, celle de Haguenau est la plus grande forêt indivise de France. Sa biodiversité est unique, avec un mix de feuillus et de résineux de type nordique, traversé de nombreux cours d’eau et d’espèces animales. C’est aussi un haut lieu d’archéologie, de mémoire et d’histoire, où l’on trouve des traces humaines datant de l’âge de fer, comme en attestent 800 tumuli. Un vaste espace, à arpenter à l’infini, en solo ou en groupe. Plusieurs points de départ – au Gros Chêne, au lavoir du Hundshof, à Uberach, à Soufflenheim – permettent de varier les itinéraires, les paysages, les couleurs. Pour ceux qui aiment aussi s’instruire, les sorties guidées de la 5e édition du programme Trésors cachés de la Forêt Indivise de Haguenau, animées par des spécialistes, permettent de découvrir toutes ses richesses naturelles, historiques, culturelles ou économiques…

Observer, comprendre, ressentir, protéger, transmettre… L’art comme la forêt titillent nos sens et nos neurones, nous rechargent en émotions et en souvenirs. C’est le postulat de départ de cette exposition d’art contemporain, composée d’œuvres des collections des FRAC du Grand Est. Photo, vidéo, performance, tapisserie… 16 œuvres pour une expérience sensorielle et immersive, qui donne à percevoir la richesse et la fragilité de la forêt, la manière dont elle nous habite et la protection dont elle a besoin. On y retrouve ainsi le parfum de Julie Fortier, mélangeant l’odeur des pins Douglas et de la terre humide, dans trois flacons réalisés par les artisans verriers de Meisenthal, ou la sculpture tactile Matières sensibles d’Anaïs Met Den Ancxt et Grégory Lasserre qui révèle les veines naturelles du bois. Une belle ode à la nature et à la contemplation, un vibrant hommage au patrimoine naturel que constituent toutes les forêts du monde…

— Tous les itinéraires sur visithaguenau.alsace — Sorties guidées, gratuites, inscription aurelia.rodrigues@agglo-haguenau.fr sortirahaguenau.fr

Forêt contemporaine, la Nature s’invite au Musée, jusqu’au 10.10.21 au musée historique de Haguenau

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Fonds régional d’art contemporain Alsace

Schatz & Jardin Nouveau jardin du FRAC Alsace de Gerda Steiner & Jörg Lenzlinger

© Gerda Steiner & Jörg Lenzlinger, 2021

À partir du samedi 26 juin 2021 à Sélestat Entrée libre


pré-production — prises de vues — photo post-production — vidéo numérique — 03 90 20 59 59 —


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La plupart des gens désirent bien plus avoir des vêtements à la mode, du moins propres et sans raccommodages, que d’avoir la conscience nette. Henri David Thoreau

Le Style.


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L’important Photos Alexis Delon / Preview | www.preview.fr Réalisation | Myriam Commot-Delon Mannequin Laura | www.upmodels.fr Coiffure Alexandre Lesmes | Avila | Instagram : @avilacoiffure Make-up artist Sophie Renier | www.sophierenier.com Post-prod Emmanuel Van Hecke / Preview | www.preview.fr

c’est d’aimer


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Gilet oversize en lin et soie jacquard sur un pantalon 7/8 en lin Ipsae. Lunettes et chaîne coquillages Cauris Komono chez La Lunetterie du Coin. Porté en bandeau, nœud de cou en soie à imprimé Ken Scott Gucci chez Ultima.


À gauche : Robe longue en chiffon de soie imprimé Masnada chez Algorithme La Loggia. Boucles d’oreilles Trombone en or et perles de Tahiti Eric Humbert. Sandales Mallorca Balenciaga chez Ultima. À droite : Robe en mousseline et tulle Elisabetta Franchi chez Algorithme La Loggia. Boucles d’oreilles Trombone en or et perles de Tahiti Eric Humbert.

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À gauche : Foulard imprimé en soie porté en robe bustier Ipsae. Short en jean Saint Laurent chez Ultima. Collier en laiton doré patiné Perrine Taverniti chez Marbre. Boucles d’oreilles Trombone en or et perles de Tahiti Eric Humbert. À droite : Robe courte en denim rose Dolizi et veste en jean clouté Depaline Isabel Marant chez Ultima.

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À gauche : Robe chemiser et foulard en soie Pierre-Louis Mascia chez Marbre. Boucles d’oreilles Trombone en or et perles de Tahiti Eric Humbert. À droite : Robe courte imprimée Zimmermann et sandales en lin clouté et perlé Jimmy Choo chez Ultima. Porté en tour de tête, collier en or blanc pavé de brillant et au cou et chocker 4 rangs torsadés en perles d’eau douce Biwa et or jaune, le tout Eric Humbert.

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Et si la mode de demain était faite de celle d’hier ? En adoptant une attitude circulaire et responsable, écologique et économique, la Gen Z nous montre la voie : se réinventer en changeant notre façon de consommer et de se vêtir. Éthique, donc, mais pas seulement. Adopter des pièces vintage, c’est allier quête de sens et de singularité. Une attitude pile dans l’époque et dans la ligne du magazine, sur laquelle nous éclaire la jeune garde strasbourgeoise. Le Style—Dossier

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Par Myriam Commot-Delon Photos Alexis Delon / Preview

Tous les styles et les acteurs de la scène vintage ne sont bien évidemment pas présents dans les pages qui vont suivre. Mais ceux qui y figurent représentent bien le large spectre du Seconde main qui anime aujourd’hui la ville. Piqué à l’univers vinicole – un domaine qu’on connaît en Alsace – le terme « vintage » est aujourd’hui sur toutes les lèvres et se taille une jolie place dans le panorama mode strasbourgeois. Des boutiques ouvrent, des quartiers se dessinent – entre gare et Krutenau –, et les boutiques et centres commerciaux ont bien compris qu’injecter à leur sélection une pincée de vintage était un argument de marketing efficace pour se distinguer des enseignes de fast-fashion.

Se saper vintage, c’est commencer par s’intéresser au vêtement. Et apprendre à s’habiller prend du temps. Penser slow fashion, c’est se familiariser avec les coupes, la qualité des tissus, les différentes époques, échanger et discuter avec les vendeurs spécialisés pour ciseler sa culture mode. À chacun ensuite de choisir son camp : entre excentricités et beaux classiques, le choix est pléthorique. Pour se lancer, il faut essayer, se tromper, et ne pas hésiter à mixer l’ancien et le neuf (mais uniquement celui qui vieillira bien et dont la qualité fera aussi le vintage de demain). Mais le vintage n’est pas qu’une histoire de style. S’habiller doit aujourd’hui être un acte engagé et conscient. Produire moins et moins de déchets, recycler et donner une seconde vie à ce qui existe déjà apparaît comme une évidence, et l’appliquer au quotidien implique sortir de sa zone de confort… Enfin, le vintage est un marché qui touche tout le monde. De la maman qui offre de beaux labels en seconde main à ses enfants à l’étudiant fauché, en passant par des initiés férus de références et lassés de l’agitation mode. Pour Juliette (une des associées de Chicmédias, notre maison d’édition), professionnelle de la mode et du luxe et passionnée de vintage, « on se sent si unique quand on découvre une pièce originale ! » Et si c’était ça le plus important ? S’habiller avec plaisir et conviction ! Le futur se joue aussi dans notre garderobe.

Passé recomposé


PORTRAIT

Prokop & Lucille

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On aurait pu papoter musique avec ces deux là, ce qu’on a d’ailleurs fait, mais le sujet ici est le vêtement vintage. Un domaine qu’ils ne pren-­­ nent pas à la légère, parfaitement alignés sur l’univers musical ­ciselé de Prokop, jeune songwriter folk d’origine anglaise. Une irrésistible dégaine de dandy décomplexé, élégant syncrétisme de vêtements habités et non genrés qu’évoque Lucille, sa moitié musicienne : « Ce qui nous fait délirer, c’est le côté rock sixties ! Mixer les genres, c’est vraiment cool. Je me retrouve souvent avec des vêtements piqués à ma mère, mon père ou Prokop ; on aime tous les deux le côté asexué. Prokop s’habille souvent au rayon fille, vu qu’il est plus difficile de trouver des pièces originales chez les hommes. Et puis, l’avantage du vintage, c’est l’originalité, et une porte vers les créateurs. » La scène musicale mondiale, qui a toujours pioché dans les rayons des fripiers (et non pas dans les marques de vrai-faux vintage), n’est pas en reste à Strasbourg. Prokop, lui, zigzague entre ses deux échop­ pes préférées : « On s’habille souvent chez Antiocharis (10, rue Sainte-­ Madeleine). Emmanuelle nous envoie régulièrement des photos des arrivages susceptibles de nous plaire ; et sinon chez Maison Claude où j’aime bien papoter chiffon avec Cyril ; la dernière fois par exemple, on évoquait les premières apparitions de la couleur fluo.» www.prokop.fr Insta : @prokop_folkmusic --> À emporter dans ses bagages d’été The Confinement Tapes, son premier album, composé de reprises de chansons traditionnelles folk enregistrées pendant le premier confinement. --> À voir : le clip Train is coming, single bien sapé issu d’un triple album prévu à la rentrée.

Prokop : Blouse en soie Etro et pantalon Jocca chez Antiocharis, feutre artisanal de la chapelière éco-responsable Boketto (www.atelierboketto.com), qui vient de lancer un nouveau service de réparation et remise en forme des chapeaux familiaux, chelsea boots personnelles, D.P James London. Lucille : robe hippie et gilet pailleté Antiocharis. Bottes vintage dénichées chez Case Métisse (www.case-metisse.com), que Prokop lui aurait bien piquées : « mais il me manquait 6-7 pointures. »


Le Style Dossier Vintage

DRESSING

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Dans la valise de Maison Claude Des puces de la place des Tripiers aux pop up de la rue Sainte-Madeleine, 10 ans de chine se sont écoulés pour Inès et Cyril. Assez pour leur donner l’envie de sauter le pas et d’ouvrir leur propre « Maison ». Décor blanc, minimal, esthétique fonctionnelle, l’atelier-boutique flanqué de deux vitrines jumelles leur ressemble, et accueille d’ores et déjà leur impeccable vestiaire masculin/féminin. Les tenues de métier et d’ouvriers de Cyril côtoient la sélection plus fantasque d’Inès, piquetée de vestes indiennes, tricots, robes chamarrées et autres trouvailles qu’elle twiste parfois de broderies faites main. Le travail opéré en amont est de loin ce qui leur prend le plus de temps : chiner les vêtements, les nettoyer ou les repriser avant de pouvoir les mettre en scène et éveiller le regard de leur clientèle sur l’âme de la chose vestimentaire, tout cela fait partie intégrante de ce métier. La preuve ? Depuis l’ouverture, chineurs, novices ou avisés se pressent pour humer le goût de l’époque et s’inspirer de l’allure chic et mordante de ce couple friand de références textiles. Maison Claude 9, rue des Veaux @maisonclaude

