Touring 03 / 2022 français

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TRIBUNE

L’initiative sur les glaciers, cette fausse bonne idée Sauver les glaciers! Tel est l’appel inscrit sur les bannières qui décorent de nombreux balcons dans le pays. Derrière ce slogan se trouve une initiative populaire avec un objectif certes louable, mais hélas sans plan précis, ni la moindre indication du prix à payer. La vigilance est donc de mise!

L’

idée est louable et a aussi le potentiel pour mobiliser: combattre le réchauffement climatique pour sauver nos glaciers – en tant que citoyen suisse, difficile de s’inscrire en faux contre une telle intention. Et même si les soucis liés à la pandémie relèguent le climat en arrière-plan dans le baromètre des préoccupations, la transition écologique demeure une priorité.

EMANUEL FREUDIGER

Mais attention: en regardant de plus près, on s’aperçoit que le texte de l’initiative est plutôt une fausse bonne idée. Il imagine à tort que notre pays pourrait agir seul, alors que les accords de Paris misent au contraire sur la coopération internationale. En égrenant des interdictions plutôt que des incitations, l’initiative suscite le rejet. Enfin, elle est impossible à mettre en œuvre car ni l’économie, ni la recherche n’obéissent aux oukases idéologiques. Le Conseil fédéral tout comme le Parlement l’ont bien compris. A la faveur d’un contre-projet direct gouvernemental ou bien encore d’un contre-projet indirect parlementaire, nos autorités et élu(e)s cherchent un chemin plus réaliste. Ils peinent toutefois à être entendus. Quant au camp rose-vert, il semble désormais privilégier la logique du contrefeu, en récoltant des signatures pour un autre texte constitutionnel, alors même que le Parlement n’a pas encore tranché sur le premier. La question climatique cacherait-elle une campagne électorale prématurée?

La réalité va pourtant nous rattraper. Les émissions de gaz à effet de serre sont nocives pour le climat et il faudra trouver des solutions. Ces dernières ne seront in fine ni de gauche, ni de droite, ni du centre. Elles seront l’expression d’un compromis, dont chacun pourra interpréter à sa guise la coloration partisane. Admettons-le une fois pour toute: la mobilité n’est pas l’ennemi des glaciers. Au contraire, il faudra, tel que c’est au moins partiellement prévu dans le nouveau projet de loi sur le CO2, proposer une politique plus incitative en faveur d’une mobilité respectueuse de l’environnement. Engager des moyens afin de favoriser la création de stations de recharge pour véhicules électriques sur les lieux de travail et au domicile, mais aussi dans l’espace public. Pour les transports publics comme pour le transport des marchandises, les évolutions technologiques respectueuses du climat doivent être reconnues et stimulées. Enfin, les carburants pauvres en émissions de CO2 doivent être encouragés, en particulier dans l’aviation, mais pas exclusivement.

«La mobilité n’est pas l’ennemi des glaciers» Peter Goetschi, président central du TCS

En bref: la loi sur le CO2 est donc de nouveau sur de bons rails. Espérons donc qu’elle ne connaîtra pas d’erreur d’aiguillage, mais gardera le chemin emprunté – des incitations en lieu et place d’interdictions! Gageons qu’elle ne sera pas affaiblie par la pression de fausses bonnes idées, telles que l’initiative pour les glaciers. ◆

mars 2022 | touring

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