Paperjam février 2022

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NUMÉRO 220

FÉVRIER 2022

Business zu Lëtzebuerg

Jean-Marc Ueberecken, avocat de l’expertise 5 453000 074017 02 5€


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Édito #Télétravail

Le piège de la télé-entreprise Des avenues et des autoroutes fluides, des sièges espacés dans les transports en commun, un trafic sans encombre hormis quelques travaux. L’état des lieux de la mobilité, en ce début d’année, semble idéal. Il renvoie pourtant à une autre réalité : celle de secteurs économiques qui comp­ tent sur la présence de travailleurs – résidents et frontaliers – pour prospérer. Entre la frilosité des uns face au virus, la fatigue des autres de devoir présenter CovidCheck et pièce d’identité et la volonté de certains de ne pas se faire vacciner, les restaurateurs continuent de trinquer. Une promenade dans les rues de la capitale à l’heure du déjeuner suffit pour se rendre compte de l’effet du télétravail. La contribution des entreprises qui veu­lent limiter la propagation du virus en évi­-tant aux salariés de se croiser trop sou­ vent au bureau est légitime. La demande des employés de vouloir mieux concilier leur work-life balance est compréhensible. Mais à mesure qu’une sortie de crise s’appro­ che, la pratique du télétravail devrait d’ores et déjà faire l’objet d’une étude scientifique pour en mesurer les conséquences à tous les niveaux, des individus aux organisations. Dans une interview livrée à Paperjam (numéro de janvier 2022), le représentant du patronat au Comité économique et social, Jean-Jacques Rommes, et l’économiste Michel-Edouard Ruben mettaient en garde

contre les dérives du travail à distance, dont l’éventuel recours systématique à des compétences basées à l’étranger, alors que le modèle luxembourgeois s’est construit sur une importation – massive – de talents. Ce phénomène sera peut-être marginal, mais il mériterait d’être surveillé pour en comprendre l’impact sur les caisses publiques… et celles des commerçants. Face à des coûts en hausse tant pour les employeurs que pour les employés (notamment l’immobilier), quel modèle d’entreprise prévaudra à l’avenir ? Où doit se situer la force de travail « télétravaillable » ? Comment faire tourner le moteur écono­ mique du pays dans un futur décarboné ? Ces questions devraient être abordées dans un esprit de dialogue national en réunissant toutes les forces vives concernées afin d’éviter le piège d’un monde du travail où les contacts humains passeraient inexora­ blement par une plateforme, via un écran. Sans anticiper les conclusions de pareils échanges et travaux, il n’est pas certain que la « télé-entreprise » soit ren­ table à long terme pour fidéliser les colla­ borateurs et encourager ce qui permet aux entreprises de se distinguer face à leurs concurrentes : les idées.

Rédacteur en chef THIERRY RAIZER

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Février 2022

Ristretto 08 #POLITIQUE 10 INESS CHAKIR

« La politique est arrivée par hasard » –

12 #ENTREPRISES 14 MARC HERBER

« Une saturation des complexes commerciaux » –

16 #PLACEFINANCIÈRE 18 ANDREAS HEINZMANN

« L’approche collective est une force»

p.  38 Le Covid-19 a souligné l’importance de notre relation à l’environnement et notre dépendance aux ressources de la Grande Région, souligne le ministre de l’Aménagement du territoire, Claude Turmes.

Data Dada 22 #ESG

Luxembourg, champion de la finance durable

Conversations 24 JEAN-MARC UEBERECKEN

« Nous voulons rester des experts » –

34 ISABELLE SCHLESSER

« Tout le monde recherche les mêmes profils » –

Photos

Guy Wolff, Matic Zorman

38 CLAUDE TURMES

« Face à l’urgence climatique, l’aménagement du territoire doit être réinventé » –

44 FRANCESCA PRYM

p.  3 4 L’adéquation entre les profils des demandeurs d’emploi et les mutations du marché du travail demeure une priorité pour l’Adem et Isabelle Schlesser.

« La flexibilité est un élément capital pour le pays » FÉVRIER 2022

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Février 2022

600 Gb/s

ÉVITER LE BLACK-OUT 500 Gb/s Le Luxembourg a un an pour adapter son réseau et déployer la 5G de 400 Gb/s manière efficiente pour répondre à l’augmentation 320 Gb/s exponentielle de la consommation 267 Gb/s d’internet.

500

50 Enjeux

400

Répondre au défi sans fin d’internet

300

200

52 POST AUX AVANT-POSTES

« Il n’y aura qu’un seul réseau : la 5G »

100

CONSOMMATION DE DONNÉES (en Gb/s)

PROJECTION (en Gb/s)

Sources Consommation : Lu-Cix / Projection : Paperjam, sur base de l’évolution actuelle de la consommation

0

54 MYCONNECTIVITY

2017

Le GIE du dernier mètre

2018

2019

2020

2021

2022

2023

p.  50

Des acteurs télécoms historiques, dont Post, aux nouveaux venus du domaine des satellites, le marché de la connectivité prend une ampleur mondiale. Révolution en cours.

56 CONNECTIVITÉ

Dix chiffres-clés pour les réseaux du futur

58 CONNECTIVITÉ La promesse venue du ciel

60 APPLICATIONS DE LA 5G Le premier pas du metaverse

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Portfolio

Le Luxembourg comme terre de succès p.  82 Joël Kieffer a fait rénover son appartement en s’inspirant des hôtels, qu’il a beaucoup fréquentés.

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Business Club

Lifestyle

Photos

Guy Wolff

82 84 86 88 90 92 96 p.  62 Neuf représentants de la communauté portugaise partagent leur épanouissement en tant qu’entrepreneurs et artistes au Luxembourg.

MA MAISON MON ARGENT MON STYLE MA COLLECTION MA RECETTE MON MENTAL

La liste

8 chercheurs pleins d’avenir FÉVRIER 2022

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Ristretto #Politique Sélectionné par IOANNA SCHIMIZZI

PRAGMATIQUE

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« Je suis un homme de dialogue, qui veut se faire conseiller, comme le faisait d’ailleurs Dan Kersch. On ne va pas réinventer la roue. »

Le nouveau ministre des Sports et du Travail Georges Engel (LSAP) résumait sa manière d’aborder son travail après sa prestation de serment organisée le 5 janvier au palais grand-ducal.  2

DÉTERMINÉ

« Les électrons produits devant la côte danoise, belge ou allemande arrivent déjà au Luxembourg par notre réseau électrique intégré. » Dans une interview publiée dans La Tribune dans le courant du mois de janvier, le ministre de l’Énergie Claude Turmes (déi Gréng) détaillait son plan pour développer l’éolien offshore avec le Danemark, estimé à 30 milliards d’euros.  3

ENDEUILLÉE

4

RASSURANT

« Bien que le nombre de personnes testées positives au Covid-19 soit en hausse depuis fin 2021, ce nombre reste bien en dessous de la moyenne nationale. Les effets de la vaccination sont visibles. » Le docteur Joël Mossong, épidémiologiste au sein de la Direction de la santé, a expliqué aux députés de la commission de la famille et de l’intégration, le 12 janvier, que la situation sanitaire dans les maisons de soins et les Cipa « est globalement bonne actuellement ».

« Les manifestations non déclarées et mal intentionnées sont un phénomène récent au Luxembourg. »

Le ministre de la Sécurité intérieure Henri Kox (déi Gréng) a assuré le 13 janvier à Paperjam que le « tourisme » de manifestants ne sera pas toléré lors des manifestations contre les restrictions sanitaires.  6

CONVAINCUE

« Le premier chapitre de cette révision, la justice, était extrêmement technique, et pas vraiment sexy pour le grand public. Mais le deuxième, lui, touche directement nos citoyens. Cela va les intéresser. »

La députée Simone Beissel (DP) a présenté à la mi-janvier, avec les trois autres corapporteurs du projet de révision constitutionnelle, la campagne d’information intitulée « toutes-boîtes », à destination de la population.

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Nader Ghavami (archives) et Romain Gamba

INTRANSIGEANT

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Ristretto #Politique

« La politique est arrivée par hasard » Iness Chakir est la présidente du Parlement des jeunes. À 18 ans, elle se destine à une carrière de médecin humanitaire, sans toutefois abandonner totalement la politique.

À quoi sert le Parlement des jeunes (JP) ? C’est une plateforme où chaque jeune âgé de 14 à 24 ans habitant au Luxembourg ou fréquentant un établissement scolaire luxembourgeois a l’occasion de discuter et de débattre avec d’autres jeunes sur des sujets qui les intéressent. Nous comptons aujourd’hui une soixantaine de membres. Vous avez des échanges avec les personnalités politiques du pays ? Oui. Vers mai-juin, nous présentons notre travail de l’année à la Chambre des députés, et, de mai-juin à octobre, nous avons des entrevues avec les partis, les ministres, ou encore les députés, pour faire un suivi de nos résolutions. Cette année, nous avons notamment rencontré le Premier ministre Xavier Bettel (DP).

De quoi êtes-vous le plus fière, à travers cette expérience ? La chose dont je suis le plus fière est d’être arrivée avec un bureau exécutif à majorité féminine ; ça, c’est le point fort de mon mandat. J’ai aussi été la première femme présidente depuis la création du JP, en 2008.

Vous avez l’impression que la politique intéresse les jeunes en général ? J’ai l’impression qu’il y a certains sujets main­tenant qui intriguent particulièrement la jeunesse. C’est le cas du combat contre le réchauffement climatique. Le Covid-19 a aussi été un déclic ; les jeunes se sont rendu compte qu’ils avaient tout intérêt à suivre l’actualité, et que notre avenir dépendait aussi d’eux. Quels anciens présidents font de la politique maintenant ? Sammy Wagner (LSAP), qui a été le premier président, puis le président des Jeunes Socialistes. Il est également devenu bourgmestre par la suite. Je pense aussi à Elisha Winckel (LSAP) ou Amir Vesali (LSAP). Jana Degrott (DP) n’a pas été présidente, mais elle a été membre du JP. C’est donc un bon tremplin pour l’avenir ? Oui, je trouve que beaucoup de portes s’ouvrent quand on est membre du JP. Un monde s’ouvre à nous, et cela reste une bonne manière de débuter en politique.

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Comment avez-vous intégré le Parlement des jeunes ? Un jour, il y a eu une présentation sur le Parlement des jeunes, à l’école. Avant cela, je n’étais pas très intéressée par la politique, mais ce débat m’a énormément plu, et c’est à la suite de cela que je suis entrée au JP en 2019. Jusqu’à quand souhaitez-vous rester au Parlement des jeunes ? C’est ma dernière année, je finis mon mandat en octobre 2022. Je pense qu’il est temps d’arrêter et de commencer autre chose afin de laisser la place aux nouveaux membres du JP.

Certaines de vos propositions ont été entendues par le gouvernement ? Oui, celles concernant la santé mentale des jeunes, notamment. Nous avions choisi ce thème juste avant l’arrivée du Covid-19, sans savoir qu’il serait à ce point d’actualité. Cette résolution a été citée plusieurs fois à la Chambre des députés, donc je suis fière que l’on ait été entendu.

D’où est venue votre envie de vous engager au Parlement des jeunes ?

Depuis que je suis très jeune, j’ai toujours été engagée, pas forcément en politique, mais plutôt dans le milieu social et humanitaire. J’ai créé en 2018 ma propre asbl, qui se nomme Aidons-Tous Solidarité, qui est essentiellement dirigée par des jeunes. Je suis également jeune ambassadrice Unicef.

Pour Iness Chakir, le Parlement des jeunes est un bon tremplin pour l’avenir.

Que ferez-vous après votre baccalauréat ? Je passe mon bac en 2023. La politique n’a jamais été le plan de base, c’est arrivé un peu par hasard. Mon plan de base, c’était la médecine, et j’espère plus tard évoluer dans le domaine de la médecine humanitaire, qui est finalement en lien avec la politique. Vous ne ferez jamais de politique ? Il ne faut jamais dire jamais. Un jour, peut-être, si j’en ai l’opportunité, pourquoi pas faire de la politique. Quand je n’aurai plus de mandat, je m’engagerai au sein d’un parti. Mais, pour le moment, je ne peux pas en dire plus.

Interview IOANNA SCHIMIZZI Photo MATIC ZORMAN


Faites-vous vacciner !

Si vous n’êtes pas encore vacciné•e contre la COVID-19, faites-le sans tarder. Trouvez toutes les opportunités de vaccination, avec et sans rendez-vous, sur impfen.lu .

Faites-vous booster !

+

Faites votre rappel de vaccination dès que vous recevez la lettre d’invitation : sans rendez-vous dans les stations pop-up, avec rendez-vous dans les centres de vaccination ou auprès de certains médecins.

Réduisez vos contacts !

Évitez les foules et profitez du télétravail s’il vous est proposé. Gardez une distance de minimum 2 m si vous rencontrez d’autres personnes.

Lët’z fight OMICRON Portez un masque !

Afin de vous protéger, ainsi que les personnes autour de vous, portez un masque dans les lieux fermés, les commerces, les transports et les bâtiments publics.

Testez-vous régulièrement ! Lavez-vous les mains !

L’hygiène régulier des mains reste un outil efficace et important pour éviter la transmission du virus.

OMICRON est extrêmement contagieux.

Protégeons-nous en cumulant tous les moyens dont nous disposons !

Faites des autotests antigéniques et/ ou des tests certifiés plusieurs fois par semaine. Si votre test est positif, isolezvous sans tarder, informez vos contacts étroits des derniers jours et déclarez le résultat sur covidtracing.lu .

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Ristretto #Entreprises Sélectionné par THIERRY LABRO

1

MOTIVÉ

« L’intelligence artificielle devient un véritable atout de satisfaction des clients et agents qui utilisent la plateforme. » Casius Morea ne cachait pas son optimisme après l’annonce d’une nouvelle levée de fonds à 2,5 millions d’euros pour la société qu’il dirige, Emailtree. Le CEO voit dans cette augmentation de capital un levier supplémentaire pour améliorer et développer les services de traitement de requêtes textuelles aux clients.  2

SOUCIEUX

« Je crains le pire. »

Soumis à rude épreuve avec l’explosion du nombre de tests Covid à effectuer, le CEO de Bionext Lab, Jean-Luc Dourson, ne cache pas son inquiétude face à cette cadence. Les effectifs du laboratoire ont grossi de 150 à 210 personnes pour répondre à la demande.  3

4

AMBITIEUX

ÉCHAUDÉ

« L’année sera encore compliquée, mais la différence notable, c’est que le client est désormais conscient de ce délai. Il est donc moins pris au dépourvu. » Michel Louro, COO retail de Losch Luxembourg et membre de la Fedamo, avant le démarrage d’un Autofestival toujours aussi particulier entre Covid et pénurie de puces électroniques.

« Il y a toujours un momentum pour la transmission de quelque chose dans la vie. Nous y sommes ! » Frank Rosenbaum commentait, le 13 janvier dernier, la transmission de la gestion quotidienne de CBRE Luxembourg à William Moulin, actuel senior director, non sans assurer que son rôle sera très important dans les années à venir.  6

SANG D’ENCRE

« Certains vont essayer de se procurer sur internet des encres hors de l’Union européenne et tatouer dans leur cave ou au noir. » Le vice-président de la confédération des tatoueurs, Marion Pierre Thill, face à la nouvelle réglementation européenne qui interdit l’utilisation de certaines encres depuis le 4 janvier.

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Blitz pour CBRE, Simon Verjus (archives)

RÉALISTE

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Ristretto #Entreprises

« Une saturation des complexes commerciaux » Président depuis septembre 2021 de la Fédération de la mode (Femo), Marc Herber dévoile ses priorités pour les détaillants de vêtements et chaussures.

La vente de vêtements et chaussures a été particu­lièrement éprouvée par la crise du Covid-19. Quel est, à vos yeux, le principal défi du secteur ? Le défi, c’est d’essayer d’anticiper la situation dans 6 à 12 mois, lorsque les collections que nous commandons actuellement seront en rayon. Au niveau logistique, lorsque les coûts de livraison sont 5 à 10 fois plus élevés en deux ans, cela se traduit par une hausse des prix des produits, c’est inévitable. La crise sanitaire a vu la seconde main émerger. Est-ce un créneau à développer ? Son potentiel est difficile à évaluer. Prenez le shopping en ligne : il a connu une très forte hausse pendant la crise, mais une fois que les magasins ont rouvert, il a diminué. C’était, semble-t-il, une solution temporaire. En 2019, trois nouveaux centres commerciaux ont ouvert à Luxembourg-ville. Estimez-vous qu’il y a trop de magasins ? Oui, il y a une saturation, et cela se voit dans les locaux vacants. Ces complexes ont été construits suite à des analyses de marché trop optimistes, souvent réalisées par des bureaux d’études étrangers qui ne connaissent pas forcément le Luxembourg et se concentrent sur le niveau des salaires, le nombre de salariés, et déduisent des chiffres qui ne sont pas en phase avec la réalité du terrain.

Mais ces enseignes sont souvent contrôlées depuis l’étranger… Exact, mais l’essor des réunions digitales peut faciliter la tâche. Pour nos membres, nous négocions des avantages au niveau des tarifs des modes de paiement électroniques, mais aussi des réductions à la Sacem. Avez-vous justement une demande à formuler au gouvernement ? Restez à l’écoute de notre secteur avant de prendre des décisions qui nous impactent. Nous faisons face à un manque de main-d’œuvre qualifiée : il n’y a plus beaucoup de conseillères de vente qui parlent le luxembourgeois, alors que c’est un atout très important qui nous distingue de la vente en ligne. Il faudrait trouver un moyen de revaloriser le métier de conseiller et conseillère de vente.

La Femo a lancé, au Mantelsonndeg, un concours Facebook. Une manière d’être plus visible par le grand public ? Nous voulons accroître notre visibilité avant tout au sein des commerçants. Mais, avec cette opération, nous avons combiné une visibilité sur les deux fronts. L’idée n’est pas d’investir à chaque fois dans une campagne de cette ampleur.

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D’une manière générale, quels sont vos projets en tant que président de la Femo ? Il faut que les acteurs de notre marché se rassemblent pour porter la voix du secteur auprès du monde politique, qui est contraint ces derniers temps de prendre des décisions de manière rapide. Plus nous avons un poids dans ces décisions, plus elles seront prises en notre faveur ou, à tout le moins, le gouvernement sera à notre écoute. La Femo regroupe 50 membres, mais le potentiel serait de 400. Comment séduire davantage d’affiliés ? Beaucoup d’entreprises étrangères se sont établies ces dernières années au Luxembourg, mais ne connaissent pas notre existence. Il y a donc un travail de rencontre sur le terrain qui doit être fait pour accroître notre notoriété auprès de ces groupes internationaux.

Et les pays voisins du Luxembourg, sont-ils des vecteurs de concurrence ou de dynamique du marché ? Les deux. C’est certainement une concurrence, mais il peut aussi y avoir une dynamique. Les clients expriment aujourd’hui un intérêt pour le local et nombreux sont les consommateurs à ne plus vouloir faire 100 km pour faire leur shopping à l’étranger.

Letzshop et les plateformes digitales représentent-elles un vrai relais de croissance pour les commerçants locaux ?

Cela dépend : certains magasins en font une source de chiffre d’affaires supplémentaire qui peut perdu­rer, d’autres s’en servent comme un appoint. Mais Letzshop est une bonne chose, car avant cela, nous avions uniquement la possibilité de travailler avec des plateformes étrangères aux commissions très élevées, ce n’était pas rentable.

Marc Herber travaille dans le secteur depuis 2008.

Interview CATHERINE KURZAWA Photo GUY WOLFF


8 avenue Monterey – Luxembourg

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Ristretto #PlaceFinancière Sélectionné par AURÉLIE BOOB

DÉTERMINÉE

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« Le Luxembourg a toujours plaidé et continuera à plaider pour des conditions de concurrence équitables au niveau mondial. » Yuriko Backes (DP), ministre des Finances depuis le 5 janvier, lors de sa première prise de parole effectuée le 11 janvier dernier durant une conférence organisée par l’UEL sur le nouveau paysage de la fiscalité internationale. DIDACTIQUE

2

3

SOUCIEUX

« Je me demande parfois si le thème de 2022 ne pourrait pas être la géopolitique. »

Philippe Ledent, économiste chez ING Belux, à propos de l’aggravation des tensions et des limites de la mondialisation de l’économie, dont les pénuries de matériaux.  4

EUROPHILE

« En temps de crise, notamment pendant la pandémie, l’existence d’une monnaie unique a joué un rôle essentiel dans la coordination des réponses en Europe. » Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, concernant l’euro qui fête ses 20 ans en 2022.  5

EUROPHILE (BIS)

« Si nous n’avions pas eu l’euro et la politique monétaire qui l’accompagne, le Luxembourg et sa place financière n’auraient pas pu passer la crise de 2008 comme ils l’ont fait. » Gaston Reinesch, président de la Banque centrale du Luxembourg, interrogé par Paperjam dans le contexte des 20 ans de l’euro.

« Investir le B2B est une grosse partie de nos ambitions de croissance. »

Dave Sparvell, CEO de Swissquote Bank Europe, entreprise qui vient d’absorber Keytrade Bank Luxembourg, faisait le point, le 12 janvier dernier, sur les ambitions de la filiale du groupe suisse. Le marché européen est clairement dans sa ligne de mire et il voit, dans les services B2B, un fort levier de croissance.

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Romain Gamba

CONQUÉRANT

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Ristretto #PlaceFinancière

« L’approche collective est une force » Andreas Heinzmann est avocat associé et l’un des membres fondateurs de GSK Stockmann au Luxembourg. Un cabinet qui mise sur une approche collective et collaborative dans sa gestion quotidienne.

Quelles sont vos fonctions chez GSK Stockmann ? Je suis associé chez GSK Stockmann au Luxembourg et suis spécialisé dans le droit des valeurs mobilières, la réglementation des marchés de capitaux et le travail bancaire international. Je conseille les banques, les institutions financières et les entreprises. Et avant cela ? J’ai exercé dans trois grands cabinets d’avocats au Luxembourg. J’ai étudié le droit en Allemagne et en Italie et suis titulaire d’un master (LLM). Je suis admis comme avocat aux barreaux du Luxembourg et d’Allemagne. Combien d’employés comptez-­vous, et comment vous situez-vous par rapport à vos concurrents ? Notre équipe compte environ 50 membres, dont des associés, des collaborateurs, des services commerciaux et du personnel de back-office.

Il n’y a pas de managing partner en tant que tel au sein de GSK Stockmann au Luxembourg… Nous avons deux associés cogérants en Allemagne qui gèrent le cabinet dans son ensemble. Au Luxembourg, chaque associé gère certaines tâches relatives à la gestion collective, comme les RH, l’informatique, la gestion du bureau, la comptabilité et le marketing. Cette répartition permet à chaque associé de consacrer suffisamment de temps au développement de son business case et à la gestion de son équipe. Cette gestion collective est-elle un atout ? Cette approche collective est à mon sens une force et favorise l’esprit d’équipe. Quelles sont vos perspectives de développement en 2022 ? En mettant l’accent sur l’expertise technique, le service client sur mesure, nos spécialisations, l’innovation et la profondeur, notre investissement dans les talents nous donne une « portée » significative, comme le démontre notre base de clients mondiale croissante. Notre bureau a conti­nué à prospérer tout au long de la pandémie, et, sur la base des commentaires des clients actuels, nous prévoyons une solide croissance en 2022. Quels sont vos critères de recrutement ? Outre l’expérience et les compétences pertinentes liées à chaque poste, nos critères de recrutement sont fortement axés sur la culture et les valeurs de notre cabinet, ainsi que sur l’intégration dans l’équipe.

Comment vous démarquez-vous au Luxembourg en tant que cabinet de taille moyenne ? Par notre marque employeur. Axés sur une culture de soutien et de collaboration, nous avons une satisfaction du personnel très élevée et une très faible rotation. Cela nous permet d’attirer et de retenir les meilleurs talents et de fournir à nos clients un service de pointe.

Quel type d’approche managériale mettez-­vous en œuvre ? Je crois en notre approche de culture d’équipe, avec une hiérarchie plutôt hori­ zontale et une politique de porte ouverte. Cela permet une co­opération optimale, au profit de nos clients.

Si vous deviez faire un bilan après cinq ans de présence au Luxembourg, que retiendriez-vous ? Une forte orientation par client et par secteur, un excellent travail d’équipe, l’esprit d’entreprise, le leadership… et aussi un peu de plaisir ! Quels sont les secteurs de croissance pour le cabinet ? Les fonds d’investissement, l’immobilier, les services financiers et les marchés de capitaux. Nous voyons également de plus en plus de demandes de la part des clients en ce qui concerne les questions liées à l’ESG dans ces secteurs.

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Où vous voyez-vous dans 10 ans ? Chez GSK Stockmann. Je me réjouis des dévelop­pements futurs du cabinet et de sa croissance.

Le cabinet envisage une forte croissance en 2022.