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Dans la sélection estivale 1 – Rare veste de travail dite « veste de sculpteur » à double boutonnage en coton moleskine, (France, années 60) et pantalon cinq poches Levi’s en toile de coton blanche (années 80). 2 – Chemise de bowling en viscose brodée au point de chaînette (Made in USA, années 50/60) et chaussures de sport en toile de coton de la Marine Nationale (France, années 50). 3 – Robe imprimée de fabrication française (années 60). 4– P anier artisanal en jonc de mer (années 60) et chapeau provençal en paille tressé (années 30) sur une étole en laine étiqueté : « tissé main par des filles aveugles en Israël » (années 50)


Le Style Dossier Vintage

PORTRAIT

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Agathe & Louise 20 ans, étudiantes et acheteuses de sacs griffés Quelle chineuse n’a pas rêvé un jour d’un Gucci 1955 Horsebit ou du Constance d’Hermès en rouge casaque ? Ils font partie des sacs iconiques qui traversent les époques sans prendre une ride, si ce n’est une belle patine. Archivistiques débutantes en maroquinerie vintage de luxe, Agathe et Louise ont déjà plus d’un tour dans leurs sacs pour chasser des réticules à caler pronto au creux de nos coudes. Sur leur compte Instagram, un concept vintage élaboré pendant les confinements, elles proposent, en para­llèle de leurs études de commerce, une collection de it-bags soigneusement nettoyés puis mis en scène collégialement dans les rues de Strasbourg. Ce qui nous amène à leur poser cette question cruciale : ça se porte avec quoi, un sac vintage ? « Avec des classiques intemporels et minimalistes : un jean, un trench, une robe rétro, un petit pull ou une chemise masculine. Il suffit d’examiner le vestiaire d’Hedi Slimane chez Céline pour comprendre que faire simple, c’est généralement compliqué. Pour les sacs, c’est pareil, les plus désirables sont souvent les plus Less is more ! » Insta @cuiretpatine

Vêtements vintage @legrenier, sac Vuitton en cuir Épi pour Agathe (debout) et sac Gucci Jackie 1961 pour Louise, assise sur un fauteuil Diamond vintage (1952) d’Harry Bertoia pour Knoll (www.tiangge.fr).


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Leurs maillons forts (de haut en bas et de gauche à droite) Mini-sac Timeless Chanel en cuir noir et chaine entrelacée de cuir, années 2000. Rare (car l’un des premiers) sac Saddle Christian Dior en cuir blanc, années 1960. Sac à monogramme Nid d’Abeille Dior, années 1990. Pochette Pierre Cardin en serpent et anse serpentin, années 80.


Le Style Dossier Vintage

UNE PIÈCE CULTE

Ce bad boy, symbole de l’Amérique, inventé par Irving Schott en 1928 pour un concessionnaire de Harley-Davidson, en a déjà vu de toutes les couleurs. Son cuir d’encre au zip déporté sur la droite (conçu pour bien protéger les motards), follement adulé par les blousons noirs, par la scène rock 70 et punk des années 80 (qui l’a au passage copieusement bardé de chaînes, pin’s, badges, peintures et autres épingles à nourrices) est aujourd’hui devenu un gentil petit classique du vestiaire contemporain. Sacrilège ! L’indomptable, beaucoup trop revisité chaque saison par toutes les collections de prêt-àporter, mérite de redorer son blason. Le bon sens nous indique donc d’ignorer tous ces faux et d’en sourcer un vrai, un authentique, à garder religieusement pour le léguer à sa progéniture. Pour sauver les orphelins et les fans de Vernon Subutex, une seule adresse : Froc’N’Roll, la plus londonienne des friperies strasbourgeoises, spécialisée dans les blousons en cuir des années 60 à 90 (dont les

Le perfecto Schott

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Schott – leur spécialité – vendus aux alentours de 250 / 300€). Émilie et Joël y proposent, depuis une dizaine d’années, une sélection d’authentiques pièces vintage triées sur le volet, du Levi’s 501 aux T-shirts de groupes de rock en passant par les iconiques Dr Martens. À suivre : leur compte Insta @frocnroll, très instructif, pour des références mode/musique, histoire de ne pas oublier que le perf ’ était aussi l’armure préférée de Marlon Brando, James Dean, The Ramones, The Sex Pistols ou la fondatrice de Comme des Garçons Rei Kawakubo, qui le portait bien zippé sur un col roulé noir, avec son iconique coupe au carré taillée au cordeau. Froc’N’Roll 10, rue Munch www.frocnroll-strasbourg.fr


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ACCESSOIRES

Bien vu

98 Redonner un nouveau souffle aux montures délaissées, c’est voir circulaire, et c’est la vision durable des deux enseignes La Lunetterie du Coin. À leur tête, Romain, un fan de vintage, que ce soit dans ses choix de marques contemporaines ou dans ses corners occasion. Maîtrisant à merveille la restauration, il redonne vie à l’acétate, l’acier ou autres matériaux nobles, offrant ainsi la possibilité à toutes les bourses et aux passionnés des montures anciennes d’acquérir des montures de qualité, ces dernières étant prises en charge par les mutuelles comme des modèles neufs. Un exemple ? En rapportant une vieille monture, vous pouvez béné­ ficier d’une remise allant jusqu’à 70€, compatible avec un modèle Spektre à 159€. Vu  ?

La Lunetterie du Coin 24, rue du Faubourg de Pierre 50, rue du bassin d’Austerlitz www.lalunetterieducoin.fr

Son tiercé gagnant des montures ovales (De haut en bas) Lunettes Dior papillon à branches en acier ajouré, « Made in Austria », années 70 Lunettes à branches larges Sergio Tacchini, années 90 Lunettes à monture bois, Touch of Wood, années 70


PORTRAIT

Madeleine 17 ans, lycéenne, fan de vintage

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2

On s’habille comment quand on a 17 ans, un petit budget et qu’on adore la mode ? En zappant au maximum les grandes enseignes textiles « jetables » et en écumant les rayons d’Emmaüs. Madeleine a cet œil juste qui prouve que s’habiller vintage, c’est également investir dans de bons basiques. La preuve avec son vestiaire zéro faute, sous influence Nouvelle Vague et Claude Sautet. Un goût assuré pour les classiques indémodables et les détails ravissants qui la guidera assurément pour faire les bons choix lorsqu’elle craquera demain pour des pièces neuves aux valeurs responsables. Sa jolie leçon de style 100 % vintage 1 – La base : un foulard en twill de soie à nouer en bustier. Avec ? Un pantalon taille haute couleur lipstick, des sandales sabots et une moto de manège des années 50, Tianggê. Brocante en ligne www.tiangge.fr et pop-up Tianggê x Studio Preview www.preview.fr 2 – La base : un T-shirt blanc Petit Bateau. Avec ? Une mini-jupe en denim, une ceinture à gros maillons et des bottes seventies. 3 – La base : une robe longue en crépon de coton. Avec ? Rien d’autre (ou des sabots et un panier Birkin). 3

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Le Style Dossier Vintage

ACCESSOIRES

Perles et maillons

Ce boudoir à bijoux anciens niché au cœur du Carré d’Or est une boîte à trésors. Sa propriétaire, Julie Schon-Grandin, historienne de l’art et gemmologue, propose un éventail de pépites vintage avec une gamme de prix très large commençant à 30 €. La clientèle, de plus en jeune, y vient pour repérer sa future bague de fiançailles, collectionner des clips d’oreilles ou s’offrir un collier de perles, l’ornement le plus gender fluid de l’époque, adoubé par les créateurs et les cols des garçons. Antiquités Schon-Grandin 9, rue du Chaudron www.schon-grandin.com

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6 pièces vintage sur lesquelles miser

– Boucles d’oreilles en or 18k, 1980’s, 480 € – Bracelet en argent, 1970’s, 295€ – Collier un rang, perles de culture, 680€ – Bracelet en or satiné 18k signé Treemme (Toscane), 1950’s, 2500€ – Bague en or 14k et corail, 1970’s, 430 € – Bague panthère en argent et marcassites, Casoar, 175€


ourg b s a r t S C’est à ouve r t n o ’ u q ads g o b e r T les

(c) Crédits photos : - J. Meyer - AMEM - PNRVN A.Ei- 2021

ENGAGÉS ENSEMBLE POUR LE RESPECT DE LA NATURE, L’ÉPANOUISSEMENT DE L’HOMME, ET L’ÉCONOMIE LOCALE.

Tous les produits de la marque « Valeurs Parc naturel régional » sur www.parc-vosges-nord.fr

L'ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ À CONSOMMER AVEC MODÉRATION


Le Style Dossier Vintage

ZOOM SUR

(À gauche) Chemise Mercerie mariage, composée de linge de maison upcyclé en coton, entièrement assemblée en couture anglaises. (À droite) Pantalon Coupon clair, réalisé en chemises d’hommes upcyclées (l’équivalent de quatre chemises, une pour chaque face), taille élastiquée à cordon, poches italiennes et coutures anglaises. Claquettes exclusives créées pour le photo shooting par l’artiste, Lisa Gambey. Photos Atelier Gilbert

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Patchworkers Transformer des habits ou tissus usagés en vêtements neufs. Et si c’était ça, le nouveau luxe ? C’est en tout cas celui de la designeuse textile Zoé Nelhig. Cette jeune Strasbourgeoise, passée par des écoles d’art et de design textile à Bruxelles et au Danemark, a poussé le curseur de la slow fashion plus loin. Au lieu de créer sa propre marque éthique, elle a préféré revenir à Strasbourg, « parce que c’était plus simple de le faire en France et chez moi », pour y créer en 2019 Patchworkers, une association d’upcycling solidaire. Son credo ? Éco-concevoir en valorisant l’humain. Ce qu’elle a fait en établissant un partenariat avec Emmaüs Mundo’, d’où provient toute la matière première, transformée en collaboration avec leurs salariés en insertion. Résultat ? Des vêtements qui ont un style et une identité, des pièces uniques et unisexes conçues en petites séries pour la Gen Z, et distribués sur une interface digitale aux visuels bien troussés. patchworkers.fr

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Anne-Sophie Tschiegg

1 artiste, 3 livres

1 seul livre, 4 couvertures Choisissez la vôtre !

