Blue Line #03

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BLUE LINE MARS 2020

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MARS 2020

©/Shutterstock

SOMMAIR

BLUE LINE

N°03

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©/Shutterstock

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30

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INTERNATIONAL GHOSN

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SOCIÉTÉ ÉLOQUENCE

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DOSSIER

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INTERNATIONAL MOYEN-ORIENT

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/ DÉRISION /

30

JURIDIQUE DROIT EUROPÉEN

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RÉSEAUX SOCIAUX

8 10 12 15 16 19 20

Carlos Ghosn : L’affaire judiciaire

L’EUROPE ET NOUS Le rôle des institutions europénnes L’union européenne, garante de la paix Europe, My Darling ? Le pacte de Simone Veil : Les droits des femmes Nos propositions pour + d’Europe Ode à l’Europe D’autres fenêtres...

Les secrets des orateurs

La crise Iran vs États-Unis : Un duel au soleil qui n’en finit pas

ORTHOGRAPHE, SYNTAXE ET DIVISION Ou comment le test de langue française divise La reconnaissance mutuelle, une institution bouleversée


ÉDITO Chers lecteurs, chères lectrices, Nous voici déjà au deuxième quadrimestre de cette année académique et à notre troisième « Blue Line ». Pour ce numéro, nous avons décidé de consacrer notre dossier central à l’Europe, à ce qu’elle nous apporte et ce qu’elle pourrait faire de mieux. Nos rédacteurs se sont ainsi concentrés sur les institutions européennes, le rôle de l’Europe en tant que gardienne de la paix, le pacte Simone Veil, les relations entre le Royaume-Uni et l’Europe, ou encore, les propositions de la FEL pour plus d’Europe. Pour clore ce dossier sur une note plus littéraire et vous montrer combien cette Europe nous est chère, l’un de nos membres vous a composé un joli poème en prose. Hors dossier, vous pourrez lire deux articles écrits par notre président, Adrien Pironet, l’un parle de l’art oratoire et le second de la retentissante affaire Carlos Ghosn. Vous pourrez également y découvrir un texte expliquant la dernière crise entre l’Iran et les États-Unis et un autre développant la notion de reconnaissance mutuelle en droit de l’Union européenne. Je vous souhaite une très belle lecture,

Adeline


{ INTERNATIONAL GHOSN }

CARLOS GHOSN L’AFFAIRE JUDICIAIRE DE LA DÉCENNIE PAR ADRIEN PIRONET

Arrogant, triomphant, mauvais acteur, c’est ainsi que la presse a pu décrire Carlos Ghosn après son extraordinaire prestation lors d’une conférence en janvier dernier. Mais qu’est-ce qui l’a amené à devoir laver son honneur devant les caméras du monde entier ?

Ces derniers temps, la presse s’est concentrée sur l’évasion grandiose de Carlos Ghosn du Japon. Revenons dès lors en plusieurs actes sur les dessous de cette affaire judiciaire et son arrestation en novembre 2018 pour ensuite éclairer les rouages de la justice japonaise et ses dysfonctionnements. Mais avant toute chose, il nous est nécessaire d’avoir une vue globale sur le parcours de Ghosn.

C’est en 1996 que Ghosn rejoint l’entreprise automobile Renault. Encore une fois, on compte sur lui pour remonter économiquement la société automobile. La marque française se relève alors peu à peu. Elle se relève si bien que lorsque Nissan rencontre des difficultés, Renault rachète une partie du groupe japonais. C’est la naissance de « l’Alliance RenaultNissan », à laquelle s’ajoute en 2016 Mitsubishi.

Acte I. Le « Samouraï de l’automobile »

Il est important de se concentrer sur le sauvetage de l’entreprise japonaise Nissan qui, frappée violemment par la crise, périclite. Appelé à la rescousse pour relever l’entreprise, Carlos Ghosn ne fait pas de sentiments. Il réorganise, licencie, et donc réduit considérablement les coûts afin de permettre la survie de Nissan. Il est alors perçu comme un héros par les médias japonais pour avoir sauvé l’entreprise nationale.

Carlos Ghosn nait en 1954 au Brésil, puis, assez rapidement, sa famille déménage au Liban. À 18 ans, il arrive en France pour y étudier et obtient deux diplômes d’ingénieur. Grâce à ses qualifications, il commence alors une carrière dans le domaine de l’industrie et sa rapide ascension dans le milieu le mènera jusqu’à cette affaire fiscale et judicaire que nous connaissons aujourd’hui. Il fait ses débuts dans l’entreprise des pneus Michelin, et dès 1985, est chargé de remettre en santé la branche sudaméricaine de la multinationale. C’est là que commence la légende de l’industriel, puisqu’en deux années, il réussit à rétablir la rentabilité de l’entreprise. Fort de ces bons résultats, il est envoyé en Amérique du Nord où il continue à réaliser des miracles.

Naissance

>1954

Entrée chez Michelin

>1972 Arrivée en France

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En 2001, son travail acharné lui permet de devenir le PDG de Nissan. En moins de trois années, l’entreprise n’a plus de dette et sa croissance est repartie de plus belle. Dès 2005, il devient également le PDG de Renault. La chose est inédite, puisqu’une seule personne est à la tête de deux multinationales colossales, il règne sur un véritable « empire automobile sur lequel le soleil ne se couche jamais ».

>1985

PDG de Nissan

>1996 Entrée chez Renault

>2001


{ INTERNATIONAL GHOSN }

Acte II. L’affaire judiciaire : Ghosn l’ange déchu Malheureusement, la roue tourne. Après d’autres sauvetages économiques et de nombreux succès, 2018 est une année noire pour le patron Ghosn qui est arrêté en novembre au Japon. La justice nippone le place en examen, il est soupçonné de malversations financières. Près de 74 millions d’euros n’auraient pas été déclarés aux autorités boursières par le PDG entre 2010 et 2015. Il encourt alors une peine de prison de 15 années et plus d’un million d’euros d’amende. C’est à partir de ces chefs d’accusations qu’une sombre histoire débute… La première nuit de Carlos Ghosn en prison est dédiée aux interrogatoires. Il est interrogé pendant des heures sans relâche, sans possibilité d’être assisté d’un avocat. Les conditions de séjour dans le pénitencier sont effroyables : sa cellule de 7m2 est éclairée jour et nuit ; lorsqu’il se couche, il doit être allongé sur le dos afin que son visage reste constamment visible ; il n’a droit qu’à deux douches par semaine ; il est privé de sa famille. La méthode et les techniques employées sont pour le moins surprenantes… Alors que le « Samouraï de l’automobile » est brisé par les modalités d’emprisonnement, les médias japonais se déchaînent sur lui et sa notoriété se transforme en infamie. Le 25 avril 2019, en échange d’une gracieuse caution, Carlos Ghosn finit par être placé en liberté surveillée, même très surveillée. Chaque fait et geste est épié, il doit déclarer chaque personne qui vient le rencontrer, il ne peut même pas voir son épouse et doit faire une demande devant le tribunal pour tout déplacement excédant 72 heures. Malgré cette pseudo liberté, il demeure dans une cage dorée. C’est lors de cette période de liberté surveillée que l’affaire judiciaire va prendre un tournant inédit. Le 29 décembre, sa fuite commence afin de quitter le Japon à bord d’un avion privé en direction du Liban, pays dont il a la nationalité. Il devient ainsi un véritable magicien de l’évasion. Habituellement, un prestidigitateur cherche à sortir d’une malle cadenassée. Or ici, la malle est l’objet de l’évasion. En effet, Carlos Ghosn se serait, selon la rumeur, enfuit de cette manière. Cette histoire assez folle raconte que lors d’un repas de Noël organisé chez lui, de faux musiciens auraient été invités et qu’il se serait volatilisé en se cachant dans une caisse à instrument. La réalité des caméras de surveillance révèle une situation beaucoup moins insensée. Il aurait quitté son domicile tout simplement. Toutefois la méthode utilisée pour arriver à passer les contrôles de l’aéroport jusqu’au jet privé reste nébuleuse et c’est là que la théorie de la malle réapparaît, on imagine que celle-ci a permis de passer les contrôles aéroportuaires.

19 Novembre Arrestation au Japon

>2005 PDG de Renault

© Mo-padri/Shutterstock

29 Décembre Évasion du Japon

>2018 >2019 25 Avril Libération surveillée

>2020

8 Janvier Conférence de Presse 5


{ INTERNATIONAL GHOSN }

En Belgique, l’évasion n’est pas punie en tant que telle, seules les infractions qui l’accompagne le sont. Alors, on peut se demander si, du point de vue du droit naturel, c’est-à-dire de valeurs communes aux êtres humains, Ghosn avait le droit de s’évader de la cruelle justice nippone. Au regard des droits et libertés intrinsèques à l’Homme, il semble qu’il n’ait commis aucune infraction.

guise de formalité, il n’a pas du tout la même autorité qu’en Belgique. De même, l’ancien PDG explique dans ses interviews de janvier, que le ministère public se comporte de manière laxiste lors de la production de preuves et que le juge n’ordonne pas plus de rigueur de leur part. C’est pourquoi, dans 99% des cas, les juges suivent les thèses défendues par le ministère public.

Et c’est ainsi que le Liban, son pays d’accueil, perçoit la situation. Le ministère des Affaires étrangères a déclaré que Carlos Ghosn était arrivé tout à fait légalement sur le sol libanais. Dès lors, malgré la notice d’Interpol pour récupérer l’homme, celui-ci n’est absolument pas inquiété puisque le Liban n’a pas l’obligation ni même la volonté de l’extrader.

Acte IV. Le retour sous le feu des projecteurs

Acte III. Les rouages moyenâgeux de la justice japonaise

Oui, le Japon est un des pays à la pointe du développement... Néanmoins, les rouages de la justice nippone sont encore vétustes et, quoi qu’on puisse en penser, la procédure subie par Carlos Ghosn est en fait tout à fait classique dans ce système où l’objectif est d’obtenir coûte que coûte un résultat. Le site de la diplomatie canadienne explique qu’au regard du droit japonais, une personne peut être maintenue en détention pendant 23 jours, et parfois plus, sans qu’elle puisse être accusée formellement. En outre, le suspect peut être interrogé pendant plusieurs heures avant même d’avoir pu consulter un avocat. Enfin, il faut rappeler que l’Empire du Soleil levant exécute encore la peine de mort par pendaison. Notons que le rôle central dans la procédure pénale revient au procureur et que, comme en Belgique, le suspect est présumé innocent jusqu’à ce que la preuve contraire soit apportée. Cependant, selon l’ancien PDG, les procureurs de Tokyo sont soumis à une obligation de résultats, et ils tentent donc par tous les moyens de prouver la culpabilité des suspects afin d’obtenir des condamnations pour faire survivre économiquement les cabinets de procureurs. L’affaire Ghosn révèle donc au grand jour que, si sur le papier le système pénal nippon semble juste quoique sévère sur les mesures, dans les faits, ce système rencontre un dysfonctionnement plus que douteux. L’ancien patron déclare d’ailleurs lors d’une rencontre avec Paris Match : « [les autorités japonaises] n’ont pas dû lire la convention de l’ONU pour les droits de l’homme qu’ils ont signée ». Certes, il est très difficile de décerner le vrai du faux dans le témoignage de l’ancien PDG ; toutefois, si l’on se fie simplement à la situation factuelle décrite par le site internet de la diplomatie canadienne, le Japon a de sérieux soucis avec le respect élémentaire des droits de l’homme. Un pays si développé ne peut pas traiter ainsi ses suspects et à fortiori ses détenus. Selon Ghosn, le procureur mène la danse dans le déroulement de l’instance pénale. Le juge prononce la condamnation en