Interview AURÉLIE BOOB Photo GSK STOCKMANN


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Fox and Beaver Advisory, la success-story ! Fox and Beaver Advisory s’est imposée au Luxembourg comme un expert incontournable de l’optimisation des coûts… et bien plus encore ! Son gérant Clément Debever nous livre les clés de sa réussite.

Monsieur Debever, quels sont les services offerts par Fox and Beaver Advisory ? Notre cœur de métier, c’est l’optimisation de tous les coûts non stratégiques dans tout type d’organisation. Ainsi, en 2021, nous avons permis à nos clients d’économiser plusieurs millions d’euros. Il ne s’agit là que de la partie émergée de la valeur ajoutée que nous leur apportons. Nous les aidons aussi à mieux définir leurs besoins et nous obtenons pour eux les meilleures garanties et protections contractuelles disponibles sur le marché. En résumé, nous aidons nos clients à acheter mieux, à un meilleur prix, pour plus longtemps, tout en leur assurant une réelle tranquillité d’esprit.

Crédit

Clément Debever, gérant de Fox and Beaver Advisory.

Pouvez-vous nous citer quelques clients qui vous font confiance ? Oui, avec plaisir ! Car nos clients nous font l’honneur de nous autoriser à citer leur nom. Nous assistons et conseillons le Groupe Cactus, leader de la grande distribution au Luxembourg, Revantage Europe qui accompagne l’un des plus gros fonds d’investissement au monde, les Maisons de retraite et de soins Claire asbl, le transporteur Arthur Welter, l’ASNL – club de football professionnel de Nancy ou encore le

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Quelles sont les missions que vous réalisez auprès de vos clients ? À moins que notre client ait un sujet bien précis à nous confier, nous commençons généralement chaque nouvelle relation par la réalisation d’un diagnostic des achats non stratégiques. Si nous identifions des améliorations assez significatives qui ne présentent pas de risques pour notre client, alors nous intervenons à tous les niveaux du processus d’optimisation : redéfinition des besoins (cahiers des charges), préparation et réalisation des appels d’offres, analyse des offres, négociations, sélection et finalisation des contrats. Nos services sont « à la carte » : notre client choisit le niveau d’intervention qui lui convient, il peut s’agir d’une partie ou de la totalité des étapes d’optimisation.


CLÉMENT DEBEVER Fort de 15 années d’expérience Achats dans 5 groupes différents au Luxembourg, dont deux ans dans un cabinet de conseil, Clément Debever a créé en 2020 Fox and Beaver Advisory, société de conseil en optimisation de coûts. Le succès a tout de suite été au rendez-vous : plusieurs entreprises de premier plan au Luxembourg, telles que le Groupe Cactus ou Revantage Europe, ont rapidement fait appel aux services de Fox and Beaver Advisory. En forte croissance, la jeune société de conseil a récemment emménagé dans de nouveaux bureaux dans le centre-ville de Luxembourg.

Groupe Compass – spécialiste notamment de la restauration, pour ne citer que ces exemples. Vous pouvez constater que nos clients évoluent dans des secteurs d’activité très différents et variés. C’est pour nous une source de grande richesse qui montre notre capacité à intervenir dans des domaines économiques très éclectiques au Grand-Duché. Ce sont effectivement des sociétés de premier plan. Comment vous y prenez-vous pour les conseiller alors qu’elles doivent avoir leur propre service achats ? Ce n’est absolument pas un frein, bien au contraire ! Nous travaillons en parfaite complémentarité avec les services achats de nos clients. Nous leur apportons une vision plus vaste du marché, qui va au-delà du secteur de leur société, et nous libérons les acheteurs pour leur permettre de se consacrer à leurs achats stratégiques. Par exemple, acheter des contrats d’assurance, des solutions IT, des prestations et des services, du matériel et des équipements, des consommables… exige des connaissances très spécifiques que les services achats n’ont pas intérêt à développer en interne pour des contrats qui se renégocient seulement tous les 3 ou 4 ans. Vous le voyez, les entreprises ont tout à gagner à confier leurs achats non stratégiques à un expert du marché comme Fox and Beaver Advisory. Avec à peine 2 ans d’existence, comment expliquez-vous le succès aussi rapide de Fox and Beaver Advisory ? Ce succès, nous le devons avant tout à nos clients car ils continuent de nous faire confiance, et mieux encore, ils nous recommandent ! Vous savez, dans le conseil, c’est assez simple : pour percer et pour durer, il faut apporter quelque chose que les autres n’apportent pas. Nous sommes experts dans plus de 25 sujets des achats non stratégiques, et cette expertise, nous l’avons développée exclusivement au Luxembourg et dans la Grande Région. Ainsi, tout ce que nous préconisons à nos clients

nous l’avons déjà réalisé avec succès au Grand-Duché. C’est un point très important car les achats non stratégiques ont cette spécificité d’être très ancrés dans le marché local. J’ai rencontré récemment un dirigeant qui me disait que personne ne peut être expert dans autant de domaines. Je pense que ce n’est pas courant, effectivement, mais rien n’est impossible, et Fox and Beaver Advisory en est la preuve ! Quelle est la clé d’une telle expertise ? Pour maîtriser un si grand nombre de sujets, vous devez avoir déjà optimisé chaque sujet plusieurs fois sur un même marché et dans

« L’expérience est la seule chose sur laquelle vous ne pouvez pas tricher. » CLÉMENT DEBEVER Gérant de Fox and Beaver Advisory

des contextes différents. Il faut en quelque sorte avoir tout expérimenté avec un même sujet. En un mot, cela tient à l’expérience. Vous savez, l’expérience est la seule chose sur laquelle vous ne pouvez pas tricher. Depuis 15 ans, j’optimise au Luxembourg ces quelque 25 domaines de dépenses pour le compte d’organisations de taille et de culture différentes évoluant dans des secteurs d’activité très variés. Au bout d’un moment, vous connaissez vos sujets sur le bout des doigts, vous développez vos propres méthodologies et outils et vous êtes connu des fournisseurs. Lorsque je vais

sur le marché avec mes équipes, j’obtiens effectivement les meilleures conditions. Vous disiez à l’instant que vos clients vous recommandent, qu’entendez-vous par là ? Je pense que nos clients apprécient notre travail et sont heureux de le faire savoir, ça aussi c’est assez unique. Si vous consultez notre site Internet, vous y lirez les témoignages de satisfaction de plusieurs dirigeants pour les services que nous rendons à leur entreprise. Lorsque je vois ces témoignages, je me dis que nous servons à quelque chose, et c’est pour moi la plus belle récompense que l’on puisse donner à un entrepreneur. Cette création de valeur, je la porte d’ailleurs au-delà de nos activités de conseil, puisqu’au sein du Groupe ICN Business School, en tant que professeur intervenant, j’essaie de transmettre nos bonnes pratiques aux futures générations de professionnels. Est-ce que vous intégrez la notion de la durabilité dans vos missions d’optimisation ? C’est, en effet, un sujet qui nous tient particulièrement à cœur, nous avons d’ailleurs réalisé le mois dernier une conférence sur le thème des achats durables. Il est évident que la lutte contre les dérèglements climatiques ne peut pas dépendre uniquement de l’action des gouvernements. À mon sens, aujourd’hui, ce sont les entreprises qui possèdent la plus grande capacité pour agir car elles ont un circuit de décision rapide. Avec un peu de méthode et des ressources, elles peuvent développer des pratiques d’achats très vertueuses. À condition bien sûr d’être bien accompagnées et bien conseillées !

FOX AND BEAVER ADVISORY 16, avenue Pasteur L-2310 Luxembourg https://foxandbeaveradvisory.lu clement.debever@foxandbeaveradvisory.lu


Data Dada #ESG

Luxembourg, champion de la finance durable Les actifs sous gestion et les flux ESG atteignent des niveaux records, sur fond de renforcement de la réglementation, d’engagement des organisations et de demande croissante de la part des investisseurs. Du fait de son positionnement sur les fonds, la Place tire son épingle du jeu. Le Luxembourg Auteur MARC FASSONE a attiré 44 % des souscriptions nettes réalisées en Europe en 2020.

400

Luxembourg 371 mrds €

L’endroit où il faut être Selon l’Efama, l’ensemble des actifs gérés selon une approche ESG à la fin du premier trimestre 2021 atteignent 11.000 milliards d’euros. Soit près du tiers des actifs sous gestion en Europe, estimés à 31.300 milliards. Pour le seul secteur des fonds Ucits actions, les actifs sont estimés à 1.200 milliards d’euros (+360 % par rapport à 2010). Avec, fin 2020, 371 milliards d’actifs domi­ ciliés au Luxembourg, le pays est de loin le numéro 1 européen. Un réel avantage compétitif.

300

200

France 136 mrds €

100

Irlande 135 mrds €

Royaume-Uni 87 mrds €

0

22

Suède 136 mrds €

FÉVRIER 2022


10 %

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67 % 42 %

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LUXEMBOURG Le flux d’argent frais dans les fonds durables augmente régulièrement. En 2020, ces fonds ont attiré 67 % de l’argent frais récolté. Durables Conventionnels

2018

50 mrds € 2019

126 mrds € + 561 %

2020

141 mrds €

De 2018 à 2020, le flux d’argent frais net affiche une augmentation impressionnante.

Suisse 67 mrds € Pays-Bas 49 mrds €

Belgique 42 mrds €

Allemagne 36 mrds € Norvège 20 mrds €

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Conversation Jean-Marc Ueberecken

« « Nous voulons rester des experts » Interview THIERRY RAIZER

Photo ANDRÉS LEJONA

Arendt & Medernach vient de passer le cap du 1.000e collaborateur. Un palier dans le développement du cabinet d’avocats, devenu groupe de services. Retour sur la consolidation en cours de la stratégie avec le CEO, Jean-Marc Ueberecken. 24

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« Le client n’est plus face à des problèmes légaux, mais face à des résolutions de problèmes », résume Jean-Marc Ueberecken.

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Conversation

BIO EXPRESS Jean-Marc Ueberecken est né le 31 mai 1972 à Luxembourg.

dirigeons vers un mode hybride. Certains clients préfèrent une visioconférence et d’autres opteront pour un contact humain lorsque cela est ou sera possible. Ce contact humain, nous continuons à y croire et à l’estimer comme important, d’où notre décision de renforcer nos bureaux à l’étranger plutôt que de les réduire. Comptez-vous, à l’inverse, ouvrir de nouveaux bureaux à l’étranger ? L’enjeu n’est pas là, mais plutôt dans la meilleure utilisation qui peut être faite de ces bureaux dans un monde post-Covid. Comment les redynamiser après plusieurs mois d’activités réduites ? Nous envisageons notamment de les utiliser en interne pour permettre à plus de collaborateurs d’effectuer des expériences à l’étranger, et donc enrichir notre mobilité interne. Tout en renouant le contact en présentiel avec nos clients. Le cabinet vient donc de dépasser la barre des 1.000 collaborateurs, hors stagiaires. Que vous évoque ce nombre symbolique ? C’est une confirmation de notre stratégie à un moment où nous consolidons nos services et où nous investissons massivement dans l’accompagnement de nos collaborateurs et de nos clients. Et lorsque vous pensez à ce nombre en vous remémorant le chemin parcouru, quelle émotion vous vient en tête ? Nous sommes tous impressionnés par cette croissance rapide. En 2015, nous étions 600. L’accélération de la croissance provient de notre cœur de métier d’avocat, mais surtout de l’ajout de nos autres services de conseil et d’accompagnement de nos clients. C’est l’échange entre nos trois pôles qui fait que cette croissance a connu une telle accélération. Et la suite ? Nous nous projetons, bien entendu, vers les prochains stades de développement de notre groupe. Et si nous extrapolions la moyenne de notre croissance, nous arriverions à 1.500 collaborateurs en 2026.

DE 100 À 1.000 EN 10 DATES 2013

2000 2005

1988

2009

Les fondations

Un premier cap

Expansion internationale

Diversification

Diversification, suite

Le cabinet Arendt & Medernach voit le jour suite à la fusion des cabinets Arendt & Harles et Mersch & Medernach.

Le cabinet atteint 100 collaborateurs. Ils sont alors répartis dans plusieurs bâtiments de la capitale.

Ouverture du bureau de New York. Ont suivi Londres, Hong Kong, Moscou, Paris…

En complément des métiers du droit, Arendt Services voit le jour (voir page 28) et s’installe à Hamm.

Un nouveau pilier de services est créé avec Arendt Regulatory & Consulting (ARC).

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FÉVRIER 2022

Arendt

La pandémie n’est pas encore derrière nous, le variant Omicron est venu nous le rappeler. Quel est l’état d’esprit, Membre du Barreau de Luxembourg au sein du groupe ? depuis 1998, il rejoint Arendt L’activité demeure extrêmement forte au Luxem& Medernach en 2000. bourg et dans le monde entier, dans un contexte Devenu associé en 2005, sanitaire qui continue à évoluer. J’ai l’impresil endosse le rôle de managing partner en 2014. sion que les équipes sont aujourd’hui habituées à ces changements qui ne posent pas de problème au quotidien au bureau. Les instructions ou les limitations mises en place pour prévenir la propagation du virus ne soulèvent néanmoins la possibilité de venir cinq jours pas d’opposition particulière et ne constituent par semaine, évidemment. pas un frein à nos activités, ce qui illustre la capacité de la collectivité à gérer le change- Quelle trace laissera cette crise ment. Le fait de repasser plus récemment à sur le monde de l’entreprise ? un nombre plus important de jours de télé- Le mode de travail hybride sera très clairement travail en prévention de la propagation du va- un héritage de cette crise. Ce mode de travail, riant Omicron n’entrave pas la bonne marche qui a pour impact d’effacer les frontières entre de nos activités, même s’il faut bien admettre la sphère privée et la sphère professionnelle, que cela reste complexe, pour les équipes, de doit être considéré avec bon sens. Chacun a pu trouver son équilibre au fil du temps avec, travailler de la sorte. comme côté positif, une gestion plus flexible de son agenda et, comme côté négatif, l’idée La fluidité au sein des équipes de rapporter du travail dans la sphère privée. en est-elle affectée ? La fluidité est une réalité quotidienne. Ce qui Nous ne pensons pas que le télétravail entraîne pose éventuellement problème, ce sont plutôt des problèmes à l’heure actuelle, mais toute les ajustements connexes, comme les moments entreprise doit y être attentive pour prévenir de communication et d’échange au sein des et éviter d’éventuelles conséquences fâcheuses, équipes qui doivent s’organiser différemment comme des burn-out. selon la présence au bureau ou la pratique du télétravail. Ce dernier enlevant la spontanéité. Ce qui renvoie à l’idée du droit Cela dit, les échanges réguliers que nous avons à la déconnexion… est-ce un leurre ? eus en interne avec nos collaborateurs, à partir C’est un vrai enjeu pour beaucoup d’entreprises. des grades seniors et managers, nous montrent Cela dépend du moment. Je crois personnellement à un droit à la déconnexion – sauf urque les choses sont abordées sereinement. gence extrême – pendant le week-end et les Comment cette crise va-t-elle affecter le vacances. Pendant la semaine, c’est nettement rapport de chacun avec son lieu de travail ? plus compliqué, ne fût-ce qu’en raison du traNous pensons que le lieu de travail restera le vail mené sur des dossiers qui concernent le bureau, quel que soit le métier existant chez monde entier et qui nous amènent à être en nous. Nous sommes convaincus que l’interac- relation avec des zones horaires différentes. tion, la spontanéité des échanges produisent leurs meilleurs effets au bureau. Et nous en Le business development va-t-il aussi avons besoin pour exercer nos métiers. Nous devenir « phygital » par défaut ? tablons à l’avenir sur trois jours de présence C’est une question que tout le monde se pose, au bureau et deux jours de télétravail. Avec mais nous pensons en effet que nous nous

Photos

Il est diplômé de l’Université catholique de Louvain (licence en droit) et du King’s College London (master of laws degree [LLM] in banking and finance).


Jean-Marc Ueberecken

Ce qui n’est pas un but, mais l’expression d’une stratégie… Absolument. Et nous devons veiller à ce que cette stratégie puisse se poursuivre au fur et à mesure de l’évolution de l’échelle du groupe. Comme nous sommes un partnership, une grande partie de la gestion quotidienne de nos affaires est décentralisée. Nous devons notamment nous assurer que les associés disposent des conditions adéquates pour gérer leurs équipes. Cela passe, par exemple, par le maintien d’un ratio de 1 à 7 ou 8 dans les métiers d’avocat et de conseil entre un associé et ses collaborateurs dits fee earners, à savoir dont le travail est directement facturé au client (Arendt compte quelque 600 fee earners sur 1.000 collaborateurs, ndlr). Ce ratio contribue, au quotidien, au maintien de la cohésion en interne. Nous devons aussi veiller à pérenniser la cohésion entre nos associés. Nous estimons que c’est un élément distinctif pour poursuivre la stratégie – et donc la croissance – de notre groupe en nous basant sur une communauté de 1.000 personnes, chacune rattachée à une communauté de plus petite taille que sont les équipes. Pour y parvenir, nous avons mis en place un programme de formation sur mesure pour nos associés, en collaboration avec la Saïd Business School de l’Université d’Oxford, dans la continuité d’un programme effectué par le passé avec l’Insead. L’associé d’aujourd’hui est-il différent de l’associé du passé ? Je dirais que le profil reste similaire. Il demeure l’expert qui est vraiment actif sur le dossier et en relation avec le client. À ces aspects « bu-

siness » est venu s’ajouter un volet de plus en plus important de soft skills de management. Car chaque associé doit aussi composer avec la vie d’une entreprise de 1.000 personnes, désormais. À mon niveau, je suis arrivé en 2000. Nous étions 100. Cette mutation s'est faite par paliers. Entre 2008 et 2015 à 600 personnes, la croissance a été plus lente en termes d’effectifs. Celle-ci s’est par la suite accélérée sous l’effet des nouveaux services complémentaires au métier historique d’avocat, et surtout de l’interaction entre les deux. Et le rôle du CEO ? Évolue-t-il en fonction de l’évolution de l’entreprise ? Dans une précédente interview, j’avais comparé le poste à l’exercice d’un équilibriste. L’image est toujours valable, mais le rôle devient de plus en plus complexe pour deux raisons. La première est que nous rajoutons à notre gamme des métiers nouveaux, à un rythme soutenu. La seconde est la complexité générée par la taille de notre groupe. Nos clients attendent désormais de notre part un même niveau de qualité qu’un cabinet qui emploie 10.000 personnes. Nous sommes sur la même clientèle que les plus grands cabinets internationaux. Le renforcement du département de gestion interne de nos projets, avec l’arrivée de nouveaux profils, s’inscrit dans cette démarche. Outre l’investissement dans la cohésion des équipes via les associés, les fonctions support s’avèrent donc déterminantes… Nous avons aussi fortement investi dans nos départements support pour gérer ce cap de 1.000 collaborateurs. Je pense à nos départe-

«  Le lieu de travail restera le bureau, quel que soit le métier existant chez nous. »

2015

2018 2020

ments IT, à notre project management interne, à notre business development, à nos ressources humaines… À partir d’un certain cap, vous vous devez d’adapter vos fonctions et services support. Nous devons investir beaucoup pour être à la hauteur de nos ambitions. Sur quels autres éléments se joue ce niveau de qualité élevé, tel que celui que peut fournir un cabinet de 10.000 personnes ? Globalement, je résumerais l’enjeu en deux points : processus internes et digitalisation de ces processus, via des plateformes, par exemple. L’un de nos plus gros projets concerne la digitalisation complète du processus de création d’un fonds. Ce qui nécessite tout d’abord de rassembler tout le savoir-faire en un endroit, de tenir compte des éléments réglementaires, de pouvoir adapter le processus pour différents types de fonds… d’où le besoin d’organiser de façon performante la gestion de ce type de projet. Un projet mené en interne ? Nous effectuons tous nos développements en interne, en nous appuyant sur l’expertise de la société Mobilu, spécialisée en digitalisation et en robotisation, dont nous avons pris le contrôle fin 2020. Cette approche nous permet de développer nos applicatifs sous l’égide d’une identité commune en nous assurant de construire des ponts entre chacun des applicatifs. Nous nous appuyons bien entendu sur certaines solutions existantes lorsque cela a du sens, comme l’intelligence artificielle de Luminance, la plateforme de recherche utilisée par les plus grands cabinets. Nous venons par exemple de développer en interne une plateforme de KYC/AML pour l’onboarding de nos clients. Plusieurs solutions nous avaient été présentées, mais aucune ne nous convenait, tant par rapport à la prise en compte des spécificités du marché luxembourgeois que pour des raisons propres à nos métiers. Ce qui nous a poussés à développer notre propre solution… qui intéresse d’ailleurs d’autres cabinets et sociétés de service en local.

2021 2022

Nouveau siège

Rebranding et 30 ans

Nouvelle double présidence

Reconnaissance

Nouveau cap

Le nouveau siège Arendt House est inauguré au Kirchberg. Toutes les équipes y sont rassemblées, à l’exception de celles d’Arendt Services.

Toutes les entités du groupe sous regroupées sous la marque commune « Arendt » à l’occasion des 30 ans du cabinet.

AManco voit le jour. Une partie des équipes d’Arendt emménagent dans le bâtiment Arendt 9 à Hamm. La même année, Philippe Dupont et Claude Niedner prennent la coprésidence d’Arendt.

Le cabinet est nommé European Law Firm of the Year 2020 par The Lawyer. « En plus d’une décennie, Arendt & Medernach a obtenu plus de classements de niveau 1 que tout autre cabinet d’avocats au Luxembourg », note le cabinet.

Le cap des 1.000 collaborateurs est franchi au niveau du groupe.

FÉVRIER 2022

27


Conversation Jean-Marc Ueberecken

Qu’est-ce que la cybersécurité induit dans votre activité ? Nous avons là aussi développé une offre non pas pour nous étendre à l’infini, mais parce que nous sommes convaincus que le volet juridique de cette problématique est beaucoup plus important qu’estimé. C’est un point sur lequel nos clients nous sollicitent régulièrement. Nous avons construit un savoir-faire technique pour répondre tout d’abord à nos besoins internes. Sur base de cet investissement, nous avons choisi de combiner cette expertise technique avec le volet juridique à destination de nos clients. Lorsqu’une entreprise est piratée, il est évidemment nécessaire de faire intervenir des experts informatiques, mais qu’en est-il des conséquences à gérer, sur le plan juridique ? Or, les responsables de l’entreprise disposent de 72 heures maximum après en avoir pris connaissance pour déclarer à la Commission nationale pour la protection des données d’éventuelles violations de données à caractère personnel, par exemple. Il y a donc un caractère d’urgence, et une nécessité de travailler de concert entre tous les experts (IT, DPO, avocats). L’origine géographique des clients va aussi influer sur les obligations de déclaration auprès des autorités compétentes. C’est parce que nous avons une entreprise de 1.000 personnes pour laquelle nous développons notre programme de cybersécurité interne que nous pouvons ensuite partager à l’extérieur une réponse qui intègre ces différents éléments techniques et juridiques. Ceci vaut aussi dans notre démarche KYC/AML. De la cybersécurité à la data, le lien est évident. Comment abordez-vous la gestion de la donnée ? Ce mot-clé me fait penser à organisation, consolidation et protection afin d’accéder aux données pertinentes, selon le besoin. L’enjeu est

d’accéder à la data là où elle se trouve pour l’intégrer dans le cadre des processus.

leur proposer d’épargner du temps, des ressources pour, in fine, se concentrer sur leur valeur ajoutée, leur cœur de métier. Outre un volet RH, ces services recouvrent donc aussi un aspect stratégique. Nous faisions déjà une partie de ce travail auparavant, mais sans avoir matérialisé et développé une offre de services clairement identifiée. Cette activité était plutôt, d’ailleurs, dans le giron des Big Four, jusqu’ici.

Le cabinet est dans une phase de consolidation de son offre et de sa stratégie. Qu’est-ce que ce terme recouvre ? Cela signifie tout d’abord que nous consolidons nos services en interne et en externe pour qu’ils demeurent suffisamment lisibles auprès de nos clients. Le cap des 1.000 collaborateurs est le fruit de notre stratégie, une stratégie unique au monde pour un cabinet d’avocats, mais qui n’est pas évidente à comprendre pour tous nos clients. Certains d’entre eux ne pensent pas forcément à recourir à un cabinet tel que le nôtre pour les services que nous offrons en complément de l’assistance légale. Nous allons consolider nos services autour de trois piliers : le cabinet d’avocats, les services aux entreprises et aux fonds chez Arendt Services, et les advisory and managed services dans la sphère réglementaire chez Arendt Regulatory & Consulting. La collaboration entre nos différents services au sein de ces trois piliers est primordiale, car tous ces services se touchent et interagissent. Nous misons en effet sur une forte intégration pour répondre aux besoins de nos clients.