Autres parutions

ANNE-SOPHIE TSCHIEGG

MARC GUÉNARD

2

chicmedias éditions

Nouveauté

3

4

Derniers exemplaires

chicmedias éditions

La Vitrine chicmedias 14, rue Sainte-Hélène — Strasbourg shop.chicmedias.com


Le Style Dossier Vintage

Carnet de chine

LES ADRESSES

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CATHÉDRALE

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PETITE FRANCE

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Quartier gare 1

Poulet Fripes

Hôtel Graffalgar, 2e étage, chambre 206 17, rue Déserte Insta : @poulet_fripes graffalgar-hotel-strasbourg.fr L’œil affuté de Géraldine et son goût ­affirmé pour les belles matières va de pair avec le plaisir qu’elle a de valoriser tous les corps (du 32 au 52). « Souvent les gens aiment le vintage et ne savent pas comment le porter : je suis là pour les accompagner. » D’ailleurs, sa voisine Esther de la chambre numéro 201 se joint régulièrement à elle pour peaufiner les nouveaux looks, du maquillage à la coiffure.

Krutenau & centre-ville 5

Friperie de référence du centre-ville, elle fait partie des boutiques du Relais Est (membre d’Emmaüs France). Parce qu’acheter du vintage chez eux, c’est aussi lutter contre l’exclusion, renouer avec la transmission et assurer des CDI à des salariés en insertion. 6

Flair, Fripes and Coffee Shop 2

32, rue de la Course Insta : @flair.frip  « On court après la cohérence, d’où notre démarche écologique », explique Anne (également propriétaire de OK Boomers à La Krut’), qui vend depuis le confinement des fripes au kilo (entre 28€ et 32€) dans son coffee shop.

Boutiques solidaires 3

Vetis

19, rue Vauban vetis.org 4

F riperie et bouquinerie Oxfam

5-7, rue de la Division Leclerc oxfamfrance.org

Friperie Le Léopard

8, rue des Veaux lerelais.org label-emmaus.co

Maison Claude

VOIR P. 92

9, rue des Veaux Instagram : @maisonclaude 7

Le Cabaret du Chat

40, rue de Zurich lecabaretduchat.com Metteuse en scène hors-pair, Sonia exprime, avec ce petit truc en plus, l’âme du vrai vintage (des années 30 aux années 80). Chez elle, les objets rétros se mêlent aux vêtements, tous soigneusement chinés, et débordent même joyeusement à l’extérieur de la boutique. Une personnalité attachante, sans langue de bois, aux antipodes de l’idéologie du vêtement jetable et du « toujours plus ». Du genre à lancer ingénument une petite pique à une cliente entrant les bras chargés de fast-fashion : « Oups, excusez-moi, j’ai failli shooter dans votre sac Primark. » 8

Froc’n’roll VOIR P. 96

10, rue Munch frocnroll-strasbourg.fr

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ESPLANADE

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OK Boomers

Cour du Brochet - friperie.shop Si être un Boomer, c’est ne pas aimer le changement ou les nouveautés, cette friperie ouverte l’année dernière avec décor industriel et verrière zénithale s’amuse de cette expression qui divise les générations. Ici, les rayons sont donc non genrés, pour toutes les tailles, tous les âges, tous les styles, de la génération baby-boom à la Z. 10

Rehab Second Hand Shop

7, rue des Bateliers rehabsecondhandshop.com Nouvelle adresse pour Axelle Garcia dont le stock non genré provient uniquement de rachats auprès de personnes vivants dans le Bas-Rhin. Il suffit de se connecter en ligne pour réserver une tranche horaire. Une sélection variée escortée de collabs locales comme les bijoux d’Elsa Zettl avec Charlotte Olivia Picard ou les sangles de guitares Tom’s Vintage Strapset avec le label Itawak Records. 11

Le Grenier

2, rue des Pontonniers legrenier-friperie.com Changement de décor et des mètres carrés en plus pour la charmante Luna, qui vient de déménager pour réunir ses deux passions : la fripe et les collabs arty. Ses petits plus ? Des corners 60’s et 70’s, un pincée de dépôt-vente griffé, de la bonne musique et une fresque psychédélique. Également des chemisiers autrichiens, à porter col haut avec jean et santiags.


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Le Grenier - 2, rue des Pontonniers

Dépôts-ventes 12

Troc Mode

48, rue du Jeu des Enfants troc-mode.com Instagram : @trocmode L’officine de Karine est l’une des préférées des fashionistas, qui y vendent ou débusquent des labels luxueux ou de créateurs, vintage ou récents. À suivre sur son fil instagram, les looks picorés dans ses rayons par l’influenceuse @theselenarose 13

La Consigne Store

16, rue d’Austerlitz – 03 88 35 59 95 laconsignestore.fr Une adresse spécialisée en marques streetwear et skate de seconde-main et sneakers de collection. Leur « Consignment » ? Chaque dépôt est payé 7 jours après la vente. Simple, efficace et circulaire pour renouveler sa penderie et racheter une nouveauté.

Mais aussi 14

Accessible

14, rue du Jeu des Enfants 03 88 32 73 66 15

Fanfreluches et Colifichets

27, rue Brûlée 03 88 37 02 48 16

Troc Mode

17, rue Sainte Barbe O3 88 32 68 98

Rehab Second Hand Shop - 7, rue des Bateliers

Accessoires 17

L’Horlogiste

9, rue du Dôme - lhorlogiste.com Montres vintage de luxe. Outre sa sélection de montres mythiques des années 30 à aujourd’hui, d’un chronographe Oméga à une Rolex, ce spécialiste en montres vintage entretient et révise vos précieux garde-temps. Il paraît d’ailleurs qu’il passe moins vite avec une belle montre au poignet. 18

La Lunetterie du Coin VOIR P. 98

24, rue du Faubourg de Pierre & 50, rue du ­Bassin d’Austerlitz - lalunetterieducoin.fr 19

Antiquités Schon-Grandin VOIR P. 100

9, rue du Chaudron - schon-grandin.com

En périphérie 20

Social Market

Cellule n°20 - socialmarket-coeuralsace.fr Ce nouvel espace dans la zone commerciale Shopping Promenade regroupe plusieurs enseignes solidaires, vintage et de seconde main : La Consigne Store (dépôt-vente streetwear et skate), Carijou (jeux et jouets solidaires), Farfafouilles (livres & BD d’occasion), Vétis (mode éco-responsable), Little Tokyo (rétrogaming) ou Les Gentleman Designers (mobilier design vintage et upcyclé à Handschuheim). 21

Emmaüs Mundo’

4, rue du Général Rapp , Mundolsheim emmausmundo.wordpress.com


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Mode homme

Super frais Pas un été sans un costume en « seersucker » dans son dressing. Ce fabuleux tissu gaufré infroissable, léger et aéré sait vite se faire oublier et se renouvelle cette saison chez Tagliatore dans une inhabituelle et délicate teinte noire et rose poudré qui change de l’éternel bleu ciel. Une matière première d’exception, provenant de la prestigieuse filature italienne Guabello (fondée en 1815) dont les valeurs de transparence et de traçabilité de production sont en accord avec la démarche de Valérie Pombart, prescriptrice en vestiaire masculin et étoffes de saison bien sourcées. Revenge Hom 4, rue du Fossé des Tailleurs revenge-hom.com

Photo : Alexis Delon / Preview

Beauty spot

Sensorialité retrouvée Qui n’a pas rêvé ces dernières mois de faire peau neuve en confiant son épiderme à des mains expertes ? Celles de Joëlle Gstalder, maître artisane en esthétique de la maison de beauté Ollisane et de son assistante Kimya font tout simplement des merveilles ! À la clé ? Une routine beauté ultra-calibrée dans un cadre lumineux et élégant, avec de hauts plafonds moulurés, niché au cœur du quartier du Neudorf. On s’y presse pour des soins sur-mesure et une expertise en beauté globale, que ce soit en naturopathie holistique, cornéothérapie, nutrition, massages énergétiques, micro needling (une technique de micro-perforations favorisant le renouvellement cellulaire) ou pour des séances d’endermologie (LPG), histoire de traquer les capitons avant d’enfiler son maillot. Mais également pour les protocoles de Biologique Recherche (photo) et les sérums de ce laboratoire parisien adoubé par les spas des Palaces et Sofia Coppola herself. Ollisane, Maison de beauté 32, avenue Léon Dacheux ollisane.fr


Éco-design

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Hommes du monde Ces Gentlemen Designers ont de la suite dans les idées et sont pile là où il faut être aujourd’hui. Entourés d’une équipe de créatifs, Clément Bourdier et Julien Chopard chinent, rénovent et customisent du mobilier scandinave et industriel depuis déjà une dizaine d’années, collaborant avec des artisans locaux pour leurs différents projets d’agencement, architecture intérieure et design graphique. Dans leur show-room, un ancien corps de ferme alsacien à Handschuheim, et dans leur récent corner du Social Market de Shopping Promenade à Reichstett, ces jeunes ébénistes sensibles à l’économie circulaire réalisent également des meubles très bien dessinés pour combler toutes les demandes sur-mesure.

Centre d’expertise et d’excellence des traitements visage et corps

Gentlemen designers 19, rue Principale, Handschuheim Social Market n°20, Shopping Promenade à Reichstett gentlemen-designers.fr

À l’écoute de votre corps et de votre peau pour en révéler tout son potentiel

32, Avenue Léon Dacheux à Strasbourg Neudorf 03 88 39 28 34 | ollisane.fr


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Design

Bossa nova

Chez Roche Bobois, la nouvelle collection Rio Ipanema imaginée par l’artiste et designer Bruno Moinard cristallise toutes les envies de l’époque : « J’ai donné un esprit, une épure précise à un univers de formes et de matériaux inspiré des années 1950. J’étais en recherche de sensations, sans verser dans l’ostentation. » Éco-conçue en Europe, la table à plateau en verre trempé et son piétement organique en chêne massif défibré teinté se décline en bout de canapé avec un plateau revêtu de cuir. Quant au buffet bas, ses lignes brutalistes s’ouvrent sur un intérieur à éclairage LED et se fera l’écrin de vos céramiques préférées. Ne reste plus qu’à écouter The girl from Ipanema d’Astrud Gilberto & Stan Getz pour friser la perfection. Roche Bobois RN 63, 8, rue du Chemin de fer à Lampertheim roche-bobois.com

Convergence L’alliance verte et design de la saison ? Celle de l’iconique système USM avec la belle simplicité d’un pot d’horticulture. En souhaitant faire entrer la nature au sein de nos espaces de travail, les espaces publics et nos maisons, le fabricant suisse a fait le choix de lui adjoindre de nouvelles plaques perforées pour accueillir des pots en terre cuite de fabrication allemande et disponibles en deux teintes (terracotta et basalt). À combiner à la nouvelle fonctionnalité USM Haller E pour offrir aux plantes un éclairage constant et adapté à leurs besoins, ainsi qu’au kit d’arrosage avec indicateur de niveau d’eau. De quoi se reconnecter à la nature tout en nourrissant sa passion pour le beau design. decoburo-store.com usm.com

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Arts de la table Bijoux Cosmétiques Carterie/Papeterie Jouets llustrations Livres Luminaires Musique Objets Déco Textile

Et toutes les infos du Parc naturel régional des Vosges du nord...

