c. Patrik Schumacher et le Paramétricisme Patrik Schumacher (1961 —) est un architecte et un théoricien de l’architecture allemand. Il représente Zaha Hadid Architects et cherche à délimiter le langage architectural que détermine leur architecture. Il publie à la Biennale de Venise de 2008 un article qui entend définir un style actuel caractérisé par l’avènement d’une architecture computationnelle.8 Dans cet écrit, il établit par Paramétricisme un nouveau style d’architecture, en rupture avec le modernisme par la continuité de son expression formelle, produit de l’induction d’un système d’information, contradictoirement au traçage arbitraire d’une architecture standard. « There are no platonic, discrete figures with sharp outlines. Biases, drifts, gradients, and perhaps even conspicuous singularities like radiating centres. (…) Imagine there are no more landmarks to hold on, no axis to follow and no more boundaries to cross. 1» 9 Il prétend que le Paramétricisme est le grand nouveau mouvement faisant suite au modernisme et que le constructivisme et le post-modernisme ne sont que des expériences passagères.10 Ce discours ne fait cependant pas l’unanimité, il est contredit notamment sur sa vocation à être un genre inédit, car la recherche de la forme comme étant la résultante du traitement d’une série d’informations ne date pas du XXIe siècle, comme nous l’avons vu via de l’œuvre de Gaudí et de Otto. Même si les deux architectes sont référencés comme précurseurs du mouvement, leurs travaux prouvent que le Paramétricisme en tant que style est nettement plus ancien et qu’il n’est pas forcément lié à l’utilisation des ordinateurs. Mark Foster Gage décrit par exemple le Paramétricisme de « Schumacherian Parametricism » où ce genre novateur est plutôt une avancée technologique qu’un nouveau style en soi.11 Le Paramétricisme avancerait plutôt un nouveau standard d’architecture qu’une authentique architecture non standard. De plus, si le Paramétricisme est l’évolution logique du travail de Gaudí et de Otto, son aspect contrôlé par un environnement computationnel se différencie considérablement de l’empirisme des expériences de ses protoarchitectes. Il manque donc une certaine forme d’essai et une focalisation sur l’expression architecturale, même si elle est le résultat de calculs complexes et extrêmement divers, le Paramétricisme pourrait tirer parti d’une expérimentation plus approfondie sur la matière elle-même, dans une approche plus pluridisciplinaire. Mark Burry, qui œuvre comme architecte sur la Sagrada Familia à Barcelone, soutient tout de même que le manifeste est un bon moteur de questionnement ou de critique architecturale.12 « It is surely essential that architects make good use of the manifesto as a provocation medium 2»13 1 «Il n’y a pas de figures platoniques, discrètes et aux contours nets. Déformations, déviations, radients, et peut-être même des singularités ostensibles telles des noyaux rayonnants. (...) Imaginez qu’il n’y a plus de points de repère à tenir, plus d’axe à suivre et plus de limite à franchir.» 2 « Il est certainement essentiel que les architectes fassent bon usage du manifeste comme moyen de provocation. »
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