généralement cohésive où il existe un consensus général sur les normes et les valeurs du système démocratique. Bien que le lien entre cohésion sociale et polarisation soit complexe et fluide, il existe des indicateurs observables et expérientiels6 qui peuvent permettre aux collectivités territoriales d’évaluer et de surveiller la cohésion sociale et la polarisation à l’échelle locale (voir chapitre 2).
La polarisation et ses principaux acteurs Dans son livre Polarisation: Understanding the dynamics of us versus them7 (« la polarisation : comprendre la dynamique eux et nous ») Bart Brandsma présente la polarisation comme une interprétation de la société qui est fondée sur les catégories « eux et nous », alimentée par les discours identitaires qui renforcent la catégorisation en groupes opposés, et maintenue par des expériences de menace, de peur, d’anxiété et de colère. De nombreuses études ont montré qu’un sentiment de menace à une époque incertaine peut conduire les individus et les communautés à chercher refuge dans des groupes homogènes régis par des règles claires d’inclusion et d’exclusion, et qui apportent un sentiment de sécurité et de sûreté8. Brandsma distingue différents rôles ou acteurs qui interviennent dans un processus de polarisation. Les « pousseurs » sont les moteurs et les avocats des groupes antagonistes ainsi que de leurs identités. Ils provoquent ou renforcent les tensions et les divisions entre les groupes, en exploitant des incidents ou des conflits et en disséminant des discours antagonistes et hostiles sur les autres groupes. Afin d’attiser la polarisation, ils font appel aux émotions et aux sensations plutôt qu’au raisonnement et à l’évaluation des faits. Les « rejoigneurs » sont les gens qui ont été réceptifs aux arguments des « pousseurs » et qui ont choisi un camp. La polarisation est un processus qui requiert une attention et une communication constantes pour pouvoir se développer et évoluer.
6- Voir par exemple UNODC (2010). Manual on victimisation surveys, p.4. ou Conseil de l’Europe (2005). Guide méthodologique pour l’élaboration concertée des indicateurs de la cohésion sociale, Strasbourg, Council of Europe Press. 7- Brandsma, B. (2017). 8- Schmid et al. (2009).
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