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Le 8 janvier 2020, à 14h, devant les caméras du monde entier, l’ancien PDG de Renault-Nissan s’exprime enfin sur la folle épopée dont il a été le protagoniste. Il fait alors de nombreuses révélations et présente une série de pièces pour laver son honneur. Il revient évidemment sur son évasion du Japon et sa perception de l’avenir : « Je ne cherche pas à fuir la justice, au contraire, je recherche la justice ». Il semble bien décidé à épingler le système judiciaire japonais. Mais ce n’est pas la seule cible du « Samouraï de l’automobile », car il règle également ses comptes avec ses anciens collègues de Nissan. Dans l’état actuel de l’avancement du dossier, deux thèses semblent crédibles. La première, celle de Carlos Ghosn, voudrait qu’il soit victime d’un complot de la part de ses anciens collègues japonais de Nissan. À l’aide de preuves présentées lors de sa conférence de presse, il espère faire entendre cette affirmation. Il est cependant difficile d’évaluer cette théorie de la trahison sans entrer dans un examen poussé des relations personnelles du PDG et ses associés. Dans cette équation, il est important de souligner le potentiel lien entre les traîtres et les autorités japonaises, les premiers fournissant des informations et les secondes utilisant les outils légaux. La thèse de Ghosn paraît plausible eu égard aux origines du Japon, pays bâti sur un ciment nationaliste. Imaginons un instant un étranger occuper la place de patron le plus puissant du Japon, c’est dérangeant. La deuxième thèse est présentée par certains journalistes hostiles à l’homme. Elle voudrait faire entendre que Carlos Ghosn est victime de ses propres faiblesses, sa chute étant essentiellement due à son goût pour l’argent. On peut en effet concevoir que cette course à l’argent soit la cause de cette perte. Toutefois, l’ancien PDG de Renault-Nissan se défend en prétextant qu’il avait l’opportunité plus lucrative de reprendre la direction de General Motors lorsque le Président Obama le lui avait proposé en 2009. Enfin, la réalité doit sûrement être plus nuancée que les deux versions proposées ci-dessus. Sans être écartées, l’une et l’autre se complètent sans doute. On pourrait imaginer que le succès économique de Ghosn l’ait poussé à faire des manœuvres illégales pour s’enrichir davantage et que ses anciens partenaires y aient vu une opportunité de se débarrasser de lui. En définitive, l’acte IV n’est pas la fin de « l’épopée Ghosn », nous restons désormais suspendus à l’évolution judiciaire du dossier afin d’établir - peut-être - enfin la vérité. 


DOSSIER

L’EUROPE ET NOUS

L'Europe, omniprésente dans notre quotidien, a des impacts sur chaque citoyen. Cette union, sui generis, a été créée en 1957, pour maintenir une paix durable entre les États membres mais aussi développer une coopération économique. Aujourd’hui, celle-ci est l’objet d’une méfiance grandissante chez nombre d’entre nous. Avec le départ du Royaume-Uni, la question de l’Europe et de sa destinée est de plus en plus présente. L’Europe est vaste et son sujet l’est encore plus. Il a donc fallu opérer des choix. Ce dossier propose tout d’abord une partie plus pédagogique sur les institutions européennes au travers d’un article resituant les rôles et fonctions de quatre institutions qui jouent un rôle prégnant, mais pourtant, difficilement reconnaissables ou explicables dans le chef des citoyens. Il aborde également la question de la raison d’être et de l’intérêt d’une telle Union ainsi que les préceptes qui pourraient améliorer son fonctionnement. Ce dossier termine enfin par une déclaration d’amour à cette Europe qui malgré ses hauts et ses bas reste l’un des enjeux majeurs de notre avenir.

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{ DOSSIER L’EUROPE ET NOUS  }

LE RÔLE DES INSTITUTIONS EUROPÉENNES

PAR ALEXANDRE SOMMA

L’Europe, ça sert à quoi ?

« ÇA NE SERT À RIEN ! »

« ÇA SERT À TOUT ! »

LA VÉRITÉ EST SANS DOUTE PLUS NUANCÉE ET SE SITUE ENTRE LES DEUX. L’Union européenne s’articule surtout autour de 4 institutions centrales et majeures dans son fonctionnement quotidien :  Le Conseil européen ;  La Commission européenn ;  La Parlement européen ;  Le Conseil (des ministres de l’UE). Chacune de ces institutions dispose d’une mission particulière et toutes les quatre sont amenées à interagir. C’est ce que l’on appelle plus communément dans le langage courant « le losange institutionnel ».

LES INSTITUTIONS

CONSEIL EUROPÉEN Le Conseil européen est la dernière institution de l’Union à avoir été officialisée et reconnue comme telle. Il est composé des chefs d’État ou de gouvernement des États membres, ainsi que de son président et du président de la Commission. Les membres du Conseil européen peuvent, si l’ordre du jour le nécessite, être assistés par un ministre. Le Conseil européen dispose d’une fonction stratégique qui lui permet de donner les impulsions nécessaires au développement de l’Union européenne. Mais il a également une fonction d’arbitrage qui lui permet de débloquer des situations de crise et d’apporter des solutions en cas de désaccords entre États. C’est également lui qui fixe le nombre de membres de la Commission et la composition du Parlement européen. Il adopte des programmes stratégiques qui permettent de résoudre d’importants problèmes en matière de migration ou de financement par exemple. Un président du Conseil européen est élu par ce dernier, à la majorité qualifiée, pour une durée de 2 ans et demi, renouvelable 1 fois.

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Le Président du Conseil européen n’est autre que notre ancien Premier ministre, Charles Michel. Deux missions principales lui sont assignées : 1° présider et animer les travaux du Conseil européen ainsi qu’en assurer la préparation et la continuité ; 2° assurer la représentation externe de l’Union pour les matières relevant de la politique étrangère et de sécurité commune de l’Union européenne sans préjudice des attributions du haut représentant de l’Union.


{ DOSSIER L’EUROPE ET NOUS  }

COMMISSION EUROPÉENNE La Commission européenne, organe exécutif de l’Union européenne, est composée de 27 commissaires (soit un par État membre). Le Président de la Commission est élu par le Parlement européen à la majorité des membres qui le composent. C’est l’Allemande, Ursula von der Leyen, qui occupe actuellement le poste. Elle est devenue, en décembre 2019, la première femme à accéder à la présidence de la Commission. Concernant les commissaires, ceux-ci sont d’abord désignés comme candidat commissaire par leur État. Ils sont alors soumis à un vote d’investiture, si le résultat est favorable, le candidat commissaire est alors désigné pour 5 ans et est responsable d’une ou plusieurs matières spécifiques au sein du Collège de la Commission. Les décisions prises par la Commission sont délibérées en commun, de cette manière, tous les membres du collège en sont collectivement responsables. Le Collège se réunit en moyenne une fois par semaine et délibère à la majorité de ses membres. Les débats y sont confidentiels et les décisions collégiales. La Commission dispose d’un pouvoir d’initiative, c’est donc elle qui est chargée de promouvoir l’intérêt général de l’Union ainsi que d’initier les processus adaptés. Elle est également gardienne des traités. Ce qui signifie que concrètement, elle surveille l’application du droit de l’Union avec le contrôle de la Cour de justice de l’Union européenne. On l’appelle parfois à cet égard « le gendarme de l’UE ». Sa mission principale est d’être l’exécutif européen. Dans cette optique, elle est chargée d’exécuter le budget et de gérer les programmes mais aussi de coordonner l’action de l’Union et de représenter celle-ci à l’étranger.

PARLEMENT EUROPÉEN Le Parlement européen, qui est l’organe représentatif et législatif des citoyens de l’Union, est composé de 705 députés élus au suffrage universel tous les 5 ans. Ceux-ci se répartissent en différents groupes politiques (il y en a 7 actuellement) en fonction de leur différentes convictions politiques. Aujourd’hui, le président est David Sassoli. Les parlementaires travaillent par commissions (il y en a 20 actuellement) au sein desquelles les travaux sont préparés. Une fois les travaux clôturés et les textes négociés, ceux-ci reviennent devant la séance plénière qui se réunit soit à Bruxelles soit le plus souvent à Strasbourg. Les députés votent normalement à la majorité des votes exprimés mais plus couramment, ils votent à la majorité spécifique. Une fois voté, le texte entre en application. Le Parlement européen a un rôle législatif et budgétaire. Il partage ces deux compétences avec le Conseil. Il dispose également d’un rôle de contrôle politique via notamment l’audition et la nomination de la Commission européenne (organe exécutif de l’UE). Le Parlement donne aussi son aval à la conclusion d’accords internationaux conclus par l’Union européenne.

CONSEIL (DES MINISTRES DE L’UE) Le Conseil (des ministres de l’UE) est le deuxième organe législatif mais non représentatif des citoyens de l’UE. Celui-ci relaye les intérêts des États membres de l’Union européenne. Il est composé d’un représentant de chaque État membre au niveau ministériel habilité à engager le gouvernement de l’État membre qu’il représente et à exercer le droit de vote en son nom. Depuis sa création, la Présidence du Conseil est assurée par chaque État membre pour une durée de 6 mois dans le cadre d’un trio préalablement établi (cycle de 18 mois). Aujourd’hui, la présidence est assurée par la Croatie jusqu’au mois de juin. Le Conseil exerce, conjointement avec le Parlement européen, les fonctions législative et budgétaire. Il dispose aussi des fonctions de définition des politiques et de coordination conformément aux conditions prévues par les traités européens ainsi que d’un rôle clé dans la négociation et la conclusion des accords internationaux.

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{ DOSSIER L’EUROPE ET NOUS  }

L’UNION EUROPÉENNE, GARANTE DE LA PAIX PAR AMAURY ERNST

L’Union européenne permet-elle de garantir la paix entre ses membres ? Avant de pouvoir répondre à cette question, il faut voir ce qui pourrait ébranler notre paix européenne. La forte tendance nationaliste, notamment traduite par des velléités eurosceptiques, qui se développe au sein de certains États membres peut inquiéter. Et c’est pour cela qu’il est intéressant de retracer une brève évolution de l’Europe sur le plan des guerres et des mentalités. Deux réalités intimement liées puisque la mentalité des populations évolue notamment en fonction des guerres et de leurs conséquences.

