Paperjam février 2022

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Mon argent

Le directeur général de la Brasserie Nationale, Frédéric de Radiguès, est un passionné d’équitation. Un univers dans lequel il s’octroie quelques petites folies. Une devise ou un principe par rapport à l’argent ? Je n’ai pas besoin d’argent pour être heureux. Ce qui est le plus important dans la vie, c’est la ­passion. Quelle est votre passion ? Depuis tout jeune, je monte à cheval. C’est une discipline proche de la terre et de la nature. Aujourd’hui, je suis passionné par le côté élevage : la sélection des bonnes souches, tout en sachant que rien n’est jamais certain en élevage. Il y a toujours une part de « loterie » dans la génétique. Il faut garder énor­ mément d’humilité. Combien de chevaux avez-vous ? Quelques-uns, pas un grand élevage [sourire]. C’est un monde particulier, et, comme la qualité a un prix, il faut sélectionner les bons poulains et essayer de ne pas trop se tromper : je veille au pedigree, aux allures, à l’équilibre, aux résultats des parents… Au fond, je suis un peu agriculteur dans l’âme. Et, dans l’élevage des chevaux, il y a de la place pour la passion et l’excellence. Avez-vous participé à des concours hippiques ? Très peu, parce que ma vie ­professionnelle ne m’a pas permis de continuer à concourir. Je n’ai jamais été à un niveau très élevé. C’est une discipline très exigeante, et si vous voulez atteindre un niveau élevé, il faut monter tous les jours, et les ­chevaux doivent être traités comme des athlètes.

L’équitation, un plaisir depuis son plus jeune âge pour Frédéric de Radiguès.

Quel était votre dernier coup de folie ? Probablement l’achat d’un poulain dans une vente en ligne. Ce marché est devenu un petit peu plus explosif en termes de prix, et on se retrouve face à des acheteurs potentiels venus des Émirats arabes unis ou des États-Unis. Mais il faut rester raisonnable. C’est pourquoi je préfère acheter des poulains, parce qu’ils restent dans une gamme de prix un petit peu plus raisonnable… Y a-t-il un achat que vous ­regrettez ? Non. Je pense que l’achat que je pourrais regretter serait un achat démonstratif. Je suis plutôt la devise « Pour vivre heureux, vivons cachés ». Un rêve irréalisable ? Tout rêve est réalisable ! Je suis un homme de rêves, j’aime rêver et avoir des projets. Je suis un

­amateur de voile, et je ferais bien le tour du monde sur un voilier avec un équipage de très bons amis. Pour le moment, cela ne s’est pas encore réalisé, mais ça ne veut pas dire que c’est irréalisable. Qu’est-ce que l’argent ne peut acheter ? La sérénité, l’amour, et l’esprit de famille. Quelles valeurs relatives à l’argent transmettez-­vous à vos enfants ? J’ai trois filles, et je leur ai toujours dit de faire ce qu’elles aiment, de le faire avec passion et d’être les meilleures. L’argent n’est pas une fin en soi, mais la conséquence de bien faire les choses et avec passion. Cela fait 35 ans que je travaille et que je viens au boulot avec bonheur et cinq idées en tête chaque matin, c’est ça qui me fait avancer.

Son autre dada 84

FÉVRIER 2022

Le jour où je n’ai plus la passion, je quitte mon boulot. Et votre premier salaire ? En tant qu’étudiant, je travaillais pour un entrepreneur agricole pendant l’été, pour faire des ­ballots de paille et conduire des moissonneuses-batteuses. ­J’accumulais une petite épargne pour payer les extras de l’année. Une anecdote autour d’un achat particulier ? Je suis un négociateur, et quand j’achète, je pars du principe que tout se négocie, aussi bien dans la vie professionnelle que la vie privée. Parfois, il m’est arrivé de me retrouver face à de bons négociateurs, qui me demandaient si mes origines n’étaient pas issues de pays réputés pour leurs hauts pouvoirs de négociation [rires]. Interview CATHERINE KURZAWA Photo ANTHONY DEHEZ


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