HMONP_mémoire professionnel

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ENSAB - HMONP 2020-2021 – mémoire Ricoup Hélène Directeur d’études : Vabre César

ARCHITECTES HYBRIDES la place du faire dans la pratique

Structure d’accueil : Richard Faure Architectes Tuteur : Faure Richard Durée de la mise en situation professionnelle : depuis septembre 2019

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SOMMAIRE

REMERCIEMENTS .......................................................................................................................... 3 INTRODUCTION.............................................................................................................................. 4 MISE EN SITUATION PROFESSIONNELLE .................................................................................... 5 PRESENTATION DE L’AGENCE ..................................................................................................... 5 a. b.

L’agence : un lieu et une équipe ................................................................................................. 5 Tâches et responsabilités............................................................................................................ 6

1.

UNE REINTERPRETATION CONTEMPORAINE DE L’ARCHITECTE.................................. 7

a. b. c.

La relation architecte-artisan ....................................................................................................... 7 Une quête de sens généralisée de la pratique ............................................................................. 8 L’appel du concret.................................................................................................................... 11

2.

L’APPRENTISSAGE PAR LE FAIRE .................................................................................. 14

a. b. c.

L’importance de l’apprentissage et de la transmission .............................................................. 14 L’idée de pratiques circulaires : cycle, expérimentation, pratique, … ......................................... 16 Les limites d’une pratique : échelles, réalités économiques, contraintes temporelles ................. 20

3.

SE STRUCTURER DE MANIERE HYBRIDE ...................................................................... 22

a. b. c.

Portraits de pratiques hybrides – entretiens .............................................................................. 22 S’implanter sur le marché : accès à la commande avec une pratique hybride et singulière........ 23 Tisser son réseau...................................................................................................................... 26

CONCLUSION ............................................................................................................................... 28 RESSOURCES .............................................................................................................................. 30 Bibliographie.......................................................................................................................................... 30 Webographie ......................................................................................................................................... 30 Annexe 1 Entretiens (fiches en annexe 1) ............................................................................................ 33 Annexe 2- Fiches de Mise en Situation Professionnelle………………………………………………….. 41 Annexe 3 - Rapport de suivi de Mise en Situation Professionnelle……………………………………… 52 Annexe 4 - Curriculum Vitae……………………………………………..…………………………………… 56

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REMERCIEMENTS Je remercie tout d’abord mon directeur d’études, César Vabre, pour son suivi tout au long de l’année, nos échanges réguliers et ses conseils. Je remercie mon amie architecte et artisane, Frédérique Jonnard de Terramano, pour son temps et le partage de sa pratique, mon amie Caroline Klein pour notre riche conversation sur la création de Gris Bois. Merci à Emmanuel Metrard et son Atelier de la Comète pour notre échange sur son expérience. Merci à Léo Pouliquen du collectif Bivouac. Merci également à Arthur Bellescize, pour l’explication de sa pratique et du concept de Cubeco. Merci à Mr Cabanieu de m’avoir permis d’approfondir mes connaissances en termes de marchés publics. Je souhaite remercier aussi mes amis d’ici et d’ailleurs qui m’ont apportée de nouvelles pistes et m’ont soutenue : Pauline, Céline, Marie N et Marie RL, Aline, Benoît, ma cousine Perrine, Alice… Et merci à Martin pour son soutien. Je remercie enfin Richard Faure, mon employeur, pour m’avoir permis de réaliser l’année de préparation à l’HMONP, et avec qui j’apprends, depuis septembre 2019, une pratique du métier d’architecte.

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INTRODUCTION Le 21 janvier 2021 dernier, assis derrières nos écrans, nous écoutions Simon Teyssou, architecte et directeur de l’ENSA de Clermont Ferrand, nous dire avec conviction que ce n’est pas depuis l’intérieur d’un système dominant que l’on trouve les solutions les plus pertinentes à un problème posé, mais bien depuis ses marges1. Ce mémoire questionne les marges du métier d'architecte en France et trouve son origine dans l'intérêt porté à certaines pratiques émergentes. Si nous parlons de marginalité, l’attraction vers des pratiques alternatives se lie de plus en plus dans les nouvelles générations d’architectes2. Nous nous intéresserons particulièrement au pourquoi et au comment ces pratiques se développent et répondent à une volonté de la société contemporaine. De nouvelles structures d’architecture apparaissent sous des formes variées. Elles tendent vers des idéaux communs : un travail plus collaboratif, une implication accrue au processus du projet, une reconsidération du social dans la pratique. Ces directions englobent les notions d’utilité et de sens autour du projet mais également concernant le travail nécessaire à sa réalisation. Alors entre en compte la notion de réalisation, elle se traduit par la concrétisation du projet : sa fabrication. Une phase du projet qui est de plus en plus revendiquée par certains architectes, soit en partie, soit en totalité. Ils et elles souhaitent faire avec leurs mains et leurs moyens. Ils et elles reprennent les outils, touchent la matière et contribuent physiquement au processus de fabrication. Ils et elles se rejoignent dans une pratique hybride du métier d’architecte, tous animés par le désir de bâtir, comme me l’exprime Frédérique Jonnard3, architecte-artisane. Dans une macro société qui tend de plus en plus vers une souveraineté numérique, le sens du travail est en constante redéfinition. Le développement d’une pratique hybride est alors avancé comme piste potentielle d’avenir pour une pérennisation du travail, au sens large, qui lierait un savoir-faire manuel à une production intellectuelle : la matière grise. Cette hypothèse est soulevée par l’essayiste et ingénieur Philippe Bihouix et Thibault Faucon, dont le travail porte sur les transitions systémiques.4 L’hybridité possible de notre métier d’architecte a fondé la réflexion d’origine de ce mémoire. En quoi les questionnements autour de la notion du faire composent-ils de nouvelles pratiques architecturales et hybrides ? Comment ces pratiques se structurent-elles ? Pour répondre à cette problématique, nous nous intéresserons dans un premier temps aux origines de ces questionnements, en se demandant pourquoi certains architectes sont-ils envahis par la volonté de faire ? Nous ferons un retour concis sur l’histoire du métier d’architecte et son rapport aux artisans et ouvriers, ainsi que sur le sentiment actuel de dépossession de l’acte de bâtir5. Nous aborderons ensuite la quête de sens dans la pratique et enfin le besoin d’un rapport concret au projet et à ses acteurs. Dans un second temps, nous nous concentrerons sur le faire et comment celui-ci nourrit la pratique architecturale ? Tout d’abord nous mettrons en avant l’importance de l’apprentissage et de la transmission de savoir-faire. Nous parlerons ensuite de l’incorporation du faire dans la pratique : en amont, durant la conception et dans la fabrication du projet. Nous évoquerons également la formation d’architecte et les remises en question de celle-ci dans un rapport plus concret au processus de fabrication. Enfin, nous parlerons des limites que rencontrent ces pratiques hybrides. Enfin, nous aborderons la question sera celle de la structuration d’une pratique hybride dans un contexte juridique, économique et socia. Pour ce faire, nous dresserons une série de portraits de pratiques possibles qui s’appuient sur les recherches et les entretiens de praticiens, l’accès à la commande ainsi que la gestion économique de l’entreprise et du projet. A travers ce travail, le réseau sera présenté en que potentielle entreprise 6 et aussi en tant que preuve de la consolidation de pratiques alternatives sur le territoire. 1 2 3

Teyssou, Simon, architecte et directeur de l’ENSACF, propos recueillis le 21 janvier 2021 durant la formation HMONP, ENSA de Bretagne Moreau Isabelle et Legrand Damien (17 septembre 2020) Nouvelles pratiques du métiers, nouvelles commandes, CNOA

Echange téléphonique avec Frédérique Jonnard, le 22 mai 2021, elle sera présentée dans la suite du mémoire et en annexe : entretien

Luneau, A (17 novembre 2020) Low-tech : comment faire plus avec moins ? [émission de radio] France Culture, intervenants : Philippe Bihouix (ingénieur centralien et essayiste sur les questions environnementales) et Thibault Faucon (ingénieur à l’ADEME, responsable du programme ‘transition systémique’) 5 Baillet, Eugénie (2017) L’architecte-artisan, gentrification d’une profession ou retours aux sources du métier ? Mémoire de Master 1, ENSA de Nantes 6 Caro Olivier, intervention du 19 janvier 2021, formation HMONP, ENSA de Bretagne 4

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MISE EN SITUATION PROFESSIONNELLE PRESENTATION DE L’AGENCE a. L’agence : un lieu et une équipe La SARL Richard Faure Architectes où je travaille depuis la fin du mois de septembre 2019, est une TPE (très petite entreprise) d’architecture, située à Vannes, au bord du Golf du Morbihan (56). Créée par Richard Faure en 2005, après plusieurs années d’expériences dans diverses agences d’architecture du Grand Ouest.. Les premières années, il travaillait seul et son activité se concentrait sur la réalisation de maisons individuelles dans la région de Vannes. L’agence conserve encore aujourd’hui une taille humaine, elle s’est étoffée et accueillent maintenant huit salariés : cinq collaborateurs d’architecte, deux assistantes administratives et un conducteur de travaux.

Influence régionale Basée sur la côte bretonne Sud, l’agence déploie son activité principalement sur les départements du Morbihan et du Finistère. Elle commence, depuis trois ans, à réaliser des projets hors Bretagne comme à Nantes, SaintNazaire ou encore Angers. Cela reste néanmoins difficile de faire sa place dans de « nouveaux territoires » où les agences d’architecture sont déjà nombreuses, la concurrence ardue et le réseau à constituer.

Activités L’activité de l’agence se compose à 60 % de commandes privées et à 40 % de marchés publics. Elle se concentre sur deux types de programmes principaux qui sont le logement collectif et la santé. Des programmes d’équipements publics divers (écoles, internats, mairie) viennent parfois rompre cet ordre établi. Le logement est la première part de l’activité, l’agence travaille autant pour des opérateurs privés que pour des bailleurs sociaux. Dans l’approche architecturale, l’agence tente de répondre au mieux à la croissance démographique et à la pression de l’immobilier. Vannes reste une agglomération de petite taille mais sa situation géographique fait d’elle une région touristique et attractive, le prix au mètre carré flambe depuis une dizaine d’années, de façon similaire à des villes influentes telles que Nantes ou Rennes. Attachée au parc immobilier existant et en quête d’offrir un habitat confortable et qualitatif pour tous, l’agence travaille également sur plusieurs projets de réhabilitation de grands ensembles dans les métropoles de Nantes, Angers et Saint Nazaire. Malgré des contraintes économiques et règlementaires de plus en plus restrictives, chaque projet est un nouvel exercice pour repenser les formes « l’habiter » ainsi que son intégration en tant que volume dense. L’agence concentre une seconde part de sa production dans le domaine de la santé. Elle possède un quasimonopole sur le marché privé des constructions de centres de dialyse dans le territoire Sud Bretagne. C’est un exercice intéressant et technique, où il faut produire vite, efficacement, tout en s’obligeant à ne pas réitérer un modèle qui « fonctionne » tel une recette, sans néanmoins faire abstraction des acquis suite à l’expérience d’un programme connu. Outre cette branche spécialisée, l’agence conçoit des maisons de santé, des établissements publics de santé mentale et divers laboratoires.

Enjeux Deux enjeux s’identifient aujourd’hui à l’agence. Le premier consiste à engager peu à peu la production vers une démarche écoresponsable. Cela reste aujourd’hui difficile à intégrer aux projets pour plusieurs raisons. En premier lieu, du fait de l’habitude d’un type de production et de matériaux employés par systématisme comme le béton. En second lieu, l’image de l’agence véhiculée reste « moderniste » et la récurrence des clients qui présente une certaine frilosité pour un certain nombre face aux questions environnementales. Bien que dans les derniers appels d’offres publics, des critères de performance environnementale, d’intégration de matériaux biosourcés ou décarbonés et autres apparaissent, la question écologique reste limitée chez les maîtrises d’ouvrage privées avec qui R.faure travaille. Afin de rester à jour des nouvelles réglementations à venir, R.Faure s’apprête à se former à la Réglementation Environnementale 2020. Il a également suivi fin juin une formation de construction en terre pour appréhender de nouvelles techniques constructives et des matériaux qu’il souhaite intégrer aux projets développés. 5


Le second enjeu actuel est celui de la méthodologie de travail. Il est nécessaire d‘homogénéiser le processus de production des études CAO. L’agence travaille encore sur différents logiciels : dessin en deux dimensions et outils de modélisation relevant du Building Information Modeling. Cette variété rend plus chronophage et complexe l’opérabilité des projets entre collaborateurs.

b. Tâches et responsabilités L’autonomie et la responsabilisation sont prônées au sein de l’agence, chaque collaborateur d’architecte suit tous ses projets de manière individuelle. Dès mon arrivée à l’agence plusieurs dossiers m’ont été confiés. La plupart en était au stade de l’esquisse ou à peine débuté, j’ai pu en suivre le développement de l’ensemble des phases d’études et certains dossiers sont aujourd’hui en phase d’appels d’offre. La démarche de Richard Faure est de rapidement nous responsabiliser sur un dossier afin d’en posséder la mémoire et d’en devenir le référent. Cela manque néanmoins de travail plus collégial et de collaboration active entre les différents colaborateurs. Au final, nous travaillons tous isolés dans un « open space » qui appellerait, à mon sens, à plus d’échanges. Nous sommes donc quasiment autonomes sur nos projets et, me concernant, je suis actuellement chargée de deux projets principaux, une maison médicale à Plaudren de six cabinets et un centre de dialyse de 16 postes à Concarneau. J’alterne les phases d’études avec des périodes où je contribue aux candidatures et aux offres, ainsi qu’à la réalisation d’études de faisabilité. En parallèle, une mission complémentaire m’a été confiée : celle de redéfinir la communication de l’agence via l’établissement d’une nouvelle identité (logo, typographie, …) et la création d’un Book. Cette dernière tâche, a nécessité de mettre à plat l’image que l’agence souhaitait véhiculer, c’est le fruit de plusieurs réunions et recherches collégiales qui ont permis d’aboutir au nouveau logo et d’avancer dans la composition du Book. Après un an et demi à l’agence, il ne m’a pas encore été donné l’occasion de suivre un chantier. Bien que cela soit sur le point d’arriver pour le projet de maison médicale à Plaudren. Dans le cadre de ma formation HMONP, j’ai assisté au suivi d’un chantier du projet de construction d’un internat à Vannes, afin de pouvoir observer le rôle de l’architecte, représentant de la maîtrise d’œuvre et les diverses tâches qui lui incombent sur le chantier : suivi de l’exécution, visas, compte-rendu, levée des réserves, planning. Figure 1 équipe 2021, de gauche à droite : Bérengère Faure (Assistante administrative), Germain Pasgrimaud (Architecte DE HMONP), Pauline Rossel (Architecte DE HMONP), Hélène Ricoup (Architecte DE), Denis Le Rol (Architecte DE), Xavier Jouhier (Conducteur de travaux), Julien Rondot (Architecte DE), Angélique Séné (Assistante administrative), et Richard Faure (Architecte DPLG et gérant)

© Richard Faure Architectes

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Problématique

1. UNE REINTERPRETATION CONTEMPORAINE DE L’ARCHITECTE Afin d’ouvrir la réflexion sur la pratique du faire dans l’exercice de l’architecte aujourd’hui et l’émergence de formes de pratiques hybrides, s’intéresser à l’histoire de l’architecte « bâtisseur » permet de revenir sur la structuration du métier et les relations qu’il entretenait avec les autres corps de métiers qui participent à l’acte de bâtir. Ce parallèle historique nous ouvre sur la quête contemporaine identitaire et de sens du métier d’architecte, où la place de la main est de plus en plus revendiquée autant dans le processus de construction que de conception, ainsi que la remise en question d’une pratique vers des rapports plus concret, sensible et humain de celle-ci.

a. La relation architecte-artisan Un rapport historique Peut-on se définir architecte et artisan ? Le terme architecte-artisan est une dénomination hypothétique qui puise dans de nombreuses références historiques de la genèse du métier, donc celle de l’architecte bâtisseur et de sa connaissance du chantier. Il est intéressant de revenir sur la naissance des métiers de maître d’œuvre et d’architecte, et de l’ambigüité cultivée sur le rapport de l’architecte à l’ouvrier ou l‘artisan. Le terme maître d’œuvre se compose en latin du mot magister - celui qui commande et d’opus - travail, ouvrage7. L’apprentissage du métier suivait un processus empirique, le maître d’œuvre était en premier ouvrier, qui par son expérience variée du chantier accédait à une maîtrise de celui-ci après avoir lui-même exécuté un chef d’œuvre8. Le terme d’architecte, qui sémantiquement se compose d’arkhi - chef de et tekton - charpentier, et de manière étendue les artisans, fait également référence au savoir de mise en œuvre artisanale, et se place également dans une position d’ordonnateur du chantier mais en tant que sachant, par la théorie et puis la pratique, de l’art de bâtir. Eugénie Baillet, dans son mémoire L’architecte-artisan : gentrification d’une profession ou retour aux sources du métier ? 9 relève les propos de Platon V s. av JC dans son dialogue Le Politique où il positionne l’architecte en tant que chef des ouvriers 10 et qui ne doit aucun cas en être un. Les deux métiers, maître d’œuvre et architecte, sont alors analogues dans leur fonction, puisqu’ils doivent tous deux ordonner et maîtriser le processus de construction et sont en relation triangulaire entre la maîtrise d’ouvrage qu’ils servent et les entreprises, qu’ils supervisent. L’analogie entre les deux métiers est intéressante, l’architecte exerce la fonction de maître d’œuvre11, mais le maître d’œuvre ne peut se revendiquer architecte12. Ce que met en exergue les propos de Platon, c’est l’opposition déjà présente entre celui qui fait et celui qui conçoit, l’architecte alors considéré comme artiste et technicien, qui emploie son esprit, et l’artisan qui utilise ses mains pour faire / fabriquer. De l’antiquité à la Renaissance, l’architecte conservera néanmoins son lien intrinsèque à la fabrication, comme le souligne Eugénie Baillet en citant Vitruve, l’architecte est « complet » par ses connaissances autant théoriques que pratiques. Cependant, la hiérarchisation des professions, la consolidation des corporations de métiers, les nombreuses théories sur la domination de certains domaines (sciences) sur les savoir-faire ancestraux manuels, la création d’écoles spécialisées et d’enseignements supérieurs vont nourrir, jusqu’encore aujourd’hui, l’opposition entre la théorie et la pratique. Peut-être en sommes-nous arrivés à son paroxysme, où les divisions entre corps de métiers et hiérarchie du processus de construction sont si prégnantes que l’architecte se cherche, porté par une critique de l’intellectualisme, ordinaire ou savant, qui oppose la tête et la main, la pratique et la théorie, le fabricant et l’utilisateur, l’artisan et l’artiste, etc. 13. Dans son œuvre, ce que sait la main, dont la citation précédente est tirée, Richard Sennett met en avant le potentiel de l’exercice manuel au service d’une réflexion intellectuelle et l’interaction permanente entre mains et esprit.

