b MARIA ELENA BRUGORA/QUAYOLA STUDIO
Jurassiens
Détail de la série Remains.
Davide Quayola
FORÊT NUMÉRIQUE Grâce à la puissance des ordinateurs, l'artiste italien a réalisé d'immenses panneaux qui permettent de découvrir la forêt haut-jurassienne comme jamais on ne l'a encore vue. Ü Exceptionnellement, nous avons choisi de parler d’une exposition dans laquelle on ne peut plus se rendre, mais qu’il est possible de découvrir sur Internet. Pourquoi ? Parce que la manière dont Davide Quayola montre les forêts de la vallée de Joux dans sa série Remains est incroyablement esthétique et perturbante. D’ailleurs, elle lui a valu, en janvier, le prix international de la Fondation Vasarely. Imaginez d’immenses panneaux représentant sur le mode digital l’univers quasi-sauvage des bois qui bordent la limite franco-suisse dans le Haut-Jura. Un univers fascinant de force brute, de mystère… et de beauté cachée. Transcrire des détails de troncs, de branches, de feuilles, d’écorces uniquement traités par ordinateurs sur la base de la technologie Lidar – souvent utilisée par le milieu archéologique pour révéler ce qui ne se voit pas à l’œil nu –, c’est le pari fou de ce créateur italien de quarante ans. Le résultat est bluffant. On se perd dans un monde de données data au service d’une expression artistique nouvelle : « Ce qui m’intéresse avec ce système, c’est de voir
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ce que les yeux ne voient pas », explique l'artiste. Chaque image a représenté quatre semaines de travail en studio : « J’ai eu beaucoup de temps pour contempler les paysages pendant que la machine faisait ses calculs complexes. Il se crée une intimité étrange entre l’homme et la technologie, les deux observent la nature, mais de manière différente. Bien que mon travail soit essentiellement digital, faire face à des écrans d’ordinateur dans mon studio et capturer physiquement les données constitue une source d’inspiration très forte. C’est la quête de l’homme pour observer et représenter la nature en sortant des traditions picturales classiques en s’accompagnant d’une aide technologique. » Cette série de la Vallée de Joux, commandée par l’entreprise Audemars-Piguet dans le cadre de l’exposition internationale Artbasel en 2018, a été montrée partout en Europe et au-delà. Elle se poursuit actuellement par une toute nouvelle série de travaux sur des paysages américains. À voir bientôt. P www.quayola.com