Paperjam avril 2022

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Conversation

BIO EXPRESS Henri Kox est né le 7 mai 1961 à Luxembourg.

Vous avez lancé une série d’études pour mieux cerner l’état des lieux du logement et du foncier, notamment avec Raum+ qui permet de préciser où se situent les terrains constructibles. Quelles ­prin­cipales leçons en tirez-vous ? Nous avons en effet présenté récemment la Note 29 de l’Observatoire de l’habitat, ce qui veut dire qu’il y en a déjà eu avant. Or, notre stratégie se base sur des études dans la continuité de l’action entreprise par Sam Tanson qui m’avait précédé. Nous basons donc nos actions sur des constats factuels. Quel est le constat que je retiens avant tout de ces recherches ? Jusqu’à 20.000 personnes doivent dépenser 50 % de leurs revenus pour se l­oger, il y a un taux de risque de pauvreté qui est d’environ 18 %, beaucoup de ménages ont une charge ­financière importante pour le logement. Et surtout, les locataires du marché privé sont très exposés. Sur base de ces constats, le ­besoin est évident : accélérer l’offre de l­ ogements ­abordables en main publique. Avec un taux de 2% de ce type de logements, nous sommes en ­déficit par rapport à nos voisins. Un déficit qui sonne comme un échec pour les gouvernements successifs ? C’est un constat. Je veux changer cela en ­destinant la politique du logement à ceux qui ont le plus besoin de soutien financier et d’un accès à un logement digne. À quelle échelle voulez-vous développer le logement abordable en main publique ? Je garde comme mesure le risque de p ­ auvreté, d’autant plus que nous venons d’inscrire le droit au logement dans le projet de la nouvelle Constitution. Je veux que nous disposions, à terme, d’un parc locatif public correspondant au taux du risque de pauvreté. Nous devons bâtir un socle de logements qui puisse garantir ce droit au logement, qui prime sur le droit à la propriété. Notre stratégie est d’investir massivement dans le logement abordable public. Cette volonté apparaît dans les cinq grands projets pour la création de logements abordables ­– un projet de loi de financement a été voté ou est en instance de l’être (voir encadré) ­–, le tout pour une enveloppe de 1,1 milliard d’euros. Si on considère que l’État mène une politique de mobilité ambitieuse et a ­ bordable, nous devons

De la Moselle à la Héichhaus Cet ingénieur de formation issu d’une famille nombreuse et connue dans les milieux socio-politicoéconomiques a des liens ténus avec la région viticole de la Moselle. Un engagement évident Ancien professeur, il a rejoint les écologistes dans le sillage de l’engagement de sa mère contre la construction envisagée, dans les années 70, d’une centrale nucléaire à Remerschen. Des portefeuilles sensibles Conseiller communal, échevin puis bourgmestre (2009-2017) de Remich, Henri Kox a été député de 2004 à 2019 avant d’arriver au gouvernement en tant que ministre du Logement en remplacement de Sam Tanson, partie à la Justice. Il est aussi ministre de la Sécurité intérieure depuis août 2020.

conduire la même politique en matière de logement. C’est pour cela que nous avons créé le fonds spécial qui englobe ­l’ensemble du budget dédié à la construction de logements abordables s­ ubventionnés par l’État, y compris les projets de la SNHBM et du Fonds du logement. Avec comme ambition que tous ceux – communes et promoteurs sans but ­lucratif – qui s’investissent dans la construction de l­ ogements abordables p ­ ublics pourront bénéficier d’une subvention jusqu’à 75%. Ce fonds spécial – qui fait l­’objet d’un rapport annuel dédié – et les lois de fi ­ nancement qui le mettent en pratique sont symboliques, à mes yeux, de la ­dynamique que le gouvernement a mise en place. Nous avons enfin ­compris que nous devons investir, y compris dans les terrains. Combien de logements devriez-vous produire et à quelle échéance ? Le plus vite possible ! Nous devons créer un parc public de logements d’une grandeur de 15 à 20%. Concernant le timing, toutes les lois et tous les instruments dans la compétence du ministère du Logement ont été revus ou sont en train de l’être, pour aller le plus vite possible. L’État fait tout ce qu’il peut pour faire bouger les choses, mais il revient à l’ensemble des acteurs publics de prendre leurs responsabilités. Je pense bien entendu aux communes que nous avons voulu davantage

« Nous voulons concentrer la pression fiscale sur les terrains inoccupés situés en zones à bâtir. » 30

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impliquer et accompagner avec le Pacte logement 2.0. Avec cette nouvelle version du pacte, nous mettons l’accent sur les communes qui s’investiront dans la création de logements abordables, alors que la version précédente du pacte a plutôt servi à répondre à la croissance de la population dans les communes. Mais avez-vous un calendrier des livraisons, notamment pour les cinq grands ensembles que vous mentionniez ? Pour les cinq projets, nous comptabilisons 2.000 logements abordables, la majorité en location, le reste en vente mais en emphytéose pour les garder dans la main publique. L’échéance des chantiers va jusqu’en 2035, vous arrivez donc à 150 logements par an uniquement via ces grands projets qui ne sont qu’une ­minorité face à tous les projets qui se créent dans les communes. Et nous espérons que l’article 29 bis du Pacte logement agira comme accélérateur pour la construction de logements abordables de la part des communes, mais aussi des promoteurs privés. Cet article prévoit qu’un certain pourcentage, en fonction du nombre de logements prévus, soit réservé au logement abordable. Les terrains sur lesquels sont réalisés ces logements abordables sont cédés à la commune ou à l’État par le promoteur privé. En contrepartie, ce dernier pourra bénéficier d’une augmentation de la constructibilité de 10%. La construction des logements abordables est, en revanche, aux frais du constructeur ou promoteur, selon un cahier des charges, mais les travaux sont subventionnés jusqu’à 75 % avec une vue avant le début des travaux sur cette subvention. Comment activer les terrains qui sont construc­tibles, mais qui ne sont pas encore utilisés ? Nous abordons cette question progressivement en commençant par l’État et les communes avec l’article 29 bis. Ensuite, la mobilisation passera par la fiscalité : l’impôt foncier et la taxation des terrains non construits. Nous pensons aussi à nouveau au Pacte logement ainsi qu’au Baulandvertrag, qui est en train d’être avisé par le Conseil d’État, et de ­manière ­encore plus i­ mportante, au remembrement ministériel (cette interview a été réalisée avant l’avis du Conseil d’État rendu le 22 février, ndlr). Les communes disposent d’une certaine responsabilité envers les enjeux du logement, notamment sur la question de la densité des unités de logement. Comment régler ce point ? Nous devons en effet mener cette discussion en partant du postulat que l’espace ­public doit revenir aux gens. Si nous prenons l’exemple d’Elmen, on voit que l’espace public représente presque 50% du projet, un espace ­public qui n’est plus là pour les voitures, qui sont


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