Wiktionnary, Maître Di Giusto, Sandra (2021) Bâtisseurs et ouvriers du moyen âge 9 Baillet, Eugénie (2017), Op.Cit. 10 Ibid., p.93 11 Décret n°80-217 du 20 mars 1980, Article 2 (CNOA, Les textes régissant la profession d’architecte) 12 Le titre d’architecte est protégé : « Peuvent seules porter ce titre, les personnes physiques inscrites au un tableau régionale de l’Ordre des architectes, conformément aux dispositions des articles 9-10-11 » de la loi du 3 janvier 1977 (Décret n°80-218 du 20 mars 1980, version consolidée le 1er juillet 2020, Op.Cit.) 13 Bidet, Alexandra, article sur l’ouvrage de Richard Sennett « ce que sait la main, La culture de l’artisanat » 7 8

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Problématique

Des architectes dépossédés ? Dans l’ouvrage Profession d’architecte, il est remis en avant par citation à l’article 2 du Code déontologie des architectes la vocation de l’architecte (à) participer à tout ce qui concerne l’acte de bâtir14. Cependant, le sentiment de dépossession de cet acte est présent dans les jeunes générations d’architectes et leur volonté de faire questionnent les mutations de la profession. En effet, l’opposition évoquée précédemment entre intellectuel et manuel est au cœur des origines de ce ressenti, et il ne se limite pas à notre profession mais s’étend à l’évolution sociétale des dernières générations, comme l’exposent Philippe Bihouix et Thibault Faucon, ingénieurs et invités de l’émission De cause à effets15 sur le Low-tech16. Eugénie Baillet développe dans son mémoire, en s’appuyant sur l’œuvre de Richard Sennett, un comparatif entre la nécessité du synchronisme de l’action et de la réflexion chez l’artisan avec celle de la souffrance de l’être quand la tête et la main sont dissociées suivant le modèle de distinction science/technique17. La souffrance qu’évoque Eugénie Baillet peut être attribuée avec précaution à la catégorie d’architectes qui expriment cette dépossession. Alphonse Sarthout, membre fondateur de l’agence Cigüe à Paris, agence hybride composée d’une structure d’architecture et d’un atelier où exerce leur entreprise de menuiserie, explique dans une conférence durant la FIAC 2018 au sein de l’école nomade conçue par Jean Prouvé, le rapport qu’entretenait Jean Prouvé avec l’atelier et la technique, qui pour lui, était la vérité autant que poétique18. Il explique que le jour où Jean Prouvé a dû laisser son atelier pour revenir à une pratique plus ‘traditionnelle’ de l’agence d’architecture où l’on dessine (son projet) sur un bout de papier, que l’on envoie à une entreprise qui le chiffre, c’est là que commence la dépossession de la fabrication de la conception19, non dans le sens que ce processus appartienne uniquement à l’architecte mais que la scission physique entre le dessin et la construction ne génère pas un dialogue constructif et immédiat (ou presque). Eugénie Baillet, en s’intéressant au sentiment de dépossession éprouvé par certains architectes contemporains, explique l’émergence de néo-artisans. Ces « néo » sont en quête d’un retour de sens, d’utilité, de savoir ou encore de faire dans leur travail. Cependant, elle met en garde l’émergence d’une autre dépossession, comme l’évoque son titre ‘gentrification d’une profession’, celle des artisans.

b. Une quête de sens généralisée de la pratique L’identité d’une profession : reflet d’une recherche sociétale A la lecture des premières pages de « l ‘incontournable » Profession d’architecte20, il existe un sentiment de manque identitaire généralisé à la profession, en particulier chez les jeunes architectes. Ce constat s’inscrit dans une macro échelle générationnelle : de nombreux écrits sur les thématiques du sens au travail émergent depuis plusieurs années. Sans faire une liste exhaustive, nous pouvons citer l’œuvre de Mathew B.Crawford à l’intitulé explicite Eloge du carburateur, essai sur le sens et la valeur du travail, et autres écrits, émissions radiophoniques, podcasts sur le travail et son sens se multiplient. Ils reflètent une quête sociétale qui englobe au passage la profession d’architecte. Les réflexions et les témoignages se rejoignent tous autour de la remise en question d’une forme de travail actuelle dépourvue de ‘sens’ et où, considérant l’évolution incessante de la société et les mutations importantes à venir, la problématique centrale est d’y trouver sa place et de savoir quoi faire et comment. La multiplication de jeunes agences d’architecture « alternatives » illustre cette recherche de forme de pratiquer et de se structurer au sein de la profession.

Le sens et l’utilité publique Caroline Klein est co-gérante de l’agence Gris Bois, avec Guillaume Colinmaire. Leur agence regroupe deux structures, une d’architecture et une entreprise de menuiserie. Ils ont choisi de travailler le bois, local des forêts Chesneau, Isabelle et al., 2021, Profession architecte, 2ème éd, Paris : Ed. Eyrolles, p.19 Luneau, A, Op.cit. 16 Ibid. 17 Baillet E., Op cit., p.22 18 Sarthout, A., Op.cit 19 Ibid. 20 Chesneau I. (2021), Op.cit. 14 15

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Problématique vosgiennes, et concentre aujourd’hui leur production dans du mobilier en bois qu’ils conçoivent et fabriquent. Ils ont vocation à étendre leur activité à l’échelle architecturale. Sur un de leur site, on trouve la description suivante : L’agence Gris Bois souhaite remettre au goût du jour l’intelligence et le pouvoir de la main tout en mettant en avant le savoir-faire local. Inspirée par la vision du monde qui est de plus en plus portée sur l'envie de reconquête du sens21. Cette description, par le choix des mots employés, vient illustrer la quête d’une partie de la jeune génération d’architectes dont Caroline, Guillaume et moi-même faisons partie. A la recherche de sens, se jouxte la place que le travail occupe ainsi que son utilité au sein du système formé par notre société. La loi de 1977 affirme que « la création architecturale » est « d’intérêt public ». Si cela confère à la profession d’architecte la méta-responsabilité22 de garantir le respect des lois comme nous l’explique Sophie Szpirglas lors de son intervention dans la formation HMONP, cette description place également la profession dans un macrocontexte au service du public et de tout public, pour le bien commun. Certains architectes trouvent leur place à de petites échelles, tels qu’Emmanuel Metrard et Adrien Alanou, gérants de l’Atelier de la Comète, pour qui le manque de visibilité et de présence de l’architecte sur un territoire rural a motivé leur posture d’architectes-paysagistes-scénographes. Leur concept : une caravane aménagée en agence d’architecture, avec une signalétique visible afin qu’ils soient repérables et identifiables. Ils se considèrent comme un service de proximité, venant combattre ce qu’ils nomment des déserts architecturaux23. Une agence itinérante, qui se déplace d’un projet à un autre, de chantier en chantier, leur concept permet une présence renforcée de l’architecte auprès de son client mais également, lors d’arrêts dans des villages de passage, cela crée l’opportunité de rencontres ouvertes avec les habitants. Ils veulent rendre l’architecte accessible. Ils ont développé dans leur démarche architecturale plusieurs compétences transversales : architecture, scénographie et paysage, cette pluralité se lit dans leur univers illustré (figure 2).

Figure 2 L'univers de l'Atelier de la Comète © Atelier de la Comète

GRIS Bois, 2021, Trouver mon architecte Szpirglas, Sophie, gérante de Méthodus, intervention du 5 février 2021 dans le cadre de la Formation HMONP 23 Atelier de la comète – Architecture et Paysage, Le bureau mobile, https://atelierdelacomete.wordpress.com/equipage-2/ 21 22

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Problématique

La machinisation de l’architecte face à l’outil architectural Si Emmanuel et Adrien mettent en valeur la diversité de leur univers et de leurs outils, que Caroline et Guillaume parlent du « pouvoir de la main », une remise en question de la manière de faire architecture est à l’origine de ces appropriations et revendications multi-matérielles : une machinisation24 de la pratique en agence. Ce n’est pas un plaidoyer contre l’utilité et les progrès qu’a apporté l’informatisation des études de conception, mais bien de la replacer, comme l’exprime Mathieu Piat, architecte tel un outil (qui) doit accompagner l’architecte25 et de définir la place de l’architecte face à cet outil. Alphonse Sarthout, de l’agence Cigüe, explique son rapport aux outils de conception, de la manière suivante : le fait de pouvoir toucher, manipuler, comprendre contribue à la mise en jeu des sens dans le fait d'avoir un atelier. L'ordinateur, c'est 2D, c'est plat, il n‘y a pas de goût, pas d'odeurs. Avec l'atelier d'un seul coup, il y a toute une dimension de l'architecture qui apparaît et qui est à notre disposition au quotidien. Les gens qui développent les projets chez nous n'ont plus à attendre que le projet parte en chantier pour commencer à manipuler les matériaux26. A.Sarthout place l’atelier comme un outil, aussi bien que l’ordinateur ou l’imprimante 3D, au service de la conception par l’expérimentation. Un autre membre fondateur de l’agence, Guillem Renard, écrit dans son mémoire professionnel en formation HMONP à l’ENSA de Paris la Villette que la genèse de leur collaboration, et de Cigüe, est née du désir et (de) la capacité à faire des choses avec nos mains nourri par l’idée commune de ne pas vouloir dissocier la conception de la réalisation, le penser du faire27. La surutilisation de l’outil informatique nourrit en partie la frustration de nombreux architectes quant à leur désir de redonner une place à d’autres outils, en particulier la main. Mathew.B Crawford, philosophe, auteur et réparateur de motos, dans son livre Éloge du carburateur, essai sur le sens et la valeur du travail, redonne sa légitimité au manuel en le réassociant à l’intellectuel. Une reconquête du terrain similaire apparaît chez les architectes, plaçant la matière au cœur de la pratique et de la production, au travers d’une palette d’outils variée.

Figure 3 extrait de Mains de "métiers", portrait digital © Jean-Philippe Beux

Les mains : un outil parmi d’autres Dans l’émission radiophonique les chemins de la philosophie du 21 mai 2021, Adèle Van Reeth, philosophe et chroniqueuse, interviewe Arthur Lochmann, ancien charpentier et traducteur, elle place les mains (comme) l’outil de l’esprit28. Les mains sont le premier outil de l’artisan, comme l’écrit Eugénie Baillet dans son mémoire où elle dresse quelques portraits d’artisans et met, comme illustration, la photographie de Jean-Philippe Beux, mains de « métiers » en portrait digital, qui compose un trombinoscope de plusieurs mains d’artisans (figure 3). Pour l’architecte, les mains sont d’autant un moyen d’expression que de production. Nous pouvons citer le dessin comme première approche et retranscription de l’espace. Le dessin est en effet une expression personnelle et identitaire. Certains architectes revendiquent cette approche, tels que les associés Olivier Marty et Karl Fournier de Studio KO, qui s’expriment dans le podcast Où est le beau, d’Hélène Aguilar, sur leur Déshumanisation au profit de l’efficacité de production, de rentabilité Piat, Matthieu, intervention du 4 juin 2021, formation HMONP, ENSAB 26 Sarthout, A, (5 Janvier 2021) Cigüe – Studio Prouvé 3/8 [Paroles d’architectes – Pavillon de l’Arsenal] 27 Renard, G., (2017) Trial-Error°, l’expérimentation dans l’exercice architecturale, mémoire HMONP, ENSA Paris la Villette, p.9 28 Van Reeth, A (21 mai 2021) Les chemins de la philosophie, France Culture 24 25

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Problématique opinion que la qualité d’un projet vient par la main avant tout (…) ça peut sembler vieux con mais en fait, c’est presque révolutionnaire aujourd’hui, c’est de la révolution 29. La SCOP d’architecture LAO30, basée à Paris, dont, Céline Tcherkassky, une des architectes membres et également illustratrice, propose ses illustrations en tant que produits de vente, on retrouve sur leur site en exemple la collaboration avec l’agence Encore Heureux. Si le dessin sert le projet dans ses premières esquisses et son expression, il est une compétence artistique valorisable qui est également un outil de représentation et de communication architecturale. Richard Faure, le gérant de l’agence dans laquelle je travaille, explique que pour lui, c’est à travers la matière et le volume qu’il s’exprimait : la maquette. Bien que nous n’utilisions plus ce moyen d’expression au sein de l’agence, la maquette reste un outil de recherches, de conception et aussi d’illustrations de la production architecturale auprès du public dans de nombreuses agences, telles que Dominique Coulon & Associés à Strasbourg, Studio 02 à Vannes, ou bien la vitrine parisienne de l’agence Renzo Piano.

c. L’appel du concret Repenser la gouvernance du projet pour plus d’horizontalité Dans son mémoire, Eugénie Baillet interviewe plusieurs artisans, dont Patrick Le Goff, couvreur chaumier, qui pointe le manque de communication et de compréhension entre architecte et artisan, il témoigne personnellement d’un ressenti de complexe d’infériorité (…) face aux architectes 31. Nous avons parlé précédemment de la position parfois « dominante » de l’architecte en fonction de maître d’œuvre sur les artisans / ouvriers. L’architecte établit sa place dans une dialogue triangulaire avec la maîtrise d’ouvrage et les entreprises et doit porter le projet. La volonté d’une partie des architectes à revendiquer une approche plus manuelle, sensible et humaine témoigne d’une certaine humilité partagée. En effet, l’image que l’architecte porte dans la société interroge sa place dans la culture commune, pour exemple, Emmanuel Metrard et Adrien Alanou de l’Atelier de la Comète nourrissent par leur démarche une nouvelle culture de l’architecte accessible 32 . C’est également l’étape du chantier qui est à revaloriser. Frédérique Jonnard, architecte-artisane, est gérante de Terramano, une agence d’architecture spécialisée dans la construction terre devenue entreprise artisanale. Elle a pratiqué durant quelques années en Amérique du Sud, à Lima. Elle m’explique la différence entre la culture française et latine du chantier, là-bas, le chantier est une fête, c’est sacré, il y a la tradition de mise en œuvre33. Si nous parlions précédemment de la place sociétale requestionnée par certains architectes, c’est aussi celle dans le processus du chantier qui est visée. Tandis qu’une nouvelle vague d’architectes est portée par la volonté de faire et de travailler de manière plus horizontale avec les autres acteurs de la construction, d’autres architectes sont en quête de légitimité quant au processus de construction de plus en plus complexes et réglementés du fait de l’industrialisation du domaine de la construction et aux savoir-faire détenus par les artisans et ouvriers. Arthur de Bellescize, architecte et salarié de Cubeco, une entreprise générale travaillant sur la conception d’un module d’habitat éco-construit, exprime son impression que l’architecte est devenu trop spécialisé. Il travaille avec plusieurs artisans dans son entreprise, ce qu’il constate, en étant architecte de formation et moitié artisan dans la pratique, c’est le manque aujourd’hui d’harmonie entre les acteurs, ouvriers, artisans, (et) de synergie des lots34. La complexité croissante des projets amène la pratique de l’architecte à la sur-compétence, il faut s’entourer d’acteurs complémentaires pour répondre au mieux aux projets, en renforçant la transversalité des compétences.

La concrétisation versus l’abstraction

Olivier MARTY, architecte associé, gérant du Studio KO dans le Podcast d’Hélène Aguilar, Où est le beau, #69, Op.Cit. site web : https://www.lao-scop.com/projets/diagnostic-d'usages-urbains 31 Baillet Eugénie, Op.Cit., p.11 32 Metrard, E., entretien du 24 janvier 2021, annexe 33 Jonnard, F., Op.Cit. 34 de Bellescize, A., entretien du 31 mars 2021, annexe 29 30

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Problématique Nicolas Duverger, architecte au CAUE 29, nous interpellait lors de son intervention, dans le cadre de la formation HMONP, sur les alternatives qu’il serait nécessaire de développer dans notre pratique. Il parlait de mise en mouvement du projet , d’expression alternative du projet et de l’émergence de microarchitectures faites main35. Il illustrait son propos par un exemple de revitalisation de centre-bourg breton conçu et partiellement réalisé par le collectif de paysagistes Bivouac. Si l’on en appelle aux mains et à la volonté de faire, la comparaison voire l’inspiration du métier d’artisan nourrit l’envie de changements des architectes que j’ai rencontrés. Caroline Klein, de l’agence Gris Bois, me précise que pour elle l’architecte devrait être artisan, pourquoi certains architectes pensent-ils ainsi ? Ont-ils la volonté d’être actif (physiquement) dans le processus de fabrication ? Le souhait de savoir faire ? Ou se placent-ils dans une posture en révolte face à la société, en écho aux mots de M.B.Crawford le savoir-faire artisanal suppose qu’on apprenne à faire une chose vraiment bien, alors que l’idéal de la nouvelle économie (célèbre) les potentialités plutôt que les réalisations concrètes36. Pour Cigüe, faire leur permet d’expérimenter, de se tromper, de recommencer en se confrontant au concret. Frédérique Jonnard explique son rapport à l’artisanat, nourri par l’envie de faire le projet de bout à bout 37. Le concret qu’évoque Frédérique, et celui partagé par Cigüe ou encore Gris Bois, c’est la volonté de maîtriser un processus du début à la fin : concevoir, fabriquer, commercialiser… Frédérique m’explique que son envie de devenir artisan, de faire, lui a paru évidente lorsqu’elle était sur chantier et qu’elle ne pouvait pas participer à ce qu’elle avait dessiné sur papier, pour elle, faire c’est rendre concret le projet. Le concret, Eugénie Baillet s’y est intéressée dans son mémoire, elle y expose la fuite de l’abstraction38 par une génération de travailleurs, dont les architectes font partie, en révolution contre un système abstrait du travail.

