A'I. S.
à 300 m P.
L.P.
5 A. M. T.I.
Meuse 100 m
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DOSSIER ÇA SE P A S S E À F R E Y R !
À Freyr, La grande variété des styles d’escalade est liée à la constitution géologique de ses différents massifs rocheux ALAIN HERBOSCH
À Marc Abramowicz et à l’escalade qui m’ont aidé à faire face aux moments difficiles de ma vie Nul besoin de connaître en détail la géologie de Freyr pour comprendre cet article essentiellement descriptif, par contre une bonne connaissance des différents massifs rocheux et des voies qui y ont été tracées est préférable. J’y ai grimpé presque sans interruption depuis bientôt 60 ans et j’ai pu suivre l’évolution du tracé des voies, de leur équipement de protection, ainsi que les importants changements de l’éthique de l’escalade libre.
Les roches calcaires formant ces rochers se sont déposées dans une mer tropicale peu profonde au début du Carbonifère (350-335 millions d’années) et ont ensuite été plissées en synclinaux et anticlinaux, et faillées à la fin de cette même période entre 310 et 305 Ma. Ceux qui seraient intéressés par plus de détails géologiques peuvent
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lire l’article récemment paru dans Ardennes & Alpes par ma collègue géologue A. Roobaert, « Géologie des rochers de Freyr », ainsi que le guide plus détaillé « Sentiers de Freyr : contexte géologique » par F. Schmit et co-auteurs (voir références). Je décrirai successivement les principaux massifs rocheux qui suivent le versant est de la Meuse en allant du sud vers le nord (figure 1) en illustrant mon propos par des photos démonstratives. Pour chaque massif, un premier paragraphe décrira la situation géologique de manière simple et un second donnera un aperçu du style d’escalade avec des exemples de voies caractéristiques. En effet, sur 50 ans, j’ai parcouru en tête une bonne partie des voies de cotation inférieure à 6b.
1. Les massifs dolomitiques de La Jeunesse et de Louis-Philippe Ces deux massifs appartiennent aux « récifs waulsortiens » et, de ce fait, sont massifs, c’està-dire sans stratification. Contrairement aux autres rochers de Freyr qui sont formés de calcaire, ils sont constitués de dolomie. Les roches dolomitiques sont plus résistantes à l’érosion et sont donc souvent en relief dans le paysage. Effectivement, le rocher de La Jeunesse est bien individualisé, il forme une crête avec une arête en dent de scie et un versant sud vertical (figure 2). Le processus de dolomitisation des calcaires, qui s’est opéré longtemps après le dépôt, se fait avec une diminution du volume de 10 à 15 %. En conséquence, la roche comporte de nombreux trous millimétriques à centimétriques (figure 3). Sa couleur plus brun clair est aussi caractéristique. Les voies sont soit aériennes sur l’arête très dentelée et de type escalade facile en montagne (« Ancienne Jeunesse »), soit fort verticales, voire surplombantes, sur un rocher à trous bien adhérent (« Génie des alpages », « Éperon Walker »). On notera des traversées aériennes (« Traversée Serge », « Fra diabolo ») (figure 2). La situation est assez semblable dans le rocher de Louis-Philippe qui est encore plus surplombant (« Corde
J.