Les outils digitaux sont indispensables pour ne pas devoir, à votre tour, recruter de manière exponentielle pour proposer des managed services… Les managed services ne peuvent en effet être viables que si nous disposons des bons outils et des processus éprouvés. Outre cet aspect économique, la digitalisation permet de g ­ érer le risque en uniformisant les procédures. C’est une réalité dans laquelle nous investissons ­depuis des années. Qu’est-ce qui vous distingue des Big Four, dans ce type de services ? L’approche est différente, nous sommes des avocats et non pas des auditeurs. Nous pouvons offrir l’ensemble du volet juridique. Or, les questions qui se posent en amont lors de la conception et de la mise en place de ces services opérationnels sont juridiques et souvent complexes. J’ajoute à cela que nous pouvons plus facilement prospecter de nouveaux clients sans devoir être confrontés à des problèmes d’indépendance comme peut l’être l’auditeur.

Des besoins qui vous poussent à imaginer d’autres services ? C’est vraiment le client qui nous pousse à en développer de nouveaux, à compléter notre chaîne de valeur par de nouveaux maillons. Quitte à être surpris nous-mêmes par les nouveaux champs d’action dans lesquels nous nous investissons, à l’instar de la compliance ou des managed services. Ces derniers se rapportent in fine au droit, mais par l’angle ­réglementaire, en allant jusqu’au volet opérationnel. Nos clients éprouvent clairement un problème de ressources humaines pour gérer les problématiques réglementaires là où nous pouvons

Outre ce type de services, comment gérez-vous la concurrence au sens large, d’ores et déjà existante ou en provenance d’acteurs étrangers qui s’établissent au Luxembourg ? La Place est assez grande pour tous, et nous ne craignons pas un véritable effet négatif de

UNE DIVERSIFICATION SUR QUATRE PILIERS Outre la structure du cabinet fondateur, le groupe Arendt s’appuie aujourd’hui sur trois autres piliers : Arendt Services Fondée en 2009, cette entité (disposant de l’agrément PSF) emploie quelque 230 personnes autour des services aux entreprises et aux investisseurs. On y retrouve des services de création d’entreprise et de conformité légale et fiscale. Un autre public cible est celui des gestionnaires d’actifs pour la fourniture de services de développement et d’administration de fonds et structures au Luxembourg.

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Arendt Regulatory & Consulting (ARC) Cette structure fondée en 2013, qui emploie presque 60 personnes, est dédiée aux conseils en matière réglementaire à destination du secteur des fonds, des gestionnaires d’actifs et des autres professionnels du secteur financier. On y retrouve aussi les managed services pour le compte de ses clients, à savoir la délégation de leurs obligations réglementaires.

Arendt Institute Le centre de formation créé en 2010 s’est développé au départ des besoins exprimés par les collaborateurs d’Arendt & Medernach, avant de s’étendre à l’extérieur. Dirigé depuis 2019 par Carole Houpert, l’institut occupe une place centrale dans le dispositif de formation continue des employés du groupe, ces derniers étant amenés, à des stades seniors, à intervenir à leur tour comme formateurs.


YOU ARE MISSING ONE THING TO BE AN INDUSTRY LEADER.


Conversation Jean-Marc Ueberecken

la concurrence. Nous le constatons à l’aune de l’augmentation, ces dernières années, de notre part de marché dans les domaines que l’on peut mesurer, comme les fonds d’investissement.

quelqu’un qui n’est pas anglophone, car nous avons opté pour l’anglais comme langue de communication en interne, et l’anglais est la langue dans laquelle l’immense majorité des dossiers sont traités.

Quels sont les pôles d’activité en forte croissance et qui génèrent les revenus les plus élevés ? L’activité des fonds alternatifs au sens large reste dans une dynamique très favorable, au ­Luxembourg et dans le monde. Même en maintenant son statu quo dans ce créneau, le ­Luxembourg devrait connaître une croissance de l’ordre de 10 % par an, ce qui n’est pas si évident à gérer, car cela implique d’avoir toutes les ressources humaines disponibles pour le faire. L’enjeu du recrutement et de l’investissement dans les collaborateurs s’illustre à nouveau ici.

Quels sont les freins au recrutement ? Nous nous développons avec des métiers qui ne sont que peu, voire pas représentés sur la Place. Je pense par exemple à la venue de ­Stéphanie Lhomme (voir ci-contre) pour développer notre offre de conseils Forensic, contre les fraudes et la corruption. Or, nous ne disposons pas de suffisamment d’experts sur ce sujet au L ­ uxembourg. Ce constat vaut aussi dans nos départements support. Avec notre taille, nous n’arrivons plus à trouver en local des ressources pour gérer une entreprise telle que la nôtre. Entre nos besoins, la concurrence entre employeurs et les ressources véritablement disponibles sur le marché, nous parlons d’un vivier de candidats relativement limité. J’ajoute à ceci la problématique des prix élevés dans l’immobilier qui ne sont plus contrebalancés par une attractivité fiscale pour les individus.

Qu’est-ce à dire ? Nous accompagnons nos collaborateurs en les formant avec une ambition : nous voulons rester des experts, quel que soit le métier que nous exerçons. C’est ce que le client attend de nous. Notre centre de formation – ­interne et externe – Arendt Institute occupe une place prépondérante à cet égard. Chaque collaborateur dispose – dès la première année – d’un programme de formation divisé en plusieurs chapitres de deux ou trois ans chacun, et dont le contenu épouse l’évolution de sa carrière. Le programme commence ainsi par les aspects liés à l’expertise du métier, en passant par les soft skills pour s’étendre jusqu’au développement personnel pour des grades ­seniors et managers, voire de futurs associés. Dans ce contexte, nous proposons aussi à nos collaborateurs des possibilités de mobilité interne assez étendues, y inclus des secondments chez nos clients. D’une manière générale, les profils que vous recrutez ont-ils changé ? Ils ont évolué en termes de compétences et d’origine. Il est évident que nous ne recrutons plus seulement des avocats ou des profils juridiques, loin de là. Par ailleurs, pour ce qui touche aux avocats, le candidat devait avoir fait ses études dans un des pays utilisant le Code civil, à savoir le Luxembourg, la Belgique ou la France. Ce n’est plus une réalité aujourd’hui. Nous n’hésitons pas à recruter une personne compétente, mais qui ne parle pas français, quel que soit le métier. À l’inverse, nous ne pouvons plus recruter

Avez-vous un message à adresser sur le sujet aux responsables politiques ? Je crois que tout le monde est conscient que l’immobilier est un énorme enjeu. Cela doit être une priorité absolue. Il faut construire plus. Vous mettez l’accent sur les services liés à la fraude ou à la corruption. Des problématiques qui recouvrent des aspects préventifs et réactifs. Quelle est l’approche à conseiller en cas de constatation d’une fraude ? Lorsque le client découvre une fraude, l’enjeu est la réactivité, et surtout la manière de réagir. En tant qu’avocat, le meilleur conseil que je puisse donner est de ne toucher à rien et d’appeler un expert. Tout ce que le client pourrait effectuer dans ce cas pourrait conduire à des conséquences fâcheuses. L’expert pourra analyser la situation avec un peu plus de recul et en étant dégagé d’un éventuel impact émotionnel. Une fois le constat passé, le travail d’investigation interne pourra être mené avec des outils ad hoc afin de remonter jusqu’à l’information permettant de déceler l’origine de la fraude. Ce travail de recherche est aussi valable en mode préventif lors de l’achat ou de la vente, par exemple, d’une entreprise pour mener une sorte de health check de l’entité.

«  La Place est assez grande pour tous. » 30

FÉVRIER 2022

UN CASTING SUR MESURE Pour répondre à l’évolution de ses services, Arendt poursuit le recrutement d’experts actifs sur la Place ou en provenance de l’étranger. Certains d’entre eux viennent rejoindre le partnership composé actuellement de 53 associés. Parmi les dernières arrivées, relevons :

Christian Heinen, comme CEO d’Arendt Services depuis le 1er décembre dernier. Le Belge remplace Olivier Hamou, toujours présent au sein du conseil d’administration. M. Heinen a occupé différents postes de direction dans le secteur des services aux fonds et entreprises sur plusieurs continents, chez Intertrust, puis chez IQ-EQ.

Afrique, Inde, Chine, Russie, France ou encore États-Unis, le CV de Stéphanie Lhomme s’étend sur plusieurs continents autour des questions d’investigation de fraude. Cette spécialiste en criminalité financière a rejoint le groupe en décembre dernier. La Française est à la tête des services d’en­quête Forensic et d’anticorruption au sein de la branche Arendt Regulatory & Consulting (ARC).

Julien Ganter a également rejoint ARC en octobre 2021. Le Français, ex-associé chez KPMG Luxem­bourg, est également devenu associé chez Arendt avec comme mission de développer, entre autres, les managed services et des services de conseil qui vont des aspects réglementaires, fiscaux et ESG à la définition de stratégies et de projets de transformation à grande échelle.

Paschalis Paschalidis a rejoint le groupe en tant que counsel en septembre dernier au sein du département consacré aux litiges et règlement des différends. Celui qui dispose des nationalités luxembourgeoise et grecque était précédemment référendaire du premier avocat général à la Cour de justice de l’Union européenne, Melchior Wathelet, et collabo­ rateur senior au sein des cabinets d’arbitrage international et de droit international public de Shearman & Sterling.

Sandrine Periot compte 25 ans d’expérience dans le secteur du conseil, notamment au sein de KPMG où elle était associée, avant de rejoindre tout récemment (janvier 2022) ARC en tant qu’associée. Avec son arrivée, Arendt veut renforcer son expertise en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le finan­ce­ment du terrorisme. La Française s’est spécialisée dans l’évaluation des risques, l’assistance dans la préparation d’inspections, l’assistance opérationnelle et la mise en œuvre de programmes d’atténuation et d’exercices de remédiation.


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Conversation Jean-Marc Ueberecken

Parmi les mots-clés récurrents dans l’actualité des entreprises, la diversité est souvent citée comme un enjeu pour pérenniser l’activité et asseoir la place de l’entreprise dans la société. Comment abordez-vous cette question ? Nous avons mis en place une stratégie, depuis fin 2016, pour travailler en profondeur sur le sujet. Dès le départ, nous avons choisi de ne pas l’aborder seuls, et donc de rechercher des partenaires. Nous avons en particulier été accompagnés par le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes, qui a mené un travail conséquent d’analyse de toutes nos données RH. La conclusion fut notamment qu’il n’existe aucune différence chez nous entre les salaires des femmes et ceux des hommes. Sur base de ce premier constat rassurant, nous avons souhaité analyser l’évolution des carrières, dont l’étape déterminante de la promotion. Aujourd’hui, nous comptons entre 60 et 75 % de femmes promues dans les différents grades, et ce depuis plusieurs années. L’étape ultime pour une structure comme la nôtre étant l’association, nous pouvons dire avec fierté que, depuis le 1er janvier 2017, nous avons nommé 16 associés en respectant une exacte parité. La promotion 2022 comportera trois femmes et un homme. Ceci illustre notre volonté concrète de modifier notre approche sur la durée et d’effacer les biais de nomination et surtout d’accession au partnership qui pouvaient exister dans le passé. Le changement à la tête d’une entreprise comme la nôtre en matière de diversité s’effectue sur plusieurs générations, car un associé peut le rester 30 ans. En revanche, ce que vous pouvez changer immédiatement, ce sont les promotions. Ce n’est pas un critère de sélection, mais c’est un objectif. Autre mot-clé qui s’avère être une tendance de fond pour l’avenir de l’économie et du monde dans son ensemble : la durabilité. Le sujet majeur pour le secteur des fonds est bien celui de l’ESG. Nous abordons ce sujet au quotidien depuis plusieurs années, bien avant que ces trois lettres entrent dans le langage courant de la Place. Il s’agit d’un changement qui concerne le cabinet dans son ensemble, également les managed services. Les obligations qui découlent et vont découler de ce nouveau cadre nécessitent le conseil d’experts, au risque de se voir sanctionnés lourdement par le régulateur, comme on a déjà pu le lire dans certains pays. Comment abordez-vous votre « responsabilité climatique » ? Nous ne sommes pas dans une activité très polluante, mais c’est néanmoins un sujet qui nous tient très à cœur. Dans chaque décision que nous prenons, cette responsabilité est un filtre. Il est de fait intégré dans notre stratégie ­Sustainability. La construction de notre siège 32

FÉVRIER 2022

avait d’ailleurs déjà été totalement compensée en termes de CO2. Nous avons, entre-temps, acheté huit véhicules électriques pour nos déplacements courts, une navette électrique circule entre nos deux bâtiments, nous avons installé 47 bornes de recharge… Cette action sur le fond passe par une évaluation de notre impact en termes de CO2, une analyse poussée de nos déplacements et, en parallèle, par des actions de change management dans le comportement de chacun au bureau pour réduire son impact personnel.

FAST & CURIOUS Thé ou café ? Ni l’un ni l’autre Rock ou classique ? Rock Électrique ou thermique ? J’hésite. Un peu plus thermique, mais l’électrique me plaît aussi Vin ou bière ? Vin Oesling ou Minett ? Oesling Vegan ou carnivore ? Carnivore Matinal ou noctambule ? Les deux Retrouvez l’interview vidéo Fast & Curious de Jean-Marc Ueberecken sur paperjam.lu.

Vous étiez intervenu, en mars 2016, lors de la soirée 10x6: Business advice from 10 lawyers organisée par le Paperjam + Delano Club. Votre discours sur scène portait sur l’avance prise par la « disruption » technologique sur les éléments du droit. D’où pourrait venir la disruption dans vos métiers aujourd’hui ? On peut considérer que le client n’est pas face à des problèmes légaux, mais face à des résolutions de problèmes. La disruption vient de ce constat. Nous pouvons nous-mêmes ­représenter cette disruption ou la provoquer via de nouveaux services. Nous ne pouvons plus fournir des services qui sont indépendants les uns des autres. Tout est interconnecté, comme nous le constatons lorsque nous traitons des problématiques ESG. Y aura-t-il une disruption émanant de l’intelligence artificielle dans le métier d’avocat ? Je n’y crois pas trop, car, sans vouloir utiliser une formule éculée, c’est un métier qui reste centré sur l’humain. L’interaction avec le client est primordiale. Votre client est un humain. La confiance est clé. Cela dit, la technologie peut nous aider à consulter des millions de documents pour en extraire une information pertinente. Encore faut-il traiter cette information à bon escient. Comment garder confiance, en ce début d’année, dans l’économie et dans la capacité de la collectivité et des leaders politiques à sortir de cette crise par le haut ? Il faut tout d’abord avoir confiance dans l’entreprise en tant que collectivité et dans sa ­capacité à gérer le changement. Cette crise nous a montré que l’on ne sait pas anticiper tous les changements à venir, mais nous pouvons penser raisonnablement que nous parviendrons à y répondre. Les différentes phases de la crise nous l’ont montré également. Concernant la crise, nous pouvons avoir confiance dans le fait que le Covid va devenir endémique. Quant aux leaders politiques, la confiance à leur égard dépendra de leur propension à être honnêtes, transparents, à fixer un cap, une ligne claire et surtout simple. Le manque de lisibilité des règles contre la propagation de ce virus peut nuire à la confiance et, d’une certaine manière, à la crédibilité des décideurs durant la période que nous traversons.


Data-ESG ou Data vs. ESG ?

PUBLIREPORTAGE

Les thématiques ESG sont indissociables de celles de la donnée. En effet, les acteurs financiers se doivent de collecter, traiter et reporter des données pour développer de nouvelles stratégies et respecter les exigences réglementaires. La problématique de la donnée ESG se ressent chez la plupart des acteurs financiers du fait de sa nécessaire intégration dans l’ensemble des activités et processus. De l’évaluation des investissements à la réalisation des rapports, les acteurs doivent collecter, intégrer et traiter de la donnée liée à l’ESG tout en s’assurant que celle-ci soit à jour, disponible et de qualité. Afin d’y parvenir, ils se doivent de prendre en compte des sources de données multiples et variées. Emerge de ce fait la nécessité de centraliser les besoins des acteurs internes et donc d’accroître la collaboration entre les services grâce à l’élaboration d’une gouvernance adaptée. Nous préconisons le développement d’une infrastructure dédiée au sujet, de même qu’un data management ESG parallèlement au data management existant, comme constaté chez les plus gros acteurs du marché. Etant donné la tendance actuelle des réglementations européenne et luxembourgeoise en matière d’ESG et de climat, l’appropriation de la donnée apparaît non seulement nécessaire, mais plus encore essentielle et déterminante. Il est indéniable que la collecte de ces données engendre et engendrera des frais élevés pour l’ensemble des acteurs financiers. Au-delà du coût d’acquisition de ces données, cela génère également un impact humain et organisationnel conséquent afin de les utiliser à bon escient. Actuellement, ces coûts représentent des risques voire des freins pour les acteurs financiers. Afin de pallier cette problématique, l’UE entend instaurer un Point d’Accès Unique Européen (PAUE) pour les données des sociétés cotées. Il sera alors possible pour les investisseurs d’avoir accès en un point unique à l’entièreté des données financières et extra-financières découlant des obligations réglementaires pour les sociétés cotées, ce qui permettra de réduire les coûts d’acquisition des données.

« La donnée au cœur de la problématique ESG ». L’ensemble des services couverts par 99 Advisory.

« En effet, selon une étude récente, moins de 50% des acteurs maîtrisent la donnée liée à l’ESG » Si cette solution est envisageable à moyen terme, cet outil n’est pas encore opérationnel, d’où l’inévitable augmentation du coût d’acquisition des données dans l’immédiat. Néanmoins, ils se doivent aujourd’hui de supporter ces coûts au regard des différentes exigences règlementaires européennes et nationales. Toutefois, nous estimons qu’une bonne gestion des données ESG engendre des opportunités tant internes qu’externes à l’organisation. D’une part cela permet en interne : (i) d’attirer des talents, (ii) de modéliser de nouvelles stratégies d’investissements, (iii) de verdir ses propres activités d’entreprise et (iv) d’adopter une approche adaptée à la stratégie de cette dernière.

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D’autre part cela concerne en externe : (i) la création et/ou le développement d’une image de marque en tant qu’acteur financier œuvrant pour l’environnement, (ii) la mise à disposition de produits réellement alignés aux besoins des clients, et (iii) la conformité quant aux exigences réglementaires. De ce fait, les acteurs ont tout intérêt à prendre en considération les données ESG et à adopter une réelle démarche responsable au regard de l’évolution et du renouvellement de la clientèle, de plus en plus sensible à ces sujets. Fort de ses expertises en ESG et gestion de la donnée, 99 Advisory est un acteur incontournable sur ces sujets. Ainsi, nous sommes en mesure de vous accompagner sur l’ensemble des problématiques liées à la Data-ESG.

Contacts : Axel BARREAU – Assistant Manager axel.barreau@99-advisory.com Clara LHOMME – Consultante clara.lhomme@99-advisory.com


La mutation du marché de l’emploi entraîne un besoin de formation pour résorber le chômage de longue durée, explique Isabelle Schlesser.


Conversation Isabelle Schlesser

« Tout le monde recherche les mêmes profils» Si le taux de chômage a retrouvé son niveau d’avant-crise, Isabelle Schlesser, la directrice de l’Adem, demeure préoccupée par la situation dans certains secteurs, comme l’horeca. Elle veut également remédier au nombre – encore trop important – d’offres d’emploi non pourvues, faute de profils disponibles. Interview IOANNA SCHIMIZZI

Photo GUY WOLFF

Le chômage a retrouvé des niveaux d’avant-crise, pointant à 5,2 % fin décembre, un taux qui est même en dessous de celui connu avant l'arrivée du Covid-19… Comment percevez-vous cette bonne nouvelle ? C’est en effet une très bonne nouvelle, surtout que la baisse du chômage s’est faite rapidement, et même, durant les mois précédents, nous n’étions pas loin du niveau d’avant-crise. S ­ urtout, la situation s’est vraiment améliorée chez les jeunes, pour qui le chômage avait crû encore plus rapidement que le chômage en général.

première explication, qui, si elle était la seule, ne serait pas grave, parce que l’on résorberait vite le bouchon. Une autre explication tient dans la mutation du marché de l’emploi. Des profils comme les activités de back-office, d’encodage, d’assistance administrative sont très recherchés, mais ils ont profondément évolué. Ils exigent désormais de grandes compétences digitales, que les personnes qui perdent leur emploi n’ont pas forcément. C’est là que nous intervenons, avec des bilans de compétences, des formations ou des mesures pour l’emploi pour, au moins, garder les gens actifs.

Pourquoi les jeunes étaient-ils plus impactés ? Nous observons ce phénomène à chaque crise. Ce sont souvent les jeunes qui sont en CDD, et ces CDD ne sont pas forcément renouvelés lorsqu’une crise survient. Et surtout, il n’y avait pas d’offres d’emploi. Désormais, nous avons des niveaux records d’offres. Nous n’avons jamais vu ça. La grande question à présent, avec cette nouvelle vague et le variant Omicron, est de voir si, malgré tout, les entreprises vont vouloir continuer à recruter dans tous les secteurs. Ou est-ce qu’au moins pour certains secteurs, comme l’horeca, qui venait de bien redémarrer, il y aura à nouveau un stop dans les prochains chiffres que nous publierons ?

On peut parler de phénomène global en ce qui concerne les profils liés à la digitalisation…

Le chômage longue durée continue, lui, à rester élevé. Comment l’expliquez-vous ? Une explication relève un peu de l’embouteillage qui s’est créé pendant la pandémie. Comme il n’y avait pratiquement pas de sorties, mécaniquement, les demandeurs d’emploi le sont restés 4-5-6 mois de plus ; et on devient vite chômeur de longue durée chez nous, puisque c’est à partir d’un an d’inscription. C’est une

BIO EXPRESS Naissance Isabelle Schlesser est née le 3 juillet 1973 à Luxembourg. Études Elle est titulaire d’un master 2 en droit européen, obtenu à l’Université de Rennes 1. Carrière Isabelle Schlesser fait ses premiers pas dans le monde du travail comme conseillère juridique, avant de rejoindre Luxinnovation en 1999, où elle deviendra plus tard secrétaire générale. Elle reste à ce poste jusqu’à l’été 2012, où elle se voit proposer d’abord le poste de directrice adjointe de l’Adem, puis, quelques mois plus tard, celui de directrice. En juillet 2016, elle est nommée membre du Conseil d’État. Elle est également membre du conseil d’administration du FNR et des CFL.

C’est un problème qui concerne l’Europe, voire le monde entier. Il n’y a pas assez de personnes qualifiées dans ces secteurs sur le marché du travail, et il y a un énorme besoin dans le cadre des projets de digitalisation, dans le privé comme dans le public. Tout le monde cherche les mêmes profils. On ne peut pas les multiplier du jour au lendemain. Au niveau des écoles, des efforts ont tout de même été faits pour orienter les jeunes vers ces secteurs. Mais il faut attendre qu’ils soient formés. Plus globalement, quels secteurs sont concernés par la pénurie de main-d’œuvre ? Presque tous sont touchés, mais les profils liés aux nouvelles technologies, qu’il s’agisse du développement informatique ou de la gestion de projets informatiques, sont très recherchés. Nous observons aussi un manque au niveau du secteur financier, des profils expérimentés et spécialisés comme des comptables de fonds. Et puis, jusqu’au mois de décembre, nous avions aussi des pénuries dans le domaine de l’horeca. D’autres secteurs sont en souffrance ? Oui, tout ce qui concerne l’artisanat, notamment. Les électriciens, mécaniciens, installateurs chauffage-sanitaire, bouchers, etc., sont des denrées rares. Il y a des jeunes qui se dirigent vers l’artisanat, mais pas suffisamment pour couvrir les besoins. Ces secteurs embauchent aussi beaucoup de frontaliers… Tous les secteurs recrutent des frontaliers, mais eux non plus ne peuvent pas être multipliés. Il faut aussi voir la situation de l’emploi dans la Grande Région. L’emploi va mieux. En Allemagne, c’est le plein emploi ; en France et en FÉVRIER 2022

35


Conversation Isabelle Schlesser

COLLABORATION

Ce qui renvoie à la difficulté de faire correspondre offres et demandes d’emploi… Si je disais précédemment me réjouir de voir le chômage revenir à un niveau d’avant-crise, il y a tout de même 15.000 personnes qui sont à la recherche d’un emploi, donc il faut absolument, par la formation, essayer de faire correspondre l’offre et la demande, parce que c’est ça, le gros problème. Chaque mois, nous avons à peu près 2.000 à 3.000 personnes qui s’inscrivent à l’Adem, et l’équivalent qui en sort. Mais ce ne sont pas toujours les mêmes personnes. Le nombre de postes vacants déclarés à l’Adem est très élevé. Au cours du mois de novembre 2021, les employeurs ont déclaré 3.527 postes vacants, ce qui correspond à une hausse de 38,9 % par rapport à novembre 2020. La dynamique constatée ces derniers mois s’est donc poursuivie, et le nombre de postes disponibles s’établit à 10.452. La progression sur un an est de 59,2 %. Le secteur du nettoyage recrute beaucoup. Or, c’est le métier le plus représenté parmi les demandeurs d’emploi. Comment l’expliquez-vous ? Nous avons effectivement beaucoup de personnel de nettoyage qui est inscrit chez nous, et on a beaucoup d’offres d’emploi dans ce secteur, mais cela ne colle pas toujours au niveau des disponibilités horaires, ou en termes de mobilité. En effet, si ces personnes n’ont pas de voiture ou de permis de conduire et qu’elles doivent aller travailler dans une zone industrielle à 4 h du matin, ce n’est pas possible.

