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BEAUTÉ
PARFUM
HISTOIRES D’EAUX Des colognes agrumées d’hier aux eaux très raffinées d’aujourd’hui, la fraîcheur de leur empreinte s’est imposée comme l’une des vertus les plus prisées en matière de parfum. Portrait de famille de ces sillages “ doudous ” et sélection des plus réjouissantes nouveautés. Par Nolwenn du Laz Collage Elsa Leydier
Aux beaux jours, comme on délaisse pulls et vestes, on troque volontiers son parfum capiteux pour une senteur délicate et légère. Cette année, au-delà de la saisonnalité, cette envie est plus irrésistible encore. « Cela coule de source, explique Laurence Lavieille, évaluatrice chez Firmenich. On assiste à une volonté de capitaliser sur le naturel et ce territoire de la fraîcheur s’y prête plus facilement. » Ainsi, Guerlain a réussi à pousser encore plus loin la haute quantité de naturel dans ses Aqua Allegoria récemment reformulées. « Et puis la cologne, historiquement geste d’hygiène par ses frictions, revient logiquement dans l’usage par le prolongement du gel hydroalcoolique, poursuit-elle. Pendant les confinements, on a redécouvert dans la foulée le plaisir intime de se parfumer pour soi, pour se réconforter et se reconnecter avec soi-même, dans une démarche intime, douce, joyeuse et presque méditative. Ces colognes, à partager avec toute la famille puisque non genrées, étaient une échappée salvatrice dans l’espace mais aussi le temps, comme une forme de nostalgie de l’enfance. »
Cette soif de fraîcheur qui revient et va perdurer ne date pas d’hier. Elle remonte au XVIIIe siècle avec la 4711 de Famille Muelhens, à 1830, avec la fameuse Eau de Cologne Impériale de Guerlain, créée pour soigner les migraines de l’impératrice Eugénie et agrémentée de néroli, et à 1906 avec l’Eau de Cologne Extra-Vieille Jean Marie Farina de Roger & Gallet. Cette cologne au sens strict a considérablement changé au début du XXe siècle, irriguant toutes les familles de la parfumerie moderne (voir encadré ci-après). PLUS DE PUISSANCE, D’ÉLÉGANCE, DE SENSUALITÉ
La cologne traditionnelle d’hier, qui a toujours ses inconditionnel·les, a donc évolué et nous donne envie de sentir les trésors qu’elle a insufflés. Elle continue plus que jamais d’inspirer les créateurs, à commencer par Jacques Cavallier Belletrud, maître parfumeur de Louis Vuitton : « C’est toujours un doudou universel, si tendre et réconfortant. Mais la grande différence, c’est évidemment que l’on s’est émancipé de l’accord citron, bergamote et néroli. On