Rapport sensible et humain L’artisan choisit sa spécialité en relation avec une matière spécifique tandis que l’architecte compose avec différentes matières. Néanmoins, tous deux entretiennent un rapport sensible à la matière, voire émotionnel. Une sensation qui se transmet en partie par le toucher, là où la main de nouveau reparaît. Frédérique Jonnard parle de l’entrée de la terre dans sa vie avec émotion la terre est universelle, elle est partout, elle peut se ramasser (…) en tant que personne tu peux la transformer pour en faire un espace, ton chez toi si tu souhaites. Pour elle, l’emploi d’une matière disponible et locale permet d’aller de la matière première à la matière bâtie, et dans certaines mesures de supprimer les intermédiaires. Frédérique parle d’affinité avec la matière, il y a une différence entre ceux qui travaillent la terre et ceux qui travaillent le bois : ce n’est pas la même approche39. Cette sensibilité peut également porter une dimension environnementale. Yann Santerre est architecte et ingénieur, originaire de Bretagne, il travaille une matière innovante à partir des sédiments marins en excès dans les ports et abords fluviaux. Ses premières réalisations avec son entreprise Gwilen, prouvent son pari de transformer une matière « déchet » en une matière « noble », esthétique et exploitable. Aujourd’hui, il a développé une gamme de mobiliers et parements. Dans le podcast qui lui est dédié Où est le beau #96 d’Hélène Aguilar, Gwilen, une révolution grâce aux sédiments marins40 s’ancre clairement dans une perspective d’avenir et de renouvellement des potentiels existants. Pour Yann, mettre à profit le réemploi des excédents générés par l’homme est une solution d’avenir pour la construction. Si Frédérique Jonnard se place aux côtés des artisans dans le désir commun de bâtir, l’Atelier de la Comète développe avec leur nomadisme de chantier en chantier, un rapport aussi fort avec les ouvriers qu’avec les clients. Emmanuel m’explique que leur présence régulière sur place leur a permis d’entretenir des relations presque « intimes » au-delà du cadre habituel architecte-client, où l’architecte devient « disponible ». Quant à Caroline et Guillaume de Gris Bois, ils sont auprès de leurs clients dans la compréhension des besoins. Suite à la conception et la fabrication, ils viennent eux-mêmes poser et monter le projet, de la même manière que les débuts de Cigüe racontés par Guillem Renard. Ils se construisent avec la volonté d’être physiquement impliqués au processus de conception/fabrication du projet et humainement proches des acteurs. Après avoir établi les origines de ce retour à la fabrication et de la remise en question au sein de la profession, la seconde partie s’intéresse à l’intérêt du faire dans la pratique et son apport dans le processus de conception. Duverger Nicolas, propos recueillis lors de l’intervention du 18 janvier 2021dans le cadre de la formation HMONP, ENSA de Bretagne Crawford, Op Cit, p. 27 37 Jonnard, F. Op Cit 38 Baillet E. ,Op Cit., p.71 39 Jonnard, F., Op.cit 40 Aguilar H, Janvier 2021, Où est le beau #96 Gwilen, une révolution grâce aux sédiments marins, interview de Yann Santerre 35 36

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Figure 4 Frédérique Jonnard dans l’atelier de Saint Simon (02) © Alain Moïse Arbib

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2. L’APPRENTISSAGE PAR LE FAIRE Richard Sennett dans son livre Ce que sait la main, met en avant l’animal laborans et le place en guide de l’homo faber41. Il développe le fait que les gens peuvent s’instruire d’eux-mêmes à travers les choses qu’ils font42. Dans cette seconde partie, l’apprentissage d’architectes par le faire : sur le chantier, par l’expérimentation… illustre la mise en action (physique) d’une génération, qui s’inspire des pratiques artisanales de transmission, de partage et d’échanges de savoir-faire et qu’ils réincorporent à leur exercice architectural. Comme l’écrit Alexandra Bidet dans son compte-rendu sur l’œuvre de Richard Sennett, le travail comme action a une portée éthique et politique43, la formation des architectes est remise en question autour de la reconnexion entre la théorie et la pratique. Cependant, pratiquer de manière hybride rencontre de nombreuses limites, économique, d’éthique, physique, temporelle…

a. L’importance de l’apprentissage et de la transmission L’apprentissage du chantier Guillem Renard raconte les débuts de Cigüe. A l’école d’architecture, ils étaient une bande d’amis qui s’essayaient à faire et à fabriquer à l’échelle un en atelier. Lorsqu’ils décident de lancer leur entreprise de menuiserie, il explique comment il se sont formés de manière autodidacte à travers différents petits chantiers44 et comment ils se sont initiés aux principes de la construction, en les éprouvant physiquement45. Ils ont ainsi découvert le processus du chantier, sa gestion, l’approvisionnement en matières premières, et se sont vite confrontés à leurs limites physiques et de connaissances. Le parcours de Caroline Klein et Guillaume Colinmaire est similaire. Caroline raconte leur apprentissage durant le premier confinement de mars 2020 lors d’un chantier participatif de deux mois. Ils ont appris, durant ce temps de partage autant que d’apprentissage, le savoir de mise en œuvre du bois, en rénovant une ferme dans les Vosges avec du bois local. Caroline explique que c’est par ce premier long chantier, où ils étaient en immersion totale, qu’elle a appris à appréhender le bois. Et elle continue à se nourrir de pratiques communes, dans leur production au sein de Gris Bois, ils travaillent uniquement avec des essences locales de la région. Elle raconte son questionnement lorsqu’un ami dans le Jura, qui montait un bardage en épicéa non traité sur sa maison, une essence de bois peu appropriée pour l’extérieur, lui expliquait que pour lui, ce bardage aurait plusieurs « vies » et qu’il s’en servirait dans un second temps comme bois de chauffage. Cet exemple anecdotique est significatif pour Caroline, les architectes n’ont pas toutes les réponses46, il faut savoir observer et s’inspirer de ce qui fait la culture locale, cela compose également l’apprentissage. Son premier rapport à la terre, Frédérique Jonnard l’a eu sur un chantier dans le quartier de Barranco à Lima, où elle a vécu plusieurs années. Elle habitait une maison faite en adobe, c’est auprès de l’artisan qui la rénovait qu’elle a découvert son attirance pour la terre. Après l’entrée de la terre dans sa vie, elle a toujours cherché à apprendre autant qu’à transmettre ces savoir-faire au travers de formation telle que CRAterre à Grenoble. Sur leur page de présentation, CRAterre développe leur innovation en termes de « culture constructive » par la mis(e) au point de nouveaux modes pédagogiques allant de la manipulation de la matière jusqu'au chantier formation 47. La pratique du chantier devient un outil d’apprentissage. Frédérique organise des chantiers d’été participatifs du réseau Twiza, son atelier à Paris illustre son hybridité, il y cohabite des outils de conception architecturale avec mélangeurs, réserves d’argiles, sable et autres bases à la confection d’enduits en terre. Dans leur « plaidoyer » construisant une réflexion collective sur les enjeux de demain, promu par Le Pavillon de l’Arsenal, Et demain : on fait quoi ?, le collectif Nuée48 écrit le savoir est pluriel, le savoir-faire se transmet. Dès

« animal laborans : pour qui le travail est une fin en soi » et «homo faber : fait et juge de sa pratique » (Bidet, A, Op.Cit) Bidet, A., Op. Cit. 43 Ibid. 44 Renard, G., Op. Cit., p.9 45 Ibid. 46 Klein, C., 20 janvier 2021,entretien téléphonique 47 http://craterre.org/presentation/ 48 Nuée est une plateforme coopérative et pluridisciplinaire 41 42

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Problématique lors qu’il n’est plus partagé, la connaissance reste accessible à un nombre restreint de personnes puis finit par s'éteindre 49.

La transmission de savoir-faire Précédemment, il était question de l’apprentissage à d’autres formes de pratiques et plus largement à des connaissances par le faire, le chantier, en référence au processus d’apprentissage et de transmission de savoir-faire traditionnellement rattaché à l’artisanat. A présent, il est intéressant de retrouver ce procédé de transmission dans la consolidation de pratiques architecturales plus manuelles. Frédérique Jonnard porte plusieurs casquettes, maîtrise d’œuvre en tant qu’architecte établie avec son agence Terramano durant plusieurs années puis artisane aujourd’hui dans l’entreprise du même nom, elle s’est très vite placée en tant que formatrice et encadrante technique. En 2019, en collaboration avec Eugénie N’Diaye, fondatrice du collectif « les bâtisseuses », elles ont mis en place une formation Enduits et peintures écologiques, certifiée ECVET 50 à Montrouge, en partenariat avec le Palais de la femme, l’Armée du Salut et l’association ADAGE. La formation était destinée aux migrants dans le but de leur donner une qualification et de les insérer ensuite en tant qu’ouvrier spécialisé de la construction. L’été 2019, lors d’un chantier de rénovation intérieure de logements sociaux pour Paris Habitat avec enduits en terre crue, elle a fait participer plusieurs jeunes du quartier (Convention, Paris) à la pratique des enduits. Les étés, elle organise et participe à des chantiers participatifs et multiculturels, avec la participation de professionnels de tout horizon. Elle est régulièrement invitée dans des conférences et assure aujourd’hui un atelier à l’ENSA de Paris la Villette. Caroline et Guillaume, de Gris Bois, ont embauché depuis peu un jeune charpentier issu des compagnons du devoir. A travers lui, ils perfectionnent leur apprentissage du savoir-faire.

Figure 5 Caroline Klein et Guillaumne Colinmaire en train de construire leur atelier dans l’espace collaboratif « la virgule » dans les anciens ateliers de la COOP à Strasbourg © DNA / Thomas Thoussaint Collectif Nuée (30 Juin 2020) Se (dé)construire - Et demain, on fait quoi ? – Pavillon de l’Arsenal ECVET Construire en Terre est « une matrice d’unités d’acquis d’apprentissage conçues pour la construction, la rénovation et la décoration avec des matériaux dont le liant est l’argile non cuit » et permettant aux artisans de suivre des formations dans toute l’Europe.

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Intégration du faire dans la formation d’architecte Ce que revendiquent Frédérique Jonnard, Guillaume Colinmaire, Caroline Klein et bien d’autres, en tant qu’architectes, c’est ce droit à savoir faire, cette volonté d’apprendre pour mieux comprendre et pour mieux faire. Qu’en est-il de cette revendication au sein de l’enseignement supérieur, dans les écoles d’architecture qui forment les nouvelles générations d’architectes ? Certaines écoles possèdent des ateliers comme Rennes ou Paris La Villette. Cependant, en dehors du stage « ouvrier » de fin de première année, les rapports, que ce soit à l’artisan, à la matière ou aux processus concrets de fabrication restent moindres. Pour Olivier Marty de l’Atelier KO il faut aller chercher ce qu’il manque dans notre formation 51, dans son rapport à la matière et aux savoir-faire. C’est ce que sont allés chercher les architectes précédemment mentionnés et leurs revendications ne sont pas solitaires. Lors de conférences organisées au Pavillon de l’Arsenal sur la question Et demain, on fait quoi ?, au cours de la 4ème rencontre sur l’environnement, résilience et réemploi, un extrait du texte du philosophe Philippe Simay 52 et de l’architecte Clara Simay est lu. C’est un texte engagé sur la volonté de créer une nouvelle formation pour les futures générations d’architectes. Ils écrivent Quand cessera-t-on d’enseigner les projets comme une création de l’esprit qui tient les matériaux à distance ? De dévaluer les métiers de la main qui participent à la production de nos lieux de vie ? Ou de réduire l’architecture à des produits et des « grands gestes » alors que c’est un processus collectif, créateur de valeurs sociales, culturelles et politiques ? Une autre pédagogie, centrée autour des arts du faire et des matériaux qui garantissent l’habitabilité́ de la terre, est à inventer 53. Pourtant les écoles sont en éveil et les enseignements évoluent. Frédérique Jonnard a tenu deux cours au printemps au sein de l’ENSA de Paris La Villette sur la construction en terre, une première session théorique et une seconde de mise en pratique. Au-delà d’un rapport plus hybride entre enseignement théorique et pratique de l’acte de bâtir, ce sont des enjeux environnementaux et sociétaux sur l’évolution du domaine de la construction qui accompagnent également les mutations d’enseignement. Que ce soit par de nouvelles réglementations telles que la Réglementation Environnementale 2020, en application à partir de janvier 2022, du fait de la rareté des matières premières, de la remise en question des constructions neuves en masse au profit de la réhabilitation du parc bâti existant. Les mouvements appellent à repenser la manière de construire et par conséquent celle de penser l’acte de bâtir. Par ces couples réunies de théorie et pratique et de conception et fabrication se créent des pratiques circulaires, où l’un nourrit l’autre.

b. L’idée de pratiques circulaires : cycle, expérimentation, pratique, … Temporalités entre conception et chantier : pratiques circulaires Le chantier est une phase temporelle, que certains architectes cités dans ce mémoire et connaissances, qui le pratiquent, s’intéressent à une organisation temporelle plus « naturelle »54 de celui-ci. Nicolas Barthomeuf est un ami, il est titulaire d’un diplôme d’état en architecture et il suit actuellement une formation en alternance à l’Asder55 (Chambéry). Dans ce cadre, il est en stage avec Janderson Batista Costa, artisan OPEC56 créateur de Casa de Terra, c’est une entreprise labellisée RGE57 spécialisée dans les enduits terre, chanvre et paille en isolation extérieure et intérieure. Nicolas m’explique comment Janderson organise son temps de travail sur l’année, il l’étale sur huit mois, de mars à octobre. Les quatre mois sur l’hiver ne sont pas favorables par leurs conditions au travail en extérieur ni à la mise en œuvre de son activité.

Marty, O, Op.Cit. Maître de conférence à l’ENSA Paris Belleville 53 Simay, Clara et Simay, Philippe, Une école du réemploi : pour un Green New Deal de la construction 54 Dans le sens où les saisons ont pu régir le chantier et certains architectes retournent à cette temporalité : l’hiver est moins propice, le chantier se concentre du printemps à l’automne 55 Association Savoyarde pour le Développement des Énergies Renouvelables, spécialisée dans la sobriété et l’efficacité énergétiques ainsi que le développement des énergies renouvelables. 56 Ouvrier Professionnel en Eco Construction 57 Reconnu Garant de l’Environnement, c’est une qualification qui permet aux clients employant un artisan-ouvrier RGE de bénéficier de réduction fiscale et aides pour les rénovations énergétiques 51 52

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Problématique Frédérique Jonnard m’explique comment dans l’avenir, si elle pouvait concilier sa pratique de maîtrise d’œuvre et d’entrepreneur, elle aimerait composer en deux temps : l’hiver pour concevoir et le reste de l’année pour les chantiers. Cela peut paraître utopiste d’organiser sa pratique en plusieurs temps et demande d’avoir la clientèle adéquate et réceptive. L’exercice d’architecte semble dicté par une production incessante où il faut toujours prévoir les études à venir, les chantiers qui commencent, l’équilibre du prévisionnel à respecter afin d’avoir un bilan positif, les études retardées ou avortées, les divers aléas… Le temps ne semble pas être une variable maîtrisable mais plutôt une contrainte. Cependant, en reprendre possession pourrait-il s’envisager, du moins à une certaine échelle de pratique ? En écho aux propos de Frédérique et de Nicolas, pour Caroline et Guillaume, ce temps qu’ils prennent aujourd’hui à apprendre les différentes techniques de mise en œuvre du bois ou encore la connaissance des filières locales de la matière et les caractéristiques des essences sont d’autant d’atouts pour la suite de leur structure. La structure ayant pour objectif de développer prochainement sa branche architecturale, Caroline m’explique que le fait de ‘faire’ influence (sa) manière de dessiner en tant qu’architecte58. Aujourd’hui, son temps est séquencé de la manière suivant : 80 % dans la conception, la gestion de la clientèle et la gestion administrative dont elle s’occupe et à 20 % dans la fabrication.

Expérimenter : un outil variable de conception Si l’on cite de nouveau le concept de Richard Sennett sur l’homo faber et l’animal laborans qui apprend en faisant, certains architectes apprennent, conçoivent et développent, par le biais de l’expérimentation. A travers un processus de recherche et développement. Yann Santerre explique comment il a recherché, tenté, échoué, retenté, afin de concevoir une matière à base de sédiments marins qu’il développe avec Gwilen. C’est en combinant ses connaissances techniques d’ingénieur avec sa pratique créative architecturale qu’il est arrivé à un procédé de solidification à froid, faible en énergie, qu’il a décliné cette matière en une gamme de produits et mobiliers. Pour Cigüe, l’expérience acquise en tant qu’entrepreneur et architecte, le développement de leur société et après plusieurs projets, les a conduit vers une approche empirique par le faire. Ils ont mis en place une démarche conceptuelle59 au sein de leur atelier, sous formes d’expérimentations et de prototypage. Guillem Renard parle d’un aller-retour constant entre la théorie et la pratique (qui) a forgé peu à peu (leur) culture de la mise en œuvre60. Le faire nourrit le penser, et vice et versa. Son associé, Alphonse Sarthout, explique, en évoquant Jean Prouvé et sa démarche de conception interactive avec celle de construction, la dimension temporelle, réduite du fait de rapprocher le concevoir du faire. Le but est de mettre en place un dialogue61 constructif du projet, dans le sens où la fabrication permet d’anticiper certains aspects. Il montre également comment en expérimentant et en se « ratant », on peut découvrir des possibilités matérielles qui viennent enrichir, parfois, le projet. Il explique que l’atelier de l’agence est ouvert à tous les collaborateurs afin qu’ils puissent s’y « confronter ». Pour eux (Cigüe) c’est de cette manière que l’atelier devient un producteur d’idées 62. Guillem renchérit, dans son mémoire, en expliquant que c’est le rapport entre l’architecture et l’artisanat qui favorise la cohérence dans l’expérimentation 63 et cite également l’intérêt qu’a développé Jean Prouvé dans sa démarche hybride alliant théorie et pratique architecturales aux connaissances des compagnons. L’expérimentation, c’est aussi le droit à l’erreur, concevoir un prototype leur permet de rapidement se confronter aux erreurs de conception.

Klein Caroline, Op.Cit. Renard, W., Op.Cit, p.43 60 Idem, p.10 61 Sarthout, Alphonse, op.cit 62 Ibid. 63 Renard, W., Op.Cit, p.43 58 59

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Figure 6 connecteur en fonte de Zamac dans le cadre d’une installation pour le styliste Julien David, 2017, Paris © Cigüe

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Figure 7 Palette de coloris et table, matière : sédiments marins © Gwilen

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c. Les limites d’une pratique : échelles, réalités économiques, contraintes temporelles La volonté utopique de tout maîtriser Nous parlions précédemment d’une volonté de se confronter au concret de la fabrication et du processus global du projet. Mathhew B.Crawford parle dans son livre de mise en garde de l’omnipotence. Ce qui consisterait à vouloir tout savoir-faire et tout maîtriser, il incite à éviter une attitude narcissique pour se mettre au service de nos semblables 64 afin de comprendre leurs besoins. Guillem Renard, de Cigüe, explique comment ils se sont confrontés à cette utopie de la pleine maîtrise. Lors d’un de leurs premiers projets, ils ont pris conscience de la limite du concepteur-réalisateur alors qu’ils souhaitaient tout réaliser par eux-mêmes. Il qualifie d’ambition illogique d’embrasser (…) tous les lots du chantier 65 mais il explique également que c’est en s’y confrontant et en expérimentant jusqu’aux limites du principe qu’ils ont appris, peu à peu, et ont affiné leur pratique. De même, Caroline Klein exprime la volonté conjointe avec Guillaume Colinmaire de produire et de maîtriser l’objet entièrement, du dessin à la fabrication d’un meuble, nourri par leur le souci du détail 66. Cependant, ils se confrontent à la réalité du processus de fabrication, elle m’explique qu’elle a été surprise par la complexité du métier d’artisan : très chronophage 67.