L’Adem peut-elle agir dans ces cas-là ? Oui, on va intervenir pour payer le permis de conduire, mais même avec le permis, on n’a pas toujours de voiture. Souvent, on dit qu’il y a plusieurs freins à l’emploi, et il faut enlever un frein après l’autre. Donc ce n’est pas aussi simple que de dire « on a une personne qui veut travailler, un poste qui correspond, donc cela va coller ». Il y a aussi le problème particulier des langues au Luxembourg… Oui, elles sont extrêmement importantes, et ce ne sont pas les mêmes langues selon les secteurs. Pour rester dans le domaine du nettoyage, on pourrait penser que les langues ne sont pas importantes, mais ce n’est pas vrai. Nous avons beaucoup d’entreprises du secteur qui exigent un niveau de français au moins basique en raison des consignes de sécurité et de santé au travail. Si vous ne savez pas lire un panneau qui explique la dangerosité de certains produits,

LE POIDS DU CHÔMAGE DE LONGUE DURÉE Les chômeurs inscrits à l’Adem depuis plus de 12 mois tombent dans la catégorie « de longue durée ». Leur nombre a baissé de 12,4% sur un an. Néanmoins, ces derniers représentent toujours 51 % des demandeurs d’emploi résidents disponibles. Taux de chômage Pourcentage de chômage longue durée parmi les demandeurs d’emploi 16-29 ans 30-44 ans 45-64 ans Répartition des demandeurs d’emploi globaux selon l’âge :

60 %

43,7 %

40 %

36,6 % 37,2 %

33,7 %

20 %

19,1 %

29,7 %

4,40 % 0

36

4,10 %

5,90 % 5,80 %

6,20 % 5,60 %

2007 2008 2009 2010 2011

FÉVRIER 2022

7 % 7 %

6,30 % 6,70 %

5,20 % 5,80 %

6,40 % 5,40 %

5,30 %

2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

cela pose un vrai problème de sécurité. C’est pour cela que l’on offre depuis trois ans des cours de français intensifs à visée sectorielle, payés par le Fonds pour l’emploi, qui visent notamment le secteur du nettoyage. Le français est la langue usuelle sur le marché du travail. Mais des spécificités persistent-elles selon les secteurs ? Le luxembourgeois est très demandé dans le secteur public et la santé. L’allemand est beaucoup demandé dans l’artisanat et dans certaines entreprises industrielles. Dans d’autres industries, cela va être le français ou l’anglais. De manière générale, c’est le français qui est le plus utilisé sur le marché. L’anglais est très utilisé dans le secteur financier ou dans la consultance, mais à un certain niveau. Pour des postes moins qualifiés, le français suffit souvent. Or, un certain nombre de demandeurs d’emploi ne parlent aucune de ces langues. Nous nous réjouissons de notre actuelle coopération avec l’Institut national des langues. Des contacts sont également en cours avec le Service de la formation des adultes pour des cours d’alphabétisation. Quelles conséquences la pandémie a-t-elle eues sur vos activités ? Un pourcentage élevé de nos salariés était en télétravail, mais pas la totalité. Nous avions toujours des personnes sur place en cas d’urgence, et des services qui ne peuvent pas être prestés à distance. L’ordre des projets de digitalisation a été chamboulé, comme dans le cas du chômage partiel, pour lequel nous sommes passés de 15 à 16.000 dossiers en un mois. Et comme cette digitalisation s’est bien passée, elle a permis à d’autres aides financières de pouvoir être digitalisées beaucoup plus vite. La pandémie a aussi entraîné des changements dans les processus de travail, dont certains ont été maintenus. Auparavant, le demandeur d’emploi devait venir physiquement s’inscrire et revenir après pour l’indemnité de chômage. Maintenant, tout ce qui concerne l’indemnisation se fait à distance. Le télétravail reste dans la pratique, mais on a aussi beaucoup de conseillers en front-­office. C’est important de garder l’accompagnement en présentiel. Que retirez-vous, globalement, de cette expérience ? Nous avons beaucoup appris de cette crise, la situation a soudé les équipes. Cela a aussi été dur pour ceux qui ne pouvaient pas télétravailler. Les salariés qui sont en contact direct avec les demandeurs d’emploi ont des ­rendez-vous en continu toute la journée. C’est un travail difficile, et pendant la pandémie, ils rencontraient beaucoup de gens vraiment désespérés, qui étaient sans emploi et, à certains moments, sans ressources. Et quand vous ne voyez aucune annonce d’emploi, il faut quand même gérer ce désarroi.

Adem - chiffres arrêtés au 30 novembre de chaque année

Belgique, la situation s’améliore aussi. Et tout le monde cherche les mêmes profils. Autant de bouchers sont recherchés en Lorraine que chez nous. La seule solution, c’est d’en former plus et sans doute d’en attirer de plus loin. La Grande Région ne suffit plus à elle seule à combler tous les besoins aujourd’hui.

Source

Pour organiser ses formations sur mesure et correspondant aux besoins de différents métiers, l’Adem collabore avec tous les grands instituts de formation du pays, publics ou privés, voire avec des entreprises, pour coller au mieux à la réalité du terrain. Un de ses partenaires est le CNFPC (Centre national de formation professionnelle continue) à Esch-surAlzette, ou encore l’Institut national des langues. Pour Fit4Coding Jobs, elle collabore avec une société privée, NumericAll. La House of Training (Chambre de commerce), la Chambre des salariés, la Chambre des métiers, l’Institut de formation sectoriel du bâtiment et les Centres de com­pé­tences de l’artisanat sont aussi sollicités. « Un autre exemple concerne les chauffeurs de bus, profil pour lequel il y a un énorme besoin. Pour y répondre, nous avons mis en place un pool avec plusieurs entreprises du secteur routier, pour qui nous formons les demandeurs d’emploi. Ici, c’est le CNFPC qui assure l’organisation de la formation », explique Isabelle Schlesser.


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Intensive courses in French


Claude Turmes veut sortir de l’ère fossile notamment via le réamé­ nagement des espaces urbains, comme ici à la Cloche d’Or.


Conversation Claude Turmes

« Face à l’urgence climatique, l’aménagement du territoire doit être réinventé » Lancée en juin 2020, la consultation internationale Luxembourg in Transition vise à orienter la politique territoriale pour les 30 ans à venir. Le ministre de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire, Claude Turmes (déi Gréng), dévoile les enjeux de ce sujet stratégique pour l’avenir du pays. Interview CÉLINE COUBRAY

Quels sont le contexte et la raison de cette consultation ? Il y a deux contextes. Le premier est institu­ tionnel : le dernier document chapeautant l’aménagement du territoire, le Programme directeur d’aménagement du territoire (PDAT), date de 2003 et avait comme horizon 2020. Nous écrivons actuellement la vision pour 2050, avec une étape intermédiaire en 2035. Ce PDAT est un document conceptuel très important et a des répercussions transversales sur de nombreux domaines, comme la mobi­ lité, l’urbanisme ou l’agriculture. L’autre contexte est climatique et écologique, avec le défi du zéro-carbone et la prévention de la perte de la biodiversité, sous-tendue par la question de la zéro artificialisation nette. L’aménage­ ment de ces 50 dernières années n’avait mal­ heureusement pas intégré la dimension climatique et a largement permis l’imperméa­ bilisation des sols. Face à l’urgence climatique et à la perte de biodiversité, l’aménagement du territoire doit se réinventer pour mettre ces contraintes au centre de ses préoccupa­ tions. Par ailleurs, le Covid-19 a souligné l’im­ portance de notre relation à l’environnement naturel et notre dépendance aux ressources provenant de la Grande Région, qu’elles soient humaines ou matérielles. Ce bassin de vie de l’économie luxembourgeoise, qui dépasse nos frontières, doit être mieux pris en compte dans notre aménagement du territoire. Et pourquoi la forme d’une consultation ? À l’occasion d’une présentation sur le Grand Genève 2050 réalisée par Florian Hertweck,

Photo MATIC ZORMAN

je me suis dit que ce territoire était compara­ d’autres régions transfrontalières. Nous sommes ble en plusieurs points à la situation du Luxem­ aussi en contact avec les équipes du nouveau bourg et que nous pourrions nous inspirer de Bauhaus européen (un projet qui vise à accéleur expérience. Mais nous avons préféré lérer la transformation de divers secteurs écomettre en œuvre la forme de la consultation nomiques, tels que la construction et le textile, à celle du concours pour avoir plus de colla­ afin de fournir à tous les citoyens un accès à boration entre les équipes choisies. C’est un des biens circulaires et à moindre intensité en processus créatif et intellectuel dont je suis carbone, ndlr) pour insérer pleinement notre très satisfait et qui a d’ailleurs attiré l’atten­ projet dans cette démarche. Grâce à cette tion de la Commission européenne avec qui consultation, nous allons développer un pro­ nous travaillons sur un projet pilote pour gramme qui mettra en pratique ces idées d’avant-garde et nous permettra d’avancer efficacement pour répondre aux défis.

UN PROCESSUS EN PLUSIEURS ÉTAPES La consultation internationale lancée au printemps 2020 par le département de l’aménagement du territoire du ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire a permis de retenir, sur 30 candidatures, quatre groupements multidisciplinaires (architectes, urbanistes, spécialistes de sciences sociales) pour imaginer le futur décarboné et résilient du pays et de son espace transfrontalier. Avec 2050 comme date butoir pour atteindre les objectifs. Il s’agit de déterminer les lignes directrices à adopter pour créer le cadre de vie des 30 prochaines années. Au vu des recherches transmises et des évaluations effectuées, il a été décidé de retenir non pas une, mais quatre équipes qui travaillent chacune sur des points forts qui ont été identifiés.

Le Luxembourg, à l’instar d’autres pays et régions dans le monde, doit drastiquement réduire son empreinte carbone. Actuellement, une personne au GrandDuché produit en moyenne 24,5 tCO2e/an (données pour 2018 fournies par Exiobase, ndlr) alors que la moyenne mondiale est de 4,92 tCO2e/an par personne. Nous avons donc besoin de 10,5 fois les capacités de production du pays pour subvenir de manière durable à nos besoins. Et si nous ne faisons rien, il faudrait 13,8 Luxembourg pour compenser l’empreinte carbone de la population en 2050. Connaissant cet état des lieux, quels objectifs voulez-vous atteindre ? Nous avons dix ans pour gagner la bataille climat. Sur le chemin vers le zéro-carbone, nous avons cette borne intermédiaire d’une réduction d’au moins 55 %. Pour arriver à cela, nous pouvons nous appuyer sur les techno­ logies vertes, comme les voitures électriques FÉVRIER 2022

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Conversation Claude Turmes

Les quatre équipes qui ont participé à la dernière phase de la consultation ont rendu leur rapport. Le fruit de ce travail est présenté le 27 janvier. Pouvez-vous faire ressortir quelques points saillants de ces travaux ? rassembler une masse critique suffisante pour Les premiers rapports qui ont été remis, dans y installer une épicerie ou un café. Grâce à cette les étapes intermédiaires, étaient très concep- première étape, il est possible, par la suite, de tuels. Pour cette dernière étape, nous voulions libérer de la place dans le quartier et de créer du concret. Pour cela, nous avons proposé un environnement plus convivial et décarboné. aux équipes de travailler sur différentes zones : une zone Steinfort/Audun-le-Tiche en pas- Quelles sont les idées qui ont été sant par Bertrange, la Cloche d’Or, Foetz et développées pour la Cloche d’Or, Esch-sur-Alzette ; une autre concerne la Nord­ quartier qui est d’ailleurs toujours en construction ? stad et une autre la région d’Esch-sur-Sûre. Le groupement composé autour des Fran- Ils ont proposé de densifier les bâtiments exisçais d’Arep a travaillé sur le vieux Gasperich, tants, mais surtout, avec l’arrivée du tram, ils la Cloche d’Or et Kockelscheuer pour l’inte- ont repensé les routes, en créant des trottoirs raction avec la nature qui est très importante bien plus larges, avec des aires de jeux, des à mes yeux pour les citadins. À Gasperich, ils jardins collectifs. Et faire que ce quartier ausont développé la question de la rénovation des tère de l’aire fossile devienne un quartier vivant quartiers existants qui est un vrai casse-tête et tourné vers l’humain. Par ailleurs, je les ai pour ne pas perdre les habitants, tout en créant poussés aussi à travailler sur la jonction entre de nouvelles opportunités de logements. Ils la ville et la nature en regardant précisément proposent, par exemple, de commencer la la liaison – inexistante aujourd’hui autrement rénovation en créant un silo pour y garer les que par la route – entre la Cloche d’Or et voitures des nouvelles habitations sans gara­- ­Kockelscheuer. Ils ont aussi proposé l’idée ge et pouvoir supprimer des places de parking géniale d’installer, autour des halles de La en surface. De plus, ces silos permettent de ­Provençale, un site de production maraîchère.

« Un concept que je voudrais vraiment appliquer : le transfert des droits de développement. » 40

FÉVRIER 2022

Parmi les acteurs locaux qui ont participé à cette consultation, il y a le groupement composé autour de l’Université du Luxembourg. Quelles sont ses idées ? Ce groupement a travaillé sur la rénovation urbaine en centre-ville, à Esch, ainsi que sur un projet pour transformer la zone commerciale de Foetz en un nouveau quartier mixte desservi par le tram rapide et qui pourrait devenir un projet pilote pour l’économie circulaire. Une des idées qu’ils ont aussi développées est la mutation des stations essence qui deviennent caduques avec l’e-mobilité et une autre sur le potentiel des terres fertiles qui sont situées le long de la route d’Arlon, à Luxembourg. La grande échelle fait aussi partie de la réflexion, avec notamment les travaux de MVRDV. Pouvez-vous nous résumer leur proposition ? Ce groupement a porté sa réflexion sur la zone entre Luxembourg et Arlon, et plus particulièrement à Steinfort, pour savoir que faire avec ces villages périphériques à la capitale qui sont actuellement des villages-­dortoirs où beaucoup ont été lotis en zone inondable. Ils se sont aussi penchés sur le cas d’Esch-surSûre. Cette région est compliquée car, depuis les années 1960, on les prive d’un certain développement pour protéger le capital naturel et lié à l’eau, mais l’État n’a jamais proposé d’autres mesures compensatoires. Ils soutiennent l’idée que cette région peut devenir productive au niveau agraire, mais aussi au niveau énergétique, tout en proposant une nouvelle offre touristique qui permettrait par ailleurs d’inciter à plus de séjours locaux pour les loisirs, et donc contribuerait à faire diminuer l’empreinte carbone liée aux déplacements en avion pour les courtes escapades de détente. Un des défis du Luxembourg est aussi de créer des endroits attractifs avec une infrastructure de tourisme vert adaptée. Il reste donc un groupement, celui mené par 2001. Quelles sont ses idées ? Ce sont des réflexions qui, conceptuellement, sont d’un très haut niveau. Ils ont développé leurs idées autour de la thématique Soil & ­People. Ils ont travaillé sur la zone de la Nord­ stad, à Bettendorf, qui souffre d’un manque d’infrastructures et d’emplois par rapport au nombre d’habitants, et également dans le Sud à Helfent. Ce groupement a proposé un concept que je voudrais vraiment appliquer : le transfert des droits de développement, un principe qui vient des États-Unis et qui évite l’éparpillement urbain des villages pour reconcentrer le développement là où cela a du sens. Le principe est de proposer aux propriétaires fonciers un échange de propriétés pour densifier des

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UN COMITÉ CITOYEN Dans une volonté de démocratie participative, Claude Turmes a souhaité qu’un comité de citoyens soit associé au processus de réflexion et puisse s’exprimer sur les orien­ tations envisagées. Ces 30 personnes, sélectionnées avec l’aide de TNL Ilres, ont suivi dans un premier temps une formation continue sur les thématiques abordées telles que la mobilité, le logement, la gestion de l’eau, les infrastructures, la biodiversité… À la suite de cela se sont déroulées des séances de travail au cours desquelles le groupement débattait des différents sujets. Ces citoyens ont également eu l’occasion de s’entretenir avec les équipes multidisciplinaires sélectionnées pour discuter de leurs propositions. Ce Biergerkommitee Lëtzebuerg 2050 a également eu la possibilité de rédiger des propositions pour atteindre la neutralité carbone en 2050, qui aideront à la formulation du Programme directeur d’aménagement du territoire.

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ou les pompes à chaleur, mais cela ne suffira pas. Il faut aussi des changements de comportement sociétal. Or, l’aménagement du territoire doit rendre possible et inciter ces changements. Si j’habite dans un quartier où tout est planifié pour la voiture, je vais être enclin à utiliser mon véhicule. Par contre, si je vis dans un quartier où il y a de larges trottoirs, des pistes cyclables sécurisées, des services et commerces à proximité, je vais plus facilement me déplacer autrement. Cela est valable aussi pour la nourriture. Si je veux que les citoyens se réapproprient leur alimentation, il faut ramener la production maraîchère dans les villes. L’aménagement du territoire est un catalyseur des changements de comportements sociétaux dont j’ai besoin pour avoir une chance d’aller vers le zéro-carbone, en créant des infrastructures vertes (nature), bleues (eau) et jaunes (social).


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Conversation Claude Turmes

Tout ceci reste pour le moment théorique. Pensez-vous parvenir à mettre en œuvre ces idées à court ou moyen terme ? C’est le défi qui est devant nous : le passage de la consultation à la réalité sur le terrain. Après la réunion de clôture officielle, le 27 janvier, qui rassemble déjà un grand nombre de personnes, nous allons réaliser un catalogue et une exposition itinérante à partir de mai. De plus, les différentes idées seront présentées aux communes concernées. Et tout ce travail aboutira à l’écriture du nouveau programme directeur qui devra permettre de développer le territoire luxembourgeois dans une vision zéro carbone.

De la vision à la transformation sur le terrain Luxembourg in Transition concerne l’ensemble de l’aménagement du territoire du pays et de sa zone frontalière d’ici 2050. Avec l’ambition de faire correspondre développement urbain et développement durable. Présentation.

Helfent

Le groupement dont le chef de file est 2001 propose une autre vision des villes éloignées de la capitale : les espaces au pied des immeubles sont utilisés pour des usages mixtes parking-commerces, les immeubles en bois proposent des espaces de vie généreux et une alternative de qualité aux maisons isolées unifamiliales. Des zones paysagères pré­servées vont devenir des environnements de loisirs.

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e/m

Cloche d’Or

Le groupement d’AREP propose de repenser les espaces publics de la Cloche d’Or en y introduisant des services et commerces en rez-de-chau­ssée, des trottoirs agrandis, des aires de jardins et jeux partagés le long de nouvelles pistes cyclables. Les immeubles ne sont pas oubliés, et certains espaces de bureaux sont transformés en logements et les toits accueillent des instal­ lations photovoltaïques.

Foetz

Le groupement mené par l’Uni propose de transformer la zone commerciale de Foetz en un nouveau quartier durable, mixte et conçu selon les principes de l’économie circulaire. C’est ainsi que le rondpoint existant qui permet d’accéder à la zone d’activités pourrait devenir un espace partagé par les piétons, cyclistes et bus électriques, connecté au nouveau quartier de Foetz.

Photos

Luxembourg in Transition intègre donc la dimension transfrontalière plus large que nos propres frontières. Comment allez-vous associer les acteurs des différents pays voisins dans cette vision du territoire ? Avec qui le projet devrait-il se développer ? Le travail résultant va être présenté aux différents ministres en charge de l’aménagement du territoire de la Grande Région, et nous allons aussi rencontrer les bourgmestres des différentes villes voisines de nos frontières, car nous avons besoin d’une coopération structurelle avec les communes qui sont dans notre zone fonctionnelle. Nous disposons heureusement d’un outil performant dans le nouveau programme Interreg Grande Région, sur les coopérations transfrontalières de communes, qui va nous permettre de structurer les c ­ oopérations aussi bien côté français qu’en ­Rhénanie-Palatinat, ou avec la Communauté germanophone de Belgique. Ceci est essentiel, car l’avenir de notre économie dépend de notre capacité à attirer de nouveaux talents. Or, ces nouvelles personnes ne pourront pas toutes avoir accès à un logement abordable au Luxembourg et iront habiter aux frontières. Nous devons donc assurer une bonne qualité de vie, et d’urbanisme, dans la ceinture proche du Luxembourg. La métropole Esch-Audun est développée dans ce sens, en conjuguant les recherches faites pour Luxembourg in Transition, mais aussi Esch-Schifflange ou encore l’Internationale Bauausstellung. Car il faut bien prendre conscience que le modèle actuel de navetteurs n’est pas viable à long terme, ni écologiquement, ni humainement. Notre attractivité doit revenir par un urbanisme de qualité au Luxembourg, mais aussi sur les territoires frontaliers.

Projections

Luxembourg in Transition

zones déjà urbanisées. Cela permet de créer une masse critique intéressante pour la vie du village sans dénaturer son paysage.

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FÉVRIER 2022


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Conversation

« La flexibilité est un élément capital pour le pays »

UBS souhaite, à l’avenir, être le deuxième acteur de la Place en termes d’actifs sous gestion.

Le groupe UBS a placé le centre de gravité de sa gestion de fonds au Luxembourg. Un choix qui laisse à penser, selon Francesca Prym, CEO d’UBS Fund Management, que la Place peut encore gagner en influence d’ici 2030. Interview MARC FASSONE & THIERRY RAIZER

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FÉVRIER 2022

Photo ROMAIN GAMBA


Francesca Prym

BIO EXPRESS

Quelle est la place du Luxembourg dans les activités liées aux fonds chez UBS ? Nous avions, par le passé, deux sociétés de gestion au sein d’UBS Asset Management Luxembourg. Le groupe a décidé d’optimiser la gouvernance, l’efficacité et la qualité de celles-ci en les regroupant et en y incluant les fonds d’UBS et ceux de tiers. Nous nous occupons donc de tous les types de fonds luxembourgeois (Ucits et AIF) pour le groupe UBS. Ce qui représente 253 milliards d’euros ­d’actifs sous gestion à la fin du mois de décembre 2021. De plus, nous comptons également environ 42 milliards d’euros d’actifs sous gestion discrétionnaire.

20 ans sur la Place Originaire d’Italie, c’est au tournant des années 2000 que Francesca Prym arrive à Luxembourg pour occuper différents postes dans le secteur financier dont celui de managing director chez SMBC Nikko, et de conducting officer en charge du risk management chez MDO. En 2016, Mme Prym entre chez UBS Fund Management pour en superviser la compliance et le contrôle des risques opéra­ tionnels. En février 2019, elle se voit confier la direction d’UBS Fund Management (Luxembourg) SA. Elle est aujourd’hui chief executive officer et membre du conseil d’administration ainsi que head of Mancos Europe. Elle est également membre du board de l’Alfi.

Nous suivons la stratégie du groupe UBS et nous la reproduisons au niveau des fonds d’investissement. Pour ses fonds de placement, UBS Asset Management a dédié des unités spécialisées à la recherche, à la transformation et au suivi de stratégie de placement ESG. Cette nouvelle approche de politique de gestion est un changement fondamental pour nos gérants. Il ne s’agit plus uniquement de générer un rendement, mais bien de contribuer durablement aux critères qualitatifs ESG définis. Les dimensions d’engagement, de représentation des droits de vote sont quelques exemples d’éléments à considérer activement dans ce domaine.

