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Texte Elisabeth Clauss
ANN DEMEULEMEESTER
SUR LE DIVAN La créatrice à l’influence décisive sur la mode s’est éloignée du vêtement en 2013, pour exercer son art des formes et des contrastes sur le design de maison. Après la Table et la Lumière, Ann Demeulemeester signe une collection de meubles aux lignes paradoxales.
Talents multiples, réflexion duale
Les maquettes et les prototypes ont été réalisés par son mari, binôme de l’ombre, mais source de lumière, tout au long de sa carrière : « Ann Demeulemeester, c’est aussi Patrick Robyn. Je dis A, il dit B, on arrive à C, qui est encore plus beau. Au départ, nous avions simplement besoin d’une table pour montrer la vaisselle et d’un lustre pour l’éclairer. Tous les éléments de ces collections ont trouvé leur chemin de façon naturelle. Sans stratégie, donc sans stress. »
Un voyage, plusieurs itinéraires
« Vers l’âge de 50 ans, j’ai commencé à penser à changer de vie, pour ne pas avoir uniquement consacré ma carrière à la mode. Je savais que je devais prendre une décision si je ne voulais pas finir à 80 ans sur un catwalk. Je voulais me ménager la possibilité de créer autre chose que des vêtements. La mode prend toute notre énergie, c’est toute notre vie. Les collections s’enchaînent et absorbent les années. J’ai senti que je devais me créer du temps, pour créer tout court. J’ai toujours voulu être honnête. Quand je m’engage, c’est totalement, et j’assume toutes les responsabilités. Nous avons imaginé des meubles pour être actifs, de la façon dont nous vivons nous-mêmes. J’aime la liberté, j’espère que cette collection invitera les gens à en faire tout simplement ce qu’ils veulent. » Sur certaines tables conçues comme des meubles-projecteurs, la lumière vient de l’intérieur. Comme chez Ann. En exclusivité chez RR Corner, à Knokke. rrinterieur.be
VICTOR ROBYN, PRESSE
« C’est un nouveau chapitre de création et comme le précédent, il est délibérément anti-dogmatique, adaptable à la vie. » Entièrement conçu en Belgique et produit par Serax, ce mobilier est fluide dans son usage – les divins divans sont aussi des lits de jour, les fauteuils sont parfaits sous tous les angles pour être placés au centre de la pièce, et la série comprend des socles, comme ça a toujours été le cas, mais désormais, c’est au sens propre : des piliers délicats, qui peuvent devenir des tabourets ou des tables basses. Pour vivre, travailler et dessiner les potentiels du futur, le plateau des tables noires a été recouvert de toile de peinture blanche. On caresse les consoles géométriques, quasiment des comptoirs, qui adoptent la fonction qu’on leur assigne. D’autres tables, arachnéennes, rendent hommage
aux sculptures de Louise Bourgeois. Chaque pièce est pratique, élégante, intéressante, discrète, comme flottant dans l’espace ou délicatement posée au sol, mais solide. « Quand on est artiste, on peut changer d’outil, mais l’expression ne diffère pas tant. » Ni n’indiffère.
144 ELLE magazine
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