Les limites d’échelle L’union de la conception/réalisation semble se confronter à une limite d’échelle de projet. Guillem Renard explique qu’en effet, leur approche très immersive durant leurs premières années de pratique les a enfermés dans une échelle de projet nécessitant une envergure petite et maîtrisable pour le mener de A à Z (en tant que) concepteur-entrepreneur 68. Pour Cigüe, c’est en intégrant la place du faire dans leur démarche conceptuelle, plutôt qu’en persévérant dans la fabrication sur chantier, qu’ils ont pu conserver leur perspective artisanale tout en ouvrant leur échelle de projet, et même de territoire. En termes de territoire, l’Atelier de la comète d’Emmanuel et Adrien, du fait de sa mobilité s’est développé sur toute la France. Emmanuel m’explique que la limite qu’ils ont rencontrée a été celle de leur espace de travail : l’agence, le camping-car était un espace de travail limité. L’échelle réduite, comme celle du mobilier, favorise l’apprentissage de la fabrication par l’exercice d’une micro conception-réalisation, telle une première étape permettant de façonner l’approche développée par un agence, comme cela l’a été pour Gris Bois et Cigüe. En parallèle de cette approche micro-scalaire, à l’échelle de l’objet et à l’image de l’artisan ou du designer, certains architectes s’intéressent à répondre massivement aux besoins d’une population croissante. Arthur de Bellescize, lorsqu’il explique le concept de Cubeco, s’exclame qu’il faut frapper fort, viser gros, construire en paille et construire massivement afin de répondre à la croissance démographique 69. Au travers de Cubeco, Arthur a participé de la conception et la construction, à la concrétisation d’un prototype : un module d’habitat personnalisable construit en ossature bois et remplissage paille, afin que la démarche écologique soit autant dans la forme que dans le fond. Cependant, Nicolas Duverger, précédemment, nous rappelait l’importance des micro-architectures faites main 70, soient la pertinence des petites interventions. Ces gestes de moindre échelle font appel à des compétences variées : du design à l’architecture, où interagissent art, technique, artisanat et inventivité dans la diversité des types de réponses et le choix des matières employées, afin de satisfaire aux contraintes économiques et contextuelles. Argumenter en faveur de microarchitectures amène également à une démarche frugale de la juste intervention, comme le démontre la SCOP LAO composée de jeunes architectes qui revendiquent le fait de bâtir avec lucidité 71. L’action même de bâtir est remis en question, entre ce qui est demandé et ce qui est nécessaire. Cela rejoint les propos de l’urbaniste Sylvain Grisot, fondés sur ses divers travaux de recherche dans le domaine de l’urbanisme, démontrant qu’aujourd’hui, nous avons déjà la ville de 2030 et les 2/3 de celle de 2050 72. Crawford, Matthew B., Op.Cit., p.23-24 Renard, W., Op.Cit, p.10 66 Klein, C, Op.Cit 67 Ibid. 68 Renard, W., Op.Cit, p.11 69 De Bellescize, Arthur, entretien téléphonique du 31 mars 202, annexe 1 70 Duverger Nicolas, intervention du 18 janvier 2021, formation HMONP, ENSA de Bretagne 71 https://www.lao-scop.com/projets/diagnostic-d'usages-urbains 72 Grisot, S., intervention du jeudi 21 janvier 2021, formation HMONP, ENSA de Bretagne 64 65

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La confrontation d’une éthique face à l’économie Se confrontent à l’éthique des pratiques alternatives, hybrides comme celles citées précédemment, les réalités économiques et réglementaires. Comme nous l’a répété Olivier Caro, consultant en programmation pour les maîtrises d’ouvrage le projet appartient à ceux qui le commandent 73, l’architecte propose mais ne « commande » pas. Il doit s’inscrire dans une réponse à la demande et aux besoins. Si les architectes que j’ai rencontrés ou dont j’ai lu les écrits, défendent tous une certaine philosophie de leur pratique, parfois idéalisée, Sophie Spirzglas nous a bien rappelé qu’’il ne faut pas oublier le ressort d’une entreprise (…) il faut gagner de l’argent74 et ne pas devenir esclave de sa pratique. Emmanuel Metrard m’explique comment il a souffert au bout de quelques années du manque de rentabilité de son entreprise en comparaison à son investissement : j’avais l’impression de trimer et de voir tout le monde s’en sortir mieux à côté de moi, le client, les entreprises, les BET, même mon salarié, qui travaillait ses 35 h pour la même rémunération que nous…75. Pour Caroline Klein et Guillaume Colinmaire, c’est la chronophagie du processus de fabrication qui les a étonné, Caroline me dit qu’il ne faut pas lésiner la difficulté 76. Elle m’explique que leur première année, ils ont travaillé semaines, soirs et weekends. La deuxième année, ils parviennent à contenir la charge du travail sur cinq jours. Pour Emmanuel Metrard et Adrien Analou, leur accessibilité en tant qu’architecte a entrainé une sur-sollicitation de la part des clients, ils étaient presque « à (leur) disposition », pris dans une relation chronophage. Guillem Renard de Cigüe revient sur leur premier projet : un réaménagement intégral d’un appartement de 80 m2. S’ils se sont confrontés aux limites de la toute maîtrise, ils ont également supporté des contraintes économiques insoutenables. Avec un budget de leur client de 25 000 €, mais avec une démarche volontaire nécessaire à la création d’une entreprise, ils ont réalisé jusqu’au bout avec beaucoup d’énergie, voire parfois de l’acharnement 77 ce projet. La viabilité d’une structure, classique ou alternative, repose sur un équilibre des moyens nécessaires à l’activité : ses besoins (humains et matériels), du temps de prospection, de conception, de production, de réalisation, et de la valeur marchande. Comment est-il possible aujourd’hui, en France, de se structurer avec une pratique hybride de l’architecture et quels sont les intérêts et la plus-value qu’elle apporte ?

Caro, O., Op.Cit. Szpirglas, S., intervention du 5 février 2021, formation HMONP, ENSA de Bretagne 75 Metrard, E, Op.Cit. 76 Klein C., Op.Cit. 77 Renard, G., Op.Cit., p.10 73 74

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Problématique

3. SE STRUCTURER DE MANIERE HYBRIDE Contexte Le statut de l’architecte dans le droit français, suivant la loi n°77-2 du 3 janvier 1977 sur l’architecture, lui confère un monopole sur le marché de la construction, comme nous l’a rappelé Ann-Karen Bartoszewski, directrice de l’Ordre des architectes de Bretagne78. L’architecte doit faire preuve d’objectivité et d’équité 79 quant au jugement des offres d’un entrepreneur afin de servir les intérêts de son client. Dans le cas de pratiques hybrides, il est impossible de conjuguer une pratique simultanée de conception et de réalisation. Le code des devoirs professionnels de l’architecte interdit cette double fonction, l’architecte exerce une profession libérale et non commerciale. Cette profession est incompatible avec celle d’entrepreneur 80. Qui plus est, la profession d’architecte est rattachée à la Chambre des commerces et de l’industrie, tandis que celle de l’artisan est rattachée à la Chambre des métiers et de l’artisanat. Cette division des rôles est compréhensible, comme l’explique Guillem Renard, fondateur et associé de l’agence Cigüe. La dualité entre concepteur et entrepreneur relève d’une question de conflits d’intérêts. L’architecte se doit en effet de défendre les intérêts de son client, de l’accompagner et de le conseiller ; et il a également le devoir de maîtriser l’œuvre de l’entreprise dans sa bonne exécution. S’il est à la fois maître d’œuvre et entrepreneur, cela frôle la limite de la schizophrénie et il est central de conserver alors une vraie neutralité dans le rôle des acteurs du projet 81. Selon l’article 8 des devoirs professionnels, si un architecte pratique plusieurs activités de nature différente, celles-ci doivent être parfaitement distinctes, indépendantes et de notoriété publique 82, Guillem Renard rappelle dans son mémoire le devoir de faire connaître à l’Ordre des Architectes les liens qu’entretiennent leurs deux entreprises (architecture et menuiserie), afin de ne pas compromettre les intérêts des clients. Qui plus est, séparer en deux corps distincts l’entreprise de maîtrise d’œuvre et celle de construction permet aussi de séparer les responsabilités et de mieux gérer les risques. C’est dans cet environnement déontologique et réglementaire qui définit les droits et devoirs de pratique de l’architecte que nous allons dresser quelques portraits des architectes mentionnés dans ce mémoire pour voir comment ils ont réussi à trouver leur forme hybride.

a. Portraits de pratiques hybrides – entretiens Il existe une pluralité d’exemples d’activités hybrides d’architectes en France et il serait impossible de tous les décrire. Les portraits ci-après en sont quelques exemples issus des entretiens réalisés pour ce mémoire.

L’architecte-artisane Frédérique Jonnard a durant plusieurs années alterné entre deux professions. Elle obtient son HMONP en 2015 à l’ENSA de Grenoble, et crée en 2016 la SASU83 d’architecture Terramano inscrite au RCS84 de Paris. En complément de la maîtrise d’œuvre, elle propose des prestations artisanales en tant que formatrice au sein de ses projets mais également, comme cités précédemment, dans le cadre de formation. Elle m’explique comment elle a œuvré dans la peau d’un artisan sous couvert d’une agence d’architecture mais en pratiquant toujours dans un cadre légal. En 2018, elle travaille pour Paris Habitat sur la conception d’un local de tri sélectif en terre, suite à ce projet et à son implication, d’autres projets avec Paris Habitat suivent. En 2019, elle participe à la réhabilitation d’un logement locatif social avec l’inclusion d’une « formation des jeunes de quartier en enduits terre » dans ses prestations, ce qui permet à Frédérique d’exercer en tant qu’artisane au titre de responsable de formation sur son propre projet. La SASU Terramano a depuis mars 2021 changé d’objet social, elle est maintenant immatriculée au RCS de Bobigny et son activité se consacre à tous travaux de second œuvre 85. Bartoszewski, A-K, intervention du 2 novembre 2020 dans le cadre de la formation HMONP, ENSA de Bretagne Extrait du Décret n°80-217 portant sur le Code des devoirs professionnels 80 Profession d’architecte, page. 118 81 Renard G., Op.Cit., p.12 82 Extrait du Décret n°80-217, Op.Cit. 83 Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle 84 Registre de Commerce et des Sociétés 85 Annonce publiée dans Affiches-parisiennes.com n°99876 du 18/03/2021, Figaro Insiders 78 79

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Problématique Aujourd’hui, la structure ne dépend plus de la Chambre du commerce et de l’industrie mais maintenant de celle des métiers et de l’artisanat. Depuis lors, Frédérique se consacre à son activité artisanale d’enduits en terre, enrichie par ses connaissances de conception et techniques. Ne possédant pas de diplôme d'artisan, elle a rencontré des difficultés concernant le fait de s'assurer en tant qu'artisane. Fin mai 2021, après étude de son dossier et des nombreuses expériences qu’elle a accumulées auprès de la Chambre des métiers et de l’artisanat d’Ile de France et l’assureur SMA BTP 86, elle a enfin obtenu son Kbis en tant qu’entreprise d’artisanat.

L’architecte et l’artisan Caroline Klein et Guillaume Colinmaire ont créé l’agence GRIS Bois en 2019. C’est une structure composée de deux entreprises dont ils sont tous deux co-gérants : une SARL d’architecture (GRIS Bois architecture) dont Caroline, architecte HMONP inscrite à l’Ordre des Architectes, détient plus de 50 % du capital et des droits de vote, comme prescrit dans la Loi de 1977. La seconde entreprise est une SARL de menuiserie. Leur structure est similaire à la composition de Cigüe, l’association de ces deux entreprises au domaine d’activité distinct, avec d’un côté : la conception architecturale et de l’autre : la fabrication en bois de mobiliers et d’aménagement. Ce qui génère une perméabilité entre le penser et le faire comme l’explique Guillem Renard et le pratique Caroline et Guillaume. Cependant, la création de deux entreprises les oblige à être doublement assurés, et la gestion de l’ambigüité de ces deux pratiques n’est pas sans lourdeur administrative 87 comme le notifie Guillem. Cependant, aujourd’hui, c’est la forme qu’ont trouvé Caroline et Guillaume pour se réaliser. Les prestations qu’ils vendent actuellement sont celles de l’entreprise de menuiserie, le temps de consolider leurs savoir-faire et de trouver comment développer la branche architecturale.

Les architectes-paysagistes-scénographes mobiles Pour Emmanuel Metrard et Adrien Alanou, c’est un concours de paysage « les jardins métissés » de Wesserling (commune du Haut-Rhin) qui leur a permis de se lancer. Leur projet, plutôt architectural, leur permet d’être lauréat. C’est un tremplin qui les amène, avec l’obtention de premiers contrats, à la création de l’Atelier de la Comète en 2013. Leur agence est pluri-compétente avec Emmanuel en tant qu’architecte et paysagiste, et Adrien, architecte et scénographe, tous deux possédant leur HMONP.

b. S’implanter sur le marché : accès à la commande avec une pratique hybride et singulière La liberté du cadre privé pour commencer Mon employeur, Richard Faure, m'a fait part des débuts de l'agence. La création a fait suite à diverses commandes privées qui ont lancé les premiers projets. Ce n’est qu’après de nombreuses années qu’il a pu accéder au marché public. En effet, l’accès à la commande privée est plus souple et les réglementations de marché plus ouverts. Caroline et Guillaume ont obtenu les premiers contrats de GRIS Bois au travers de leur réseau privé. Un réseau qui s’étoffe peu à peu et dont le bouche à oreille leur amène de nouveaux clients. Je suis fière de voir un projet réalisé me précise Caroline, la qualité de leurs réalisations et la singularité de leur concept d’architectesmenuisiers attirent. Qui plus est, Caroline et Guillaume sont invités dans des conférences, Caroline m’exprime que malgré les difficultés qu’ils peuvent rencontrer, quand elle présente le travail de Gris Bois dans une conférence, c’est valorisant et ça contribue à nous donner de l’énergie et du sens 88. Après leur casquette d’architectes-paysagistes, Emmanuel et Adrien ont utilisé celle de la scénographie pour concevoir leurs premières références. En effet, dans le cadre d’un projet de scénographie, le statut juridique est plus souple que dans un marché de conception architecturale : L’exercice de la scénographie comporte deux volets : d’une part, la création d’une œuvre originale et, d’autre part, un aspect artisanal et technique. La Assurance de biens, de responsabilités de la construction Renard, G., Op.Cit, p.12 88 Klein C., Op.Cit. 86 87

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Problématique mission du scénographe est de produire une création artistique, plastique, conférant à son œuvre le statut de propriété intellectuelle. À ce titre, des droits doivent être perçus par le scénographe 89. Cela leur permet de concevoir et de construire eux-mêmes leurs premiers projets : du mobilier urbain et mobiles, et ainsi de présenter des références. Leur visibilité par l’incongruité de leur agence et leur démarche itinérante les amènent à la rencontre de leurs clients, le bouche à oreille les aide également. Bien que cela soit un discours ‘utopiste’, Emmanuel me dit humblement qu’’ils n’ont jamais cherché de clients 90. Dans le cas de GRIS Bois, de l’Atelier de la Comète ou bien de Cigüe ou encore de Yann Santerre avec Gwilen, la construction de mobiliers apparaît comme une première étape dont le cadre juridique et législatif plus souple permet de produire des premières références et de diffuser l’identité philosophique autant qu’esthétique de leur atelier. Guillem Renard explique comment ils se sont fait connaître du public en créant de la curiosité et (la) légitimité (de leur) production, par la production de mobilier, chaises, et tables distribuées dans le magasin parisien « merci » 91. Les réalisations de Yann Santerre ont été exposées à la Paris Design Week Factory en 2020. Des nouveaux contrats types dans le domaine de la rénovation ont été établis par l’Ordre des Architectes. Ceux-ci permettent à l’architecte de proposer un marché global de rénovation avec la non obligation de la mise en concurrence des entreprises. C’est une nouvelle opportunité pour des agences hybrides de se structurer pour répondre à une commande, cependant, les prescriptions de l’Article 13 du code de déontologie des architectes seront à respecter 92.

L’ouverture sur les marchés publics : comment se structurer Si l’accès à la commande privée se fait avec une certaine facilité, celle à la commande publique demande une certaine légitimité au travers de références afin de rassurer la maîtrise d’ouvrage. M. Cabanieu, consultant et ancien Secrétaire Général de la MICQP93 et spécialiste des marchés publics, le confirme. Pour lui il est nécessaire de « rassurer la maîtrise d’ouvrage publique ». Selon lui, répondre à un marché public en proposant une méthode de travail alternative est intéressante cette réponse doit être affirmée et surtout fondée sur des projets passés qui consolident sa légitimité. Pour Cigüe, la participation à des projets médiatisés pour des maîtrises d’ouvrages privés très suivis (et) notre présence dans les médias spécialisés et l’accessibilité des projets exécutés au public ont légitimé notre pratique 94, c’est en diffusant leur pratique qu’ils l’ont peu à peu assise dans la sphère publique. Dans le cas de Frédérique, elle a acquis une certaine notoriété dans le domaine de la construction Terre. Elle a collaboré avec plusieurs agences d’architecture, entreprises d’enduits terre et le collectif Bellastock, dont les membres fondateurs sont d’anciens camarades d’école. Précédemment, nous avons parlé du travail de Frédérique pour le bailleur social Paris Habitat. La relation de confiance qu’elle a su tisser avec eux lui a permis d’être de nouveau sollicitée par ce dernier. Comment peut-on répondre à un marché public en proposant simultanément des prestations de maître d’œuvre et d’entrepreneur ? M. Cabanieu m’explique qu’il serait possible de répondre dans le cadre spécifique du marché de conception-réalisation avec un groupement complexe. Le montage serait le suivant : le marché global se compose des deux marchés de travaux et de maîtrise d’œuvre. L’entreprise (A) est titulaire du marché global de conception-réalisation et est le commanditaire du marché de travaux. La société (B), une holding composée des sociétés d’architecture et d’artisanat, peut faire partie, en tant qu’entrepreneur, du groupement du marché de travaux comme cotraitante de l’entreprise mandataire (A). (B) compose également un mini groupement interne avec la société d’architecture qui serait chargée du marché de maîtrise d’œuvre et monterait un troisième groupement avec les différents acteurs de la MOE : BET, économiste…

"ARTCENA - Le Bulletin n°5" (Octobre 2017) Le scénographe, un artiste auteur par Gilone Brun Metrard, E., Op.Cit. 91 Renard, G., Op.Cit., p.13 92 Site de l’OA, https://www.architectes.org/actualites/nouveaux-contrats-types-de-l-ordre-sur-la-renovation-mode-d-emploi 93 Mission Interministérielle pour la Qualité des Construction Publiques 94 Renard, G., Op.Cit., p.28 89 90

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Problématique

MARCHE GLOBAL Conception-réalisation

MARCHE TRAVAUX

MARCHE MAITRISE D’OEUVRE

Mandataire Entreprise (A)

Co-traitant Groupement 2

Groupement 1

titulaire

Holding (B) Entreprise de bâtiment

chargée

Holding (B) Société d’architecture

Groupement 3

Mandataire Holding (B) Société d’architecture

Cotraitants Figure 8 Schéma du montage d’un marché global avec intégration d’une société holding composée d’une agence d’architecture et d’une entreprise du bâtiment

Economiste BET …

Pour M. Cabanieu, répondre à un marché avec une pratique hybride architecte et artisan est pertinent. Comme exemple, il me cite deux jeunes architectes, Axelle Acchiardo et Linda Gilardone, qui ont créé l’agence LA architecte. En 2011, elles ont répondu à un marché de conception-réalisation pour l’OPH Montreuillois avec dans leur groupement en cotraitance la société CBS-CBT, un bureau d’études spécialisé dans les structures bois mais également constructeur. Ils se sont retrouvés face à des équipes puissantes tel que le groupement Bouygues. Bien qu’elles étaient de jeunes architectes, l’originalité de leur groupement couplée à leur conviction que la meilleure solution constructive pour ce projet de logements sociaux était en structure bois leur ont permis de convaincre le jury. La collaboration a été fructueuse, le budget respecté ainsi que la qualité présente, ce qui leur a valu le prix de l’Équerre d’Argent de la première œuvre en 2014. Cet exemple, bien que la composition se diffère au sujet de ce mémoire puisque la prestation de fabrication n’était pas une structure rattachée directement à la maîtrise d’œuvre mais d’un bureau d’études, démontre néanmoins l’intérêt public et à venir pour ce type de montage. La réponse architecturale qui en découle apporte une nouvelle approche de conception, où la question de la fabrication est présente dès le début.