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{ DOSSIER L’EUROPE ET NOUS  }

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« Certains pourraient se dire que cette paix au sein de l’UE n’est qu’une simple coïncidence, mais pourtant, il n’en est rien. »

Depuis des temps immémoriaux, les guerres ravagent le vieux continent. Il nous faudra donc choisir arbitrairement un début à cette évolution. La conquête de l’Europe par Napoléon sera ce point de départ pour, au final, arriver jusqu’à la création de l’Union européenne. À la fin de notre compte rendu historique, nous essaierons d’apporter une réponse à notre question et voir si l’UE garantit la paix européenne même face au nationalisme. Commençons par la fin de la Révolution française avec l’arrivée de Napoléon au pouvoir. Très vite, ce dernier se mit à la conquête de l’Europe. Au début, les populations locales virent les armées napoléoniennes comme des libérateurs face à l’Ancien Régime mais rapidement elles devinrent, à leurs yeux, des armées d’occupation. En opposition à Napoléon, les peuples se mirent à plonger dans le nationalisme. En effet, les campagnes napoléoniennes enflammèrent les différents peuples envahis voulant désormais défendre leurs territoires. Le point culminant fut sans doute la campagne d’Espagne et la révolte nationaliste de la population, comme le décrit Goya avec son tableau « El tres de mayo de 1808 en Madrid ». Par la suite, le nationalisme s’étendit sur toute l’Europe et permit à certaines populations de s’unir. Ce qui donna, par exemple, l’unification italienne. Mais, les peuples ne se calèrent pas toujours sur les délimitations territoriales et ce fut notamment le cas des populations germaniques. En effet, ces dernières étaient partagées dans différents royaumes et principautés comme en Alsace-Lorraine, territoire faisant partie de la France. La montée du nationalisme allemand mena à une escalade des tensions qui aboutirent à la guerre francoprussienne de 1870. Ce conflit se clôtura avec la défaite française et l’unification de l’Allemagne. Le nationalisme ayant pris racine dans toute l’Europe, les mentalités s’échauffèrent petit à petit et évoluèrent jusqu’à devenir belliqueuses. Les pensées nationalistes amenèrent les populations à se réunir, voire à conquérir d’autres territoires, pour renforcer leur patrie. Cela conduisit aux deux Guerres mondiales, notamment

engendrées par le nationalisme allemand. Le paroxysme de cette mentalité fut évidemment atteint sous le régime nazi qui embrassa pleinement une politique nationaliste. Après la Deuxième Guerre mondiale, l’Europe rechercha la paix et établit, en 1957, le Traité de Rome qui institua la Commission économique européenne. Une telle collaboration économique permit de souder les pays de l’ancien continent, à savoir l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg et les PaysBas. Aujourd’hui, l’Union européenne (UE), qui est dans la continuité de ce traité, s’est étendue et permet aux 27 États membres de collaborer et de s’associer. Certains pourraient se dire que cette paix au sein de l’UE n’est qu’une simple coïncidence, mais pourtant, il n’en est rien. Prenons l’exemple des Balkans occidentaux, situés en territoire européen, mais non membres de l’Union européenne. Marqué par de fortes tensions ethniques et nationalistes, cet endroit du globe a connu d’importants conflits entre 1991 et 2001 avec les Guerres de Yougoslavie. L’Union européenne a alors joué un rôle décisif dans la paix que connait désormais cette région. Il semble évident que l’Union européenne permet d’avoir la paix entre ses États membres, mais pas exclusivement, tel que le démontre l’exemple ci-dessus. Comme expliqué dans cet article, le nationalisme est un danger pour la paix en Europe et seule la collaboration des membres de l’UE a pu permettre la fin des guerres. C’est cette collaboration, qu’offre l’UE, qui permet de lier les pays et les populations pour les amener à une paix réelle et durable. Aujourd’hui, nous vivons un retour de la pensée nationaliste dans plusieurs pays européens. En effet, nous sommes au début d’un renouveau de cette pensée, ce qui doit légitimement nous inquiéter, mais l’UE reste et restera la garante de la paix. Il faut néanmoins que cette collaboration ne vire pas à une centralisation excessive des pouvoirs qui ne peut qu’exacerber le nationalisme dormant au sein de la population européenne. La clé est que les États membres de l’UE continuent à collaborer, tout en laissant une autonomie aux pays membres, notamment en matière culturelle et de politique locale. 

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{ DOSSIER L’EUROPE ET NOUS  }

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{ DOSSIER L’EUROPE ET NOUS  }

MY DARLING ? PAR ADELINE BERBÉ ET CORALIE BOTERDAEL

Quelle ironie ces relations britanno-européennes ! Alors que l’Europe ne voulait pas de la Grande-Bretagne jadis, c’est elle qui ne veut plus de l’Europe aujourd’hui. Ces relations n’ont jamais été simples : de l’adhésion au retrait, leur histoire fut parsemée de tensions et de compromis.

1951 Ne me parle pas !

Notons, pour commencer, que l’idée fondatrice d’une communauté européenne émane de pays parmi les plus touchés par les deux guerres mondiales. En effet, après ces deux grands conflits, la France et l’Allemagne décident de créer la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1951 par le traité de Paris. Ratifié par la France, la République fédérale d’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie et le Luxembourg, il vise principalement à tout mettre en œuvre pour que ses pays signataires n’aient plus à connaitre les atrocités vécues dans le passé. Ces nations réunies sont par ailleurs soucieuses de laisser un accès aux autres pays qui souhaitent intégrer la communauté. Alors pourquoi la Grande-Bretagne ne veut-elle pas adhérer à l’Europe dès sa création ? À cette époque, celle-ci ne manifeste pas l’intention de rejoindre l’Europe des Six. En effet, le pays connait une forte montée du nationalisme et intégrer une telle communauté lui parait inconcevable. De plus, l’idée d’un supranationalisme ne séduit pas les Britanniques qui préfèrent alors tisser des liens avec les Américains plutôt qu’avec les Européens.

1961 Je t’aime ! Moi non plus…

Quand la Grande-Bretagne constate que, sans cette adhésion à la communauté, elle s’isole peu à peu… Quand, à la suite de la Crise de Suez, elle remarque que les relations qu’elle entretient avec les États-Unis commencent à être tendues et que son économie s’affaiblit... Le Royaume-Uni décide, en 1961, de soumettre une demande d’adhésion au traité de Rome. Mais celle-ci est rejetée par la France, au même titre que la deuxième demande. La France de De Gaulle s’y oppose fermement car, pour le Général devenu Président, le Royaume-Uni est trop tournée vers les États-Unis. Il est persuadé que cette relation portera atteinte à l’Europe et pense que l’économie britannique est incompatible avec celle du marché commun.

1973 Tu me donnes une chance ?

La troisième demande d’adhésion est la bonne et, en 1973, le Royaume-Uni rejoint la Communauté économique européenne. Le début d’une relation inédite voit alors le jour. Même si son entrée est fort tardive, la GrandeBretagne parvient à s’adapter rapidement aux normes européennes. Elle s’oppose néanmoins à certaines mesures prises par l’Europe. Par exemple, en 1978, elle exprime sa volonté de ne pas intégrer le Système monétaire européen. Ensuite, six ans seulement après l’adhésion à la CEE, Margaret Thatcher dénonce les sommes importantes que son pays alloue à la Communauté. Elle obtient ainsi une réduction de la contribution de celui-ci. Plus tard, en 1985, les citoyens britanniques ne veulent pas ratifier les accords de Schengen qui permettent la libre circulation des personnes et des marchandises dans cet espace. En 1988, lors du fameux discours de Bruges, Margaret Thatcher explique sa vision de l’Europe : elle ne veut pas d’une Europe fédérale et rejette même l’idée que la Communauté ait des ressources propres. Dans le même temps, le Royaume-Uni ne cesse d’user de son droit de véto durant les négociations parlementaires, marquant son désaccord avec de nombreux points. Ce rôle d’eurosceptique, il l’aura ainsi endossé pendant la plus grande partie des 47 ans d’adhésion à l’Union européenne.

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« I want my money back. » Margaret Thatcher

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{ DOSSIER L’EUROPE ET NOUS  }

2016 Je m’en vais

En 2016, l’occupant du 10 Downing Street, David Cameron, sous la pression, décide d’organiser un référendum afin de savoir si le peuple britannique souhaite enclencher le processus de retrait de l’UE. 51.9% des votants s’y expriment en faveur d’une sortie de l’Europe, le fameux « Brexit ». Conformément à ce résultat, le Royaume-Uni déclenche l’article 50 du traité sur l’Union européenne qui permet à un État membre de sortir de l’Europe. Selon celuici, pour se retirer de l’UE, il faut qu’un État membre en émette la volonté ; ainsi, chaque pays est protégé et ne peut être mis à la porte de l’Europe par les autres. Cependant, pour quitter l’Union, en exprimer la volonté ne suffit pas, encore faut-il conclure un accord. Ce dernier doit fixer les modalités de retrait en tenant compte des relations futures. Une fois cet accord validé, les traités qui fondent l’Union ne sont plus applicables à l’État sortant. Les négociations pour le Brexit débutent alors. Elles ne sont pas simples et il faudra près de 4 ans, la démission de plusieurs premiers ministres britanniques et de longs mois de travail pour trouver un accord.

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2020

Mark Murphy photos / Shutterstock.com

On reste bons amis

Le 1er février 2020, après plus de trois ans de négociations, le Royaume-Uni quitte officiellement l’Union, même si dans les faits, ce ne sera qu’au 31 décembre 2020 que le Brexit sera réalisé. Mais qu’est-ce qui a changé le 1er février ? Tout d’abord, les députés britanniques ne siègent plus au Parlement européen qui passe de 751 à 705 membres. Ensuite, les citoyens européens résidant au Royaume-Uni doivent s’enregistrer pour bénéficier des droits d’y résider et d’y travailler. Les expatriés installés de part et d’autre de la Manche avant la fin de la période de transition conservent ces droits dans leur pays d’accueil. Quant aux Britanniques vivant dans l’UE, les procédures diffèrent d’un pays à l’autre.

En conclusion, depuis l’aube de leur relation, l’Europe et la Grande-Bretagne n’ont jamais formé un couple serein comme l’indique cette évocation de l’histoire de l’Union européenne. Avec le recul, le néologisme euroscepticism étant apparu pour la première fois dans les années 80 dans la presse britannique pour désigner le sentiment d’opposition à la construction européenne chez les Tories (Parti conservateur anglais), le Brexit était très probablement inévitable. 


{ DOSSIER L’EUROPE ET NOUS  }

LE PACTE SIMONE VEIL LES DROITS DES FEMMES PAR LAURA HIDALGO

Le 8 mars, c’est la Journée internationale des femmes, à cette occasion, nous devons rendre hommage aux mères et grands-mères fondatrices de l’Europe qui se sont battues pour nos droits.

Je suis convaincue que le projet européen sera la solution pour continuer le combat de Simone Veil d’encadrer la dépénalisation de l’avortement. Mais, l’IVG n’est pas le seul combat pour les droits des femmes en Europe. En effet, plusieurs problématiques sont sur la table du Parlement européen comme l’éradication de la violence à l’égard des femmes, la représentation des femmes en politique, l’équilibre entre vie familiale et vie professionnelle ainsi que la place des femmes dans le monde du travail.

Qu’importe que l’on soit pour ou contre le projet européen, une chose est claire : l’Europe doit continuellement aller vers le progrès en matière des droits des femmes. Jeune femme européenne convaincue, je voudrais rendre hommage à Simone Veil qui a été une figure féministe libérale emblématique à bien des égards.

Comme l’a souligné Marlène Schiappa dans une tribune : « En Europe le taux d’emploi des femmes est inférieur de 11% à celui des hommes. L’écart de rémunération avoisine 16%. Les mères isolées sont surreprésentées parmi les travailleurs pauvres. Les violences, notamment conjugales, ne reculent pas. Leur orientation vers les métiers d’avenir n’est toujours pas garantie, en particulier dans l’économie digitale ». Ce bilan ne doit plus exister pour les générations suivantes !

Malgré le drame de sa déportation pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a trouvé le courage de se battre pour plusieurs causes dont le projet européen et l’émancipation des femmes. Grâce à sa force de conviction, elle a pu faire adopter la loi du 17 janvier 1975 relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en France et remporter les élections européennes en 1979, nonobstant l’opposition forte de l’extrême droite, pour devenir la première femme Président du Parlement européen. Malheureusement, des pays sont tentés par un retour en arrière et négligent les droits acquis des femmes. Au sein de l’Union européenne, les lois concernant l’IVG sont différentes les unes des autres. Ainsi, saviez-vous qu’à Malte l’IVG est totalement interdite et qu’en Italie, même si l’avortement est légal, de nombreux médecins se déclarent objecteurs de conscience et certains refusent de leur plein gré de la pratiquer ?

Les eurodéputées Nathalie Loiseau, Sophie in’t Veld et Irène Tolleret ont accueilli le 7 janvier dernier un évènement politique au sein du Parlement européen afin de discuter et développer l’idée du « Pacte Simone Veil ». L’objectif de ce pacte est d’harmoniser par le haut les droits des femmes en Europe en incitant les États membres à introduire dans leur législation les mesures les plus avancées ayant fait leurs preuves dans l’UE. Je suis fière de voir que des voix progressistes libérales sont à l’initiative de ce Pacte. N’oubliez pas que chaque pierre que nous déposons pour les droits des femmes mène à l’aboutissement de la construction d’une maison où la liberté dominera dans toute Europe. 

