La Sentinelle Janvier-Février 2021

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Info

HRM : chronique d’une débâcle annoncée Dès 2016, nous étions informés de graves problèmes concernant HRM@Defence. En août 2017 nous avions publié un article pour dénoncer le processus peu transparent de l’attribution du marché et surtout la maigreur des prestations livrées par la firme au regard des sommes investies. Aujourd’hui, c’est le personnel qui paie littéralement les pots cassés. En 2017, le syndicat militaire a tiré la sonnette d’alarme concernant HRM dans un article sur l’Outsourcing (voir l’édition d’août de La Sentinelle). Malgré des indicateurs d’alerte au rouge, le projet a continué, avec de plus en plus de promesses, à défaut de fonctionnalités utiles. Vu les retours de plus en plus négatifs transmis par nos membres, nous avons à nouveau fait le point en septembre 2020, avec cette fois en plus un appel à témoins. Les témoignages se succèdent depuis, provenant de personnel en formation en vue de la ‘Wave 3’ et de collègues travaillant directement pour le projet. Tous préviennent que HRM n’est pas mûr : trop complexe, bardé de ‘bugs’ et pas adapté aux besoins de la Défense. ‘Core business’ HRM@Defence devait permettre une économie de personnel, par la suppression des ‘Sec Pers’ et la réaffectation de leurs employés à des fonctions militaires. Pour que cela soit possible, il fallait que le travail effectué par nos experts soit en grande partie repris par le nouveau système

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informatique. Désormais, chaque militaire introduirait lui-même ses demandes de prestations, ses modèles B, ses changements de situation personnelle, etc. et le système ferait le reste… Dans la pratique, on constate cependant que pour beaucoup de collègues, HRM@Defence est une ‘mission impossible’. D’une part il y a la complexité des concepts. Ce n’est pas pour rien que les employés des Sec Pers avaient besoin de solides formations pour faire leur boulot. Imaginez le soldat BDL qui vient d’arriver en unité et qui passe le plus clair de son temps sur le terrain. En plus d’apprendre son boulot il devrait aussi savoir à quelles allocations ou indemnités il a droit et en introduire lui-même la demande dans HRM... Quant aux plus anciens, certains ont beaucoup de mal à maîtriser les outils informatiques. D’autant que le programme n’est absolument pas intuitif : interface d’un autre siècle, jargon d’initiés, traductions hasardeuses,… Ce n’est pas seulement un problème de connaissances ou de formation, il faut encore avoir le temps de le faire. Cette tâche impactera inévitablement le temps de travail, ce qui conduira à une moins

bonne disponibilité de l’ensemble des militaires, alors que le but était justement de renforcer le ‘core business’ des unités de combat. ‘Et le système fait le reste’… D'autre part, quant à l'idée que ‘le système fait le reste’, il est évident que ce n’est pas le cas. Les contrôles et la gestion retombent sur les épaules des 'DAES' (Detachment Administration and Employee Support) et des commandants d'unités. Mais ces collègues ont déjà un boulot important et trop peu d’heures dans la journée ! Il manque des rouages dans la mécanique du HRM et en plus elle déborde de grains de sable. La ‘mise en production’ du domaine financier fin janvier a révélé bon nombre de ‘bugs’. Un petit relevé

Photo : Pixabay 


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