Une autre économie de projet C’est aussi l’économie inventive et maîtrisée de ces pratiques qui attirent les commandes, qu’elles soient privées ou publiques. Caroline m’explique leur choix de ne pas se rémunérer selon le modèle pourcentage d’honoraires sur coût travaux mais au forfait. Elle établit un forfait par phase et temps estimé en jour, comprenant la conception et la réalisation en atelier. Caroline et Guillaume souhaitent en effet séparer le prix du travail de celui de la matière, de cette manière, le client n’est pas incité à choisir un matériau premier moins onéreux et souvent moins qualitatif en vue de faire baisser les honoraires. Ils soutiennent auprès de leurs clients leur démarche locale et concernant la traçabilité des matières premières, ils ont effectué un tour des scieries de la région au démarrage de leur activité. Des sites tels que Fibois Grand Est95 consolide la filière du bois dans les Vosges. C’est une démarche qu’ils souhaitent conserver dans les projets architecturaux qu’ils aimeraient développer. Il sont partisans de l’auto-construction et pensent à collaborer avec le collectif BOMA96, ils 95 96

http://www.fibois-grandest.com/outils/ BOMA = les Bonnes Matières, collectif basé à Strasbourg, spécialisé dans l’économie circulaire des matériaux du bâtiment

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Problématique promeuvent le réemploi des matières, l’accompagnement client avec la conception, l’économie de construction en interne, en laissant des lots à réaliser par le client et proposeront également une journée de formation. Frédérique rejoint cette approche de la séparation entre travail et matière. Elle est toujours transparente auprès de ses clients sur le coût de ses prestations. Elle m’explique comment elle organise son prévisionnel en fonction des jours travaillés et des jours non marchands, des aléas quotidiens et jours de repos nécessaires lorsqu’on travaille physiquement la matière, avec l’objectif d’un salaire fixe pour chaque mois. A l’image de Yann Santerre avec sa matière à base de sédiments « déchets », la démarche de Guillaume, Caroline et Frédérique porte l’étiquette de la frugalité. Du côté de GRIS Bois, c’est le bois massif qui compose la majorité de leur projet, celui local des forêts vosgiennes. Pour Frédérique, c’est la terre, soit celle du terrain où elle pratique ou bien dans un rayon restreint à l’Ile de France où elle réalise principalement ses projets.

c. Tisser son réseau Olivier Caro, programmiste et assistant à maîtrise d’ouvrage, nous expliquait comment le réseau fait entreprise97. Guillem Renard raconte dans son mémoire que c’est en premier lieu le réseau de l’école qui a consolidé la collaboration avec ses amis, aujourd’hui associés de l’agence Cigüe, de même que pour Caroline et Guillaume ou Adrien et Emmanuel. Activer son réseau c’est élargir ses potentiels, en termes de compétences par la transversalité en collaborant avec d’autres acteurs. Emmanuel et Adrien se sont parfois associés à des urbanistes pour répondre à des projets de revitalisation de centre bourg. Frédérique a travaillé aux côtés du collectif Bellastock, de Noé Solsona (artisan à Lyon), sur des projets plus importants d’enduits en terre, de personnes dans les domaines de la formation, d’agences d’architecture parisiennes… GRIS Bois a installé (et construit) ses bureaux au sein des locaux de CRIC un collectif d’artistes et d’artisans à Strasbourg, qui promeut la mutualisation des pratiques. L’Atelier de la Comète a également tissé un réseau en se déplaçant sur tout le territoire, de collaborateurs et d’entreprises. La rédaction de ce mémoire m’a poussée à solliciter ce réseau et à continuer de le tisser : ce sont les amis, les connaissances, les lectures et les écoutes variées qui ont dessiné tout au long de cette recherche et rédaction ma propre carte. La carte qui suit est une synthèse des connexions créées, soit indirectement par la prise d’informations, soit dans le partage, lors d’un entretien. Elle met également en évidence la présence sur le territoire français de nouvelles pratiques, de recherches et d’expérimentations.

97

Caro O. Op.Cit.

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Problématique

Figure 9 Carte française du réseau sollicité dans le cadre de ce mémoire et connexions possibles (réalisation personnelle)

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CONCLUSION Quand Caroline Klein, lors de notre entretien, m’a dit que l’architecte devrait être artisan, j’ai tout d’abord été séduite. Une de mes premières réactions a été que moi aussi, je voulais faire, et surtout savoir faire. Durant l’année de formation, nous avons été régulièrement nommés par les différents intervenants, nous les architectes, comme sachant. Cependant, si souvent nous avons l’impression de ne pas savoir, impossibilité due par la complexité croissante de la profession ou de par ma jeune expérience. Comment pourrait-on en vouloir à nous autres, jeunes architectes, de souhaiter savoir faire, de faire pour pourvoir dessiner avec justesse ? D’expérimenter physiquement l’acte de bâtir pour dessiner à l’échelle humaine en prenant en compte les conditions de cet acte, de se mettre pendant quelques temps à la place de ceux qui font ce que nous pensons, de lier le penser et le faire ? Est-ce utopiste ? Peut-être mais compréhensible. Le sociologue Jean-Louis Violeau, membre du mouvement de la Frugalité heureuse et créative, écrit dans le journal de janvier 2019 : cet horizon critique dessiné par l’Utopie nous est pourtant nécessaire (…) sinon au nom de quoi et pour quoi critiquerions-nous ce présent qui ne nous satisfait pas ? Qui ne nous satisfera jamais : le projet est un ressort vital chez l’homme. La transformation est son viatique 98. La genèse de ce mémoire est née de la pensée utopique que les architectes pourraient concevoir et construire en apprenant auprès d’autres acteurs du processus de fabrication tels que les artisans et ouvriers de tous corps de métiers. Qu’ils pourraient prendre à leurs côtés les outils de la matière et mettre les mains à l’ouvrage. Confrontée à cet idéal de prise de possession physique de l’acte de bâtir, l’écriture de ce mémoire m’a permis de déconstruire, au travers des rencontres de praticiens divers, amis ou connaissances, ces premières pensées. C’est de fait en corrélant l’histoire du métier d’architecte et la remise en question contemporaine de celui-ci que la volonté de certains architectes à développer de nouvelles pratiques du métier se clarifie. Ces praticiens ont eux-mêmes été nourris en premier lieu par la volonté de faire, et ont chacun et chacune, de manière solitaire ou à plusieurs, développé un autre exercice. Ce n’est pas un retour aux origines du métier mais une définition alternative qui pousse les limites de la pratique d’architecte. L’archigraphie 202099 publié le 8 décembre dernier par le CNOA est un observatoire intéressant sur la réalité de l’état de la profession. Malgré la difficulté d’une profession en crise, on constate depuis la crise économique mondiale de 2008 la baisse des honoraires et la précarisation croissante, que les entrées comme les sorties des architectes inscrits à l’OA depuis 2009 sont restées stables. Ce qui peut cependant être observé, c’est le changement du modèle de structure, en mutation depuis un exercice libéral de l’architecture au profit de l’associatif100, qui est une alternative pour lutter contre les difficultés d’une profession qui se paupérise (concentration des bénéfices les plus importants pour un faible pourcentage des inscrits à l’ordre, une niche). Il est également noté l’augmentation de la part de pluriactivité chez les jeunes architectes101, peut-être en réponse aux difficultés économiques de la profession par la proposition de prestations variées, complémentaires et la multi-compétence. Cependant, la pluriactivité peut également être source d’un renouveau du métier et vient surtout questionner les limites de la pratique. Si précédemment, nous parlions de temporalités du travail, je pense qu’il serait pertinent d’intégrer dès le début de la mise en place d’une pratique des temps de recherches, des temps de pause productifs et collégiaux afin de nourrir la réflexion et de se permettre d’expérimenter. Ce temps en amont du projet, à l’image de l’agence Cigüe ou bien de Frédérique Jonnard dans son atelier, c’est se donner le droit à l’erreur et à la recherche autant conceptuelle que matérielle et technique. L’intégrer dès le début, c’est être sûr qu’il fasse partie du processus et ne reste pas qu’un concept. L’hybridité n’a pas d’échelle. Pour ma part, le dessin m’a en partie amené à l’architecture avec d’autres bagages et c’est un souhait profond que de lui redonner une place dans ma pratique. Le réintroduire, c’est le développer comme moyen de recherches et de nourriture à la créativité, mais également tel un support de communication avec les clients, voire peut-être commercialisable.

Violeau, J.-L. (Janvier 2019) LES SIGNATAIRES PRENNENT LA PAROLE, Manifeste de la frugalité heureuse & créative. Association Frugalité Heureuse , p.9 99 Gossard, E et al., 2020, Archigraphie 2020, 100 Ibid, p.36 101 Ibid, p.69 98

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Avant mes études d’architecture, j’ai participé adolescente à plusieurs chantiers bénévoles de réhabilitation de lieux (passerelles en bois dans la Manche et bergeries sur le Mont Ventoux). J’y ai découvert mes premières techniques de construction. Les études d’architecture nous ouvrent sur le champ des possibles de l’espace et comment le faire, ou plutôt le dessiner. L’échelle urbaine m’a alors particulièrement intéressée, suite à mon diplôme en 2017, j’ai plongé dans la réalité de la pratique de notre métier, complexe et loin du cadre utopique des études. J’ai travaillé dans un premier temps dans une agence d’urbanisme à Paris. Par volonté de revenir à une échelle de projet plus humaine et riche de cet apprentissage, je travaille depuis deux ans chez Richard Faure Architectes, une agence d’architecture située à Vannes. Ce parcours est circulaire, démarre par les mains dans la matière, les études, l’urbanisme et l’architecture et questionne de nouveau la place des mains. Aujourd’hui, la question qui m’est de plus en plus forte est celle de l’acte de bâtir. C’est une posture en partie environnementale, que ce soit dans le choix des matières, des techniques employées, du contexte du projet et de ses potentiels existants (matériaux sur site). Ces éléments composent, de mon point de vue, une partie essentielle de la réflexion initiale d’un projet et nous amènent à penser « comment agir » ? Pour quoi, pour qui et avec qui ? Cette question amène également à celle de l’échelle du projet, les exemples cités dans ce mémoire se rejoignent pour l’ensemble dans une approche architecturale à petite échelle. Celle-ci permet une meilleure maîtrise de l’économie du projet et aussi une approche empirique par la fabrication et l’expérimentation d’éléments du projet. Les temporalités du processus de conception et de la réalisation sont également mieux maîtrisables. Répondre à petite échelle permet de cibler l’acte (de bâtir), les petits gestes architecturaux ne sont pas insignifiants mais contextuels. Récemment, sur un des projets sur lequel je travaille, l’économiste en rédigeant le CCTP m’a alerté concernant la peinture prévue au niveau des pilotis situés au milieu du soubassement du plancher bas, et qu’il serait très inconfortable pour les ouvriers d’aller peindre ces pilotis. Je n’avais pas imaginé cette situation. Était-il indispensable pour le projet de peindre les pilotis en second plan ? Non, et pour le confort des ouvriers, cela ne l’était surement pas. Si le travail en agence est un premier rapport concret à notre métier et un apprentissage quotidien, j’aspire aujourd’hui à me confronter en parallèle au faire. Faire du chantier non pas une pratique mais un enseignement : se confronter physiquement pour aborder avec expérience et différemment le dessin du projet architectural. Durant notre formation, Nicolas Duverger nous interpellait sur les crises qui nous arrivent (et) nous appellent à inventer de nouvelles manières d'exercer, de nouveaux marchés102. Trouver l’équilibre dans le contexte réglementaire français d’une pratique hybride est un exercice, et cela sollicite les apprentissages délivrés par la formation HMONP. L’ambiguïté d’une pratique hybride a été expliquée précédemment. Elle se place à la limite des règles déontologiques du métier : il faut réfléchir et penser sous quelle forme se structurer, afin de rentrer dans l’ordre. Cependant, malgré les difficultés à s’établir ainsi, l’émergence de ces activités hybrides sont multiples et l’attractivité de nouveaux modèles de penser et de faire grandit peu à peu. L’année de formation et le travail personnel de ce mémoire m’ont amené à activer le réseau. Celui-ci a mis en évidence un certain nombre de potentiels et de possibilités professionnelles. Cela m’a surtout convaincue dans ma volonté de travailler à plusieurs. L’architecture n’est pas un acte solitaire. En premier, je m’intéresse à une structuration plus horizontale que pyramidale de l’agence que l’on pourrait qualifier de traditionnelle, ainsi qu’à la richesse de l’échange collégial nécessaire à la conception, à l’image d’une forme de démocratie du projet. Secondement, et en miroir de la formation HMONP, c’est la réalité administrative de l’entreprenariat en France, de l’économie du projet et de sa complexification, ainsi que la nécessaire rentabilité d’une structure qui amènent également à l’association. La réalité d’un macro système où le poids des assurances, les diverses cotisations, le coût de fonctionnement (matériels informatiques et logiciels de plus en plus chers) et les responsabilités qui incombent à l’architecte sont autant d’aspects desquels nous nous dédouanons en tant que salariés. Alors il est compréhensible de souhaiter endosser cette responsabilité administrative et économique à plusieurs face à un contexte économique et réglementaire de plus en plus difficile, et surtout, afin d’assurer peut être mieux la pérennisation de l’entreprise.

102

Duverger, N. janvier 2021, Op.Cit.

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RESSOURCES Bibliographie Baillet, Eugénie, 2017, L'architecte-artisan : gentrification d'une profession ou retour aux sources du métier ?, mémoire Master 1, ENSA de Nantes [en ligne] https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas01657411?fbclid=IwAR2Lc2fjbTlpuJ2Igr9MkEjnIhz1sPZPOgqY6vRMmsrrQc9Dt8FhEgUBNhY [Consulté le 2 mai 2021] Bidet, Alexandra, 2011, Comptes rendus / Sociologie du travail 53 (2011) 437–439 sur l’ouvrage de Sennett R (2010) Ce que sait la main, La culture de l’artisanat [en ligne] https://www.researchgate.net/publication/256853580_Ce_que_sait_la_main_La_culture_de_l%27artisanat_ R_Sennett_Albin_Michel_Paris_2010_405_pp [Consulté le 2 mai 2021] Chesneau, Isabelle et al., 2021, Profession architecte, 2ème éd, Paris : Ed. Eyrolles Conseil Régional de l’ordre des Architectes de Bretagne, Les textes régissant la profession d’architecte, Edition octobre 2020 Crawford, Matthew B., 2016, Éloge du Carburateur, Essai sur le sens et la valeur du travail, Paris : Ed. La découverte Renard, Guillem, 2017, Trial-error°, L’expérimentation dans l’exercice architectural [mémoire professionnel HMONP] ENSA Paris la Villette Simay, Clara et Simay, Philippe (29 juin 2020) « L’école du réemploi : pour un Green New Deal de la construction », Métropolitiques [en ligne] https://www.metropolitiques.eu/L-ecole-dureemploi-pour-un-GreenNew-Deal-de-la-construction.html [Consulté le 16 mai 2021] VIOLEAU, J.-L. (Janvier 2019), Les signataires prennent la parole, Manifeste de la frugalité heureuse & créative. Association Frugalité Heureuse , p.9

Webographie Aguilar, Hélène (18 Juin 2020) #69 – Studio KO – Rencontre avec Karl Fournier et Olivier Marty – une architecture contextuelle connectée au vivant, aux territoires et aux savoir-faire [Podcast – Où est le beau] [en ligne] https://podcasts.apple.com/fr/podcast/o%C3%B9-est-lebeau/id1449126435?i=1000478390955 [Consulté le 22 février 2021] Aguilar, Hélène (7 Janvier 2021) #96 – Gwilen, une révolution grâce aux sédiments marins [Podcast – Où est le beau] [en ligne] https://podcasts.audiomeans.fr/ou-est-le-beau--e3661bd93b5f/-96-gwilen-une-revolutiongrace-aux-sediments-marins-cf05a3cfce0f [Consulté le 22 février 2021] AsTerre – ECVET,Construire en Terre [en ligne] https://www.asterre.org/ecvet-construire-en-terre/ [consulté le 30 mai 2021] Atelier de la Comète, Architecture et Paysage [en ligne] https://atelierdelacomete.wordpress.com/equipage2/ [consulté en janvier, mars et juin 2021] BOMA Alsace, Les Bonnes Matières, Économies circulaires des matériaux du bâtiment [en ligne] http://boma.alsace [consulté le 9 juin 2021] Brun Gilone, (Octobre 2017) Le scénographe, un artiste auteur, "ARTCENA - Le Bulletin n°5" [en ligne] https://www.artcena.fr/actualites-de-la-creation/magazine/enjeux/le-scenographe-un-artiste-auteur [consulté le 13 mai 2021]

