Post aux avant-postes
Respectivement directeurs de Post Technologies et de Post Telecom, Gaston Bohnenberger et Cliff Konsbruck prédisent une convergence des réseaux du futur dans un réseau du futur. Et regardent avec appétit comment l’opérateur historique pourrait se positionner face aux développements venus du ciel, aux réseaux privés d’entreprise, à l’internet des objets ou aux voitures connectées. Qu’est-ce que vous entendez par « réseau du futur » ? CLIFF KONSBRUCK (C. K.) Si on parle « des » réseaux, on a tendance à parler d’un réseau fixe d’un côté et d’un réseau mobile de l’autre. Dans le futur, nous voyons beaucoup plus « un » réseau du futur. Si vous avez un accès internet à la maison, vous consommez des données, de la voix, vous avez la télévision, vous avez du streaming, vous ne saurez plus nécessairement si derrière il y a un réseau fibre ou 5G. Le volet agnostique de la technologie deviendra une réalité. GASTON BOHNENBERGER (G. B.) Si on téléphone dans sa maison, on est sur le wifi connecté au réseau fixe. En sortant, on passe sur le réseau mobile sans qu’il y ait une interruption. Le client ne sait plus ce qu’il y a derrière. C. K. À terme, la 5G va remplacer toutes les technologies mobiles. Nous voyons même la 5G remplacer le wifi. Il n’y aura qu’un seul réseau, mobile, celui de la 5G, capable d’un point de vue fonctionnel et de capacité de répondre aux différents besoins, assurés aujourd’hui par diverses technologies et fonctionnalités. 52
FÉVRIER 2022
GASTON BOHNENBERGER Directeur de Post Technologies
« Chaque année, la consommation de data augmente de 30 à 40 %, et ça ne va pas s’arrêter ! »
Vous avez un horizon, un moment où vous pourrez dire « ça y est, nous sommes prêts à 100 % » ? G. B. Nous suivons la stratégie gouvernementale sur la fibre optique, soit 90 % des ménages raccordés en 2025, et nous voulons donner un « coup de boost » au cuivre pour atteindre 100 % de ménages raccordés par 100 Mb/s d’ici 2025. Là où il n’y a pas encore la fibre optique, nous devons donc travailler sur l’amélioration du réseau cuivre. On vise, pour 2030, 100 % de fibre optique. Pour certaines zones blanches rurales, le fixed wireless access via la 5G pourrait aussi fournir des services à large bande. On parle de 5G, mais les discussions sont déjà bien entamées autour de la 6G. Qu’est-ce que cela change ? G. B. Nous participons déjà à des réunions de standardisation de la 6G. Le but premier est toujours d’augmenter la capacité. Avec la 5G, on parle d’un réseau à 1 Gb/s partagé avec beaucoup de clients. Avec la 6G, on parle de 10 Gb/s. Techniquement, il y aura sûrement une amélioration dans la stabilité. Cela nous permettra de personnaliser nos offres, soit sur une qualité de bande passante garantie, soit sur une latence garantie. Quand vous regardez la courbe de consommation de bande passante des particuliers ou des industriels, est-ce que vous êtes inquiets ? C. K. La consommation a une croissance exponentielle. Notre réseau mobile actuel arrivera aux limites de sa capacité autour de 2023. Si nous ne disposons pas des capacités supplémentaires liées aux fréquences de la 5G à cette date, nous serons en saturation. L’accès aux services, la vitesse moyenne et la qualité risqueraient alors de se dégrader ; dans le pire des cas, la stabilité du réseau pourrait être affectée. La 5G puis la 6G, dans un second temps, sont très importantes pour couvrir ces besoins exponentiels en data. La croissance va continuer !
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« Il n’y aura qu’un seul réseau : la 5G »
Qu’est-ce que cela implique pour arriver à cela ? G. B. Nous investissons massivement. Le réseau 5G ne peut pas fonctionner sans un réseau de fibre optique performant, puisque toutes les antennes relais du réseau mobile se basent dessus. L’évolution de notre réseau mobile implique, en plus de cette partie d’accès radio, des investissements dans le cœur du réseau. Sur le fixe, ce réseau de fibre optique permet aujourd’hui des débits jusqu’à 10 gigabytes, que nous proposons à nos clients professionnels et, dans un futur proche, également à d’autres clients. Parallèlement, nous poursuivons nos efforts pour, d’ici 2025, basculer vers le « All IP » (un protocole unique pour les communications via smartphone, ligne fixe, pour la télévision ou internet, ndlr), même sur le fixe.