PNRVN 2021 (c) E Wilhemy

A l’accueil-boutique de la Maison du Parc, une cinquantaine d’artisans, de créateurs, d’artistes du territoire et de la région sont réunis. Des pièces uniques ou réalisées en petite série, du fait main avec des matières nobles, naturelles et durables.

Ouvert d’avril à octobre : du mardi au samedi : 10h - 12h30 et 14h - 18h, le dimanche : 14h - 18h. De novembre à mars : du mardi au vendredi : 10h - 12h30 et 14h - 17h. Du 7 au 15 août, pendant le festival Au grès du jazz, les horaires sont modifiés, renseignez-vous !

Château / Maison du Parc naturel régional des Vosges du nord Boutique : 03 88 01 49 64 - parc-vosges-nord.fr parcvosgesnord


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Design

Bain d’épure Quand le prestigieux cabinet de design, d’architecture et d’ingénierie Foster+Partners, dirigé par Norman Foster, travaille en étroite collaboration avec Porcelanosa Grupo, cela donne naissance à Tono, une collection de salle de bains sans détails superflus où élégance et durabilité font langage commun. Un partipris esthétique minimaliste et versatile, où les différents éléments offrant d’infinies configurations et les matériaux comme le noyer, l’érable, le calcaire et le marbre affichent une belle naturalité. Parmi les nouveautés, on aime aussi les collections Column de Yonoh Studio et Balda du designer Jorge Herrera, deux autres bonnes raisons de succomber aux sirènes du design et faire du bain la pièce maîtresse de son intérieur. Porcelanosa, rue des Artisans à Vendenheim 03 88 20 92 12 porcelanosa.com

Lumière

Terrain de jeu Rester chez soi a exacerbé notre envie de nous entourer d’objets sensibles et plus personnels, qu’ils soient vintage, faits main ou dessinés de main de maître, à l’instar de la suspension Zettel’z 5 d’Ingo Maurer. Sculpturale et aérienne, elle possède cette qualité rare : devenir unique et réveiller notre créativité, avec 31 feuillets en papier japonais à assembler soi-même et sur lesquels s’égrènent (en dix langues) des vers sur l’amour et des citations sur le vice… Quant à la liasse blanche livrée avec, elle n’attend plus que vos esquisses. À vous de jouer ! Salustra 91, route des Romains salustra.fr


Maison européenne de l’architecture – Rhin supérieur Europäisches Architekturhaus – Oberrhein

Design

Alternatives ? Architecture ! Alternativen? Architektur !

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Chunky Les canapés moelleux n’ont jamais autant été demandés en ces temps de télétravail. Toujours dans la famille des canapés monobloc bien fabriqués en Europe, je demande donc Apple de chez Mobilier de France, un élégant aux formes généreusement capitonnées et aux réminiscences seventies. Ajoutez à cela trois longueurs (de 200 à 250 cm), un choix de finition de plus de 300 couleurs de tissu et microfibres et la possibilité d’y adjoindre une assise en Bultex et des coussins cales-reins et vous avez de quoi faire défaillir n’importe quel décorateur en herbe… Même si cette version en microfibre veloutée vert forêt remporte tous les suffrages de la saison ! Mobilier de France 6, rue de Chemin de Fer à Lampertheim mobilierdefrance.com

24.09 ,31.10 2021 Alsace – Baden-Württemberg – Basel www.m-ea.eu

Tchungle jardinerie

• urbaine

La première jardinerie urbaine au cœur de Strasbourg Plantes d’intérieur | Terrariums | Cactus | Pots et cache-pots | Décoration | Ateliers

20 rue de la Division Leclerc 67000 Strasbourg du mardi au samedi de 10h à 19h


Photo Alexis Delon / Preview

CHIC


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Défendre un producteur local en s’engageant à lui acheter sa production, c’est un bon début mais si vous ne mettez pas d’humain dedans, si vous n’allez pas à sa rencontre de temps à autre, […] c’est oublier que la durabilité, elle passe par le contact. Hugo Roellinger Chef du Coquillage, à Cancale

La Table.


Mais qu’est-ce que c’est que ce bazar ? Cette double page n’était-elle pas dédiée aux produits de notre terroir ? Affirmatif. Difficile d’envisager que la mozzarella soit produite dans nos contrées. C’est pourtant le cas… à Uhrwiller. L’occasion de remettre les papilles à l’heure italienne. La Table—Le produit

Par Cécile Becker / Photo Alexis Delon / Preview

La mozzarella

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Réservoir des recettes les plus gourmandes et ensoleillées du monde (ne mâchons pas nos mots), l’Italie exerce son pouvoir de séduction par ses recettes simplissimes et ses produits gorgés de chaleur, caressés par la brise marine et chahutés par les terres volcaniques. Une cuisine de caractère. Au-delà de l’assiette, cette fascination vient probablement de l’authenticité qui ne cesse de charrier notre imaginaire : la m ­ amma, intransigeante, préparant patiemment ses pâtes, son pesto ou son ragù, le ­pizzaiolo ruisselant devant son four à bois, la patience que requiert la préparation d’une pâte ou d’un parmesan maturé à la perfection… En fait, l’Italie, c’est le temps long du sud, le plaisir absolu de la cuisine et du partage – pizza, mon amour – et toute une culture du produit bien fagoté. Sur le podium des mets de la botte et de son caillou qui, en toute circonstance, nous font saliver, la mozzarella tient une place de choix. Hiver comme été, fondue et fondante sortie du four sur un plat de lasagnes, s’étirant en filets du cœur d’un arancino croquant jusqu’à notre bouche, ferme et fraîche tout juste arrosée d’huile d’olive, de sel et de poivre, l’indécrottable insalata caprese semble enfin avoir laissé sa place à ce qu’il faut de sobriété. Sensuelle, la princesse. À déguster avec Ornella Vanoni L’appuntamento Adriano Celentano 24 000 Baci Edoardo Vianello Guarda Come Dondolo Alex Rossi L’Ultima Canzone Lucio Battisti Ancora Tu

Domaine des Bufflonnes Uhrwiller, à la Nouvelle Douane à Strasbourg domainesdesbufflonnes.fr

Mozzarella… et mozzarella Il faut d’abord distinguer les mozzarella. Il y a la mozzarella « caoutchouc », boostée et travestie notamment par Lactalis (qui, depuis plusieurs années, rachète consciencieusement les entreprises italiennes productrices de fromages), la mozzarella au lait de vache (éventuellement fior di latte si elle est artisanale), la mozzarella di latte di bufala fabriquée avec du lait de bufflonnes d’ici et d’ailleurs, et enfin la mozzarella di bufala Campana, à base de lait de bufflonnes de Campanie et protégée par une AOP (la fameuse DOP, denominazione di origine protetta. Tout un poème. L’histoire, comme souvent avec le fromage, débute avec une erreur (et ce qu’il faut de légendes invérifiables). Au XIIe siècle, des moines de la région de Campanie, probablement trop occupés à prier, ont un peu laissé traîner du lait des bufflonnes qu’ils élevaient, ça a caillé et paf !, ça a fait de la mozzarella. Ils en auraient fait des m ­ ozzi (morceaux), du verbe mozzare signifiant « couper net » et évoquant la découpe de la boule, à la main, entre les doigts et le pouce. Les pèlerins passant dans le coin s’en seraient apparemment tellement régalés que, peu à peu, la mozzarella est devenue la spécialité de cer-

taines provinces de quatre régions du sud : la Molise, la Campanie, les Pouilles et le Lazio. Si les bufflonnes ne sont pas élevées dans cette zone géographique, c’est simple, le Consortium pour la Sauvegarde de la mozzarella di bufala Campana ne valide pas la DOP. Mozzarella, qu’est-ce que c’est ? Pour reconnaître une bonne mozzarella, d’abord, on l’observe. Ce doit être une boule, une tresse, des petits nœuds ou des perles, e basta. Un petit bourrelet de matière termine la boule ? C’est le signe qu’elle a été façonnée à la main (la plupart du temps, l’industrie rivalisant de truchements pour nous rouler dans la farine). Sa couleur doit être blanche comme de la porcelaine, elle doit être lisse, légèrement briller et, à la découpe, libérer un peu de lait. L’enveloppe, elle, doit faire preuve de résistance sous le couteau. Notez que plus la mozzarella est fraîche, plus elle est ferme. Mozzarella di bufala di Uhrwiller Ça claque, non ? Au Domaine des Bufflonnes d’Uhrwiller, l’attention est tout aussi poussée qu’en Campanie, notamment sur l’élevage des bufflonnes. Michaël Christmann, l’agriculteur, nous l’explique : « C’est un animal rustique, presque jamais malade, qui a un caractère très entier. La moindre contrariété et la bufflonne bloque sa lactation. Mais c’est aussi un animal très attachant qui recherche le câlin et les contacts. » Plus elles seront bichonnées, plus leur lait, déjà précieux (10 litres par jour contre 28 litres pour une vache laitière), sera délicieux. Et lorsqu’on sent un bon goût de lait dans la mozzarella, c’est que la bufflonne a été bien nourrie et traitée. Les bufflonnes de Michaël ont été achetées auprès d’un couple d’éleveurs de Forêt-Noire, particulièrement regardant sur l’engagement de leur confrère. Une mozzarella di bufala (photo) faite sur le domaine par une fromagère chevronnée, faite dans les règles de l’art : une texture parfaite et le goût du terroir. D’ailleurs, l’émission culinaire Très Très Bon de François-Régis Gaudry l’a classée seconde sur le podium des meilleures mozzarellas françaises. Les Italiens diraient perfetto… mais comme ils sont aussi ­chauvins que nous…


En Alsace, le réseau solidaire Stamtish accompagne des personnes issues de l’immigration via la restauration. Prestation de traiteur, ateliers cuisine, « pop-ups » ou plus récemment escape-game culinaire… l’assiette se fait vecteur d’inclusion socio-professionnelle et de lutte contre les discriminations. Par Martin Lelièvre La Table—Le reportage