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Collectif Nuée (30 Juin 2020) Se (dé)construire - Et demain, on fait quoi ? – Pavillon de l’Arsenal, [en ligne] https://www.pavillon-arsenal.com/fr/et-demain/et-demain-on-fait-quoi/11781-se-deconstruire.html [consulté le 24 mai 2021] Di Giusto, Sandra (14 février 2021) Bâtisseurs et ouvriers du moyen âge – Les chroniques de l’histoire [en ligne] https://www.chroniques-histoire.com/2021-02-14/batisseur-et-ouvriers-du-moyen-age/ [Consulté le 28 mars 2021] Entreprise Terramano à Montreuil (93100) Figaro Insiders [en ligne] https://entreprises.lefigaro.fr/terramano92/entreprise-818312241 [Consulté le 6 juin 2021] màj le 5 juin 2021 Fibois Grand Est [en ligne] http://www.fibois-grandest.com/outils/ [Consulté le 6 juin 2021] Goldstein, S. [7 mai 2021]. La société holding, legalplace, [en ligne] https://www.legalplace.fr/guides/holding/ , [Consulté le 16 mai 2021] Gossard, E et al., 2020, Archigraphie 2020, observatoire de la profession d’architectes, Ed. CNOA [en ligne] https://issuu.com/ordre-national-des-architectes/docs/2020-12-08-archigraphie-2020-web [Consulté le 28 avril 2021] LA architectures [en ligne] https://www.la-architectures.com/equipe [Consulté le 14 mai 2021] La machinisation [19 avril 2020] wiktionary, [en ligne] https://fr.wiktionary.org/wiki/machinisation, [Consulté le 25 avril 2021] Luneau, A. (17 novembre 2020), Low-tech, comment faire plus avec moins ? dans De cause à effets, le magazine de l'environnement [émission de radio] France Culture [en ligne] https://www.franceculture.fr/emissions/de-cause-a-effets-le-magazine-de-lenvironnement/low-techcomment-faire-plus-et-mieux-avec-moins [Consulté le 6 décembre 2020] Maison et Objet, Gwilen, la mer comme avenir, 5 juin 2020 [en ligne] https://www.maison-objet.com/parisdesign-week/news/what-s-new/gwilen-la-mer-comme-avenir [Consulté le 6 juin 2021] Moreau Isabelle et Legrand Damien (17 septembre 2020) Nouvelles pratiques du métiers, nouvelles commandes [en ligne] https://www.architectes.org/nouvelles-pratiques-du-metier-nouvelles-commandes [consulté le 01 juillet 2021] Ordre des Architectes, De nouveaux contrats types de l’Ordre sur la Rénovation : mode d’emploi, publié le 11 05 2021[en ligne] https://www.architectes.org/actualites/nouveaux-contrats-types-de-l-ordre-sur-larenovation-mode-d-emploi [Consulté le 6 juin 2021] Sarthout, Alphonse (5 Janvier 2021) Cigüe – Studio Prouvé 3/8 [Paroles d’architectes – Pavillon de l’Arsenal], [en ligne] https://podcasts.apple.com/fr/podcast/paroles-darchitectes/id1519257867 [Consulté le 14 mai 2021] SCOP LAO [en ligne] https://www.lao-scop.com/lao-equipe, [Consulté le 2 mai 2021] Van Reeth, Adèle, (21 mai 2021), Cours particulier - Épisode 8 - Arthur Lochmann, charpentier : "On reconnaît un bois au type d’échardes qu’il laisse sur la paume" dans Les chemins de la philosophie [Émission de radio] France Culture [en ligne] https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/les-cheminsde-la-philosophie-emission-du-vendredi-21-mai-2021 [Consulté le 26 mai 2021] Wiktionary, Maître, mis à jour le 29 juin 2021[en ligne] https://fr.wiktionary.org/wiki/maître#fr [Consulté le 30 juin 2021] Wiktionary, Opus, mis à jour le 27 février 2021 [en ligne] https://fr.wiktionary.org/wiki/opus#la [Consulté le 30 juin 2021]

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Illustrations Figure 1 : © Richard Faure Architectes, Équipe 2021, photographie d’avril 2021 Figure 2 : © Atelier de la Comète, L’univers de l’Atelier de la https://atelierdelacomete.wordpress.com/equipage-2/ [consulté le 13 mai 2021]

comète

[en

ligne]

Figure 3 : © Jean-Philippe Beux, Mains de « métiers », portrait digital [en ligne] https://maplanete.com/blog/view/id_90717/title_LA-MAIN-DANS-L-ART/ [consulté le 13 mai 2021] Figure 4 : © Alain Moïse Arbib, Frédérique Jonnard à Saint Simon [en ligne] https://www.atelier-terramano.com [consulté le 24 mai 2021] Figure 5 : DNA © Thomas Thoussaint [en ligne] https://www.dna.fr/edition-de-strasbourg/2019/09/13/lavirgule-vitrine-de-l-esprit-coop septembre 2019 [consulté le 24 mai 2021] Figure 6 : © Cigüe, Julien David Corloc [en ligne] http://cigue.net/fr/project/julien-david-3/ [consulté le 24 mai 2021] Figure 7 : © Gwilen [en ligne] http://www.gwilen.com/le-materiau/ [consulté le 24 mai 2021] Figure 8 et 9 : réalisation personnelle

Entretiens ( fiches en annexe 1) Les entretiens ont constitué de la matière en amont à ce mémoire, il n’y avait pas de questionnaires préétablis mais cela s’est déroulé sous formes de conversations libres sur la pratique évoquant le parcours de chacun, leurs convictions ou volontés, comment pratiquent ou pratiquaient-ils et leur structuration. Les retours de ces entretiens sont sous formes de fiches.

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PORTFOLIO DE MSP Hélène Ricoup Fiche de synthèse MSP n°1

Annexe 1 FICHES Entretiens

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L’ARCHITECTE QUI ETAIT AUSSI ARTISAN

Terramano

Lima : projet d’enduits + four à pain, rénovation d’une maison à Barranco en adobe, rapport avec vivre dans la terre, comment réparer la maison avec la terre ( Réhabilitation ) laboratoire de recherches à la PUCP : archéologie, histoire, patrimoine, savoir-faire, mise en œuvre : rapport émotif, positif, osmose physique avec "l'invisible du lieu”

Intégration de la terre dans son exercice d’architecte

Frédérique JONNARD 33 ans

Trois entretiens téléphoniques (13/12/2020, 01 et 02/02/2021) Qui est Frédérique Jonnard ? Architecte DE HOMNP, elle monte en 2016 la structure Terramano, et exerce en tant que maîtrise d’œuvre, elle est spécialisée en enduits et construction en terre. Aujourd’hui, elle est en reconversion de son atelier d’architecture en atelier d’artisanat d’enduits terre.

2016 : création de la société d’architecture Terramano (le nom veut tout dire), orientation des commandes vers des projets incluant la terre comme matière

Projet pour Paris Habitat : un local poubelle en terre, suite à cela et à l’implication de Frédérique, d’autres projets ont suivi. En 2019, une réhabilitation d’un logement locatif social avec l’inclusion d’une « formation des jeunes de quartier en enduits terre » a permis à Frédérique d’exercer en tant qu’artisan (responsable de formation) sur son propre projet.

Quel parcours (personnel/professionnel/de pensée) ?

1. Lycée : sentiment d'aversion pour certains espaces et be-

« Dans la peau d’un artisan sous couvert d’une agence d’architecture »

soin d’être bien dans les lieux et de créer des espaces où les gens se sentent bien : soin de l’humain, de la configuration, des couleurs ►naissance de la volonté de devenir “créateur d’espaces” ►architecte

2.

Pourquoi passer de la MOE en tant qu’architecte à l’exercice en tant qu’artisan :

Études à l’ENSA de Versailles, échange en Master à Buenos Aires (attrait pour la culture latino).

Frédérique a réalisé dans les 2 dernières années, une envie de « lâcher » pour quelques temps la MOE afin de se consacrer à l’artisanat et au chantier. • l’accès à la matière, la faire tout en conservant le “conseil”, langage archi/artisan • frustration de la dimension administrative de la MOE • Volonté de s’enrichir en tant qu’artisan afin de revenir à la MOE à long terme et de « renforcer le projet » par ses acquis. Travailler avec d’autres artisans pour favoriser la transversalité des compétences. Ø Passage de la SAS d’architecture en SAS d’artisanat : problème d’assurances, pas les bons diplômes… Frédérique va peut-être être obligée de rentrer en premier temps dans une CAE (Coopérative d’Activité et d’Emploi) Alter bâtir sur Paris l’a déjà contacté.

Durant sa licence, peu de goût pour les projets ex-nihilo, volonté de travailler dans le contexte, de placer l’humain au cœur du projet. Un apprentissage informel de l’architecture avec son cercle d’amis (des archis de sa promo ont ensuite fondé le collectif Bellastock). En Amérique latine : différence de la “culture” du chantier, « làbas, le chantier est une fête, c’est sacré, il y a la tradition de mise en œuvre », respect pour les lieux, l’organisation sociale, association/collectivité…

Frédérique a acquis une certaine notoriété dans les enduits en terre sur la région parisienne, désireuse de conserver sa liberté et son autonomie dans son exercice, elle hésite à rejoindre Alter bâtir, afin de devenir entrepreneur salarié et de pouvoir ensuite souscrire aux assurances en solitaire, de peur de ne plus pouvoir « manœuvrer » son entreprise comme elle le souhaite.

L’entrée de la TERRE dans son parcours

• •

Un rapport personnel et émotif : « la terre est universelle, elle est partout, elle peut se ramasser, se transformer, en tant que personne tu peux la transformer pour en faire un espace, ton chez toi si souhaité », tu peux aller “de la matière première à la matière bâtie”. Supprimer les intermédiaires. Un rapport émotif et subjectif : "j'ai envie de me coller aux murs en terre crue” relève du familier de l’inné, l’enfant joue avec la terre. temporalité de la matière : lenteur, temps plus doux, étapes.

« Faire le projet de bout à bout » Terramano – le fonctionnement économique Frédérique m’a expliqué quels objectifs elle se fixait pour conserver une structure équilibrée Aujourd’hui : • Charges société : 1500 € / mois • Salaire fixe de 1500 € • + 333 € assurances • TOTAL à gagner si zéro bénéfice : 3 333 € / mois Afin de gérer les éventuels aléas du quotidien, objectif de 3 500 € / mois

Pour Frédérique, il faut trouver son affinité, « il y a une différence entre ceux qui travaillent la terre et ceux qui travaillent le bois : ce n’est pas la même approche, pas la même matière ». Les débuts en terre

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Mémoire Hélène Ricoup

Fiche entretien #1 •

Perspective 20..

20 jours travaillés / mois dont 10 en chantier facturables et le reste en devis, administratif, … : 350 € / journée dans l’idéal.

Réflexion sur le temporalité d’un exercice MOE / artisan circulaire : • De mars à octobre : chantier, réalisation • Hiver : maîtrise d’œuvre, conception des projets du printemps à l’automne.

Perspective 2021 •

avant clôture de la structure d’architecture Terramano : un dernier permis de construire pour l’aménagement de Saint Simon (immobilier familial). Réhabilitation d’une partie d’une grange en habitation et atelier d’artisanat

Liens https://www.atelier-terramano.com

chantiers printemps-été sur place avec collaborateurs, chantiers participatifs

https://www.alterbatir.fr/coop-d-activités-et-d-emploi/

volonté de mettre en place du woofing sur long terme

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Mémoire Hélène Ricoup

Fiche entretien #2 Et l’architecture ?

L’ARCHITECTE ET L’ARTISANMENUISIER

Ils ont la volonté de développer peu à peu la branche architecturale de leur agence, en suivant ces lignes : • Promouvoir l’auto-construction (travail avec BOMA, permettre le réemploi : cercle vertueux) : o accompagner le client dans son projet o concevoir o économie de construction en interne o lots réalisés par le client o une journée de formation • Une rémunération forfaitaire et non au % afin d’orienter le client vers le projet le plus « vertueux » et non vers le moins cher (matériaux -…) : o Un forfait par phase o Temps : en fonction du projet • Favoriser une relation architecte – artisan – ingénieur : une co-conception collégiale du projet. Pour Caroline « l’architecte devrait être artisan » « les architectes n’ont pas toutes les réponses » « le fait de faire influence ma manière de dessiner en tant qu’architecte » « le souci du détail »

Gris Bois Caroline KLEIN 28 ans

Appel téléphonique de 20 01 2021 J’ai connu Caroline durant mes études d’architecture à Strasbourg, elle a été diplomée en 2016, elle a travaillé ensuite chez l’atelier Rey-Lucquet à Strasbourg durant trois ans.

GRISBOIS 2019 : Caroline Klein, architecte DE HMONP, crée avec Guillaume Colinmer, architecte DE, l’agence GRIS BOIS, c’est une structure regroupant deux sociétés : une d’architecture et une d’artisanat en menuiserie bois. Ce qu’on peut lire dans le descriptif « L’agence Gris Bois souhaite remettre au goût du jour l’intelligence et le pouvoir de la main tout en mettant en avant le savoir-faire local. » Ils sont aujourd’hui installés dans un collectif regroupant des artisans et des artistes locaux : CRIC, sur Strasbourg, ils ont co-construit de leurs locaux.

La fierté Caroline m’exprime, malgré les difficultés des premières années, du temps et de l’énergie consacrés, son absence de regret à avoir quitté « les traditionnelles agences d’architecture » et à s’être lancée, elle est « fière » avec toute sa naturelle humilité. « Je suis fière de voir un projet réalisé » ou quand « je présente le travail de Gris Bois dans une conférence, c’est valorisant et ça contribue à nous donner de l’énergie et du sens ».

Leur activité Leur première année d’exercice a surtout été du travail de menuiserie avec la construction de meubles sur mesure, avec du bois massif. Leur apprentissage : un chantier de deux mois durant le premier confinement leur a permis d’acquérir quelques compétences : rénovation d’une ferme vosgienne avec du bois local. « J’ai été surprise par la complexité du métier d’artisan : très chronophage » • Production d’un meuble : 20 % du temps • Gestion administrative + gestion client + dessin : 80 % du temps Leurs projets sont à petite échelle afin de maîtriser autant le temps que la conception et la réalisation.

Lien https://www.facebook.com/madebygrisbois/ https://www.instagram.com/p/CLKYqetBYb-/ https://www.facebook.com/CollectifCRIC

Réalité : des difficultés Une agence à deux, cependant, manque de main d’œuvre, ils ont embauché depuis janvier un jeune menuisier-compagnon. • 1ère année d’exercice : aucun weekend / soirée de libre • 2ème année : les weekends sont libres • Rémunération : L’ARE a permis d’accompagner Caroline dans la création de son activité, aujourd’hui : o Pour 10 à 12 h / jour > un salaire de 1000 € / mois « il ne faut pas lésiner la difficulté » • La gestion du Temps / Budget est primordiale •

Dans l’exercice artisanale : gestion des stock et des coûts de la matière première + l’investissement physique (porter, déplacer, installer…)

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Mémoire Hélène Ricoup

Fiche entretien #3 Premier temps

LES ARCHITECTES, SCENOGRAPHE ET PAYSAGISTE ITINERANTS

Ils débutent par plusieurs projets de scénographie comprenant des aménagements urbains, s’associent avec des urbanistes pour les projets de revitalisation de centre-bourg. Le statut de scénographe leur permet de pouvoir construire le mobilier (tous les outils sont dans le camping-car) et surtout d’avoir rapidement des références à présenter.

L’atelier de la Comète Emmanuel METRARD 35 ans

Réseau

J’ai été mise en contact avec Emmanuel Metrard grâce à mon parrain, un de mes anciens compagnons de promotion d’architecture de l’ENSAS a travaillé pour eux en 2018.

La déferlante suite au concours des jardins, leur concept innovant et leur « humilité » ont permis à l’Atelier de la Comète de bénéficier d’une communication naturelle du bouche à oreille et de la curiosité de même que celle des médias locaux et nationaux. Ils ont eu divers articles dans le Ouest-France, sont passés dans l’émission Quotidien, et le Moniteur leur a également dédié un écrit. Une notoriété qui leur a généré un réseau. « On n’a jamais cherché de client »

Entretien du 24 janvier 2021. Emmanuel est diplômé de l’ENSAB en 2009-2010, il travaille durant deux ans dans deux agences d’architecture sur Le Mans puis aux abords de Rennes, réalise son HMONP et quitte le salariat après quelques déceptions. Il complète sa formation d’architecte avec celle du paysage.

Difficultés

2013

Emmanuel m’explique aussi pourquoi, après 6 ans d’aventure, ils ont décidé de fermer l’Atelier de la Comète. Ils avaient plusieurs difficultés : • Une faible rentabilité : pour une moyenne de 50 h/ semaine, un salaire mensuel de 1500 € « J’avais l’impression de trimer et de voir tout le monde s’en sortir mieux à côté de moi, le client, les entreprises, les BET, même mon salarié, qui travaillait ses 35 h pour la même rémunération que nous… » • Une démarche de travail chronophage : la proximité avec le client > impression d’accessibilité constante de l’architecte, à son service

Après s’être retrouvé avec un ami d’études, Adrien qui travaillait jusque-là dans la scénographie pour le cinéma au Maroc, ils décident de répondre à un concours de paysage « les jardins métissés » de Wesserling. Leur réponse, architecturale, leur permet de remporter le concours. Ce concours est un véritable tremplin et leur apporte plusieurs sollicitations, leur collaboration débute alors, chacun avec une double casquette : Emmanuel en tant qu’architecte et paysagiste et Adrien, architecte et scénographe. Ils fondent « l’atelier de la Comète ».

Singularité Emmanuel et Adrien souhaitaient monter une agence « alternative » et possédait une certaine liberté. Emmanuel trouve chez ses grands-parents un camping-car, il le retape et devient le lieu de leur agence itinérante, leur moyen de transport, leur caisse à outils,… On peut lire sur ses ailes « le bureau mobile d’architecture », celui-ci va intriguer et de nombreux articles vont leur être dédiés . Sur leur site, on peut lire qu’ils se considèrent comme un «service de proximité », ils viennent combattre « ce que nous appelons des « déserts architecturaux » ».103

nécessité d’embaucher, mais pas de génération de profit suffisant

o

le camping-car : un espace limité

Emmanuel est face à un choix : réinvestir ou non pour agrandir l’Atelier de la Comète ou être plus présent dans sa vie familiale, il commence à s’inquiéter de sa situation, pas de sécurité face aux problèmes de santé, économiques, pas de chômage… Ils choisissent avec Adrien de liquider l’Atelier, cela va prendre plus de 9 mois pour terminer les projets, payer les impôts, les assurances, effectuer le bilan annuel, vendre tous les biens de la société pour enfin clôturer les comptes. Quand je fais mon entretien le 24 janvier, cela fait deux mois que l’Atelier est « fermé ». Comme leur clôture n’est pas économique, il n’y a pas de dépôt de bilan, ils ont pu récupéré leur apport et leurs prêt ont été remboursés, « c’est comme une opération à 0, on s’est retrouvé avec nos biens du départ ». Emmanuel m’exprime également qu’il n’a « aucun regret » et que l’architecture est « un métier que j’adore mais qui est sinistré ».

Emmanuel m’explique que le concept architecte + caravane fait sourire (de moquerie) certains « vieux architectes tradi ».

A consulter https://atelierdelacomete.wordpress.com/equipage-2/

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2019

Leur exercice d’architecture est « immersive » avec le projet, ils sont proches du particulier et entretiennent une relation forte « architecte-client », ils contribuent à nourrir « une nouvelle culture de l’architecte accessible ». Ils sont présents en phase esquisse sur place avec le client, et ensuite sur les phases fortes des projets. Cette présence flexible et fréquente permet un suivi fort du chantier, et leur permet également de nouer des liens plus pérennes avec les entreprises.

103

Un problème structurel double :

sur

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Mémoire Hélène Ricoup

Fiche entretien #3 Reconversion Suite à cela, Emmanuel, nourrit par la frustration de ne pas toucher la matière et souhaitant entrer dans « l’aspect concret » fait une formation en contrat PRO de plomberie / chauffage dans les ENR, il est en stage dans une des entreprises de plomberie avec lesquels il travaillait et a noué de bons liens. Il apprécie la dimension « polyvalente » du métier d’artisan et la place qu’occupe l‘outil. La relation architecte-artisan est précieuse sur le chantier et Emmanuel joue parfois le rôle de « médiateur ». Il continue dans sa sphère personnelle à dessiner des petits projets et a constitué un verger à 4 dans l’aire de Rennes Métropole. Bref, il ne regrette rien.