Visez-vous un certain volume d’actifs Ces changements – plus d’ESG sous gestion d’ici 2025 ou 2030 ? et une digitalisation des processus – La croissance de notre modèle d’affaires de vous amènent-ils à rechercher de fonds de placement est focalisée sur une pronouvelles compétences ? gression organique. Cette dernière est princiLes fonctions liées à la gestion des risques et palement générée par une collaboration entre pour en faire la promotion. Pèsent-ils encore, à la surveillance de la gestion du portefeuille les unités du groupe UBS et un développement concrètement, lorsqu’une décision imporsont véritablement très recherchées en raison de nos activités avec une stratégie précise sur tante doit être prise au sein d’un groupe ? des changements opérés sur la stratégie d’indes marchés spécifiques. Au niveau des actifs Absolument. La flexibilité est un élément capi- vestissement et les différentes restrictions sous gestion de notre société de gestion, nous tal pour le pays, sachant qu’elle ne veut pas dire d’investissement liées aux produits ESG. Nous souhaitons, stratégiquement, devenir le deu- laxisme ou moindre exigence. Prenez aussi l’ex- recherchons également des compliance offixième acteur luxembourgeois dans le futur et, pertise internationale combinée à la pratique cers ainsi que des risk managers qui soient donc, un pilier incontournable de la Place de nombreuses langues… nos clients étrangers familiers avec le secteur alternatif. luxembourgeoise pour les fonds UBS et les veulent qu’on leur parle dans leur langue. Nous fonds de tiers. pouvons aussi leur proposer des spécialistes qui Quelles sont vos préoccupations sur le plan réglementaire ? connaissent leur législation, c’est important. Des développements qui renforcent Elles sont en rapport avec le rôle d’une société clairement la place du Luxembourg Vous êtes donc, en quelque sorte, l’ambasde gestion dont le but ultime est de protéger « sur la carte » d’UBS… sadrice du Luxembourg au sein du groupe ? l’investisseur final. Cette approche se poursuit Il y a quatre ans, le groupe UBS a en effet décidé Nous le sommes tous au sein du groupe UBS. au quotidien, est en lien avec le régulateur qui que le Luxembourg allait devenir le centre Tout le monde connaît le Luxembourg, mais nous fournit de plus en plus de directives et stratégique pour la gestion d’actifs. Entre- tout monde ne connaît pas ses spécificités. Nous procède à des inspections sur site. Nous savons temps, nous avons fait évoluer l’activité et nous sommes donc très satisfaits d’avoir remporté que nous devons répondre de plus en plus aux projetons aujourd’hui d’ouvrir des filiales cette position de hub de fonds de placement à attentes de contrôles robustes. Ceux-ci sont en Europe, à commencer par l’Autriche. l’échelle du groupe UBS, ce qui plaît beaucoup bénéfiques dans leur ensemble, car ils perau régulateur. Nous faisons partie d’un grand mettent d’optimiser et de formaliser nos difféVous avez certainement dû militer, au sein groupe, mais les décisions pour les fonds de rents processus. Notre société de gestion compte du groupe, pour faire du Luxembourg placement luxembourgeois liées aux fonctions actuellement 70 personnes, et la plupart d’entre ce hub de l’asset management pour UBS… déléguées sont prises au Luxembourg. elles se consacrent à la partie réglementaire. Quels sont les arguments que vous avez mis en avant auprès de la direction du groupe ? Quelles sont les attentes de vos clients ? Comment innover dans un tel cadre ? Même si UBS Luxembourg avait déjà une recon- Nos clients nous considèrent comme leur par- L’innovation nous permet tout d’abord d’être naissance historique au sein du wealth man- tenaire. Chacun attend donc naturellement plus efficaces, d’utiliser les outils digitaux pour agement, le hub de fonds de placement n’était une écoute précise et une compréhension spé- fluidifier nos processus de travail. J’ajoute que pas suffisamment reconnu et était, en plus, en cifique de ses défis. Nous contribuons, entre la charge réglementaire n’est pas une révolution concurrence avec d’autres juridictions. Le autres, à l’équilibre de ce partenariat par l’ap- en soi, mais elle permet de formaliser les choses développement de cette opportunité m’était port de l’expertise de l’ensemble du groupe, là où, par le passé, les acteurs du secteur se et me reste cher. Raison pour laquelle je m’y un conseil et un suivi de clientèle de haute basaient plutôt sur les pratiques du marché. suis beaucoup investie. Outre les aspects éco- qualité. Au niveau des tendances actuelles, nous Cette formalisation de la CSSF facilite les choses, nomiques et politiques, l’accessibilité, la flexi- constatons de plus en plus de requêtes de pro- dans une certaine mesure. La démarche nous bilité du régulateur et nos bonnes relations duits durables (ESG). La demande de fonds permet aussi d’effectuer des demandes d’inforont été des éléments fondamentaux. La recon- alternatifs reste soutenue, et ceci avec une mation au sein du groupe sur une base claire. naissance internationale du Luxembourg s’est attention particulière vers les actifs d’infrastrucaussi avérée très importante, de même que les ture et d’immobilier. Ceci dit, les demandes Comment voyez-vous évoluer le rôle compétences des employés du secteur finan- en produits « traditionnels » sont loin de faiblir. de votre entité au sein du groupe UBS sur la Place, dans les années à venir ? cier et leurs capacités linguistiques. Vous parlez des préoccupations ESG Nous allons certainement prendre de plus en Ce sont des arguments qui sont régulièrede vos clients, comment verdissez-vous plus d’envergure suite à cette décision de plament évoqués par les acteurs de la Place vos portefeuilles ? cer la base de la gestion d’actifs du groupe au FÉVRIER 2022

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Conversation Francesca Prym

BUSINESS DEVELOPMENT

Luxembourg. La décision d’ouvrir de nouvelles filiales en Europe depuis le Luxembourg va aussi en ce sens. Nous serons dans le driver seat de la société de gestion en Europe. Vous êtes intervenue au 10x6 Luxembourg : Financial centre 2030 organisé le 25 janvier par le Paperjam + Delano Club pour proposer votre vision de la Place d’ici la fin de la décennie. Quelle est-elle ? Pour imaginer le futur, on peut aussi regarder vers le passé pour établir un bilan. Et force est de constater que, sur les 20, voire 30 dernières années, le secteur financier luxembourgeois a toujours su s’adapter aux évolutions du marché et des demandes des clients, ainsi qu’aux changements réglementaires. Le développement des fonds alternatifs est un exemple de cette capacité de remise en question et d’innovation en accentuant une offre qui a encore de beaux jours devant elle. Nous devrons encore promouvoir la Place autour de ce versant de l’alternatif. Nous entendons contribuer à cette dynamique et nous voyons par ailleurs que le changement au niveau du contexte social nous permet d’attirer de nouveaux talents. Qu’entendez-vous par « changement au niveau du contexte social » ? Quand j’ai eu mes enfants, le congé parental pour les papas n’était pas encore une possibilité. La crise a aussi accéléré la question autour du télétravail. La flexibilité est devenue une norme dans beaucoup d’entreprises… on parle aussi de work-life balance. Le contexte évolue, et les décisions politiques accompagnent cette évolution. J’ajoute que le développement intrinsèque de la Place contribue à créer un vivier de talents. Ce vivier est aussi largement alimenté par la CSSF qui doit recruter pour ses besoins de contrôle. Cette arrivée de talents et l’attractivité entraînent une dynamique favorable. Un avenir qui sera potentiellement « disrupté »… Nous devrons en effet considérer l’importance de la blockchain dans nos métiers et voir comment la technologie va les transformer. Ces modèles de distribution seront aussi, tôt ou tard, réglementés dans le contexte de leur utilisation de plus en plus large. Nous réfléchissons, pour notre part, au déploiement d’une solution en lien avec la blockchain dans les trois à quatre prochaines années. Vous évoquiez le nouveau contexte social. Une autre grande question concerne la diversité. Comment gérez-vous cette question en interne ? À mon avis, cette question recouvre deux aspects : le genre et l’origine. Nous devons les prendre en compte dans nos recrutements en proposant un environnement de travail qui corresponde aux attentes des nouvelles générations, avec 46

FÉVRIER 2022

Des White Labelled Funds porteurs Au sein d’UBS Asset Management et de manière horizontale à travers le groupe UBS, les fonds de placement pour les tiers sont cités comme des moyens porteurs pour pénétrer certains marchés. « Notre offre de services a été redéployée depuis trois ans sous le nom de White Labelled Funds, explique Francesca Prym, CEO d’UBS Fund Management Luxembourg. Nos activités sont aussi bien axées sur la clientèle wholesale que sur celle de wealth management. Notre plan d’affaires est basé sur une chaîne de prestations robuste, reposant sur un cadre de conformité durable et permettant d’offrir la même qualité de prestations que pour les fonds UBS. » Quant à l’approche de la clientèle, elle repose sur un modèle « d’entre­pre­ neur général » en contact direct avec les prestataires et « offrant ainsi un point d’entrée central à travers des conseil­ lers ». « Cette activité était marginale par le passé, mais elle tend à prendre de l’ampleur, car nous arri­vons à vendre nos services comme un one-stop-shop solutions », ajoute Mme Prym.

une flexibilité accrue. La diversité se conçoit aussi au niveau du profil. Il ne faut pas forcément venir de la finance pour travailler chez nous. Des project managers qui sont bien structurés peuvent aussi nous rejoindre. Ces profils qui proviennent d’autres horizons apportent un certain vent frais. Le télétravail est devenu un sujet récurrent depuis le début de la crise, et une question fréquemment abordée lors des entretiens d’embauche. Quel est votre point de vue ? Je dirais tout d’abord que le télétravail a bien fonctionné chez nous depuis le début de la crise. De plus, nous avons engagé 21 personnes entretemps, à distance. Le télétravail nous permet de gagner en flexibilité – un facteur qui, comme je le disais, est très important pour nous. Ceci dit, nous remarquons que nos collaborateurs ont aussi à cœur de revenir au bureau. Nous nous dirigeons donc, comme dans d’autres entreprises, vers un modèle hybride avec la possibilité de télétravailler deux à trois jours par semaine en fonction des limitations imposées pour les frontaliers. Cette question est en effet abordée de plus en plus durant les entretiens, et la nouvelle génération est demandeuse. Votre vie de CEO a-t-elle changé, depuis près de deux ans ? Nous avons découvert comment travailler de façon connectée et en présentiel. J’ai remarqué que l’aide de la famille était précieuse, depuis deux ans. Finalement, chacun s’adapte, et la communication permet de dénouer les éventuels problèmes. Comptez-vous revoir vos surfaces de bureau, compte tenu de cette nouvelle donne ? Nous allons en effet réduire notre surface. Nous allons déménager d’un étage dans le même bâtiment.

La question de l’accession des femmes à des postes de direction est parfois posée en interview, le cas échéant. Est-ce que cette question vous dérange ? On me l’a déjà posée, plusieurs fois. On m’a aussi demandé si je cuisinais encore à la maison. Pourrait-on aussi poser ce genre de questions aux hommes qui occupent des postes décisionnels ? Dans tous les cas, je pense que le soutien de la ou du partenaire est important si l’on a une vie de famille au quotidien. Le partage des tâches avec mon mari m’aide donc beaucoup. Le groupe est aussi compréhensif et donne son support pour que chacun se sente au maximum équilibré dans sa vie. La reconnaissance du Luxembourg au sein du groupe, c’est donc aussi une satisfaction personnelle dans un tel parcours professionnel ? Je l’ai voulue, tout comme j’ai souhaité occuper ce poste, car je me sentais bien dans le groupe UBS, et je crois dans le potentiel de notre structure luxembourgeoise. Nous avons une base solide qui nous permet d’envisager sereinement les 10 prochaines années. Ce qui ne veut pas dire que nous n’allons rien changer, bien entendu. Les attentes de nos clients évoluent, les profils des investisseurs vont continuer de changer, et les produits aussi… Vous vous considérez comme une « intrapreneuse » ? Ce terme me plaît bien, en effet. Je repense souvent à mon mentor, Patrick Zurstrassen, une des figures de la Place – malheureusement disparue aujourd’hui –, qui voulait toujours imaginer l’avenir, qui conduisait son action avec une certaine vision. Quelle est, justement, votre vision pour 2022 ? Quand je regarde l’évolution du marché, nous devrons considérer plusieurs aspects. Nous devrons voir comment les discussions vont avancer au niveau de la taxonomie entourant les investissements verts et au niveau de l’évolution du marché ESG. La pression sur les coûts va quant à elle continuer à augmenter, et j’estime que les plus petites sociétés de gestion devront prendre une décision, à savoir vendre ou fusionner avec d’autres. Et pour 2030 ? D’ici 2030, le Luxembourg sera une Place où encore plus de décisions seront prises. L’arrivée de sociétés de gestion de nouvelles entreprises étrangères doit contribuer à ce mouvement. Je m’attends aussi à ce que le Luxembourg soit en avant sur les questions de blockchain pour permettre aux acteurs en place et à venir de rester compétitifs dans un environnement en perpétuelle mutation.




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Le Luxembourg a jusqu’à 2023 pour se doter d’un réseau 5G efficient, sous peine de risquer le black-out. Car, en quatre ans, le trafic a été multiplié par quatre, avec des pics historiques atteints en 2020, à la faveur du premier confinement. Entre le télé­travail, les loisirs en ligne, la montée en puissance de la réalité virtuelle, de la réalité augmentée et de l’internet des objets, cette faim insatiable de connectivité va se poursuivre. Tandis que les opérateurs multiplient les investissements et que le gouvernement lance un nouveau GIE, des acteurs du monde des satellites, de la tech et du secteur automobile se bousculent… et se positionnent.

0 2017 50

2018 FÉVRIER 2022

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2020


SOMMAIRE 52

Post en éclaireur L’opérateur historique doit se projeter en amont des développements pour configurer le réseau à la bonne dimension.

500 Gb/s

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Le GIE du dernier mètre L’État s’est associé à Lu-Cix dans le but de créer un GIE, MyConnectivity, pour relier les derniers endroits non couverts par la fibre.

PROJECTION (en Gb/s) 400 Gb/s

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Des « opérateurs » hybrides Opérateurs historiques, spécialistes des satellites, géants des technologies, et même constructeurs automobiles, ont entamé une guerre sans merci pour fidéliser des clients.

320 Gb/s

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SES contre le reste du monde Trois grosses constelllations de satellites viendront, dans quelques années, concurrencer SES. Un monde de défis technologiques. 60

Les casques de VR/AR et la 5G Le premier mouvement lié à la 5G sera probablement la mise sur le marché d’applications de réalité augmentée et virtuelle. Et donc l’adoption de casques, dont il existe plus de 200 versions.

LE SAVIEZ-VOUS ?

1 %

Sources Consommation : Lu-Cix / Projection : Paperjam, sur base de l’évolution actuelle de la consommation

2021

2022

Les échanges de données par satellite ne représentent aujourd’hui que 1 % des échanges, le reste étant véhiculé par 420 câbles.

2023 FÉVRIER 2022

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Post aux avant-postes

Respectivement directeurs de Post Technologies et de Post Telecom, Gaston Bohnenberger et Cliff Konsbruck prédisent une convergence des réseaux du futur dans un réseau du futur. Et regardent avec appétit comment l’opérateur historique pourrait se positionner face aux développements venus du ciel, aux réseaux privés d’entreprise, à l’internet des objets ou aux voitures connectées. Qu’est-ce que vous entendez par « réseau du futur » ? CLIFF KONSBRUCK (C. K.) Si on parle « des » réseaux, on a tendance à parler d’un réseau fixe d’un côté et d’un réseau mobile de l’autre. Dans le futur, nous voyons beaucoup plus « un » réseau du futur. Si vous avez un accès internet à la maison, vous consommez des données, de la voix, vous avez la télévision, vous avez du streaming, vous ne saurez plus nécessairement si derrière il y a un réseau fibre ou 5G. Le volet agnostique de la technologie deviendra une réalité. GASTON BOHNENBERGER (G. B.) Si on téléphone dans sa maison, on est sur le wifi connecté au réseau fixe. En sortant, on passe sur le réseau mobile sans qu’il y ait une interruption. Le client ne sait plus ce qu’il y a derrière. C. K. À terme, la 5G va remplacer toutes les technologies mobiles. Nous voyons même la 5G remplacer le wifi. Il n’y aura qu’un seul réseau, mobile, celui de la 5G, capable d’un point de vue fonctionnel et de capacité de répondre aux différents besoins, assurés aujourd’hui par diverses technologies et fonctionnalités. 52

FÉVRIER 2022

GASTON BOHNENBERGER Directeur de Post Technologies

« Chaque année, la consommation de data augmente de 30 à 40 %, et ça ne va pas s’arrêter ! »

Vous avez un horizon, un moment où vous pourrez dire « ça y est, nous sommes prêts à 100 % » ? G. B. Nous suivons la stratégie gouvernementale sur la fibre optique, soit 90 % des ménages raccordés en 2025, et nous voulons donner un « coup de boost » au cuivre pour atteindre 100 % de ménages raccordés par 100 Mb/s d’ici 2025. Là où il n’y a pas encore la fibre optique, nous devons donc travailler sur l’amélioration du réseau cuivre. On vise, pour 2030, 100 % de fibre optique. Pour certaines zones blanches rurales, le fixed wireless access via la 5G pourrait aussi fournir des services à large bande. On parle de 5G, mais les discussions sont déjà bien entamées autour de la 6G. Qu’est-ce que cela change ? G. B. Nous participons déjà à des ­réunions de standardisation de la 6G. Le but premier est toujours d’augmenter la capacité. Avec la 5G, on parle d’un réseau à 1 Gb/s partagé avec beaucoup de clients. Avec la 6G, on parle de 10 Gb/s. Techniquement, il y aura sûrement une amélioration dans la stabilité. Cela nous permettra de personnaliser nos offres, soit sur une qualité de bande passante garantie, soit sur une latence garantie. Quand vous regardez la courbe de consommation de bande passante des particuliers ou des industriels, est-ce que vous êtes inquiets ? C. K. La consommation a une croissance exponentielle. Notre réseau mobile actuel arrivera aux limites de sa capacité autour de 2023. Si nous ne disposons pas des capacités supplémentaires liées aux fréquences de la 5G à cette date, nous serons en saturation. L’accès aux services, la vitesse moyenne et la qualité risqueraient alors de se dégrader ; dans le pire des cas, la stabilité du réseau pourrait être affectée. La 5G puis la 6G, dans un second temps, sont très im­portantes pour couvrir ces besoins exponentiels en data. La croissance va continuer !

Post

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Photos

« Il n’y aura qu’un seul réseau : la 5G »

Qu’est-ce que cela implique pour arriver à cela ? G. B. Nous investissons massivement. Le réseau 5G ne peut pas fonctionner sans un réseau de fibre optique performant, puisque toutes les antennes relais du réseau mobile se basent dessus. L’évolution de notre réseau mobile implique, en plus de cette partie d’accès radio, des investissements dans le cœur du réseau. Sur le fixe, ce réseau de fibre optique permet aujourd’hui des débits jusqu’à 10 gigabytes, que nous proposons à nos clients professionnels et, dans un futur proche, également à d’autres clients. Parallèlement, nous poursuivons nos efforts pour, d’ici 2025, basculer vers le « All IP » (un protocole unique pour les communications via smartphone, ligne fixe, pour la télévision ou internet, ndlr), même sur le fixe.


Enjeux Télécoms

CLIFF KONSBRUCK Directeur de Post Telecom

«  Amazon ou Apple ne vendront plus seulement leur équipement mobile, mais aussi la sous­ cription qui va avec. » Lorsque l’on donne des capacités au consommateur, elles sont utilisées. Cela prendra quelques mois ou quelques années, peut-être. Dès que 20 % des consommateurs utiliseront la 5G, des applications spécifiques vont se développer et exploiter ces nouvelles capacités qui arrivent, tout comme la latence. Sur le marché particulier, on pense surtout à des applications de réalité augmentée et virtuelle, qui sont consommatrices de bande passante. Une fois que ces équipements vont se démocratiser, on verra un impact sur la consommation. G. B. Chaque année, la consommation de data augmente de 30 à 40 %, et ça ne va pas s’arrêter. C’est chaque année le même scénario.

récentes, pas toujours proposées commercialement, mais cela va venir ! C. K. Il y aura aussi des business models complètement différents de ceux que nous connaissons. Les licences d’opérateurs et les fréquences sont attribuées de façon nationale, mais imaginons que la téléphonie mobile soit diffusée via satellite. Des sociétés comme ­Amazon ou Apple ne vendront plus seulement leur équipement mobile, mais aussi la souscription qui va avec et au niveau mondial. Ça donne de l’appétit ! Il s’agit d’être préparés ! Mais les opérateurs de satellites ont besoin des opérateurs télécoms… G. B. Oui, les satellites ne fonctionnent pas sans technologie terrestre ! Ils doivent avoir un réseau auquel ils peuvent se ­connecter.

Votre participation au projet autour de la voiture connectée est un autre secteur dans lequel on sait que les besoins en connectivité vont exploser. Y aura-t-il aussi besoin d’infrastructures routières ou autoroutières ? G. B. Cela fait partie du projet européen 5GCroCo, où il faut assurer une connectivité permanente des véhicules. On n’a pas besoin de structure de réseau séparée, mais les routes et autoroutes devront avoir une couverture 5G qui supportera les systèmes embarqués dans les voitures, qui se basent aussi sur les satellites et sur des capteurs, la reconnaissance des panneaux de signalisation, etc. Différents systèmes vont Est-ce que vous pouvez répondre ad vitam communiquer entre eux, et il ne faut pas oublier æternam à ce besoin croissant ? la communication directe entre les voitures. G. B. Nous faisons en permanence des C. K. Il y a aussi le volet « entertainment », simulations pour nous assurer que nous réagis- que les constructeurs séparent très nettement sons au bon moment. C’est pour cela que nous de tout ce qui concerne le contrôle de la voiture, savons qu’il faut que la 5G fonctionne au niveau la conduite autonome ou semi-automatique. Le national en 2023. Au moins dans les endroits loisir est plutôt dans le domaine des services où nous savons que nous en aurons besoin, « comme à la maison ». Peut-être que le flux comme la capitale, le centre du Luxembourg d’images Netflix dans la voiture ne sera pas ou le sud du pays. Il nous faut un à deux ans optimal à un moment donné, mais ce n’est pas pour apporter la bonne réponse à une évolu- dramatique. Si le système de conduite autonome tion, ça ne se fait pas du jour au lendemain. perd sa connectivité pendant une fraction de C. K. Nous devons être conscients qu’il y seconde, ça peut être une catastrophe. Les confia des technologies concurrentes. D’abord il y a gurations de réseaux sont donc très différentes. le coaxial, les réseaux de télédiffusion classiques sur la technologie DOCSIS (Data Over Cable Les constructeurs automobiles Service Interface Specifications). Nous verrons pourraient-ils aussi devenir une concurrence accrue des satellites dans un des opé­rateurs de connectivité ? futur assez proche, notamment via Starlink, qui C. K. C’est déjà le cas. Certains ont carrébénéficie d’investissements colossaux pour se ment racheté non pas des opérateurs, mais des déployer dans des zones qui ne sont pas encore MVNO (mobile virtual network operators), des couvertes. Mais il est illusoire d’imaginer qu’ils opérateurs qui n’ont pas d’infrastructures propres, n’utilisent pas aussi leurs capacités quand ils mais qui utilisent les infrastructures d’un opésurvolent l’Europe ! Nous nous préparons aus- rateur de téléphonie mobile. Il y a notamment si à la concurrence d’opérateurs qui proposent le cas d’Audi, qui a racheté un MVNO. directement des services aux clients professionnels et résidentiels à partir de satellites. Des Quid des opérateurs virtuels qui utilisent start-up comme Link, aux États-Unis, proposent votre infrastructure ? déjà de remplacer les antennes terrestres par G. B. C’est déjà le cas aujourd’hui avec des satellites. Ce sont des technologies très Eltrona. Elle utilise notre réseau avec ses

Plus de machines que de smartphones « Si vous appuyez sur un ‘taxi butler’ en Australie, un appareil pour appeler un taxi, c’est nous qui fournissons la connectivité. » Le directeur de Post Telecom, Cliff Konsbruck, s’amuse de l’anecdote. L’opérateur historique fournit les cartes SIM d’un million et demi d’objets connectés, contre « seule­ ment » 500.000 pour les smartphones, sur la base d’accords de roaming avec 511 opérateurs mobiles dans 206 pays. Du camion au conteneur en passant par les capteurs de fuite d’eau ou les chaussures connectées, l’internet des objets explose. « En Allemagne, par exemple, si une voiture est seulement connectée avec l’opérateur Deutsche Telekom (DT), elle ne dispose que de la couverture de DT parce que le roaming national est ‘fermé’. Si cette voiture a un accident dans une zone non couverte par DT ou si DT a un souci momentané et ne peut pas offrir de la connectivité, cette voiture ne peut pas émettre d’appel d’urgence. Avec une carte SIM de Post Luxembourg, si le réseau de DT n’est pas disponible mais celui de Vodafone l’est, alors on utilisera le réseau de Vodafone ou celui de Telefónica… »

propres numéros mobiles, ainsi que notre réseau radio. C. K. On pourrait voir arriver de nouveaux acteurs. Je le mets en lien avec ce que j’appelle le private 5G. Des acteurs naissent sur de grands sites industriels qui déploient leurs propres réseaux 5G privés. Il y a des bandes de fréquences spécifiques réservées à l’industrie en ­Allemagne et qui sont mises à disposition pour cet usage. Typiquement pour des besoins internes. G. B. Nous avons l’expérience de la 5G. Pourquoi ne pas la vendre à une clientèle professionnelle ? Leurs systèmes robotiques peuvent travailler n’importe où. C. K. Aujourd’hui, nous construisons, déployons et opérons déjà ces réseaux, basés sur la technologie fixe, dans des entreprises, dans les bâtiments, et le private 5G sera une extension de ces réseaux fixes, qui auront un volet mobile au-delà du wifi, qui convient bien dans certains cas d’usage, comme les salles de réunion, mais ne convient plus dans des espaces plus vastes, comme les salles de production ou en extérieur. Ou bien c’est un opérateur qui dispose d’une bande de fréquences et qui offre une partie de son réseau comme service. Potentiellement, le régulateur pourrait aussi mettre à disposition des bandes de fréquences spécifiques, avec d’autres caractéristiques, comme la géographie, et qui ne seraient pas nécessairement nationales. C’est un volet qui n’a pas été couvert au Luxembourg. Interview THIERRY LABRO