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Cuisines d’un même monde

Quoi de mieux que de préparer et de manger un bon repas pour s’ouvrir à l’autre ? Dans les locaux de La Cuisine de Demain, quartier Gare, le chef Hussam Khodary prépare des bocaux de falafels et de houmous. Cet ancien cadre hospitalier syrien est arrivé en France il y a sept ans. Sa reconversion dans la restauration a été notamment facilitée par l’association Stamtish. Ce « réseau solidaire de l’assiette » l’accompagne aujourd’hui : « Ça m’a surpris, parce qu’ils m’aident vraiment pour tout ! Même pour certains sujets familiaux. » Après une première tentative de création d’un restaurant, fermé suite à la pandémie, Hussam réitère l’expérience. Avec Stamtish, ils vont lancer un crowdfunding pour son prochain local. Laura Suffissais, la coordinatrice de l’association depuis mai 2020, est devenue une de ses proches amies. « Quand j’ai arrêté le premier restaurant, Laura est venue me voir pour que je ne reste pas sans activité et sans argent, se rappelle Hussam. Elle l’a dit et elle l’a fait. » Depuis, le chef travaille avec Stamtish sur différentes prestations. Par exemple, sur le Refugee Food Festival (RFF), dont l’édition strasbourgeoise est co-portée par Stamtish depuis 2019. Cet événement met en avant des cuisiniers et cuisinières ayant le statut de réfugié, et les plats de leurs pays d’origine. À l’époque des premières éditions du RFF, Hélène Berrier, une des co-fondatrices de Stamtish, cherchait à ouvrir une antenne du festival à Strasbourg. Après deux ans de coordination et de mise en place de l’événement en Alsace, elle

monte une équipe de huit femmes pour créer une structure « pérennisant les actions du RFF en local » tout au long de l’année. Stammtisch veut dire « tablée conviviale » en alsacien. « Au départ, on n’avait pas de moyens ni de cuisine, on cherchait juste à aider et à accompagner. L’évolution a été incroyable ! » se rappelle Julia Wencker, une autre des co-fondatrices. Amalgamée par l’engouement du public, des soutiens institutionnels et des restaurateurs, la sauce Stamtish prend très vite et la structure se retrouve débordée de demandes. « La cuisine du monde, ça attire. » Strasbourg était peut-être aussi le lieu parfait pour une telle structure, par son caractère de carrefour international, de capitale européenne et de lieu d’expérimentation culinaire. La cuisine, ce patrimoine immatériel Après une première participation au RFF en 2019, Hossein, réfugié iranien, anime ce jour-là un atelier cuisine aux Petites Cantines dans le cadre du festival. Il initie curieux et curieuses aux joies du kashk bademjan (caviar d’aubergine) ou du zereshk polo (riz au poulet iranien). Pour briser la glace et la barrière de la langue, un tour de table des participants est lancé. Chacun doit raconter « sa météo interne et une madeleine de Proust ». La cuisine comme déclencheur de discussions. Déborah Denny, la maîtresse de maison des Petites Cantines, est ravie de pouvoir travailler avec Hossein et Stamtish. Pour elle, il s’agit de réunir autour d’un même plan de travail « des

Stamtish au restaurant La cuisine de demain avec le chef Husssam Khodary Photo Martin Lelièvre Fatima prépare un déjeuner yéménite au Botaniste lors du dernier Refugee Food Festival Photo Lucile Ali Les atayef de Rami préparés au restaurant L’acoustic lors du dernier festival Photo Lucile Ali


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La Table—Le reportage

La cuisine permet d’ouvrir des fenêtres quand on a des préjugés. Laura Suffissais, coordinatrice de Stamtish

Aller plus loin Nos adresses solidaires Les 7 Pains Alsace Ce double restaurant social et solidaire (sous l’égide de l’association Caritas) emploie essentiellement des personnes en réinsertion professionnelle. L’établissement fonctionne sur deux étages : un selfservice pour les personnes en situation de précarité et un restaurant traditionnel finançant la structure. 8, rue de l’Arc-en-Ciel Wagon Souk Cet espace interculturel alternatif et autogéré propose une diversité de services, le plus souvent à prix libre. Le plus central étant la cuisine de Mama Souk, une cheffe sénégalaise. 91, route des Romains Les Petites Cantines Ce réseau national de cantines de quartier propose des plats « durables, participatifs et à prix libre » avec pour objectif de créer des liens de proximité grâce à la cuisine. 5, rue Kuhn

personnes issues de pays différents, de cultures différentes, de parcours de vie différents… qui œuvrent ensemble à un plat qui va permettre de se nourrir et de partager un bon moment ». Elle y voit un lien direct avec le principe de son restaurant associatif et participatif du quartier Gare, qui œuvre au décloisonnement de personnes isolées. « Quand on partage un petit peu de ce qu’on cuisine, on partage un bout de sa culture, de son histoire personnelle. On a tous des souvenirs liés à la cuisine… » Question de confiance « La cuisine permet d’ouvrir une fenêtre quand on a des préjugés », estime Laura Suffissais, actuelle coordinatrice de l’association. C’est un premier pas vers l’autre et un bon médium pour poser des questions sur la culture ou l’histoire des gens. » La confiance s’installe d’autant plus facilement que les gens aiment partager leur art. « La cuisine permet de partager quelque chose de leur vie d’avant, de se raccrocher à ce qu’ils ont laissé en partant, rappelle-t-elle. C’est vraiment important pour eux de pouvoir se raconter et d’échanger avec les restaurateurs locaux. Beaucoup de restaurateurs nous disent qu’ils se fichent de la barrière de la langue parce qu’en cuisine, on parle avec les mains. » Dans les deux sens Pour Laura, la table est le moyen parfait pour éviter le rapport vertical qu’implique souvent l’action sociale : tout le monde prépare un repas ensemble. « Ça va dans les deux sens, renchérit-elle, insistant sur la nécessité de lutter contre les discriminations à plusieurs échelles.

Il n’y a pas d’insertion professionnelle sans inclusion sociale. » Stamtish cherche à éviter une relation « aidant-aidé », et plutôt à « mettre en place des mécanismes d’entraide ». Les cuisiniers et cuisinières désormais indépendants participent parfois activement à la vie de l’association. Hussam par exemple aide de temps en temps Stamtish sur des questions de traduction ou d’accompagnement de nouveaux cuisiniers. Sur des dizaines de chefs passés par la structure, plusieurs ont aujourd’hui un travail, voire ont ouvert leur restaurant. Poussé par ces symboles d’espoir, Stamtish a trouvé deux partenaires : Les Cuisines de Demain (plats bio, locaux et de saison) et la coopérative de livreurs Kooglof. « Maintenant, c’est beaucoup mieux parce qu’on a la cuisine, de la place, du matériel, un lieu paisible… Avant, on louait des locaux pour chaque événement. Les petites prestations n’étaient même pas possibles financièrement, se souvient Laura Suffissais. On était sur une magnifique pente ascendante avec des sollicitations de partout pour des prestations de traiteurs (festival, food court…). L’avantage pour nous avec le culinaire c’est qu’on peut débloquer des sous autrement que via les fonds publics. » Mais depuis le Covid, Stamtish doit encore fonctionner sur subvention à environ 80%. « Notre partie marchande a été mise en suspens. » Depuis juin, les affaires reprennent. Laura et son équipe espèrent que Stamtish pourra ouvrir son propre restaurant à l’horizon 2022. stamtish.com refugee-food.org


Terrasse les pieds dans l’eau Une cuisine traditionnelle du marché Soirée à thèmes

Pizzas et petits plats italiens Saveurs méditerranéennes. Produits en provenance d’Italie, auprès des meilleurs producteurs locaux. Fruits et légumes du jardin. Route du Plan d’Eau 67115 Plobsheim 03.88.76.25.05 info@l-escale-plobsheim.fr restaurant l’escale

La ferme tout simplement... www.rothgerber.alsace

14 rue Finkwiller à Strasbourg 03 88 37 11 51 FB leboccaccio


La Table Les nouveaux lieux

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Photos Alexis Delon / Preview

The Drunky Stork Social Club 24, rue du Vieux-Marché-aux-Vins thedrunkystorksocialclub.com

Une histoire mouvementée Depuis 1984,

le RDC de l’ancienne Strassburger Bank, bâtiment majestueux, était occupé par… des pigeons. La team Diabolo Poivre (La Hache, La Corde à Linge, Calmos, Tzatzi, etc.) l’a pris pour cible de son projet le plus fou (400 m 2 d’espace pour la clientèle, 800 m 2 au total) il y a plus d’un an. 3 millions d’euros ont été investis. Le ­designer Pascal Claude Drach – ami d’enfance de Gilles Egloff, l’un des associés – s’est chargé du dessin et de l’aménagement.

Bar, restaurant, tout en même temps

Le nom tarabiscoté (« le social club de la cigogne ivre ») trahit l’éclectisme du lieu. The Drunky Stork Social Club, c’est à la fois un restaurant, un bar, un café, des espaces pour des événements privés (deux salons au rez-de-chaussée et une salle à manger à l’étage disposant de son propre bar, tous trois privatisables) et un lieu de vie. Dans ce large espace évoquant un hall d’hôtel, surplombé par une sublime verrière, on retrouve l’esprit des pubs anglais. Un décor à la fois boisé, indus’ et bucolique, qui porte la marque des années folles. Les points saillants Le maître mot : le métissage. La pièce maîtresse : le bar central qui

fait face à la porte monumentale, entouré d’un séduisant comptoir, surplombé d’un cabinet de curiosités et, surtout, d’un gigantesque baffle faisant office d’écran de projection. Alcôves et mezzanines s’articulent tout autour. Pour travailler l’acoustique, Pascal Claude Drach a habillé le lieu de tissus, voilages et autres rideaux renforçant encore l’impression d’intimisme. Chic et rococo. À table ! Des entrées au top : houmous, samossas de légumes et une excellente (non mais vraiment !) pastilla de canard confit. Des plats du monde entier dont un curry de légumes, un très bon ceviche de dorade (la mousseline de patate douce est à se taper le cul), un fish and chips et des mac and cheese gourmandes (obligé !). Le tout arrosé d’un Pimm’s rafraîchissant, d’une belle carte de cocktails (avec et sans alcool) et de gins, de vins tradi, bio et nature. On aime Le superbe sol en mosaïques. Le patchwork de couleurs chaudes. Le comptoir, où l’on peut poser son téléphone pour le charger. L’espace cuisine du rez-de-chaussée (la cuisine principale est au sous-sol) où l’on voit les cuistots s’affairer. La cuisine cosmopolite. (C.B.)


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Photos Jésus s.Baptista

Umaï 5, rue des Orphelins Facebook : UmaiRamenStrasbourg

On ne badine pas avec les ramen

Dans une autre vie, Loan Nguyen préparait les commandes à livrer d’un restaurant asiatique. Du jour au lendemain, elle s’est retrouvée propulsée cuisinière. Ça lui a fait comme un déclic. Partie au Japon il y a deux ans, elle y a découvert la culture des ramen et s’y est goulûment plongée. Une formation au Japon puis à Singapour plus tard, elle maîtrise la préparation des nouilles, l’amalgame des huiles, la marinade des garnitures, viandes et œufs, et surtout… les bouillons. Umaï, c’est du sérieux !

Le ramen, c’est quoi ?