Lien

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https://atelierdelacomete.wordpress.com/univers-2/

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Mémoire Hélène Ricoup

Fiche entretien #4 CUBECO, c’est une vision de l’écologie, Arthur s’affirme en disant qu’ « il faut frapper fort, viser gros, construire en paille et construire massivement afin de répondre à la croissance démographique ». Le module CUBECO est un module de logement uniquement, Arthur a convaincu son responsable d’employer une ossature bois remplissage paille plutôt que le béton pour la structure principale. L’idée du module en paille regroupe plusieurs intérêts : un seul produit correspondant à un lot unique avec un type de mur correspondant à une entreprise, l’industrialisation possible en préfabriqué du module CUBECO et son utilisation étendue par d’autres maîtrise d’œuvre. Il est bien sûr personnalisable selon chaque client. Au cœur de cette approche de la conception-réalisation demeure une meilleure organisation du chantier permettant un coût faible du poste « chantier » afin de mettre l’argent dans la qualité des matériaux. Comme Arthur me l’explique, il faut « s’inscrire dans la logique capitaliste, faire un effort pour ne pas augmenter les prix d’une alternative écologique », concevoir « au prix du moins cher avec la performance du meilleur ». L’objectif du module CUBECO est de construire sur une base de 1200 €/m2 et si particularité 1500 €/m2.

L’ARTISANAT AU SERVICE DE L’ARCHITECTURE MODULAIRE

CUBECO Arthur de Bellescize 27 ans Le contact d’Arthur m’a été communiqué par un couple d’amis architectes à Vannes, qui ont fait leurs études avec lui.

Entretien réalisé le 31 mars 2021 2019 – Arthur est diplômé d’Etat en architecture à l’ENSA Belleville 2021 – obtention de l’HMONP à l’ENSA Belleville

L’architecture modulaire Suite à son diplôme, Arthur postule dans diverses agences, ainsi que sur le site de l’Ordre des Architectes où il est contacté pour travailler sur un concept d’ « architecture modulaire ». En effet, son patron actuel, a investi dans la recherche d’un concept modulaire architectural : le CUBECO. Arthur m’explique qu’il passe 40 % de son temps à concevoir, dessiner, 40 % sur le chantier en tant qu’artisan aux « exploits physiques » et 20 % dans le lobbying et la recherche de financements ainsi que de Matières 1ères.

Consolider la filière Paille Au moment de notre entretien, Arthur venait de réaliser une formation PRO PAILLE, nécessaire pour l’assurance de l’entreprise. Il m’explique ensuite l’état d’une filière encore peu consolidée en France. Pourtant, comme on peut le constater sur le site du Réseau Français de la Construction Paille, la France n’exploite pas assez ses ressources en paille, avec seulement 10 % du parc existant en France / an, on pourrait isoler thermiquement l’ensemble des constructions nouvelles chaque année105. Aujourd’hui, la France exporte massivement à l’étranger, en particulier au profit de l’élevage intensif. Arthur m’expose l’enjeu à venir de structurer la réseau de paille afin de ramener la matière sur le marché français et de la rendre disponible et « prête » pour la construction.

Quelle structure ? Il m’explique le fonctionnement de l’entreprise, sachant que dans une structure classique d’architecture, il n’est pas possible d’être à la fois le MOE et l’artisan. CUBECO est une entreprise généraliste du bâtiment, selon la définition dans le secteur du BTP, c’est une « entreprise exerçant, une ou plusieurs des spécialités de la construction »104. Ils sont assurés tout corps d’état, c’est un statut, comme me l’explique Arthur qui est « bénéfique », puisqu’il permet à « une personne de l’entreprise d’intervenir sur différents lots ». CUBECO possède des compétences professionnelles variées : économistes de la construction, BET, MOE d’exécution, depuis peu, un menuisier a rejoint l’équipe. Le statut de l’entreprise, afin de concevoir et d’explorer leur projet de module, leur permet « une maîtrise globale du coût du projet ».

Lien

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https://www.rfcp.fr

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https://www.cubeco.fr

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https://www.instagram.com/p/CLtzqJGMG1P/

« je pense que l’on est trop spécialisé, on manque aujourd’hui d’harmonie entre les acteurs, ouvriers, artisans, de synergie des lots, on manque d’un savoir général, et cela nuit au bâtiment »

L’écologie pour tous, au prix du marché En effet, Arthur m’explique le but de leur concept : développer un module, dont ils sont capables de gérer le cycle entier : de la conception, à la réalisation, à la pose sur site. Pour cela, il est important d’avoir une vision globale du projet des lots, d’où l’utilité évoquée précédemment de l’entreprise générale, l’intérêt de l’ensemble des acteurs est alors le même : le projet. 104

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https://www.go-aos.io/lexique-btp/entreprise-generale

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Télécharger le livre vert sur le site : https://www.rfcp.fr


Mémoire Hélène Ricoup

Fiche entretien #5

ACCES A LA COMMANDE PUBLIQUE

Jacques Cabanieu, consultant et ancien secrétaire de la MICQP Mail envoyé le 11 mai 2021 à Mr Cabanieu : « Je travaille sur le sujet de l’Architecte-artisan : le faire dans la pratique. Dans ce cadre, je m’intéresse donc à des formes d’exercer alternatives et hybrides par rapport à l’agence dite « classique ». Ce sont des structures constituées avec plusieurs compétences : société d’architecture et société d’entreprise (menuiserie, enduits terre, autres prestations de mise en oeuvre…), portées par une société mère Holding. Je prends en exemple plusieurs connaissances qui travaillent ainsi et leurs marchés relèvent majoritairement du domaine du privé. Dans les structures plus médiatisés, il y a par exemple Cigüe ou Bast. Ma question porte sur l’accès à la commande publique pour ce type de structure. Bien qu’il soit déontologiquement et juridiquement impossible d’être une société unique d’architecture et d’entreprise, ce que je comprends, suite à votre cours et à mes lectures, c’est qu’il serait possible dans le cadre d’un marché de conception-réalisation de répondre avec une société mère supportant une structure d’architecture et une entreprise ? Cela rentrerait donc dans la catégorie des marchés globaux. Est-il envisageable que la prestation spécifique en travaux proposée par la structure de MOE soit en dehors des autres lots du marchés de travaux ? Ou doit-elle obligatoirement être solidaire avec toutes les entreprises ? Existent-ils des dérogations ? Pensez-vous qu’il puisse être intéressant de recourir à ce type de structure sur des projets publics de petite envergure, avec une part expérimentale (performance énergétique, matériaux biosourcés, réemploi des matières du site…), de même que dans la réhabilitation (ex : rénovation de logements sociaux de Paris Habitat réalisés en chanvre et enduits terre), qui sont des sujets de plus en plus prégnants et sont des pistes de développement ? » Second mail suite à un message vocal laissé sur le portable d’Hélène Ricoup, le 13 mai 2021 : « Vous parliez de la possibilité de répondre avec un groupement d’entreprises à un marché de conception-réalisation dont le marché travaux serait le titulaire, et dont une première entreprise serait mandataire, la société « holding » (archi + artisan) serait co-traitant et aurait un « mini-groupement » composé de la société d’architecture et celle artisanale ? Est-ce bien ça ? Je n'ai pas la suite. (réponse de J.Cabanieu) OUI c’est bien ca Dans ce cas-ci, cela signifie que la société d’architecture en tant que co-traitant serait chargée du marché de conception ou non ? (réponse de J.Cabanieu) Oui c’est elle, et elle seule qui peut faire la conception , mais la conception totale ( mission de base pour tous les travaux , tous les corps d’état) Et qu’elle formerait son propre groupement également avec les différents BET, économiste… ? (réponse de J.Cabanieu) Oui bien sûr en groupement avec des co-traitant , ou seule avec des soustraitant (…) Concernant vos commentaires sur le fait qu’on devrait s’entourer d’autres compétences, (électricité, plomberie, plaquiste,…), c’est bien le cas, l’idée est de pouvoir répondre au lot dont la société double aurait la compétence (menuiserie intérieure, enduits extérieurs, ou intérieurs… etc) et non recouvrir l’ensemble des lots, ce n’est pas vraiment l’idée d’une entreprise tout corps d’état mais plutôt celle de la combinaison des compétences de l’architecte et de celle d’une branche de l’entrepreneuriat artisanale du bâtiment spécifique développée en corrélation. Ce qui pourrait générer un type d’architecture plus spécifique avec une prestation qualitative du fait d’un travail en parallèle entre conception et réalisation, et échanges des savoirs. (réponse de J.Cabanieu) Oui c’est ce que j’avais compris Vous arrivez ainsi dans l’organisation de la future candidature avec vos entreprises amis ( en groupement momentané) , vous proposez donc ( et c’est votre plus par rapport aux autres architectes ) une conception partielle grâce ou plutot avec eux . Mais il va falloir aussi tout concevoir ( vous serez le maitre d’œuvre de cette opération ) et participer aussi à un groupement d’autres entreprises qui feront tous les autres travaux Le dernier échange s’est fait au téléphone le 13 mai 2021 suite au mail ci-dessus, concernant la référence des deux architectes de l’agence LA.

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Annexe 2 FICHES – portfolio Mise en Situation Professionnelle

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Fiche de synthèse MSP n°1

Façade Sud du lot 12 ® Airstudio

LES JARDINS DE RANROUET CONSTRUCTION DE 20 LOGEMENTS LOCATIFS SOCIAUX ET D'UNE MAISON DES ASSISTANTES MATERNELLE Maîtrise d’œuvre : Richard Faure Architectes Maîtrise d’ouvrage : Silène OPH Cadre de l’obtention de la commande : Marchés publics de maîtrise d’œuvre Missions prévues dans le contrat : Mission complète Objet de la mission : Mission complète de maîtrise d’œuvre Lieu : Les Jardins de Ranrouët à HERBIGNAC (44) Programme : La construction d’un ensemble immobilier de 20 logements locatifs sociaux et d’une maison des assistantes maternelles rue de Ranrouët Surface : 1 430 m² SP Enveloppe financière du projet : 2 303 k€ Constitution de l’équipe (partenaires) : économistes de la construction - Racine Carrée BET Structure - SEBA BET Fluides et Thermiques - Gueguen Perennou

Paysagistes et VRD - AGAP OPC - ASCOT Autres acteurs : bureau de contrôle - SOCOTEC contrôleur SPS - VERITAS Nombre de personnes travaillant sur le projet dans l’agence : 1 à 2 personnes Calendrier prévu : • Début des études janvier 2020 • PRO-DCE : avril 2021, • AO : mai-juin, • démarrage des travaux : septembre 2021 • livraison estimée : premier trimestre 2023

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PORTFOLIO DE MSP Hélène Ricoup Fiche de synthèse MSP n°1

MISSIONS ET ROLE DE L'ADE Le projet d’Herbignac a démarré en décembre 2019, j'ai d’abord travailler le dossier de candidature ainsi que celui de l'offre. A l’audition en mairie d’Herbignac en janvier 2020, j’ai accompagné Richard Faure, mon employeur et chef du projet, qui m’a permis de participer à la présentation. J’ai ensuite continué sur les phases Esquisse jusqu’au dépôt de PC en novembre 2021, et aux modifications ainsi qu’à la passation du projet en Pro par un de mes collaborateurs. • PHASE ESQ – AVP : De février à juillet 2020, j’ai travaillé sur l’esquisse en tant que chargée de projet, tout au long de cette période, mes collègues ainsi que Richard Faure m’ont apporté conseils et informations nécessaires. Le projet a été ralenti par la première période de confinement et nous n’avons validé une esquisse/AVP que durant juillet, qui a malgré tout été revue en septembre / octobre suite à diverses contraintes d’instruction et de règlements s’appliquant à la zone du projet. • PHASE PC : En octobre 2020, j’ai travaillé sur le dossier du Permis de Construire qui a été déposé à la fin octobre dans les bureaux de Silène, il était nécessaire pour notre Maîtrise d’Ouvrage de déposer un Permis de Construire avant la mi-novembre afin de pouvoir constituer un dossier de financement par l’État pour le projet. Nous avons reçu fin décembre un courrier de notre MOA émis par Cap’Atlantique qui instruisent les PC sur la commune d’Herbignac avec la demande de diverses pièces complémentaires. Pièces • PHASE APD : La phase APD a été finalisée après le dépôt de PC. Durant le mois de novembre, j’ai travaillé sur le rendu de cette phase avec nos collaborateurs : le bureau d’études fluides pour les détails des gaines, des faux plafonds nécessaires et des coffrets électricité et gaz ainsi que les apports en énergies renouvelables pour les logements considérés individuels. Suite à un retour tardif de l’étude de sols de la part de l’entreprise commandité et à l’impact que celle-ci avait sur le calcul des fondations, nous avons pu rendre l’APD définitif courant décembre. La MOA, Silène, est revenue vers nous en janvier 2021 pour des retours concernant les mémoire technique de nos partenaires.

EXPERIENCES ACQUISES Ce projet que j'ai suivi depuis le début (candidature / offre) m'a permis de m'approprier toutes les phases de l’ESQ à l’APD ainsi que le processus intégral d'une mission. J’ai également appris à dessiner un programme de logements locatifs sociaux, qui diffère d’autres types de programme de logements comme par exemple ceux commandités par des promoteurs privés, j’ai ainsi pu apprécier mais aussi intégrer la complexité d’une charte d’un bailleur social selon les attentes d’un logement en termes de qualité de vie, de confort et d’intimité. La complexité est d’autant plus grande que le budget est limité tout comme les “marges de manœuvre”, cela devient rapidement un casse-tête d’organisation interne entre des logements en Rez-de-chaussée accessibles PMR et ceux du niveau 1 non accessibles. Silène est un bailleur social très “accompagnant” qui nous permet d’assurer une vraie qualité dans les logements, en protégeant l’intimité des habitants, la singularité de chaque logement par la notion “d’adressage”, l’importance de l’orientation des logements, la gestion des interfaces entre espace public / espace semi-privé (le seuil, l’entrée) et l’espace privé. • • • •

Maîtriser un budget : c’est à dire, comment conserver les qualités spatiales définies en esquisse durant les phases qui suivent, comment trouver des compromis et des économies, optimiser les structures, réduire certains éléments sans les supprimer, redéfinir certaines matières, réduire les hauteurs… Différence entre définition de l’individuel d’un point de vue thermique et juridique : nécessité d’une surface minimale de 15 m2 entre deux bâtiments pour thermiquement être considérés collectifs, juridiquement : une entrée commune à deux logements. Anticiper la prise de contact avec les CT / SPS / Services instructeur au plus vite : impact des retours / avis négatifs sur le projet si nécessité de le modifier et donc de devoir déposer un PC modificatif La difficulté d’un projet singulier : aucun logement n’est semblable dans ce projet, aucun travail de répétition, facilitant parfois la mise à jour des plans et façades n’est possible, cela a demandé un temps conséquent en dessin, surtout durant la phase d’échanges entre MOA et MOE pour la validation des plans. Qui plus est, un projet singulier, dans ce cas-ci, est un projet cher.

OBSERVATIONS CONCERNANT LA PRATIQUE DE LA MAITRISE D'OEUVRE •

Mille-feuilles réglementaire : c’est un projet au programme “simple” mais que l’on a développé dans un environnement singulier où quatre réglementations s’appliquaient les unes sur les autres : le PLU d’Herbignac, l’OAP Cadou, le Règlement du Lotissement et les cahiers des charges et techniques de notre MOA le bailleur social Silène. En tant que maîtrise d’œuvre, le premier travail d’exploration de l’ensemble de ces contraintes a été exhaustif et contraignant pour le projet.

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PORTFOLIO DE MSP Hélène Ricoup Fiche de synthèse MSP n°1 •

Interprétation des cadres « réglementaires » : cependant, c’est un projet porté par un bailleur social et soutenu pour la Ville d’Herbignac, ce qui nous a permis de proposer des « adaptations » mineures aux divers règlements : suppression des « zones constructibles » identifiées sur le PA afin de permettre un épannelage du programme et une diversification des formes et de l’implantation sur les parcelles en faveur de la qualité de l’espace vides / pleins. Le rôle de l’architecte dans le construction de logements de qualité : le temps de conception des logements, en particulier au niveau des plans intérieurs et des orientations des ouvertures a été un travail de longue haleine avec de nombreux échanges avec Silène. Ils nous ont accompagné et ont mis à profit leur expérience afin que les plans finaux servent au mieux les attentes des futurs habitants.

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Fiche de synthèse MSP n°2

Perspective de l’entrée Nord-ouest, ® Richard Faure Architectes

MAISON MÉDICALE CONSTRUCTION D’UNE MAISON MEDICALE DE 6 CABINETS A PLAUDREN

Maîtrise d’œuvre : Richard Faure Architectes Maîtrise d’ouvrage : Commune de Plaudren Cadre de l’obtention de la commande : Marchés Publics à Procédures Adaptées Missions prévues dans le contrat : Mission base Objet de la mission : Mission complète de maîtrise d’œuvre pour la construction d’une maison médicale Lieu : Plaudren (56) Programme : La construction d’une maison médicale avec 6 cabinets Surface : 200 m² SP Enveloppe financière du projet : 600 K€ Constitution de l’équipe (partenaires) : économistes de la construction – VERSUS Economie BET Structure - SEBA BET Fluides et Thermiques – Become 56 Autres acteurs :

bureau de contrôle - VERITAS contrôleur SPS - VERITAS Nombre de personnes travaillant sur le projet dans l’agence : 1 à 2 personnes Calendrier prévu : • Études depuis septembre 2019, • ESQ au printemps 2020, • DPC en octobre 2020, • PRO-DCE en mars 2021, • AO en mai-juin, • démarrage des travaux : estimation automne 2021 • durée des travaux : 9 mois en prévisionnel

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PORTFOLIO DE MSP Hélène Ricoup Fiche de synthèse MSP n°2

MISSIONS ET ROLE DE L'ADE Le projet de la maison médicale de Plaudren a débuté peu après mon entrée dans l’agence, en octobre 2019. J’ai d’abord travaillé sur une faisabilité. Le projet a repris en mars 2020 et un PC a été déposé en octobre 2020. Les études ont continué et j’ai travaillé sur les études PRO-DCE pour un rendu en mars-avril 2021. • Phase esquisse : le projet a démarré avec un programme de 3 cabinets médicaux. Au cours des premières esquisses, 3 autres cabinets dont l’ajout d’un cabinet d’ostéopathie (incompatible déontologiquement avec des professions médicales) se sont ajoutés au programme initial. Sans pouvoir augmenter de manière « démesurée » la surface du projet, la modification du programme au fur et à mesure des études m’a poussé à travailler sur une optimisation de l’organisation interne du projet, tout en essayant de conserver au mieux les proportions initiales. • Phase PRO / DCE : la phase PRO, riche d’apprentissage, nous a amené à faire évoluer des choix de matières et de mises en œuvre afin d’assurer l’image architecturale des premières esquisses. Aide à l’établissement du planning prévisionnel des travaux pour dossier DCE, compréhension de l’organisation des différents lots sur un chantier selon leurs missions et le temps. • Phase AO : en cours, réponse aux entreprises sur leurs questions projet, planning, CCTP.

