AUTO ACS | 302
PASSIONS
Des roues et des ailes… Implacable, la marche du temps transforme en souvenirs toutes les histoires, petites et grandes. Jean-Pierre Lebet, grand animateur de la formule 3 suisse des années 80 a fait un transfert de sa passion des machines à quatre roues vers l’aviation. Par Gérard Vallat
J
ean-Pierre Lebet a commencé le sport automobile vers la fin des années 70, au volant d’une Honda S800, avant de piloter un prototype Griffon 1000 cm3. «LE TEMPS DE L’INSOUCIANCE» Mais la «vraie» carrière de notre homme s’est déroulée dans le baquet de monoplaces de F3. Tout d’abord une March 733, avant la Lola T570 qui lui a permis de se distinguer dans le cadre des championnats suisses, français et parfois européens. De cette époque, il se souvient d’un rallye avec sa Honda S800. «Vraiment pas la voiture pour ce genre d’exercice, j’ai fini contre un arbre. Mais il me reste aussi le souvenir des félicitations d’Herbert Muller, après une course à Hockenheim avec cette même auto.» Et surtout de cette victoire au slalom du Moléson. «J’étais heureux d’avoir gagné, mais un peu em… avec le premier prix, qui était un cochon.» Passant de sa vieille March à une Lola plus fringante, notre homme se souvient surtout d’une course de championnat d’Europe à Jarama. «Ces années-là, nous étions quasiment tous fauchés. Il fallait toujours se débrouiller
pour trouver un peu d’argent. À Jarama, j’aurais été capable de faire un beau résultat dans les trois premiers mais, pour économiser un train de pneus, j’ai roulé avec des croûtes. Résultat, avec ces pneus à la corde, j’ai crevé. Adieu les espoirs de podium européen. Parmi mes souvenirs, il reste cette anecdote des repas, que mes copains ne manquent jamais de me rappeler. Sur les courses, je me nourrissais souvent de raviolis que je mangeais froids, à même la boîte. Et puis, il y a cette réalité de notre inconscience qu’on ne voulait pas voir. On s’engageait sur des courses aux quatre coins de l’Europe, en débarquant la fleur au fusil le jour des essais officiels, sans avoir jamais fait un seul tour sur ces pistes. En qualifs, je ne savais pas ce qu’il y avait derrière chaque virage. De la douce inconscience guidée par la passion, mais ces années restent les plus belles de ma vie. Comme la majorité d’entre nous, j’étais tout le temps fauché, mais quel pied !» DE L’AUTRE CÔTÉ DU DÉCOR Le temps passant, la raison l’emporta «un peu» sur la passion. La nuance «un peu» est d’importance, puisque cette
reconversion passait par la reprise de Cermec Motor, un atelier de préparation de moteurs dirigé par Marc Frischknecht. «Mécanicien auto de formation, je m’intéressais évidemment aux moteurs. C’est en lui confiant la révision de mon moteur que j’ai fait la connaissance de Marc Frischknecht. Un jour il m’a confié qu’il en avait assez de son métier, et qu’il voulait quitter la Suisse, pour passer un brevet de pilote d’avion aux États-Unis. De mon côté, je songeais à changer quelque chose dans ma vie. Nous nous sommes alors entendus pour la reprise de son atelier. Je suis resté avec Marc durant quelques mois, pour apprendre le métier de préparateur, et l’affaire s’est faite.» Passant de l’autre côté de la barrière, en mettant les mains dans les moteurs de