Nespresso Magazine #26 Rio de Janeiro - édition française

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NOW L’instant N

UM CAFEZINHO POR FAVOR ! Par Guillaume Jan Illustration Célia Callois

* Un cafezinho, s’il vous plaît !

UN COMPTOIR EN ZINC, SIX TABOURETS, DEUX VENTILATEURS, UN CHRIST CLOUÉ AU MUR, une cor-

beille qui regorge de fruits frais et un fût en Inox d’où s’échappe une puissante odeur de café. Voilà pour le décor de cette lanchonete, cafétéria de poche comme on en trouve presque à tous les coins de rue à Rio. L’antique radio crachote un des tubes les plus fameux de la bossa nova des années 1960, Garota de Ipanema (« la fille d’Ipanema »). C’est amusant de l’entendre dans cette gargote : nous sommes précisément dans le quartier chic d’Ipanema, à un jet de pierre du café mythique devant lequel passait chaque matin Helô Pinheiro, la jeune femme qui a inspiré cette chanson… Il est 8 heures, le soleil est déjà haut et trois clients sirotent leur premier cafezinho de la journée, les yeux perdus dans l’océan qui gronde sourdement au bout de la rue. Le cafezinho (« petit café », en portugais), c’est le nom du café traditionnel au Brésil. Une boisson au goût amer et légèrement acide, servie très allongée mais brûlante après une extraction lente au filtre. Les Cariocas l’accommodent parfois d’une ou deux cuillerées de sucre en poudre, ou d’un nuage de lait ; certains ajoutent même un peu d’eau. « C’est le même café que l’on buvait au début du XIXe siècle, quand les plantations ont commencé à se développer dans l’État de Rio puis dans les régions environnantes, explique Rogerio, le patron débonnaire de cette lanchonete surannée. Ils en consomment en tout lieu et à toute heure du jour ou de la nuit. » En effet, toutes les occasions sont bonnes pour savourer un cafezin-

ho à Rio. Le matin, on le commande pour une somme modique en avalant un petit pain au fromage ou à la viande. On en reprend un ou deux au travail, pour bien commencer la journée, marquer une pause ou conclure un marché. On en boit pour tromper la faim, se donner un coup de fouet ou se détendre. On l’apprécie à la fin du déjeuner. Il est souvent offert chez le coiffeur ou dans les boutiques, et il est aussi considéré comme une marque de bienvenue lorsqu’un visiteur passe vous voir. « Le cafezinho est un acteur crucial de la vie sociale », assure Rogerio. Populaire et bon marché, il n’est pas pour autant considéré comme une boisson bas de gamme – il existe d’ailleurs des « cafezinhos gourmets », servis dans les somptueuses brasseries du Centro, voire dans les restaurants étoilés du Rio branché. Le rituel se pare alors de ses plus beaux atours, et le fût en Inox laisse place à une élégante cafetière en argent, à long bec et manche en ébène. L’espace d’un instant, c’est le Brésil de la Belle Époque qui s’invite à la table. Héritage de la culture carioca, le cafezinho s’adapte à la modernité, et même au goût du jour, avec une sélection plus rigoureuse. « Le cafezinho trouvera toujours sa place ici, conclut Rogerio. Plus qu’un café, c’est un moment de partage auquel les Cariocas restent très attachés. » Et le vieil homme de se tourner pour prendre la commande d’une jeune femme en tenue de sport : « Um cafezinho, por favor ! » n

Il est 8 heures, le soleil est déjà haut et trois clients sirotent leur premier cafezinho.

Prochainement, Nespresso rendra hommage à la tradition brésilienne du café. À suivre…

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