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NOS PROPOSITIONS POUR

+ D’EUROPE PAR FÉDÉRATION DES ÉTUDIANTS LIBÉRAUX

Le rêve européen existe depuis plus d’un siècle. Beaucoup ignorent que Victor Hugo est parfois considéré comme le «  grand père  » des institutions européennes que nous connaissons aujourd’hui. C’est en effet ce dernier qui, devant le congrès de paix en 1849, déclara : « Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d’un grand Sénat souverain qui sera à l’Europe ce que le Parlement est à l’Angleterre, ce que la Diète est à l’Allemagne, ce que l’Assemblée législative est à la France ». On peut saluer là la vision, peut-être un brin utopiste pour son époque, d’un Homme qui a rêvé et imaginé l’Europe. Cette volonté de construire une Europe, elle sera poursuivie par des hommes d’État aux convictions fortes, tels Spinelli, Spaak et Monnet, plus communément appelés  : «  les Pères Fondateurs de l’UE ». Pourtant, près de 70 ans après l’entame de la construction de l’Union européenne, le rêve d’hier s’est mué aujourd’hui en une réalité implacable et un futur incertain. Nous, Étudiants Libéraux, ne sommes pas fatalistes : osons passer de l’Europe des Nations à la Nation européenne. À ce titre, les propositions élaborées par nos soins dans le cadre de notre Mémorandum 2019 font toujours sens ; nous vous en proposons donc une ébauche ci-dessous. 16

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SUPPRESSION DE LA RÈGLE DE L’UNANIMITÉ

Sur un certain nombre de dossiers dits « sensibles » (politique étrangère, fiscalité, sécurité et protection sociale, citoyenneté), l’Europe n’est pas en mesure d’avancer car l’accord des 27 est requis au Conseil. Il ne faut pas être grand clerc pour se rendre compte que cette règle mène à des blocages à répétition et nuit à l’efficacité des processus de prise de décision au sein de l’UE. Nous plaidons donc ardemment pour la fin de la règle de l’unanimité, laquelle ne peut être abrogée que si révision il y a. Si l’unanimité était légitime et pertinente à une époque où l’Europe n’était constituée que d’une poignée d’États, elle est aujourd’hui chronophage. Certes, pour y arriver, les obstacles sont de taille : lourdeur institutionnelle (Convention, Conférence Intergouvernementale), potentiels blocages des gouvernements eurosceptiques… Mais abdiquer, ce serait admettre subrepticement que l’Europe est sans issue et qu’elle est condamnée à ne plus évoluer.

CONFÉRER AU PARLEMENT L’INITIATIVE LÉGISLATIVE

Contrairement à bon nombre de pays, le Parlement – pourtant composé des députés directement élus par le peuple – est dépossédé de sa substance la plus démocratique. La Commission a en effet la compétence exclusive de la soumission de textes législatifs au Parlement. Le Parlement peut, à la majorité des membres qui le composent, demander à la Commission de se saisir d’un enjeu et de légiférer en la matière, mais rien n’obligera la Commission à agir en ce sens. À l’heure où l’on cherche à insuffler un nouveau souffle à l’Europe et à la rendre plus audible et légitime auprès des citoyens, il parait essentiel de faire du Parlement européen ce qu’il aurait finalement toujours dû être : le cœur de l’initiative législative.


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CENTRALISER LE PARLEMENT À BRUXELLES

Cette proposition s’inscrit dans une vision plus large de rationalisation du fonctionnement des institutions publiques. Pour rappel, les séances plénières se tiennent à Bruxelles, les commissions parlementaires, à Strasbourg, alors que le Secrétariat du Parlement se situe au Luxembourg. Et si la considération rationnelle ne vous convient pas, alors, pensez au coût budgétaire et environnemental qu’implique l’occupation d’un double siège. À une époque où la préoccupation financière et écologique est sur toutes les lèvres, n’est-il pas temps de considérer ce changement ?

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RÉFORMER LE RÉGLEMENT DE DUBLIN

Nul ne peut nier l’échec cuisant de la politique migratoire européenne. Le bassin méditerranéen, souvent considéré comme le berceau de l’humanité, s’est transformé en cimetière à migrants navigant sur des embarcations rudimentaires en quête d’un avenir meilleur. Au sein même de l’Europe, nous avons vu des dirigeants réaffirmer leurs frontières en tirant à boulets-rouges sur des personnes fuyant leurs pays en guerre, en dressant des grillages et en construisant des murs. Nous, Étudiants Libéraux, rappelons que les défis migratoires nous préoccupent grandement, en témoigne notre doctrine Humani’Blues. Nous proposons de construire des ponts interculturels au lieu de construire des murs. Les seules frontières que nous voulons voir être gardées sont les frontières extérieures de l’Union européenne afin que chacun puisse circuler librement au sein de l’espace Schengen. Nous demandons par ailleurs la réforme du règlement Dublin, et plus particulièrement d’en finir avec l’article 15 (critère du pays d’entrée). Nous voulons plus de solidarité, et surtout, plus de responsabilité entre les États membres.

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METTRE EN PLACE UNE DÉFENSE EUROPÉENNE

Passons de l’Europe des défenses à une réelle défense européenne. Si la sécurité des citoyens est un droit qui leur est intrinsèque, la défense est un devoir qui devrait incomber à l’Union européenne. Dans la vision européenne fédérale que nous défendons, il n’est pas totalement déraisonné de penser à une défense européenne unique qui puisse défendre efficacement les frontières et le territoire européen. Ce changement permettrait de disposer d’une défense efficace et rationnelle. Vu l’ampleur du chantier, nous proposons d’agir étape par étape, notamment en renforçant les coopérations régionales, mutualisant les budgets, en échangeant les bonnes pratiques… Puis, viendrait le moment de la création d’une seule et unique armée européenne qui comporterait plusieurs avantages : investissement et acquisition commune d’équipements militaires sophistiqués, développement d’une industrie militaire propre à l’UE, moindre dépendance à l’OTAN et par conséquent aux États-Unis, etc.

RÉFORMER LA POLITIQUE AGRICOLE COMMUNE (PAC) DONNER À L’EUROPE UN RÉEL POIDS DIPLOMATIQUE

Charles de Gaulle disait de la diplomatique qu’elle « est l’art de faire durer indéfiniment les carreaux fêlés » ! À la Fédération des Étudiants Libéraux, nous pensons que dans l’état actuel des choses, l’UE est une diplomatie sans réelle politique étrangère. Dit autrement, l’Union aboie beaucoup mais ne mord jamais, et ce parce qu’elle n’est pas capable de s’appuyer sur des positions claires et communes, vu l’unanimité requise dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité commune. Pourtant, l’UE n’est pas inconsistante sur le plan international (capacité de puissance normative, soft power, attachement au multilatéralisme…). Le potentiel est là ; parler donc d’une seule et unique voix semble est une évidence.

CRÉER UNE UNION FISCALE ET BUDGÉTAIRE

La PAC (pilier de la construction européenne) représente, à elle seule, un peu moins de 40% du budget total de l’Union européenne. Nous savons tous que l’agriculture est indispensable, c’est un domaine sui generis nécessitant un encadrement particulier ainsi qu’une réelle protection européenne. Selon nous, les subsides de la PAC doivent être réorientés vers l’agriculture dite « durable et respectueuse » de l’environnement, vers le circuit court ainsi que les filières locales. Ils doivent aussi contribuer au développement des marchés de niches, à la généralisation de l’offre de produits biologiques, ou à tout le moins de produits issus de l’agriculture raisonnée. Il faut également veiller à effectuer un shift des subsides de la PAC des « grandes » exploitations industrielles vers les plus petites, tout en renforçant l’aide octroyée aux jeunes agriculteurs. Nous plaidons, par ailleurs, pour un renforcement des mesures de contrôle de l’allocation des subsides de la PAC, en s’assurant qu’ils ne soient pas sujets à des détournements.

La fiscalité est une matière réservée aux États membres. Il n’est donc pas surprenant que de nombreuses propositions, pourtant essentielles au bon fonctionnement de l’UE, ont été bloquées, au fil des années, par des États ayant volontairement mis de côté l’intérêt général. Sur des problématiques telles que le dumping social ou l’importante variabilité de l’impôt sur les sociétés en Europe, le manque d’une vision commune accroit le sentiment d’injustice entre les États. À la FEL, notre position n’a pas bougé d’un iota à ce sujet : nous souhaitons qu’une union fiscale voit le jour. Par ailleurs, toujours en lien avec la fiscalité, nous rejoignons la position défendue par la France et d’autres, à savoir le souhait de taxer des géants du numérique (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) au niveau européen. Enfin, en plus de la fiscalité, il est alors pertinent d’y ajouter la création d’un budget commun, qui serait, par exemple, alimenté par des taxes appliquées européennes. Les politiques mises en place avec les fonds issus de ce budget seraient alors conjointement décidées par les pays de la zone euro. 

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ODE À L’EUROPE PAR CONSTANTIN DECHAMPS

L’Europe, ce n’est pas seulement ces institutions ayant leurs sièges à Bruxelles, c’est plus que cela. Ce n’est pas davantage une monnaie ou une banque centrale. L’Europe, c’est le continent des Européens, de 500 millions d’Européens. Ce sont des siècles et des siècles d’histoire. L’Europe, c’est une identité et des valeurs partagées. L’Europe, ce sont des rivages sauvages, des montagnes majestueuses et des fleuves paisibles. Des paysages jardinés par l’Homme, des bocages aux polders, des prairies aux cultures en terrasses. L’Europe, c’est le terroir du pommier et de l’olivier, de la vigne et du houblon. C’est le sentiment de la nature. L’Europe, ce sont les temples grecs, les aqueducs et les cirques romains. Les cathédrales gothiques, les palais renaissances, les grand-places, les églises baroques, les châteaux classiques, les édifices Art nouveau. L’Europe, ce sont les héros qui l’ont défendue au cours des siècles. C’est Léonidas protégeant la Grèce de la Perse. C’est Scipion l’Africain mettant Carthage à genoux. C’est Charles Martel éloignant les Maures. Ce sont les souverains espagnols reconquérant la péninsule ibérique. C’est Juan d’Autriche coulant la flotte ottomane. L’Europe, c’est un patrimoine littéraire et mythologique. C’est Homère et Virgile. Les mythes celtes, les Eddas, la chanson des Nibelungen et le cycle arthurien. C’est aussi Shakespeare, Molière, Grimm. L’Europe, ce sont les artistes qui ont façonné la pierre et les couleurs. De Praxitèle à Rodin, des fresques de Pompéi au Street Art allemand. L’Europe, ce sont les philosophes qui ont aiguisé sa pensée. C’est Platon, Aristote et Marc-Aurèle. C’est saint Augustin, Kant et Spinoza. Mais aussi Montesquieu, Rousseau, Voltaire, Nietzsche et Marx. L’Europe, c’est une terre de religion et de laïcité. Des églises portugaises aux mosquées des Balkans. C’est un continent où chacun est libre de croire ou de ne pas croire. L’Europe, c’est l’esprit d’invention et de conquête. C’est Léonard de Vinci, Gutenberg, Magellan et Jacques Cartier. Ce sont les caravelles, les montgolfières, les débuts de l’aviation et Ariane. Ce sont des ponts et des tunnels traversant les mers. L’Europe, ce n’est pas le monde de la surveillance, c’est la patrie de la Liberté ! La citoyenneté grecque, les forums romains, la Magna Carta de 1215. Les villes et les universités libres du Moyen Âge. L’Europe, c’est l’esprit des Lumières. La Révolution française de 1789, le Printemps des peuples au 19e siècle. L’Europe, ce n’est pas seulement des grands noms et des haut-lieux. Ce sont aussi ses peuples impétueux qui de tous temps se sont levés pour faire valoir leurs droits. Ces peuples qui réclament des lois ou font tomber des régimes. L’Europe, ce sont également ces vieux pays qui, épuisés par la guerre, ont décidé de se rassembler pour que plus jamais celle-ci ne les menace. Ils ont donné naissance à un espace unique au monde où les citoyens peuvent circuler librement. L’Europe, c’est ce continent sans frontières où chacun est libre de mener la vie qu’il souhaite. L’Europe doit stopper ses querelles intestines, à l’heure où les nuages s’amoncellent à l’horizon. Elle doit se réveiller et retrouver l’énergie qui fut la sienne. Les Européens doivent honorer leur devise qui est celle de l’Union, ils doivent s’unir dans la diversité… et avancer ! 