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53


MyConnectivity

Fin novembre, l’État et Lu-Cix se sont associés dans un nouveau GIE : MyConnectivity. Celui-ci doit surtout accélérer le déploie­ ment de la fibre optique en offrant un « guichet unique de la connectivité » aux opé­ rateurs, aux communes et aux propriétaires immobiliers. Claude Demuth ne donne pas d’interview jusqu’à nouvel ordre. Après avoir permis de vérifier que les confinements liés à la pandémie et à la con­som­mation accrue d’internet pour le télétravail ou les loisirs n’avaient aucun impact négatif sur le trafic de données au Luxembourg, le CEO du Luxembourg Internet Exchange (Lu-Cix) se consacre à 100 % à sa nouvelle tâche. Fin novembre, le gouvernement a en effet officialisé la création d’un nouveau groupement d’intérêt économique, MyConnectivity, qui associe l’État et Lu-Cix, qui est lui-même un GIE créé en 2009 avec quatre acteurs, devenu la colonne vertébrale d’internet au Luxembourg. « Nous ne pouvons pas nous limiter à des documents stratégiques pour garantir notre connectivité, mais nous devons prendre en main les ficelles, desserrer les nœuds et en tisser un réseau durable. À travers ce GIE, nous aurons une équipe d’experts sur le terrain qui aidera à surpasser les problèmes qui se posent », a plaidé le Premier ministre et ministre des Communications et des Médias, Xavier Bettel (DP), pour justifier la nouvelle structure qui doit veiller à la mise en œuvre de la Stratégie nationale pour les réseaux de communications électroniques à ultra-haut débit 2021-2025 et de la Stratégie 5G pour le Luxembourg. En attendant que les équipes de MyConnectivity soient complètes, les deux partenaires ont installé cinq administrateurs. Outre le CEO de Lu-Cix, y figurent son directeur technologique Michel Lanners, les représentants de l’État Eric Krier et Laure Bourguignon et l’un des fondateurs d’Arendt & Medernach, l’avocat Guy Harles. 5 % à aller chercher Il n’y a pas vraiment urgence… mais le temps presse pour un Premier ministre qui avait été très clair, le 5 octobre, lors de la conférence sur la 5G au centre de conférences du Kirchberg. 54

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Le GIE du dernier mètre

là. L’opérateur a décidé, au lieu de devoir supporter seul la charge de l’ouverture de tranchées, de profiter des travaux de Creos, par exemple. Des travaux qui coûtent en temps et en acharnement, parce qu’il faut à chaque fois avoir les autorisations, être dans les délais, répondre aux problèmes concrets qui se posent. « Le GIE n’a pas vocation à ouvrir « Je suis Premier ministre de ceux qui sont connec- des tranchées, explique le ministère d’État, tés et de ceux qui ne le sont pas. La période de mais à écouter les problèmes qui se posent sur Covid-19 que nous venons de vivre nous a mon- le terrain, à remonter les informations et à voir tré l’importance de la bande passante pour conti- comment trouver des solutions pragmatiques. » nuer notre vivre-ensemble, que ce soit à l’école, dans la vie privée ou au travail. Il est d’autant Les appels à projets européens plus important d’inclure toutes celles et tous ceux dans le viseur n’ayant pas encore accès à cette ressource-clé. » En arrière-plan se dessine un autre intérêt du L’inclusion digitale est à peu près dans toutes gouvernement : les appels à projets européens les prises de parole du successeur de Jean- que la Commission européenne doit publier Claude Juncker. « Il existe ce que l’on appelle fin janvier-début février autour de la connecdes ‘points blancs’, a reconnu le chef du gou- tivité, mais à l’échelle des communes et des vernement, quelques semaines plus tard, dans collectivités territoriales. MyConnectivity devra son discours annuel sur l’état de la Nation, très vite trouver comment manifester l’intérêt c’est-à-dire des endroits du pays où l’internet du Luxembourg et de ses acteurs les plus motirapide n’est pas encore disponible, mais il s’agit vés, quitte à construire des consortiums ad hoc, souvent des dernières centaines de mètres ou, comme c’est le cas autour du triangle de tests comme c’est souvent le cas dans les immeubles pour les voitures connectées ou de la cyber­ d’appartements, du câble qui se trouve bien au sécurité venue du ciel. Outre ces deux-là, le sous-sol, mais qui ne monte pas jusqu’à l’endroit pays s’intéresse aussi à la connectivité des réseaux où vivent les gens. Avec la stratégie pour le haut ferroviaires, ce que les difficultés quotidiennes débit 2021 à 2025, nous voulons y remédier. » que rencontrent les frontaliers français ou belges Si l’on considère que 95 % des ménages ont suffisent à faire comprendre. potentiellement accès au haut débit, les 5 % En décembre, la Commission européenne restants sont les plus chers à aller chercher a annoncé vouloir consacrer 1 milliard d’euros, pour l’opérateur historique. En juillet 2020, le d’ici 2023, afin que 100 % des Européens aient directeur général de Post, Claude Strasser, avait accès au gigabit par seconde et que toutes les annoncé, depuis un chantier à Dudelange, que zones habitées aient la 5G en 2030, et un autre l’entreprise allait injecter 50 millions d’euros milliard d’euros d’ici 2027, les deux fois dans supplémentaires – soit 300 millions d’euros le cadre du mécanisme pour l’interconnexion sur cinq ans – pour tirer la fibre sur 75 % du en Europe. En particulier pour le déploiement territoire en 2023, contre 70 % à ce moment- d’infrastructures 5G en Europe et la 5G pour les communautés intelligentes, comme le projet de triangle de circulation des voitures autonomes tel que celui développé au Luxembourg (5GCroCo) ; le déploiement de nouveaux réseaux dorsaux ou la modernisation approfondie de réseaux dorsaux existants, y compris les fédérations du cloud, les infrastructures de communication quantique ultrasécurisées et les câbles sous-marins ; et la mise en œuvre d’infrastructures de connectivité numérique en lien avec des projets transfrontaliers dans les domaines du transport ou de Selon les statistiques de l’Institut luxembourgeois de régulation, encore un tiers des l’énergie. Des enjeux stratégiques de demain accès à internet ont une vitesse descendante à saisir aujourd’hui. inférieure à la barre symbolique de 100 Mb/s

30 %

à la fin du premier semestre 2021. Si le chiffre peut paraître élevé, il y avait deux fois plus d’accès à moins de 30 Mb/s il y a seulement trois ans, et deux fois et demie plus d’accès à la vitesse entre 30 Mb/s et 100 Mb/s.

Auteur THIERRY LABRO


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Enjeux Télécoms

Connectivité

Dix chiffres-clés pour les réseaux du futur

170 à 280 La mobilité, secteur-clé La connectivité associée à la mobilité dans la maintenance prédictive, l’amélioration de la navigation, la gestion du trafic ou du covoiturage, ou encore l’infodivertissement représentera un marché de 170 à 280 milliards de dollars d’ici 2030.

75 %

Edge, l’entreprise virtuelle Selon Google, les trois quarts du trafic des entreprises se feront en périphérie, plus près, par exemple, des unités de production, des capteurs ou des véhicules connectés ou autonomes.

Forrester, McKinsey ou Gartner l’assurent : les années qui viennent seront déterminantes pour les réseaux du futur. Malheur à ceux qui n’agissent pas assez fort ni assez vite. Auteur THIERRY LABRO

La vidéo gourmande La vidéo représente aujourd’hui 70 % du trafic internet mondial et dépassera les 80 % d’ici 2030. Le monde consommera 20 fois plus de données, en raison des usages des nouveaux connectés et des contenus en haute définition.

6 à 24

La 5G, vitamine de l’Arpu L’enjeu est majeur : quel bénéfice les opérateurs tireront-ils de la 5G ? 3 à 6 % de revenu moyen par utilisateur (ARPU), sans rien faire. Quatre fois plus avec des offres ciblées et personnalisées.

650

Une révolution en mode 5G privée L’industrie est le secteur qui devrait profiter le plus des réseaux 5G privés associés à l’intelligence artificielle pour revoir la totalité de ses processus et ajouter jusqu’à 650 milliards de dollars dans le secteur d’ici 2030.

49 % De nouveaux acteurs affamés Les attaquants numériques des opérateurs de télécom­ munications, dont les Gafam, sont capables d’attirer très vite près d’un client sur quatre (23 %) pour un coût deux fois inférieur (49 %). Au point que certains opérateurs choisissent de lancer eux-mêmes leur propre attaquant...

40 % Deux fois moins de non-connectés en 2030 40 % de la population mondiale n’est pas encore connectée ou n’a pas accès à une meilleure connexion que la 3G. Un chiffre qui sera réduit de moitié avant la fin de la décennie et qui nécessitera 400 à 500 milliards de dollars d’investissements.

56

70 %

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1

Des boosters à étudier 7 % des consommateurs seraient prêts à payer un dollar pour un booster 5G à un moment donné, chiffre qui passe à 14 % chez les 18-24 ans.

1.500 à 2.000

Le bénéfice de la connectivité Selon McKinsey, permettre à davantage de personnes de se connecter pourrait ajouter 1.500 à 2.000 milliards de dollars au PIB mondial.

10 à 15 %

Le flou de la pénurie de puces électroniques Plus encore que le risque lié à la cybersécurité, pour Forrester, la pénurie de puces électroniques est partie… pour durer, ce qui ralentira l’offre d’objets connectés de 10 à 15 % dès cette année.


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Connectivité

La promesse venue du ciel

15 ans après le projet du fondateur d’O3b Networks, Greg Wyler, de connecter trois milliards d’exclus, les géants de la tech se sont lancés dans une course à coups de milliers de satellites à basse orbite. Sauf SES, idéalement positionnée. Auteur THIERRY LABRO

Comme avec SpaceX et Tesla, Elon Musk, ami de Greg Wyler, a pris tout le monde de vitesse. SIÈGE

Hawthorne (États-Unis) SATELLITES

1.900 dans l’espace à basse orbite, autorisation pour 12.000, ambition : 42.000

SIÈGE

Betzdorf (Luxembourg) SATELLITES

20 O3b + 11 O3b mPower à moyenne et haute orbite* MARCHÉ VISÉ

Aux avant-postes, en faillite et à nouveau chouchoutée, OneWeb a profité du Brexit. SIÈGE

Londres (Royaume-Uni) SATELLITES

394 à basse orbite, ambition : 2.000, ramenés à 650 MARCHÉ VISÉ

MARCHÉ VISÉ

Opérateurs télécoms, entreprises, gouvernements

NOMBRE DE CLIENTS

À suivre en 2022

COÛT

À suivre en 2022

À suivre en 2022

CAPITAUX LEVÉS, COÛT DU RÉSEAU, CA ESPÉRÉ

2,7 milliards de dollars

Particuliers 100.000

500 dollars à la souscription, 99 dollars par mois CAPITAUX LEVÉS

6 milliards de dollars COÛT DU RÉSEAU

10 milliards de dollars CA ESPÉRÉ

30 milliards de dollars par an INVESTISSEURS

Elon Musk, capitaux privés Coût des stations au sol dans les zones non connectées Capacité à délivrer une connexion à haut débit Prix pour le client final par rapport aux telcos Unique projet à s’adresser à des clients individuels

58

O3b mPower deviendra le cœur du business de SES, replacée dans la course grâce à Steve Collar.

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NOMBRE DE CLIENTS COÛT

Les trois lignes sont intégrées dans les comptes de SES et ne peuvent plus être séparées INVESTISSEUR

SES

PARTENAIRES STRATÉGIQUES

Google, Microsoft

Financement, mais SES est en ligne pour profiter des dédommagements américains liés à la libération du spectre pour la 5G pour se replacer Constellation financée Backlog de clients *SES a besoin de beaucoup moins de satellites que ses concurrents à basse orbite pour arriver à la même couverture, mais perd en latence.

Opérateurs télécoms, entreprises, gouvernements NOMBRE DE CLIENTS

À suivre en 2022

Amazon Kuiper est en retard sur les trois autres, mais a assez de milliards de dollars pour accélérer. SIÈGE

Redmond (États-Unis) SATELLITES

Premiers lancements fin 2022 jusqu’à 2029, ambition : 3.236 MARCHÉ VISÉ

Particuliers, entreprises NOMBRE DE CLIENTS

COÛT

À suivre en 2024 (après le lancement de 578 satellites)

CAPITAUX LEVÉS

N. C.

COÛT DU RÉSEAU

10 milliards de dollars

CA ESPÉRÉ

10 milliards de dollars

2,2 milliards de dollars N. C.

INVESTISSEURS

Bharti Group, gouvernement britannique, Softbank, Hughes Network Systems, Eutelsat Sortie de la situation de faillite Investisseurs derrière le projet

COÛT

CAPITAUX LEVÉS

COÛT DU RÉSEAU CA ESPÉRÉ

N. C.

INVESTISSEURS

Amazon, Jeff Bezos PARTENAIRE STRATÉGIQUE

Verizon

Timing et technologie non éprouvée Moyens financiers Fibre optique déjà déployée par le groupe au sol Compétence dans la logistique


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Applications de la 5G

Le premier pas du metaverse GOOGLE GLASS

ROKID AIR AR 4K

Les images dans la rétine Oublié le fiasco, Google s’appuierait sur les 650 brevets de North pour une version moderne, sur une base de lunettes classiques et leur bague de contrôle.

L’audace du challenger

Première conséquence de la 5G : l’arrivée d’applications en réalité virtuelle et en réalité augmentée, qui se consommeront sur des appareils ou des écrans de nouvelle génération.

« Kick-startées » en une heure, les lunettes de Rokid « contiennent » un écran en 4K de trois mètres de large. Pop-corn ? Non, elles seront reliées à l’ordinateur.

Auteur THIERRY LABRO

Précurseur en 2015 avec son casque AR à 5.000 dollars, Microsoft reste sur cet axe et a ajouté la réalité mixte, idéale dans un contexte industriel.

LENOVO THINKREALITY

META QUEST 2

Le champion de Facebook… pour l’instant Le modèle, de très loin le plus vendu à Noël pour moins de 300 dollars dans sa version à 128 Gb de stockage, est le compagnon idéal des gamers.

SONY PLAYSTATION VR2

Pensez déjà à Noël

Au salon CES de Las Vegas déserté, Sony a donné quelques informations sur sa nouvelle version de son casque. 4K, son, ergonomie. Date de sortie ? Mystère.

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SAMSUNG, XIAOMI, QUALCOMM

Les concepts qui fuitent

Miracle du journalisme. À l’heure où tout le monde regarde les développements, les trois marques ont laissé fuiter des images de leurs projets. À suivre.

Les amies du télétravail

Que le télétravail se prolonge ou non, les lunettes de Lenovo permettent d’avoir jusqu’à cinq écrans en simultané devant les yeux pour 1.500 dollars.

Google, Microsoft, Meta, Sony, Lenovo, Qualcomm et Rokid

Pour travailler les mains libres

Photos

MICROSOFT HOLOLENS 2


PUBLIREPORTAGE

Martín Fernández-Sanchez Research Programme Crossing Borders

Quelle est la situation des jeunes chercheurs au LISER ? Etre postdoc au LISER est une chance formidable. L'institut est un écosystème en sciences sociales où l’interdisciplinarité permet d’aborder la même question sous des angles très complémentaires. Je suis entouré d’économistes et de géographes qui m’aident à mieux comprendre mes données et à les analyser avec des approches toujours plus pertinentes. J’apprécie beaucoup l’ambiance de travail avec les autres chercheurs, forgée à travers des activités de team-building, des réunions informelles et nos nombreux échanges. Cette culture organisationnelle montre que LISER est soucieux de notre intégration en son sein, et surtout de notre bien-être.

Portrait d'une étoile montante du LISER

Crédits

LISER & Michel Brumat

Martín Fernández-Sánchez Le Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER) est un des quatre acteurs de la recherche publique luxembourgeoise. Il a pour vocation d’informer les politiques publiques, d’assister de son expertise les acteurs socio-économiques et civils dans leurs réponses aux défis sociétaux et d’éclairer la société sur les transformations sociales présentes et futures. En tant qu’institution de recherche à vocation scientifique et sociétale, le LISER a mis en place une très ambitieuse politique des ressources humaines permettant à la fois d’attirer, mais aussi de développer les meilleurs talents en sciences sociales et construire ainsi un réel pôle de compétences scientifiques et techniques compétitif au cœur de l’Europe. Ce pôle a pour objectif de rassembler une force et une infrastructure de recherche et d’en faire naître des projets issus de l’étroite collaboration avec la société. Au centre de cette stratégie s’inscrit le plus important investissement dans la formation et l’accompagnement de carrière, offrant tout particulièrement aux jeunes chercheurs un environnement stimulant et inspirant pour démarrer une brillante carrière.

Martín Fernández Sánchez correspond en tous points à ce jeune chercheur prometteur qui apporte une plus-value de qualité au LISER et en qui le LISER choisit d’investir, tant pour sa personnalité riche et harmonieuse, que par la qualité incontestable de sa recherche. Martín : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours et sur vos recherches? D’origine espagnole, je suis économiste et chercheur postdoc au LISER depuis 2020. Dans le cadre de mes études et de mon travail j'ai souvent migré au Royaume-Uni, en France, au Chili, aux Etats-Unis… et maintenant au Luxembourg. Je suis devenu chercheur un peu par hasard. J’étais un étudiant curieux, mais sans une vocation claire pour la recherche. Pendant mes études, j'ai été frappé par la persistance des différences de conditions de vie dans le monde. Cela m'a motivé à embrasser une carrière scientifique. J'ai aussi remarqué que pour comprendre le présent, il est pertinent de se tourner vers l’histoire. J’ai donc adopté une perspective historique dans mes recherches sur les impacts des flux migratoires.

Comment le LISER aide-t-il les jeunes chercheurs à mener et valoriser leur recherche? Il y a mille choses à dire, mais je vais tenter d’être bref. Beaucoup de jeunes chercheurs postdocs et doctorants partagent des objectifs convergents, ce qui favorise les interactions et génère un support mutuel. D’autre part, le LISER propose un programme ‘visiteurs’ qui attire des chercheurs de renommée mondiale, ce qui nous permet de bénéficier de leurs connaissances et savoir-faire dans nos domaines, et de développer notre réseau. Nous sommes également encouragés à assister à des conférences, à effectuer des séjours à l'étranger, et à suivre des formations pour développer nos compétences. A travers une grande liberté de recherche et beaucoup de soutien, les conditions idéales sont réunies pour que nous menions des projets de recherche innovants. Quelles sont vos ambitions à 3/10 ans ? Qu’aimeriez-vous avoir atteint ? A travers mes publications et les méthodes que j’utilise, j'aimerais être reconnu comme un chercheur de pointe dans le domaine de l'économie des migrations. J’espère aussi être progressivement amené à diriger d’autres chercheurs et à interagir avec les décideurs publics, les ONG et les organisations internationales. Le rêve ultime serait de devenir un mentor capable de guider, former et inspirer les prochaines générations d'économistes. Ce sont des objectifs ambitieux, mais je suis convaincu qu'avec ma détermination et le soutien du LISER, je pourrai les atteindre.

EN SAVOIR PLUS CAROLE WISCOUR-CONTER Events & Public Relations Manager carole.wiscour-conter@liser.lu www.liser.lu


Portfolio

Photos GUY WOLFF

Le Luxembourg comme terre de succès

Auteur IOANNA SCHIMIZZI

Que le Luxembourg soit la terre de leur naissance, de leur enfance, ou de leurs amours, les quelque 94.335 Portugais du pays représentent autant d’histoires que de chemins de vie. Zoom sur neuf représentants de la première communauté « étrangère » du Luxembourg, qui y ont trouvé une terre d’épanouissement et de réussite professionnelle. 62

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Jean-Paul Da Cunha Tombé dans le bain du carrelage « L’école n’était pas mon point fort, mais je me suis accroché, et j’ai fait les Arts et Métiers. J’ai commencé ma carrière chez Stugalux, et c’est là que je suis tombé dans le bain du carrelage », raconte Jean-Paul Da Cunha, 43 ans, qui a créé son entreprise, JP Home Concept, à Ingeldorf, en 2015. « L’architecture intérieure me fascine, et je trouve cela passionnant de réaliser, par exemple, une salle de bains de A à Z pour un client. J’ai la chance que les clients, et même les collaborateurs avec lesquels je travaille depuis plusieurs années, m’aient toujours suivi dans mes différents postes », confie celui qui a également évolué en première division de football dans le championnat luxembourgeois. Et s’il concède qu’il enchaîne les journées de 12 heures, « je suis fier du parcours de mon entreprise, qui emploie aujourd’hui 39 personnes, et réalise un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros ».

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Nuno Fernandes L’occasion fait le patron Depuis plus de 20 ans, Nuno Fernandes occupe une place importante dans le marché de l’automobile d’occasion avec Occasiounsmaart. « J’ai créé ma société en 2001 pour ma famille, parce qu’auparavant, j’étais chef de vente dans l’automobile déjà, mais cela me prenait beaucoup de temps. En ayant notre propre affaire, nous pouvions alors, avec mon épouse Fanny, qui est mon associée, travailler ensemble et gérer le quotidien de la famille. » Nuno Fernandes est né au Luxembourg dans les années 70. « Mes parents sont la première génération de Portugais à avoir émigré ici. Au début, à l’école, c’était compliqué pour nous, mais j’avais envie d’y arriver, et mes parents m’ont donné beaucoup de force et de valeurs pour réussir. » Son entreprise basée dans le Nord emploie aujourd’hui 19 personnes, « et, tous les jours, je fais les choses comme si c’était le premier jour ».

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Bruno Silva Cunha L’autodidacte « J’ai arrêté l’école à 15 ans, et j’ai rejoint l’entreprise que mon père avait créée deux ans plus tôt, au début des années 1990. J’y ai exercé tous les métiers : livreur, chef de dépôt, vendeur, et j’ai racheté les parts de mon père en 2016. Je crois que j’ai toujours eu la fibre entrepreneuriale, j’aime le commerce », explique Bruno Silva Cunha, administrateur délégué de Bexeb à Bascharage. Et depuis la création de l’entreprise par son père, la société familiale a bien grandi, puisqu’elle compte désormais 43 salariés, « et notre chiffre d’affaires est de 16 millions d’euros. Nous sommes passés de société dépositaire commercialisant des bières, des vins luxembourgeois et des soft drinks à une société importatrice de produits majoritairement portugais (à hauteur de 80 %, ndlr) à destination de l’horeca et des supermarchés », se réjouit ce patron de 41 ans.

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Remy Manso Un homme de défis À 36 ans, Remy Manso est déjà un entrepre­neur chevronné. Il est à la tête de 12 restaurants – parmi lesquels le Batucada, le Piri Piri, ou encore El Barrio –, et avec plusieurs associés, il est aussi présent dans le secteur de l’immobilier. « Je suis né au Luxembourg, mais j’ai vécu jusqu’à mes 18 ans au Portugal. Je suis ensuite revenu au Grand-Duché pour travailler avec mon père, qui était dans la restauration. Il est malheureusement décédé jeune, à l’âge de 48 ans, seulement 10 jours après l’ouverture de mon premier business. Quand j’ai commencé, les gens pensaient que j’avais simplement de la chance, mais à présent, ils comprennent que ça marche vraiment », se réjouit celui qui emploie environ 350 personnes. Et même si le Covid-19 est « un coup dur, comme pour tout le secteur de l’horeca, nous continuons à nous développer, et j’aime les défis, donc cela ne va pas m’arrêter ».

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Orlando Pinto Une pierre à l’édifice Orlando Pinto est arrivé au Grand-Duché il y a tout juste 40 ans, et a commencé à travailler en tant que manœuvre dans une entreprise de construction. « C’est armé d’une pelle et d’une pioche que j’ai commencé mon aventure », explique-t-il. L’histoire de sa propre entreprise, Sopinor, commence quant à elle 20 ans plus tard, en 2002. « À cette époque, j’avais seulement quatre collaborateurs et j’étais loin d’imaginer la dimension qu’elle prendrait. » Aujourd’hui, le groupe, qui participe notamment au chantier du tram à Luxembourg-ville, compte 550 salariés et a réalisé un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros en 2020. « Nous mettons un point d’honneur à accompagner des entreprises ou des associations au Luxembourg, mais aussi au Portugal. Je veux poursuivre cette même entraide que j’ai constatée à mon arrivée. »

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Manuel de Abreu Un développement au ciseau Manuel de Abreu, 54 ans, est arrivé avec sa famille au Luxembourg alors qu’il n’avait que 3 ans. Il rencontre son épouse, Nathalie, durant son adolescence, lors d’événements folkloriques portugais. Passionné par la coiffure, il a réalisé son apprentissage à 15 ans et passé son brevet de maîtrise. Après avoir travaillé dans différents salons de coiffure, « j’ai ouvert mon premier salon avec mon épouse en janvier 1991 à Luxembourg-ville, et nous avons ensuite poursuivi les ouvertures au fur et à mesure des années ». Aujourd’hui, NM Coiffure compte huit salons, dont certains qui proposent des prestations d’esthétique, en majorité dans les supermarchés Cactus. « Mon épouse s’occupe de la partie administrative, et moi, de la gestion du personnel (90 personnes, ndlr). Mais je coupe encore les cheveux le mercredi midi », explique Manuel de Abreu.