« Des petits éléments qui demandent beaucoup de travail. Une question d’harmonie des goûts et des textures. On doit y retrouver l’umami », cette cinquième saveur qui lie toutes les autres (sucré, acide, amer, salé) avec finesse. Les ramen, il en existe de toutes sortes, mais ce qui fait la différence, c’est avant tout le bouillon, qu’il soit shoyu, miso, tonkotsu ou shio (dans l’ordre soja, miso, os de porc ou sel).

Le ramen de Loan

Loan a fait quelques adaptations pour ses bouillons, moins salés qu’au Japon pour s’adapter au palais européen. Elle les prépare avec du poulet, moins gras que le porc, et aussi plus facile à trouver. Elle marine sa viande (un chashu de porc vraiment parfait), son bambou, ses œufs, prépare son poulet karaage (frit, divin dans le maze­s oba, ramen sans bouillon) et… prend le temps pour ses bouillons, surtout son paitan (bouillon riche et crémeux) qui mijote pendant 6 heures. Des gestes artisanaux auxquels elle tient. Elle ne fera aucune concession sur la qualité.

Verdict

On a pris une claque. Parce que la marinade de la viande, parce que le goût des bouillons et parce que les textures s’allient à la perfection. Notez que Loan attend impatiemment sa machine pour pouvoir enfin cuisiner ses nouilles maison. Le tout dans un décor épuré. (C.B.)


La Table Les nouveaux lieux

Photo Julie Iltis

Surtout 11, place du Temple neuf surtout.fr

Photo Jésus s.Baptista

Brasserie Gusto 13b, route de Vienne 03 88 84 04 17

Le retour…

Aysé Wilhelm avait laissé le centre-ville orphelin de sa cuisine méditerranéenne en décidant de s’expatrier à la Meinau. Mais ce n’était qu’un au revoir. Une rencontre avec Vincent Léopold (son associé) plus tard, elle repère un nouveau lieu, investi de la déco experte d’Edith du Fou du Roi. Des bébés verront le jour ici ou ailleurs…

Comme un coffee shop

Le lieu est ouvert de 8h à 21h, un pari pour une ville entortillée dans ses habitudes. Mais la carte a de quoi convaincre : babka, tarte rustique du jour, brioche, granola maison, tartinades, sandwichs (dont un pulled pork !), soupe et quiche du jour, pâte à tartiner maison, plats hyper travaillés, scones, cocktails, and more and more and more.

Les plus

L’équipe au top du top emmenée par la pétillante Candice Henri. Les mets d’une finesse folle qui nous font oublier les prix un tantinet élevés. Le cold brew (café froid infusé pendant 18 heures) absolument parfait. Une carte de vins natures par Au fil du vin libre. Tout est fait maison, sauf le pain. Sur place et à emporter. (C.B.)

De la langue au palais

En italien, gusto signifie le goût. Voilà pour la langue. Pour le palais, le chef Jean-Claude Mannlein et son équipe s’en chargent, avec des plats copieux aux saveurs méditerranéennes. Une générosité qui se décline aussi bien au travers des salades que des pizzas, des poissons et des viandes, sans oublier les desserts. Le tout avec des saveurs rafraîchissantes, comme ces tranches de melon accompagnées de jambon et ce carpaccio de saumon juste au poil.

Zut, c’est l’automne

La brasserie Gusto se trouve au pied des immeubles tendance guimauve, décor de la série mode de notre dernier numéro paru à l’automne 2020, entre le parc de l’Étoile et le centre commercial Rivétoile. Atouts non négligeables : une terrasse loin du tumulte de la ville et des prix plutôt doux, tant au niveau des cocktails que de l’assiette. Bref, l’Italie qu’on aime ! (F.V.)


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Photos Jésus s.Baptista

Tantunio 13, rue de la Brigade Alsace-Lorraine Facebook : tantunio

Un produit, une ambassade

Chez Tantunio, le tantuni est roi. Plutôt logique, mais de quoi parle-t-on au juste ? Le tantuni est un plat traditionnel de la ville turque de Mersin, sur les bords de la Méditerranée, totalement méconnu de ce côté-ci du Rhin. Ce secret, encore bien gardé, s’avère une sérieuse alternative au kebab et à la street food. On vous explique : dans le tantuni, tout est question de délicatesse, de finesse, voire de tendresse. À l’image de la viande, en l’occurrence du collier du bœuf coupé en julienne. Préparée sous vos yeux dans une sorte de wok, elle est ensuite embaumée d’un accompagnement d’oignons, de persil et de tomates. Le tout assaisonné d’huile de coton puis savamment disposé dans une galette. C’est donc vite plié, et il y a moyen d’accompagner le tout avec des frites – est-ce bien raisonnable, hein ? – et d’un yaourt frais à siroter sur place. Une version à base de poulet est également proposée à la carte. Pas de sauce exotiques, en revanche, le tantuni se déguste nature.

Un sérieux variant au kebab

« C’est un kebab travaillé différemment », avance Bag Nevzat, le fondateur de Tantunio, sis depuis le 14 mai dans le quartier de la Bourse en lieu et place d’un pressing. Pour celui qui a également conçu le logo de l’établissement, un cuistot moustachu, la noblesse du produit prime. « J’ai toujours travaillé un seul produit pour atteindre la meilleure qualité », explique-t-il. Une méthode largement éprouvée du temps où Bag Nevzat officiait dans le kebab. Au début, c’était à Thann, et sa clientèle venait parfois de très très loin pour manger dans son restaurant. Autrement dit, Tantunio et son tantuni valent carrément le détour. (F.V.)


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Kebs Baba 26, rue du Vieux-Marché-aux-Vins Facebook : Kebs Baba

Photos Atelier Gilbert

Un kebab de chef, chef !

C’est l’association d’Ozgur Ucmaz (Burger Club) et d’un boucher. L’alliance entre le véritable ­kebab de Turquie et celui de Berlin. De bons produits, une broche montée maison avec des bons morceaux de viande de bœuf ou de poulet tranchés, cuits avec du charbon. Ici, pas de congélateur, pas de conservateur, pas de phosphate (additif chimique, largement utilisé…).

Oh baba !

Pain au levain naturel du boulanger. Légumes frits. Viande marinée minimum 24h. Frites en deux cuissons. Sauces maisons. Quatre kebabs différents du plus classique (« comme au bled avec des tomates et du concombre en plus ») au plus fourni (comme à Berlin). Du halloumi frit (tuerie). Le kebab n’est pas lourd, digeste et… furieux ! La com’, elle, est rafraîchissante (les photos sont d’Atelier Gilbert) et l’aménagement assuré par Studio Petit Martin. À venir en plus du bob Kebs Baba : les chaussettes et les claquettes. (C.B.)


CHEZ VICTOR 125

BAR À SALADE — SANDWICHERIE

Madame Café

Photo Thibaut Muller

52, rue Principale à Schiltigheim Facebook : Madame Café

Cosy attitude

Un corps de ferme réhabilité en café dans le quartier des Brasseurs de Schiltigheim : c’est le projet de Laure Borriazzi, proprio et gérante de Madame Café, ouvert depuis début juin. Animatrice socio-culturelle de formation et schilickoise depuis 15 ans, elle voulait un lieu permettant aux parents de se détendre tandis que les bouts de chou s’amusent dans un espace dédié.

Une carte Made in Elsass

Des produits de qualité soigneusement sélectionnés en circuit court : pâtisseries de Jessica Kruth implantée à Schil-

tigheim, bière La Perle, cafés Mokxa torréfiés à Strasbourg et vin biodynamique de la Cave en Tournée. Madame Café régale !

Le mot d’ordre ? Upcycling

Poutres apparentes et murs d’origine, les architectes ont modernisé la bâtisse tout en conservant le côté authentique. Les luminaires en pot de terre cuite faits main par la propriétaire et les meubles chinés fondent ce décor dans l’air du temps. Un peu d’huile de coude et des amis motivés ont permis de créer ce café convivial. Tous à Schilick ! (Z.K.)

En livraison et en pick-up au restaurant 19 rue des Frères 17 rue Graumann

Strasbourg

09 75 33 68 47 chezvictor-tribunal.fr


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À la rédaction, nous avons nos rituels. Une petite faim ? Une bretzel. À force, notre regard et notre goût se sont affûtés, au point de lancer cette rubrique et dénicher les meilleures bretzels de la ville. La Table—Le test

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Réalisation Hugues François et Cécile Becker / Photos Hugues François

Anatomie de la bretzel 01

Une bretzel calibrée, moelleuse et humide. Ça colle au corps et au palais. Pour celles et ceux qui aiment la bretzel classique et bien salée. ———— 1€ Westermann 1, rue des Orfèvres

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Une bonne grosse bretzel bien charnue et aérée, avec un peu de croquant. Très équilibrée en goût. Une bonne odeur de pain frais. ———— 1,20€ Maison du Kougelhopf 11, rue du Dôme

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Elle est volumineuse et bien charnue. Une bretzel somme toute classique et « carrée », produite en labo et en nombre pour les boutiques de cette marque présente à Strasbourg, Kehl, Oberkirch ou Offenburg. ———— 1,10 € Dreher 5, place du Corbeau 50, rue des Grandes Arcades

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Ce matin-là, il n’y avait plus de bretzel nature. Nous nous sommes donc rabattus sur une bretzel au fromage (mais pas gratinée), on pense à une gougère ou à une génoise franchement plus briochée avec un goût de fromage subtil. ———— 1,20 € Au Petit Artisan 10, rue de Barr

05 → TOP 4

C’est du lourd, au sens propre comme au figuré. Une petite bretzel toute bio et toute mignonne qui pèse son poids, synonyme d’une pâte nutritive qui a pris tout son temps pour lever. Presque une odeur de brioche, et de la fleur de sel, pour changer. ———— 1,50 € La Boul’ange 4, rue de la Brigade Alsace-Lorraine

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Tout ce qu’on attend d’une bretzel : classique, bien calibrée, brillante, moelleuse, odeur typique, avec pas mal de sel. Une de nos collègues dira : « Une vraie bretzel à beurrer. » ———— 1,10 € Boulangerie Olland 34, route d’Oberhausbergen Cronenbourg

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Qu’est-ce qu’une bretzel chaleureuse ? Très moelleuse avec ce petit truc en plus tirant vers la brioche. Une bretzel friable et plus légère que ses copines, qui signe un choix de farine bio et équilibrée. ———— 1,50 € Ferme de Truttenhausen (Heiligenstein) Au marché des producteurs rue de la Douane

08 → TOP 4

Cette boulangerie située à deux pas de nos bureaux est notre QG, particulièrement pour ses bretzels. Elles cochent toutes les cases : croquantes et moelleuses, une odeur de baguette, une mie à la fois compacte et aérée. L’originalité ? Elles sont farinées. Rapport qualité/prix imbattable. ———— 0,85 € Boulangerie Journet 16, rue du Maréchal Foch

09 → TOP 4

Chez Zut, on adore les looks hors norme. Alors, cette bretzel manifestement façonnée à la main nous a immédiatement tapé dans l’œil. Une mie compacte, un côté brut et rustique et des croisillons craquants. Un goût de reviens-y. ———— 1,20€ Ferme de Malplaquet (La Broque) Au marché des producteurs rue de la Douane

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Ultra-calibrée, signe d’un procédé hybride alliant machines et geste artisanal (elle est nouée main). C’est le festival du sel et du moelleux. ———— 0,90 € S’Bretschtelle Eck 11, rue des Frères Lumière Eckbolsheim

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Ne vous fiez pas à l’air halloweenesque de cette très bonne bretzel, croustillante à souhait. Une bonne odeur et un goût rappelant le pain. De la mâche et du bon sel. ———— 1,10 € Woerlé 10, rue de la Division Leclerc

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Une bretzel qui, à coup sûr, plaira à tout le monde. Moelleuse. Rien à signaler. ———— 1,10 € L’Allégorie 17, rue d’Austerlitz Conclusion : Difficile de choisir LA meilleure bretzel tant elles sont, chacune, très différentes. Tout dépend de ce que vous aimez dans la bretzel : son taux d’humidité, le croustillant (ou non) de ses croisillons, son moelleux, son croquant ou bien les deux…


La Table — L’été

Quelques spots, douceurs et trésors bien sentis pour échapper à la chaleur et au tumulte, se désaltérer et… afficher son amour de l’Alsace sur la plage.