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D’AUTRES FENÊTRES… PAR ANTOINE DUTRY

Nous vous invitons à lever les stores ou tirer les rideaux et à ouvrir ces autres fenêtres pour découvrir et observer les étoiles de notre Europe.

LIVRE

Histoire de la construction de l’Europe depuis 1945. de Sylvain Kahn, Puf, 2018.

Synthétique, dense et complet ; ce sont les mots qui viennent à l’esprit lorsqu’on évoque l’ouvrage de Sylvain Kahn. Avec l’Histoire de la construction de l’Europe depuis 1945, l’auteur dresse un tableau des étapes qui ont fait l’Union européenne jusqu’à ce jour (il est d’ailleurs réédité), et ce, sans faire fi des dynamiques politiques, sociales et économiques.

Le livre idéal pour quiconque souhaite un exposé fouillé sur la construction de l’Union européenne, première expérience de ce type dans le monde.

LIVRE

Le destin de l’Europe.

de Ivan Krastev, Premier Parallèle, 2017. Bien que publié en 2017, cet ouvrage rédigé par Ivan Krastev, politologue bulgare et européen convaincu, n’en demeure pas moins pertinent au regard de l’actualité et n’élude aucune problématique contemporaine touchant à l’Union européenne : Brexit, crise des réfugiés, politiques illibérales en Hongrie et en Pologne, montée du populisme…

Sans doute l’originalité du livre réside-t-elle dans le vécu de l’auteur qui, durant sa jeunesse, a fait l’expérience du régime soviétique (et de son effondrement).

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PODCAST

Explique moi l’Europe. De Toute l’Europe

https://www.touteleurope.eu/actualite/explique-moi-leurope-le-podcast-de-toute-l-europe.html Le podcast connait un succès de plus en plus important, ces dernières années ! Ici, l’on vous propose un podcast de Toute l’Europe, un site qui propose du contenu pédagogique sur l’Union européenne. Ces huit podcasts, assez courts (7 minutes), ont le mérite de s’affranchir des détails. Ils vont droit au but et mettent en lumière un nombre limité de thématiques et enjeux, allant du traditionnel « Qui fait quoi au sein de l’UE ? » au dumping social et fiscal, en passant par la question migratoire, le travail du député européen ou encore le programme Erasmus+.

Une manière moderne d’écouter comment fonctionnent les rouages de notre Europe.

FILM

Adults in the room.

de Costa-Gavras, Drame, Biopic, 2019. L’Union européenne a beau être sur toutes les lèvres, elle demeure trop peu représentée au cinéma, au théâtre, dans les séries… Le film Adults in the room, sorti en 2019, est l’exception qui confirme la règle. Celui-ci aborde la crise de la dette grecque et suit Yánis Varoufákis, alors ministre des Finances, dans son combat contre l’Eurogroupe de ne pas se voir imposer un programme d’austérité. La particularité de ce film est que son réalisateur a pu s’appuyer sur de vrais dialogues ; Varoufákis ayant enregistré un certain nombre de réunions auxquelles il a participé à l’époque. Enfin, le film met aussi en lumière le rôle prépondérant (et contestable) joué par l’Allemagne au sein de cette véritable tragédie…

Biopic, film catastrophe et thriller politique, cette tragédie grécoeuropéenne relate une histoire criante de vérité.

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LES SECRETS DES ORATEURS PAR ADRIEN PIRONET

Dans l’ère actuelle de la communication, se faire entendre est fondamental. Et alors même que s’exprimer en ligne de manière instantanée est devenu comme une seconde nature, la prise de parole en public continue de nous donner des sueurs froides, car l’expérience réelle, elle, n’a pas changé. Que ce soit devant un petit groupe, face à une salle remplie, dans le cadre d’un examen oral, une présentation au bureau ou encore un discours en public, l’objectif est identique : être écouté et délivrer un message. Ainsi dite, la chose parait simple, pourtant de nombreux éléments gravitent autour de cette prise de parole et peuvent la gâcher.

Avez-vous vu le film « Le Discours d’un roi » qui retrace l’histoire de George VI, le père d’Elizabeth II  ? Le long métrage de 2010 dépeint la relation entre le roi et son thérapeute, véritable sauveur pour cet homme destiné, à la suite de l’abdication de son frère, à régner malgré son bégaiement. La leçon à retenir de ce film, c’est que le sésame de l’orateur ne se trouve pas dans les nombreux livres qui existent, mais réside plutôt dans la pratique. À cet égard, dans les milieux universitaires français et anglo-saxons, la pratique de l’éloquence est assez répandue. Au contraire de la Belgique où cette discipline récolte moins de succès. Ceci ne nous a pas empêché de réaliser un article sur la question avec l’aide d’un panel d’orateurs issus de notre pays.

Georges-Louis BOUCHEZ PRÉSIDENT DU MOUVEMENT RÉFORMATEUR

Kévin KARENA

ÉTUDIANT, ASSISTANT PARLEMENTAIRE ET MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE DÉBAT RUGIR

Amine TAHIRI

ÉTUDIANT, FINALISTE DE L’ÉDITION 2019 DU CONCOURS D’ELOQUENTIA

Marc UYTTENDAELE AVOCAT ET PROFESSEUR DE DROIT À L’ULB

Nous vous proposons de partager, sous forme de clés, les trucs et astuces de ces orateurs.

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2 1 4 3 5 6 AVANT LA PRISE DE PAROLE…

Deuxième clé : faire le premier pas

Première clé : reconnaître le trac

Pour certains, le trac est un moteur, tandis que pour les timides, c’est le principal frein à l’exercice de la rhétorique et de la prise de parole. Nous employons ici le mot « trac » qui désigne le stress que l’on ressent avant de monter sur scène. Le Larousse définit ce sentiment comme une « peur ou angoisse irraisonnée que quelqu'un éprouve au moment de paraître en public ». Ses causes sont de plusieurs ordres : le regard d’autrui, la peur de l’échec, la peur de décevoir, etc. Il est inutile d’énoncer toutes les manières dont le trac se manifeste, puisqu’il est intrinsèquement lié à chacun. Mais si cette angoisse ne peut être supprimée, elle peut toutefois être contrôlée comme le rappelle Amine Tahiri, finaliste de l’édition 2019 du Concours d’Eloquentia.

Troisième clé : forger pour devenir forgeron

Pour nos habitués de l’art oratoire, une réalité revient continuellement  : la nécessité de la pratique. À force de pratiquer l’art oratoire, on s’améliore indéniablement. Marc Uyttendaele, avocat et professeur à l’ULB, souligne que durant ses nombreuses années de plaidoiries, il est parvenu à améliorer au fur et à mesure ses prestations orales. Toutefois, la chose semble aisée, mais la réussite de la pratique n’est possible par définition qu’après de multiples répétitions !

Cinquième clé : connaître son sujet

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Cette terrible peur précédant la prise de parole est un grand handicap. Il faut parfois savoir prendre son courage à deux mains et se lancer. «  On apprend en marchant  » dit GeorgesLouis Bouchez, Président du Mouvement Réformateur. Son idée peut s’expliquer ainsi : si l’on répugne à se lancer dans une première prise de parole, fatalement, il n’y en aura jamais de deuxième et encore moins de troisième. Il reste assez « terre à terre » lorsqu’il dit qu’au fond personne n’est parfait et que tous les individus ont les mêmes angoisses.

Quatrième clé : avoir ses propres trucs face au trac

Que l’on soit un maitre de la rhétorique comme Cicéron ou un étudiant devant affronter un examen oral, on doit bien commencer quelque part. Nos orateurs ont chacun leurs « trucs » pour tenter de réduire le stress avant une prestation. En voici deux ! Le premier consiste à se couper du monde en écoutant de la musique et de préférence avec des écouteurs. C’est la technique qu’Amine utilise pour se vider l’esprit et se relaxer avant d’aller devant les projecteurs. Le deuxième nous est donné par Kevin. Pour lui, la prise de parole est un vrai sport d’athlète, il dompte le trac en sautillant comme un sportif pourrait le faire avant d’aborder une course de 100m. De plus, il nous divulgue son dernier recours, c’est de penser à une phrase de Robert Badinter, le célèbre avocat français : « Plaider, c’est bander ; convaincre, c’est jouir ». Mais au final, rien n’est universel. Encore une fois, c’est à chacun de déterminer ce qui fonctionne pour lui.

Soyons d’accord, dompter le trac n’est pas une fin en soi. Par ailleurs, comment être serein si l’on n’a aucune connaissance du sujet que l’on aborde ? Vous l’aurez compris, se préparer, c’est se rassurer et assurer. Par exemple, Georges-Louis Bouchez recueille toujours une base d’informations pour se fixer une série d’éléments importants en tête. Il fait beaucoup de recherches afin d’avoir une vue claire du sujet qu’il a à traiter. De plus, il nous confesse qu’en politique, certaines questions reviennent constamment comme celles liées au budget, au personnel, etc. En outre, certains sujets sont également plus récurrents que d’autres : l’agriculture, la politique migratoire ou bien l’enseignement.

PENDANT LA PRISE DE PAROLE… Sixième clé : prendre des notes or not ?

Avoir une feuille sous les yeux dépend essentiellement du type de prestation à accomplir. Il en existe deux principales : l’argumentation et le discours. L’argumentation peut revêtir différentes formes. L’argumentation juridique, comme la pratique Maître Uyttendaele, nécessite, selon lui, un support écrit. D’une part, par respect pour le justiciable qui doit avoir un résultat tangible et concret, et d’autre part, parce que l’orateur en toge noire ne peut s’en remettre uniquement à la subjectivité de sa mémoire, il doit assurer la représentation des idées de son client. L’argumentation « classique », utilisée lors de débats formels, demande également un texte préparé et une parole planifiée, explique Amine Tahiri, habitué aux concours d’éloquence, car la durée de la prouesse est rigoureusement chronométrée. Cependant lors de débats de plateau de télévision, nos orateurs préfèrent se

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référer à des « bullets points ». Cette pratique consiste à préparer son intervention via plusieurs mots clés afin de laisser libre court à l’improvisation et de rendre la prise de parole plus naturelle. Le discours concerne plutôt les professionnels de la politique chez qui l’on distingue deux écoles : ceux qui n’utilisent que des mots clés et ceux qui suivent leur texte. Pour les habitués de la première, la chose peut certes être plus périlleuse, mais le résultat sera plus personnel, dynamique et agréable pour le public. Les partisans de la deuxième école ont, quant à eux, la sûreté du texte. Toutefois, comme le fait remarquer Kevin Karena, il faut éviter que les notes ne deviennent une barrière entre l’orateur et son public. La prise de parole où la récitation d’un texte est nécessaire correspond davantage à des situations formelles, comme les discours protocolaires des chefs d’État.