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Jean-Paul Carvalho Un travail engagé « J’ai fait mes premiers pas au Portugal, et ma famille est venue s’installer au Grand-Duché au milieu des années 70. » Le début du parcours de Jean-Paul Carvalho est semblable à celui de nombreux Portugais qui ont grandi au Luxembourg. Mais pour la poursuite de ses études, il décide de se lancer dans l’architecture. « C’est un domaine qui m’a très vite passionné, et j’ai décidé d’en faire mon métier. » Après des études d’architecture à l’Isa Saint-Luc, à Liège, dont il obtient un diplôme en 1999, il travaille pour le bureau d’architecture Paul Bretz Luxembourg. « Et en 2005, fort de l’expérience acquise et de mon souci du détail, j’ai fondé mon propre bureau. Et lorsque le cadre s’y prête, je n’hésite jamais à faire intervenir dans mes projets des chantiers d’insertion », ajoute celui qui est aussi passionné de dessin à main levée et d’arts martiaux.

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Marco Godinho D’une idée à une œuvre « C’est difficile pour moi de décrire exactement ce que je fais, car je dirais plutôt que je pars d’une idée ou d’un concept pour en faire une forme d’art, confie Marco Godinho, 43 ans. Ma première œuvre, d’ailleurs, c’était une petite cabane sur le balcon de l’appartement de mes parents à Echternach, où j’ai grandi, et qu’ils ont toujours. » Ses parents sont justement venus du Portugal en 1987 alors qu’il avait 9 ans, et son frère Fábio (voir ci-contre), seulement 2 ans. « Je m’inspire vraiment de mon histoire, de ma multiculturalité, pour mon travail. J’aime beaucoup explorer les questions d’exil, de mémoire, mais aussi de conventions géographiques, à travers le dessin, la vidéo, des installations ou des projets participatifs », raconte celui qui a notamment étudié à l’École des Beaux-Arts à Nancy, et a représenté le Grand-Duché à la 58e Biennale de Venise, avec son exposition Written by Water.

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Fábio Godinho La scène comme leitmotiv Fábio Godinho n’est pas un enfant de la balle. « Nos parents (il est le frère de Marco Godinho, ndlr) n’évoluaient pas dans le milieu artistique, mais notre maman est couturière, et ils ont toujours aimé l’art. » Aujourd’hui âgé de 35 ans, Fábio Godinho est acteur, metteur en scène et performeur pour le théâtre et le cinéma. « J’aime mélanger toutes les formes d’art, j’ai notamment étudié au Cours Florent à Paris, mais aussi à la Sorbonne. Ce que je remarque aussi, c’est que les choses ont évolué depuis que j’ai débuté dans le métier. Auparavant, avoir un accent rendait certains rôles plus difficiles à obtenir. Aujourd’hui, je ressens vraiment l’inverse : parler cinq langues, comme c’est mon cas, est vraiment un atout. Je peux jouer au Portugal, en France, au Luxembourg… », expose celui qui a également été le lauréat de la sélection luxembourgeoise au festival Off d’Avignon 2021 et a cofondé la Compagnie TDP, à Paris.

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Bienvenue au Club ! 74

Business Club

Chers membres, L’objectif du Paperjam + Delano Club est d’offrir à ses membres des expériences inoubliables dans un environnement sûr et sécurisé. À cet effet, pour pouvoir organiser nos événements avec une audience tout en veillant à la sécurité sanitaire de nos membres, nous avons fait le choix de prendre des mesures sanitaires supplémentaires. Une grande partie des événe­ ments phares du club d’affaires ont été maintenus, et nous vous invitons à consulter notre site internet ou à télécharger notre application sur l’Apple Store ou Google Play pour vous tenir infor­ més de notre programmation, ainsi que des règles sanitaires en vigueur au Paperjam + Delano Club. Si toutefois vous avez des ques­ tions, n’hésitez pas à contacter directement Esther Pierard, notre relationship manager. Enfin, les inscriptions aux forma­ tions avancées « Booster son middle manage­ment » du 22 février sont ouvertes. Inscrivez-vous dès que possible, les places étant limitées. Et le 22 février en soirée, nous accueillerons, lors du 10×6 Women, 10 femmes aux origines variées, qui partageront leurs role models, en espérant ainsi encourager la future génération de femmes leaders. En attendant de vous retrouver à un de nos prochains événements. Take care and stay safe. ARTUR SOSNA Paperjam + Delano Club Director ANA WISCOUR-CONTER Paperjam + Delano Club Deputy Director

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Inspire Venez écouter des experts, décideurs et influenceurs locaux ou internationaux s’exprimer sur des sujets d’actualité variés. Qu’il s’agisse de 10×6, tables rondes, débats, ou encore de keynotes, ces rendez-vous vous proposeront une dose d’inspiration pour penser à votre business de demain. Des rendez-vous suivis d’un cocktail dînatoire propice aux échanges et au networking.

Learn Offrez à vos colla­borateurs un pro­gram­me de formation annuel. La Paperjam Academy est un centre de formation continue agréé par l’État, offrant un portfolio ambitieux. Un large choix qui se décline par secteur, métier ou de manière transversale, proposé dans des domaines-clés, avec notamment 500 heures de formation dispen­sées sur neuf journées par les experts membres du Club.


Le Club en chiffres

Engage Encouragez l’intégration de vos collaborateurs expatriés au Luxembourg en les faisant participer à nos événements Live et dédiés : Delano lives et Let’s Let’s Taste. taste. Le meilleur moyen de rencontrer la communauté des résidents étrangers au Luxembourg ! Créez de la valeur pour vos employés grâce aux événements événements du du Club. Club

1.100 SOCIÉTÉS

C’est le nombre de sociétés qui composent le club d’affaires le plus important du Luxembourg.

19.000 PERSONNES

Jan Hanrion

C’est le nombre de personnes qui font partie de la communauté active du Paperjam + Delano Club et avec lesquelles vous aurez le potentiel d’interagir.

Photos

250

ÉVÉNEMENTS Événements physiques et digitaux. Entre conférences, formations, networkings et workshops, ce sont presque 250 événements par an auxquels vous pouvez participer.

300 HEURES

Heures de formation par an qui couvriront hard et soft skills, et qui créeront une valeur sup­ plémentaire pour vos employés.

COMMENT PARTICIPER AUX ÉVÉNEMENTS DU PAPERJAM + DELANO CLUB ?

Network Rejoignez les 1.100 sociétés membres du Paperjam + Delano Club et développez votre réseau. Générez de nouvelles opportunités d’affaires dans un cadre convivial et informel avec nos formats Networking Circles, Déjeuners Carrousel, CEO Cocktails, ou encore les visites Dans les coulisses… Pour joindre l’utile à l’agréable !

Vous êtes déjà membre Il vous suffit de vous rendre sur notre site web paperjam.lu, dans la section Club, afin de trouver l’événement auquel vous souhaitez participer. Remplissez le formulaire d’inscription en bas de page pour vous inscrire à nos événements physiques ou digitaux.

Vous n’êtes pas encore membre Il vous suffit de contacter l’équipe du Paperjam + Delano Club par e-mail via club@paperjam.lu, qui vous mettra en relation avec l’un de nos chargés de compte pour vous faire entrer dans le plus grand business club du Luxembourg.

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Romain Wolff (CGFP)   Lex Delles (ministre du Tourisme et des Classes moyennes)

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Martine Kerschenmeyer (Korn Ferry)  Anne-Catherine Ries (Digital Lëtzebuerg)

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Tine A. Larsen (CNPD)

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Ne manquez pas

Business Club Février / Mars 2022

Mardi 22 février

Jeudi 24 février

10×6

Women: Leaders’ role models Les vocations se forgent à l’aune des modèles. La singularité des parcours de vie de chacune des 10 femmes leaders de ce 10×6 exclusivement féminin révèle leurs role models et encouragera la future génération de femmes leaders. Ces femmes dirigeantes, créatrices d’entreprises, diplomates, scientifiques, aux origines variées et riches de leurs expériences, sauront inspirer à leur tour. Inscrivez-vous

PROGRAMME 18:30 – 22:30 LIEU Lycée Vauban SPONSOR IQ-EQ

TALK

Apéro Talk with Nathalie Reuter – Luxembourg : futurs développements urbains

Nathalie Reuter recevra Claude Turmes (ministre de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire) dans le cadre du lancement du supplément Paperjam Mipim, pour échanger sur l’aménagement du territoire, l’attractivité du Luxembourg et ses défis énergétiques. Inscrivez-vous PROGRAMME 18:30 – 21:00 LIEU INNSiDE by Meliá Luxembourg

Mardi 08 mars TALK

Breakfast Talk – Supporting the financial industry: the new rules of outsourcing

La réglementation des PSF et des PSF de support évolue, les fintech se développent, la concurrence internationale se renforce... Comment la place financière s’adapte-t-elle ? Cécile Gellenoncourt (CSSF), qui a écrit la nouvelle circulaire sur le sujet, dialoguera avec Jean-François Terminaux, président du conseil d’administration de Finance & Technology Luxembourg, le syndicat des PSF Inscrivez-vous de support, depuis 2017. PROGRAMME 08:30 – 09:30 LIEU Namur

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Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu


FR/EN

10×6 INCLUSION FROM WORDS TO ACTION

31.05

Mardi 18h30

Inscription et informations : www.paperjam.lu/club


Le programme

Business Club Février / Mars 2022

Jeudi 03 février

Jeudi 24 février

Mardi 22 mars

TALK

Apéro Talk with Nathalie Reuter – Luxembourg : futurs développements urbains HORAIRE 18:30 – 21:00 LIEU INNSiDE by Meliá

Networking Circle – J. C. : Le spectacle de Juliette Navis

Jeudi 03 mars

Delano Live + Meet the community HORAIRE 18:30 – 20:00

HORAIRE 19:00 – 22:30

LIEU Knokke Out

LIEU Kinneksbond

SPONSOR ING Luxembourg

Mercredi 09 février

Mercredi 23 mars

Breakfast Nouveaux Membres HORAIRE 08:15 – 09:30

Networking Circle

LIEU The Office City

HORAIRE 18:30 – 21:30 Mardi 22 février FORMATION AVANCÉE

Mardi 08 mars TALK

Breakfast Talk – Supporting the financial industry: the new rules of outsourcing HORAIRE 08:30 – 09:30 LIEU Namur

Let’s Taste HORAIRE 18:30 – 21:30

Jeudi 24 mars TALK

Mardi 15 mars

Booster son middle management  – Maîtriser les fondamentaux du management

Lunch Talk – Application concrète de la COP26 à Luxembourg HORAIRE 12:00 – 14:00 LIEU Namur

HORAIRE 08:30 – 12:00

Mardi 29 mars

LIEU Chambre des salariés

FORMATION AVANCÉE 10×6

Women: Leaders’ role models HORAIRE 18:30 – 22:30

Journée de workshops HORAIRE 09:30 – 12:45

LIEU Lycée Vauban SPONSOR IQ-EQ

LIEU Abbaye de Neumünster

Jeudi 24 février

Jeudi 17 mars

HORAIRE 09:30 – 12:45

Breakfast Nouveaux Membres

LIEU Abbaye de Neumünster

HORAIRE 08:15 – 09:30

Journée de workshops

Booster son middle management – Savoir déléguer HORAIRE 08:30 – 12:00 LIEU Chambre des salariés

LIEU The Office City

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Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu

Retrouvez le programme complet


FR/EN

APÉRO TALK LUXEMBOURG : FUTURS DÉVELOPPEMENTS URBAINS

Avec Nathalie Reuter...

24.02

Jeudi 18h30

... et Claude Turmes (ministre de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire)

Inscription et informations : www.paperjam.lu/club


Flashback

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“Harnessing the power of data from space and artificial intelligence to help build a more sustainable future.” Imeshi Weerasinghe WEO

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Vos événements Le Paperjam + Delano Club a clôturé l’année 2021 en proposant à ses membres des conférences et des séances de networking diverses. Les nouveaux membres ont pu, lors du dernier Breakfast Nouveaux Membres, mieux découvrir les différents avantages du Club, mais également tisser des premiers liens avec les membres présents. L’événement Let’s Taste a été l’occasion pour notre expert en vin, 1  Lucas Ney, de faire découvrir aux membres présents une sélection de vins et spiritueux au sein de Paladium. La 3e édition des Start-up Stories Awards s’est tenue en livestream en présence de 2  Philippe Linster, CEO de la House of Startups, suivie d’une keynote de 3  Genna Elvin, chief tada officer de la société Tadaweb. Les lauréats 2021 sont Ta-Da! ( 6  Michelle Glorieux), élue Start-up de l’année, et WEO ( 4  Imeshi Weerasinghe), le Coup de cœur du jury. Merci à notre partenaire Startup Luxembourg ainsi qu’aux membres du jury pour leur soutien, et à Tadaweb pour son accueil. 5  Patrick Lesage, CEO et fondateur de Takaneo, a partagé son expérience et ses connaissances sur les stratégies de relations presse performantes lors du dernier Marcom Breakfast de l’année. Enfin, la première journée de workshops 2022 a présenté sept cycles de formation visant à développer les compétences et les connaissances des participants, en présence de formateurs experts du Club. Plus de photos sur

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paperjam.lu

Photos

Simon Verjus, Eva Krins

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“Paper products we know and love… now smart.” Michelle Glorieux Ta-Da! FÉVRIER 2022

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Ma maison

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ment. « J’aime beaucoup voyager, principalement en Asie, et j’ai une vraie passion pour les hôtels. Il m’arrive même de choisir ma destination non pas pour la région, mais pour l’hôtel où je vais séjourner. » Aussi, quand le moment est venu pour lui d’imaginer son logement, ce sont les hôtels qui lui ont servi de référence. « L’appartement fait 86 m2. Joël Kieffer a fait rénover La question des rangements était donc cruciale. J’aime aussi son appartement beaucoup cuisiner, c’est pourquoi en s’inspirant des je voulais que la cuisine occupe hôtels, qu’il a beaucoup une place centrale. » Avec l’aide des architectes, il déplace la fréquentés. cuisine et réaménage la pièce à vivre, qui s’ouvre sur un jardin C’est au Kirchberg, dans une privatif. « Nous avons choisi d’avoir rue calme donnant sur un parc à l’arrière, que Joël Kieffer a choisi des rangements uniformes dans tout l’appartement. Que ce soit le d’habiter. « J’ai racheté cet appardressing, les meubles de cuisine tement à mon père, explique-t-il. ou ceux du salon, tout est fait sur Il l’avait fait construire en 2001, mais j’y ai apporté quelques modi­- mesure dans le même matériau et avec le même design. » fications. » En effet, avec l’aide d’EGB, il a repensé la pièce à Auteur CÉLINE COUBRAY vivre et l’ensemble de l’aménage- Photos GUY WOLFF

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COMME FÉVRIER 2022


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5 1 Dans le salon, on retrouve de grands classiques du design international. 2 La cuisine est le cœur de cet appartement. La crédence miroir ouvre l’espace. 3 Le salon et la cuisine ne forment qu’un seul et même espace qui s’ouvre sur le jardin grâce à une grande baie vitrée. 4 Dans la chambre, on retrouve le même système de rangement. 5 Le propriétaire est un féru de mobilier USM, dont il possède plusieurs pièces.

À L’HÔTEL​ FÉVRIER 2022

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Mon argent

Le directeur général de la Brasserie Nationale, Frédéric de Radiguès, est un passionné d’équitation. Un univers dans lequel il s’octroie quelques petites folies. Une devise ou un principe par rapport à l’argent ? Je n’ai pas besoin d’argent pour être heureux. Ce qui est le plus important dans la vie, c’est la ­passion. Quelle est votre passion ? Depuis tout jeune, je monte à cheval. C’est une discipline proche de la terre et de la nature. Aujourd’hui, je suis passionné par le côté élevage : la sélection des bonnes souches, tout en sachant que rien n’est jamais certain en élevage. Il y a toujours une part de « loterie » dans la génétique. Il faut garder énor­ mément d’humilité. Combien de chevaux avez-vous ? Quelques-uns, pas un grand élevage [sourire]. C’est un monde particulier, et, comme la qualité a un prix, il faut sélectionner les bons poulains et essayer de ne pas trop se tromper : je veille au pedigree, aux allures, à l’équilibre, aux résultats des parents… Au fond, je suis un peu agriculteur dans l’âme. Et, dans l’élevage des chevaux, il y a de la place pour la passion et l’excellence. Avez-vous participé à des concours hippiques ? Très peu, parce que ma vie ­professionnelle ne m’a pas permis de continuer à concourir. Je n’ai jamais été à un niveau très élevé. C’est une discipline très exigeante, et si vous voulez atteindre un niveau élevé, il faut monter tous les jours, et les ­chevaux doivent être traités comme des athlètes.

L’équitation, un plaisir depuis son plus jeune âge pour Frédéric de Radiguès.

Quel était votre dernier coup de folie ? Probablement l’achat d’un poulain dans une vente en ligne. Ce marché est devenu un petit peu plus explosif en termes de prix, et on se retrouve face à des acheteurs potentiels venus des Émirats arabes unis ou des États-Unis. Mais il faut rester raisonnable. C’est pourquoi je préfère acheter des poulains, parce qu’ils restent dans une gamme de prix un petit peu plus raisonnable… Y a-t-il un achat que vous ­regrettez ? Non. Je pense que l’achat que je pourrais regretter serait un achat démonstratif. Je suis plutôt la devise « Pour vivre heureux, vivons cachés ». Un rêve irréalisable ? Tout rêve est réalisable ! Je suis un homme de rêves, j’aime rêver et avoir des projets. Je suis un

­amateur de voile, et je ferais bien le tour du monde sur un voilier avec un équipage de très bons amis. Pour le moment, cela ne s’est pas encore réalisé, mais ça ne veut pas dire que c’est irréalisable. Qu’est-ce que l’argent ne peut acheter ? La sérénité, l’amour, et l’esprit de famille. Quelles valeurs relatives à l’argent transmettez-­vous à vos enfants ? J’ai trois filles, et je leur ai toujours dit de faire ce qu’elles aiment, de le faire avec passion et d’être les meilleures. L’argent n’est pas une fin en soi, mais la conséquence de bien faire les choses et avec passion. Cela fait 35 ans que je travaille et que je viens au boulot avec bonheur et cinq idées en tête chaque matin, c’est ça qui me fait avancer.

Son autre dada 84

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Le jour où je n’ai plus la passion, je quitte mon boulot. Et votre premier salaire ? En tant qu’étudiant, je travaillais pour un entrepreneur agricole pendant l’été, pour faire des ­ballots de paille et conduire des moissonneuses-batteuses. ­J’accumulais une petite épargne pour payer les extras de l’année. Une anecdote autour d’un achat particulier ? Je suis un négociateur, et quand j’achète, je pars du principe que tout se négocie, aussi bien dans la vie professionnelle que la vie privée. Parfois, il m’est arrivé de me retrouver face à de bons négociateurs, qui me demandaient si mes origines n’étaient pas issues de pays réputés pour leurs hauts pouvoirs de négociation [rires]. Interview CATHERINE KURZAWA Photo ANTHONY DEHEZ


L’Université du Luxembourg recrute. L’Université du Luxembourg est multilingue, internationale et centrée sur la recherche. Fondée en 2003, l’Université du Luxembourg est la seule université publique au Grand-Duché de Luxembourg. Multilingue, internationale et centrée sur la recherche, elle se définit aussi comme une institution moderne et à visage humain. L’Université du Luxembourg, au travers de sa Faculté des sciences, des technologies et de médecine vise l’excellence en recherche et dans la formation des sciences biomédicales et des professions de santé. Un nouveau Bachelor en Médecine a démarré en septembre 2020. Trois Diplômes d’Etudes Spécialisées, en Médecine générale (qui existait en fait depuis 2004 sous une autre forme), en Neurologie et en Oncologie viennent de débuter en septembre 2021. Sept nouveaux Bachelors en soins infirmiers (Bachelor infirmier responsable de soins généraux, et autres Bachelors dans les domaines de la chirurgie, anesthésie réanimation, pédiatrie, santé mentale, sage-femme, radiologie) sont désormais prévus pour une ouverture à partir de septembre 2023. L’Université du Luxembourg organisera ces Bachelors en soins infirmiers en associant une formation théorique dotée des moyens modernes actuels et une formation pratique par des stages en milieu hospitalier, clinique ou ambulatoire en collaboration avec les différents instituts du pays et des partenaires étrangers. Dans ce contexte, l’Université recrute un(e)

Professeur ordinaire en Sciences infirmières • • • •

Type de contrat : Permanent Temps de travail : Temps plein 40 heures / semaine Localisation : Belval Référence : UOL04702

Votre rôle... Le/la professeur(e) sera rattaché(e) à temps plein à l’Université. Il/elle aura un rôle de leadership pour construire et coordonner les formations en sciences infirmières. La partie universitaire se répartira entre charge d’enseignement et charge de recherche. Le/la titulaire possèdera donc idéalement une expérience clinique significative en soins infirmiers, en enseignement ainsi qu’en recherche. La répartition entre les différentes activités (académique/recherche, voire professionnelle) sera adaptée en fonction du profil du/ de la titulaire.

Votre profil... Le/la candidat(e) idéal(e) engagé(e) à l’Université est un enseignant-chercheur qui répondra aux critères suivants : • Titulaire d’un grade d’infirmier et d’un doctorat (PhD) et disposant d’une réputation et d’une expertise de recherche internationalement reconnues sur base de la qualité de ses travaux de recherche objectivée par des publications internationales dans le domaine des sciences infirmières • Une expérience administrative et des qualités de leadership sont également essentielles • Expérience de terrain dans la formation d’infirmiers, concernant l’enseignement théorique et l’encadrement de stagiaires • Expérience de la recherche en soins infirmiers et de la supervision de recherche ou de thèse de doctorat (PhD). • Connexion à des départements de formation en soins infirmiers dans les universités à l’étranger • Responsabilités dans les sociétés savantes européennes de soins infirmiers • La personne choisie à ce poste doit maîtriser la langue anglaise ainsi qu’une des deux langues suivantes : le français ou l’allemand.

Égalité du genre : L’Université du Luxembourg s’engage en faveur de l’égalité des genres au sein de son personnel académique et vise à éliminer les obstacles au recrutement de professeurs de sexe féminin ainsi qu’à la progression de leur carrière. Dans le cas où deux candidats présenteraient des CV équivalents, l’Université donnera la préférence à la candidature féminine, et ce dans tous les départements au sein desquels l’équilibre des genres n’est pas atteint.

Pour de plus amples renseignements, veuillez-vous adresser au Prof. Dr. Jean-Luc BUEB (jean-luc.bueb@uni.lu)

Comment postuler ? Les candidatures doivent comprendre : Curriculum vitae détaillé, y compris les périodes d’absence au travail (ou lorsque l’effet a été équivalent à une absence), y compris les congés pour raisons familiales et les interruptions de carrière / Lettre de motivation / Bilan des travaux de recherches, bilan d’expérience en enseignement. L’Université du Luxembourg considère l’inclusion et la diversité comme des valeurs clés. Nous nous engageons pleinement à supprimer toute barrière discriminatoire.


Louise Bache Managing director Taleo Consulting Comment définiriez-vous votre rapport à la mode ? Assez détaché. J’aime les ­vêtements, mais je ne suis pas les nouvelles modes de près. Quel a été votre premier achat mode significatif ? Un blazer noir, court, à épaulettes, dans mon magasin ­parisien préféré : Héroïnes. L’accessoire dont vous ne pouvez pas vous passer en hiver ? Un couvre-chef ! Chapka, ­bonnet, bandeau, chapeau... j’en ai ­plusieurs et j’adore. En plus de tenir chaud, il paraît que j’ai une tête à chapeau, alors... Votre combinaison tenue / accessoire préférée ? Pourquoi ? Je suis une grande fan de boucles d’oreilles, donc tout ce qui peut se mettre avec ! Par exemple, une tenue cintrée à la taille et une belle paire de boucles d’oreilles pendantes. Votre no-go absolu ? Je n’arrive absolument pas à ­porter des vêtements type ­jogging de manière esthétique (bien qu’hyper confortables !). Une adresse shopping coup de cœur au Luxembourg ? Par conviction, j’essaie le plus possible de me tourner vers des friperies. Donc, les dressings de mes amies, et tout magasin / pop-up secondhand.

