La Ronde # La revue d’art contemporain des musées de la Métropole Rouen Normandie

Page 88

86 Partenariat Galerie Almine Rech

Jean-Baptiste Bernadet Jeu d’écho Retour sur La Ronde 2020 présenté au Musée des Beaux-Arts de Rouen du 19 juin au 28 septembre 2020 Entretien avec l’artiste, mené par Camille Gross Bruxelles. Cette ville, le peintre Jean-Baptiste Bernadet la connaît bien. Il y est arrivé il y a 20 ans pour étudier, et y est revenu il y a quatre ans pour y installer son atelier. Niché dans un quartier calme et résidentiel, entouré de grandes maisons en briques, l’immeuble annonce en façade le siège d’une société ; mais c’est au fond de la cour que l’on pénètre dans un bâtiment brut en béton, vaste et baigné de lumière. Un espace assez semblable à celui d’une galerie : les œuvres en cours de création y sont déjà quasiment dans des conditions d’exposition. Quand je pénètre dans l’atelier, les œuvres que nous exposerons pour La Ronde viennent accrocher instantanément mon regard. Elles occupent le grand mur blanc de 10 mètres de longueur de l’atelier et sont accrochées bord à bord, en une séquence inédite pensée par l’artiste. L’éclairage des néons baigne d’une lumière puissante l’espace tandis que se déclenche à intervalle régulier le bruit de la chaufferie, ce qui amène ma première question. CG : Travaillez-vous dans le silence ? JBB : Non, je travaille toujours en écoutant quelque chose. Ne serait-ce que pour couvrir le bruit de la chaufferie, j’écoute un peu de tout : de la musique, la radio, des podcasts… • Vous avez un autre atelier à New York, est-il très différent de celui-ci ? Cet atelier a l’avantage d’être vaste, d’avoir ce grand mur sur lequel j’ai du recul. Mais je travaille en réalité quasi-

ment à plein temps à New York depuis deux ans, dans un atelier plus petit, et le format des œuvres qui j’y crée est en conséquence plus réduit. L’alternance avec l’atelier de Bruxelles me permet de varier les productions. Cette rythmique se retrouve d’ailleurs dans mon quotidien : je travaille souvent sur plusieurs projets au sein d’une même journée. Je vais mener par exemple un projet de création de céramiques au Mexique au mois de mars. • Comment s’articule votre travail de peintre avec tes créations dans d’autres techniques ? En fait je considère les céramiques comme des peintures en trois dimensions. Ce sont des œuvres murales, elles sont faites pour être vues de cette manière, accrochées comme des peintures. À part les laves émaillées qui sont présentées au sol, toutes mes œuvres sont murales. Plus globalement, dans tous mes projets, la dimension picturale et la réflexion autour de la couleur est centrale. Je travaille actuellement sur un projet de tapisserie avec Aubusson, un grand carré « gris » dont la couleur sera en réalité indéfinissable, car composée d’une infinité de tons changeants. Le but est de donner l’impression que les couleurs émanent de la lumière environnante alors qu’elles sont immanentes à la tapisserie. Ces couleurs seront « indirectes », d’un ton pâle qu’il est impossible de saisir d’un simple coup d’œil. Mes céramiques sont elles aussi très picturales, elles relèvent de la même recherche autour de la couleur.

• Vous créez également des sérigraphies dans cet atelier, comment s’exprime votre recherche au travers de ce médium ? J’ai installé un atelier de sérigraphie dans une partie de l’espace en effet, mais je m’en sers peu pour le moment. J’ai réalisé quelques essais mais je ne suis pas satisfait de la production en l’état. En fait je voudrais maîtriser toutes les étapes de création, car je recherche un effet particulier : les écrans de sérigraphie avec lesquels j’ai travaillé jusqu’à maintenant ont produit un résultat trop précis. Ce que je recherche, c’est une dissolution de l’image, du sujet, une perte de repères. Je souhaite développer cela à l’avenir, mais cela demande une certaine technicité dans le choix du tramage, le choix du tissu, le traitement des images. Mais dans la technique de la sérigraphie, l’aspect de sérialité et de variation m’attirent beaucoup. J’ai de nombreux projets en attente de pouvoir être mis en œuvre, notamment d’édition.

• Cet aspect de sérialité, de répétition et de variation semble inhérent à votre processus créatif, pouvez-vous le décrire ? Pour mon tout premier projet de céramique, en résidence à Moly Sabata, j’avais souhaité faire appel à des artistes pour qu’ils réalisent des formes en volume, qui serviraient ensuite de base à mon travail d’émaillage, purement chromatique. Pour des raisons pratiques, j’ai finalement travaillé sur des assiettes


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook

Articles inside

Thomas Houseago

6min
pages 126-132

Nigel Cooke

1min
pages 124-125

Keith Tyson

1min
pages 122-123

Jonathan Wateridge

1min
pages 120-121

David Nash

1min
pages 118-119

Toby Ziegler

1min
pages 116-117

Paul Fryer

1min
pages 114-115

Lynette Yiadom-Boakye

2min
pages 108-111

Mehdi-Georges Lahlou

10min
pages 102-107

Philippe Favier

2min
pages 96-97

Faire Fer

5min
pages 98-101

Damien Hirst

1min
pages 112-113

Claudie Baudry

2min
pages 94-95

Almine Rech

3min
pages 92-93

Jean-Baptiste Bernadet

7min
pages 88-91

Claire Tabouret

6min
pages 84-87

Malala Andrialavidrazana

10min
pages 66-71

Judit Reigl

10min
pages 72-77

Simon Hantaï

7min
pages 78-83

Ndary Lô

3min
pages 62-65

John Akomfrah

3min
pages 58-61

Mongo Béti à Rouen

11min
pages 54-57

Aurélien David

2min
pages 50-53

Pusha Petrov

2min
pages 40-45

Charlotte Salvanès

3min
pages 46-49

Kokou Ferdinand Makouvia

3min
pages 28-31

Mehryl Levisse

4min
pages 32-35

Studio Marlot & Chopard

3min
pages 24-27

Keita Mori

2min
pages 16-19

Patrick Carpentier

2min
pages 8-11
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.