Paperjam février 2022

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Ristretto #Entreprises

« Une saturation des complexes commerciaux » Président depuis septembre 2021 de la Fédération de la mode (Femo), Marc Herber dévoile ses priorités pour les détaillants de vêtements et chaussures.

La vente de vêtements et chaussures a été particu­lièrement éprouvée par la crise du Covid-19. Quel est, à vos yeux, le principal défi du secteur ? Le défi, c’est d’essayer d’anticiper la situation dans 6 à 12 mois, lorsque les collections que nous commandons actuellement seront en rayon. Au niveau logistique, lorsque les coûts de livraison sont 5 à 10 fois plus élevés en deux ans, cela se traduit par une hausse des prix des produits, c’est inévitable. La crise sanitaire a vu la seconde main émerger. Est-ce un créneau à développer ? Son potentiel est difficile à évaluer. Prenez le shopping en ligne : il a connu une très forte hausse pendant la crise, mais une fois que les magasins ont rouvert, il a diminué. C’était, semble-t-il, une solution temporaire. En 2019, trois nouveaux centres commerciaux ont ouvert à Luxembourg-ville. Estimez-vous qu’il y a trop de magasins ? Oui, il y a une saturation, et cela se voit dans les locaux vacants. Ces complexes ont été construits suite à des analyses de marché trop optimistes, souvent réalisées par des bureaux d’études étrangers qui ne connaissent pas forcément le Luxembourg et se concentrent sur le niveau des salaires, le nombre de salariés, et déduisent des chiffres qui ne sont pas en phase avec la réalité du terrain.

Mais ces enseignes sont souvent contrôlées depuis l’étranger… Exact, mais l’essor des réunions digitales peut faciliter la tâche. Pour nos membres, nous négocions des avantages au niveau des tarifs des modes de paiement électroniques, mais aussi des réductions à la Sacem. Avez-vous justement une demande à formuler au gouvernement ? Restez à l’écoute de notre secteur avant de prendre des décisions qui nous impactent. Nous faisons face à un manque de main-d’œuvre qualifiée : il n’y a plus beaucoup de conseillères de vente qui parlent le luxembourgeois, alors que c’est un atout très important qui nous distingue de la vente en ligne. Il faudrait trouver un moyen de revaloriser le métier de conseiller et conseillère de vente.

La Femo a lancé, au Mantelsonndeg, un concours Facebook. Une manière d’être plus visible par le grand public ? Nous voulons accroître notre visibilité avant tout au sein des commerçants. Mais, avec cette opération, nous avons combiné une visibilité sur les deux fronts. L’idée n’est pas d’investir à chaque fois dans une campagne de cette ampleur.

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D’une manière générale, quels sont vos projets en tant que président de la Femo ? Il faut que les acteurs de notre marché se rassemblent pour porter la voix du secteur auprès du monde politique, qui est contraint ces derniers temps de prendre des décisions de manière rapide. Plus nous avons un poids dans ces décisions, plus elles seront prises en notre faveur ou, à tout le moins, le gouvernement sera à notre écoute. La Femo regroupe 50 membres, mais le potentiel serait de 400. Comment séduire davantage d’affiliés ? Beaucoup d’entreprises étrangères se sont établies ces dernières années au Luxembourg, mais ne connaissent pas notre existence. Il y a donc un travail de rencontre sur le terrain qui doit être fait pour accroître notre notoriété auprès de ces groupes internationaux.

Et les pays voisins du Luxembourg, sont-ils des vecteurs de concurrence ou de dynamique du marché ? Les deux. C’est certainement une concurrence, mais il peut aussi y avoir une dynamique. Les clients expriment aujourd’hui un intérêt pour le local et nombreux sont les consommateurs à ne plus vouloir faire 100 km pour faire leur shopping à l’étranger.

Letzshop et les plateformes digitales représentent-elles un vrai relais de croissance pour les commerçants locaux ?

Cela dépend : certains magasins en font une source de chiffre d’affaires supplémentaire qui peut perdu­rer, d’autres s’en servent comme un appoint. Mais Letzshop est une bonne chose, car avant cela, nous avions uniquement la possibilité de travailler avec des plateformes étrangères aux commissions très élevées, ce n’était pas rentable.

Marc Herber travaille dans le secteur depuis 2008.

Interview CATHERINE KURZAWA Photo GUY WOLFF


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