La Sentinelle Janvier-Février 2021

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Marcottons des bataillons Connaissez-vous cette technique qui consiste à multiplier les arbres fruitiers en enfouissant plus loin une branche d’une plante adulte ? C’est ce que vient de faire la Défense avec trois bataillons de combat. C’est ainsi qu’une compagnie du 3Para, du 1/3L et du 1C/1Gr ont été marcottées loin de leur unité d’origine. À ce stade, la Défense n’a pas créé trois nouvelles unités indépendantes mais ‘détaché’ une compagnie de chacun des bataillons. Le 3Para de Tielen a donc un rameau à Gavere en Flandre orientale, le 1/3L de Marche-en-Famenne plante un escadron à Tournai dans le Hainaut et le 1C/1Gr de Bourg-Léopold prend racine dans la caserne de Lombardsijde, à la Côte. Le but avoué est de cultiver une capacité opérationnelle dans ces régions désertées par l’armée depuis des années. Pas seulement pour mieux répartir les unités de combat dans le pays mais aussi et surtout pour favoriser le recrutement de jeunes soldats. En effet, il existe en Belgique des ‘friches militaires’, de vastes zones où la jeunesse rechigne à revêtir l’uniforme, tout simplement à cause de l’éloignement des unités de combat. Pour l’armée, c’est une question de vie ou de mort car les perspectives en matière d’effectifs sont dramatiques. Nos stratèges pensent donc que l’initiative ramènera un peu de sève vitale dans les branches de la Défense. Pour le pays aussi, les nouveaux détachements devraient favoriser la relance ‘post-COVID’. Si ces trois sites se développent jusqu’à devenir de petites ‘villes de garnison’,

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les retombées en termes d’emploi et de développement économique contribueront certainement à la prospérité locale. Sol fertile La ville de Tournai compte déjà une caserne mais depuis des années, celle-ci n’accueille que des unités d’appui, en particulier dans la logistique. Pourtant, le sol tournaisien est historiquement fertile pour les formations de combat. Il a hébergé entre autres le 3e Régiment de Chasseurs. Le 4e Régiment de Ligne s’appelait même ‘Régiment de Tournai’ à sa création en 1830. L’actuelle caserne Ruquoy est un vestige de l’ancienne citadelle de la ville, bâtie par les Néerlandais en 1882. Le retour des fantassins dans la région est donc symbolique. La caserne de Gavere échappe à un triste sort puisqu’il était question de la fermer en 2020. Cette commune proche de Gand est

surtout connue pour son centre de contrôle du trafic aérien (ATCC) implanté dans le village de Semmerzake dans les années 50. La coupole du radar ne cache pas de riche héritage militaire mais un quartier assez spacieux pour recevoir le détachement du 3Para. Au plus haut de la Guerre froide, le lieu abritait près de 400 techniciens. Depuis la fermeture de la peu pratique caserne Léopold au centre de Gand, Gavere était la seule alternative pour accueillir nos Paras en Flandre orientale. Quant à Lombardsijde, ce vaste camp posé sur la plage entre Nieuport et Westende n’aura aucun mal à loger la compagnie du 1C/1Gr venue de Bourg-Léopold. Le lieu a connu ses jours de gloire comme école de l’artillerie antiaérienne, une arme victime des ‘dividendes de la paix’ dans les années 90. Depuis, la caserne sert de refuge à de petites unités, plus par hasard que par réelle vocation. L’arrivée de fantassins devrait assurer le renouveau de ce site au potentiel important pour la Défense. Écosystème Le choix de délocaliser une compagnie plutôt que de créer une 


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