I- EN QUÊTE D’ARCHITECTURES Définir une architecture marocaine aujourd’hui constitue une interrogation pour le moins complexe. Les différentes strates d’influences étrangères accumulées à travers les siècles posent la question de légitimité de l’héritage local. Cette quête d’une singularité diverse entre des influences internationales multiples et une instrumentalisation nationaliste fait émerger l’entre-deux que le Maroc connaît aujourd’hui. Un compromis critique et hybride se rapprochant de la notion du régionalisme critique.
FIG 1: GAMMA (GROUPE D’ARCHITECTES MODERNES MAROCAINS) La section marocaine du CIAM 1953 dénommée GAMMA (Groupe d’Architectes Modernes Marocains) - était composée de Michel Écochard et d’un groupe de jeunes architectes, parmi lesquels Georges Candilis et Shadrach Woods, qui ont travaillé avec lui sur les lotissements de Casablanca. Ils ont présenté une image de la ville moderne de Casablanca qui a choqué les modernistes plus âgés du CIAM et a causé des discussions passionnées parmi la jeune génération d’architectes. Au lieu d’une
architecture moderne pure, ils ont présenté une analyse des bidonvilles de la périphérie de Casablanca, un domaine qui jusqu’alors n’était pas considéré comme pertinent pour la planification moderne, mais traité comme une misère à éliminer. Les jeunes architectes du GAMMA ont présenté une étude détaillée de la vie quotidienne dans les bidonvilles, où de nombreux migrants ruraux nouvellement arrivés vivaient dans des baraques autoconstruites.
Non seulement ils considéraient cet environnement de bidonville comme digne d’étude, mais ils ont même proposé que les architectes modernes devraient saisir l’occasion d’en tirer des leçons. Le groupe GAMMA a tenté de se rapprocher d’une réalité déterminée par les conditions concrètes de la vie quotidienne, des spécificités locales et des interventions à petite échelle.
Sources : Marion Von Osten, extrait « The Gamma Grid », traduit de l’anglais, mars 2012
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LE RÉGIONALISME CRITIQUE AU MAROC - En quête d’architectures