EXPERIENCES ACQUISES • • • • •

Suivi d’un projet sur les différentes phases de conception en autonomie : Faisabilité, Esquisse, AVP, APD, PC, PRODCE, AO et bientôt le chantier Recherches de détails, échanges avec des fournisseurs et entreprises : exploration dans les anciens projets de l’agence et les documents d’EXE transmis par les entreprises pour des menuiseries, l’accroche de montants en bois sur une façade… Travail d’équipe : aide et soutien de la part de mes collaborateurs à l’agence et travail collégial avec les cotraitants, nombreux échanges, accompagnement de leur part sur mes lacunes. Acquisition d’assurance et responsabilisation : un apprentissage presque en solitaire avec les conseils des architectes plus expérimentés de l’agence et du conducteur de travaux, assurance sur la capacité de dessiner techniquement une phase PRO-DCE en un temps donné, acquisition d’une méthode de travail et de types de rendu. Acquis sur mon précédent projet : la construction de logements sociaux à Herbignac, anticipation sur la prise de contact avec le CT et le CSPS, vérification régulière des modifications de tous les règlements s’appliquant à la zone…

Apprentissage technique : le dessin technique d’une phase et de documents destinés à traduire le projet à des entreprises, niveau d’informations suffisants, cotations, simplification de la lecture des documents (privilégier certaines formats plutôt A1 si possible, lecture des textes dans deux sens maximum, échelle de ceux-ci suffisante, etc…)

OBSERVATIONS CONCERNANT LA PRATIQUE DE LA MAITRISE D'OEUVRE • • • •

Difficulté dans des entreprises d’architecture de petites tailles de vérifier tous les « documents émis » : responsabilisation mais aussi erreur puisque peu de vérifications, autonomie importante des architectes salariés = auto contrôle nécessaire. Orchestration entre tous les acteurs du projet : autant côté MOE que MOA, nécessiter d’être le médiateur de tous les échanges, des documents non envoyés à la MOA, toujours tracer, transmettre tous les échanges, les documents… Anticipation des futures problématiques sur chantier en phase PRO. Observation d’une procédure de marché public, la MAPA : avec dépassement des honoraires (+ 40 000 €) et revalorisation de celui-ci autrement, mais sans assurance de la part de la commune, complexité entre le lancement d’un projet avec un montant de travaux estimé et rentrant dans les conditions d’une MAPA avec la réelle estimation de celuici après études : perte pour la MOE.

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Fiche de synthèse MSP n°3

Façade Sud-ouest, ® Richard Faure Architectes

FONDATION AUB CONSTRUCTION D’UN CENTRE DE DIALYSE 16 POSTES

Maîtrise d’œuvre : Richard Faure Architectes Maîtrise d’ouvrage : AUB SANTE Cadre de l’obtention de la commande : Marchés privés de maîtrise d’œuvre Missions prévues dans le contrat : Mission complète Objet de la mission : Mission complète pour la construction d’un centre de dialyse 16 postes Lieu : CH de Cornouailles, LE PORZOU, à CONCARNEAU (29) Programme : La construction d’un centre de dialyses 16 postes Surface : 534 m² SP Enveloppe financière du projet : 1 980 k € Constitution de l’équipe (partenaires) : économistes de la construction – VERSUS Economie

BET Structure - SEBA BET Fluides et Thermiques – Become 56 OPC – ASCOT Autres acteurs : bureau de contrôle - APAVE contrôleur SPS - APAVE Nombre de personnes travaillant sur le projet dans l’agence : 1 personne Calendrier prévu : Études reprises depuis avril 2020, DPC en avril 2021, PRO-DCE en juin-juillet 2021, AO en automne 2021, chantier en janvier 2022, livraison début 2023

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PORTFOLIO DE MSP Hélène Ricoup Fiche de synthèse MSP n°3

MISSIONS ET ROLE DE L'ADE Le projet de Concarneau a démarré en 2019 avant mon arrivée à l’agence, il a vite été mis à l’arrêt. Les études ont repris courant 2020, celles-ci m’ont été confiées et j’ai travaillé sur l’élaboration d’un plan ESQ / AVP de juin à septembre, celui-ci a été validé en octobre par l’équipe médicale en charge du futur centre de dialyse. Les études ont de nouveau été suspendues de l’automne à début janvier où nous avons eu à présenter le modèle et l’architecture du bâtiment. Fin janvier, j’ai préparé l’ensemble du dossier PC, dans l’attente d’une validation de l’architecture et de la palette des matières employées. Suite au dépôt du PC en avril, j’ai continué sur les études PRO-DCE en juin et juillet. • Un phasage de projet aléatoire : le contexte des centres de dialyse AUB est assez singulier puisque chaque nouveau projet naît de la nécessité (urgente) de construire une nouveau bâtiment afin de pouvoir répondre à la demande médicale. Qui plus est, le marché est privé et les phases de projets sont « flouées », celles-ci peuvent s’enchaîner très vite sans nous permettre, MOE, d’avoir le temps d’explorer toutes les possibilités (absence d’esquisse, APD vite défini). Et vice et versa, les projets sont parfois suspendus suite à la pluralité des acteurs au sein de l’AUB qui ont pouvoir de décision sur les bâtiments. Il faut savoir organiser son temps en tant qu’architecte et prévenir ses collaborateurs (BET, économistes…) des rythmes du projet. • Remise en question de l’architecture et recherche de compromis : depuis janvier 2021, j’explore les propositions restreintes, d’architectures possibles. En effet, le programme est bien spécifique, l’agence travaille depuis de nombreuses années avec l’AUB Santé et la palette de matières possibles est limitée. La sobriété et l’entretien sont les maîtres mots. Nous sommes en premier lieu partie sur l’alliance d’une maçonnerie en béton brut lasuré ou matricé pour les pans en premier plan avec de l’acier Corten pour une seconde peau. Le choix du Corten, bien qu’argumenté de notre côté, a été vivement critiqué, jugé trop radical. Les dernières propositions nous ont amené à repenser en acier laqué blanc, sobre et élégant, l’image du projet.

EXPERIENCES ACQUISES •

Organiser un plan singulier entre pratique et technique : suite aux divers projets de centre de dialyse déjà réalisés au sein de l’agence, nous avons acquis une connaissance des besoins en terme de spatialité pour l’équipe médicale autant que pour les patients. Ce plan est aujourd’hui plutôt fixé et compose l’aile de soin avec ses 16 postes de dialyse. En fonction de chaque nouveau terrain et cadre réglementaire, il nous faut travailler sur l’organisation spatiale de l’aile qui intègre les espaces techniques dont certaines contraintes de distance, d’orientation… nous sont imposées. J’ai donc exploré dans les premiers temps de conception diverses organisations spatiales internes, en essayant de dessiner un ensemble Dessiner une forme harmonieuse à un bâtiment très fonctionnel : la division entre les deux ailes : de soin et technique, génère un bâtiment brut aux contours peu structurés. Notre volonté, sur chaque AUB, est d’arriver à travailler la forme urbaine afin qu’elle s’intègre au paysage environnant tout en répondant à certaines contraintes : protéger l’aile de soin des rayons lumineux et de la surchauffe estivale, assurer l’intimité des patients et permettre une qualité de vue entre intérieur / extérieur. Confrontation à la culture personnelle et aux métaphores professionnelles : conflit sur le Corten, symbole de la rouille, de la maladie, de la vétusté pour une majorité de l’équipe soignante, volonté de « sobriété » sans fondre dans l’aseptisé du médical… Peur du stigmate pour les patients. Une réception de notre proposition qui a été intéressante bien que compliquée à dénouer, puisque nous avons dû nous mettre à leur place et regarder avec leur interprétation, tout en continuant à défendre notre parti pris architectural sans pour autant rester buté.

OBSERVATIONS CONCERNANT LA PRATIQUE DE LA MAITRISE D'OEUVRE L’agence Richard Faure Architectes a un long passif avec la Fondation AUB Santé, une large partie du parc immobilier construit en Bretagne Sud depuis 1à ans ont été conçu par l’agence. • Monopole d’un marché : l’agence n’a pas à rechercher de nouveaux contrats avec la Fondation AUB Santé puisqu’elle nous mandate, presque en « priorité » pour chaque nouveau projet dans la région de Bretagne Sud. Il faut cependant que la relation avec leur chargé des bâtiments soit toujours soignée, la qualité du travail de l’agence joue bien sûr un rôle prégnant dans la confiance établie aujourd’hui entre MOA et MOE. • Attention à la « standardisation » d’un plan qui fonctionne : le programme de ce type de centre de dialyse est identique à quelques variations prêts d’un projet à un autre, la fonction est très spécifique et les marges de manœuvre au sein de l’organisation interne sont mineures. Après de nombreux projets, l’agence a développé un plan de l’aile de soins et des gabarits des espaces techniques qui répondent au mieux aux besoins. Cependant, la problématique aujourd’hui est de réfléchir à la réinterprétation de chaque contexte, implantation, connexion entre ces éléments de plans « figés » afin d’éviter de s’enfermer dans une répétition d’un modèle qui « fonctionne ». 48


PORTFOLIO DE MSP Hélène Ricoup Fiche de synthèse MSP n°3 • •

Difficulté d’organiser le temps de travail et le planning : les études sont découpées et imprévisibles dans leur date de démarrage ainsi que dans leur durée, il faut arriver à gérer le temps au sein de l’agence et la prévention auprès des différents partenaires dans l’équipe de MOE. Gestion de crise dans les choix architecturaux : défendre autant les intérêts de notre MOA que l’intérêt général et ne pas céder devant des oppositions quand elles sont de l’ordre du personnel. Savoir trouver des compromis et des arguments qui ne se réfèrent pas qu’à la culture architecturale mais aux références de « tous ».

Perspective depuis le Cours Charlemagne ® Richard Faure Architectes

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PORTFOLIO DE MSP Hélène Ricoup Fiche de synthèse MSP n°4 FAISABILTES

Place de Lurin - Elven PROJET DE LOGEMENTS / COMMERCES / REQUALIFICATION DE LA PLACE DE LURIN Maîtrise d’œuvre : Richard Faure Architectes Maîtrise d’ouvrage : BSH / Fily promotion Lieu : Elven (56) Phase : Faisabilité (1ère en décembre 2020, et 2ème en juin 2021)

Rue de Metz - Vannes CONSTRUCTION DE LOGEMENTS - EXISTANT Maîtrise d’œuvre : Richard Faure Architectes Maîtrise d’ouvrage : Cefim promotion Lieu : Vannes (56) Phase : Faisabilité (avril 2021)

Chemin de la Haie – Vannes CONSTRUCTION DE LOGEMENTS Maîtrise d’œuvre : Richard Faure Architectes Maîtrise d’ouvrage : Polimmo / Terravia Lieu : Vannes (56) Phase : Faisabilité (mai / juin 2021)

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PORTFOLIO DE MSP Hélène Ricoup Fiche de synthèse MSP n°5 COMMUNICATION

BOOK graphiques employables, vite nous nous sommes rendus compte que l’agence manquait d’une méthodologie de graphisme. La production est en effet visuellement très hétéroclite et ce sera un travail en continu que de définir des plans types à réaliser à chaque PC par exemple, une charte graphique simple à mettre en place pour produire en parallèle des livrables contractuelles, des documents graphiques et esthétiques exploitables pour la diffusion de l’agence.

REALISATION D’UN BOOK POUR L’AGENCE ET TRAVAIL SUR L’IDENTITE VISUELLE : LOGO, TYPOGRAPHIE Début des recherches du BOOK : mars 2020 État en juin 2021 : en finition, impression proche Une de mes missions à mon embauche a également été le travail de recherches et de conception d’un book faisant état des projets de l’agence en 2020_2021 et les présentant. Mon travail a tout d’abord été collaboratif avec des points collégiaux avec mon employeur, Richard Faure et mes collaborateurs. Nous avons travaillé sur un nouveau logo, qui reprend les écailles de zinc de la façade de la nouvelle agence. Travailler l’identité visuelle c’est également redéfinir de nouveaux supports de communication, logo mais aussi la typographie employée dans les documents, les cartouches, les plans et le book bien sûr. Ensuite, nous avons sélectionné les projets à présenter, puis les photographies ou autres éléments

LOGO

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EXTRAITS DU BOOK

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Rapport de suivi de Mise en Situation Professionnelle

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RAPPORT DE SUIVI DE MISE EN SITUATION PROFESSIONNELLE dans le cadre de la formation à l’habilitation de l’architecte diplômé d’Etat à l’exercice de la maîtrise d’œuvre en son nom propre (HMONP)

Ce document est un support pour le suivi de la mise en situation professionnelle (MSP) de l’architecte diplômé d’Etat (ADE). Il est à renseigner par l’architecte tuteur dans la structure d’accueil. C’est un document à vocation pédagogique, qui permet de : - formaliser les relations entre l’ADE, le tuteur d’agence et le directeur d’études - suivre le travail demandé à l’ADE - vérifier l’accomplissement des objectifs mentionnés dans la convention tripartite Ce support permet au tuteur d’informer le jury du déroulement de la MSP, notamment dans le cas où il ne peut être présent à la soutenance de l’ADE. L’ADE Nom et prénom La structure d’accueil Raison sociale Le tuteur Nom et prénom

RICOUP Hélène SARL Richard Faure architecte DPLG FAURE Richard

Session 1. Environnement professionnel Devoirs envers les confrères Devoirs envers les maîtres d’ouvrage Statut de la structure d’accueil Responsabilité et assurances Tenue de la comptabilité Rôle de la communication dans la gestion du système de production Commentaires du tuteur

Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne www.rennes.archi.fr – ensab@rennes.archi.fr 44 boulevard de Chézy – CS 16427 – 35064 Rennes cedex Tél : 02 99 29 68 00 – Fax : 02 99 30 42 49 @ENSABRETAGNE

Abordé oui non

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Session 2. Missions. Acteurs/partenaires. Stratégies Gestion de l’équipe de maîtrise d’oeuvre Acteurs du projet et rôle de chacun dans le processus de maîtrise d’oeuvre Missions de l’architecte maître d’œuvre selon les étapes en fonction du type de projet Mobiliser les partenaires spécialistes par obligation et pertinence en fonction du projet Collaboration avec les bureaux d’études Développement d’une stratégie d’entreprise, organisation d’un système de production

Abordé oui non

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Commentaires du tuteur

Session 3. Relations contractuelles. Réglementation Contrats : marché public Loi MOP, règles de passation des marchés Contrats : marché privé Partenariats, co-traitance, sous-traitance Autorisations administratives, réglementations urbaines Réglementations techniques applicables au projet Labels et certifications Commentaires du tuteur

ENSAB HMONP 2020-2021

Abordé oui non

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Session 4. Production architecturale et temporalité Accès à la commande Processus de conception du projet selon les différentes phases d’études Missions de l’architecte maître d’œuvre dans les phases d’études Economie du projet, estimation des coûts Processus de chantier, coordination des intervenants Planification et comptabilité de chantier

Abordé oui non

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Commentaires du tuteur Hélène mène en étude, depuis son arrivée à l'agence, différents dossiers qu'elle a démarré en esquisse. Certains de ces dossiers vont commencer en chantier à la rentrée de septembre. Elle va prendre la co-responsabilité d'un chantier de ces dossiers avec notre conducteur de travaux sur la réalisation d'une maison médicale à Plaudren (56). Ils vont suivre ce chantier en binôme.

Commentaires du tuteur (à remplir à la fin de la MSP) : 1. Commentaires sur le degré de responsabilité et d’engagement exigé de l’ADE et sur le niveau relatif atteint : Hélène est entrée à l'agence en septembre 2019, depuis 21 mois son implication, son degré d'engagement ainsi que la prise de conscience de ses responsabilités sont très satisfaisant. 2. Commentaires sur l’attitude globale de l’ADE, son implication professionnelle et sa capacité à adapter sa démarche personnelle au cadre de la structure d’accueil : Hélène, par son sérieux, son implication et sa qualité créative (essence même de notre métier), est un sérieux atout pour notre agence. 3. Commentaires sur les acquis de l’ADE au regard des objectifs de la formation : Au regard de son sérieux, je ne doute pas un instant, qu'Hélène soit très proche d'un acquis complet de tous les objectifs de la formation.

4. Commentaires divers : Déclaration de l’employeur Nom et prénom: FAURE Richard

Je certifie l’exactitude des informations qui précèdent : Date: Signature: 24 juin 2021

Déclaration du tuteur Nom et prénom: RICOUP Hélène

Je certifie l’exactitude des informations qui précèdent : Date: Signature: 24 juin 2021

ENSAB HMONP 2020-2021


Annexe 4 CV

RICOUP HELENE Architecte DE 27 ans 10 bis rue Saint Gildas 56000 Vannes 07.71.82.50.75 helene.ricoup@hotmail.fr

EXPERIENCES PROFESSIONNELLES

PARCOURS ETUDIANT 2017

Depuis septembre 2019

Diplômée Architecte d’État (ENSA de Strasbourg)

Architecte chargée de projet chez Richard Faure Architectes (Vannes) •

• •

Mission de la phase ESQ à PRO sur divers projets de logements, de santé et d’équipement public dans la région Bretagne Appels d’offres et rédaction Communication visuelle et réalisation d’un BOOK, travail sur l’identité visuelle de l’agence

• •

2015-2016

Juillet 2019 Architecte free-lance MORTEMARD (Paris) •

3ème prix au concours Uto_Pistes avec Balleste Marion et Marcuzzi Cécile, Strasbourg Mémoire «Huaycan, fragment de Lima, une métropole en construction» sous la direction de Denis Bocquet Atelier international d’Oran « entre mer et terre »

Master 1 mobilité à la PUCP (Lima, Pérou) chez

Workshop international Limapolis «la ciudad de

BIGONI

laderas» Lima, Pérou

Concours (stade esquisse) d’une maison de quartier à Versailles.

2015 - Licence d’architecture (ENSA de Strasbourg)

Janvier 2018 à mai 2019

2012 - Mise à Niveau en Arts Appliqués (Brest 29)

Architecte chargée de projet chez URBANICA

2011 - Baccalauréat scientifique option arts plastiques (Alençon 61)

(Paris)

• •

Dessin, conception, réalisation graphique ainsi que le suivi de projets urbains et architecturaux de la phase EP au DCE. Rédactions multiples : appels d’offre, candidatures, présentations. Estimations de projet, chantier et assistance aux réunions.

COMPETENCES Ps

Id

Autocad

Artlantis

Mars à juin 2016 Architecte assistante de projet chez ESARQUITECTURA et Seinfeld arquitectos

Pr

Ai Sketch Up

(Lima, Pérou)

Dessin et maquette en phase PRO : complexe étudiant (bureaux, salles de travail, bibliothèque, restaurant, amphithéâtres,...)

B2 Anglais

Juillet et août 2014

C1

Architecte assistante chez Ballast Architecture (Strasbourg)

Suite Microsoft

56

Espagnol


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