Le bon coin 1

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Les vins de l’été Le Cellier des Boulevards

Le bon jus Les Jus Rothgerber

Delphine et son époux Fabien passionné du Japon gèrent cette cave indépendante offrant une large gamme d’alcools, du vin de tous les jours au plus prestigieux spiritueux, avec notamment un beau rayon de sakés. Voici leur sélection pour l’été. — L e saké Ryushei Shiro Junmai Ginjo (47€) de la région d’Hiroshima (historiquement la région du saké), fluide en bouche, se marie avec la cuisine provençale et les salades légères. — Le Châteauneuf-du-Pape bio L’insolite, 2009, domaine Saint-Paul (49 €), 100% Syrah : un équilibre parfait, idéal pour accompagner les viandes et les grillades. — Le Saint-Émilion bio, premier grand cru, classé Château Canon la Gaffelière 2006, domaine Comtes Von Neipperg (147 €), merlot, cabernet franc et cabernet sauvignon : de la complexité pour un élixir précieux. Notez : des soirées dégustations seront organisées une fois par mois à partir de septembre. (Z.K.) 23, boulevard de la Marne lecellierdesboulevards.com

Pour répondre aux envies de douceur, les jus Rothgerber proposent différentes créations à base de pommes produites dans leur ferme. Une note d’exotisme à l’alsacienne ? Le jus pomme-passion gorgé de fraîcheur. Le jus pomme-fleur de sureau, une création originale de la ferme Rothgerber mais aussi le pomme-mirabelle pour sceller, enfin, l’amitié entre l’Alsace et la Lorraine. On trouve aussi du jus de raisin Muscat d’Alsace bio, du cidre et du pétillant de pomme. Le Jardin d’Eden n’a qu’à bien se tenir. À retrouver dans les magasins-fermes un peu partout en Alsace et dans quelques grandes enseignes. Leurs fruits sont également disponibles à la vente dans leur ferme à Traenheim. (Z.K.) rothgerber.alsace

La terrasse à l’écart 3 L’Escale  Photo Pascal Bastien Au bord du plan d’eau de Plobsheim – un cadre assez rare pour être souligné –, Laurent Moyemont, chef et gérant du restaurant, nous régale depuis mai 2019. Après une reconversion en 2015, ce passionné de cuisine décide de mettre en avant des plats originaux, sur une carte renouvelée tous les deux mois. De la salade de poulpe avec sa déclinaison de courgettes aux gambas panées accompagnées de beignets d’aubergine et de sauce wasabi, c’est une véritable explosion de saveurs. On adore la formule brasero à volonté tous les troisièmes samedis du mois, avec Saint-Jacques, gambas, petits légumes, etc. On prend le large, à une demi-heure du centre-ville et une quarantaine de minutes à vélo en longeant le canal du Rhône au Rhin, pour les plus téméraires. (Z.K.) Route du Plan d’eau à Plobsheim

Le livre de plage 1 Coolglof C’est vrai que c’est un gros livre à emporter dans sa valise, mais avec lui, c’est sûr, pas de mal du pays. Des kouglofs ovnis et farfelus pour se réapproprier cet emblème alsacien et se poser les bonnes questions sur le poids des traditions. Par la designer Sonia Verguet. (C.B.) soniaverguet.com Instagram : @cool.glof

La glace, la classe 2 Glacier Toscani  Photo Jésus s. Baptista On aurait pu vous parler de Chez Franchi, mais on préfère les adresses à l’abri, en l’occurrence Toscani. La petite boutique, en recul de la frénésie de la ville, propose des sorbets, crèmes glacées, milkshakes et même bacs de glace à emporter chez soi (la bonne idée), le tout de fabrication artisanale. Sa fior di latte – ce n’est pas de la mozzarella mais la crème glacée de base qui s’acoquine de cerise pour l’amarena ou de chocolat pour la stracciatella – est ce que se fait de mieux en la matière. Ce qu’on aime ? Le parfum pistache aux pistaches de Sicile (la couleur est brune puisque la glace n’est pas bourrée de colorants), le bon goût de fruit des glaces et sorbets (attrapez-les tous !) et les associations qui sortent de l’ordinaire (demandez conseil !). (C.B.) 4, rue de la Lanterne


À bientôt 30 ans, Thierry Mendele est le chef et patron du restaurant Le Boccaccio. Exigeant avec lui-même et intransigeant sur sa cuisine, il ne fait pas de concessions, et surtout pas sur la qualité. La crise lui a même permis de renforcer ses convictions. La Table—Le portrait

Propos recueillis par Cécile Becker / Photos Christophe Urbain

L’exigence, jusqu’au bout

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Thierry Mendele, on l’avait rencontré entre les deux confinements. Le chef était alors exsangue, désemparé par la situation sanitaire, la tempête administrative et financière. Alors que les magazines et l’arrêt partiel de notre activité nous ont imposé le temps de la réflexion, nous avons repensé au Boccaccio. Si un tel découragement s’était exprimé, c’est qu’il y avait de l’engagement. Il fallait le raconter, et donc le revoir. « Après le premier confinement, la situation a clairement été délicate, reconnaît Thierry Mendele, que nous avons retrouvé serein et détendu. On a su trouver les aides financières et les ressources nécessaires pour rebondir. » Après la tempête : table rase et ardoise nette. Thierry a investi pour insuffler une nouvelle énergie au Boccaccio : travaux, achat de nouveau matériel, d’une rutilante trancheuse pour proposer de l’excellente charcuterie tranchée minute, nouvelle organisation, nouvelle carte, embauche de personnel. C’est une nouvelle version de son restaurant que nous découvrons. Se prendre la dure réalité dans la face, une claque pour le dire clairement, l’a fait se recentrer sur l’essentiel. Le chef a donc circonscrit son travail à ses désirs de cuisine : simple, fine, travaillée et exigeante. Plus question de s’égarer. Lorsqu’il est arrivé aux manettes du Boccaccio début 2018, Thierry Mendele a fait le choix de conserver le nom et l’identité du restaurant, italien depuis 30 ans, et d’y adjoindre des recettes classiques.

Au début, il en faisait beaucoup, peut-être trop… En repos forcé, il a bossé et bossé dur, lu, potassé les recettes traditionnelles italiennes, y a puisé l’envie d’aller plus loin, et même de préparer le concours Meilleur Ouvrier de France. Son carnet de notes, qui anticipe les quatre prochains mois, déborde d’idées. Du coup, la carte s’est allégée : moins de pizzas, quatre entrées seulement, de la charcuterie, deux plats de pâtes, deux risottos, une viande, un poisson… L’organisation est facilitée en cuisine, et le travail plus fin encore : « C’est une nouvelle philosophie : travailler moins mais mieux, et m’amuser en cuisine. Ça ne m’intéresse pas de faire 50 couverts si c’est pour me disperser… » Alors, de l’Italie, il a gardé le cap : les pizzas (dont il prépare lui-même la pâte) garnies de très bons ingrédients, des plats de pâtes typiques. En l’occurrence, la carte actuelle (elle change tous les mois et les suggestions chaque semaine) propose des linguine carbonara cuisinées dans les règles de l’art. Le reste, ce sont des recettes classiques, pleines de soleil pour cet été (omble chevalier et mousseline au basilic, par exemple) mais surtout de fruits, légumes et herbes aromatiques du jardin familial : plus de deux hectares cultivés par ses parents et lui-même, où il se rend une fois par semaine). Excellent. Côté sucré, son parcours de pâtissier s’exprime avec des recettes sobres mais extrêmement bien exécutées. Son CAP pâtisserie, Bac pro et mention complémentaire à l’hôtel Crillon lui ont certes inculqué la rigueur, mais après des expériences fructueuses en cuisine, il avait envie de « se réinventer tous les jours » et de « sortir de la routine ». De retrouver ces saveurs d’une enfance nimbée de grandes tablées familiales. « À 10 ans, je cuisinais déjà avec ma grand-mère, elle se levait à 8h, et dès 8h30 elle commençait à préparer le repas de midi qui réunissait du monde autour de la table. C’était du traditionnel alsacien et des plats algériens qu’aimait mon grand-père. » Les croisements et la culture du partage continuent de l’animer : « Ici au Boccaccio, on n’a que du partage. L’espace étant petit, les gens se parlent : un vrai plaisir. » Et l’essentiel est peut-être là. Le Boccaccio 14, rue Finkwiller Facebook @Leboccaccio

Fromages, charcuteries, primeurs et produits de qualité 52, ROUTE DU POLYGONE, 67100 STRASBOURG 09 71 37 26 02 CONTACT@OMA-AUGUSTA.COM DU MARDI AU VENDREDI 9H - 19H SAMEDI 9H - 17H oma-augusta.com

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La Table—La bonne adresse

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Par Fabrice Voné / Photos Hugues François

