LINK2LOGISTICS Management 55 (octobre - novembre 2020)

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Spotlight

Roel Gevaers : « La livraison d’une grosse boîte est beaucoup moins efficace que celle d’un petit paquet : cela demande plus de travail et c’est plus lent ». ©DPD

E-COMMERCE ET CORONAVIRUS

La fin des achats en ligne bon marché ? Dconnu une véritable explosion, une esurant le confinement, l’e-commerce a

pèce de ‘Black Friday’ quotidien, mettant une pression énorme sur les chaînes logistiques. Après la réouverture des magasins, les volumes ont baissé mais le commerce en ligne est toujours nettement plus intense qu’avant le coronavirus. Les produits que les consommateurs achètent maintenant en ligne sont également plus variés et souvent aussi plus imposants. Les deux tendances pourraient mener à la fin des livraisons e-commerce ‘bon marché’. Ou pas ? Philippe Van Dooren

Pendant le confinement, de nombreux consommateurs qui n’avaient jamais eu recours aux achats en ligne ont été contraints d’y venir : tous les magasins non essentiels étaient fermés. En quelques jours, les achats en ligne ont progressé partout en Europe de 30 à 50 %. Les centres de gestion des commandes ont dû faire des heures supplémentaires et les entreprises de colis ont dû traiter et livrer un nombre de paquets en croissance exponentielle. Chez

bpost, par exemple, le volume a augmenté de 78 % au cours du 2e trimestre. « Pendant le confinement, nous avons dû traiter jusqu’à un demi-million de colis. Le rush est passé, mais de nombreuses personnes ont continué à commander en ligne. Aujourd’hui, le volume est d’environ 2 millions de paquets par semaine », déclare Barbara Van Speybroeck, porte-parole de bpost. « Nous avons installé deux nouvelles machines de tri afin d’absorber structurellement de nouveaux pics de volume. » « Mais il y a aussi un autre phénomène : un switch a eu lieu dans les types de produits commandés en ligne », précise Roel Gevaers, professeur à l’Université d’Anvers (et Logistics Innovation Manager de BD myShopi). « Avant la crise, les gens achetaient surtout de petits articles en ligne. Avec le confinement, d’autres catégories sont aussi devenues populaires : produits de bricolage, jouets plus imposants, mobilier de jardin et d’intérieur, produits de nettoyage, etc. Ces produits sont plus grands et plus lourds que le colis moyen d’avant la crise », indique-t-il.

TRI PLUS LENT Selon Gevaers, cela a des conséquences sur les fournisseurs du ‘dernier kilomètre’. « Leurs systèmes de tri automatisé sont conçus sur la base d’un mix ‘prévu’ entre petits, moyens et grands colis avec une part importante de paquets de moins de 10 kg et quelques paquets plus grands (de 10 à 30 kg). Plus on dévie de cette répartition, plus le tri est lent et cher. »

MOINS DE PAQUETS PAR CAMIONNETTE Après le confinement, de nombreux consommateurs ont continué à acheter des produits plus imposants, dit-il. « Cela impacte aussi les livraisons. La plupart des acteurs du ‘dernier kilomètre’ ont confié les livraisons à de petits sous-traitants qui reçoivent en moyenne entre 1,5 et 2 € par livraison réussie. La plupart des fournisseurs B2C livrent environ 80 à 100 paquets par tournée de 8 à 10 heures. Le chiffre d’affaires moyen par coursier atteint quelque 150 à 200 € par jour. Et avec cela, il doit payer tous les coûts. »


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