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Des centres culturels
Au début des années 70, des initiatives lancées par divers passionnés émergent un peu partout en Wallonie. En près de 50 ans, l’action culturelle s’est progressivement professionnalisée, mais le lien avec les habitants reste un enjeu majeur. Texte : Caroline Dunski - Photos : H. Rase et A. Zaldua
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n Brabant wallon comme ailleurs, les premiers centres culturels sont souvent construits autour d’initiatives menées par des artistes désireux d’amener des disciplines artistiques au cœur des villages. Mais ce n’est pas le seul ressort d’une telle émergence. Des matières comme l’aménagement du territoire mobilisent aussi les habitants et les associations, comme c’est le cas à Braine-l’Alleud où le Foyer culturel est créé en 1972, de la rencontre volontaire d’une trentaine d’associations culturelles et des pouvoirs publics. Tout au long des années 70, des associations locales comme les maisons de jeunes
Un foyer culturel sans salle, c’était un peu un OVNI. Notre action était très axée sur l’animation festive et les relations avec les habitants. Il fallait travailler autrement. On était très connectés à la vie associative et citoyenne. Luc Schoukens, directeur retraité du Centre de loisirs et d’information
et des organismes d’éducation permanente vont fédérer les forces vives, qui s’institutionnaliseront progressivement sous la forme de centres culturels, en s’appuyant sur l’Arrêté royal du 5 août 1970 qui fixe les conditions de reconnaissance des maisons de la culture et des foyers culturels.
D’Est… En 1965, avec quelques amis, le céramiste Max van der Linden organise un premier concert dans l’église Saint-Martin de Tourinnes-la-Grosse. Il regrette alors l’absence des villageois et se demande comment les intéresser. Sur le site internet de l’association qui porte son nom, le céramiste raconte qu'il se met alors à courir après tous les Saint-Martin du Brabant wallon, « et les voilà cavalant vers Tourinnes au départ des vingt-cinq paroisses placées sous son patronage ». Cette première exposition consacrée à Saint-Martin connait un énorme succès et suscite l’ouverture de lieux voisins de l’église – granges, greniers et autres salons privés – à de nombreux plasticiens. Les Fêtes de la Saint-Martin constituent probablement le plus ancien et le plus célèbre parcours d’artistes de Wallonie. En 1971, Max van der Linden obtient une subvention pour former le Foyer culturel de la Vallée de la Nethen, tout premier foyer culturel en milieu rural, dont il devient animateur-directeur. En 1975, sous l’impulsion de Feuillen Simon, un spectacle réunissant fanfare, chorale et habitants de Tourinnes retrace la vie de Saint-Martin. Le succès est tel que chaque année en novembre un nouveau spectacle est monté dans l’église.
… en Ouest Dans les années 70, trente-trois villages brabançons (c’était avant la fusion des communes !) accueillent le chapiteau du Sang Neuf, compagnie théâtrale de Lucien Froidebise. Avec Opération étoile filante, les joyeux saltimbanques proposent des animations qui créent du lien entre les habitants de villages voisins. Francis Houtteman, animateur du Sang Neuf, se sent tellement bien à Ittre qu’il choisit d’y rester et propose, en 1973, de créer un foyer culturel, qui permettrait d'obtenir des subventions de la commune et du Ministère de la Culture française (ancêtre de la Fédération