NORDIC MAGAZINE N°35

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SKI DE FOND

Le drôle d’hiver des teams Avec le report du début de la saison à mi-janvier, la préparation des distanceurs a été plus longue qu’habituellement. De quoi entraîner son lot de doutes.

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uand l’hiver est enneigé comme c’est le cas, la motivation de tout fondeur est facile à trouver. Enfin, en temps normal. La fin d’année 2020 a été compliquée psychologiquement pour les distanceurs français. La faute à l’annulation de la majorité des courses longue distance françaises sur la première partie de la saison et au report du calendrier international. La Visma Ski Classics n’a débuté que le 16 janvier, au lieu de fin novembre. « Ça me fait mal pour eux. Le ski est leur raison de vivre. Ils veulent juste un dossard, c’est tout », comprend Robin Duvillard, manager sportif du Team Vercors Isère. L’équipe s’appuie sur deux personnes extérieures pour maintenir le mental de ses skieurs qui ont également dû composer avec un second confinement. Matis Leray qui a rejoint l’équipe italienne Robinson Trentino, confirme que « cela a été long ». Lui s’est entraîné en autonomie aux Saisies (Savoie) durant toute la pré-saison. Pour maintenir tout le monde en condition, la plupart des équipes ont organisé des chronos internes. « Une

La Jurassienne Claire Moyse lors de la Toblach-Cortina qui a été reportée d’un jour et dont le tracé a été modifié à cause des risques d’avalanche. b

JULIANE SIFFERLEN

demande des athlètes, qui préféraient faire ça plutôt que des séances spécifiques ou VMA », précise Loric Bertrand, jeune fondeur du Team Nordic Panthers. La préparation a été compliquée par les restrictions sanitaires. Decathlon Experience a essayé de limiter les risques en « créant une bulle autour des fondeurs

pour que personne ne puisse venir les contaminer », selon Pierre Tichit, président de l’association. Des conditions amenées à se répéter et à tester le moral des skieurs. « Il y a des choses qu’on ne peut pas contrôler, philosophe Robin Duvillard. La clef, c’est aussi de rester zen et de ne pas lâcher trop de jus. »

La Diagonela a fait des dégâts Thomas Joly. b

ALEXIS JEANNEROD

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oins 22 °C au départ et un ressenti qui s’approche des moins 30 °C : des conditions dantesques et même dangereuses pour les organismes. C’est pourtant par ces températures que s’est élancée La Diagonela à Zuoz (Suisse), le 16 janvier dernier. Trop heureux d’enfiler un dossard, les concurrents n’ont pas bronché et se sont quasiment tous élancés. Tout juste certains favoris ont enfilé des moufles. Au fil des kilomètres pourtant,

les dégâts du froid polaire se multipliaient : nausées, doigts gelés empêchant tout ravitaillement ou encore cris de douleur. Après l’arrivée de l’« une des courses qui restera comme la plus dure de la décennie » selon Matis Leray (Robinson Trentino), nombreux sont ceux qui se sont précipités dans des hôpitaux. Engelures aux doigts, orteils et oreilles sont constatées, certains membres menacent d’être amputés. « On ne connaît pas encore tous les effets ; les bronches sont peut-

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être touchées », alerte Thomas Joly (Decathlon Experience), pour qui « la rééducation sera longue ». Pour lui comme pour d’autres, la saison est d’ores et déjà terminée. « J’espère que tout le monde en tirera les leçons pour que cela ne se reproduise plus. La santé doit passer avant tout », espère Michael Ekloef dans un entretien à Nordic Magazine. Le fondeur suédois était encore à l’hôpital et risquait de perdre un orteil à l’heure où nous bouclons ce numéro.


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