08_legende de cette photo où l'on apprend qu'Anna porte un manteau en fausse fourrure de chez Zara, des escaprins Versace, un jean Reiko et un sac à main Gucci.

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Un hiver accessoirisé 86

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Mon style

Laurent Muller Administrateur délégué Muller & Associés Comment définiriez-vous votre rapport à la mode ? La mode est, pour moi, un moyen et non pas un but. Je décrirais donc ce rapport comme pragmatique. Néanmoins, j’accorde une certaine importance, voire une importance certaine, au soin. Quel a été votre premier achat mode significatif ? En 1990, les Nike Air Jordan, en blanc. En tant que basketteur passionné, c’était à la fois un ­plaisir utile et moderne. ­Malheureusement, je ne les ai pas gardées, mais je les ai ­portées jusqu’à ce qu’elles soient déchiquetées. L’accessoire dont vous ne pouvez pas vous passer en hiver ? Les sous-vêtements fonctionnels, lors de sorties sportives. Cela me garde au sec et au chaud. Ce qui fait que je n’ai pas d’excuse pour ne pas sortir par temps maussade. Votre combinaison tenue / accessoire préférée ? Pourquoi ? La ceinture assortie aux chaussures est un must. Cela fait soigné et un minimum habillé, tout en restant discret. Et en plus, ça main­ tient le pantalon en place, donc on gagne sur tous les plans… Votre no-go absolu ? Avoir de l’eau dans la cave. Même s’il me semble voir de telles tendances apparaître, c’est une chose à laquelle je ne peux pas m’identifier. Cela me fait mal aux yeux et me fait grincer des dents.

130 - 160 signes 08_legende de cette photo où l'on apprend qu'Anna porte un manteau en fausse fourrure de chez Zara, des escaprins Versace, un jean Reiko et un sac à main Gucci.

Une adresse shopping coup de cœur au Luxembourg ? Patrice Parisotto Design ; pas pour mon propre plaisir, mais pour celui d’offrir. Une orfèvre luxembourgeoise passionnée qui réalise même des vœux personnalisés. Je peux ainsi apprécier la mode et l’élégance par procuration. Interview FABIEN RODRIGUES Photos GUY WOLFF

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Ma collection

Pour contraster avec son style vestimentaire sobre, souvent en noir, Joaquim da Costa Ferreira aime porter des bottines pointues fantaisistes. « J’ai commencé avec des bottes de motard, se souvient l’architecte Joaquim da Costa Ferreira. Puis, dans les années 1990, j’ai opté pour des bottines de ville. Dès que j’ai pu gagner ma vie, dans les années 2000, j’ai commencé à m’acheter de belles bottines, avec une nette préférence pour les bouts pointus. » Car c’est bien cet accessoire qui signe sa silhouette : des bottines fines, pointues, souvent fantaisistes, et avec une petite talonnette. « J’aime ces chaussures, car elles sont à la fois élégantes et affinent la ligne. Et moi qui ne suis pas très grand, cela m’amuse beaucoup de porter des talonnettes. Cela me fait penser à toutes ces blagues sur Sarkozy. » Si, au départ, il se fournissait chez Jean-Baptiste Rautureau, aujourd’hui, son chausseur officiel est devenu l’anglais Jeffery West. « Il a des modèles qui sont baroques et qui me plaisent beaucoup. La coupe est toujours la même, mais il y a une grande variété de cuirs, de motifs, de finitions… » Aujourd’hui, il possède environ une quinzaine de paires, dont certaines très excentriques. « J’ai même une paire avec des strass Swarovski ! » Une collection qui demande un certain entretien. « Je me souviens d’une phrase qui disait qu’il faut prendre soin de ses chaussures, car c’est notre point de contact avec la terre, qui est notre dernière demeure, ce qui implique qu’on doit la respecter. Et je suis tout à fait d’accord avec cela. » Auteur CÉLINE COUBRAY Photo GUY WOLFF

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Allure pointue FÉVRIER 2022

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Ma recette

Après une jour­ née chargée en tant que pur­chasing manager, Alexandre Poulenard apprécie aller voir un spec­tacle ou cuisiner. Et dans ce der­nier cas, il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Pour 6 personnes Préparation : 1 heure Cuisson : 1 bonne heure (hors bouillon) POUR LE POULET 1 beau poulet de Bresse (min. 1,6 kg) découpé. Garder la carcasse pour le bouillon de volaille. 5 0 g de morilles séchées 2 belles échalotes 2 gousses d’ail 2 càs d’huile végétale 75 g de beurre 50 cl de bouillon de volaille 50 cl de vin jaune (château-chalon ou autre) 50 cl de crème fraîche épaisse entière 30 g de farine sel et poivre POUR LE BOUILLON 1 carotte 1 poireau 1 branche de céleri 1 oignon piqué avec 3 clous de girofle 1 bouquet garni sel et poivre POUR LE VIN S avagnin en blanc, et trousseau en rouge

Poulet de Bresse au vin jaune et aux morilles 98

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a veille de la cuisson, réaliser L un bouillon avec la carcasse. La faire revenir dans un peu de beurre, couvrir d’eau et rajouter les ingrédients. Écumer en début de cuisson. Après trois heures, réserver au frais, et le lendemain, retirer la graisse solidifiée à la surface. aire tremper les morilles séchées F une heure au préalable dans de l’eau tiède. Filtrer le jus à travers une passoire et conserver environ 2 dl. Réserver. Hacher ail et échalotes et réserver également. ssaisonner les morceaux A de poulet de toutes parts et les passer dans la farine. Dans une cocotte en fonte, faire chauffer l’huile et le beurre. Faire revenir les morceaux d’abord côté peau, environ 5 minutes sur chaque face, jusqu’à obtenir une belle coloration. En parallèle, dans une casserole, mettre 3 dl de bouillon de volaille et 2 dl de jus de trem­ page des morilles. Porter à ébul­ lition, puis baisser le feu pour garder le bouillon bien chaud. Sortir les morceaux et jeter l’ex­ cédent de gras. À nouveau sur le feu, ajouter dans la cocotte 4 dl du bouillon et 4 dl de crème, ainsi que le vin jaune. Assaisonner. Mélanger et remettre le poulet. Cuire à découvert 1 heure environ sur feu moyen à doux. Pour la sauce aux morilles : dans une casserole, mettre 25 g de beurre à feu moyen avec les écha­lotes et l’ail hachés. Faire suer 1 minute, puis ajouter les morilles. Ajouter 1 dl du bouillon de volaille restant. Assaisonner. Ajouter 1 dl de crème et laisser mijoter à feu moyen environ 30 minutes. Tenir sur feu très doux le temps que le poulet finisse de cuire. Sortir le poulet de la cocotte et réserver le fond de sauce. Faire le roux pour lier : dans la cocotte, faire fondre 20 g de beurre. Ajouter 20 g de farine, bien mélanger, y rajouter immé­ diatement la sauce du poulet et porter à ébullition en fouettant. La sauce va s’épaissir. Remettre alors le poulet dans la cocotte et laisser cuire encore quelques minutes à feu doux. On peut ajouter le mélange de sauce aux morilles à ce moment-là, ou le garder à part. Goûter et rectifier l’assaisonnement. C’est prêt ! Auteur FABIEN RODRIGUES Photos GUY WOLFF



Mon mental

Pour certaines person­­nes, le fait de s’alimenter peut devenir problématique. Marie Kokiopoulos a vécu cette épreuve, avant de la surmonter. Manger, dormir, respirer… Ces actes paraissent tout à fait naturels et ne posent pas de problème à la plupart d’entre nous, mais pour certaines personnes, ils prennent une tout autre ampleur. Marie ­Kokiopoulos a souffert pendant toute son adolescence et une partie de sa vie de jeune adulte de troubles alimentaires compulsifs. « Cela a commencé quand j’avais 13 ans, explique la jeune femme aujour­ d’hui âgée de 27 ans. Alors que je pratiquais du sport à haut niveau, mon entraîneur m’a suggéré de perdre quelques kilos. J’ai décidé de faire un régime, et c’est là que

Marie Kokiopoulos a choisi de parler de son trouble pour aider les personnes qui se trouvent dans cette même situation.

tout a commencé. » Elle n’hésite alors pas à réduire ses prises ali­mentaires et à surveiller la composition de ses repas. « Cela me semblait normal, puisque notre société nous donne à voir ces images de corps pres­que maigres, une vision du corps tout à fait normalisée. Mais cela a déclenché chez moi un trouble psychologi­ que. » Suite à ce premier régime, l’attitude inverse s’impose à elle : elle commence à avoir des envies de nourriture compulsives, des fringales qu’elle doit absolument assouvir. « Je n’arrivais pas à me contrôler, et il m’était impossible de m’arrêter. Je mangeais certains aliments, salés ou sucrés, en très grande quantité, et, bien sûr, il ne s’agissait pas de brocolis… »

Plus qu’un simple effet yo-yo Avec ces épisodes compulsifs, Marie prend du poids. Et se lance de nouveau dans un régime pour compenser. « Je suis tombée dans le piège de ce fameux effet yo-yo bien connu des personnes qui pratiquent les régimes. On perd du poids, puis on en reprend, un peu plus à chaque fois, et ainsi de suite. » Mais pour Marie, il s’agit de bien plus qu’un effet yo-yo, elle souffre d’un véritable trouble lié à l’alimentation. « J’avais honte de mes frin­ gales. Je cachais des aliments et je ne mangeais jamais de manière compulsive en face de quelqu’un. » Comme elle continue à pratiquer son sport de manière intensive, ses prises

de poids ne sont pas alarmantes, et ses proches et amis ne se doutent de rien. Cela a un effet pervers, car cette consommation abusive de nourriture lui procure un sentiment de bienêtre sur le moment. « C’est comme un état euphorique. On ressent une très forte sensa­ tion de satisfaction, comme un pic de dopamine. » Du coup, toutes ses pensées sont obnubilées par cette relation à la nourriture. « J’y pensais tout le temps ! Cela occupait sans cesse mon esprit, et ma journée était organisée autour de ça. Quand j’avais prévu d’aller au restau­ rant avec des amis, par exemple, je regardais le menu trois jours à l’avance, et je m’imaginais ce que

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«  J’ai appris à me réali­ menter en écoutant les besoins de mon corps. »

j’allais manger. Mais une fois sur place, pour ne pas éveiller les soupçons, je surveillais chacune de mes bouchées. Quand les autres arrêtaient de manger, je les imitais. Mais après être sortie de table et avoir quitté mes amis, je partais me cacher pour continuer à manger à toute vitesse des produits que j’allais acheter à la station-­service. » Honte et culpabilité La jeune femme se rend bien compte qu’elle a un problème, mais elle n’ose en parler à per­ sonne. « J’avais honte, je culpa­ bilisais, mais je n’arrivais pas à m’arrêter. J’avais peur d’être jugée, d’embêter les autres avec mes problèmes ‘de riche’, car je considérais cela comme un luxe de pouvoir s’offrir autant de nourriture. » Malheureusement, cette addiction se poursuit à l’univer­ sité. « Cette période a été terrible pour moi, car il m’était très facile de commander de la nourriture en livraison que je pouvais manger seule dans ma chambre d’étudiante. » Puis, un jour, elle trouve le courage d’en parler à ses parents et se rend chez une psychologue qui lui diagnostique une dépression. « Malheureuse-

ment, cette personne n’était pas spécialisée dans les troubles alimentaires et ne s’est pas rendu compte de ce que j’avais. Je n’étais pas boulimique et ne me faisais pas vomir, par exemple, puisque je voulais me punir moimême en devenant grosse. Et ce n’était pas un manque de caractère ou une preuve de faiblesse, car je suis très disciplinée et déterminée dans la vie de tous les jours. J’étais vraiment malade, psychologiquement malade. » ​ rrêter cette obsession A En 2019, Marie décide que cela suffit. Fini les régimes, fini cette vie obsessionnelle autour de la nourriture. « J’étais épuisée mentalement. Cette obsession me prenait toute mon énergie. J’ai alors commencé à accepter mon corps tel qu’il était, avec ses kilos en trop, et je n’ai plus fait de régime. J’ai appris à me réalimenter, comme une enfant, en ne me refusant rien, mais en écoutant les besoins de mon corps. » Aujourd’hui, Marie a choisi de parler de son trouble pour aider les personnes qui pourraient se trouver dans cette même situa­ tion. « Pendant le premier confinement, j’ai senti que mes pensées

compulsives commençaient à revenir. Cela a tiré une sonnette d’alarme en moi, et j’ai décidé d’en parler publiquement. » Elle choisit alors de faire une vidéo où elle témoigne de son parcours et crée la plateforme Mokuchsdag sur Facebook. « J’aurais adoré pouvoir entendre ce témoignage quand j’avais 13 ans. Je pense que je ne serais pas entrée dans cette spirale infernale si ça avait été le cas. » C’est aussi pour expliquer son parcours dans sa langue maternelle, le luxembourgeois, qu’elle a créé la plateforme. « C’est un problème très intime, et le fait de ne pas pouvoir trouver d’infos dans ma langue maternelle m’a beaucoup manqué. » Marie s’estime désormais tirée d’affaire et conseille à tous ceux qui rencontrent ce problème de ne pas en avoir honte et d’aller chercher de l’aide auprès de leur entourage et de professionnels spécialisés. « Il n’est jamais trop tard, et il ne faut pas accepter cela comme une fatalité. Ce n’est pas un manque de caractère, mais bien un trouble psychique. Il ne faut pas en avoir honte, cela arrive à beaucoup de personnes. » Auteur CÉLINE COUBRAY Photos ROMAIN GAMBA

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FO N

0 PAR MIKE K 200 OE

DI N ER G

EN DÉ

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Rédaction

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La liste

chercheurs pleins d’avenir

Ils sont Luxembourgeois, ils ont moins de 35 ans et sont actifs dans la recherche. Docteurs ou doctorants, leurs travaux innovants leur ont d’ores et déjà permis de briller – parfois même à l’international – et d’apposer pour certains leur signature dans des revues prestigieuses. Portrait de ces chercheurs pleins d’avenir. Auteur JULIEN CARETTE

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Paul Baustert

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Lynn Bonetti

29 ANS, CHERCHEUSE, LIH

Lynn Bonetti travaille au département Infection et immunité du Luxembourg Institute of Health (LIH). Diplômée en ­biochimie et biologie moléculaire et cellulaire, elle vient juste de terminer son doctorat en biologie et sa thèse est ­nommée au prochain Excellent Thesis Award de l’Université du Luxembourg. Cette Eschoise, qui envisage de prendre bientôt une année sabbatique (« afin de visiter l’Australie et de recharger un peu les batteries », dit-elle en souriant), s’intéresse à l’immunothérapie, cette approche ­thérapeutique qui agit sur le système immunitaire d’un ­patient afin de lutter contre sa maladie. Ses recherches portent sur les mécanismes qui influen­ cent la réponse immunitaire. Si elle a déjà été quelques fois publiée, « un article important tiré de [s]es travaux est en cours de rédaction et devrait être publié prochainement ». A priori dans une revue de référence du monde de la biologie.

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Paul Baustert

27 ANS, DOCTORANT, UNIVERSITÉ DU LUXEMBOURG

Max Meyrath

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Max Meyrath

31 ANS, CHERCHEUR, LIH

Ce Leudelangeois affiche une production scientifique conséquente pour son âge. Chercheur au sein du département Infection et immunité du Luxembourg Institute of Health (LIH), il compte déjà 16 publications, dont cinq en tant que premier auteur. « Dont une dans Nature Communications, une des revues scientifiques les plus prestigieuses », dit-il en souriant. Diplômé en biologie molé­ culaire et virologie, docteur en sciences biomédicales et pharmaceutiques, Max Meyrath travaille sur les réponses immunitaires du corps humain et l’autorégulation de ce dernier. « Dans le but de découvrir de nouveaux mécanismes qui pourront ensuite aider à traiter différemment certaines maladies. » Depuis octobre 2020, grâce à une collaboration entre le LIH, les Laboratoires Réunis et le FNR, il développe également « un nouveau test visant à déterminer la protection d’un patient vis-à-vis du Covid-19 et de ses différents variants ». Reste à voir si ce projet ira jusqu’à la phase de commercialisation…

Lauréat du prix Robert F. Ballieu de l’Université catholique de Louvain et membre associé de la UK Higher Education Academy, Jim Barthel est un chercheur en doctorat au sein du département informatique de la faculté des Sciences, de la Technologie et de la Médecine de l’Université du Luxembourg. Ce citoyen de Rippweiler travaille « à l’intersection entre les mathématiques et l’informatique, dans la cryptographie ». Une science visant à chiffrer des informations pour en assurer leur confidentialité, authenticité et intégrité. « Un domaine en plein boom dans notre ère profondément marquée par l’automatisation, où toutes nos machines se doivent d’être protégées contre les cyberattaques », explique-t-il. Et, malgré son jeune âge, il a déjà réussi à publier ses recherches et être invité à intervenir dans des conférences internationales.

Jim Barthel LIH, List, Université du Luxembourg et Liser

33 ANS, CHERCHEUR, LIST

Paul Baustert a comme domaines de prédilection l’analyse du cycle de vie et le développement ­durable. Chercheur au sein du département dédié à l’environnement du Luxembourg Institute of Science and Technology (List), ce diplômé en ingénierie de ­l’environnement travaille aujour­ d’hui « sur la modélisation des impacts environnementaux de la mobilité, des systèmes énergétiques, et des incertitudes qui y sont liées. Et ce, avec un niveau de détail plus élevé que celui des modèles déjà existants », explique-t-il. Le but de ses travaux étant d’« évaluer différents scénarios, notamment politiques, afin de déterminer lequel a le plus grand potentiel en termes de réduction des impacts environnementaux en particulier en ce qui concerne les gaz à effet de serre, mais pas seulement ». Plus qu’un sujet tendance, un enjeu crucial pour la planète.

Jim Barthel

Photos

2

Lynn Bonetti


Jules Linden

6

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Olivier De Castro

33 ANS, CHERCHEUR, LIST

Dominique Santana

5

Dominique Santana

34 ANS, HISTORIENNE, UNIVERSITÉ DU LUXEMBOURG

Une Dudelangeoise aux origines brésiliennes. Tout prédestinait Dominique Santana à s’inté­ resser à l’immigration vers le Brésil à travers le secteur de l’acier. « Et de conter l’histoire de ces centaines de Luxembourgeois envoyés par l’Arbed en territoire brésilien, afin d’y travailler dans son implantation Belgo Mineira. Certains pour trois ans, d’autres pour toute une vie… », explique-t-elle. Une histoire peu contée qui a débuté il y a un siècle et qui méritait le traitement innovant que lui a offert cette historienne à travers sa thèse de doctorat au Luxembourg Centre for Contem­ porary and Digital ­History (C2DH), en collaboration avec l’Université de São ­Paulo. Avec la société de production cinéma­ tographique Samsa Film et le Centre national de ­l’audiovisuel, elle a développé un concept transmédia à 360 ­degrés, tour­ nant autour d’un documentaire interactif et de différentes plate­ formes ­permettant un dialogue entre communautés, mais aussi à ­chacun de contribuer à l’œuvre. « Une voie mêlant recherche académique, audiovisuel et médias digitaux assez inexplorée jusqu’à présent, et dans laquelle j’aimerais poursuivre », conclut Dominique Santana.

Le département Materials ­Research and Technology du Luxembourg Institute of Science and Technology (List) travaille souvent, dans le cadre de projets industriels, en étroite collaboration avec des entre­ prises. C’est ainsi qu’Olivier De Castro a « collaboré, ces ­dernières années, avec Zeiss, un des grands spécialistes de l’optique de précision, et Thermo Fisher Scientific, la multinationale américaine au large champ d’action qui s’occupe, entre autres, de microscopie haute performance et d’analyse chimique ». Il faut dire que le citoyen de Niederkorn est expert en instru­ mentation scientifique au List. Ce diplômé en physique y a pris la suite de celui qui avait été un des superviseurs de sa thèse de doctorat, David Dowsett, après que ce dernier « a quitté l’institut pour s’occuper de la start-up /  spin-off (Lion Nano-Systems, ndlr) qu’il a créée afin de commercialiser un des développements réalisés au List ». Le genre d’aventure qui peut être une belle source d’inspiration.

Elisa Zuccoli

25 ANS, DOCTORANTE, UNIVERSITÉ DU LUXEMBOURG

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Jules Linden

27 ANS, DOCTORANT, LISER

Il ne planche que depuis un an sur son doctorat. Mais cela a suffi à ce diplômé en public p ­ olicy and human development pour être invité par la Commission européenne afin de présenter les travaux qu’il réalise actuelle­ ment en collaboration avec ses mentors, le Dr Sologon (du ­Liser) et le réputé Professeur O’Donoghue (National Univer­ sity of Ireland Galway). Une invi­ tation qui a plus que ravi celui qui « aimerai[t] bien rejoindre l’équipe de recherche de la Commission à la fin de ses études ». En attendant, Jules Linden travaille donc sur EnviroSim, son « projet qui a pour objectif la création d’un modèle de micro­ simulation permettant d’évaluer et de modéliser l’impact de la ­politique environnementale sur le comportement de consommation des ménages, les émissions de gaz à effet de serre et la répartition des revenus ». En d’autres termes, il cherche à créer un outil de support pouvant servir aux dirigeants politiques, pour estimer l’efficacité attendue des mesures et les éventuelles inéga­ lités qu’elles créeraient.

Diplôme de biologie molécu­ laire et cellulaire du LMU de Munich en poche, Elisa Zuccoli a débuté son doctorat au Luxem­ bourg Centre for Systems ­Biomedicine (LCSB). Ses travaux se concentrent actuellement sur la maladie de Parkinson, « une des maladies neurodégénératives les plus répandues », rappelle-t-elle. Son but ? « En apprendre davantage sur ses différentes mutations et son déroulement, afin d’obtenir des avancées qui aideront à la soigner. » Parallèlement, cette habitante de Howald est également partie prenante dans Brains (Biological Research using Artificial Intelli­ gence for Neuroscience in Space), ce projet « qui va envoyer dans l’espace – à bord de la Station spatiale internationale – des cultures cellulaires 3D (également appelées ‘mini-cerveaux’, ndlr) ». Team leader d’un groupe compre­ nant quatre autres étudiants, elle sera donc aux premières loges pour étudier le développe­ ment de ces cellules dans un envi­ ronnement en microgravité, très différent de la gravité terrestre.

Olivier De Castro Elisa Zuccoli

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Crédits

De 100 à 1.000. Le cap symbolique du millième employé a été franchi par Arendt & Medernach. Son managing partner, Jean-Marc Ueberecken, revient, en page 24, sur la stratégie du cabinet d’avocats devenu groupe de services UBS a quant à lui choisi de placer le centre de gravité de sa gestion de fonds au Luxembourg, avec, à sa tête, Francesca Prym. La CEO dévoile, en page 44, les ambitions de ce qui est amené à devenir un des leaders de la place financière Le cœur de l’économie du pays bat de plus en plus au rythme des actifs verts, comme l’illustre la rubrique Data Dada sur les investissements ESG en page 22 Ambassadeurs du pays à leur manière, 8 jeunes chercheurs luxembourgeois se présentent en page 96 Comment dessiner et construire le Luxembourg d’ici 2050 ? En page 38, le ministre de l’Aménagement du territoire, Claude Turmes, détaille les premiers résultats de l’initiative Luxembourg in Transition Des résultats qui s’améliorent, il en est question avec Isabelle Schlesser, directrice de l’Adem. Passage en revue, en page 34, du marché de l’emploi dans un monde post-Covid Il reste un an au Luxembourg pour se doter d’un réseau 5G efficient, capable de répondre aux défis d’internet, soit une demande en data en croissance de 30 à 40 % chaque année. Le dossier Enjeux s’arrête, en page 50, sur les investissements nécessaires, sur l’appétit de nouveaux acteurs, sans oublier les objets connectés qui vont entrer dans notre quotidien Neuf représentants de la communauté portugaise, la plus grande communauté « étrangère » du pays, partagent, en page 62, et en photos, leur parcours et leur réussite professionnelle, tantôt entrepreneuriale, tantôt artistique Joël Kieffer se sent chez lui comme à l’hôtel, un univers qu’il a beaucoup fréquenté et qui l’a inspiré pour rénover son appartement. Visite en page 82 Lorsqu’il ne dirige pas la Brasserie Nationale, Frédéric de Radiguès s’adonne volontiers à sa passion équine, présentée en page 84 dans la rubrique Mon argent De l’allure, Joaquim da Costa Ferreira n’en manque pas en chaussant une paire de bottes pointues de sa collection, qu’il nous fait découvrir en page 88 Vous prendrez bien un peu de poulet de Bresse au vin jaune et aux morilles ! Alexandre Poulenard dresse cette recette en page 90 À ne pas manquer non plus, la rubrique Mon mental, en page 92, avec le témoignage de Marie Kokiopoulos. Retour sur une obsession désormais maîtrisée : manger.

Andrés Lejona, Guy Wolff et Romain Gamba

Clin d’œil


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