7 8 9 10 Septième clé : faire vivre ses paroles

Dire ses propos avec émotion est quelque chose de fondamental pour tout bon orateur. Même le plus beau des textes paraît sans saveur s’il n’est pas interprété avec conviction. C’est un véritable défi pour la majorité de nos orateurs interrogés. Pour Amine Tahiri, il existe trois règles de base pour réussir sa prestation orale : séduire, toucher et convaincre son auditoire. Pour ce faire, il revient sur son expérience personnelle et dit qu’il est important d’exprimer ses propres sentiments devant l’assemblée. Nous pouvons alors dire que le public aime tout autant le partage, la communication des émotions que le contenu même du texte.

Neuvième clé : savoir s’arrêter

Huitième clé : s’adapter à son auditoire

Cette astuce est en lien étroit avec la précédente. La prise de parole n’est pas la même si l’on se trouve face à un groupe d’écoliers ou un panel d’hommes d’affaires. Kevin Karena aime rappeler que l’adaptation doit se faire à tous les niveaux : le vocabulaire, le ton employé, le protocole à respecter, etc. Par ailleurs, pour Georges-Louis Bouchez, le défi se situe également à cet échelon, puisque l’exercice oral consiste avant tout à créer un lien avec son auditoire. Il lui importe de maintenir le même contenu devant tout type de public tout en restant très flexible sur la forme du discours. À ce propos, il prend comme exemple la sensibilité à l’humour d’un auditoire. S’il réagit aux blagues, celles-ci sont un plus pour l’expression orale ; dans le cas contraire, après un premier « bide », il est important de s’adapter rapidement et de changer de plan d’attaque.

Forcément, on a beau s’appliquer à préparer et à gérer sa prise de parole, il se peut que l’on se répète et qu’au final l’on devienne pénible. Marc Uyttendaele attire notre attention sur le fait que la prise de parole étant initialement une passion dévorante pour les mots, il faut les sculpter et jouer avec eux. Cependant, il rappelle que lorsque l’on commence à s’ennuyer soi-même, c’est le signal ultime que l’on ennuie également son public.

APRÈS LA PRISE DE PAROLE… Dixième clé : s’évaluer

Voilà, le pire est passé. Encore faut-il analyser sa prestation pour s’améliorer ! C’est l’exercice que Georges-Louis Bouchez effectuait constamment à ses débuts. Il enregistrait toutes ses interventions et tentait de porter un regard objectif et critique sur sa prestation. Désormais, conscient que cet exercice est devenu difficile, il aime sonder les membres du public après ses discours. De cette façon, il peut collecter les avis de chacun et se faire une idée sur la qualité de son intervention. En définitive, le président du MR aime rappeler que « l’on apprend en marchant ».

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BONUS : LES PREMIÈRES FOIS DE NOS ORATEURS Nous leur avons demandé de nous raconter l’une de leurs premières prises de parole restée gravée dans leur mémoire.

GEORGES-LOUIS BOUCHEZ

KÉVIN KARENA

AMINE TAHIRI

MARC UYTTENDAELE

En 2004, à l’occasion de la rentrée académique à l’Université de Saint-Louis, la ministre de la Justice, Laurette Onkelinx, présentait la réforme de l’aide juridique devant les étudiants. Le jeune montois en profita alors pour poser une question mûrement réfléchie à la ministre. Il se souvient aujourd’hui que l’auditoire entier avait applaudi à son intervention.

Lors du Tournoi de l’Académie de 2017, il fut appelé à la rescousse (une semaine avant) par la production de la RTBF afin de débattre sur le thème suivant : « Congo belge : assumer ou s’excuser ? ». Il dut donc se préparer rapidement et remarqua par la suite, via de nombreuses réactions à la fois positives et négatives, que le sujet était encore très sensible en Belgique.

Alors qu’il prononçait un discours devant le Conseil de la Jeunesse (désormais Forum des Jeunes) et balayait le public du regard pour établir une connexion avec celuici, il se perdit dans le regard d’une personne, ce qui le déstabilisa. Assurément, de son avis, un piège à éviter !

Sa première prise de parole marquante eut lieu lors d’une conférence alors qu’il était encore élève en secondaire. Le célèbre homme politique français, Michel Rocard, était invité par l’école et le jeune Marc Uyttendaele eut l’occasion de lui poser une question. En revenant sur cet évènement, il explique qu’il avait le sentiment « de se jeter du haut de l’Empire State Building », tant l’exercice était stressant.

QUELQUES RÉFÉRENCES Comme nous l’avons précisé tant de fois plus haut, rien ne remplace le savoir empirique. Néanmoins, voici quelques références bibliographiques qui méritent le coup d’œil :

« Orateur : comment parler en public, faire un discours et devenir charismatique » de Rémi Raher aux éditions Adalta, 2015.

Sous ses airs de guide de développement personnel, ce livre récent est un bon condensé pour les apprentis orateurs. Vous pourrez y trouver énormément de conseils, de la gestion du trac jusqu’à la façon de répondre à un adversaire. Si d’aventure vous désirez commencer par quelque part, celui-ci est parfait !

« Vaincre le trac »

de Sandrine Chartier aux éditions De Vecchi, 1993. De tous temps, les hommes ont été victimes du trac, ce livre du siècle dernier s’attèle à en dessiner les contours. L’auteure y arbore tous les cas de figures et - heureusement - apporte les solutions et exercices pour combattre cette angoisse. Si vous êtes victime du trac, foncez sur cet ouvrage.

« L’orateur idéal »

de Cicéron aux éditions Rivages, 2009. Enfin, même si l’ouvrage se veut large, notamment sur les bons contacts à avoir en société, il est intéressant de rappeler ce traité écrit en 46 av. J.-C. par le maitre de la rhétorique antique. Ne soyez pas surpris en le lisant si vous n’y voyez pas de guide pratique proposant un schéma du type : « 1 : Le problème et 2 : la solution ». L’auteur aime à rappeler qu’il ne veut pas dresser le portrait de l’orateur idéal mais du moins, il confie certains éléments utiles pour s’en rapprocher. Cet ouvrage joue davantage sur le pan philosophique que pratique, il préfère approfondir l’art oratoire de manière générale.

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{ INTERNATIONAL MOYEN-ORIENT }

LA CRISE

IRAN VS ÉTATS-UNIS : UN DUEL AU SOLEIL QUI N’EN FINIT PAS PAR THOMAS FOUCART

3 Janvier 2020. Coup de tonnerre : deux hauts dignitaires iraniens sont tués par le tir d’un drone sur ordre du président américain. Une guerre semble se dessiner à l’horizon… Depuis le retrait des USA de l’accord du nucléaire en 2018, les tensions n’ont cessé de s’accumuler plongeant le golfe Persique dans l’angoisse. Les Grands de ce monde se tiennent sur leurs gardes mobilisant leurs corps diplomatiques, leurs services de renseignement et leurs forces armées.

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{ INTERNATIONAL MOYEN-ORIENT }

À l’époque médiévale, les combattants s’affrontaient à cheval ou à pied avec des lances, des épées. Aujourd’hui, les militaires se font la guerre avec des drones et des missiles guidés par satellite. Un parfait exemple de ce type est l’exécution du major-général Qassem Soleimani et de son bras droit Abou Mehdi Al Mouchad Al Chaabi, le 3 janvier 2020. Le premier était le commandant en chef des forces Al-Quods, une unité d’élite spécialisée dans le combat non-conventionnel ; le second était le chef d’un groupe de combat irakien fidèle à Téhéran, les Kataeb Hezbollah. Un tel acte est bien évidemment une quasi déclaration de guerre. Désormais un point de bascule a été franchi dans les relations entre les deux pays... risquant d’embraser le Moyen Orient. Comment la situation a pu à ce point s’envenimer ? Depuis quelques années, le Moyen Orient est devenu une poudrière. Le but de cet article est de passer en revue les éléments déclencheurs, l’histoire des relations entre les deux pays des années 50 jusqu’au début des années 80, les causes directes et profondes ainsi que les conséquences.

Les étincelles qui embrasent la poudrière

Les éléments déclencheurs sont tout d’abord une série de sabotages de navires dans le golfe Persique imputés à l’Iran en juin et juillet 2019. Le mois suivant, les Iraniens attaquent des installations pétrolières en Arabie Saoudite. L’inscription par Trump des gardiens de la révolution sur la liste des organisations terroristes durant cette période n’arrange pas les choses. Enfin, d’octobre à mi-décembre, des émeutes se déroulent en Irak. La jeunesse irakienne proteste contre une situation économique et sociale dégradée et le ras le bol de l’ingérence iranienne. Les tensions montent encore d’un cran. Le 31 décembre, des mouvements fidèles à Téhéran s’attaquent à l’ambassade américaine. Pour les Américains, c’est la provocation de trop. Ce sont les évènements de ces derniers mois qui ont poussé le président américain et la partie de son administration « anti-Iran », avec à sa tête Mike Pence et Michael Pompeo, à frapper directement l’État iranien.

Une histoire d’amour qui se finit mal

Il faut le savoir, les relations entre l’Iran et les États-Unis n’ont pas toujours été aussi chaotiques. Dans les années 50, en pleine guerre froide, les États-Unis se rapprochent de l’Iran pour contrer l’expansion communiste. Mais, en 1953, après un coup d’état, la CIA place Mahammad Reza Pahlavi à la place du premier ministre de l’époque, Mohamed Mossadegh. Ce dernier s’était attiré les foudres de Washington après avoir décidé de mettre en place une politique de nationalisation contraire aux intérêts américains. De 1953 à 1979, le Chah – le roi – Pahlavi gouverne. Les deux pays coopèrent sur le plan économique, militaire et diplomatique. Durant cette période, l’Iran est le meilleur allié des USA dans la région. Mais le Chah règne tel un monarque autoritaire. Les libertés se durcissent. Ce climat de tension aboutit à la révolution de 1979. Mahammad Reza Pahlavi préfère alors s’exiler en Amérique du Nord. Il laisse la place à l’ayatollah

– chef religieux – Rouhollah Khomenei, un conservateur antioccidental, qui va nommer un gouvernement provisoire avec comme président un libéral pro-occidental Mehdi Bazargan. Ce dernier décide de continuer les relations entre les deux pays. Mais tout bascule le 4 novembre 1981, lorsque des étudiants et les gardiens de la révolution prennent d’assaut l’ambassade américaine et font 52 otages. La capture de ceux-ci fait office de monnaie d’échange contre la livraison de la personne du Chah. Finalement une solution est trouvée : les otages sont libérés contre les biens de Reza Pahlavi. Quelque temps plus tard, des documents démontrant des collusions entre les deux pays contre l’URSS sont révélés au grand jour. Cet « Irangate » force Mehdi Bazargan à quitter le pouvoir laissant Khomenei seul gouverner. Les Américains perdent leur seul allié dans la région.

Les causes de l’embrasement… … Venger l’honneur

C’est probablement cet évènement de novembre 1981 qui a réellement décidé Donald Trump de passer à l’action et de menacer d’attaquer 52 sites culturels…. Un nombre bien symbolique. Outre le fait que l’actuel président soit connu pour être irréfléchi, la prise d’otages reste, quarante ans plus tard, une véritable blessure à vive, une gigantesque claque portée contre la toute puissance américaine. Avec la frappe du 3 janvier, M. Trump peut se vanter d’avoir fait mieux qu’Obama qui avait éliminé Ben Laden. Il peut sans doute même s’enorgueillir d’avoir lavé l’honneur de l’Amérique.