Zut aime Victor Il y a une dizaine d’années, lorsque Victor Lacour ouvrait sa première enseigne dédiée à la street food au 19, rue des Frères, nos estomacs avaient rapidement flairé la bonne adresse. Au point d’en faire une cantine sûre, du temps où nous logions rue des Poules à la Krutenau. Ayant migré, à l’été 2019, dans le quartier du Tribunal, nos déjeuners ont d’abord connu l’errance – parfois la souffrance – jusqu’à ce que Victor investisse le corner d’à côté en mars 2020. Passé le premier confinement, son établissement qui propose du fait maison, et « un maximum de combinaisons pouvant répondre au maximum de régimes alimentaires », a vu affluer tous les étudiants et travailleurs du périmètre en vigueur. Dont la team féminine affamée de Zut, pour qui c’est à peu près toujours la même rengaine lorsque sonnent les douze coups de midi : « Je vais chez Victor, qui veut que je lui ramène un truc ? » Nos combinaisons gagnantes « Je prends toujours et invariablement la même chose : un sandwich à composer, pain aux graines toasté avec mozzarella, sauce au pesto, jambon Serrano, olives, carottes râpées, tomates ou champignons selon la saison, avec un peu mais pas trop de vinaigre balsamique pour arroser le tout », révèle Cécile Becker, la taulière de la rubrique Zut à table, tout en avouant sa « passion de manger devant [son] ordinateur ». En charge de la commercialisation de nos titres, Olivia Chansana prend à peu près la même chose mais avec quelques ingrédients en moins. Sans doute pour laisser sa chance au cheesecake « fort copieux mais qui reste une tuerie ». Il n’est pas rare de la croiser de bon matin, affairée devant un bol de muesli : Victor est aussi l’ami du ­petit-déjeuner. À l’inverse, Léonor Anstett, cheffe d’édition de Zut Haguenau & alentours, privilégie la salade à base de penne et ­roquette : « J’y fais ajouter, au gré de mes envies, jambon Serrano, très fines lamelles de poivrons fondants, ­tomates séchées ou saumon mariné, antipasti de courgettes, tzatziki, mâche… Le tout agrémenté des vinaigrettes maison soja-­sésame, agrumes ou pesto. » Pour la faire courte, absorbons les bonnes paroles de ­Cécile : « C’est comme à la maison : tranquille et bon. »

Pause méridienne à la rédaction

Chez Victor 17, rue Graumann – chezvictor.tribunal.fr 19, rue des Frères – chezvictor-cathedrale.fr


COMPTOIR ALSACIEN PRODUITS FERMIERS Du mardi au samedi de 8h à 23h et le dimanche de 17h à 23h 7 rue des Orphelins à Strasbourg 09 87 32 24 34 lagrossebaloche@gmail.com

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La Table— La fine gueule

Le marché des producteurs rue de la Douane

Par Cécile Becker / Photo Jésus s. Baptista

Qui ? Gilles Egloff, c’est l’un des associés du groupe Diabolo Poivre qui a créé et gère (ou a investi dans) 12 établissements : Calmos, Tzatzi, Square Delicatessen, La Hache ou encore, le dernier en date, The Drunky Stork Social Club. Une galaxie de restaurants et de bars connus pour leur concept léché. Les plaisirs de la table ? Lui et ses associés s’en donnent à cœur joie. Son choix Le marché des producteurs, rue de la Douane, tous les samedis. Il ne va jamais au super­ marché et milite d’ailleurs auprès de ses amis et connaissances : « Ce n’est pas plus cher, c’est une idée reçue. » Il en a d’ailleurs convaincu une bonne ­dizaine et continue de prêcher la bonne parole.

Le QG de Gilles Egloff

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Ses produits phare « Je prends souvent un gendarme à la Ferme des trois Chênes. Généralement, avant d’arriver chez moi… ben… y’en a plus. » Le munster de la Ferme de Truttenhausen : « À tomber ! » Les champignons d’Ellochampi. Les tout petits légumes et herbes aromatiques de la Ferme Mengus. Ses rituels Il arrive tôt, entre 7h et 7h30, pour éviter la foule. En trois quart d’heure, les affaires sont dans le sac. Puis, il file chez Sébastien sur le quai des Bateliers pour boire un café avec ses potes qu’il retrouve souvent dans l’allée. Un arrêt chez Bernard Deutsch pour prendre des fleurs, un passage au bureau et retour à la maison pour déposer les courses. Lorsqu’il invite, il lui arrive de faire deux allers-retours. Toujours à vélo. Il complète parfois le mercredi par un passage au marché de la place Broglie. Sa recette Les premières tomates – « jamais avant le mois de juillet » (non mais !) – généralement de la Ferme de Truttenhausen, finissent souvent en salade avec de l’échalote, de l’huile de colza, du vinaigre de vin, du persil haché très fin et un peu d’aneth, « ça surprend ». Et, ­éventuellement, « des petits croûtons revenus dans du beurre ». Et voilà ! Il prépare aussi ses bocaux de tomates entières pour adoucir la rudesse de l’hiver, cette saison « des courges qui n’en finissent plus ».



u. ct L’a

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Chic, la terrasse Dans l’hyper-centre strasbourgeois, sur la place Saint-Pierre-le-Jeune, à l’abri de l’affluence, le bar de l’hôtel Sofitel déploie sa terrasse : Le Link. L’atmosphère ? Élégance à la française, couleurs pop et confort absolu pour un été frappé de mets et boissons de haut vol. Le Link propose des glaces haut de gamme Hugo & Victor (fondée par Hugues Pouget, champion de France des desserts en 2003) : verveine fraîche, framboise sauvage et fraise aux zestes de citron, il y en a pour tous les goûts ! Ce lieu au style contemporain propose aussi des créations originales de cocktails et de mocktails (version sans alcool) ainsi que des thés glacés maison ou des jus de fruits pressés à siroter dans un cadre ombragé, idéal pour les apéros d’été. (Z.K.) Le Link, Bar de l’hôtel Sofitel 4, place Saint-Pierre-le-Jeune Sofitel-strasbourg.com

L’art à table Célèbre à l’échelle mondiale, l’art de vivre à la française se caractérise par le raffinement et l’excellence de notre gastronomie. Tout au long de l’histoire, les arts de la table ont suscité la créativité de prestigieuses maisons et d’artistes de renom exploitant leurs savoir-faire et leur imagination afin d’apporter élégance et finesse à des objets d’usage quotidien. Au Musée Lalique, l’exposition La table, tout un art met en avant les plus beaux articles de table créés par le grand maître-verrier René Lalique. Des chandeliers à la gobeleterie fine, l’occasion de découvrir une collection d’exception alliant fonctionnalité, pureté et esthétisme. (E.S.) La table, tout un art, jusqu’au 01.11 Musée Lalique à Wingen-sur-Moder musee-lalique.com


Boire.

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Après la franchise de La Vignery à Schweighouse-surModer, c’est au tour de Vendenheim d’avoir son enseigne à cheval entre le caviste traditionnel et la grande distribution, ouverte en mars 2021. 1 500 références (les mêmes que le grand-frère) mêlant vins, bulles, grands crus et spiritueux. Avantage d’être située en périphérie de la ville : l’espace est immense, il y en a donc pour tous les goûts. Aline Keith, sémillante gérante, sait de quoi elle parle et le fait avec passion. Ses derniers coups de cœur : l­ ’Oléjito, une bulle (chardonnay) aromatisée à la liqueur de mojito créée par la famille Hauller à Dambach-la-ville – agriculture raisonnée – : « un côté citronné et mentholé parfait pour l’été ». Mais aussi, les « super produits », vodkas et gins, de la Distillerie de Strasbourg. Et sinon, « plus de 100 nuances de rosé pour l’été, de toutes les couleurs et de toutes les origines ». Quand on vous dit qu’il y a du choix. (M.G.) La Vignery Vendenheim 6, boulevard des Enseignes Z.C. Shopping Promenade lavignery.fr

Photo : Jésus s. Baptista

Concept store dédié aux chiens et chats qui ont du goût.

ouvert du mardi au samedi de 10h à 19h

45 rue du fossé des Tanneurs 67000 Strasbourg

emeline@clubcroquette.fr 09 73 22 82 73

@clubcroquette

clubcroquette.fr


Bah quoi ? La table, c’est pour tout le monde et aussi pour les chiens. Le meilleur chien de la ville, Faust Lafont-Becker, a testé les croquettes ultra-qualité de Club Croquette. Par Cécile Becker / Photos Hugues François La Table—Ouaf ouaf

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Faust a testé pour vous. Club Croquette CARTE D’IDENTITÉ Faust — 11 ans, adopté à la SPA de Strasbourg, épileptique, 20 kilos Race — Shar-pei Surnoms — Fausti, Fausticouette, Fausticroute, Croute, Crouton, Faustinouche, Croustiflex, Croutignasse, Mmmmmh. Particularité — son père (nous sommes séparés mais en bons

termes et partageons donc sa garde de manière aléatoire) a créé Faustycrouteshow sur Instagram, où notre chien donne des conseils avisés à ses congénères. Alimentation — Vetessentials quand c’est possible, sinon, lorsqu’on manque de ressources : croquettes de supermarchés…

— En haut, Faust, lorgnant une friandise Lily’s Kitchen — En bas, Lily’s Kitchen chevreuil canard dans la gamelle du bas, Atavik agneau dans la gamelle du haut. Les gamelles sont en inox et signées Cloud7, marque allemande disponible chez Club Croquette.

Les mauvaises croquettes. L’incroyable Docteur Joelle Wermuth, de la clinique des Platanes, nous l’avait expliqué : les croquettes de supermarchés sont pauvres en viandes, blindées de matières grasses, de céréales (on rappelle que les chiens sont carnivores), de sous-produits animaux et d’additifs chimiques. Résultat : c’est appétant mais il y a des risques de surpoids, de diabète ou d’allergies… Club Croquette. Emeline Daul a ouvert Club Croquette en mars 2020 car elle aussi voulait le meilleur pour son chien. Au centre-ville, il n’existait pas de réelles alternatives aux accessoires et croquettes de supermarchés… Chez elle, on trouve des accessoires de qualité et des croquettes Atavik et Lily’s Kitchen : des aliments naturels, à base d’ingrédients frais et bien sourcés, cuisson basse température pour conserver les nutriments, et des saveurs différentes pour séduire les palais exigeants des chiens (il y a aussi de quoi faire côté chats). Les friandises sont transformées au minimum : l’aspect est parfois peu ragoûtant, mais elles sont totalement adaptées aux goûts et aux besoins des animaux. Le verdict. Le jour du shooting photo, Faust a testé les croquettes Atavik à l’agneau et celles de Lily’s Kitchen à base de chevreuil et de canard. Il s’est naturellement tourné vers Lily’s Kitchen et a goûté les Atavik sans sourciller. Dans ses yeux, j’ai senti le ravissement. J + 7. Son poil est déjà plus brillant, plus souple et plus soyeux. Il boit moins d’eau après avoir mangé, signe qu’il y a moins de sel et de sucre dans les croquettes. Ses selles sont plus compactes (pour nous, ça veut dire beaucoup), sa digestion se fait sans encombre (important pour un chien épileptique) et… c’est le retour des gaz. Comme le dit une amie : « Cheval qui pète n’est jamais malade. » Club Croquette 45, rue du Fossé-des-Tanneurs clubcroquette.fr


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