… La bombe A

Le développement de l’arme atomique fournit en soi une justification plus que suffisante pour expliquer la frappe. Déjà en 2000, l’Iran voulait se munir de la toute-puissante bombe A. En 2006, une série de sanctions sur les activités pétrolières, les ventes d’armes et les transactions financières ont été appliquées pour empêcher les Iraniens de développer l’arme atomique. Le pays a été paralysé pendant presque dix ans. Mais en 2015, coup de théâtre, les pays du conseil de sécurité de l’ONU décident de renégocier l’accord sur le nucléaire. De 2015 à 2018, l’Iran a eu le droit de posséder des stocks d’uranium pour des usages civils, de conserver un tiers de leurs centrifugeuses et a eu l’obligation de subir des examens de la part de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Jusqu’ici tout va bien… La situation est assez stable. Mais l’élection de Donald Trump en 2016 change la donne. Il met le doigt sur le point faible de l’accord : les avoirs iraniens à l’étranger risquent de servir à financer les troupes de Bachar Al Assad et les milices chiites du Hezbollah, ennemi d’Israël donc des États-Unis. De facto, les USA sortent de l’accord. Les Iraniens menacent de recommencer leur essai nucléaire, jouant avec les nerfs des Américains. Le début d’une escalade s’est fait sentir…

… Gagner les élections

Autre cause immédiate de cette frappe, à quelques mois de la campagne présidentielle, Trump satisfait son électorat de base :

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les Puritains évangélistes. Il espère gagner des points dans les sondages en affirmant avoir tué un dangereux terroriste qui avait organisé des attaques contre l’ambassade américaine à Bagdad. Le paradoxe est que ce « terroriste » avait pris part à la lutte contre Daesh et se trouvait à Bagdad pour trouver une solution pacifique…

… Affaiblir l’ennemi

La cause la plus profonde de l’attaque du 3 janvier est de réduire la puissance iranienne avec laquelle l’Amérique ne pourrait s’entendre. Il n’y en effet rien de commun entre une Amérique puritaine chrétienne et une république théocratique islamique chiite... L’affaiblissement de l’ancienne Perse mettrait bien à mal leurs alliés russes, turques et chinois, rivaux des USA. La chute du régime des Mollahs ouvrirait la porte du détroit d’Ormuz dont l’Iran garde jalousement l’entrée ouvrant de nouvelles perspectives aux alliés saoudiens, omaniens et koweitiens de l’Amérique dans la région.

Les conséquences de l’explosion de la poudrière… … Venger Soleimani La conséquence à laquelle tout le monde s’attendait est une série de frappes très mesurées sur la base militaire d’Ain AlAssad et d’autres installations militaires, assez fortes pour venger l’honneur du défunt Soleimani, assez faibles pour ne pas pousser Washington à contre-attaquer.

… L’union sacrée

Le peuple iranien et la classe politique, auparavant divisés à cause des sanctions économiques, sont unis, prêts à en découdre. Les funérailles des deux hauts gradés iraniens, le 7 janvier, ont été l’objet d’une énorme manifestation dans les rues de Téhéran, du jamais vu depuis la mort de l’Ayatollah Khomenei. Le général Soleimani et son bras droit sont devenus des martyr, morts pour leur pays.

… L’économie américaine

La mise en alerte de toute la région du golfe Persique profite

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à l’économie américaine. Trump force la main de ces alliés saoudiens, koweitiens et omaniens, qui pour se sentir protégés, accueillent les militaires américains dans une vingtaine de bases militaires ou les invitent à se fournir en matériel. Comme c’est le cas de l’Arabie Saoudite qui achètent des armes en échange de pétrodollars. La hausse de demande de matériel fournit des emplois dans les états qui risqueraient de basculer dans le camp démocrate aux prochaines élections.

… Une guerre ?

Un conflit ouvert serait la pire chose qui puisse arriver dans la région. Une guerre provoquerait une terrible inflation en Belgique via une augmentation du prix du pétrole. Mais sans doute y a-t-il peu de chances qu’une guerre se déclenche. Primo, le relief de l’Iran ne se prête pas à une opération amphibie. Secundo, Trump est un président nationaliste mais pas interventionniste. Il n’osera pas engager les GI’s dans un conflit qui pourrait se révéler un nouveau Vietnam. D’autant que le président s’était engagé à ne plus envoyer des contingents militaires américains en opérations à l’étranger. Tertio, une guerre risquerait de toucher Israël. Sa capitale, Tel Aviv, bien qu’à plus de 2000 km de Téhéran, est à la portée de missiles balistiques iraniens. Les relations entre les États-Unis et l’Iran ont connu, à la manière d’une sinusoïde, des hauts et des bas… mais plus de bas que de hauts. Quoi qu’il en soit plus d’un mois après ces évènements, il n’y a plus eu d’escarmouches de cette importance entre nos deux protagonistes. Cette phase estelle le signe « du calme avant la tempête » ? L’escalade pourrait être encore plus importante à cause des manifestations en Iran, du calendrier électoral américain et de l’avancement du programme nucléaire iranien… Qui pourrait désamorcer la poudrière ? La France de Macron avait déjà tenté quelque chose lors de la sortie de l’Amérique de l’accord sur le nucléaire en 2019. La Russie de Poutine, seul pays osant discuter avec tout le monde, pourrait arriver à calmer les ardeurs des deux pays et à trouver une solution pacifique. Affaire à suivre… 


{ DÉRISION }

/ DÉRISION / PAR CORALIE BOTERDAEL

ORTHOGRAPHE, SYNTAXE ET DIVISION Ou comment le test de langue française divise

Dans la sphère frustrée et frustrante de l’enseignement, un sujet fait rage : les acteurs de la réforme de la formation initiale des enseignants veulent imposer une épreuve de maitrise de la langue française. Et si j’applaudis des deux mains l’initiative, je me demande tout de même comment on n’y a pas pensé avant… Comment n’a-t-on pas perçu plus tôt la nécessité pour un professeur de s’exprimer en français correct ? Que je sache, depuis toujours on a eu besoin du discours pour donner cours. Et un jeune professeur de mathématique, biberonné au langage instantané des réseaux et lacunaire des textos, qui note au tableau : « Ex : Ben, si il y’a un instit ki hachette quatres livres 2 grammaire et douze dicos a 22,50€ et ki dépence 345 euro. :-( Qu’elle ait le prix d’une grammaire ? » ; c’est un problème, non ? Il était donc temps de mettre le sujet sur le tapis ! Mais parce qu’il est écrit dans la constitution belge qu’il faut rendre tout problématique et prompt au dysfonctionnement, depuis que l’idée est sortie au grand jour, des poings se lèvent, on monte aux barricades... Et quelque chose qui était logique devient soudain polémique ! Assurément, les établissements d’enseignement supérieur tout d’abord et la FEF, syndicat étudiant en Belgique francophone, ensuite se chamaillent sur les modalités d’une telle épreuve. Celle-ci devrait-elle se faire en début ou milieu de parcours ? se révéler à caractère indicatif ou contraignant ? être ou ne pas être obligatoirement réussie ? Les arguments légitimes et légitimement contraires fusent telles des balles de calibre zéro pointé. Et j’ai, moi aussi, quelques projectiles à lancer… Aux premiers, je répondrais que ce serait trop de la bombe de prévoir un examen foncièrement compliqué. Le véritable souci étant bien entendu plus d’être faible à l’entrée des études que de ne pas être compétent à la sortie. Empêchons donc les jeunes supra-motivés mais n’ayant pas encore le bon niveau de français d’accéder à la formation pour les enseignants. Ayant eux aussi rencontré des soucis d’apprentissage, ils ne seront clairement pas les plus à même d’aider les élèves en difficulté. De surcroit, ne mettons surtout pas l’accent sur une formation réelle, poussée et suivie, ni sur une remédiation en cas d’échec. Car nous savons bien que l’effort et la persévérance ne sont en rien des facteurs de réussite. Aux seconds, je dirais que ce serait trop de la balle de ne pas obliger les potentiels professeurs à finalement maitriser le français pour ne pas les décourager. Simplifions le cursus pour rendre les études plus attractives et éviter la pénurie. On

enverrait ainsi dans les écoles des enseignants ayant le même niveau de français que leurs élèves et on serait alors en pleine congruence. Allons ! au diable la langue comme vecteur de communication ! Mettons sur le marché de l’emploi des profs de math ne sachant s’exprimer qu’en code binaire, des profs de gym, en patois sportif et des profs de dessins, en émoticônes. Non… plus sérieusement, je suis à la fois contre un examen sorti de nulle part et contre l’absence d’une réelle assurance que le futur enseignant s’exprime sans faute. Pourquoi ne pas imaginer un cours de français en première année avec un examen dispensatoire à la fin de celle-ci, suivi d’un cours supplémentaire en deuxième – une sorte de dispositif de remédiation obligatoire – pour ceux qui ne l’auraient pas réussi ? Et ce, pour les professeurs du secondaire supérieur comme inférieur, ainsi que pour les instituteurs. Ce serait en effet tristement drôle qu’un élève enregistre les erreurs faites par un enseignant et, pensant que c’est juste, tente par après d’en corriger un autre qui écrit correctement. Voyons surtout l’épreuve comme un prétexte, la vérification d’une maitrise, l’ultime sprint sur les Champs Élysées. Rendons ses lettres de noblesse à l’apprentissage et osons prendre le temps de former nos verts professeurs. Car, indépendamment de l’importance de leurs qualités humaines, ils se doivent de maitriser la ou les matières qu’ils enseignent mais aussi d’avoir un bon niveau de français. Un prof qui ne maitrise pas la langue, c’est comme un infographiste qui ne perçoit pas les couleurs ou un pilote de Formule 1 qui confond sa gauche et sa droite. Je ne donne pas cher du résultat… Ceci dit, ce qui m’inquiète le plus… au-delà de la peur d’un filtre social ou d’une aggravation de la pénurie… plus loin que l’importance de dispenser une formation bien ficelée… c’est le désintérêt qu’éprouvent les jeunes pour leur langue. Ceuxlà même ne voient plus l’utilité de parler et écrire en français convenable. Où est passé la fierté et le plaisir de jongler avec les subtilités de cette langue particulièrement riche ? Où est passé l’envie et la capacité de rendre des travaux bien écrits, ou du moins, de poster des publications sans faute ? Aujourd’hui, l’orthographe est à la jeunesse, ce que le beaujolais est à l’œnologie, tout à fait imbuvable ! Or, comme un bon plat s’accompagne généralement d’un bon vin, un bon cours s’accompagne de bons mots. Il faut encourager les jeunes à être attentifs aux règles de la linguistique et à se servir en autonomie des outils mis à leur disposition. Il faut leur apprendre à allier orthographe, grammaire et syntaxe tels les ingrédients d’une recette. De la conjugaison de ces composantes dépendent la structure des idées, la construction des opinions. La maitrise de la langue est garante de notre pensée. Et si on a pu rendre la cuisine tendance avec « Top Chef », pourquoi ne pas rendre le français sexy avec de Top Profs ! 

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{ JURIDIQUE DROIT EUROPÉEN }

LA RECONNAISSANCE MUTUELLE,

UNE INSTITUTION BOULEVERSÉE PAR ARNAUD DEVOS

L’Union européenne, un projet né sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale, traverse une période sensible par la résurgence d’idées contraires aux valeurs communes aux États membres, dont l’état de droit. Partant, ce fait implique un questionnement quant aux principes de l’Union, dont celui de la reconnaissance mutuelle.

Reconnaissance mutuelle

L’Union européenne, sur la base de la confiance réciproque – présomption selon laquelle chaque ordre juridique national est capable de dispenser une protection similaire et effective de l’ensemble des droits fondamentaux – entre les États membres, a développé le principe de la reconnaissance mutuelle, élément substantiel dans le cadre de la coopération judiciaire visant à créer un « espace de liberté, de sécurité et de justice ». Celui-ci consacre l’idée qu’une décision judiciaire rendue dans un État membre est exécutée sans aucune formalité dans un autre État membre comme si ladite décision était celle du second État. Grâce audit principe, la circulation des décisions judicaires est plus simple et rapide. Il y a une forme d’automaticité. Cependant, au regard des dernières évolutions de la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne et d’une position continue – mais renforcée – de la Cour européenne des droits de l’homme, il y a lieu de tenir compte de l’exception basée sur les droits fondamentaux. Aujourd’hui, à la suite du développement de législations opposées à la séparation des pouvoirs en Pologne – État membre de l’Union –, ladite exception est primordiale.

Article 7 TUE

La Cour de justice de l’Union européenne a déjà eu l’occasion de préciser qu’elle ne visait pas à remplacer la procédure prévue à l’article 7 du Traité sur l’Union européenne et que seule une condamnation prononcée sur la base de cet article pourrait mettre un terme au principe de reconnaissance mutuelle. Pour rappel, l’article prévoit une sanction politique – d’ores et déjà activée contre la Pologne – qui est très rarement

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exécutée à son terme au regard des exigences de quorum prévues dans ladite disposition. En effet, pour « constater l’existence d’une violation grave et persistante par un État membre des valeurs visées à l’article 2 du Traité sur l’Union européenne – celui-ci précise les valeurs communes aux États membres, dont l’État de droit – », il faut impérativement réunir l’unanimité au sein du Conseil européen. Une condition difficilement remplie car à côté de la Pologne, d’autres pays de l’Union ont adopté des législations polémiques – on pense naturellement à la Hongrie. De plus, les sanctions politiques éventuelles ne peuvent être prises qu’après avoir procédé à ladite constatation. Ce pour quoi, afin de ne pas fragiliser le principe de la reconnaissance mutuelle par la circulation de décisions entachées d’une méconnaissance des droits fondamentaux, et plus particulièrement du droit à un procès équitable, la jurisprudence nous précise comment appliquer ce principe dans des cas précis afin de pouvoir éventuellement opposer l’exception fondée sur les droits susvisés.

Le point de vue de la Cour de justice de l’Union européenne

La Cour de justice de l’Union européenne a rendu l’arrêt Aranyosi et Caldararu du 5 avril 2016 au travers duquel, elle consacre l’idée d’un éventuel refus d’exécution du mandat d’arrêt européen pour cause de méconnaissance des droits de l’homme. Autrement dit, elle encadre le principe de reconnaissance mutuelle en se distançant de sa position restrictive adoptée dans des arrêts antérieurs – les arrêts Radu et Melloni. Dès lors, par l’arrêt de 2016, elle a développé une exception fondée sur les droits fondamentaux. Cependant, ladite exception est délimitée.


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{ JURIDIQUE DROIT EUROPÉEN }

En effet, la Cour de justice de l’Union européenne impose une preuve objective, fiable, précise et actualisée. Selon celle-ci, les éléments objectifs démontrant une éventuelle violation de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne peuvent découler des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme, des documents émis par le Conseil de l’Europe… Une fois le risque constaté, le juge de l’État d’exécution doit apprécier in concreto et rigoureusement, l’existence de motifs sérieux et avérés. Dès lors, les simples éléments de faiblesses ne suffisent pas. Il faut apprécier si dans le cas d’espèce, la personne encourt un risque. Afin de prouver ce fait, l’État membre d’exécution est tenu de demander à l’État membre d’émission des informations supplémentaires. Au regard de ces formalités, ladite Cour précise que le principe de la reconnaissance mutuelle est la règle et qu’un éventuel refus d’exécution doit demeurer une exception. Ce constat est corroboré par le fait que la Cour prévoit un simple report de l’exécution du mandat d’arrêt sauf si ce risque n’est pas exclu dans un délai raisonnable. Dans ce cas, l’État membre d’exécution peut éventuellement mettre un terme à la procédure de remise. Ici encore, afin de protéger le principe, la Cour de justice de l’Union européenne n’a pas opté pour une renonciation obligatoire lorsqu’il existe un risque de méconnaissance d’un droit absolu. Toutefois, par cet arrêt, la Cour s’est rapprochée de l’opinion de la Cour européenne des droits de l’homme en consacrant la

primauté des droits sur la coopération mais il subsiste une différence car les prêteurs luxembourgeois, en vue de protéger le principe de la reconnaissance mutuelle, soutiennent que le refus de l’exécution ne peut être choisi qu’en dernier ressort. Une question se pose : le prononcé de l’arrêt Aranyosi et Caldararu concernant les conditions de détention et dès lors, d’une éventuelle violation de l’article 4 de la Charte européenne des droits fondamentaux, s’applique-t-il également en cas de méconnaissance du droit à un procès équitable ?

L’État de droit au travers l’indépendance du pouvoir judiciaire

Dans le cadre de son arrêt Associãço Sindical dos Juízes Portugueses du 27 février 2018, la Cour de justice de l’Union européenne impose explicitement le respect de l’État de droit aux États membres par le biais de l’une de ses composantes, à savoir l’indépendance du pouvoir judiciaire. Dans ce cas d’espèce, la Cour semble adresser un message à la Pologne et à la Hongrie car celle-ci aurait pu formuler une motivation laconique en ne se prononçant pas sur l’article 19 du Traité sur l’Union européenne et l’article 47 de la Charte européenne des droits fondamentaux – 2 dispositions européennes consacrant ladite indépendance. En effet, la mesure portugaise en question visait un ensemble de fonctions ne relevant pas uniquement du pouvoir judiciaire. Dès lors, il n’y avait pas ici un problème d’indépendance. L’idée selon laquelle la Cour souhaitait

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{ JURIDIQUE DROIT EUROPÉEN }

adresser un signal à la Pologne et la Hongrie est prouvée par les dires du président de cette juridiction, le belge Koen Lenaerts, précisant qu’éventuelle violation de l’état de droit a des conséquences sur la confiance mutuelle et donc, sur le principe de la reconnaissance mutuelle.

La situation polonaise

Aujourd’hui, les autorités polonaises, par le biais de l’adoption de lois polémiques, ont profondément changer le paysage judiciaire. Les nouvelles législations sont vertement critiquées provoquant une période mouvementée pour le principe de la reconnaissance mutuelle. La Cour de justice de l’Union européenne s’est déjà prononcée plusieurs fois quant à ce sujet. Le 24 juin 2019, la Cour, saisie par la Commission européenne via un recours en manquement, a condamné la Pologne s’agissant de l’abaissement de l’âge de départ à la retraite des magistrats en exercice de la Cour suprême et du pouvoir discrétionnaire accordé au président de la République polonaise quant à la décision de prorogation du mandat des juges normalement retraités. Selon la Cour, par ces mesures, la Pologne a violé l’article 19 du Traité sur l’Union européenne. À cet égard, il est vrai que le gouvernement polonais a abrogé cette législation contestée. Cependant, la saga ne se termine pas là. En effet, les autorités polonaises ont institué une nouvelle chambre au sein de la Cour suprême, à savoir la « chambre disciplinaire ». Celle-ci, selon l’article 27 de la nouvelle loi sur la Cour suprême, est chargée des affaires disciplinaires relatives aux juges et de leur mise à la retraite. Une juridiction de renvoi polonaise, à savoir la Cour suprême, a posé une question préjudicielle à la Cour de justice de l’Union européenne pour savoir si cette instance est indépendante et impartiale selon le droit de l’Union. Par son arrêt du 19 novembre 2019, cette dernière précise ce qu’on entend par ces notions sans pour autant trancher la question en précisant que c’est à « la juridiction de renvoi de déterminer si tel est le cas en ce qui concerne la chambre disciplinaire ». La juridiction de renvoi a décidé sur la base de cet arrêt et des éléments dont elle détient que la chambre en question n’est pas indépendante et impartiale. Partant, la Pologne a violé l’article 47 de la Charte européenne des droits fondamentaux. Depuis lors, la situation ne s’est toujours pas améliorée. La Cour suprême, après avoir appliqué l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne, a été sanctionnée. En effet, la chambre disciplinaire a suspendu un juge de la Cour suprême. Celui-ci a également perdu 40% de sa rémunération. Au cours de la même période, ladite Cour a jugé que le Conseil national du pouvoir judiciaire ne répond pas aux critères d’indépendance et d’impartialité. Or, malgré cette décision judiciaire, celui-ci est toujours actif. Pour éviter ces problèmes, le gouvernement polonais souhaite que toutes les questions relatives à l’indépendance

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des juges soient de la compétence d’une chambre spécifique de la Cour suprême à l’égard de laquelle, la Commission de Venise a déjà émis des doutes quant à son indépendance. Autrement dit, les autorités polonaises tentent de contourner la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne, ce qui constitue une menace grave pour la confiance mutuelle et donc, pour la reconnaissance mutuelle. Dernièrement, le parlement polonais a enfoncé le clou en adoptant une loi dite « muselière » en refusant aux magistrats le droit de critiquer les réformes judiciaires adoptées par les nationalistes au pouvoir – visant également les magistrats qui appliquent l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne du 19 novembre 2019. Encore une fois, la Commission européenne a un rôle à jouer pour sauvegarder les valeurs communes aux États membres, à défaut de quoi le projet européen s’effritera. Autrement dit, le nouveau commissaire européen à la justice, Monsieur Didier Reynders, a fort à faire…

L’exception fondée sur les droits fondamentaux, une voie de secours

Au regard de cette situation délétère, les juridictions belges doivent-elles reconnaître les décisions de justice polonaises sachant le risque de violation de l’indépendance du pouvoir judiciaire ? Vu que la procédure de l’article 7 du Traité sur l’Union européenne est bloquée à cause de la règle de l’unanimité, il est temps de se tourner vers la jurisprudence et cette fameuse exception fondée sur les droits fondamentaux afin de garantir une reconnaissance mutuelle basée sur une réelle confiance réciproque. Déjà en 2018, une juge irlandaise s’est demandée si elle devait exécuter la demande de mandat d’arrêt européen émanant de la Pologne en prétextant qu’en ce pays, l’état de droit n’est plus garanti. Est-ce que la jurisprudence Aranyosi et Caladararu s’applique en ce cas sachant qu’on vise ici le droit à un procès équitable ? Par son arrêt du 25 juillet 2018, répondant à la question préjudicielle de la juge irlandaise, la Cour de justice de l’Union européenne confirme son arrêt susmentionné. Les juridictions nationales doivent, en se basant sur la jurisprudence de la Cour, apprécier si l’exécution dudit mandat doit être refusée à la suite d’une évolution de la situation polonaise. Dans ce cas d’espèce, la juge irlandaise a finalement exécuté le mandat d’arrêt européen.

Une citation vaut mieux qu’un long discours À titre de conclusion, devons-nous rappeler les mots percutants de Montesquieu : « Il n’y a point encore de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice » … Abundans cautela non nocet 


{ RÉSEAUX SOCIAUX }

VU SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX Certains usent (et abusent) des réseaux sociaux. L’actualité, elle aussi, n’y échappe pas. Parce qu’on ne peut se résoudre à garder ces quelques « perles » pour nous, en voici un échantillon. Attention, ça pique !

De l’humour belge en plein

Qui a dit que GLB n’avait pas d’auto-dérision ?

Salamé-Ghosn ou une certaine idée du journalisme

Notre nouvelle campagne prolégalisation du cannabis

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© Fédération des Étudiants Libéraux


BLUE LINE PRÉSIDENT ET ÉDITEUR RESPONSABLE : Adrien PIRONET Avenue de la Toison d’or, 84 - 86 1060 Bruxelles

CONTACT  : Tél : +32 2 500 50 55 info@étudiantslibéraux.be

RÉDACTRICE EN CHEF : Adeline BERBÉ

RÉDACTION : Adeline Berbé, Coralie Boterdael, Constantin Dechamps, Arnaud Devos, Antoine Dutry, Amaury Ernst, Thomas Foucart, Laura Hidalgo, Adrien Pironet, Alexandre Somma

RÉVISION : Coralie BOTERDAEL

DIRECTION ARTISTIQUE : Daphné ALGRAIN

AVEC LE SOUTIEN :


ÉTUDIANTS L I B É RAU X


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